Tom Hanks va jouer le vieux grincheux Mr. Ove

Posté par vincy, le 24 septembre 2017

A l'origine c'était un livre de l'écrivain suédois Fredrik Backman traduit en France en 2014 sous le titre Vieux, râleur et suicidaire: la vie selon Ove. Puis ce fut un film suédois, Mr. Ove (A Man called Ove), réalisé par Hannes Holm, nommé deux fois aux Oscars cette année (film en langue étrangère, maquillages), prix du public à Cabourg, prix de la meilleure comédie aux European Film Awards, prix du public, du meilleur acteur et du meilleur maquillage aux Guldbagge Awards (les César suédois) et enfin prix d'interprétation masculine au Festival de Seattle.

Le film avait été de très loin le leader du box office suédois en 2016 avec 1,7 million d'entrées (deux fois plus que Le livre de la jungle, 2e de l'année), en plus d'être le seul film nordique finissant dans le Top 10. Au final, cette comédie grinçante a récolté 26,5M$ dans le monde: si aux USA, il s'agissait du film en langue étrangère le plus vu, en France, il a connu un bide retentissant avec à peine 12000 entrées. Son succès mondial en fait l'un des plus gros succès suédois après Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (51M$).

Il faudra maintenant compter sur le remake hollywoodien (après tout Millénium était aussi suédois d'origine). Tom Hanks incarnera le grincheux, associable et aigri Monsieur Ove. L'acteur, récemment vu dans Le cercle, co-produira le film avec sa femme Rita Wilson. Le livre avait été un énorme succès en librairie même aux Etats-Unis (77 semaines dans la liste des best-sellers du New York Times) et a été traduit en 43 langues.

Du film, on écrivait: "Il y a bien tous les ingrédients d’un « feel good movie », doublé d’un portrait de contemporains, entre ceux qui se replient sur eux-mêmes et ceux qui croient encore à l’ouverture sur les autres."

Tom Hanks sera à l'affiche cet hiver de The Post, de Steven Spielberg. Pour l'instant aucune date de tournage ni de nom de réalisateur n'ont été annoncés. Il devrait aussi être à l'affiche de Greyhound l'an prochain.

Le box-office estival oublie les LGBTQ

Posté par wyzman, le 23 septembre 2017

Une fois n'est pas coutume, la GLAAD (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) vient de mettre en ligne un nouveau rapport concernant la visibilité et le traitement de la communauté LGBTQ à travers des œuvres de la pop culture. Cette fois, il est question des films de grands studios sortis cet été, c'est-à-dire entre le 1er juin et le 1er septembre. Et comme vous pouvez vous en douter, le constat est sans appel : les LGBTQ ont encore une fois été oubliés des "gros films".

Le rapport se base donc sur 25 films sortis entre ces dates et les analyse sous le spectre du test Vito Russo. Nommé après l'un des fondateurs de la GLAAD, le test s'intéresse à la présence de personnages LGBTQ, à l'importance donnée à la sexualité du ou des personnages dans chaque film ainsi qu'au poids du personnage LGBTQ au sein de l'intrigue principale. Malgré les sorties de (bons) films tels que Moonlight, Get Out et Les Figures de l'ombre qui ont été des succès critiques et publics, la GLAAD regrette que l'été soit encore un véritable désert pour les projets portés par des personnages issus de la diversité ou de la communauté LGBTQ.

Ainsi, seuls deux films ont réussi le test Vito Russo. Il y a tout d'abord Pire Soirée, une comédie dans laquelle Scarlett Johansson et quatre amies de fac se retrouvent pour une soirée entre célibataires (un flop au box office). Puis vient Do It Like An Hombre, une autre comédie mais cette fois sur un trio d'amis légèrement homophobes qui implose le jour où l'un d'entre eux fait son coming out et tente de changer la mentalité de ses compères. Bien que maladroits et parfois juste offensants, Pire Soirée et Do It Like An Hombre comptent chacun 4 personnages LGBTQ.

Mais le rapport pointe également l'absence cruciale de diversité dans les autres films sortis cet été. De Spider-Man : Homecoming à Dunkirk en passant par Wonder Woman, Baby Driver, La Momie ou encore Hitman & Bodyguard, tous ont échoué au test Vito Russo. Néanmoins, cet échec peut s'expliquer pour certains et en partie par l'intrigue même du film.

A Star Is Born avec Lady Gaga change de date de sortie

Posté par wyzman, le 23 septembre 2017

La nouvelle est tombée il y a quelques heures seulement : le film de Bradley Cooper A Star Is Born ne sortira finalement plus en septembre 2018 mais bien en mai de la même année, le 18 mai pour être plus précis. Le film devait originellement sortir le 28 septembre aux Etats-Unis mais, comme l'indique Variety, une sortie en mai pourrait être bénéfique pour le film de Warner Bros, qui reprend ainsi un créneau porteur pour les drames musicaux (Moulin Rouge) ou les remakes de grands classiques (Gatsby le magnifique).

A Star Is Born pourrait aini profiter d'une projection en avant-première et donc très médiatisée durant le festival de Cannes qui se tiendra justement du 9 au 20 mai. Plus encore, une sortie juste avant l'été permettrait de booster les entrées du musical qui représenterait une bonne alternative pour les cinéphiles lassés des autres blockbusters (Avengers: Infinity War, Star Wars: Han Solo et Deadpool 2).

Pour rappel, A Star Is Born est le troisième remake du film Une étoile est née de William A. Wellman sorti en 1937, puis revu par George Cukor (la version la plus célèbre avec Judy Garland et James Mason, en 1954) et Frank Pierson (avec Barbra Streisand, en 1976).

Le film suit les péripéties d'Ally, une jeune femme qui va réaliser son rêve grâce à l'alcoolique Jackson Maine : devenir une star de la country. Lady Gaga incarnera Ally tandis que Bradley Cooper revêtira les habits de Jackson. Sam Elliott, Andrew Dice Clay et Rebecca Field font également partie de la distribution. Relancée il y a cinq ans, l'idée de ce remake devait réunir Clint Eastwood, Tom Cruise et Beyoncé!

Aucune date de sortie française n'a été dévoilée pour le moment.

Deux projets en cours pour Maïwenn

Posté par vincy, le 22 septembre 2017

On savait depuis le printemps que Maïwenn voulait adapter Chanson douce, le roman de Leïla Slimani paru l'an dernier et lauréat du Goncourt. Mais la réalisatrice de Polisse et Mon roi a confié récemment que ce ne serait pas son prochain film. Elle écrit actuellement La favorite, l'histoire de Jeanne Du Barry, dernier amour de Louis XV, plus connue sous le nom de Comtesse du Barry. La compagne royale fut guillotinée à l'âge de 50 ans, 19 ans après le décès du Roi. Ce sera le premier film historique de la cinéaste, qui a trouvé dans cette histoire un écho à la sienne: le complexe d'infériorité, l'envie de devenir intelligente, érudite et bourgeoise.

On est loin de Chanson douce. Le roman de Leïla Slimani est l'histoire d'une famille bobo parisienne qui ne parvient pas à équilibrer leur vie professionnelle, amicale et familiale. Pour maintenir leur niveau de vie et leur confort, ils engagent une dame qui va jouer les nounous. Malheureusement, la nounou, se croyant de la famille, prend vite la place des parents. Cette histoire oppressante et meurtrière est écrite de manière très cinématographique, avec un découpage proche du thriller psychologique.

Le premier roman de Leïla Slimani, Dans le jardin de l'ogre, sorte de Madame Bovary plutôt trash, devrait être adapté par Jacques Fieschi.

Maïwenn est actuellement à l'affiche du film Le prix du succès, aux côtés de Tahar Rahim. Le film a attiré un peu moins de 10000 spectateurs.

Edito: le prix à payer

Posté par redaction, le 21 septembre 2017

L'iPhone se vend désormais au prix d'un SMIC. Folie inflationniste pour un produit qui, désormais, est officiellement obsolète en douze mois, et donc le fabriquant ne souhaite pas qu'il vive vraiment plus longtemps. Certes, nous sommes tous dépendants de ces smartphones, sans nous soucier des effets sur la santé et l'environnement. Une partie de notre vie sociale se passe dorénavant sur ces écrans. Heureusement pour le 7e art, cet écran est encore trop petit pour apprécier un film.

Le cinéma reste un loisir "modique". En France, selon la plus récente étude du CNC, un ticket vaut en moyenne 6,51€ (c'est un peu plus cher à Paris, beaucoup moins dans des villes de moins de 20000 habitant). Ce prix est en hausse quasi continuelle depuis 2006 (à l'époque le billet moyen valait 5,94€). Ce qui sauve la fréquentation c'est bien sûr les cartes illimitées, et quelques hits très fédérateurs. La France est le pays qui résiste le mieux en Europe.

Aux Etats-Unis, où le calcul se fait par recettes, on a privilégié un ticket moyen nettement en hausse. Le ticket vaut en moyenne 8,89$ (7,44€) contre 6,55$ en 2006! Cela permet d'accroître les recettes alors que la fréquentation est plutôt en baisse (1,32 milliard d'entrées en 2016 contre 1,4 milliard d'entrées en 2007). Mais ça décourage pas mal de spectateurs de se payer une séance alors qu'un abonnement à Netflix coûte finalement moins cher pour une programmation plus vaste.

Même pas 10$ pour un film au cinéma par jour

Dernière trouvaille du moment, MoviePass, lancé le 15 août, par un ancien de Netflix justement. MoviePass propose un abonnement mensuel de 9,95$ permettant de voir un film par jour, à l'exception des films 3D ou Imax. C'est révolutionnaires (une carte illimitée en France c'est au minimum 20€).

L'économie est périlleuse. Car MoviePass s'engage à reverser aux salles le "tarif" normal. Au-delà de deux films, le système devient donc déficitaire. Aucune chaîne américaine n'a signé d'accord avec MoviePass. On les comprend: cela casse leurs recettes. Mais le pari de MoviePass est ailleurs: si le nombre d'abonnés à son programme est suffisamment important, il pourra revendre les données de sa base de clients. Pour les exploitants, c'est aussi un moyen de remplir leurs salles (hormis le week-end, elles sont plutôt vides, au point d'offrir des tarifs bradés les lundis et mardis), et de vendre davantage de produits alimentaires.

Un fauteuil sur six occupé en France

Car c'est l'autre problème que les cinémas connaissent: il y a les spectateurs réguliers, mais ils ne suffisent pas à remplir les fauteuils dans de nombreuses séances. Avec un ticket moins cher, et une offre variée, cela peut aussi permettre à des cinéphiles de prendre le risque d'aller voir des films plus singuliers et moins populaires. En France, le taux d'occupation est assez faible: 14,4% en France, 16,6% à Paris. On peut toujours se glorifier de notre bon niveau de fréquentation, on constate mois après mois, la désaffection du public pour 90% des films qui sortent chaque semaine, une part de piratage toujours importante, et une consommation de la télévision en pleine forme. Avec un fauteuil sur six occupé, des cinémas qui continuent de s'agrandir ou de se construire, et un ticket de ciné qui reste cher (malgré des efforts pour les enfants), une formule comme MoviePass pourrait aller chercher le spectateur oublié, pour le meilleur (qu'il aille au cinéma) et pour le prix. Mais avant cela, rassurons-nous: MoviePass a le temps de couler. Ou de devenir incontournable.

Iran: le cinéaste Mohammad Rasoulof privé de passeport et convoqué par la justice

Posté par vincy, le 20 septembre 2017

Grand prix Un certain à Regard à Cannes en mai dernier avec Lerd (Un homme intègre), le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof a reçu une invitation à se présenter devant la justice de son pays après s'être vu confisquer son passeport à l'aéroport de Téhéran, selon une dépêche de l'AFP publiée dans la soirée du mardi 19 septembre.

Depuis ce prix, Mohammad Rasoulof était rentré par deux fois en Iran sans rencontrer de difficultés. Cette fois-ci, il revenait des Etats-Unis.

Vendredi 15 septembre, le réalisateur "a été retenu pendant deux heures à l'aéroport et on lui a confisqué son passeport sans lui fournir la moindre explication", a déclaré à l'AFP Kaveh Farnam, coproducteur d'Un homme intègre. Le film doit sortir le 6 décembre en France, distribué par ARP Sélection. Il vient d'être présenté au festival de Telluride. "On lui a donné une lettre l'invitant à se présenter en personne au parquet chargé des médias et de la culture. Il s'y rendra probablement la semaine prochaine" a ajouté le producteur.

Jamais deux sans trois

On ignore pour l'instant les griefs retenus contre le cinéaste. Déjà, en 2011, il n'avait pas pu quitter le pays pour aller chercher son prix de la mise en scène Un certain Regard pour son film Au revoir, présenté au Festival de Cannes. Quelques mois plus tard, il avait été condamné à un an de prison pour "activités contre la sécurité nationale et propagande", simultanément à la condamnation de Jafar Panahi (six ans de réclusion pour le même motif).

Deux ans plus tard, en 2013, l'Iran avait de nouveau confisqué son passeport alors qu'il devait se rendre dans un festival allemand.

Cette fois-ci, on voit bien ce qui a pu gêner les autorités iraniennes.

Un homme intègre est une histoire dénonçant la corruption et l'injustice dans le pays. Mohammad Rasoulof avait bien reçu l'autorisation de tournage, mais il avait du signer une lettre l'engageant à ne pas faire un film sans espoir. Comme son héros, le cinéaste ne semble pas porter sur le compromis.

Faute d’amour : une oeuvre musicale originale pour accompagner le film d’Andreï Zviaguintsev

Posté par MpM, le 20 septembre 2017

C'est l'un des films les plus remarqués du dernier Festival de Cannes, d'ailleurs couronné du prix du Jury : Faute d'amour d'Andreï Zviaguintsev sort sur les écrans ce mercredi. En parallèle, on peut retrouver depuis lundi dans les bacs sa formidable bande originale composée spécialement pour le film par Evgueni et Sacha Galperine.

La particularité de cette musique est que le réalisateur ne voulait pas que les compositeurs aient vu le film ou en aient lu le scénario avant d'écrire. Ils ont donc dû travailler complètement "en aveugle" proposant leur propre interprétation de l'histoire qu'Andreï Zviaguintsev leur avait simplement racontée au téléphone. Ils n'ont ainsi pu se baser que sur leur propre interprétation du récit et sur les émotions que cela provoquait en eux.

Par exemple, pour composer le morceau 11 Cycles of E, Evgueni Galperine explique qu'il s'est d'abord « imaginé ce qui pourrait se passer dans la tête des parents dont l'enfant a disparu et quand tout leur univers se résume à une seule idée : le retrouver. Une seule idée, donc une seule note, un seul accord, un seul rythme. Je me suis donc mis au travail pour voir si je pouvais faire une musique intéressante avec autant de restrictions et ça a donné au final 11 Cycles of E , le morceau phare du film : son générique de début et de fin. »

Finalement, 4 morceaux (17 minutes) ont été utilisés dans le film, mais 9 titres (30 minutes) figurent dans le disque, comme en prolongement du film dont ils constituent eux-aussi l'univers. C'est d'ailleurs parce que le réalisateur aimait certains morceaux, qui, pour lui, faisaient complètement partie de l’univers de Faute d'amour, sans pouvoir les utiliser dans le film, qu’il a eu l’idée de produire le CD.

Et justement, la musique joue dans Faute d'amour un rôle prépondérant. Délicate et minimaliste, elle complète la mise en scène somptueuse de Zviaguintsev et renforce sa noirceur quasi romantique. C'est donc une vraie chance que de pouvoir découvrir en parallèle du film la totalité de la musique qu'il a inspirée, et qui en renforce la beauté et le mystère.

Afin de prolonger cette expérience sensorielle envoûtante, Écran Noir vous propose de gagner 5 vinyls de la BO. Pour cela, rendez-vous sur notre page Facebook.

3 raisons d’aller voir American Assassin

Posté par wyzman, le 20 septembre 2017

Mercredi dernier, il était impossible de ne pas noter l'abondance de films intéressants à découvrir au cinéma. Aujourd'hui, le choix semble plus évident. Il y a d'une part Ça, la nouvelle adaptation du roman éponyme de Stephen King ; Gauguin, un biopic sur le célèbre peintre incarné par Vincent Cassel ; Mon garçon, le nouveau thriller de Guillaume Canet et Mélanie Laurent… et American Assassin ! Mais pourquoi le film de Michael Cuesta est-il si important ? Voici la réponse.

1. Un scénario couillu. Nouvelle recrue d'une équipe officiant pour le contre-espionnage américain, Mitch Rapp va suivre un rude entraînement mené par Stan Hurley, formateur de la CIA. Face à une vague d'attaques terroristes sans précédent à travers le monde, les deux hommes doivent s'occuper du cas Ghost, un individu aussi dangereux qu'insaisissable ayant pour intention de déclencher une guerre nucléaire. Bien qu'estampillé "action movie pour mecs", American Assassin s'avère vite plus complexe que cela. Et cela se traduit par une séquence d'ouverture complètement folle et émouvante au cours de laquelle le personnage campé par Dylan O'Brien (Mitch) prend toute sa noirceur et son ampleur.

2. Le grand retour de Dylan O'Brien. Star de la série pour ados (mais pas que) Teen Wolf, Dylan O'Brien a été victime d'un grave accident en mars 2016 alors qu'il tournait une de ses cascades pour Le Labyrinthe 3. Résultat : la production du film a été stoppée et la période de convalescence de l'acteur a décalé les tournages de Teen Wolf et d'American Assassin. Et bien qu'on l'ait vu dans Teen Wolf l'hiver dernier, c'est bien American Assassin qui marque le retour de Dylan O'Brien sur les écrans puisque c'est le premier projet sur lequel il s'est rendu une fois rétabli.

3. Un trio sexy à souhait. American Assassin est principalement porté par le duo Dylan O'Brien/Michael Keaton mais la présence de Taylor Kitsch en militaire devenu fou apporte un certain cachet. Habitué des films d'action (X-Men Origins: Wolverine, Battleship, Lone Survivor) l'acteur de 36 ans semble faire le lien entre la nouvelle génération biberonnée aux Transformers et Avengers et une plus ancienne fascinée par les Batman de Tim Burton. Ensemble, ils nous laissent croire que l'Amérique de Donald Trump peut s'en sortir. Un sacré tour de force.

Des rêves sans étoiles, rencontres sensibles dans un centre de détention iranien

Posté par MpM, le 20 septembre 2017

Le documentariste iranien Mehrdad Oskouei a produit et réalisé deux documentaires sur la délinquance de jeunes garçons (Les derniers jours de l'hiver et It's always late for freedom), ce qui l'a naturellement amené à se poser la question du point de vue des jeunes filles. C'est ainsi qu'il a eu l'envie de poser sa caméra dans un centre de détention et réhabilitation pour mineures. Là, il a apprivoisé les jeunes filles présentes, filmant leur quotidien et leur vie au fil des jours, et leur donnant également la parole lors de longs entretiens face caméra.

Son but n'étant en aucun cas la dénonciation d'un quelconque système politique, mais plutôt le questionnement d'un certain "devoir social", Mehrdad Oskouei a fini par obtenir l'autorisation de tourner. Et pour rendre sa démarche la moins "suspecte" possible, il a par ailleurs promis que le film ne serait pas diffusé en Iran. Cette transparence initiale explique probablement la qualité et la force des témoignages qu'il a pu obtenir, de la part de jeunes filles expliquant notamment qu'elles ont été abusées par un membre de leur famille, battues, voire prostituées par des parents drogués mais aussi, parfois, qu'elles se sont révélées elles-mêmes maltraitantes et violentes. La plupart âgées de 16 ou 17 ans, elles ont été arrêtées pour vagabondage, pour vol (parfois à main armée), pour trafic de drogue et même pour meurtre. Certaines sont déjà mariées et ont des enfants. D'autres n'ont plus personnes, ou ne peuvent compter sur leur famille.

Le centre apparaît ainsi moins comme un lieu carcéral que comme un refuge, et l'enfermement comme une procédure de mise à l'abri. Les détenues n'aspirent d'ailleurs pas toujours à leur libération, voire s'effraient de ce retour dans leur famille ou dans la rue. Dans cette attente en forme de parenthèse, voire de pause, le réalisateur prend le temps de les écouter, de les comprendre. Si sa voix, parfois, dissimule mal sa surprise ou son émotion, il ne se met pas en scène, et offre à ses interlocutrices un espace digne et bienveillant qui se refuse à la complaisance. Lorsque la discussion est trop douloureuse, il interrompt la scène, quitte à laisser certains échanges inachevés, presque inaboutis.

Regard intime et personnel

Et que dire des rêves qui donnent leur titre au film ? Sans étoiles, oui, mais aussi souvent sans espoir, sans désir. Quand ils existent. Des rêves sages et minuscules, ou au contraire effrayants. Ce sont sans doute les passages les plus poignants du film, ceux qui font le plus sentir la détresse incommensurable des protagonistes. À quoi pourrait-on bien rêver à 17 ans quand on a déjà vécu toute une vie de souffrance ?

La démarche de Mehrdad Oskouei offre à la fois un regard intime et personnel sur ces destins en lambeaux, et une vision d'ensemble plus théorique qui décortique les mécanismes conduisant un être à tomber dans l'illégalité. On pourrait d'ailleurs se trouver dans n'importe quel pays où il y a de la misère, du désespoir et de la maltraitance, ce qui confère au film une dimension plus universelle que politique, plus humaniste que militante.

On a l'habitude des films venus d'Iran dénonçant l'hypocrisie de sa société et montrant des individus broyés par le système. Ce qui change, avec Des rêves sans étoiles, c'est qu'ici le système n'est plus une appellation un peu vague coupable de tous les maux, mais l'addition d'autres humains dont les mauvais choix, les erreurs, l’indifférence ou la misère ont condamné des enfants à une vie sans espoir. Et face à ce constat, la question n'est plus de savoir quelle est la nature du pouvoir en place en Iran, mais pourquoi cette situation terrible nous semble si familière, quel que soit le pays où on habite.

----

Des rêves sans étoiles de Mehrdad Oskouei (Iran)
En salles à partir du 20 septembre

120 battements par minute, candidat français pour les Oscars

Posté par vincy, le 19 septembre 2017

C'était assez logique. Face au poétique Barbara et au satirique Redoutable, le comité de sélection du CNC a choisi 120 battements par minute comme représentant de la France pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

« C’est un film ambitieux, engagé, porté par l’interprétation remarquable d’une nouvelle génération d’acteurs, qui a bouleversé les festivaliers du monde entier, de Cannes à Toronto. Avec 120 battements par minute, Robin Campillo nous offre un film exceptionnel sur un sujet cruellement universel et toujours d’actualité », a déclaré Frédérique Bredin, Présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

Coproduit par Pierre Bergé

Le film de Robin Campillo, qui retrace les débuts du mouvement Act-up et le quotidien de jeunes gens atteints du SIDA, dans les années 1990, était un choix logique pour plusieurs raisons. Il a un sujet fort, dramatique, universel. Il est, des trois, le plus populaire avec 610000 entrées en 4e semaine, soit le plus gros succès de l'année pour Memento Films. Il a aussi le plus beau palmarès: Grand prix du jury, prix de la critique international, Queer palm et Prix François Chalais à Cannes, en plus du prix du public au Festival de Cabourg. Il est finaliste des Prix Lux du Parlement européen. Il a été sélectionné à Toronto, Moscou, Melbourne, Helsinki, San Sebastian et sera présenté aux festivals de Londres et New York. Aux Etats-Unis, The Orchard le distribuera à partir du 20 octobre.

Coproduit par Les Films de Pierre (détenue par Pierre Bergé, disparu il y a dix jours), Page 114 (Jacques Audiard), Memento films, FD Production et France 3 Cinéma, 120 battements par minute aura d'abord à passer la première sélection avant d'être "nominable". Pour l'instant, parmi les films candidats, on retrouve plusieurs cannois (Happy End, In the Fade, The Square), le dernier film d'Angelina Jolie (pour le Cambodge) mais aussi des films qui se sont faits remarqués comme Une femme fantastique, Tom of Finland, L'insulte et Fixeur.