Pour un fils : vérité ou imposture ?
"- C’est pas Toni !
- Mais si c’est Toni, il a grandi."
L’histoire : Depuis l’enlèvement de son fils, Toni, dix ans plus tôt, Catherine tente peu à peu de se reconstruire. Elle vit seule avec son petit dernier, Hugo, âgé de 8 ans. Un soir, Omer, le policier qui a mené l’enquête sur la disparition de Toni, vient lui rendre visite. Comme elle, il semble encore hanté par le drame… Un jeune homme vient d’être découvert mystérieusement. Il prétend être le fils de Catherine et n’a qu’un seul désir : retrouver enfin sa mère…
Notre avis : le film s’ouvre sur l’image d’un adolescent qui se mutile, se met nu dans le froid, faisant subir divers sévices à son corps. Pourquoi ? On le comprend très rapidement. Cet enfant veut faire croire qu’il a été séquestré durant dix ans, revenant aujourd’hui à la vie avec un seul désir, retrouver sa mère. Mais cet enfant, désormais grand, est-il réellement Toni ? Si le film donne rapidement la réponse, on se plaît à croire, tout comme Miou-Miou, que, malgré les apparences, cette vérité est toute autre.
S’appuyant sur un dramatique fait divers, Alix de Maistre, pour son premier long-métrage, plonge dans les méandres du drame psychologique et dans le huis clos d’une famille détruite. Les sentiments peuvent-ils surpasser les liens du sang ? La quête d’amour peut-elle pousser un être à agir de la sorte ? Comment vivre malgré le mensonge ? Et peut-on vivre avec ce mensonge ? Les questions sont ici nombreuses et difficiles. Le sujet est fort mais quelques maladresses lui font de l’ombre. La musique, plutôt rare, est beaucoup trop insistante et explicite. Elle aurait gagné à être plus subtile.
Mais ce qui dessert particulièrement le film d’Alix de Maistre réside dans le déséquilibre qui s’instaure d’entrée de jeu entre les divers personnages. Tous, à l’exception de l’adolescent, sont interprétés par des acteurs (très) confirmés. Miou-Miou revêt à merveille son rôle de mère anéantie par la disparition de son enfant. On sent que, malgré les dix années qui se sont écoulées, la blessure est toujours présente, toujours ouverte, à fleur de peau. Celle-ci n’a jamais cicatrisé. Le père (Josse de Pauw, un peu moins connu), quant à lui, a quitté le domicile conjugal. Grâce à cette fuite, il peut se montrer fort mais ce n’est qu’une façade qui s’écroule rapidement à cause d’un simple souffle d’espoir. Olivier Gourmet, toujours stoïque et très charismatique, remplit bien son rôle de bon flic rongé par le remords. C’est d’ailleurs ce dernier qui le fait agir de manière irraisonnée.
Malheureusement, tout ce parfait équilibre se trouve rompu. Face à ces figures populaires du cinéma auxquelles chacun d’entre nous peut facilement s’identifier, et dans la peau d’un personnage certes très délicat à interpréter, Kévin Lelannier ne nous parle que difficilement. Il semble "en faire trop" comme on dit et ne sonne pas tellement juste. Or, c’est cette justesse qui manque au film. De plus, le dénouement de Pour un fils semble en suspens. Tout comme Miou-Miou semble attendre une réponse ou une explication, on se retrouve dans la même position qu’elle. Mais le noir se fait sur l’écran et le générique défile. On sent alors comme une absence, un manque. Lequel ? On ne sait pas…
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Vouloir aller trop au fond des choses perturbe souvent les sentiments premiers éprouvés dans un film, tendance malheureuse de trop de critiques. J’ai été touché par votre film, j’ajoute(celavous fera plaisir) que la musique de Hervé Lavandier m’a bouleversé, étant moi-même compositeur(orgue violon piano…)Si un jour vous venez présenter l’un de vos films,je viendrai vous voir à Cherbourg. Amitiés