Venise 2019 : J’accuse, de Roman Polanski, avec Jean Dujardin

Posté par kristofy, le 31 août 2019

Roman Polanski : à Venise aussi ce nom provoque encore la question de pouvoir séparer l'homme de l'artiste tant son nom semble une provocation à l'ère #metoo. Ses ennuis judiciaires aux Etats-Unis (il est toujours traquée pour avoir fuit le pays illégalement il y a plus de 40 ans), suite à un rapport sexuel avec une mineure (affaire qui judiciairement est terminée, et que la victime elle-même considère comme close) et Lucrecia Martel, la présidente du jury, qui ne souhaitait pas "célébrer" le cinéaste (Oscar, César, Palme d'or, etc...) ont vite fait d'offrir un scandale. Le producteur italien a menacé de retirer le film, jugeant la position de la réalisatrice argentine "partiale". Elle a du envoyer un communiqué pour s'excuser. La réponse des organisateurs est la même qu'en France (Cannes, César, Cinémathèque...) : il faut séparer l'auteur de son œuvre, ce qui devient, semble-t-il, de plus en plus impossible, tout comme pour Woody Allen (pourtant jamais accusé officiellement devant un tribunal), qui fera l'ouverture de Deauville. A Venise sont venus Alexandre Desplat le compositeur de la musique, Emmanuelle Seigner, la femme fidèle, Louis Garrel (Dreyfus), qui défie une fois de plus l'audace capillaire, et Jean Dujardin (Picquart), qui trouve un grand rôle, enfin. Mais point de Polanski. Dans le film on retrouve aussi Grégory Gadebois, Didier Sandre, Melvil Poupaud, Mathieu Amalric, Vincent Perez...

Polanski est donc en compétition à Venise, où on peut savourer l'ironie de son titre : J'accuse par Roman Polanski. Après deux dernières fantaisies théâtrales en huis-clos Carnage, plutôt réussie, et La Vénus à la fourrure , moins convaincante, il avait signé son film probablement le plus raté, D'après une histoire vraie. Son dernier film d'envergure? Il faut remonter à The Ghost Writer en 2010, en compétition à Berlin, et c'est ce même haut niveau d'ambition qu'il vise avec J'accuse (les deux films ont en commun le scénariste Robert Harris).

Le pitch: Pendant les 12 années qu'elle dura, l'Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Elle apparaît toujours comme un symbole de l'iniquité dont sont capables les autorités politiques au nom de la raison d'Etat.
Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXe siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme.
L'affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart, véritable héros oublié de l'Affaire Dreyfus. Une fois nommé à la tête du contre-espionnage, le Colonel Picquart finit par découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant, au péril de sa carrière puis de sa vie, il n'aura de cesse d'identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.

Après plusieurs adaptations littéraires c'est la première fois que Roman Polanski adapte un vrai épisode de l'Histoire de France dont la chronologie des faits est déjà connue. C'est d'ailleurs un film qui fait écho à l'académique Le Pianiste: l'antisémitisme et  ses séquelles, la solitude d'un homme au milieu d'un chaos. Toutefois, c'est aussi un scénario adapté du livre D. (An Officer and a Spy) de Robert Harris (en fait la première version du script), publié en 2013 à propos de cette scandaleuse affaire Dreyfus.

D'après une histoire vraie

J'accuse est l'un de ces films de reconstitution historique à l'image très 'qualité française' avec un grand soin apporté aux décors, accessoires et costumes. La précision de Polanski en fait presque un film perfectionniste sur cette époque, à la fois conservatrice, et même conformiste, et bouillonnante de créativité (en peinture, musique, littérature...).

L'introduction à cette histoire commence avec le 5 janvier 1895 où dans une cour d'honneur pleine de militaires se déroule le symbole de la condamnation de Dreyfus au déshonneur : il est dégradé, ses galons arrachés, avant d'être envoyé en prison à l'isolement, loin sur un ilot désert d'outremer. La capitale de cette époque (des dizaines d’années avant l'arrivée des Nazis et la seconde guerre mondiale) est vue comme un lieu où l’antisémitisme est une opinion largement partagée par tous, un personnage évoque même une « dégénérescence morale et artistique du pays »…

C’est dans cette ambiance où l’armée qui cherchait un traître qui communiquait des informations à un autre pays trouve que Dreyfus, juif, est un coupable idéal. Plus tard, en mars 1896, le colonel Picquart, ayant été promu à la tête du service qui rassemble et analyse des documents interceptés, remarque qu’il y a toujours des informations communiquées par un traître avec une écriture semblable, alors il s’interroge: et si Dreyfus n’avait pas été accusé et condamné à tort? Il va reprendre l’enquête et le film nous montre le fonctionnement des services de renseignement de l’armée à travers ses méthodes : reconstitution de documents déchirés dans une poubelle, ouverture de lettres avant leur distribution, filature et photographie, comparaison d’écriture…

Au fil de ses recherches Picquart rapporte à sa hiérarchie ses doutes et ses certitudes avant de se heurter à leur refus d’aller plus loin. Le cas a été jugé avec beaucoup de publicité aux citoyens, hors de question de reconnaître qu’il y aurait eu une erreur car « on ne veut pas d’une autre affaire Dreyfus ». Plus grave encore politiquement, Picquart va découvrir qu’il y a eu falsification et manipulation pour accuser ce colonel Dreyfus… Il est alors muté, pour faire tout autre chose, il sera lui aussi emprisonné. C’est en 1897, d’après les informations réunies par Picquart, qu'Emile Zola écrit dans un journal sa fameuse tribune « J'accuse » au président de la République Félix Faure : le scandale devient explosif.

Au-delà de son contexte politique, le film J'accuse se déroule avec le suspens et le rythme d’un thriller pour identifier s'il y a un autre suspect hormis ce Dreyfus, juif, déjà condamné. Est-ce possible que le plus haut niveau hiérarchique de l’armée soit publiquement remis en cause ?

Bien avant le ghetto de Varsovie

Roman Polanski se repose sur la force du scénario (et des faits historiques) pour livrer ici un nouveau film, chargé de complot politique et de manipulation médiatique. On est alors bien plus proche de The Ghost Writer. Alors que la fiction de The Ghost Writer interrogeait en écho la réalité (l’allégeance du premier ministre britannique Tony Blair aux intérêts de guerre américains de George W. Bush…), cette fois c’est avec la réalité du passé (une France antisémite et un pouvoir qui couvre ses erreurs) que J'accuse pourrait questionner notre présent. C'est toute la puissance du film. Car il fait écho à notre époque, bien plus que le titre pourrait faire croire qu'il résonne comme une disculpation du cinéaste. Non, Polanski, incorrigible, a sans doute vu dans ce héros persécuté injustement, un vague reflet de sa situation, mais c'est avant tout la monté des haines discriminatoires (Juifs, musulmans, homos, etc...) qui l'inquiète et l'ont poussé à revenir sur cet épisode révélateur de l'Histoire de France: Dreyfus n'est que la plus grosse graine qui va germer jusque dans les années 1930 et conduire une partie du pays à embrasser la cause nazie.

Le film sera probablement diversement accueilli à l’international, il est peut-être trop ‘franco-français’, tout comme par le jury de Venise. Même si la cause défendue traverse beaucoup de pays occidentaux, même si le sentiment d'injustice est universel. Mais J'accuse est un rappel nécessaire, si besoin était, que Roman Polanski est bien encore et toujours un cinéaste important, capable d'une œuvre puissante et traitant de la haine et des préjugés (religieux, politiques, racistes etc...), autant que d'un système broyant la vérité et l'utilité de lanceurs d'alerte seuls contre tous.

Son film sera l'un des évènements ciné de cet automne, avec une sortie en France le 13 novembre.

Jean Dujardin et Louis Garrel plongent dans l’Affaire Dreyfus

Posté par vincy, le 27 septembre 2018

Alors qu'il est à l'affiche d'I Feel Good depuis hier, Le Film Français annonce que Jean Dujardin incarnera le Colonel Picquart dans J'accuse, film sur l'Affaire Dreyfus.

Cela fait six ans que Roman Polanski travaille sur ce film, avec Robert Harris, son scénariste de The Ghostwriter (2010). Entre temps, entre ses démêlés judiciaires et les problèmes de financement, le cinéaste a réalisé trois films: Carnage, La Vénus à la fourrure et D'après une histoire vraie.

Durant ces six années, le film était sobrement intitulé D. Il s'agit d'un thriller d'espionnage qui a pour toile de fond l'Affaire qui scandalisa la France de 1894 à 1906, autour du Colonel Dreyfus. Désormais intitulé J'accuse, comme la célèbre lettre ouverte d’Emile Zola publiée en une du journal L’Aurore le 3 janvier 1898 adressée au Président de la république Félix Faure. Ici se croisent antisémitisme, raison d'Etat, erreur judiciaire, passion politique et fâcheries diplomatiques à l'international.

Alors qu'il était prévu en anglais, le film se fera finalement en Français. Jean Dujardin interprétera le rôle principal: le scénario prendra le point de vue du Colonel Picquart, chef du contre-espionnage qui découvrit les fausses preuves contre Dreyfus, les vrais coupables et chercha à réhabiliter Dreyfus. Après avoir été Robespierre dans Un peuple et son roi, Louis Garrel sera le Capitaine Dreyfus. Et Emmanuelle Seigner, Gregory Gadebois, Olivier Gourmet, Hervé Pierre, Didier Sandre, Melvil Poupaud, Eric Ruf et Mathieu Amalric composeront le reste du casting.

Distribuée par Gaumont, la sortie du film est calée au 4 décembre 2019. Le tournage débutera le 26 novembre prochain pour s'achever début mars. Ce sera le 23e long métrage de Roman Polanski.

3 raisons d’aller voir La Belle et la Belle

Posté par vincy, le 14 mars 2018

Le pitch: Margaux, 20 ans, fait la connaissance de Margaux, 45 ans : tout les unit, il s'avère qu'elles ne forment qu'une seule et même personne, à deux âges différents de leur vie…

Une fantaisie "fantastique". Il y a quelque chose d'intriguant dès que l'on connaît le pitch. La rencontre entre une jeune femme et celle qu'elle deviendra est évidemment improbable. C'est surtout un sol fertile pour laisser pousser les bonnes répliques et les situations drôles. Les deux femmes ne sont qu'une seule et même personne, mais l'une ne sait pas quoi attendre de la vie quand l'autre sait trop bien ce que la vie lui a réservé. Hors du réalisme habituel des comédies à la française, plus proche d'un concept américain (Peggy Sue s'est mariée, Un jour sans fin, Freaky Friday abordent cette temporalité qui fait des siennes), La belle et la belle opte pour la confrontation entre deux personnalités dédoublées, normalisant complètement l'incroyable. Ainsi, en tombant amoureuse du même homme, Sophie Fillières se fiche finalement de ce "concept" et préfère explorer les sentiments éprouvés. L'amour est-il une fatalité? Déterminé d'avance? Toujours nouveau ou toujours un peu le même?

Des dialogues et du langage. Plus qu'une affaire d'image - le film ne révolutionne pas le genre - c'est une affaire de mots et de verbes, d'expressions et de tics de l'époque. C'est à travers ces cocasseries et ces incongruités des répliques que le spectateur lâche ses sourires. C'est fluide, rythmé, volubile, décalé. Tout y passe, des oxymores aux lapsus en passant par les bons mots. Ces mots, qui peuvent révéler des maux, servent de lien entre les gens mais aussi de codes pour savoir si le dialogue possible. Bref, c'est une reconnaissance sociale et humaine. C'est assez logique pour un récit qui nous renvoie, visuellement et littéralement, à un miroir: celui où la jeune Margaux se voit plus âgée et vice-versa. Miroir, mon beau miroir, dis moi ce que je serai dans 20 ans... dis-moi qui j'étais il y a 20 ans. Il y a forcément une mélancolie qui s'en dégage. Mais aussi un regard lucide qui se porte aussi bien sur la jeunesse que sur le passage du temps, et finalement sur ce temps perdu et les illusions qui vont avec.

Le sillon de Sandrine. Sandrine Kiberlain est l'actrice idéale pour ce projet. On l'a souvent vue rayonnante dans ces comédies qui se délectaient des mots ou se régalaient de leur absurdité. Après tout, elle a tourné avec Valérie Lemercier (Quadrille), Jeanne Labrune (C'est le bouquet!), Agnès Obadia (Romaine par moins 30), Jeanne Herry (Elle l'adore). Elle a su briller dans les univers de Laetitia Masson, Pascal Bonitzer, Pierre Salvadori, Marc Fitoussi, Serge Bozon, Albert Dupontel, Philippe Le Guay, ou Bruno Podalydès. Le rire peut-être noir, déjanté, acide, jaune, ou léger, elle sait le transmettre. Elle toujours eu à la fois ce don pour la fantaisie et cet amour pour la langue. Pas étonnant qu'elle soit idoine pour La Belle et la Belle. Elle a ce zeste de folie nécessaire pour rendre crédible cette histoire et ce savoir-faire indéniable pour y apporter toutes les nuances nécessaires.

Swann Arlaud, Melvil Poupaud, Eric Caravaca et Denis Ménochet dans le nouveau film de François Ozon

Posté par vincy, le 9 mars 2018

Cela fait trois semaines que François Ozon est en tournage. Le 12 février dernier, le réalisateur a repris le chemin des plateaux pour son 18e film, Alexandre.

Selon Le Film français, le cinéaste a rassemblé un casting inédit: Melvil Poupaud, un de ses acteurs fidèles (Le temps qu’il reste en 2005, Le refuge en 2010), Swann Arlaud, récent César du meilleur acteur pour Petit paysan, Denis Ménochet (avec qui Ozon avait tourné Dans la maison en 2012 et Eric Caravaca, nommé aux César pour son documentaire Carré 35.

Poupaud, Ménochet et Arlaud interprètent respectivement "Alexandre le catholique, François le baroudeur et Gilles l'écorché vif". En pleine crise de la quarantaine, ils se retrouvent et font le bilan de leur vie.

Alexandre sera produit par Mandarin, déjà en charge des six derniers films de François Ozon, dont le dernier, L'amant double, en compétition à Cannes et l'un de ses pires échecs (390000 entrées en France).

Mars distribuera le film.

Arras 2015 sort Le grand jeu pour sa 16e édition

Posté par MpM, le 6 novembre 2015

le grand jeu

La 16e édition du Arras Film Festival s'est ouverte avec un premier film envoûtant, Le grand jeu de Nicolas Pariser, qui s'avère la grande révélation de cet automne, présenté à Locarno dans la section "Cinéaste du présent" et sélectionné également au Festival international du Film de la Roche-sur-Yon, au Poitiers Film Festival (ouverture) et au Festival des Arcs.

Thriller politique qui prend le temps, Le grand jeu raconte la rencontre en apparence fortuite entre Pierre Blum (Melvil Poupaud), ancien écrivain prometteur désormais complètement désœuvré, et Joseph Paskin (André Dussollier), un homme mystérieux qui "rend des services" à des hommes importants et évolue dans les hautes sphères du pouvoir. Leur collaboration replonge Pierre dans son passé de militant gauchiste et met surtout sa vie à la fois en danger et en perspective.

C'est rien de dire qu'on a été totalement bluffé par la maîtrise formelle du film qui prend le contre-pied des tics propres aux films de genre contemporains. Ses scènes sont longues, parfois statiques, toujours très écrites, mais jamais ennuyeuses ou poussives. L'action se niche plus au cœur des dialogues (presque toujours savoureux) et des ellipses entre deux séquences qu'à l'écran, et pourtant la tension est communicative. Les personnages existent tous, même les seconds rôles, et tiennent le récit, malgré leur fonction parfois un peu archétypale. On est face à un film certes exigeant, mais éminemment romanesque, et très brillamment ancré dans son époque.

Nicolas Pariser esquisse en effet le portrait d'une époque où le cynisme semble avoir contaminé tous les camps : cynisme envers le monde politique, cynisme envers les idéologies gauchistes qui rêvent de changer le monde, cynisme envers les valeurs démocratiques... L'écrivain est blasé et revenu de tout, dégoûté par le succès rencontré dans sa jeunesse comme par l'échec qui lui a succédé. Le conseiller occulte ne croit plus en rien, à part en sa propre capacité de nuisance. La clef du film est sans doute dans les premières scènes du film, lorsqu'il avoue être joueur. Un joueur qui ne sait pas s'arrêter...

Il y a aussi le constat d'un monde qui a profondément changé, entre les trois générations de militants de gauche : celle de mai 68 qui croyait en l'action politique, celle des années 90 qui n'a pas réussi à produire quoi que ce soit, et celle d'aujourd'hui qui est persuadée que le système s'est déjà effondré et qu'il n'y a juste plus besoin de s'en préoccuper. Comme l'explique le réalisateur, on est après la perte de l'innocence, lorsque toutes les illusions ont été perdues et qu'il faut retrousser ses manches pour continuer à avancer malgré tout.

"Politiquement, il ne reste pas grand chose de la décennie de nos 20 ans..."

Quelques heures avant la présentation du film devant une salle archi-comble, à l'issue de la traditionnelle soirée d'ouverture qui a donné le ton de cette 16e édition, Nicolas Pariser est revenu sur cet aspect très personnel de son film.

Ecran Noir : Qu'est-ce qu'y est venu au départ ? L'envie de faire un film de genre, ou celle de parler de notre époque... à travers un film de genre ?

Nicolas Pariser : Bonne question ! Je ne dirais pas que la question du film de genre se soit posée en premier parce que ce qui est venu en premier c'est plutôt le rapport du film à la littérature. C'est-à-dire d'abord au roman de Conrad Sous les yeux de l'occident puis aussi à certains romans de Balzac, voire d'Alexandre Dumas. S'il y a une référence directe, ce n'est pas le cinéma de genre, ce n'est pas le cinéma d'espionnage, c'est plutôt mon rapport à la littérature. Et ensuite, le cinéma de genre est venu plutôt au moment de l'écriture précise des scènes, du scénario, où là j'ai revu des années 70 de type Conversation secrète, A cause d'un assassinat, Les hommes du président... Ce type de films. Très vite, avant l'écriture du scénario, j'ai eu envie de profiter d'un récit un peu policier pour parler effectivement des gens de ma génération, en gros des gens qui ont eu vingt ans dans les années 90. Il y a dans le film un aspect important qui est l'aspect générationnel, et le fait de parler des années 2010.

EN : Avec un constat un peu amer...

NP : Le constat est un peu désabusé sur un point qui est l'empreinte que la génération des gens qui ont 40 ans aujourd'hui a laissé dans sa jeunesse. Qu'est-ce qui reste aujourd'hui de la décennie où on a eu vingt ans ? L'impression que j'ai c'est que politiquement, il n'en reste pas grand chose. On ne peut pas se référer à nos 20 ans en se disant on a vécu quelque chose de commun quand tous les autres ont eu 20 ans. Dans les années 60, il y a à la fois une culture populaire commune à tous (le rock, les Beatles, même Johnny Haliday) et puis il y avait la politique. Un rapport des gens à la gauche. Mai 68... Nous, dans les années 90, on a l'impression qu'il y avait eu un engagement mais qui s'est complétement délitté et dont il ne reste rien. Même d'un point de vue de références communes, c'est très compliqué. Il y a comme une sorte de trou noir. On a eu 18 ans, on est sorti de l'école, et bim, on a 40 ans, et entre, on a vécu une vie privée, par contre en terme de rapport à l'époque, en terme d'histoire, rien.

EN : Dans le film, c'est mis en perspective avec la génération de 68 et celle de maintenant.

NP : On est un peu un entre-deux. Evidemment, les gens qui ont fait mai 68 ont une espèce de jeunesse mythologique gravée dans le marbre. Aujourd'hui, il y a un engagement nouveau possible. Pour ma génération, si on me demandait ce qu'était l'altermondialisme dans les années 90 et ce qui est en reste 20 ans plus tard, je serais incapable de le dire. Par contre, je pourrais parler de ce qui se passe aujourd'hui et de ce qui s'est passé en mai 68, mais de mes 20 ans, c'est très difficile. Après c'est très personnel. Peut-être que personne ne le partage, mais c'était un des constats que je voulais faire dans le film, même si ce n'est pas le sujet du film. C'est un film d'espionnage, un film d'amour...

EN : Vous dites quelque chose de très juste dans le dossier de presse du film... Vous dites : "Ce n'est pas un film sur des gens qui n'y croient plus, c'est un film sur l'étape d'après."
NP : Oui, en fait, les sujets classiques c'est l'idéaliste qui se retrouve confronté au réel et qui a une descente, voilà, sauf que là, elle arrive très vite, très tôt, chez des gens qui ont 40 ans. Qu'es-ce qu'on fait à 40 ans quand on a dépassé le moment où on a perdu ses illusions ? Qu'est-ce qu'on peut construire sur ces décombres-là ? Je pense que le sujet intéressant c'est qu'est-ce qu'on fait quand on a perdu ses illusions, et pas la perte des illusions.

Crédit photo : Jovani Vasseur pour l'Arras Film Festival

Cannes 2015: Sabine Azéma, présidente du jury de la Caméra d’or

Posté par vincy, le 5 mai 2015

sabine azema

Sabine Azéma présidera le Jury de la Caméra d’or, en charge de désigner le meilleur premier film présenté à Cannes, toutes sélections confondues.

L'actrice française, muse et compagne de feu Alain Resnais, deux fois césarisée, succède à Nicole Garcia.

Le communiqué du festival de Cannes indique qu'elle sera entourée d'un jury 100% français: la réalisatrice Delphine Gleize, le comédien Melvil PoupaudClaude Garnier qui représente l’Association Française des directeurs de la photographie Cinématographique (AFC), Didier Huck, qui représente la Fédération des Industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia (FICAM), le cinéaste Yann Gonzalez, qui représente la Société des Réalisateurs de Films (SRF) et Bernard Payen, responsable de la programmation de la Cinémathèque française, qui représente le Syndicat Français de la Critique de Cinéma (SFCC).

La Caméra d’or, créée en 1978 par Gilles Jacob, se départagera cette année entre 26 films.

En 2014, c’est le film français Party Girl, présenté à Un Certain Regard, qui avait été récompensé.

Le prix sera remis durant la cérémonie de clôture, le 24 mai.

Dussollier, Poésy et Poupaud sortent Le grand jeu

Posté par vincy, le 5 janvier 2015

andré dussollier clémence poésy melvil poupaudLe grand jeu est un thriller politique, actuellement en tournage. Premier long métrage de Nicolas Pariser (dont le court métrage La République avait remporté le Prix Jean Vigo et Agit prop avait été sélectionné à la Semaine de la critique), le film réunit André Dussollier, Melvil Poupaud et Clémence Poésy, mais aussi Antoine Chappey et Thomas Chabrol.

Poupaud incarne Pierre, 40 ans, qui a écrit un roman à succès il y a 10 ans. Aujourd'hui oublié, solitaire, il reste proche de Caroline, son ex-femme, ancienne militante altermondialiste, aujourd'hui directrice de galerie. Dussollier interprète Joseph, un homme de l'ombre, au centre d'un puissant réseau d'influence à l'intérieur de l'appareil d'Etat. Fragilisé depuis quelques mois, Joseph prépare un complot, dont Pierre est l'un des pions, contre le Ministre de l'intérieur. Manipulé, épié, menacé, Pierre tombre amoureux de Laura (Clémence Poésy), une jeune activiste, elle aussi partie prenante de cette vaste conspiration. Laura, Caroline, Pierre et Joseph seront ainsi pris dans une suite d'événements tragiques dont aucune ne sortira indemne.

Inspiré par l'affaire de Tarnac, Le grand jeu, qui avait reçu la bourse d'écriture de la Fondation Beaumarchais, a mis trois ans à s'écrire et se financer. Le tournage s'achèvera fin janvier. Le film, au budget modeste, sera distribué par Bac films à la fin 2015.

Nicolas Pariser a réalisé le court Le jour où Ségolène a gagné et la série TV Matignon.

20 ans après la mort de Serge Daney, hommage à la Cinémathèque

Posté par vincy, le 10 juin 2012

Il y a 20 ans, le 12 juin 1992, le SIDA emportait le critique de films et théoricien de l'image Serge Daney. Il avait 48 ans et 8 jours. Il laisse une oeuvre considérable de textes sur le cinéma (principalement publiés chez P.O.L.), mais aussi sur la télévision, la politique, l'urbanisme et le tennis. Les Sentimental Bourreau en avait d'ailleurs fait une pièce jubilatoire, L'exercice a été profitable monsieur, clamant ses écrits en jouant à a raquette.

A la fois observateur, conteur, voyageur, analyste et commentateur, Daney a laissé une "façon d'écrire" sur le cinéma, qu'on peut encore retrouver chez certaines plumes de la presse qui l'ont côtoyé. Jamais snob (il considérait que le cinéma avait deux jambes, l'une populaire, l'autre sophistiquée), il ne méprisait aucun genre. Daney essayait de faire comprendre ce que l'on voyait, dépeçait les émotions pour savoir si elles n'étaient que sensations. Il voulait qu'on ouvre les yeux, et jouait les allumettes, quitte à mettre le feu, pour faire tenir nos paupières. "Le cinéma n'est pas une technique d'exposition des images, c'est un art de montrer. Et montrer est un geste, un geste qui oblige à voir, à regarder" écrivait-il.

Fondateur de la revue Visages du cinéma en 1962, critique aux Cahiers du cinéma en 1964, quand les "anciens" passent derrière la caméra, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma aux côtés de Toubiana dès 1973, critique (puis éditorialiste) à Libération en 1981, animateur de Microfilms sur France Culture (1985-1990), il écrit dans Trafic, revue trimestrielle créée par son éditeur, P.O.L., durant la dernière année de sa vie.

Son premier texte, à 18 ans, concerne Rio Bravo d'Howard Hawks. Dès lors, il n'aura que le cinéma comme unique horizon. Pour lui, le cinéma est le reflet de notre propre vie. Il nous parle à chacun d'entre nous, nous raconte notre histoire. Toujours sur la route, en Asie, en Afrique, il écrivait sans cesse. Voir, encore et toujours.

Pour les 20 ans célébrant sa disparition, la Cinémathèque organise un cycle , "Serge Daney, 20 ans après" du 20 juin au 5 août. Vous pourrez y découvrir (ou pas) des films sur lesquels il a écrit. Carax, Fellini, Preminger, Bunuel, Kurosawa, Mizogushi, Garrel, Truffaut, Dreyer, Oliveira, Ford, Rohmer, Pialat, Resnais, Welles, Rossellini, Bresson, Renoir, Ruiz, Hawks, Tati, Hitchcock, Straub, Chaplin, Becker forment ainsi un beau panthéon. Un documentaire de Claire Denis avec Serge Daney ainsi que deux documentaires dont il est l'objet seront projetés. Une journée d'étude est organisée le 22 juin, en présence de Melvil Poupaud, qui rendait hommage à son ami dans son autobiographie semi-fictive, Quel en Mon noM?.

A la bibliothèque et en librairie, vous pourrez trouver La rampe (Cahier critique 1970-1982), les deux volumes du Ciné journal (1981-1986), Le salaire du zappeur, L'exercice a été profitable Monsieur, Devant la recrudescence des vols de sacs à main, L'amateur de tennis, Persévérance (entretien avec Serge Toubiana), Les Maison cinéma et le monde (en trois volumes). Une véritable leçon d'écriture sur le cinéma, mais surtout un goût pour la liberté et une écriture sans frontières. Sans formatage.

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Tout le programme sur le site de la Cinémathèque

Le 63ème Festival de Locarno promet de belles surprises

Posté par anne-laure, le 25 juin 2010

locarno poster 2010Du 4 au 14 août 2010, la ville de Locarno, en Suisse, fait la part belle au cinéma de demain mais aussi à celui d'hier. Dans son cadre entre lac et montagne, entre Italie et Suisse, son Festival, qui met en lumière des films d’auteur indépendants, ouvre ses portes pour la 63ème fois.

Quelques nouvelles de la programmation
Samedi 7 août, la Piazza Grande de Locarno accueillera la première européenne de Cyrus de Jay et Mark Duplass, une comédie sentimentale et familiale américaine avec Los Angeles en toile de fond. Interprété par John C. Reilly, Jonah Hill, Marisa Tomei et Catherine Keener, le film est produit par Michael Costigan. La projection aura lieu en présence de John C. Reilly et des réalisateurs. Cet acteur américain de talent que l'on a vu notamment chez Paul Thomas Anderson, Martin Scorsese  ou dans les productions de Judd Apatow  recevra d'ailleurs un hommage pendant le Festival.
L’affiche de la Piazza Grande prévoit également la présentation en première mondiale des toutes premières images de The Invisible Boy, un projet de long métrage de l’artiste plasticien français Philippe Parreno. Le Festival programmera aussi à cette occasion une sélection de courts métrages du cinéaste, ainsi que Zidane, un portrait du 21èmesiècle, long métrage co-réalisé avec Douglas Gordon en 2006.

Les deux premiers titres de la Compétition internationale ont été révélés : le cinéaste italien Daniele Gaglianone (I nostri anni, Nemmeno il destino) présentera en première mondiale son troisième long métrage de fiction, intitulé Pietro et pour la première fois le sulfureux réalisateur canadien Bruce LaBruce (Hustler White, The Raspberry Reich) viendra à Locarno avec la première internationale de L.A. Zombie. Une vingtaine de films en tout seront en lice pour le Léopard d'or.

alain tannerLéopards d’honneur pour les réalisateurs Alain Tanner et JIA Zhang-ke
Né en 1929, à Genève, le cinéaste Alain Tanner est devenu le chef de file du « nouveau cinéma suisse » depuis son premier film Charles mort ou vif, en 1969. Suivront La Salamandre (1971), Jonas qui aura 25 ans en l’an 2000 (1976), Dans la ville blanche (1983), Les Années lumière (1981, Grand Prix du Jury à Cannes)… Indiquant son soutien envers ce festival, le réalisateur effectuera une leçon de cinéma ouverte au public. Pour Olivier Père, « ce prix me paraît saluer comme elle le mérite une filmographie qui a démontré une indépendance et une intelligence rares. Témoins de leur temps, les films d’Alain Tanner en formulent aussi la critique et osent s’aventurer sur les territoires du rêve, de la poésie, du désir et de la révolte. Placés sous le signe des utopies puis des voyages, imaginaires ou réels, les films d’Alain Tanner comptent parmi les plus beaux des nouveaux cinémas du monde entier et ont profondément marqué plusieurs générations de spectateurs »

jia zhang keJIA Zhang-ke, réalisateur chinois, ne sera pas en reste. Figure de proue de la « sixième génération » de cinéastes chinois, JIA Zhang-ke est né en 1970 à Fenyang et diplômé de la Beijing Film Academy. Lion d’or à la Biennale de Venise avec Still Life en 2006, JIA Zhang-ke est l’auteur de neuf longs métrages à ce jour, dont trois documentaires. Il recevra lui aussi un Léopard d’honneur et le Festival projettera à cette occasion un des chefs d’œuvre de l’auteur, Platform (2000), ainsi que son dernier documentaire, I Wish I Knew (2010), présenté dans la section « Un certain regard » au dernier Festival de Cannes.

Une rétrospective d’Ernst Lubitsch
olivier pere locarnoLe Festival international du film de Locarno consacrera une rétrospective complète au grand cinéaste américain d’origine allemande, auteur du très célèbre To be or not to be en 1942. Olivier Père, nouveau directeur artistique du Festival (photo), depuis le 1er septembre 2009, explique son choix. « A travers cette rétrospective, nous voulons rendre hommage à l’un des plus grands cinéastes de l’histoire du cinéma, et maître incontesté de la comédie. Cette intégrale veut offrir au public de Locarno comme aux historiens l’occasion de (re)découvrir dans toutes ses facettes la fameuse « Lubitsch Touch », ce mélange unique d’élégance, de satire, d’esprit, de sens du rythme et de l’ellipse. » Cette rétrospective sera reprise à la Cinémathèque française en septembre 2010.

Les jurys
erik khooLe jury de la Compétition internationale sera présidé par le réalisateur singapourien Eric Khoo (Be with Me, My Magic, photo). A ses côtés pour décerner le Léopard d’or, l’actrice iranienne Golshifteh Farahani (Mensonges d’État, À propos d’Elly), l’acteur français Melvil Poupaud (Le temps qui reste, Un conte de Noël), le réalisateur suisse Lionel Baier (Garçon stupide, Un autre homme) et le réalisateur américain Joshua Safdie (The Pleasure of Being Robbed, Go Get Some Rosemary).

Le jury de la Compétition Cinéastes du présent, désormais réservé aux premiers et seconds films, sera quant à lui présidé par Eduardo Antin, ancien directeur du Festival de cinéma de Buenos Aires (BAFICI). Il sera accompagné de la réalisatrice allemande Maren Ade et du réalisateur belge Joachim Lafosse.

le jury des Léopards de demain, section consacrée aux courts métrages, sera présidé par le réalisateur argentin Lisandro Alonso (Los Muertos, Liverpool). Pour élire le meilleur film de la compétition internationale et de la compétition suisse, il sera accompagné de la productrice française Sylvie Pialat, fondatrice des Films du Worso, de l’actrice suisse Nina Meurisse et du réalisateur portugais Miguel Gomes.

locarno piazza grandeGrande première : les Industry Days du 7 au 9 août
Pour la première fois cette année, trois journées seront entièrement consacrés aux professionnels du cinéma.
Les Industry Screenings, réservés aux acheteurs, proposeront en avant-première les films des deux compétitions de longs métrages -la Compétition internationale et la Compétition Cinéastes du présent. En parallèle, producteurs et distributeurs pourront assister pendant ces trois jours à plusieurs workshops et tables rondes organisés en collaboration avec les partenaires de l’Industry Office de Locarno.

Open Doors aux pays d’Asie centrale
Après la Chine en 2009, le Festival, déviant un peu vers l’Ouest, met à l’honneur l’Asie centrale. Organisée avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération (DDC) du Département fédéral des affaires étrangères (Suisse), la section Open Doors permet aux réalisateurs et aux producteurs des projets sélectionnés de trouver des partenaires de co-production et de réaliser leur film. Les inscriptions pour ces Open Doors ont débuté en janvier 2010. Une douzaine de candidats seulement ont été retenus provenant de pays qui sont actuellement en guerre les uns avec les autres...

Kazakhstan: Harmony Lessons de Emir Baigazin ; The Fierce Horse Rustlers de Adilkhan Yerzhanov ; Sunny Days de Nariman Turebayev

Kirghizistan: Jolbakan de Elnura Osmonalieva ; Princess Nazik de Erkin Saliev ; The Singing Grannies de Nurlan Asanbekov

Ouzbékistan: Aral de Ella Vakkasova ; Barzagh de Saodat Ismailova ; Gaulish Village de Shukrat Karimov

Tadjikistan: Halola de Bakhtyar Khudojnazarov ; Buzkashi! de Najeeb Mirza

Turkménistan: Ener de Bayram Abdullayev et Lora Stepanskaya

« Les nombreux réalisateurs et producteurs que nous avons rencontrés au cours de nos différents voyages dans la région doivent faire face quotidiennement à d’innombrables difficultés », a commenté Martina Malacrida, responsable de Open Doors. « Dans ce contexte, la coproduction avec l’étranger prend une importance vitale. Nous sommes convaincus que les 12 projets choisis ont tous le potentiel nécessaire pour séduire des partenaires internationaux. »
Au terme de trois jours de workshop, une bourse de soutien à la production d’une valeur de 35 000 euros, financée dans le cadre de l’initiative Open Doors, sera attribuée par un jury composé de représentants du Festival et de « visions sud est », fonds suisse d'aide à la production. Par ailleurs, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée, France) offrira une bourse d’aide au développement de projet, dotée de 7 000 euros. L’édition 2010 marquera aussi l’inauguration du nouveau International Relations ARTE Prize, d’une valeur de 6 000 euros.

Serge Moati consacre son émission TV à Rohmer

Posté par vincy, le 13 janvier 2010

Parmi les TRES rares hommages de la télévision à Eric Rohmer, notons celui-ci : Cinémas, l'émission sur France 5 de Serge Moati (samedi 16 janvier à 17h55), recevra sur son plateau les comédiens Arielle Dombasle, Marie Rivière, Pascal Greggory et Melvil Poupaud. Accompagnés de Serge Kaganski (Les Inrocks), ils retraceront la carrière du cinéaste. Marie-Christine Barrault interviendra dans un document enregistré. L'actrice était déjà présente (sur plateau ce coup-ci) hier soir dans l'émission de Frédéric Taddei, Ce soir (ou jamais), sur France 3, qui diffusait (très tardivement) Ma nuit chez Maud.

Ce n'est pas parce qu'on s'appelle Rohmer que les patrons de chaîne vont bousculer leur magnifiques programmes...