Autant en emporte Olivia de Havilland (1916-2020)

Posté par vincy, le 26 juillet 2020

104 ans. Elle était la doyenne du 7e art. Olivia de Havilland, née le 1er juillet 1916 à Tokyo (Japon), est morte le 25 juillet à Paris, où elle résidait depuis 1953. « Les Français sont très indépendants, intelligents, bien éduqués et créatifs. Ce sont des gens qui expriment leurs sentiments. Ils sont vivaces. Bref, ils sont celtes » justifiait-elle pour expliquer sa migration définitive dans la capitale.

Cinq fois nommée à l’Oscar et deux fois gagnante pour A chacun son destin en 1946, un mélo où elle se vieillit, et L’Héritière en 1950, en épouse timide et vengeresse, prix d’interprétation à Venise pour La fosse aux serpents en 1949, où elle est schizo et démente, l’actrice britannico-franco-américaine avait été révélée au monde entier avec le personnage de la douce et bienveillante Mélanie dans Autant en emporte le vent en 1939. Elle fut aussi la première femme à présider le jury de Cannes.

La sœur (et rivale) de Joan Fontaine, autre actrice hollywoodienne légendaire, avait une beauté fragile et une diction presque aristocrate. C’est avec des personnages sympathiques , vulnérables, qu’elle a forgé sa carrière d’actrice, même si, de temps à autres, elle se fourvoyait dans des rôles plus sombres et ambigües. « J’ai toujours eu plus de chance avec les rôles de gentilles parce qu’ils demandaient davantage de travail que ceux de méchantes » disait-elle. Avant de devenir de faire face à Vivien Leigh en Scarlett O’Hara, Olivia de Havilland a conquis le cœur de l’Amérique avec des films de divertissement populaire, aux côtés de son partenaire Errol Flynn, avec qui elle a joué huit films entre 1938 et 1943 dont Les aventures de Robin des bois.

Dans les années 1940, elle devient incontournable, et l’une des meilleures actrices de sa génération. De 1935 à 1988, elle tourne cependant plus rarement que de nombreuses de ses consœurs. Outre les Michael Curtiz (Capitaine Blood, La charge de la brigade légère, Robin des bois, La poste de Santa Fe…), elle est mise en lumière par des cinéastes majeurs comme John Huston (L’amour n’est pas en jeu), Raoul Walsh (La charge fantastique, The Strawberry blonde), William Wyler (L’héritière, avec le sublime Montgomery Clift), Stanley Kramer (Pour que vivent les hommes), Robert Aldrich (le jouissif Chut… chut, chère Charlotte, avec Bette Davis), Henry Koster (Ma cousine Rachel). Sur la fin de sa carrière, elle se concentre sur des seconds-rôles dans des grosses productions (Airport 77, Le cinquième mousquetaire) et pour le petit écran.

Durant trois décennies, Olivia de Havilland et son visage angélique et charmant ont souvent été associés à des films de qualité. S’il manque un grand chef d’œuvre à sa filmographie (à l’inverse de sa sœur qui croise deux grands films d’Hitchcock), il y a peu de fautes de goût. Surtout son jeu s’est étoffé au fil des ans et sa palette assez vaste la conduisent au firmament, aux côtés de Katharine Hepburn, son amie Bette Davis ou encore Jennifer Jones. Elle vacille ainsi du côté d’un registre plus tragique. Paradoxalement, au sommet de son art dans les années 1950, elle tournera moins, et s’effacera lentement de l’affiche. Au total, à peine 50 films avec son nom au générique, mais des rôles de femmes fortes et des récits dans tous les genres, du cape et d’épée au film catastrophe en passant par le western. Jusqu’à sa splendide et mystérieuse dualité qu’elle offre dans La double énigme de Robert Siodmak où elle joue deux sœurs jumelles, l’une criminelle, l’autre innocente.

Il faut dire qu’elle était une femme de tête. Ne supportant plus les rôles qu’on lui proposait, elle les refusait un à un. La Warner avait abusivement suspendu son contrat. Plutôt que de se laisser faire, la star décida d’entrer en guerre. Olivia de Havilland avait une détermination sans faille pour protéger sa vie privée, mais aussi pour poursuivre judiciairement les studios à qui elle fit de nombreux procès, farouchement défenseuse de sa liberté et de ses droits. Contre la Warner, elle gagne et cette bataille au prétoire aboutit à une nouvelle loi sur les contrats entre acteurs et producteurs. L'arrêt fait toujours jurisprudence dans le Code du travail californien sous le nom de De Havilland Law. De quoi mériter sa standing ovation dans une de ses dernières apparitions aux Oscars au début des années 2000.

Sur la fin de son existence, elle préférait écrire, le seul art dont elle ne se lassait pas. La longévité était son seul défi. « Chaque anniversaire est une victoire » disait-elle. Elle a fêté le dernier il y a un peu plus de trois semaines.

The Fall de Jonathan Glazer : un court métrage troublant à découvrir en VOD

Posté par MpM, le 22 juillet 2020


En attendant le prochain long métrage de Jonathan Glazer, qui devrait être une adaptation de La zone d'intérêt de Martin Amis, il faut absolument découvrir son court métrage The Fall actuellement disponible sur les plates-formes traditionnelles de VOD, après avoir été diffusé à la BBC à l'automne dernier, puis en exclusivité sur MUBI au printemps.

Le film, d'une durée totale de moins de 7 minutes, générique compris, est comme un condensé du cinéma envoûtant et puissant du réalisateur. On y voit des individus masqués aux visages lisses, figés et grimaçants, qui pourchassent un homme réfugié en haut d'un arbre. Les cris indistincts des assaillant et le son sec des feuilles de l'arbre qu'on secoue se mêlent à une musique rythmique angoissante. Puis l'homme tombe. Alors, la tension montre d'un cran, et le rythme du film s'accélère jusqu'au carton du titre : The Fall (La Chute).

Pas un mot ne sera échangé par les protagonistes, et l'on ne saura rien des motivations des agresseurs ou de l'identité de la victime. Masqués et silencieux, ils deviennent de pures allégories, incarnations fantomatiques des violences endémiques passées et contemporaines, mais aussi de la dérive totalitaire déshumanisée et de moins en moins rampante que l'on observe partout.

Jonathan Glazer apporte à sa démonstration une maîtrise cinématographique qui parvient encore à nous surprendre. Aura-t-on déjà été aussi glacé par un lent zoom avant accompagné par le sifflement interminable d'une corde qui se dévide ? Chaque plan, chaque mouvement de caméra, jusqu'au choix scrupuleux d'une colorimétrie sombre et malgré tout lumineuse, tout participe au trouble grandissant qui envahit le spectateur embourbé dans un cauchemar dont il est impossible de se réveiller.

Malgré sa brièveté et son apparente simplicité narrative, le film s'avère ainsi extrêmement dense et magistral, résumé fulgurant d'une époque, de ses dérives et de ses questionnements.

A noter que les cinéphiles britanniques peuvent en parallèle découvrir sur le site de la BBC un autre court métrage de Jonathan Glazer, tourné pendant le confinement : Strasbourg 1518, qui s'inspire de "l'épidémie dansante" qui toucha les habitants de Strasbourg à l'été 1518. Une oeuvre frénétique et hallucinée dans laquelle plusieurs danseurs partent dans de longues transes solitaires et cathartiques sur une musique électronique effrénée de Mica Levi, compositrice fétiche de Glazer.

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The Fall de Jonathan Glazer
A découvrir en ligne

Cinéma: une reprise sans souffle

Posté par vincy, le 21 juillet 2020

salle_cineOn serait presque heureux de voir qu’un million de spectateurs ont été dans la salle cette semaine en France. C’est malheureusement trois fois moins qu’habituellement à cette période. Et le report continuel et indéterminé des sorties de blockbusters américains ne va pas aider les salles à se refaire une santé.

Le taux de remplissage ne dépasse pas les 30-40% en ce moment. Une catastrophe. Et aucun film français, même loué par la critique ou bien publicisé par les médias, ne réussit à faire un carton. Alors, certes, c’est moins pire que chez nos voisins. Et on peut aussi se dire que les films français dominent, en l’absence de films américains, largement le marché. Cependant, La bonne épouse, Tout simplement noir ou Divorce club, les trois succès post-confinement, ne sont pas d’immenses cartons. Divorce Club n’a séduit que 240000 spectateurs en une semaine et Tout simplement noir n’atteint que 400000 spectateurs en deux semaines. Et les films d’auteurs ne profitent pas du vide laissé par les blockbusters.

Comment redonner la goût des salles?

Si le public français est quand même revenu en partie dans les salles, et finalement assez fidèle à son cinéma, c’est aussi grâce à une offre pléthorique et diversifiée de films qui permettent d’être moins dépendant des productions américaines. Mais cela n’a pas permis d’attirer un nouveau public et, surtout, les moins de vingt-cinq ans ont abandonné les salles au profit du cinéma à la maison. Ce qui, si la situation dure, risque d’être structurellement fatal pour l’exploitation.

Les démarrages modestes, la forte concurrence : combien de films vont réellement séduire sur la durée ? C’est un climat d’incertitude dans un contexte au ralenti. Le port du masque, obligatoire, n’aide pas à motiver le public. Comment redonner le goût des salles? Personne n'a la recette, mais une chose est certaine: si le box office continue d'être aussi atone, de nombreux films vont encore être reportés à l'année prochaine.

Car la variété des films sortis ne compense pas non plus l’absence des productions hollywoodiennes estivales qui rassemblent les familles (animation) et les jeunes (blockbusters). L’ampleur de la pandémie de covid-19 décale toujours un peu plus la reprise, désormais calée sur l’automne, dans le meilleur des cas.

Venise 2020: Tilda Swinton et Ann Hui à l’honneur

Posté par vincy, le 20 juillet 2020

Venise fait comme si de rien n'était. Les festivals sont de plus en plus virtuels voire annulés (Telluride par exemple). les grosses sorties reportées (dernière en date, Tenet, désormais hors calendrier). Mais la Mostra continue d'y croire malgré une pandémie de Covid-19 toujours intense sur la planète.

Toujours est-il que pour cette 77e Mostra, Alberto Barbera a choisi ses deux Lions d'or d'honneur pour l'ensemble de leur carrière: l'actrice britannique Tilda Swinton, actuellement en tournage à Madrid avec Pedro Almodovar (photo), et la réalisatrice hongkongaise Ann Hui.

Tilda Swinton, 59 ans, est "unanimement reconnue comme une des interprètes les plus originales et les plus intenses à s'être fait connaître à la fin du siècle dernier", a expliqué dans son communiqué le directeur de la Mostra, Alberto Barbera. Oscarisée pour Michael Clayton, deux fois Teddy Award à Berlin, meilleure actrice européen pour We need to talk about Kevin, et prix d'interprétation à Venise pour Edward II en 1991, Tilda Swinton est l'un des actrices les plus éclectiques dans les genres, mais aussi les plus fidèles à ses cinéastes (Jarmusch, Anderson, Guadagnino...). Elle sera à l'affiche cet automne de The French Dispatch et de The Personal History of David Copperfield.

"Ann Hui est une des réalisatrices les plus appréciées, prolifiques et polyvalentes du continent asiatique", a rappelé Alberto Barbera. Elle a commencé comme assistante de réalisation auprès du maître du cinéma d'arts martiaux King Hu. Figure fondatrice de la Nouvelle vague hongkongaise, elle a déjà réalisé 26 longs métrages de fiction (notamment Nu ren si shi, son plus grand film) et deux documentaires. Lauréates des principaux prix majeurs en Asie (dont 7 fois le prix du meilleur cinéaste aux oscars hongkongais), elle aussi obtenu deux prix à Berlin (dont une Berlinale Camera pour son œuvre) et quatre prix parallèles à Venise pour Une vie simple en 2011

Netflix grand vainqueur du confinement (et du déconfinement)

Posté par vincy, le 19 juillet 2020

Les salles de cinéma fermées durant le confinement dans la quasi totalité des plus importants marchés (Etats-Unis, Chine, Japon, France, Royaume-Uni…) ont largement profité à la télévision (les films de patrimoine, les comédies françaises et les franchises hollywoodiennes ont attiré la plupart du temps plus de 4 millions de téléspectateurs sur les grandes chaînes). Mais les grands vainqueurs sont bien les plateformes, Netflix en tête.

Avec 10 millions de nouveaux venus au deuxième trimestre, Netflix a désormais 193 millions d’abonnés dans le monde. En Europe, ce sont 2,75 millions d’abonnés en plus qui ont été enregistrés. Netflix continue de narguer les studios, à l’arrêt, avec 6,15 milliards de $ de revenus en trois mois, soit 25% de plus que l’année précédente. On comprend que la plateforme puisse emporter les enchères les plus folles ou signer des chèques monstrueux pour des blockbusters, avec une prise de risque assez limitée.

Au deuxième trimestre, Netflix a dépensé 2,6 milliards de $ en contenus et productions malgré les arrêts de tournages. Cette année, la plateforme devrait investir un peu plus de 14 milliards de dollars dans les contenus. De quoi faire 500 grosses productions françaises.

Car même si son succès semble insolent, Netflix reste prudent : moins de dépenses marketings, reports de projets, comme The Crown dont la saison 4 a été reportée, tout comme la saison 5 de La Casa de Papel.

Outre les séries, on constate aussi le carton d’un certain type de films sur Netflix. La marque a dévoilé son Top 10 des films les plus vus de sa jeune histoire. Sur les 10 films les plus visionnés, on note une bonne moitié de films d’action portés par des stars, Extraction, avec Chris Hemsworth, en tête avec 99 millions de consultations, qui dépasse ainsi Bird Box, avec Sandra Bullock (89 millions), Spenser Confidential, avec Mark Wahlberg (85 millions) et 6 Underground, avec Ryan Reynolds (83 millions). Suivent Murder Mystery et The Irishman, le seul film d’auteur de ce Top 10, avec 64 millions de curieux et de fans.

On doit désormais ajouter The Old Guard, avec Charlize Theron, disponible depuis le 10 juillet, et qui a déjà enregistré plus de 72 millions de visionnages. Le film a toutes les chances de finir sur le podium historique de Netflix.

Ce Top 10 est un peu inquiétant malgré tout. D’abord parce qu’ils sont rarement excellents ou même très bons. Murder Mystery est une honnête comédie policière pour la télévision, mais assez oubliable. 6 Underground, daube enflée dans le genre sauvetage du monde, Spenser Confidential dans la veine polar classique, Triple Frontier, aventure survivaliste, et Extraction, variation de Rambo en guérilla, sont de bons produits, mais ne vont pas au-delà de la série B. Trop convenus sur la forme, trop léger sur l’intrigue, ils jouent l’épate et se veulent pop-corn, mais ils ne vont jamais au-delà. The Old Guard semble du coup bien meilleur par son ambition et son message. Son succès n’aurait peut-être pas été aussi important en salles, et il profite de l’absence de blockbusters sur grand écran pour satisfaire un public très large avide de castagne et de super-héros.

Cependant, dans ce Top 10, il n’y a aucun des grands films d’auteurs qui ont brillé dans les palmarès : pas de Roma, ni de Marriage Story, Okja, Da 5 Blood ou de Uncut Gems. Et nous ne disposons d’aucun chiffre sur eux. Netflix bénéficie clairement de l’aura de ces films (et de leurs réalisateurs) mais quid du résultat réel en matière de popularité ? Malgré ses près de 200 millions d’abonnés dans le monde, Netflix ne semble pas en mesure de transformer un Lion d’or ou un film oscarisé en méga-hit. Auraient-ils réalisé de moins bons scores en salles ?

Pour l’instant, Netflix continue de vouloir viser les grands festivals, les Oscars et des auteurs prestigieux. Mais c’est bien avec des séries B voire C que la plateforme cartonne (hors séries). Si bien que ces films, pour lesquels Netflix investit beaucoup (et sans imposer un montage final, signalons-le) profitent surtout au marketing de la plateforme, tout en coupant les cinéastes d’un lien avec la salle et le public.

Un catalogue qui s'épaissit

Peut-être faut-il s’y résigner. Le confinement a sans doute transformé les habitudes et la salle deviendra, comme le théâtre, une sortie motivée par un désir irrationnel de partager en communauté un divertissement ou une grande œuvre. Car, ne nous leurrons pas, le consommateur qui devra payer deux ou trois abonnements pour son foyer, fera vite le calcul : un ticket de cinéma pour une personne c’est un abonnement mensuel à Netflix pour tous.

Netflix (et Disney +, Amazon prime, HBO, Canal +…) n’est pas seulement le grand triomphateur du confinement pour ses résultats. Les studios, dans l’incapacité de sortir leurs films en salles (chaque lancement est désormais tellement mondialisé que des sorties locales étalées dans le temps paraît impossible), ont cédé de nombreux films aux plateformes, les retirant de leur agenda. Disney + a ainsi récupéré des films prévus pour les cinémas. Amazon a repris la distribution en France de Pinocchio et Forte. Netflix a aussi fait son marché avec quelques films programmés normalement dans les cinémas comme le film d’animation Bob l’éponge (Paramount), qui devait sortir cet été.

Et c’est sans fin puisque Netflix a multiplié les projets et annonces : le nouveau David Fincher et Aaron Sorkin pour cet automne, un Alexandre Aja avec Mélanie Laurent, le prochain film de Jean-Marc Jeunet, un thriller avec Denzel Washington et Julia Roberts, la méga production des frères Russo avec Ryan Gosling et Chris Evan, le film d’animation de Richard Linklater ou encore le prochain Paolo Sorrentino… sans compter les suites de Spenser Confidential, 6 underground et The Old Guard.

Ryan Gosling et Chris Evans pour lancer une nouvelle franchise sur Netflix

Posté par vincy, le 18 juillet 2020

Malgré le coronavirus et l'arrêt de l'exploitation dans de nombreux marchés majeurs, Hollywood prépare quand même l'après-crise. Enfin Netflix surtout, qui est le grand vainqueur du confinement mondial. La plateforme va investir 200M$ dans The Gray Man, adaptation de la série de best sellers de Mark Greaney. L'auteur est connu pour avoir été un collaborateur de Tom Clancy, et a d'ailleurs repris la série Jack Ryan pendant un temps. Les dix romans d'espionnage de The Gray Man sont inédits en français.

A l'origine Christopher MacQuarrie avait pris une option sur ce projet il y a quatre ans.

Finalement, le film sera réalisé par Joe et Anthony Russo (Avengers), avec un match au sommet entre Chris Evans (Captain America) et Ryan Gosling. Ce dernier incarnera un ancien agent de la CIA devenu tueur à gages, poursuivi par un ancien collègue devenu justicier (Evans). Dans le style des Jason Bourne, les réalisateurs imaginent une grosse franchise à plusieurs épisodes, avec Gosling au centre de la saga.

Le tournage est prévu pour le début 2021.

Un adieu sur la pointe des pieds pour Zizi Jeanmaire (1924-2020)

Posté par vincy, le 17 juillet 2020

Zizi Jeanmaire, figure emblématique de la culture française des années 1940 aux années 1990, est morte à l'âge de 96 ans. D'abord danseuse classique, elle introduira avec le chorégraphe Roland Petit de la danse moderne. Son physique fluet androgyne , avec sa coupe à la garçonne et sa souplesse, en font une Carmen (le ballet de Bizzet) au succès mondial dès 1949.

Avec sa gouaille, elle devient aussi chanteuse, puis meneuse de revue et même actrice puisque Howard Hugues l'enrôle pour un film de Charles Vidor, Hans Christian Andersen et la danseuse (1952). Elle tournera peu mais sera remarquée dans Quadrille d'amour de Robert Lewis, Folies Bergères d'Henri Decoin et Guinguette de Jean Delannoy avant de faire une ultime apparition dans Les collants noirs de Terence Young.

Des chansonniers au music-hall, de l'Olympia au Zénith, des Opéras aux Théâtres, de Gainsbourg ("Elisa") au légendaire Truc en plumes, elle est passé par les univers de Raymond Queneau, Brigitte Fontaine, Irma la douce, Marcel Aymé et bien sûr Michel Legrand en jazzman pré-Demy... Zizi Jeanmaire a joué Feydeau et de l'opérette, a porté du Saint Laurent pour sa revue à l'Alhambra (avec son fameux truc en plumes), et a finalement été un peu boudée par le cinéma. Un gros acte manqué pour l'une de nos étoiles les plus douées et les plus iconoclastes.

Jean-Pierre et Luc Dardenne, Prix Lumière 2020

Posté par vincy, le 16 juillet 2020

Il fallait s'y attendre un jour: les frères Dardenne, deux fois Palme d'or à Cannes, pour Rosetta et L'enfant, recevront le prestigieux prix Lumière 2020. C'est la première fois que des cinéastes francophones reçoivent la distinction créée en 2009. Ils succèdent à Francis Ford Coppola.

La 12e édition du festival Lumière se déroulera à Lyon du samedi 10 au dimanche 18 octobre 2020.

Réalisateurs de 11 longs métrages de fiction, de six documentaires et producteurs d'une trentaine de films (dont Le couperet de Costa-Gavras, L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller, La Part des anges de Ken Loach, Au-delà des collines de Cristian Mungiu et De rouille et d'os de Jacques Audiard), Jean-Pierre et Luc Dardenne ont été de multiples fois distingués en Europe, notamment avec David di Donatello, un European Award, un prix Robert Bresson à Venise et surtout deux Palmes d'or, un grand prix du jury, un prix de la mise en scène et un prix du scénario à Cannes.

Humanisme et néo-réalisme

"Les frères Dardenne ont empreint le cinéma contemporain de leur regard puissant et immédiatement reconnaissable. Une poétique de la réalité poussée à son paroxysme, qui fait écho à leur origine de cinéastes-documentaristes. Ils viennent d’un pays, la Belgique, extraordinairement actif et productif dans l’histoire du cinéma, ils sont célébrés sur la scène internationale et admirés par leurs collègues (...), il est temps de célébrer l’œuvre de Jean-Pierre et Luc Dardenne pour ce qu’elle est : humaine, forte, engagée, tournée vers la jeune génération et criante de vérité" explique le festival lyonnais.

"Nous sommes très honorés de recevoir ce Prix Lumière 2020, ont déclaré Jean-Pierre et Luc Dardenne. Pour nous, deux frères cinéastes, ce prix recèle une émotion particulière. Il nous met en contact avec la fraternité originelle du cinéma, avec les deux frères qui ont filmé pour la première fois des corps, des visages d’hommes et de femmes, d’ouvriers et d’ouvrières sortant de leurs ateliers. Plus d’un siècle après, nous filmons des corps, des visages qui sont les descendants de ceux filmés par les frères Lumière et nous essayons chaque fois de les filmer comme si c’était la première fois. Ce sera magnifique de recevoir ce Prix dans le cadre du festival qui fait dialoguer, comme nulle part ailleurs, le patrimoine mondial du cinéma et le public d’aujourd’hui."

Morale et misérables

Emilie Dequenne, Olivier Gourmet, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Déborah François, Arta Dobroshi, Idir Ben Addi, Cécile de France, Marion Cotillard, Adèle Haenel: le cinéma des Dardenne est un cinéma de corps et de visages, de précision théâtrale et de regard social. Il y a chez eux une volonté de montrer les marginaux, les déclassés, les éclopés, les misérables de notre temps. Ils "résistent à leur manière, violemment, maladroitement, tendrement. Les deux frères cinéastes le font avec brio, avec talent, avec une attention à la morale des choses, nous faisant découvrir d’immenses acteurs et nous prouver que ce que l’on regarde, surtout si on le fait avec cette humanité, compte autant que le regard lui-même" a souligné Bertrand Tavernier.

Rosetta (1999) reste leur plus grand succès en France avec plus de 700000 entrées, devant Le gamin au vélo (2011) et Deux jours, une nuit (2014), tous deux au-dessus des 500000 spectateurs.

Cannes 2020: la sélection Cannes Classics, et un avant-goût du Festival Lumière

Posté par vincy, le 15 juillet 2020

La sélection Cannes Classics sera présentée, en grande partie, au festival Lumière de Lyon (10-18 octobre), puis aux Rencontres cinématographiques de Cannes (23-26 novembre).

25 longs métrages de fictions et sept documentaires qui composent un panorama éclectique du patrimoine cinématographique mondial, avec en exergue les 20 ans d'In the Mood for Love de Wong Kar-wai. mais aussi un Pasolini, le centenaire de Fellini, les 60 ans de deux grands classiques, et pas mal de films méconnus.

In the Mood for love (2000, 1h38, Hong Kong) de Wong Kar-wai, prix interprétation masculine en 2000 pour Tony Leung
Sortie en France le 2 décembre 2020.

Friendship’s Death (1987, 1h12, Royaume-Uni) de Peter Wollen, qui marque le premier grand rôle de Tilda Swinton au cinéma.

The Story of a Three-Day Pass (La Permission) (1968, 1h27, France) de Melvin Van Peebles

Lyulskiy dozhd (Pluie de juillet / July Rain) (1966, 1h48, Russie) de Marlen Khutsiev

Quand les femmes ont pris la colère (1977, 1h15, France) de Soizick Chappedelaine et René Vautier
Sortie en France en 2021.

Préparez vos mouchoirs (Get Out Your Handkerchiefs) (1977, 1h50, France) de Bertrand Blier

Hester Street (1973, 1h30, États-Unis) de Joan Micklin Silver

Ko to tamo peva ? (Qui chante là-bas ? / Who’s Singing Over There ?) (1980, 1h26, Serbie) de Slobodan Šijan
Sortie en France le 21 octobre 2020.

Prae dum (Black Silk) (1961, 1h58, Thaïlande) de R.D. Pestonji

Zhu Fu (New Year Sacrifice) (1956, 1h40, Chine) de Hu Sang

Feldobott ko (La Pierre lancée) (1968, 1h25, Hongrie) de Sándor Sára

Neige (1981, 1h30, France) de Juliet Berto et Jean-Henri Roger
Sortie en France au printemps 2021.

Bambaru Avith (The Wasps Are Here) (1978, 2h, Sri Lanka) de Dharmasena Pathiraja

Bayanko: Kapit sa patalim (Bayan Ko) (1984, 1h48, Philippines / France) de Lino Brocka
Sortie en France en février 2021.

La Poupée (1962, 1h34, France) de Jacques Baratier
Sortie en France encore non communiquée.


Sanatorium pod klepsydra (La Clepsydre / The Hourglass Sanatory) (1973, 2h04, Pologne) de Wojciech J. Has
Sortie en France en mai 2021.

L’Amérique insolite (America as Seen by a Frenchman) (1959, 1h30, France) de François Reichenbach

Deveti krug (Neuvième cercle / The Ninth Circle) (1960, 1h37, Croatie) de France Štiglic

Muhammad Ali the Greatest (1974, 2h03, France) de William Klein

La Film Foundation de Martin Scorsese fête ses 30 ans

Accattone (Accatone) (1961, 1h57, Italie) de Pier Paolo Pasolini

Shatranje bad (The Game Chess of the Wind) (1976, 1h33, Iran) de Mohammad Reza Aslani

Federico: 100 ans !

La strada (1956, 1h48, Italie) de Federico Fellini

Luci del varietà (Les feux du music-hall) (1950, 1h37, Italie) d’Alberto Lattuada et de Federico Fellini

Fellini degli Spiriti (Fellini of the Spirits) d’Anselma dell’Olio (1h40, Italie / Belgique)

Les 60 ans d’À Bout de souffle et de L’Avventura

À Bout de souffle (Breathless) (1960, 1h29, France) de Jean-Luc Godard
Sortie en France en automne 2020. Sortie vidéo le 4 novembre 2020.

L’Avventura (1960, 2h20, Italie / France) de Michelangelo Antonioni
Sortie en France en novembre 2020.

Les documentaires 2020

Wim Wenders, Desperado d’Eric Friedler et Andreas Frege (2h, Allemagne)

Alida (Alida: In Her Own Words) de Mimmo Verdesca (1h45, Italie)

Charlie Chaplin, le génie de la liberté (Charlie Chaplin, The Genius of Liberty) de François Aymé et Yves Jeuland, réalisé par Yves Jeuland (2h25, en deux parties : 1h05 et 1h20, France)

Be Water de Bao Nguyen (1h44, États-Unis)

Belushi de R.J. Cutler (1h48, États-Unis)

Antena da raça de Paloma Rocha et Luís Abramo (1h20, Brésil)

Sapphire crystal de Virgil Vernier : une soirée en compagnie de la jeunesse dorée de Genève

Posté par MpM, le 14 juillet 2020

Nous vous en parlions déjà en fin d'année dernière : Sapphire crystal de Virgil Vernier (Mercuriales, Sophia Antipolis), présenté en compétition au Festival de Locarno, figurait parmi nos courts métrages préférés de 2019. Il est désormais l'un de nos incontournables de 2020, grâce à une double sortie en salle et en VOD / SVOD rendue possible par Shellac.

Avec ce moyen métrage tourné avec un téléphone portable et fabriqué en collaboration avec les étudiants de la Haute-école d’art et de design (HEAD), le réalisateur poursuit son oeuvre singulière, à la frontière entre la fiction et le documentaire, en s’intéressant à la jeunesse plus que dorée de Genève. Il s’inspire d'ailleurs, notamment pour son casting, de photos de soirées postées sur le compte instagram de la boîte de nuit la plus chic de la ville.

On entre ainsi dans le récit par le rituel évocateur de la “crystal shower” consistant à s’asperger avec de grandes quantités de champagne (à 1000 euros la bouteille) lors de soirées en boîte. Le procédé crée un débat au sein du groupe d’amis qui est au centre du film : une jeune femme fustige le concept, jugé vulgaire, tandis que d’autres revendiquent le droit d’exposer leur richesse de manière ostentatoire. Ce qui ne les empêchera pas de poursuivre tous ensemble une soirée placée sous le signe de l’insouciance et du paraître, entre shots de vodka, coupes de champagne et lignes de cocaïne à l’or pur.

Le portrait, édifiant, a des effets ambivalents : on est forcément agacé par les conversations et les postures de ces jeunes qui semblent évoluer dans une dimension parallèle. Mais il y a aussi quelque chose de fascinant dans cette réalité à la fois proche et inaccessible, qui oscille entre des conversations aussi banales qu’ailleurs (ambitions affichées, scènes de drague maladroites, confessions tardives…) et une désarmante propension à prendre l’existence pour acquise.

Virgil Vernier joue habilement de la confusion du spectateur, qui peut croire au premier abord qu’il assiste à une véritable soirée entre amis. La banalité des dialogues l’encourage d’ailleurs dans cette voie, de même que la mise en scène rudimentaire qui imite une vidéo prise sur le vif pour capter des instants de vie. Peu à peu, pourtant, la fiction affleure, sans que cela vienne invalider la démonstration. Au contraire, en appuyant là où c’est le plus sensible, le réalisateur questionne le regard que l’on porte sur ce microcosme en même temps qu’il le replace dans notre monde, dont il n’est qu’une des multiples déclinaisons.