Robert De Niro, Président du 64e Festival de Cannes

Posté par vincy, le 6 janvier 2011

C'est une longue histoire d'amour entre Cannes et De Niro. Elle débuta en 1976, de la meilleure manière : une Palme d'or, et encore aujourd'hui son plus grand succès en France : Taxi Driver. L'acteur débarque alors sur la Croisette avec le rôle d'un psychopathe qui laissera longtemps des traces dans nos mémoires de cinéphiles. C'est aussi le sacre d'un couple mythique du 7e art : Scorsese et lui. Une naissance glorieuse qui fera de l'acteur une icône du cinéma de ses 40 dernières années, entre auteurs audacieux, choix culottés, succès populaires et aussi le passage à la réalisation, la production et même la création, il y a dix ans, d'un Festival à New York, Tribeca. "Il est pour toujours le dernier nabab, Vito Corleone, Jack la Motta, Sam “Ace” Rothstein…" s'enflamment les organisateurs. Ce n'est pas faux. Deux fois oscarisé (et au total six fois nommé aux Oscars),

"En tant que co-fondateur des festivals de Tribeca et de Doha, j’ai acquis une grande estime pour les jurys qui jouent un rôle décisif en distinguant des films de la plus haute qualité. Les festivals favorisent les connections au sein de la communauté cinématographique internationale et ont un impact culturel pérenne" a ajouté Robert De Niro: "Ayant été par deux fois président de jury dans les années 80, je sais que ce ne sera pas une tâche facile pour mes amis jurés et moi-même mais je suis honoré et heureux du rôle qui m’est confié par le Festival de Cannes."

Comme le disent si bien Gilles Jacob et Thierry Frémaux, il est "doté d'une plasticité de caméléon, il compose ses personnages sans qu'on sache s'il prend la mesure du rôle ou si le rôle s'adapte à ses mesures".

En 1976, il est aussi à Cannes pour 1900, de Bernardo Bertollucci, hors compétition. Il revient en 1983 dans un autre Scorsese, La Valse des Pantins, en compétition. L'année suivante, il porte sur ses épaules l'épique Il était une fois en Amérique, hors-compétition. En 1986, avec Jeremy Irons, il est de l'aventure de The Mission, de Roland Joffé. Une deuxième Palme d'or à son actif, cas plutôt rare. Cinq ans plus tard, retour à la compétition avec La Liste noire. En 1993, il monte les marches, hors-compétition, pour Mad Dog and Glory. Et il fera la clôture de Cannes 2008 dans What Just Happened? de Barry Levinson.

Autant dire qu'il n'a pas présenté à Cannes ses meilleurs films dans les vingt dernières années, plutôt réservés à Berlin. En même temps, depuis Jackie Brown en 1997, aucun de ses choix n'a été artistiquement marquant. Mais il a toujours été un fervent fidèle du festival, remettant la Palme d'or en 2008 à Entre les murs, décerné par le Président du jury, son ami Sean Penn. Car, étrangement, Cannes a encore choisit une star américaine pour son jury. C'est la cinquième fois depuis les années 2000, la troisième fois en quatre ans.

Avec De Niro, Cannes donne une fois de plus le trône à un enfant doué du cinéma américain, l'un de ceux qui, grâce à son statut, oeuvre pour la préservation d'une diversité qui nous est chère.

Per Oscarsson (1927-2010) : mort tragique d’un Roi dans son palais suédois

Posté par vincy, le 5 janvier 2011

La police suédoise a confirmé ce mercredi ce qu'elle pressentait depuis samedi : la mort de l'acteur suédois Per Oscarsson, 83 ans, et de son épouse, Kia Oestling. Leur maison de Skara avait été victime d'un incendie dans la nuit du 30 au 31 décembre. Les cendres retrouvées ont bien été indentifiées comme les leurs par les médecins légistes grâce aux empreintes dentaires.

Prix d'interprétation à Cannes en 1966 pour le film danois d'Henning Carlsen, La Faim (adapté du roman autobiographique de Knut Hamsum, prix Nobel de littérature), cet immense comédien scandinave était aussi un provocateur : les téléspectateurs suédois ont en mémoire son srtip tease intégral dans un talk show populaire local et les "théâtrophiles" se souviennent qu'il avait disparu plusieurs jours après la première (encensée) d'Hamlet (avec une simple note : "si vous m'aimez, ne me cherchez pas"). Il avait rejoint Oslo (Norvège) à pieds, en mangeant des racines, des fruits rouges et des fleurs.

Outre son prix cannois, il avait aussi reçu le prix du meilleur acteur décerné par la National Society of Film Critics (USA) et le prix Guldbagge (César suédois) pour le même film.

On l'a aussi remarqué, parmi sa soixantaine de films, dans Le Nouveau monde (1972, avec Max Von Sydow et Lib Ullman), Ronia, la fille de Robber (1984) et Les folles aventures de Picasso (1978, avec Lena Olin), où il incarnait Apollinaire, tous deux de Tage Danielsson, ou encore La vallée perdue, de James Clavell (1971, avec Michael Caine et Omar Sharif), Le visiteur de la nuit, de Laslo Benedek (1971, avec Max Von Sydow, Liv Ullmann et Trevor Howard).

Récemment, on l'a vu dans le rôle de Holger Palmgren, l'ancien tuteur de Lisbeth Salander, dans les deuxième et troisième épisodes de la trilogie Millennium. Il avait été difficile à convaincre, et précis dans ses attentes, pensant que le cinéma était derrière lui. Il laisse pourtant un film posthume, Tysla Lekn (Jeu calme), de Görel Crona, dont la date de sortie n'est pas encore prévue.

Scénariste, monteur, musicien, il avait aussi réalisé deux films (la farce Battle of Sweden en 1980 et Ebon Lundin en 1973).

Qualifié de "légende du cinéma suédois", cette icône excentrique, originale a profité des années 60 et 70 pour occuper un espace vide dans le cinéma scandinave, très concentré sur les rôles les plus dramatiques. Modèle pour une nouvelle génération plus formatée, il aimait les personnages maladroits, et s'investissait complètement dans ses rôles. Pour La Faim, il s'était imposé un régime drastique.

Il avait aussi été capable de faire le pont entre les générations de (télé)spectateurs en devenant le populaire commissaire de la série Polisen i Strömstad dans les années 80 et 90 ou en jouant dans le succès culte suédois House of Angels du cinéaste britannique Colin Nutley (1992).

Son métier était sa vie. La destinée a joué avec une allumette et l'a une dernière fois enflammé.

2011 : 11 films français qu’il ne faudra pas manquer

Posté par kristofy, le 5 janvier 2011

Si l’on devait faire une liste des films les plus attendus de cette année 2011 qui commence la liste serait en fait bien trop longue, et il y aura encore un déséquilibre entre les grosses productions qui sortent sur un millier d’écrans et des premiers films fragiles distribués à moins de cent copies…

Comme déjà dit ici, il serait périlleux que seuls les grands opéras pyrotechniques attirent les foules, comme il serait suicidaire que le cinéma soit réduit à des films élitistes… Voir 2010 – Films : un grand écart pour que vive le 7e art

Voici une liste des 11 films français à attendre pour 2011 : prenez note, et rendez-vous au cinéma.

- Angèle et Tony, de Alix Delaporte : Le film nous a fait très bonne impression à Venise, où la réalisatrice avait d’ailleurs déjà gagné un Lion d'Or du meilleur court métrage en 2006. L’histoire est celle d'Angèle (Clotilde Hesme dans son meilleur rôle) qui est une ancienne détenue qui veut retrouver une vie stable pour récupérer son petit garçon. Pour sa réinsertion elle cherche à reformer un semblant de cellule familiale avec un homme et un  toit, elle rencontre alors Tony un marin pêcheur (Grégory Gadebois, de la Comédie française), une étape ou un nouveau départ ? Sortie le 26 janvier 2011.

- Les Bien-Aimés, de Christophe Honoré : Presque un film chaque année et déjà son huitième long-métrage, et peut-être son plus ambitieux. L’histoire va raconter deux époques avec les années 60 quand les chars russes envahissent Prague au moment où Madeleine quitte Paris pour rejoindre son nouveau mari, et les années 90 où Véra (la fille de Madeleine) tombe amoureuse à Londres : toutes deux chanteront à leur manière cette fin de 20ème siècle… Avec un casting prestigieux qui réunit Catherine Deneuve et sa fille Chiara Mastroianni, également Louis Garrel et Ludivine Sagnier.

- Bye Bye Blondie, de Virginie Despentes : Depuis son premier film Baise-moi à l’impact immense (jusqu’à un débat toujours pas terminé sur l’interdiction aux moins de 18 ans comme censure économique…), ses autres romans ont été adaptés au cinéma par d’autres réalisateurs et cette fois c’est elle qui s’en charge. L’histoire est celle des retrouvailles entre Gloria (Béatrice Dalle) restée à Nancy sans travail ni famille à vivre au jour le jour au bar du coin, et Frances (Emmanuelle Béart) devenue animatrice de télévision à Paris et mal mariée. Elles ne se sont pas vues depuis 1985 et elles ont évolué dans deux mondes opposés… Au casting avec de duo inédit il y a aussi Pascal Greggory, Soko, et Stomy Bugsy. Sortie juin 2011.

- The Divide, de Xavier Gens : Ce film est certes plus américain mais en même temps c’est sans doute que là-bas que son histoire était la plus crédible. C’est un exemple du genre de projet que les productions françaises ne peuvent pas encore soutenir hormis Luc Besson avec Europa Corp, avec qui le réalisateur français avait déjà travaillé pour Frontière(s) et Hitman. Cette fois Xavier Gens tient enfin son film de genre fantastique rêvé, avec budget confortable et casting international. L’histoire est celle d’un groupe de personnes réfugiées dans un sous-sol une explosion cataclysmique qui a détruit New-York, quand des hommes armés et vêtus de combinaisons anticontamination arrivent de l’extérieur : les rescapés vont vivre un enfer… Avec Milo Ventimiglia, Michael Biehn, Rosanna Arquette, Lauren German, Peter Stormare.

- La Permission de Minuit, de Delphine Gleize : Après avoir été remarquée à Cannes avec ses courts-métrages puis avec Carnages, son second film L'homme qui rêvait d'un enfant (le dernier rôle de Darry Cowl) a été presque invisible (à peine plus de 1000 spectateurs !), depuis elle a co-réalisé avec Jean Rochefort le documentaire Cavaliers seuls. L’histoire est celle d’une amitié hors normes entre un garçon de 13 ans (Quentin Challal) atteint d’une déficience génétique rare et incurable de la peau qui ne peut recevoir la lumière du jour et son dermatologue (Vincent Lindon), ils vont alors retrouver le goût du combat et une soif de vie… Avec aussi Emmanuelle Devos, Caroline Proust, Nathalie Boutefeu. Sortie le 9 mars 2011.

- 17 filles, de Delphine et Muriel Coullin : C’est le premier film de ces deux sœurs aux talents prometteurs, tourné à Lorient. L’histoire est celle de 17 adolescentes du même lycée en bord de mer (à Lorient) qui vont prendre ensemble une décision inattendue, et incompréhensible ni par les garçons ni par les adultes… Au casting des débutantes avec à leur tête la révélation Roxane Duran, et Louise Grinberg, Esther Garrel, Noémie Lvovsky, Florence Thomassin, Carlo Brandt.

- La Fée, de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy : Le trio original à l’irrésistible humour cocasse continue dans la veine de L'iceberg et de Rumba. L’histoire est celle de Dominique qui travaille comme gardien de nuit dans un hotel de Le Havre qui voit débarqué une femme sans valise ni chaussures : c’est Fiona qui dit être une fée qui lui accordera trois vœux. Après deux vœux exaucés elle disparaît...

- Le Moine, de Dominik Moll : Il s’agit d’une nouvelle adaptation (après Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière en 1972) du roman de Matthew Lewis, c’est le troisième film réalisé par Dominik Moll (co-écrit avec la scénariste Anne-Louise Trividic) et ce sera probablement sa troisième sélection à Cannes. L’histoire est celle du frère capucin Ambrosio qui a dévoué sa vie à Dieu et à l’éradication du péché, il a été nommé supérieur de son couvent dans le Madrid au début du XVIIème siècle. Mais il sera bientôt troublé par Rosario, une jeune novice défigurée… Autour de Vincent Cassel dans le rôle-titre il y aura Déborah François, Sergi Lopez, Geraldine Chaplin, et Roxane Duran.

- Les Nuits Rouges du Bourreau de Jade, de Laurent Courtiaud et Julien Carbon : C’est le premier film en tant que réalisateurs de ce duo de scénaristes installés à Hong-Kong : on leur doit les histoires de Running out of time de Johnnie To, Black Mask 2 : City of Masks de Tsui Hark, et Le Talisman avec Michelle Yeoh. Les nuits rouges… est un film franco-chinois d’aventures autour d’une mystérieuse boite qui contient un élixir qui est convoité par beaucoup de monde qui va se combattre jusqu’à une longue scène de torture… Avec en vedette notre belle blonde Frédérique Bel dans un rôle où elle est très surprenante.

- Le Skylab, de Julie Delpy : Après La Comtesse elle enchaîne les tournages et travaille déjà sur 2 days in New-York (suite de 2 days in Paris) en compagnie de Chris Rock : elle est séparée avec son enfant et toute sa famille excentrique arrive… Pour Skylab l’histoire est un long flashback qui revient sur deux journées où des repas de familles en 1979 des discussions houleuses sur la politique, le racisme, la sexualité, l’éducation et autres névroses… Julie Delpy sera derrière et devant la caméra aux côtés de d’Eric Elmosnino, Sophie Quinton, Michèle Goddet, Aure Atika, Bernadette Lafont, Marc Ruchmann, Jean-Louis Coulloch, Noémie Lvovsky, Candice Sanchez, Valérie Bonneton, Denis Menochet, le jeune Vincent Lacoste, et bien entendu son père Albert Delpy.

- Tomboy, de Céline Sciamma : Après avoir été remarquée à Cannes avec Naissance des pieuvres (3 nominations au Césars, Prix Louis Delluc 2007), Céline Sciamma a participé au scénario du film d’Ivory Tower (présenté à Locarno). C’est l’histoire de Laure qui débarque sans connaître personne, en quête de nouveaux amis la jeune fille décide de s’habiller comme un garçon. Elle rencontre Lisa et elles deviennent proches, mais Lisa ne sait pas que son nouveau meilleur ami n’est pas un garçon… Un casting de débutantes Zoé Heran, Malonn Levana, Jeanne Disson, Sophie Cattani et avec Mathieu Demy.

Catherine Frot, André Dussollier, Pascal Thomas : et de trois Agatha Christie

Posté par vincy, le 4 janvier 2011

Les succès de Mon petit doigt m'a dit (2005) et Le crime est notre affaire (2008) ont sans doute inciter Pascal Thomas à revenir à Agatha Christie, après le flop d'Ensemble, nous allons vivre une très, très grande histoire d'amour. D'autant que, l'héroïne de ses enquêtes loufoques, Catherine Frot, a, elle aussi, essuyé un échec avec sa dernière comédie policière, Imogène McCarthery.

Aussi Thomas lui a proposé de reprendre le costume de Prudence Beresford, accompagnée  de son mari, Bélisaire Beresford, alias André Dussollier. Ce coup-ci le cinéaste a choisi Associés contre le crime. En vacances, ils vont se retrouver sur les lieux d'une mystérieuse disparition : une richissime héritière russe. Prudence ne résiste pas à l’appel du danger et Bélisaire suivra malgré lui sa turbulente épouse. Cela les mènera à un savant qui détient le secret de l’éternelle jeunesse…

Le livre d'Agatha Christie, comprenant quinze nouvelles, date de 1929. En anglais, il est titré Partners in Crime (Associés contre le crime) et en français, Le crime est notre affaire. Pourtant ce dernier n'a rien à voir avec le précédent film, qui était en fait l'adaptation d'un polar avec comme personnage principal Miss Marple. De quoi nous confondre.

Brad Pitt et Andrew Dominik refont équipe

Posté par vincy, le 4 janvier 2011

Une comédie, un casse, mais pas de bande de braqueurs. Brad Pitt a signé pour être le héros de Cogan's Trade, que réalisera Andrew Dominik. Le réalisateur lui a déjà offert l'un des plus beaux rôles de sa carrière avec le magnifique The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford en 2007.

Après deux mois de négociations, des ventes prometteuses à l'American Film Market, le financement et les contrats ont été bouclés.

Cogan's Trade prendra place durant une partie de poker protégée par la mafia. Pitt sera aussi producteur du film. Le tournage débutera en mars en Louisiane. En attendant, l'acteur sera à l'affiche de Tree of Life, de Terrence Malick, et Moneyball, de Bennett Miller.

Les scénarios de Toy Story 3 et du Discours d’un Roi privés de nomination par la guilde des auteurs

Posté par vincy, le 4 janvier 2011

Après des musiques privées d'Oscars, des scénarios privés de récompenses par leurs pairs. La puissante Writers Guid of America n'a retenu que 76 films éligibles pour son prix, sept de moins qu'en 2009, et presque moitié moins qu'en 2008.

Cette année, de sérieux compétiteurs ont été évincés, parmi lesquels quelques favoris pour les Oscars : Le discours d'un roi, Toy Story 3, Winter's Bone, The Ghost-Writer, Biutiful, Another Year ou encore Blue Valentine.

Une seule raison : un changement de règles en 2008. Les scénaristes de ces scripts, parmi les meilleurs de l'année, ne sont pas membres de la Guilde. Cette incitation à vouloir adhérer à la Guilde est légitime, mais, a contrario, en éliminant les meilleurs scénarios, le palmarès annuel du syndicat devient plus que contestable.

Comment imaginer que des films comme Burlesque, Grown Ups, Remember Me, Salt, Fair Game, The Karate Kid, Percy Jackson, ou encore Prince of Persia soient sélectionnables ? Cela affaiblit forcément la représentativité du palmarès... qui, du coup, perd de son intérêt.

Nominations

Scnéario Original : Black Swan ; The Fighter ; Inception ; The Kids Are All Right ; Please Give

Adaptation : 127 Hours ; I Love You Phillip Morris ; The Social Network ; The Town ; True Grit

Documentaire : Enemies of the People ; Freedom Riders ; Gasland ; Inside Job ; The Two Escobars ; Who Is Harry Nilsson (And Why Is Everybody Talkin' About Him)?

Appel à cesser le travail le 11 février 2011 en soutien à Jafar Panahi

Posté par mp, le 4 janvier 2011

Le cinéaste iranien Raffi Pitts a lancé un appel à cesser le travail symboliquement entre 15h et 17h le 11 février prochain, en solidarité avec Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de tourner ou de quitter le territoire iranien. Cet appel s'adresse aux réalisateurs et aux membres de l'industrie cinématographique "quelles que soient leur nationalité, frontières, religions ou convictions politiques".

Dans une lettre ouverte au président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Rafi Pitts déclare : "En 1979, il y a eu une Révolution. Sa commémoration, le 32e anniversaire de notre révolution iranienne, se tiendra le 11 février 2011. Je vous rappelle ces faits car j’ai l’impression que vous en avez  oublié les causes. Je me trompe peut-être, ou peut-être devriez-vous vous expliquer.  Vous avez peut-être votre propre définition de notre révolution… Dans ce cas, je pense que vous devriez répondre à la question : Pourquoi avons-nous eu une révolution en 1979 ? Le temps est également venu de clarifier vos raisons pour l’éviction des cinéastes. Vos raisons pour vouloir sacrifier une vie, une carrière, au nom de la Révolution, ou peut-être ma question n’est-elle pas la bonne : ne s’agit-il pas tout simplement  de votre réélection ?"

Le cinéaste iranien souligne également que ses deux confrères ont été condamnés pour une simple idée, celle d'un film qu'ils n'ont même pas eu le temps de faire : "Ils sont tous deux punis de s’être intéressés à leurs compatriotes. Punis d’avoir voulu comprendre les événements de juin 2009. Punis de s’être préoccupés des vies perdues dans les conflits issus des élections."

Il rappelle enfin que "les candidatures [de l'opposition] étaient validées par le régime. Les choix étaient clairs et parfaitement légaux. Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof ont pris leur décision aux côtés de la majorité de notre industrie cinématographique. C’est devenu le Mouvement Vert. C’est un droit qui nous avait été donné."

Alors que l'on attend la décision en appel qui statuera sur le sort de Jafar Panahi et de Mohammad Rasoulof, de nombreuses voix se sont déjà élevées pour protester contre la persécution dont sont victimes les deux cinéastes. Le Festival de Berlin a réservé une place de membre du jury au réalisateur, place qui risque de rester vide, exactement comme lors du dernier festival de Cannes. Le festival des cinémas d'Asie de Vesoul a quant à lui décidé d'apporter son soutien à Jafar Panahi en lui consacrant sa soirée de clôture. On attend également des actions de la part du comité de soutien initié par Thierry Frémeaux dès l'annonce de la décision de justice. Chacun est invité à participer à cette grande vague de mobilisation en signant la pétition en ligne. Et pour cela, nul besoin d'attendre le 11 février...

Pete Postlethwaite (1946-2011) : Amen au père d’Au nom du père

Posté par geoffroy, le 3 janvier 2011

L'année commence tristement. Pete Postlethwaite (voir les films critiqués sur Ecran Noir) est décédé dimanche 2 janvier à 64 ans des suites d’un cancer. Cet acteur de seconds rôles aura réussi à imposer sa « gueule » aussi dure que touchante pendant près de 35 ans. Il avait été tenté un temps de devenir prêtre. Il en avait le regard, apaisé et allumé, la foi viscérale dans le corps et dans le sang. Pour lui, le métier de comédien était celui d'un "imposteur professionnel". Pourtant, il en fit sa profession. Celui qui fut, tout d’abord, professeur d’art dramatique avant de rejoindre la prestigieuse Royal Shakespeare Compagny, commença sa carrière devant les caméras sous l’œil avisé de Ridley Scott dans les Duellistes (1977).

Après quelques films dont le Hamlet de Franco Zeffirelli, la carrière de Postlethwaite prend une nouvelle tournure en 1992 lorsqu’il est choisi par David Fincher pour jouer l’un des criminels de la planète-prison Fiorina 161 dans Alien 3. Son interprétation comme son visage ne passent pas inaperçu. S’ensuit une pelletée de seconds rôles souvent mémorables dans des films de qualité, signés de cinéastes inspirés : le Dernier des Mohicans (1992), Usuals suspect (1995), Roméo +  Juliette (1996), deux films de Steven Spielberg qui ne tarissait pas d'éloges sur son talent, Amistad (1997), Jurassic Park : Le monde perdu (1997), The Constant Gardener (2005), Inception (2010) et récemment dans the Town de Ben Affleck.

Mais pour beaucoup, il restera l’acteur de deux films formidables qu’il aura su porter de bout en bout avec un charisme rare entre subtilité, abnégation et courage. Au Nom du père (1994) et les Virtuoses (1996) synthétisent à merveille le talent d’un acteur discret reconnu de tous. Pete Postlethwaite fut, en 1993, nommé à l’oscar du meilleur second rôle pour l'interprétation de cette figure du père protégeant son fils délinquant irlandais (Daniel Day-Lewis) dans Au Nom du pèreKilling Bono, dernier film du chef d'orchestre militant dans le populaire et chaleureux Virtuoses, sortira à titre posthume sur les écrans en 2011.

Bilan 2010 – les 15 films les plus consultés sur EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 2 janvier 2011

1. Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
2. Les petits mouchoirs
3. Inception
4. Des Hommes et des Dieux
5. Arthur et la vengeance de Malthazard
6. Expendables, Unité Spéciale
7. Kaboom
8. The Social Network
9. The Killer inside me
10. Toy Story 3
11. Dans ses yeux
12. Le bruit des glaçons
13. Alice au pays des Merveilles
14. Potiche
15. Biutiful

2010 – Films : un grand écart pour que vive le 7e art

Posté par vincy, le 2 janvier 2011

2010 fut assurément une année en demi-teinte. La mirobolante 3D a certes gonflé les recettes et attiré le grand public vers des productions plus industrielles que cinématographiquement intéressantes. La fréquentation n'a pas fléchi (hormis aux Etats-Unis), que ce soit en France ou en Chine. Mais on note que les spectateurs se concentrent de plus en plus sur quelques films, le succès entraînant le succès.
L'année qui vient de passer a réservé quelques jolies surprises, comme tous les ans. Pas forcément des coups de coeur, rarement des oeuvres qui bluffent, mais le plaisir et la qualité étaient au rendez-vous. Souvent, la fraîcheur des uns nous a davantage emballés que la maîtrise des autres, l'imperfection de certains nous a davantage conquis que le savoir-faire de talents en mal de renouvellement.
On peut s'inquiéter du formatage, qui touche l'ensemble des cinémas à des degrés divers. Mais, si nous étions pessimistes, 2010 aura surtout montré que la curiosité a ses limites. Combien de "petits" films n'ont pas trouvé un public à la hauteur des espérances placées en eux? Distributeurs et exploitants vont devoir faire leur révolution, d'autant plus vite que la numérisation des salles s'accélèrent. Chaque blockbuster peut squatter (contractuellement) deux écrans d'un multiplexe, ne laissant que des miettes aux autres. On s'acharne encore à faire un marketing "à l'ancienne" quand les nouvelles technologies permettraient des campagnes et des buzz plus innovants. Et que dire de ces mercredis où 15 à 20 nouveautés sont envoyées au casse-pipe avant même d'exister dans le désir des cinéphiles. La saturation entraîne des distorsions de concurrence sur laquelle il va falloir sérieusement se pencher, avant de s'épancher sur le triste sort des films art-et-essai, indépendants, venus d'ailleurs, et tous, ainsi, marginalisés.
Cependant, soyons optimistes. D'Hollywood à la Thaïlande en passant par le reste du monde, le cinéma est en bonne santé. Financièrement, certes, il est de plus en plus coûteux (ou au contraire se produit avec des moyens dérisoires). Mais, malgré le piratage, le téléchargement légal à domicile, l'invasion des chaînes de télévision, la sollicitation d'autres loisirs (les jeux vidéos en premier lieu), il est vaillant, vigoureux, varié.
Cette diversité, si vitale, se retrouve dans deux des films les plus marquants de l'année.
Toy Story 3. Soit un énorme groupe (Walt Disney), une équipe riche en dollars (Pixar), une suite (de plus). Et pourtant, le divertissement de l'année le plus aboutit. Du scénario bien écrit à la réalisation toujours juste, des émotions qu'il procure à cette volonté de nous séduire, qu'on soit européens, américains ou asiatiques, il est le symbole le plus joyeux, et l'un des plus poétiques, de ce cinéma de masse. La preuve qu'il est possible de réussir, encore en 2010, un film où l'humour et l'aventure se conjuguent dans toutes les cultures.
À l'opposé, Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies antérieures. Oeuvre "ovni" et insolite d'un artiste intègre et cohérent, qui a su, cette foic-ci, élever son cinéma vers une proposition plus réceptive, plus généreuse. Cela ne ressemble en rien à un autre film d'un autre auteur. Oncle Boonmee, mélange de cinéma contemplatif, mystique, spirituel, et d'expérience visuelle, sensorielle et onirique, restera sans doute une création marginale pour beaucoup. Mais Tim Burton, en lui décernant la Palme d'or, ne s'y est pas trompé. Là où le cinéaste d'Alice au pays des merveilles déçoit avec des films de moins en moins inspirés, a compris que son homologue thaïlandais, Apitchapong Weerasethakul, savait filmer l'invisible et le merveilleux.

Le 7e art, plus que jamais, a besoin de films fédérateurs, où la profondeur, voire la subversion ou l'inventivité, sont indispensables pour qu'il reste cet art des masses. Il serait périlleux que seuls les grands opéras pyrotechniques attirent les foules, comme il serait suicidaire que le cinéma soit réduit à des films élitistes, qui l'enferment dans un ghettos de "happy few". Ces films dits d'auteur ont juste besoin de place pour exister, et pas seulement dans des Festivals, qui deviennent, année après année, des circuits de distribution et des aides à la production parallèles. On peut s'éclater devant des jouets en 3D comme on peut être émus avec une histoire de fantômes au milieu de la jungle siamoise.
Plus que jamais, la critique a son importance pour inciter le spectateur à oser franchir le seuil d'une salle où sera diffusé un film qui le déroutera ou le marquera. Plus que jamais, les sélections dans les grands festivals doivent continuer à mettre à égalité des cinéastes méconnus et des réalisateurs reconnus. Plus que jamais, il faut produire et aider de nouveaux talents à émerger, en faisant confiance à leur imagination et en ne leur imposant pas des schémas pré-établis. Plus que jamais il va falloir tout réinventer pour que le spectateur puisse redevenir curieux, désireux d'autres formes de cinéma, plutôt que de le voir se précipiter sur des divertissements assez vite oubliés.

Cinq idées pour demain
Face à l'invasion de marques (Disney, Harry Potter, Twilight), il faut résister.
- Changer les règles en contraignant une limitation du nombre de copies par film, en obligeant une certaine durée d'exploitation pour les plus fragiles.
- Faciliter les émergences de nouveaux talents mais surtout mieux les accompagner, de l'écriture à la production, afin de ne pas laisser le cinéma d'auteur se caricaturer, de ne pas abandonner leur oeuvre à l'état d'ébauche acceptable.
- Il faut investir dans la pédagogie, avec une éducation audiovisuelle dès les petites classes. Proposer la connaissance des "classiques" du 7e art comme on impose ceux en littérature. Cela passe aussi par le renouvellement de générations chez les journalistes de "référence", par la transmission du savoir entre critiques issus de la vague des années 60-70 et les plus jeunes. Parler de Godard c'est bien, c'est utile, mais Godard, on peut s'en désoler, n'est plus représentatif de la création actuelle.
- Aider les médias de cinéphilie plutôt que de dépendre d'émissions TV promotionnelles (et assez vides d'intérêt).
- Proposer des avantages ou des tarifs réduits pour ceux qui acceptent d'aller voir des films "difficiles", ne bénéficiant pas de 70 cinémas pour les diffuser. Après tout, on fait bien payer plus cher pour des films en 3D et on dépense quelques millions d'euros pour des mesures antipiratage sans effets (et toujours mal justifiées)!

Le cinéma ne doit pas devenir un amour imaginaire où la nostalgie d'un glorieux passé nous amène à devenir amer. Il doit demeurer cette création dynamique, en perpétuelle évolution, à condition qu'on lui donne une chance. Sinon, en effet, il deviendra abstrait, comme l'art contemporain qui se voit éclipser par les arts populaires, ou désolant, comme peut l'être la littérature dans les rayons des supermarchés et des librairies de gare. Sans prise de risques, par les producteurs comme par les exploitants, il n'y aura point de salut. Le cinéma deviendra alors une industrie, comme la télévision, et oubliera sa vocation artistique.

Défendre tous les cinémas ce n'est pas seulement une devise, c'est une exclamation pour protéger la diversité créative. C'est une manière de prouver que l'on existe grâce à nos différences. Il y a des pays, comme l'Iran ou la Chine où cette menace conduit des cinéastes en prison. Il y en a d'autres, en Occident, où le système, par perversité ou protectionnisme, tend à évincer les plus vulnérables.

Loin des éclats d'antan où le cinéma était au coeur d'une affirmation idéologique, politique, d'une revendication artistique et esthétique, on peut finir entre nous, autour d'un verre, à débattre indéfiniment de l'influence de Kubrick sur Michael Mann ou de l'importance psychanalytique dans les rôles de Deneuve. Cela sert à quoi si nous sommes en petit comité, de plus en plus réduit, sur Twitter ou entre blogueurs, si nous assistons à la fin de notre monde en celluloïd sans rien faire. Faire le constat ne suffit pas. Cela fait 15 ans, que le 7e art glisse lentement vers une exclusion de ce qui n'est pas "rentable", "chiffré", "buzzé". Il n'y a pas moins de cinéphiles. Et les outils sont là pour les rassembler. Hélas, il y a moins de prosélytisme et trop de propagande. On est ainsi passer de Michel Polac à Michel Denisot. De Jacques Chancel à Laurent Ruquier. On attend plus qu'un gros "kaboom" où cinéphiles kamikazes que nous sommes, nous nous précipiterons pour traverser l'autre côté de l'écran.

Mais comme nous sommes des rêveurs, nous croyons qu'il y a l'éternité derrière. Il y a juste 2011, qu'on espère pleine de vitalité et riche en plaisirs, remplie de promesses réjouissantes et d'étonnements mirifiques. De ceux qui nous font passer deux heures dans le noir, happer par cet écran magique, ce miroir qui nous révèle notre inconscient ou tout simplement, le monde dans lequel nous vivons. Une caverne "platonique" où tous les fantasmes sont possibles. Même les plus fous.