Et si on regardait… des courts d’animation de MegaComputer

Posté par kristofy, le 7 mai 2020

Ils ont choisi comme nom de collectif MegaComputer. Initialement, il s'agissait de réaliser ensemble des courts-métrages d'animation pour des étudiants passés par l’École des NouvelleS Images (l’ENSI) d'Avignon.

Depuis ils continuent de proposer des courts justement de courte durée : le rythme et le montage en font des pastilles d'humour savoureuses. Pas de grands discours, d'ailleurs les dialogues sont plutôt minimalistes, c'est le soin apporté à la composition des plans (le design des personnages, les expressions des visages, les bruitages...) qui en fait des perles d'animations à découvrir.

Le dernier court de MegaComputeur a récemment remporté un large succès : Hors-Piste avec des sauveteurs en montagne très maladroits a été primé dans plus d'une quarantaine de festivals et il figurait dans la short-list des films éligibles à l'Oscar du court-métrage d’animation. Hors-Piste est visible en vod, ici.

Et voici trois autres de leurs courts-métrages à découvrir en ligne :

- PLAY-OFF : sur un parcours de mini-golf, pas facile de faire rentrer la balle dans le trou...

- PLAISIR SUCRE : difficile de résister à manger un donut...

- DEUSPI : un holp-up qui tourne mal, très mal...

Et si on regardait… My darling Quarantine Short Film Festival

Posté par MpM, le 6 mai 2020

Il était temps qu'on vous parle de My darling Quarantine Short Film Festival, festival hors normes qui vient déjà d'entrer dans sa 8e semaine ! Une durée évidemment inhabituelle pour un événement créé dans le contexte bien particulier de la crise mondiale du Coronavirus et lancé dès le 16 mars sur le site du magazine en ligne Talking Shorts, consacré comme son nom l'indique au court métrage.

C'est Enrico Vannucci, conseiller court-métrage au Festival de Venise et programmateur au Marché du film de Turin, qui a eu l'idée de ne pas baisser les bras face aux annulations en chaîne des festivals de cinéma à travers le monde, en proposant chaque semaine en accès libre sept courts métrages suggérés par des sélectionneurs ou responsables de festivals comme Cannes, Berlin, Clermont-Ferrand ou encore Locarno. A la fin de chaque semaine, un prix du public est décerné au film ayant récolté le plus de suffrages.

Afin de proposer une programmation cohérente et dans l'air du temps, la thématique retenue est "dystopie". Elle a déjà permis de montrer des films tels que Yellow Fieber de Konstantina Kotzamani (parabole onirique sur la disparition d'une ville) ; Symbiosis de Nadja Andrasev (variation inattendue autour de la jalousie et de l'infidélité) ; Postcards from the End of the World de Konstantinos Antonopoulos (comédie autour de la fin d'un monde) ou encore All Inclusive de Corina Schwingruber Ilic (plongée dans le quotidien ritualisé et absurde d'un paquebot monstrueux).

L'idée est bien sûr de continuer à faire vivre le cinéma sur un mode éditorialisé (et il faut reconnaître qu'aucun grand festival ne peut s'enorgueillir d'un tel concentré de programmateurs prestigieux), mais aussi de recueillir des fonds pour aider Médecins sans Frontières à lutter contre le covid19 partout où cela est nécessaire ainsi qu'à alimenter une cagnotte destinée à soutenir les institutions culturelles qui en ont le plus besoin. Pour participer, il suffit de faire un don en ligne, ou via PayPal.

Cette semaine, on peut notamment regarder Enough de Anna Mantzaris dans lequel on assiste à une succession de moments de perte de contrôle, ou de lâcher prise c'est au choix, qui semblent être le reflet salvateur de nos propres ras-le-bol, et myBorder’s joyFence de Michael Kranz, hymne à la frontière "personnelle et portative" évitant tout contact indésirable avec d'autres êtres humains - un film visionnaire et ironiquement de circonstance. On vous invite bien entendu à les découvrir, ainsi que le reste de la sélection de la semaine, et celle des suivantes, en espérant que l'initiative n'ait pas besoin de se prolonger plus que nécessaire...

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My darling Quarantine Short Film Festival

Et si on binge-watchait… Kingdom sur Netflix

Posté par wyzman, le 5 mai 2020

En attendant le déconfinement, la rédaction d’Ecran Noir vous recommande régulièrement un programme à visionner en streaming. Aujourd’hui, zoom sur la série sud-coréenne que vous ne pensiez pas vouloir regarder, j’ai nommé Kingdom !

C’est une série dramatique, historique et d’horreur à la fois. Quelques années après les invasions japonaises de la Corée, des rumeurs sur l’état de santé du roi forcent le prince héritier à sauver le pays d’une maladie qui se propage rapidement. Voilà pour le pitch ! Vous l’aurez compris, les amateurs de la culture sud-coréenne devraient être les plus réceptifs. Mais si la mondialisation réussit si bien à Netflix, c’est parce que chacun de ses programmes originaux réussit à toucher au-delà du public-niche qu’il vise au premier abord.

Le mélange des genres a parfaitement réussi à des séries telles que House of Cards et Orange Is the New Black et c’est encore le cas ici avec Kingdom. En plongeant le spectateur au milieu des rivalités claniques sud-coréennes, celui-ci découvre les coutumes, le mode de vie et les préoccupations de la population au début des années 1600. Plus encore, les manipulations et rebondissement directement liés à l’Histoire du pays sont autant de raisons qui nous empêchent de décrocher. Et on ne va pas se mentir, la quête d’informations sur le mal qui touche le pays est extrêmement prenante.

C’est une grande série. Sans surprise, la mise en scène de Kingdom est soignée. Outre les décors particulièrement fidèles à la réalité et l’attention portée aux costumes, la série de Kim Eun-hee envoie du lourd parce qu’elle ne se refuse rien. La production est impeccable. Comprenez par là que la photographie permet l’immersion tandis que les dialogues permettent d’avancer rapidement dans les intrigues, sans jamais dénaturer la tension dramatique. Peu de séries actuellement diffusées sont capables d’un tel exploit.

Plus sérieuses que Santa Clara Diet et plus intenses que The Walking Dead et ses dérivées, Kingdom vous fera réfléchir à deux fois avant de dire que vous n’aimez pas les séries avec des zombies. Humanisés au maximum, ceux de Kingdom font avant tout peine à voir — ce qui ne les empêche pas d’être effrayants pour autant. Et si l’autre grande série à laquelle Kingdom nous fait penser (Game Of Thrones) avait pour habitude de placer stratégiquement ses séquences de bravoure, le programme de Netflix en est bourré. Chaque épisode contient ses scènes de combat dignes de blockbusters et ses courses-poursuites haletantes. De quoi vous donner l’impression que chaque épisode est synonyme de révélations mais nécessite d’en regarder un autre !

C’est un programme au casting irréprochable. Particulièrement rentables, les productions sud-coréennes ont, à l’instar de l’Inde, rarement besoin de dépasser les frontières pour être considérées comme des succès. Voilà pourquoi la distribution de Kingdom est essentiellement composée d’acteurs sud-coréens, souvent inconnus du public européen. Ce qui n’enlève rien à leur talent car il suffit de deux épisodes pour comprendre que leur jeu vaut son pesant d’or. Loin d’être inexpressifs ou interchangeables, ils apportent tous une charge dramatique à un programme qui ne manque pas de subtilité.

Ju Ji-hoon, l’interprète du prince héritier Lee Chang, vous a déjà fait tourner la tête sur des publicités Calvin Klein tandis que l’acteur qui joue son antagoniste dans la série, Ryu Seung-ryong était récemment à l’affiche de Psychokinesis (également disponible sur Netflix). Les amateurs des séries du géant de streaming ne manqueront pas de reconnaître Bae Doo-na de Sense8 dans la peau de l’assistante du médecin royal.

Kingdom, 2 saisons disponibles sur Netflix ici.

7 films pour survivre au confinement (partie 5)

Posté par wyzman, le 4 mai 2020

Pour ne pas sombrer dans l’ennui pendant ce confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous propose toutes les semaines une sélection de 7 films disponibles en VOD. L’occasion de redécouvrir des pépites oubliées ou de prendre de belles claques !

Buried de Rodrigo Cortes (Netflix)

Claustrophobes s’abstenir. Dans le genre confinement, c’est un peu la séquence de Kill Bill (Uma Thurman six pieds sous terre) puissance long métrage. Ryan Reynolds est coincé entre quatre planches et ça sent le sapin. Manuel de survie pour les nuls (et sans prise de kung fu salvatrice), le film nous rassure presque sur notre situation actuelle. Entre quatre murs, c’est quand même plus respirable.

Battle Royale de Kinji Fukasaku (Universciné)

En cette période de confinement on rêve tous de se retrouver sur une île avec ses amis, au Japon ça va tourner au cauchemar pour une classe de lycéens. Ils s'y retrouvent confinés avec des zones interdites qui changent selon le moment, un collier explosif autour du cou menace de vous arracher la tête si vous ne suivez pas les règles : tuer ou être tué, en moins de trois jours il ne devra rester qu'un dernier survivant.

Conversation secrète de Francis Ford Coppola (La Cinetek)

On pense de plus en plus à géolocaliser les personnes infectées par le Covid-19. Et ainsi surveiller tous leurs déplacements. Dans ce thriller psychologique troublant, avec un Gene Hackman aussi paranoïaque qu’obsessionnel, on comprend vite à quel point l’intrusion dans la vie privée est source d’emmerdes, quand ça ne mène pas tout simplement à la folie.

La planète sauvage de René Laloux (Arte Boutique)

L'univers visuel de Roland Topor prend vie dans cette adaptation libre du roman Oms en série de Stefan Wul qui raconte comment une espèce d'humanoïdes bleus aux yeux rouges mesurant douze mètres de haut pourchasse et extermine une autre espèce, les Oms, perçus au mieux comme des animaux de compagnie, au pire comme des créatures nuisibles. Avec ce premier long métrage tantôt onirique, tantôt cauchemardesque, René Laloux nous tend un miroir souvent dérangeant, et nous interroge sur nos propres pratiques face aux espèces que nous ne jugeons pas aussi évoluées que nous.

Nausicaä de la vallée du vent de Hayao Miyazaki (Netflix)

Dans un futur post-apocalyptique, les survivants sont menacés par une forêt toxique qui ne cesse de s'étendre. Mais Nausicaä, capable de communiquer avec tous les êtres vivants, comprend peu à peu que seule l'harmonie entre les espèces pourra sauver l'humanité. Et si le confinement était l'occasion de revoir tous les films de Miyazaki ? En commençant par ce grand conte environnementaliste moins connu que Mon voisin Totoro, ou le Voyage de Chihiro, mais pourtant tout aussi poétique et puissant.

The Blind Side de John Lee Hancock (Netflix)

Confinés ou pas, rien ne nous empêche de rêver. Basé sur l’histoire vraie d’un adolescent Noir pauvre qui finit par être adopté par une famille blanche et aisée qui lui donne les clés pour sortir du diplômé du lycée et se lancer dans une carrière sportive, The Blind Side vaut pour les interactions particulièrement émouvantes de Sandra Bullock et Quinton Aaron, les deux stars du film.

The Lighthouse de Robert Eggers (Prime Video)

Qui aurait pu prévoir que caster Willem Dafoe et Robert Pattinson dans les rôles de deux gardiens de phares d’une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890 donnerait naissance au meilleur film de l’an dernier ? Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, The Lighthouse est une expérience sensorielle sans pareille. Promis, vous n’en sortirez pas indemnes.

Tunnel de Kim Seong-hun (France.tv)

Il y a eu un effondrement de roches sur votre voiture en passant sous le tunnel d'une montagne. Là où vous êtes bloqué c'est hors d'accès pour une arrivée des secours rapides, votre téléphone devient inutile, combien de temps il serait possible de survivre ? Pendant ce temps les autorités improvisent pour gérer la situation, c'est à dire surtout essayer de se valoriser dans les médias alors qu'on est incompétent pour prendre en charge cette crise, plus les jours passent et plus il y a risques de mort... Toute similitude avec un gouvernement bien connu serait-elle fortuite ?

Et si on binge-watchait… Arde Madrid

Posté par vincy, le 3 mai 2020

En attendant la fin du confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous recommande toutes les semaines dans L'Instant Zappette un programme à visionner en streaming. Aujourd’hui, retour sur une série espagnole - car il n'y a pas que La Casa de Papel et Elite - discrètement cachée sur le replay de France Tv, Arde Madrid.

C'est Ava Gardner qui rencontre le général Peron. Coécrite, coproduite, réalisée et interprétée par Paco Léon (on vous recommande son Instagram parfois "caliente"), Arte Madrid est partie d'une histoire vraie: Ava Gardner (Debi Mazar, vue dans Entourage et Good Vibes, déjà une Gloria Swanson dans Return to Babylon), en manque de bons projets alors qu'elle est au sommet de sa gloire, perturbée par un mariage tourmenté avec Franck Sinatra, vient vivre à Madrid en 1955, seul anachronisme du film. Pour la série, elle a pour voisin le général Juan Peron (Osmar Nunez), président de l'Argentine, veuf de Evita, marié à une ancienne danseuse de cabaret, Isabel (Fabian Garcia Lago). Peron ne s'installera vraiment à Madrid qu'en 1958 et ne se mariera avec Isabel qu'en 1961. Avec la mort d'Ernest Hemingway qui survient durant la série et la préparation des 55 jours de Pékin, qui se tournera en 1962, on peut donc dater l'intrigue à 1961. Ce sont les seuls faits réels insufflés dans le scénario.

Car pour le reste, tout est pure fiction. L'histoire d'Arde Madrid est celle d'Ana Mari (l'impeccable Inma Cuesta, vue dans Julieta de Pedro Almodovar), une femme boiteuse (à cause de la polio), honnête, pieuse et stricte, qui est missionnée pour espionner l'actrice américaine, qu'on suspecte d'accointances communistes. Embauchée comme femme de ménage, elle doit simuler un mariage avec le chauffeur, Manolo (l'imprévisible Paco Leon, repéré dans la série La cas de las flores), magouilleur et baratineur. Dans le petit personnel, on croise aussi Pilar (Anna Castillo), qui va se lier d'amitié avec la star. Autour, des parasites: le frère d'Ana Mari, schizo, une bande de gitans hystériques, un secrétaire qui n'en peut plus, un bijoutier fétichiste du léchage de pieds, deux caniches, deux flics de la garde civile, ou encore une caporale franquiste faussement dure. En 8 épisodes 30 minutes environ, la chronique est bouclée avec une intrigue sans enjeu, hormis une suite de quiproquos et de malentendus, à commencer par le collier Bulgari de Gardner, objet de toutes les convoitises et de toutes les bêtises.

C'est une chronique féministe. Derrière le générique qui font tout le monde en sous-vêtements (de l'époque), pop et presque tarantinesque, il y a donc l'histoire d'une femme coincée et vertueuse qui va découvrir les plaisirs de la chair, d'une star qui ne sait pas comment combler son ennui, d'un adulescent qui ne sait pas comment se sortir de ses arnaques à la petite semaine, et d'une Espagne dirigée par Franco. Il y a ces machos espagnols et ces femmes soumises. En apparence. Car la liberté d'Ava Gardner est contagieuse. Et c'est bien l'émancipation d'Ana Mari et de Pilar, la domination de l'épouse (possessive, excessive, jalouse) de Vargas et le caractère affirmé d'Isabel (future présidente de l'Argentine). Tout est résumé dans le dernier épisode, avec, notamment, le discours final d'Ana Mari, qu'on pressent craquer pour Manolo et qui va faire un vibrant plaidoyer en faveur de l'autonomie de la femme dans une société patriarcale. Or, on le voit bien au fil des épisodes: les mâles sont faibles. Péron est insomniaque, a besoin de faire du yoga et se sent déclassé et humilié; Vargas se fait mener par le bout du nez pour une histoire de culotte en dentelles ; le frère, non binaire, n'a plus toute sa tête ; le secrétaire est soumis ; et Manolo a besoin d'Ana Mari pour s'en sortir à chaque péripéties.

Fun is beautiful. Le ton est résolument exubérant et burlesque. Il suffit de voir ces deux gardes civils qui ont des airs de Dupont et Dupont dans des silhouettes de Laurel et Hardy. Si le fond est dramatique, Paco Leon n'hésite par à toujours faire un pas de côté pour amener le plan dans un délire inattendu (comme cette chèvre sur un piano en pleine "party", le fantasme sexuel et chorégraphié du dépucelage ou cette élection de Miss Nations unies qui prend feu). Il offre aussi au spectateur cette culture espagnole de la fête (flamenco à gogo) et de la tolérance (du queer à l'avortement). Mais ce qui rend Arde Madrid si particulière c'est bien cette photo en noir et blanc, lumineuse et soignée. La splendeur de l'image fait presque oublier le format "série", comme si nous étions plongés dans une telenovela d'antan, entre une photo du studio Harcourt et un mélo des années 1950 restauré, situations stéréotypées (du vaudeville au suspens) et direction artistique jamais formatée. C'est ce décalage permanent entre le fond (pas si sérieux) et la forme (volontairement sublimée), entre les micro-drames en surface et l'intimité des grandes dames qui font d'Arde Madrid un petit bijou caché, loin des séries contemporaines, plus proche d'un film aussi furieux que fantaisiste de Blake Edwards.

Il n'y aura pas de deuxième saison. Paco Leon a refusé de donner une suite à sa série malgré l'insistance de Moviestar +.

Et si on regardait… Têtard

Posté par vincy, le 2 mai 2020

Le 26e festival national du film d’animation était dématérialisé. En mode virtuel, le festival était disponible en ligne sur KuB, où il se prolonge jusqu’au 8 mai, et UniversCiné.

Le Grand prix du court métrage professionnel a été décerné à Têtard de Jean-Claude Rozec, produit par A Perte de Vue, et diffusé sur le portail d'Arte depuis novembre. En compétition nationale au dernier festival de Clermont-Ferrand, le film d'animation raconte l'histoire d'une grande soeur, Lola, qui surnomme Gaspard, son petit frère rouquin, Têtard. Elle refuse de s'en occuper, et considère qu'il n'est pas l'enfant de leur parent, mais le fils né de hommes-crapauds, adopté par échange. Dans ce village semi-abandonné, à proximité de marais,

Aux frontières du fantastique, ce conte inquiétant de 14 minutes joue sur la cruauté des enfants. Onirique, il fait alors la jonction entre le rêve et le réel, jusqu'à laisser la soeur désemparée par la force de son imaginaire.

Et si on regardait… 14 grands films du cinéma japonais

Posté par redaction, le 1 mai 2020

Sur le le vidéo-club de Carlotta Films, à partir d'aujourd'hui 1er mai, Yasujiro Ozu est à l'honneur avec 6 films du maître.

Eté précoce (1951), Le goût du riz au thé vert (1952), Voyage à Tokyo (1953), Crépuscule à Tokyo (1957) sont quatre films en noir et blanc qui dépeignent la femme, le couple, la famille japonaise dans l'après guerre, soit une étude de mœurs plus ou moins mélodramatique ou légère sur la transformation d'un pays et de ses habitants.

En couleur, Bonjour (1959) et Le goût du Saké (1962), considéré comme l'un de ses chefs d'œuvre, complètent le programme, et offrent une nouvelle variation du cinéma de Ozu, scrutateur du quotidien et déjà désillusionné par un pays qui tourne le dos à ses valeurs traditionnelles.

Toujours dans le vidéo-club de Carlotta, ne manquez pas l'étrange et fascinant film de Toshio Matsumoto, Les funérailles des roses, film queer et audacieux sur la communauté homosexuelle des années 1960, entre tabous et emprise des sens.

En cette période de confinement, Hanabi a enrichi son vidéo-club avec 7 films japonais à petits prix pour tous les âges, pour tous les publics, pour tous les goûts.

On retrouve ainsi deux merveilles de l'animation nippone, Silent Voice de Naoko Yamada et Wonderland, le royaume sans pluie de Keiichi Hara.

C'est aussi l'occasion de découvrir l'œuvre magnifique, toute en subtilité et sentiments de Ryûsuke Hamaguchi avec la saga Senses, Passion et Asako I & II, sélectionné en compétition à Cannes.

Enfin, cette programmation est complétée par l'inquiétant Invasion de Kiyoshi Kurosawa et le feel-good La saveur des ramen d'Eric Khoo.

Pinocchio sur Amazon

Posté par vincy, le 30 avril 2020

Présenté à Berlin hors-compétition, Pinocchio, dans une version réalisée par Matteo Garrone (Gomorra, Dogman) devait sortir en salle le 18 mars 2020. Pour cause de confinement, Jean Labadie, président du producteur-distributeur Le Pacte, avait pris en compte la fermeture des salles et reporté le film: "Notre seule ressource est la salle puisque le piratage a tué la vidéo qui autrefois pouvait rattraper un échec en salle. L’investissement très important de Le Pacte déjà pris pour que ces films existent nous oblige à la prudence."

Le film avait alors été décalé au 1er juillet. Or, les salles sont toujours fermées. Et une éventuelle réouverture le 1er juillet reste hypothétique pour l'instant.

L’adaptation moderne du conte avec Roberto Benigni dans le rôle de Gepetto ne sera finalement visible que sur Amazon Prime Video. Un choix étrange de la part du Pacte tant Amazon symbolise, en tant que Gafas, la non exception culturelle. Certes, ce n'est pas Netflix (qui veut anéantir la chronologie des médias). Les films d'Amazon studios sortent en salles. Mais pour avoir accès à Prime Video, il faut être membre du service Prime du géant du e-commerce, condamné en France le 14 avril pour non respect des règles sanitaires, l'obligeant à fermer ses entrepôts. Et on ne parle pas de l'évasion fiscale pratiquée à un haut niveau par le groupe de Jeff Bezos. Un pacte avec le diable?

Toujours est-ils que les consommateurs d'Amazon (un tiers des acheteurs de produits en ligne en France) pourront voir Pinocchio dès le 4 mai. Nommé 15 fois aux David di Donatello (les César italiens), le film est une coproduction franco-italienne. Amazon Prime Video avait déjà récupéré un film prévu en salles le 18 mars la comédie de Katia Lewkowicz, Forte, avec Valérie Lemercier, Melha Bedia et Alison Wheeler, disponible depuis le 15 avril sur la plateforme.

Le Festival de Locarno 2020 annulé

Posté par vincy, le 29 avril 2020

La 73e édition du festival de Locarno est annulée. Venise sera-t-il le seul grand festival européen de la saison?  Dans le même temps, et pour soutenir le secteur cinématographique fortement impacté par la crise sanitaire actuelle, les organisateurs lancent "Locarno 2020 – For the Future of Films".

Avec des projets ciblés, le festival cherchera à apporter "un soutien au cinéma d’auteur indépendant et aux salles de cinéma en proposant au public et aux professionnels de l’industrie du 7e art des contenus spéciaux sur diverses plateformes et notamment, si les scénarios, qui ne cessent d’évoluer, le permettent, par des projections physiques en toute sécurité".

Le programme "est conçu pour intervenir sur l’immobilité forcée de l’industrie du cinéma, en interagissant avec les cinéastes qui ont dû interrompre le tournage de leurs films et en attribuant des Léopards spéciaux, ainsi que d’autres prix, à des productions cinématographiques internationales et suisses à l’arrêt à cause de l’urgence sanitaire planétaire."

Trait d'union et tous pour un

L'annulation de Locarno est d'autant plus surprenante que la Suisse se déconfine lentement depuis cette semaine. Lili Hinstin, la nouvelle directrice artistique, affirme que  "Le festival doit avant tout servir les films, et organiser des premières en ligne au mois d’août ne nous semble pas être la meilleure manière de le faire. Notre rôle est de servir de trait d’union entre les films, l’industrie et le public, et nous avons donc réfléchi à des propositions alternatives pour remplir notre mission, en cherchant à déterminer là où notre intervention pouvait se révéler la plus utile en ce moment. Nous sommes en train de travailler à la conception d’un projet cohérent, en accord avec l’histoire du Festival et à l’enseigne de la solidarité, qui puisse bénéficier à notre public et aux réalisateurs en difficulté."

Locarno a aussi rejoint l'événement "We are One : A global film festival", initié par le Festival de Tribeca, lui-même annulé, et qui propose aux internautes de la planète de se retrouver du 29 mai au 7 juin prochains sur la plateforme Youtube, partenaire du rendez-vous. Les autres Festivals impliqués dans le rendez-vous sont Annecy, Berlin, Londres, Cannes, Guadalajara, Macao, Jérusalem, Mumbai, Karlovy Vary, lui-même annulé, Marrakech, New York, San Sebastian, Sarajevo, Sundance, Sydney, Tokyo, Toronto, Tribeca et Venise.

Accessible gratuitement, l'événement propose de faire des dons à la Fondation des Nations Unies qui seront reversés à des fonds luttant contre la pandémie de coronavirus.

Irrfan Khan (1967-2020), de Bollywood à Hollywood

Posté par vincy, le 29 avril 2020

L’acteur indien Irrfan Khan est décédé des suites de complications au niveau du colon ce mercredi matin. Il avait 53 ans et se battait contre un cancer depuis deux ans environ. Né le 7 janvier 1967, de son vrai nom Sahabzade Irrfan Ali Khan, marié à l'écrivaine Sutapa Sikdar, il a débuté dans de nombreuses séries TV avant de devenir une star de cinéma.

Ses débuts sur grand écran ne furent d'ailleurs pas très glorieux. Une scène coupée au montage dans Salaam Bombay! de Mira Nair, des rôles oubliés dans des films bollywoodiens. Il doit patienter jusqu'en 1998 pour être remarqué en second-rôle (le père du héros) dans Such a Long Journey, film britannico-canadien réalisé par Sturla Gunnarsson.

En 2001, il est propulsé au premier plan, après quinze ans de carrière remplie de feuilletons pour le petit écran, grâce au réalisateur britannique d'origine indienne, Asif Kapadia. Il tient le rôle principal, très intériorisé et quasi mutique, de The Warrior, où il incarne l'homme de main d'un riche propriétaire du Rajasthan qui renonce à sa profession de tueur et part chercher le salut dans les hauteurs himalayennes. Le film reçoit le Prix du meilleur film britannique aux BAFTA, le Douglas Hickox Award aux British Independent Film Awards et l'Hitchcock d'or à Dinard.

Il enchaîne alors les bons choix: une version de Macbeth, Maqbool, par Vishal Bhardwaj, Haasil, qui lui vaut le Prix du meilleur vilain aux Filmfare Awards 2004, Rog, où il est enfin en tête d'affiche d'un film bollywoodien, Life in a Metro (Anurag Basu) pour lequel il reçoit le Prix du meilleur second-rôle masculin aux Filmfare Awards. En 2006, il est à l'affiche de The Namesake (Un nom pour un autre) de Mira Nair, qui termine dans le Top 10 des films indépendants du National Boaord of Review américain.

Alternant productions indiennes de premier plan et films internationaux, rôles de méchants et personnages bienveillants, Irrfan Khan s'impose tranquillement parmi les vedettes du"world cinema" des années 2000. Il a cette faculté des acteurs indiens à pouvoir jouer drame, comédie ou polar, et cette particularité très occidentale d'être en retenue, sensible et énigmatique. On le voit ainsi, aux côtés d'Angelina Jolie dans le beau mélodrame inspiré d'une histoire vrai, Un cœur invaincu de Michael Winterbottom et, dans la comédie colorée de Wes Anderson, À bord du Darjeeling Limited.

Cependant c'est bien l'année suivante, en 2008, que tout va décoller. Il s'offre un gros succès en Inde, Krazzy 4 (Jaideep Sen), et Mumbai Meri Jaan de Nishikant Kamat, prix de la critique aux Filmfare Awards 2009. En flic intrigué et un poil blasé, intègre et un brin autoritaire, il marque les esprits dans Slumdog Millionaire de Danny Boyle, Oscar du meilleur film l'année suivante. De quoi séduire Hollywood qui ne va plus le lâcher entre trois ou quatre films bollywoodiens. On le voit en double rôle dans The Amazing Spider-Man de Marc Webb, en adulte narrant son improbable survie dans L'Odyssée de Pi d'Ang Lee, et plus tard dans Jurassic World de Colin Trevorrow, propriétaire un peu barré du parc d'attraction et dans Inferno de Ron Howard. Irrfan Khan est aussi invité sur le divan d'En Analyse, en patient du psychiatre vedette de la série de HBO. Et en inde, il était la voix de Balou dans la nouvelle version du Livre de la Jungle.

Réalisateur de films pornos dans The Killing of a Porn Filmaker, coiffeur dans Billu de Priyadarshan, poète dans 7 Khoon Maaf, père contrarié dans Le Secret de Kanwar, père obsessionnel dans Hindi Medium (qui lui vaut un "Oscar" indien), joaillier dans New York I Love you, policier repenti dans Jazbaa, l'acteur n'a jamais étiqueté dans un rôle ou un genre. Avec le biopic Paan Singh Tomar de Tigmanshu Dhulia en 2012, il reçoit une pluie de récompenses.

Son film le plus emblématique, celui où il su et pu montrer toute l'étendue de son talent est d'ailleurs une coproduction indo-franco-allemande, The Lunchbox, de Ritesh Batra, présenté à Cannes en 2013 à la Semaine de la critique, et lauréat de plusieurs prix (Grand prix aux Asian Pacific Awards, prix de la critique à Toronto). Il est récompensé par le prix du meilleur acteur aux Asian Film Awards pour son personnage de comptable solitaire, méticuleux, chrétien, qui reçoit par erreur de savoureux plats d'une femme qu'il ne connait pas...

Il était un homme d'affaires accompli dans son dernier film, Angrezi Medium, de Homi Adajania, sorti sur les écrans français le 13 mars dernier, juste avant le confinement. Irrfan Khan, bon joueur de cricket, avait la volonté d'exporter le cinéma indien et ses talents à l'étranger. Il était de loin le comédien indien le plus respecté hors des frontières avec Anil Kapoor. Reconnaissant qu'en inde, il n'y a pas cette culture du jeu réaliste, qu'il a souvent défendu, préférant les personnages complexes et dérangés aux premiers rôles romantiques, faisant le pont entre les cinémas, il affirmait: "J'ai réalisé que mon «destin», ou une force, m'a poussé à identifier la recherche de votre zone de confort comme une sorte de limitation. Et tout le monde a tendance à tomber dans la zone de confort." Clairement, il a choisi d'en sortir durant près de 40 ans.