Edito: Madame De… & Madame Dame

Posté par redaction, le 4 mai 2017

Elle a eu 100 ans lundi dernier. Elle ne doit pas être déçue Danielle Darrieux, née en pleine première guerre mondiale, de voir l'Etat de son pays un siècle plus tard. Les éditorialistes se régalent de comparaisons historiques (tantôt la France et l'Allemagne de 1918, tantôt les deux pays des années 1930). Un bon verre de whisky en main, l'actrice centenaire (seule la comédienne Gisèle Casadesus est plus vieille en France) n'est plus sur les planches ou les plateaux, mais elle reste toujours là à nos côtés.

"Alors, l’avenir ? On verra bien. La vie est trop courte. On crève trop tôt. Mieux vaut profiter de tout ce qu’elle vous offre et la raccourcir de quelques années, que vivre en vain durant cent sept ans" disait-elle. Encore sept ans, et sa citation de 1934 sera obsolète. Elle était déjà une star à cette époque même si sa stature a trouvé ses plus grands rôles dans les années 1950. Ce qui frappe chez Darrieux c'est d'avoir toujours su accepter son âge au cinéma. De ne jamais avoir triché avec. On peut toujours louer sa grâce, sa fantaisie, sa beauté naturelle. Avec plus de 100 films au compteur, on remarque surtout que son jeu, dès ses premières années, était incroyablement moderne, exploitant une forme de spontanéité et s'approchant d'un naturalisme qui n'étaient pas en vogue à cette époque.

Danielle Darrieux était avant la guerre la jeune française moderne et piquante, jouant des comédies virevoltantes, plutôt que l'actrice glamour, mélo ou romantique des grands cinéastes de cette période. Elle était singulière. Et elle l'a toujours demeuré. Elle aimait composer ses rôles, apporter de la subtilité et de la profondeur à ses personnages. Elle essayait déjà d'être atemporelle, elle était déjà spirituelle. Et ça n'a pas pris une ride.

"Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard"

Une grande dame comme ça méritait au moins quelques hommages. Le Festival de Cannes projettera Madame De... en version restaurée. France 5 a eu la bonne idée de diffuser Les demoiselles de Rochefort la semaine de son anniversaire. Un documentaire sur une chaîne publique n'aurait pas été superflu. Une rétrospective aurait été bienvenue (la dernière date de 2009 à la Cinémathèque). On sait bien que la culture est devenu un gros mot voire une notion honteuse dont on ne débat plus en période électorale. Mais Darrieux c'est du patrimoine "brut", c'est un morceau de mémoire collective.

On se rappellera les paroles qu'elle chantait dans Huit femmes: "Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard, Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson, Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson, Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson, Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare, Il n'y a pas d'amour heureux..."

Désolons nous donc de voir le si peu de considération que les TV ont pour ces légendes françaises. Avant qu'il ne soit trop tard, comme ce fut hélas le cas pour Michèle Morgan il y a quelques mois, hommage complètement zappé par les programmateurs, il aurait été savoureux et salutaire de proposer un des nombreux films (même populaires) de Lady DD pour célébrer ce rare anniversaire.

Victor Lanoux se carapate (1936-2017)

Posté par redaction, le 4 mai 2017

Populaire et attachant, l'acteur Victor Lanoux est mort dans la nuit du 3 au 4 mai à l'âge de 80 ans. Si les téléspectateurs le connaissent avant tout pour son rôle récurrent dans la série "Louis la Borcante", il fut également l'un des comédiens les plus en vogue dans le cinéma français des années 1970 aussi bien dans des polars que dans des comédies, parfois cultes. A partir de 1972 avec L'Affaire Dominici, Victor Lanoux devient une tête d'affiche, passant d'Yves Boisset (Folle à tuer, Dupont Lajoie) à Pierre Granier-Deferre (Adieu Poulet, Une femme à sa fenêtre). Mais c'est Jean-Charles Tacchella qui lui offre son plus beau rôle dans le sensible Cousin, Cousine, trois fois nommé aux Oscars et quatre fois aux César (dont une nomination pour l'acteur).

Cependant, c'est bien dans la comédie de mœurs qu'il va exceller grâce à Yves Robert et son diptyque culte Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, portraits d'hommes faillibles dans une époque résolument féministe, où il incarne un séducteur dont l'assurance s'effrite et la confiance mâle est déstabilisée ("On fait l’amour libre, chacun fait ce qu’il veut. Enfin surtout moi, parce que dans la femme il y a quand même la mère de famille avant tout").

Lanoux jouera pas mal de ce statut d'homme moyen et dragueur. Il essaie pourtant de ne jamais s'enfermer dans un rôle, tournant aussi bien avec Claude Berri (Un moment d'égarement, qui a donné lieu à un récent remake), Gérard Oury (La carapate, joli duo burlesque avec Pierre Richard, son partenaire de cabaret), Jean-Marie Poiré (le vaudevillesque Retour en force), Alain Jessua (l'étrange film Les chiens, avec Depardieu), Peter Kassovitz (le touchant Au bout du bout du banc) n'ont hélas pas forcément été à la hauteur de son talent. Il pouvait jouer les cocus, les papas, des flics (plutôt gradés), les salauds. Lanoux avait la gueule d'un sympathique ou d'une ordure.

Les années 80 ont été plus cruelles avec lui même s'il s'est amusé dans Y a-t-il un Français dans la salle ? de Jean-Pierre Mocky. Il enchaîne les modestes films policiers (Une sale affaire de Alain Bonnot, Un dimanche de flic de Michel Vianey, Canicule d'Yves Boisset, Les Voleurs de la nuit de Samuel Fuller, etc...), souvent partenaire des plus grandes actrices du moment, d'Annie Girardot à Nicole Garcia. Il est plus convaincant quand les auteurs l'emmènent dans des territoires plus troublants à l'instar de Yannick Bellon qui en fait un flic troublé amoureusement par un jeune musicien (La triche), Jean-Loup Hubert qui l'enrôle pour être un ancien virtuose de l'accordéon au chômage (La smala), André Téchine qui lui offre un personnage d'époux (séparé) de Deneuve et père (en conflit avec son fils) dans un drame passionnel (Le Lieu du crime).

Ses derniers films - Le Bal des casse-pieds d'Yves Robert, Les Démons de Jésus de Bernie Bonvoisin et Reines d'un jour de Marion Vernoux - montrent qu'il était ouvert à tous les styles, sans distinction, ce qui aidait sans doute des cinéastes aussi différents à projeter toutes sortes de personnages sur lui, costaud et vulnérable, bourru et charmeur, dur et émouvant.

Métissé de naissance - un père juif tunisien et une mère catholique normande - Victor Robert Nataf a vécu dans la Creuse dès le début de la Seconde Guerre sous le nom de Victor Lanoux. Ancien ouvrier, puis parachutiste et machiniste, il devient comédien en regardant jouer Anthony Quinn sur le plateau de Notre-Dame de Paris. Il suit alors les cours par correspondance proposés par Cinémas du monde et le Conservatoire indépendant du cinéma français.

En 1961, il commence sa carrière sur les planches des cabarets avec Pierre Richard, avec succès, et devient un acteur régulier du Théâtre national populaire (TNP). Il a été aussi metteur en scène de théâtre et a joué jusqu'à la fin du XXe siècle sur scène. En 2007, après un malaise et une opération qui a mal tourné, il devient paraplégique mais s'obstine à vouloir récupérer ses moyens. Il tourne pour la télévision jusqu'en 2015, date officielle de sa retraite.

Cet "artiste du peuple" tel qu'il se définissait était fragile. Il avait récemment tenté de mettre fin à ses jour, fati­gué de souf­frir après deux lourdes opéra­tions de l’aorte. "Quand je repense à Pierre Richard, Barbara et d'autres, c'est une émotion. Parler de ces gens veut dire que je les ai aimés" expliquait-il nostalgique. Il était un peu las mais savait encore se battre pour défendre ses rôles ... S'il n'a jamais chômé, il a quand même sans aucun doute été frustré de ne pas être considéré comme un grand acteur de sa génération, injustement. Lucide, dans son livre, Laissez flotter les rubans, il écrivait "L'attente, disait Giraudoux, c'est un bonheur pour vierges. c'est un bonheur solitaire."

Cannes 70 : les pépites de Cannes Classics

Posté par cannes70, le 3 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-15. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Alors que la nouvelle sélection de Cannes Classics vient de nous être (enfin) dévoilée, voici nos coups de coeur très personnels sur les belles découvertes faites depuis la création en 2004 de cette case rétrospective officielle du Festival de Cannes, par ordre chronologique de passage sur la Croisette. Hasard ou intérêt tout personnel de l'auteur de ces lignes, une grande majorité d'entre eux est issue du programme de restauration de la World Cinema Foundation, l'association présidée par Martin Scorsese, qui aide les pays en voie de développement à sauvegarder leurs trésors cinématographiques.

Mélodie pour un tueur (Fingers) de James Toback (Etats-Unis, 1977 ; Cannes Classics 2008)


Le premier film de James Toback est redécouvert grâce à Jacques Audiard qui s'en inspire pour réaliser un remake radicalement différent, malgré des prémices et certaines scènes très proches : De battre mon coeur s'est arrêté, avec Romain Duris dans son premier rôle «adulte». Dans le film d'origine, on découvre un Harvey Keitel dans son premier premier rôle après quelques seconds rôles marquants pour Martin Scorsese (Mean Streets ; Taxi Driver).

Dès la première scène, le ton est donné. On le découvre à son piano, totalement habité par une toccata de Bach dans l'attente d'une audition qui pourrait le mener à jouer au Carnegie Hall. Lorsqu'il sort de la rue, il ne quitte pas son transistor encombrant, écoutant aussi bien Bach que des standards de soul music, prétextant que c'est ce qui l'empêche de devenir dingue. Mais comme le lui fait remarquer son père, fan du crooner Jimmy Vale, il l'est déjà. Ce qui pourrait n'être qu'une boutade reflète un vrai malaise. Une sexualité hésitante, une déception amoureuse, une famille qui pèse sur son moral défaillant et une vie qui ne semble pas vouloir décoller à 32 ans. Sa nervosité se reflète physiquement et malgré un vrai talent au piano, il se met dans des situations dangereuses, provoquant des conflits, incapable de dire non, mettant en péril son futur éventuel en risquant de blesser ses mains si précieuses.

Ses Fingers (les doigts) sont en effet au cœur de ce polar noir, sur les touches d'un piano, pour tenir un revolver, pour se battre à poings nus... Comme s'il était en quête non pas de réussite mais d'un échec qu'il ne semble pas pouvoir, ou vouloir, éviter. Le désenchantement présent dans les grands films américains des films des années 70 se reflète dans cette œuvre d'une grande noirceur, portée par Harvey Keitel, au jeu imposant et étrangement attachant, dans ses failles et ses renoncements. Michael V. Gazzo (alias Niels Arestrup chez Audiard) est ce père en bout de course qui utilise son fils car il n'a plus que lui à utiliser. L'acteur qui dort (involontairement) avec un cheval dans Le Parrain 2 est parfait avec ce costume très jaune qu'il ne quitte pas, sa voix grave éraillée et son incapacité à prononcer le nom de sa fiancée irlandaise.

Tisa Farrow, soeur de Mia et dont la carrière fut trop brève, est parfaite elle-aussi dans le rôle d'une femme partagée entre ce jeune homme indécis et un drôle de costaud incarné par Jim Brown, connu pour Les 12 Salopards. La scène de la prison où Harvey Keitel passe une nuit est à l'image de ce personnage trouble et passionnant, la seule où il s'avère capable de jouer du piano, même imaginaire, en public. Ses compagnons de cellule apportent un des moments les plus légers de ce film tendu. La copie, alors en 35mm, était magnifique.

Un été sans eau de Metin Erksan (Turquie, 1964 ; Cannes Classics 2008)


Tout commence par un conflit autour de l'eau. Deux frères possèdent un terrain sur lequel se trouve la seule source d'un village. Lors d'un été particulièrement aride, l'aîné refuse de partager avec ses voisins, au dam de son cadet, plus généreux, qui le prévient que son égoïsme aura de graves conséquences. Une prédiction qui s'avérera juste : les tragédies vont se succéder et la vie heureuse qui se préparait est heurtée par la trahison et la lâcheté d'un homme.

Metin Erksan est un réalisateur turc (1929-2012), méconnu en dehors de son pays. Susuz Yaz, Ours d'Or à Berlin en 1964, est l'une de ces restaurations de la World Cinema Foundation. La mise en scène est clairement héritée du meilleur du néo-réalisme italien : une approche documentaire d'une histoire mélodramatique, de beaux partis de mise en scène comme ce paysage qui virevolte pour souligner la détresse de son héroïne ou une agression violente d'un homme par un groupe dans un rythme accéléré. Une histoire simple mais émouvante et lyrique. Un drame soutenu par des personnages forts, ces deux frères aux tempérament différents et la fiancée du plus jeune, convoitée par l'aîné, un homme qui se perd dans son rejet de l'autre et dans son repli sur lui-même et son territoire.

Les interprètes sont admirables : Ulvi Dogan et Erol Tas en frères ennemis et Hülya Koçyigit en jeune femme amoureuse. La tendresse et l'humour ne sont pas absents, surtout dans les premières scènes comme celle où les deux jeunes amoureux quittent le foyer de la mère de la future mariée, savoureuse par sa légèreté et les beaux sentiments qui se dégagent. En contraste avec les mauvaises intentions de ce frère qui semble être au départ un bougon pas si antipathique mais la noirceur de ses comportements, son amertume profonde, ne cesse de s'aggraver.

En 75 minutes à peine, avec un art maîtrisé de l'ellipse et de la gestion de situations qui ne sont pas artificiellement étirées, Metin Erksan montre une violence que rien ne peut stopper malgré l'évidence de son impasse, sous le soleil frappant de la Turquie dans une contrée pauvre. Le noir et blanc est parfait pour illustrer la sensualité, le désir, les sentiments contradictoires. Un très beau contraste visuel relevé par la restauration effectuée par la Cinémathèque de Bologne, haut lieu de la cinéphilie, compagnon de «lutte» de Cannes Classics.

Cette séance a permis à l'auteur de ces lignes de découvrir un cinéaste majeur européen trop méconnu et auquel la Cinémathèque a rendu un bel hommage en 2010 qui a confirmé les attentes de cette première rencontre.

Touki Bouki de Djibril Diop Mambéty (Sénégal, 1973 ; Cannes Classics 2008)


Nous l'évoquions déjà dans notre texte sur le cinéma africain mais impossible de ne pas revenir sur le choc esthétique et culturel de l'un des premiers chefs d'oeuvre du cinéma africain en général, sénégalais en particulier. Dakar au Sénégal dans les années 70. Mory, ancien gardien de troupeau, conduit une belle moto avec en figure de proue le crâne d'un zébu. Il propose à sa compagne Anta de prendre le bateau qui part le lendemain pour Paris, l'eldorado pour de nombreux Africains. Mais l'entreprise n'est pas aisée lorsque l'on a pas d'argent.

En multipliant les actes malhonnêtes, ils vont réunir le budget mais ont-ils réellement envie de partir ? À travers leur errance, leur ennui, leur rêve d'un avenir meilleur loin de leur pays natal, le réalisateur remet en question une société perdue entre tradition et modernité. Le comportement libre d'Anta évoque une jeunesse américaine héroïque façon James Dean, allant jusqu'à adopter une silhouette de garçon manqué. Membéty entretient dans un premier temps le doute sur sa féminité, loin des canons habituels de sa communauté, de sa mère notamment. La nudité est une donnée rare dans le cinéma africain et Membéty transgresse les règles d'alors avec une scène pudique mais dont le montage transcende la discrétion.

Le cinéaste se révèle d'ailleurs être un maître dans ce domaine. Il enchaîne les plans avec un art du saut du coq à l'âne visuel qui ne cherche pas la clarté à tout prix mais à faire naître d'étranges sensations à travers des associations d'images avec vision de bêtes abattues qui symbolisent Mory et Anta comme les représentants d'une génération sacrifiée. Grâce à la restauration, les couleurs chaudes retrouvent tout l'éclat d'origine.

Dieu ne croit plus en nous d'Axel Corti (trilogie Welcome in Vienna, première partie) (Autriche, 1982 ; Cannes Classics 2009)


Vienne,1938. Lors de la Nuit de Cristal, Ferry Tobler, un adolescent juif, voit son père assassiné par les nazis. Il fuit l'Autriche et se retrouve à Prague. D'abord seul, il est confronté à l'inhumanité de ceux qui espèrent récupérer les biens de sa famille et à la corruption d'un policier. Autour de lui, la vie continue pour ceux qui ne sont pas traqués. Dans sa recherche de papiers lui permettant de passer d'un pays à l'autre, il rencontre d'autres personnes aux trajets divers qui attendent dans la peur tout le temps, dans des moments humains, parfois. Lire le reste de cet article »

Cannes Classics 2017: de Belle de Jour à Madame De… en passant par Cary Grant et les Belges

Posté par redaction, le 3 mai 2017

Le programme de Cannes Classics 2017 sera dédié cette année en grande partie à l’histoire du Festival, qui célèbre sa 70e édition. Au total, 24 séances provenant d'une vingtaine de pays directement impliqués dans la restauration/numérisation des copues, dont un film en 35mm (L'Atalante), cinq docus sur le cinéma et même un court métrage.

Célébration du 70e Festival de Cannes, une brève histoire du Festival

•1946 : La Bataille du Rail (Battle of the Rails) de René Clément (1h25, France) : Grand Prix International de la mise en scène et Prix du Jury International.

•1953 : Le Salaire de la peur (The Wages of Fear) de Henri-Georges Clouzot (1952, 2h33, France, Italie) : Grand Prix.

•1956 : Körhinta (Merry-Go-Round / Un petit carrousel de fête) de Zoltán Fábri (1955, 1h30, Hongrie) : en Compétition.

•1957 : Ila Ayn? (Vers l’inconnu ?) de Georges Nasser (1h30, Liban) : en Compétition.

•1967 : Skupljaci Perja (I Even Met Happy Gypsies / J’ai même rencontré des Tziganes heureux) d’Aleksandar Petrovi? (1h34, Serbie) : en Compétition, Grand Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique Internationale- FIPRESCI ex-aequo

•1967 : Blow-up de Michelangelo Antonioni (1966, 1h51, Royaume-Uni, Italie, États-Unis) : Grand Prix International du Festival.

•1969 : Matzor (Siege / Siège) de Gilberto Tofano (1h29, Israël) : en Compétition.

•1970 : Soleil O (Oh, Sun) de Med Hondo (1h38, Mauritanie, France) : Semaine de la Critique

•1976 : Babatu, les trois conseils de Jean Rouch (1h33, Niger, France) : en Compétition.

•1976 : Ai no korîda (In the Realm of the Senses / L’Empire des sens) de Nagisa Oshima (1h43, France, Japon) : Quinzaine des Réalisateurs.

•1980 : All that Jazz (Que le spectacle commence) de Bob Fosse (1979, 2h03, États-Unis) : Palme d’or.

•1981 : Czlowiek z ?elaza (Man of Iron / L’Homme de fer) d’Andrzej Wajda (2h33, Pologne) : Palme d’or.

•1982 : Yol The Full Version (The Way / La Permission) de Yilmaz Güney, réalisé par Serif Gören (1h53, Suisse) : Palme d’or, Prix de la Critique Internationale-FIPRESCI

•1983 : Narayama Bushik? (Ballad of Narayama / La Ballade de Narayama) de Shôhei Imamura (2h13, Japon) : Palme d’or.

•1992 : El sol del membrillo (Le Songe de la lumière) de Victor Erice (2h20, Espagne) : Compétition, Prix du Jury, Prix de la Critique Internationale- FIPRESCI

•1951-1999 : Une brève histoire des courts métrages présentés par le Festival de Cannes. Un programme préparé par Christian Jeune et Jacques Kermabon.

Pour les courts, dans l’ordre : Spiegel van Holland (Miroirs de Hollande) de Bert Haanstra (1951, 10mn, Pays-Bas) / La Seine a rencontré Paris de Joris Ivens (1958, 32mn, France) / Pas de deux de Norman McLaren (1968, 13mn, Canada) / Harpya de Raoul Servais (1979, 9mn, Belgique) / Peel de Jane Campion (1986, 9mn, Australie) / L’Interview de Xavier Giannoli (1998, 15mn, France) / When the Day Breaks d’Amanda Forbis et Wendy Tilby (1999, 10mn, Canada).

Les autres films de Cannes Classics

Madame de… de Max Ophüls (1953, 1h45, France). Séance proposée en hommage à Danielle Darrieux à l’occasion de son anniversaire, et présentée par Dominique Besnehard, Pierre Murat et Henri-Jean Servat qui présentera la dernière interview filmée de Danielle Darrieux.

L’Atalante de Jean Vigo (1934, 1h28, France) en copie restaurée 35mm

Native Son (Sang noir) de Pierre Chenal (1951, 1h47, Argentine)

Paparazzi de Jacques Rozier (1963, 18mn, France). Le film sera présenté par Jacques Rozier.

Belle de jour (Beauty of the Day) de Luis Buñuel (1967, 1h40, Espagne-France)

A River Runs Through It (Et au milieu coule une rivière) de Robert Redford (1992, 2h04, États-Unis)

Lucía de Humberto Solas (1968, 2h40, Cuba)

Documentaires sur le cinéma

La belge histoire du festival de Cannes (The Belgian’s Road to Cannes) de Henri de Gerlache (2017, 1h02, Belgique)

Un road-movie joyeux à la découverte du cinéma belge présent à Cannes depuis 70 ans. Les cinéastes d’hier dialoguent avec ceux d’aujourd’hui pour dresser le portrait d’un cinéma hétéroclite et libre. Une « belge histoire » du plus international des festivals.

David Stratton- A Cinematic Life de Sally Aitken (2017, 1h37, Australie)

Les relations du critique anglais David Stratton avec son pays d’adoption, l’Australie, qui l’a amené à se comprendre. C’est aussi la glorieuse histoire du cinéma australien et de ses créateurs racontée par ce cinéphile fidèle de Cannes et tourné vers le monde.

Filmworker de Tony Zierra (2017, 1h29, États-Unis)

Le jeune acteur Leon Vitali abandonna sa carrière prospère après Barry Lyndon pour devenir le fidèle bras droit du réalisateur Stanley Kubrick. Pendant plus de deux décennies, Leon a joué un rôle crucial, dans une relation complexe et interdépendante, fondée sur le dévouement, le sacrifice et la réalité éprouvante et néanmoins joyeuse d’un processus créatif unique dans l’histoire du cinéma.

Becoming Cary Grant (Cary Grant - De l’autre côté du miroir) de Mark Kidel (2017, 1h25, France)

À la cinquantaine, Cary Grant entame une cure au LSD pour se libérer de ses démons. Le film raconte, à travers les mots de Cary Grant lui-même, interprétés par Jonathan Pryce, l’histoire d’un homme à la recherche de lui-même et de l’amour qu’il n’a pas su trouver pendant une grande partie de sa vie.

Jean Douchet, l’enfant agité de Fabien Hagège, Guillaume Namur, Vincent Haasser (2017, 1h30, France)

Trois jeunes cinéphiles suivent Jean Douchet et interrogent ses amis et anciens élèves. Ce documentaire dévoile l’homme et sa philosophie critique, une partie de l’histoire des Cahiers du Cinéma et cet Art d’aimer auquel il a dévoué son existence.

Cannes 70 : Annecy comes from Cannes

Posté par cannes70, le 2 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-16. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


En 2017, le Festival de Cannes accueillera les 3e Animation days et le festival d’Annecy organisera pour la deuxième fois au marché du film un événement intitulé Annecy goes to Cannes. A l’heure où on commence à percevoir un vague intérêt pour le cinéma d’animation de la part de la Croisette, revenons sur un événement parallèle au Festival de Cannes qui a donné naissance au festival d’Annecy : les RICA et JICA. Comme quoi, un festival peut en cacher un autre !

Aujourd’hui considéré comme le plus important événement autour du cinéma d’animation, le Festival d’Annecy n’a pas commencé sur un coup de tête dans la cité savoyarde en 1960. Son histoire débute en 1956 aux premières RICA, Rencontres Internationales du Cinéma d’Animation qui eurent lieu à Cannes parallèlement au festival. Pour mieux comprendre son arrivée, il faut néanmoins remonter quelques années en arrière.

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, les ciné-clubs se développent en France et nombreux sont les journalistes, critiques ou cinéphiles qui y officient. Ces rendez-vous d’amoureux du 7ème art n’ont alors rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. Ce sont de vrais lieux de débats voire de combats autour de films projetés et une certaine manière, pour certains, d’éduquer par le cinéma. Les discussions après le film étaient au moins aussi importantes que le film lui-même. Ces ciné-clubs étaient réunis au sein de la ffcc (Fédération française des ciné-clubs).

En 1951, des dissidents créent la FCCC (Fédération centrale des ciné-clubs). Ils sont regroupés autour de Pierre Barbin et de certains de ses proches, comme André Martin qui milite en faveur du cinéma d’animation. Martin créera par la suite un studio d’animation avec Michel Boschet et il deviendra critique, notamment aux Cahiers du cinéma où il sera proche d’André Bazin qui, contrairement à une idée répandue, aimait aussi le cinéma d’animation.

Des journées du cinéma aux RICA

La même année, Barbin, Martin et Boschet créent l’AFDC (Association Française pour la Diffusion du Cinéma) dont Roger Leenhardt devient le président. L’association organise à Versailles, puis dans de nombreuses villes de province, les Journées du cinéma. A chaque arrêt, des films sont projetés, une exposition est organisée et des rencontres prévues. Au début, le succès est timide mais grandit de manière exponentielle.

Pourtant, c’est en 1955 que tout se joue. Cette année-là, par un concours de circonstance, les Journées du cinéma arrivent à Tours et donnent naissance à un important festival de courts-métrages. Place centrale dans la promotion des formes courtes, il perdurera jusqu’en 1971. Toujours en 1955, Barbin contacte Jacques Flaud, alors Directeur Général du CNC. D’une part, il souhaite organiser à Annecy une « semaine du cinéma ». C’est à cette occasion que l’équipe de l’AFDC rencontre celle du Ciné-club savoyard, l’un des plus importants de France, dirigé par Henry Moret, Georges Gondran et Jean Leveugles, et projette un panorama du cinéma d’animation. D’autre part, Barbin souhaite organiser un événement spécifique lié au cinéma d’animation à Cannes dès 1956. Le festival manque d’initiatives vis-à-vis du court-métrage en général. Puisqu’avec Tours, le court dispose d’une vitrine importante, c’est le court animé que Barbin décide en mettre en valeur à Cannes sous l’impulsion de Martin et Boschet.

En 1956, le Festival de Cannes accueille donc les RICA qui se découpent en trois parties : un congrès international autour de la question des écoles et de l’enseignement du cinéma d’animation, une exposition importante et à visée encyclopédique sur l’animation présentée au Miramar et, surtout, la tenue des JICA, Journées Internationales du Cinéma d’Animation. Ces journées sont consacrées à des projections dans la petite salle du Palais des festivals de l’époque et elles deviennent un important lieu de soutien à l’animation internationale.

70 films répartis en 6 programmes

Cette manifestation avait deux objectifs principaux. D’abord, montrer au plus grand nombre de spectateurs à quel point les formes animées étaient diverses, originales et méritaient le détour, le tout en leur offrant un large panel de courts-métrages à voir, le cinéma d’animation ayant toujours été un lieu propice au court-métrage. Puis, contrairement à aujourd’hui, où les moyens de communication ne sont pas les mêmes, les animateurs ne se connaissaient pas vraiment entre eux. Aucun festival ne leur était dédié, il leur était difficile de se rencontrer, de voir leurs films respectifs, de savoir où ils en étaient, ce qu’ils faisaient. Et ce d’autant plus que les tensions entre blocs de l’est et de l’ouest rendaient les voyages compliqués. Ces premières journées devaient donc servir à inviter tous les plus grands créateurs de l’animation à venir montrer leurs films, récents ou plus anciens, pour qu’ils se rencontrent et rencontrent leur public.

Pendant 6 jours, du 25 avril au 2 mai 1956, les plus chanceux ont donc vu se succéder plus de 70 films réunis dans 6 programmes de courts-métrages : Evolution du dessin (du dessin classique au style moderne), Evolution du rythme, Evolution du sujet, Recherche de la matière – Découpage et transparence animés, Recherche de la matière – Economie de moyens (écran d’épingles, pastels enchaînés, dessin sur pellicule) et L’Animation tridimensionnelle (animation d’objets, objets modifiés images par images, animation de personnages vivants image par images et marionnettes image par image). Ceux-ci étaient pensés et conçus d’une manière unique, parfois un peu scolaire dans les thématiques, mais offrant pour la première fois un aperçu structuré et exemplaire de cet art encore à la marge. Tous les films montrés dataient d’entre 1910 et 1956 – avec une très large majorité de films conçus après 1945 – et provenaient de nations dont la production animée était aussi importante que méconnue : Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Japon, Chine, Tchécoslovaquie, URSS, Roumanie, Pologne.

En 6 jours – la durée, encore aujourd’hui, du festival d’Annecy – les spectateurs curieux ont pu voir défiler les films de Norman McLaren, Paul Grimault, Jiri Trnka, Ivan Ivanov-Vano, John Hubley, Stephen Bosustow, Robert Cannon, Eduard Hofman, Karel Zeman, Lev Atamanov, Tex Avery, Peter Foldès, John Halas et Joy Batchelor, Zdenek Miler, George Dunning, Lotte Reiniger, Noboro Ofuji, Berthold Bartosch, Len Lye, Claire Parker et Alexandre Alexeieff ou Karel Zeman. La moitié de ces créateurs s’étaient rendus sur place comme en attestent plusieurs photos (1).

Le succès de l’événement fût important. La presse ne tarît pas d’éloges sur la manifestation et Jacques Doniol Valcroze dans le France Observateur du 3 mai 1956 écrivit par exemple que « le meilleur festival c’est celui qui se déroule tous les après-midi dans la petite salle du Palais. » pendant que Sadoul, dans Les Lettres françaises du 10 mai appelait à la création d’un festival uniquement consacré au cinéma d’animation.

Deuxième édition

L’expérience fut reconduite deux ans plus tard, en 1958, toujours dans le cadre du Festival de Cannes. Ces deux éditions successives et les interventions de militants en faveur du cinéma d’animation permirent de faire comprendre aux animateurs français à quel point leur isolement total, dû aux conditions de productions de leurs films, était préjudiciable à la reconnaissance de leur art comme de leur profession. En octobre 1958, est donc créée l’ACA (Association des artistes et amis du Cinéma d’Animation) – qui deviendra l’AFCA en 1971 – et dans la foulée, l’ASIFA (Association Internationale du Film d'Animation) en 1960.

Dans un texte écrit par André Martin sur une plaquette distribuée lors de la première édition du festival d’Annecy en 1960, on pouvait lire une sorte de résumé de ce que furent ces deux premières éditions des JICA. Témoignage de ce qu’ils ont représenté et de leur diversité :

« S’il m’en souvient, les Premières Journées se révélèrent à l’usage comme la plus complète revue des moyens et des styles de l’Animation jamais réalisées jusqu’à ce jour. Avec le Printemps 1956 commence, pour tous les amis du Cinéma d’Animation, la conviction que l’éventail des techniques, des formes et des genres de l’image par image est presque illimité. Le dessin animé sur cellulo, celui que Walt Disney avait rendu célèbre, peut disparaître provisoirement, il sera remplacé. Depuis cette année-là, des modes de manipulations innombrables, les combinaisons neuves de moyens presque toutes étonnantes n’ont cessé d’apparaître.

Le caractère des secondes Journées, leur leçon, trouva le moyen d’être différent. La surprise de 1958 fut de constater que beaucoup de réalisateurs, sans s’être concertés, poussés par on ne sait quel sentiment identique, entreprenaient de styliser les personnages et les formes au maximum. Sur l’écran entra le premier des héros en pain de sucre de l’immortel Flebus et les lilliputiens du Petit Jongleur, les héros laconiques et immobiles de La Petite île de Dick Williams, le promeneur solitaire de Mimica. Bientôt les génériques de Saül Bass, les œuvres de Eame, les amoureux primesautiers de Tendre Jeux de Hubley, Le Merle sauteur de McLaren jusqu’aux récents gangsters du Vol du diamant de Mladen Feman, confirment cette curieuse direction. »

Pourtant, malgré le succès de ces deux éditions, les réalisateurs et les gens impliqués dans l’organisation des JICA se sentaient extérieurs aux grandes manifestations cannoises. Le tohu-bohu et la starification impressionnante n’avaient effectivement rien à voir avec les objectifs de Barbin et de son équipe. Et puis même si les RICA proposaient un événement d’envergure sur l’animation, et que la presse l’accueillait favorablement, ce n’est pas pour autant que les journalistes parlaient des films. En effet, la critique peine à sortir de sa léthargie coutumière face aux formes différentes.

Comme Martin l’écrivait en 1957 dans un article justement intitulé Pourquoi votre critique est muette ? : « Au festival de Cannes 1955, Norman McLaren obtint à l’unanimité des jurés et des participants, la Palme d’or du court métrage pour sept minutes de cinéma pas comme les autres ; les commentaires se firent cependant rares et la renommée peu bavarde. Par la suite, à chaque nouvelle projection, critiques et publics ont diversement reconnu l’incontestable primauté de Blinkity blank mais sans jamais entrer dans le détail. Le petit Tout-Paris a vu il y a quelques mois Les Vieilles légendes tchèques de Trnka au milieu d’un enthousiasme aussi chaleureux que peu disert. On est loin d’avoir imprimé au sujet de ce film admirable autant de mots qu’à propos de Coup dur chez les mous par exemple ».

Avant de continuer :

« Pourtant, les qualités du cinéma d’animation ne cessent d’être exemplaires Il n’est pas rare que le meilleur moment d’une soirée soit proposé par l’entrain bariolé du cartoon. Pourquoi les critiques s’imposent-ils de critiquer sévèrement le film décevant et commercial au lieu de vanter les sept minutes d’animation des premières parties qui les ont beaucoup plus étonnés ? »

Cette question reste encore aujourd’hui sans réponse et la critique continue à végéter devant leurs stimulants coutumiers. Mais c’est de toutes les réflexions précédentes qu’est venu le désir d’organiser en France une manifestation à part uniquement consacrée au cinéma d’animation.

Rendez-vous à Annecy

Cet état d’esprit, ajouté au fait qu’en 1956 et 1958, Moret et Gondran avaient fait le voyage jusque Cannes afin d’assister aux projections des JICA tout se liant d’amitié avec l’équipe des Journées du cinéma, a joué dans le choix de déplacer la manifestation à Annecy. La ville avait le double avantage d’être de taille moyenne : elle ne croulait pas sous les manifestations culturelles et artistiques, et elle avait la possibilité de débloquer des fonds pour organiser un événement d’envergure.

Après de longues délibérations avec la municipalité et le CNC, et quelques problèmes réglés de façon quasi miraculeuse, l’implantation est adoptée en 1959. En 1960 – le festival est resté une biennale jusqu’en 1997 – Barbin, Martin et Boschet ouvrent donc les 3e JICA à Annecy.

Le 27 avril 1956, dans le Parisien libéré, André Bazin écrivait à propos des JICA : « [La] présence personnelle à Cannes [de Jiri Trnka], cette année, est due à une initiative des Journées du Cinéma, l’organisation d’un petit festival dans le grand, consacré aux films d’animation… Gageons que ce petit festival-là nous consolera souvent du grand… ».

Finalement, ce petit festival cannois n’aura pas duré très longtemps. Mais Annecy n’a pas fini de nous consoler de Cannes !

Nicolas Thys de Critique-Film

(1) A ceux qui liraient ces noms sans les connaitre et voudraient se faire une idée de ce qu’ils représentent dans le monde de l’animation, imaginez une réunion pour geeks où seraient réunis dans un même lieu créateurs et membres des équipes des films de super héros, Star Trek, Star Wars et Le Seigneur des anneaux.

Bibliographie

Gondran Georges, Moret Henry, Une lanterne déjà bien éclairée in. Annesci n°12, Annecy, Société des amis du vieil Annecy, 1965.
Jeancolas Jean-Pierre, « Structures du court métrage français, 1945-1958 ». In Bluher Dominique & Thomas François (dir.), Le court métrage français de 1945 à 1968 : De l'âge d'or aux contrebandiers, Rennes, PUR, 2005.
Martin André, Ecrits sur l’animation, textes rassemblés par Bernard Clarens, Paris, Dreamland, 2000.
Pierre Jacquier (Dir.), Plaquette : 1960-1985 : Festival d’Annecy, Annecy, CICA, 1985.

La tombe de Romy Schneider profanée

Posté par redaction, le 1 mai 2017

La tombe de l'actrice Romy Schneider a été ouverte, "vraisemblablement au cours du week-end", au cimetière de Boissy-sans-Avoir, près de Montfort-L'Amaury dans les Yvelines, selon le journal Le Parisien. Elle y repose en toute discrétion depuis son suicide en 1982. On commémorera les 35 ans de sa disparition le 29 mai prochain.

"Un ou des individus ont descellé la pierre tombale et l'ont déplacée, occasionnant l'ouverture du caveau mais à ce stade des constatations, il n'y a a priori pas eu de dégradation", expliquent les enquêteurs au quotidien régional. Romy Schneider est enterrée avec son fils David, décédé dans un accident en 1981 à l'âge de 14 ans.

L'actrice allemande naturalisée française s'est suicidée en mai 1982 à l'âge de 43 ans. Révélée par le personnage de Sissi, elle a tourné avec Orson Welles, Alain Cavalier, Joseph Losey, Lucchino Visconti, Bertrand Tavernier, Costa Gavras, Claude Miller, Andrzej Zulawski et Claude Sautet. Elle a gagné deux César.

Cannes 70: la littérature, the Festival’s Best Kept Secret

Posté par cannes70, le 1 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-17. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

On ne le sait pas forcément, mais la littérature a toujours été liée au cinéma. On croit que l'adaptation est un phénomène récent. Que nenni. Gulliver, La belle et la bête, Robinson Crusoé, La case de l'Oncle Tom, Alice au pays des merveilles ou encore Don Quichotte ont connu des vies cinématographiques durant les premiers pas du cinéma, avant 1905.

Le Festival de Cannes n'a jamais dédaigné sélectionner et même primer des adaptations de livres ou de pièces de théâtre. On peut en piocher quelques unes dans le palmarès. Othello d'Orson Welles d'après Shakespeare, Le salaire de la peur d'Henri Verneuil d'après Georges Arnaud, Orfeu Negro de Marcel Camus d'après Vinicius de Moraes, Le Guépard de Luchino Visconti d'après Giuseppe Tomasi du Lampedusa, Sailor et Lula de David Lynch d'après Barry Gilford, Entre les murs de Laurent Cantet d'après François Bégaudeau, qui joue le premier rôle dans le film... tous des Grands prix ou Palmes d'or. Rien que l'an dernier, rappelons que deux chéris des festivaliers en étaient : Elle (compétition) et Ma vie de Courgette (Quinzaine), avec la présence des deux écrivains sur la Croisette.

Le saviez-vous?

Saviez-vous que Blow up était adapté d'une nouvelle de Julio Cortazar ? Que M.A.S.H. tirait son sujet d'un roman de Richard Hooker ? Que l'écrivain Leslie Poles Hartley a été deux fois palmé, indirectement bien sûr, grâce aux films de Joseph Losey (Le messager, 1971) et de Alan Bridges (La méprise, 1973) ? Que la seule bande dessinée adaptée et palmée est française : La vie d'Adèle d'après Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh ? Il y eut aussi des coups doubles. Comme en 1951 avec le double Grand prix pour Miracle à Milan de Vittorio De Sica, adapté d'un roman de Cesare Zavattini et Mademoiselle Julie d'Alf Sjöberg d’après la pièce d’August Strindberg. Mais, le plus beau coup fut sans doute en 1979 : une Palme ex-aequo entre Apocalypse Now d’après une nouvelle de Joseph Conrad et Le tambour d’après un roman de Günter Grass, le tout avec un jury présidé par l'écrivaine Françoise Sagan.

De grandes plumes

Car le Festival de Cannes a toujours fait une grande place aux écrivains. Moins ces derniers temps, il est est vrai. Mais depuis 1946, plus de 90 auteurs ont été membres du jury. Et parfois Présidents de jury ! Et on compte quand même quelques Prix Nobel de littérature comme Miguel Ángel Asturias, président en 1970, Gabriel Garcia Marquez, membre en 1982, Patrick Modiano, membre en 2000, Toni Morrison, membre en 2005 (photo), Orhan Pamuk, membre en 2007.

Ne soyons pas mondialistes: il y a eu aussi quelques prix Goncourt parmi les jurés : Maurice Genevoix (président en 1952 et membre en 1957), Romain Gary (membre en 1962) et Modiano donc. On ne peut-être complet si on n'indique pas, parmi cette pléiade d'écrivains, ceux qui ont présidé des jurys : Georges Huisman en 1947 et 1949, André Maurois en 1951, Jean Cocteau en 1953 et 1954 (et président d'honneur en 1957 et 1959), Marcel Pagnol en 1955, Marcel Achard en 1958 et 1959, Georges Simenon en 1960 (premier étranger à présider le jury cannois), Jean Giono en 1961, Tetsuro Furukaki en 1962 (et premier président issu d'un pays non francophone), André Maurois en 1965, André Chamson en 1968 (année maléfique) et William Styron en 1983. Et sinon : Tennessee Williams, Mario Vargas Llosa, Jorge Semprun, Paul Auster, Raymond Queneau...

Franc-parler

Longtemps les écrivains étaient les autres stars du Festival, chargés de donner une aura artistique à l'événement. Cela ne veut pas dire que ça se passe toujours très bien. Les liaisons ont même été périlleuses. Un auteur est soucieux de son indépendance. Un écrivain peut mal prendre la critique. Ainsi Sagan et Simenon n'ont jamais encaissé l'idée qu'on leur impose un autre choix pour la Palme que celui qu'ils voulaient (les deux ont obtenu victoire). Duras a vu un de ses scénarios traité de "merde" par un président du jury pourtant académicien français. La même Duras qui se demandait en 1967 lors d'une chronique comment des films aussi mauvais étaient sélectionnés, à partir de quels critères, sans attendre la deuxième semaine pourtant riche en grands films.

Cocteau, lui, s'amusait du jeu cannois tout en désespérant des luttes politiques autour des films et en déplorant les compromis à faire avec les autres jurés. "Voir de très mauvais films rend malade. On en sort diminué, honteux" écrivait-il à l'époque, tout en s'enthousiasmant pour Le salaire de la peur de son copain Clouzot et Peter Pan. Il s'emportait contre le public pas assez respectueux (Duras a carrément déclaré que les festivaliers étaient incultes).

"Il me plairait que les festivals ne distribuassent pas de prix et ne fussent qu'un lieu de rencontres et d'échanges" écrivait-il, rêvant, lyrique, à un Cannes ne jugeant pas le cinéma mais l'admirant. C'est sûr que l'imparfait du subjonctif, ça envoie tout de suite plus de classe que les discours actuels.

Damien Chazelle va faire swinguer le petit écran

Posté par cynthia, le 30 avril 2017

Alors que le 25 avril a été décrété aux États-Unis comme étant la journée de La La Land (oui vous avez bien lu), son célèbre réalisateur et accessoirement plus jeune oscarisé de l'histoire, travaille sur un projet pour le petit écran. Cette nouvelle série s'intitule The Eddy et racontera les déboires des patrons et des employées d'un club de jazz à Paris.

Selon le magazine The Hollywood Reporter, Damien Chazelle s'est associé au scénariste Jack Throne (Harry Potter et l'enfant maudit sur les planches), à Alan Poul (Six Feet Under) ainsi qu'à Glen Ballard (à qui l'on doit certains succès d'Alanis Morissette et de Michael Jackson).

Le projet n'a pas encore de maison de production, mais vu le succès de ses films, nul doute que les maisons vont se bousculer pour faire partie du projet (Amazon ? Netflix ? HBO ?)

Comme un génie n'arrive jamais seul, Barry Jenkins (Moonlight) va aussi réaliser une série pour Amazon (espérons que les scénarios ne soient pas mélangés comme les enveloppes à la dernière cérémonie des Oscars).

Est-ce qu'un réalisateur oscarisé peut cartonner avec une série ? Nous y croyons !

Cannes 70 : 13 thèmes musicaux qui valent de l’or

Posté par cannes70, le 29 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

En partenariat avec Cinezik, Benoit Basirico nous décrypte les musiques qui ont fait Cannes.

Aujourd'hui, J-19. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

Voici une sélection des thèmes qui ont marqué les 70 palmes d’or (ou initialement Grand Prix). Cette sélection tient compte de la beauté musicale des thèmes, mais aussi de la manière qu’ils ont eu de rester dans nos mémoires, que ce soit par leur apport émotionnel au film, par leur contribution à la narration, la simplicité de la mélodie, ou le choix d’un unique instrument. Cette sélection est dévoilée par ordre chronologique.

Le Troisième Homme (Carol Reed / Anton Karas, 1949)

Le compositeur autrichien Anton Karas signe son unique musique originale au cinéma pour le film de l’anglais Carol Reed avec une partition axée sur la cithare, un instrument soliste qui représente par son thème obsédant une sorte d’alter-ego pour le héros incarné par Orson Welles. Le musicien alors inconnu a été découvert par le réalisateur dans un bar à vins de Vienne.

Quand Carol Reed lui propose d’écrire la musique de son film, il s’en sent incapable puisqu’il n’avait jamais rien composé auparavant. Il a donc improvisé cette mélodie. Au final, la B.O restera pendant onze semaines en tête du hit parade américain, entre avril et juillet 1950 ! Anton Karas fera le tour du monde pour jouer sa musique. C’est l’exemple le plus frappant d’une musique d’abord anecdotique rendue célèbre grâce à la puissance émotionnelle d’un film.

La Dolce Vita (Federico Fellini / Nino Rota, 1960)

Depuis son premier long métrage Le Cheik blanc en 1952, Federico Fellini confie la musique de ses films à Nino Rota. Le compositeur travaille ainsi sur quinze films du réalisateur (La Strada, Huit et demi, ou Amarcord) jusqu’à sa mort en 1979. Pour La Dolce Vita, le thème participe à la douceur de vivre du titre, par sa légèreté.

Cette mélodie est distillée de manière diffuse comme un parfum enivrant prolongeant le climat d’insouciance. Dans une belle harmonie, la trompette et la guitare entonnent le thème sous la forme d’une valse lente qui semble faire danser les personnages. Nino Rota a également signé la musique d’une autre Palme d’or (Grand Prix) : Le Guépard de Visconti.

Les Parapluies De Cherbourg (Jacques Demy / Michel Legrand, 1964)

Le compositeur Michel Legrand retrouve son cinéaste fétiche Jacques Demy pour leur première comédie musicale après Lola et La Baie des anges. Au départ, le film devait être parlant avant d’être chanté. C’est le compositeur qui souffla l’idée à son ami Demy. C’est devenu le premier film où tous les dialogues sont chantés. Catherine Deneuve étant doublée, nous n’entendons jamais sa voix.

Ces chansons gaies et insouciantes sont en contraste avec l’histoire tragique d’un couple divisé par la guerre d’Algérie. Le couple Legrand-Demy réitérera avec le même succès à l'occasion du plus joyeux Les Demoiselles de Rochefort (1967) avec un univers visuel plus coloré. Michel Legrand a écrit la musique d’une autre Palme d’or (Grand prix) en 1971 avec Le Messager de Joseph Losey et son motif en boucle pour deux pianos et orchestre.

Un Homme et Une Femme (Claude Lelouch / Francis Lai, 1966)

Il s’agit de la première musique de film de Francis Lai et donc de sa première collaboration avec Claude Lelouch dont il deviendra inséparable. La musique est en contrepoint avec l'image, elle prend son importance par son autonomie. De plus, la musique chez ce tandem est toujours composée et enregistrée avant le tournage, avant la première image. Francis Lai a conçu son thème en fonction de l'histoire que Lelouch lui racontait.

C'est le réalisateur le chef d'orchestre puisqu'il monte ensuite la musique sur ses images. Il la fait même entendre à ses acteurs, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, sur le plateau pour conditionner leur jeu. Par la suite, une chanson sera tirée du film, avec des paroles de Pierre Barouh (« Da ba da ba da, ba da ba da ba ») et interprétée par Nicole Croisille. Francis Lai est un autodidacte. Il a écrit cette première partition tout seul, grâce à son instrument fétiche, un accordéon électronique, avant par la suite de s’associer à des orchestrateurs pour des musiques plus orchestrales. Francis Lai demeure l’un des plus grands inventeurs de mélodies.

Conversation Secrète (Francis Ford Coppola / David Shire, 1974)

Le compositeur David Shire a 37 ans lorsqu’il participe au film d’espionnage de son beau-frère (à l'époque) Francis Ford Coppola. Il compose avec son piano un air mélancolique teinté de jazz. Le cinéaste, fort du succès du Parrain qu'il considérait comme une simple commande commerciale, décide de mettre en chantier ce film plus intime, plus personnel, et plus modeste. La musique par son épure participe à cette simplicité apparente.

D’ailleurs, David Shire souhaitait au départ écrire une partition pour orchestre mais le réalisateur exigea une musique pour un seul instrument : le piano. Sous cette forme minimale, le thème en devient plus troublant. Le film se termine avec une scène où Gene Hackman joue du saxophone avec un morceau sans lien avec le thème de David Shire.

Taxi Driver (Martin Scorsese, Bernard Herrmann, 1976)

Il s’agit de la dernière musique de Bernard Herrmann (le film fut dévoilé à Cannes 4 mois après son décès survenu en décembre 1975) et une unique collaboration avec Martin Scorsese. Plutôt habitué des motifs orchestraux (notamment pour Hitchcock), le compositeur propose pour la première fois d’intégrer le jazz à son univers avec cette partition de saxophone alto.

Pour l’anecdote, sa collaboration avec Hitchcock s’est arrêtée lorsqu’en 1966 le cinéaste anglais rejeta sa musique pour Le Rideau déchiré au profit de la partition jazz de John Addison. Ce genre étant alors à la mode à Hollywood. Dans le thème d’ouverture de Taxi Driver, les cordes graves, les cuivres et les lourdes percussions illustrent la descente aux enfers nocturne du personnage, tandis que le saxophone qui fait son apparition dans un second temps convoque la lumière des néons qui éclairent la ville plongée dans le noir. L'aspect jazzistique est le versant lumineux d'un cauchemar.

Paris Texas (Wim Wenders / Ry Cooder, 1984)

Compositeur régulier du cinéaste Walter Hill, le guitariste Ry Cooder est surtout réputé pour sa collaboration avec l'Allemand Wim Wenders pour ce mythique Paris Texas (c’est leur première collaboration avant de se retrouver sur The End Of Violence en 1997, et sur Buena Vista social club en tant qu’initiateur de la formation du groupe cubain).

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Le crossover Split/Incassable est en marche

Posté par cynthia, le 29 avril 2017

Avec son style parfait et si personnel, M. Night Shyamalan, a annoncé une sacrée news sur son twitter il y a trois jours, afin de tuer le suspens qu'il avait lui même amorcé en février, lors de la sortie de Split (lire notre article du 11 février).

Comme on s'y attendait pour ceux qui ont vu Split ([SPOILER] un caméo de Bruce Willis lors de l'épilogue), la suite des aventures du schizophrène, incarné par le talentueux et accessoirement sexy James McAvoy, sera un crossover (mélange) avec l'un des précédents succès de M. Night Shyamalan, Incassable (qui date de 2000). "Ok, c'est parti, j'ai fini mon dernier scénario. Cela m'a pris 17 ans, mais je peux enfin répondre à la question qu'on me pose le plus: 'Vas-tu faire cette putain de suite d'Incassable ou quoi ?'. Mon nouveau film en est donc la suite ET celle de Split. Cela a toujours été mon rêve d'avoir deux films qui se rejoignent en un troisième. Et ce film est intitulé Glass... Universal Pictures le sortira le 18 janvier 2019 partout dans le monde".

Glass réunira Bruce Willis, Samuel L. Jackson, James McAvoy et Anya Taylor Joy.

Est-ce que Bruce Willis va prendre en chasse "La Bête" de Split tout en s'associant au fragile Samuel L. Jackson? Les fans vont devoir patienter longtemps pour connaître la réponse...

Split a rapporté 275M$ dans le monde (1,8M de spectateurs en France). Incassable avait récolté 250M$ lors de sa sortie (3,5M de spectateurs en France).