Dernier tour de piste pour Guy Bedos (1934-2020)

Posté par vincy, le 28 mai 2020

Nicolas Bedos a annoncé le décès de son père Guy Bedos, à l'âge de 85 ans, et ce quelques jours après le départ de son complice Jean-Loup Labadie.

Star du One-Man Show (et Molière pour un de ses Zénith), humoriste de gauche mordant un camp comme l'autre, polémiste moqueur et provocateur, admirable dans l'exercice de la revue de presse, Guy Bedos a été durant plus de trente ans l'un des comédiens les plus en vue sur scène, sur le petit écran, et même sur le grand.

Il a débuté au cinéma avec des petits rôles (Les tricheurs de Marcel Carné, Ce soir ou jamais de Michel Deville, Le caporal épinglé de Jean Renoir). Le succès sur scène l'empêche de s'épanouir au cinéma, contrairement à Coluche à la même époque. Mais, à l'inverse de Thierry Le Luron et Pierre Desproges, Bedos va quand même briller au cinéma. En 1970, il incarne Claude Langmann, dans le film autobiographique de Claude Berri, Le pistonné, chronique anti-militaire. Et puis grâce à Yves Robert, qui l'avait enrôlé un première fois dans Les copains en 1965, et avec Jean Labadie au scénario, il devient l'éternel Simon dans la bande de copains du diptyque Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au Paradis (1976 et 1977). Robert l'engagera de nouveau dans Le Bal des casse-pieds, toujours scénarisé par Labadie.

Trop occupé à faire rire la France dans des salles de spectacles de plus en plus grande, on ne le voit qu'en second-rôle ou de passage dans des comédies d'époque comme Il est génial Papy et La jungle. Cependant, il a aussi fait une incursion dans les drames comme Sauve-toi Lola, le film collectif Contre l'oubli, Survivre avec les loups... Sa dernière apparition, aux côtés de Pierre Richard, Jane Fonda, Geraldine Champlin et Claude Rich, date de 2012 avec Et si on vivait tous ensemble?, jolie comédie douce amère sur le vieillissement.

A la TV, on le croise dans la série Chère Marianne, Une famille pas comme les autres, sur l'homoparentalité, et Kaamelott dans le personnage d'Anton.

Monstre de la scène

On se souviendra surtout de Guy Bedos sur les planches. Pour sa gueule d'abord. Précoce metteur en scène, l'élève de la rue Blanche débite en interprètan un premier sketch, signé Jacques Chazot, qui confronte l'auteur en homo de droite et Bedos en hétéro de gauche.  Vedette du music-hall, il partage Bobino avec Barbara, puis ses sketches, écrits par Labadie pour les meilleurs, avec Sophie Daumier ("La drague"), avant de se lancer en solo. Dès les années 1980 avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, Bedos devient un symbole de la gauche caviar, sans jamais perdre son esprit critique, combattant inlassablement contre le racisme, pour les sans-papiers, pour les mal-logés, contre l'intolérance et contre l'homophobie. En 1992, il s'offre un Bedos/Robin  d'anthologie, avec Muriel Robin. En 2003, son fils Nicolas Bedos et Gérard Miller, sur une mise en scène de Jean-Michel Ribes, lui offrent un retour au sommet. Nicolas Bedos lui écrit aussi Sortie de Scène et Le voyage de Victor. Labadie reprend sa plume pour Hier, aujourd'hui, demain. Guy Bedos signe lui-même En piste! et Rideau! en 2009, pour ses adieux.

Il a travaillé avec Jean-Paul Belmondo à leurs débuts (il était de la bande avec Marielle, Rochefort & co), Jérôme Savary (dans La résistible ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht, sans doute son plus grand rôle) et Samuel Benchetrit pour ses adieux définitifs à la scène, avec Moins 2.

"Je préfère arrêter avant de me retrouver un jour dans l’obligation d’arrêter"

De nombreux recueils de gags en digressions rédigées, il a aussi publié plusieurs livres, y compris des livres autobiographiques comme Mémoires d'outre-mère et Je me souviendrai de tout. De drôleries assumées en méchancetés insignifiantes, cette bête de scène qui maniait si bien l'autodérision, effaré par les époques qu'il a traversées, doucement mélancolique, sérieusement nostalgique, forcément coupable de ses erreurs, droit dans ses bons mots, et rigolard aux tribunaux, était une figure paternelle familière pour les uns insupportable, pour les autres salutaire.

Dans Libération, il rappelait: "J’ai passé ma vie à flirter avec la mort et l’ai même souvent espérée, depuis l’enfance. N’oublions pas aussi que je milite depuis longtemps pour le droit à mourir dans la dignité, la fin est parfois d’une telle violence et cruauté, j’ai accompagné suffisamment d’amis, comme Desproges, par exemple, pour le savoir. Mais pour en revenir à ces adieux, c’est sûr que quelque chose va mourir en moi. Comme une histoire d’amour qui s’achève. Pendant un demi-siècle, ce contact physique, charnel avec le public m’a enchanté."

Car la scène était bien une histoire d'amour, dévorante et passionnante, souvent en détriment de sa vie personnelle. Il avait pour lui une liberté de paroles qui ne serait sans doute plus possible aujourd'hui. Mais n'ayant pu être ni Woody Allen, ni Charlie Chaplin, il a du se contenter de jouer ce saltimbanque qui s'amusait à piquer les rois pour mieux conquérir les coeurs de son public. Mais derrière ce barnum, l'homme, fragile et sensible, était surtout entouré de fantômes, ceux de Desproges, de Jean Yanne, de Françoise Dorléac, avec qui il avait eu une liaison, de Simone Signoret, sa "marraine". Sans doute le départ de Jean-Loup Labadie a-t-il été celui de trop pour le gamin d'Alger qui aimait la Corse et flirter avec une certaine morbidité. Le rire était sans doute la seule arme qu'il avait pour la repousser.

Jean-Pierre Marielle nous quitte (1932-2019)

Posté par vincy, le 24 avril 2019

Le comédien Jean-Pierre Marielle est décédé mercredi à l'âge de 87 ans, a annoncé dans la soirée sa famille à l'AFP. Il était l'un des mousquetaires de la bande du conservatoire qui comprenait Jean-Paul Belmondo, Jean Rochefort, Annie Girardot, son amie de toujours, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian, Pierre Vernier et Michel Beaune. Belmondo, Fabian et Vernier sont aujourd'hui les derniers survivants.

[Portrait] Jean-Pierre Marielle: Un homme heureux

Né le 12 avril 1932, Jean-Pierre Marielle venait de fêter ses 87 ans. On a en tête son regard plein de malice, sa voix grave et chaude, caverneuse, un sourire charmeur qui pouvait se muer en rire tonitruant, sa silhouette de grand dandy, entre virilité et vulnérabilité qui lui ont permis d'incarner des rôles très différents, de la farce au drame, des navets aux grands films. "Certains trouvent que j'ai une tête d'acteur. Moi pas. J'ai une tête de rien. Au fond, c'est peut-être le mieux pour être comédien, une tête de rien pour tout jouer" écrivait l'acteur dans son autobiographie. Il avait ses humeurs, il était taciturne, il jouait de son physique, à la fois grand et moyen, comme de son mystère, son secret comme de ses colères et de ses angoisses.

S'il a été évincé de la Nouvelle Vague, la maturité l'a aidé à trouver de grands rôles par la suite. Sept fois nommé aux Césars (et toujours snobé) entre 1976 et 2008, deux fois primé par le Syndicat de la critique, Molière du meilleur comédien, Prix Lumières d'honneur, Marielle était éminemment populaire, tout en étant respectable. Trop souvent résumé à une grande gueule du cinéma français, ce fils d'industriel et de couturière, a très tôt attrapé le virus des planches, dès le lycée.

Après le Conservatoire - 2e prix de comédie - et les petits théâtre, il opte pour le cabaret, avec un certain Guy Bedos. Au cinéma, les rôles sont décevants. Il faudra qu'il attende la trentaine, alors que Belmondo triomphe déjà dans les salles. Si au cinéma, c'est plutôt un drame qui le révèle (Climats, 1962, avec Marina Vlady), c'est bien dans la comédie qu'il va exceller.

Dans les années 1960, il enchaîne Faites sauter la banque ! de Jean Girault, Week-end à Zuydcoote de Henri Verneuil, Monnaie de singe d'Yves Robert, Tendre Voyou de Jean Becker, Toutes folles de lui de Norbert Carbonnaux, Les Femmes de Jean Aurel. Mais c'est Philippe de Broca qui va le mieux exploiter son excentricité. Après Un monsieur de compagnie en 1964, il incarne un dragueur un peu beauf et frimeur, play-boy proche du ridicule, dans Le Diable par la queue.

Les années 1970 seront plus passionnantes pour le comédien, passant de la noblesse au père de famille libidineux, d'un homme en quête de bonheur à un père protecteur, d'ogre à policier, en passant par un double rôle de proxénète et de militaire. Il devient une tête d'affiche et aligne les grands noms du cinéma français dans sa filmographie, même du côté des oubliables (de Audiard à Mocky).

Les Caprices de Marie de Philippe de Broca, Quatre mouches de velours gris de Dario Argento, Sans mobile apparent de Philippe Labro, Que la fête commence de Bertrand Tavernier, Dupont Lajoie d'Yves Boisset, Les Galettes de Pont-Aven de Joël Séria, film iconique de sa carrière... Il tourne trois fois chez Claude Berri (Le pistonné, Sex-shop, Un moment d'égarement). Et fait la rencontre de Bertrand Blier (Calmos, 1976).

En revoyant certaines scènes, la palette de ses rôles (et des métiers qu'il a incarné), on se rend compte qu'il était immense, capable de jouer le misérable comme l'aristocrate, le Français sympathique avec un béret ou celui plus rigide dans son uniforme. Il pouvait être dépressif ou humaniste, hypocrite ou déjanté, jouant pour jouer et donnant ses lettres de noblesses au jeu plutôt qu'au je.

Marielle a eu des flops, mais avec son double rôle dans Coup de torchon de Bertrand Tavernier, les succès de Signes extérieurs de richesse de Jacques Monnet et Hold-up de Alexandre Arcady, sa sensibilité dans Quelques jours avec moi de Claude Sautet, son charisme en nanti déprimé dans Tenue de soirée de Bertrand Blier, il survole les années 1980 sans trop de maux.

Il apprécie les films de groupes: ainsi, il retrouve en 1990 Claude Berri pour Uranus, s'amuse dans Les Grands Ducs de Patrice Leconte, s'intègre dans Une pour toutes de Claude Lelouch et se joue lui-même dans Les Acteurs de Bertrand Blier. Avec ce dernier, il touche au cœur dans Un, deux, trois, soleil. Il fait aussi un pas de côté avec Max et Jérémie de Claire Devers. Noiret, Rochefort sont toujours autour. Il croise aussi Depardieu, Auteuil, Cassel. Il passe de Parillaud à Paradis, de Bonnaire à Sagnier, d'une génération à l'autre.

Mais son grand film restera à jamais Tous les matins du monde d'Alain Corneau, où il interprète un compositeur mutique du XVIIe siècle, Monsieur de Sainte-Colombe, connu pour son austérité et sa sévérité. Le film attire plus de 2 millions de spectateurs en France et la BOF de Jordi Savall est un phénomène cette année là.

Depuis 4 ans, Jean-Pierre Marielle ne tourne plus. Les années 2000 n'auront pourtant pas été moins éclectiques. La Petite Lili de Claude Miller, Demain on déménage de Chantal Akerman, Les Âmes grises d'Yves Angelo, Da Vinci Code de Ron Howard (soit son plus gros succès au box office mondial), qui ouvre Cannes en 2006, Faut que ça danse ! de Noémie Lvovsky, Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet et les voix d'Auguste Gusteau dans Ratatouille en VF et celle du vilain dans Phantom Boy en 2015, dernier générique où il est crédité.

On l'a aussi vu dans le deuxième épisode de Capitaine Marleau et surtout au théâtre, son lieu qu'il n'a jamais abandonné. Il y a joué Molière, Ionesco, Ustinov, Giraudoux, Feydeau, Pirandello, Pinter, Stoppard, Anouilh, Tchekhov, Claudel, Guitry et y a lu la correspondance de Groucho Marx des Marx Brothers. Amoureux de jazz et de poésie, il avait toujours une musique en tête, un air ou des mots.

Sacré carrière. Pourtant, dans son livre, Le grand n'importe quoi (2010), il disait "vouloir vivre entre deux mondes, et de préférence plutôt du côté de la rêverie, ce qui est assez contradictoire avec toute velléité de carrière, c'est-à-dire de travail. " Ce qu'il cherchait c'était la rencontre. Même s'il nuançait. "Je prends beaucoup de plaisir à la conversation et n'aime rien tant qu'on me foute la paix : je suis un misanthrope mondain, un solitaire bavard" écrivait-il. Comme Marielle aimait le dire, "La communication silencieuse est un idéal." Alors silence.

C’est quoi la mort, François Dupeyron? (1950-2016)

Posté par vincy, le 25 février 2016

Il était sensible, engagé, écorché, défenseur des marginaux et des mis-à-l'écart, des êtres abimés et des âmes nobles. François Dupeyron a succombé à sa longue maladie, à l'âge de 65 ans. Dès son premier long métrage, il a laissé son empreinte sur le cinéma français. Drôle d'endroit pour une rencontre. Deneuve, Depardieu, une aire d'autoroute, un duo de légende dans un lieu improbable, nocturne. Pour que le film se fasse, Deneuve est exceptionnellement coproductrice. Dupeyron s'attaque à deux monstres, il a 38 ans, et quatre courts métrages derrière lui, dont La Dragonne, Grand Prix à Clermont-Ferrand, La nuit du hibou et Lamento (tous deux César du meilleur court métrage).

Né le 14 août 1950 dans les Landes, cet écrivain et cinéaste a navigué dans des récits où les individus sont cassés par un accident du destin et tentent de se reconstruire. Après Drôle d'endroit pour une rencontre, et 4 nominations aux César à la clé, il signe Un coeur qui bat (1991), triangle amoureux de mal-aimés, La machine (1994), film un peu raté où il revisite le mythe de Dr Jekyll et Mister Hyde, et C'est quoi la vie? (1999), avec la superbe photo de Tetsuo Nagata, filmé dans les Causses. Ce drame social et romantique est sa première collaboration avec Eric Caravaca (César du meilleur espoir masculin) et lui vaut la Coquille d'or du Festival de San Sebastien.

Il retrouve deux ans plus tard Caravaca pour La Chambre des officiers, fresque sublime et bouleversante sur les gueules cassées de la Grande Guerre. Deux fois césarisé (Tetsuo Nagata pour la photo et André Dussolier pour le second-rôle masculin) sur 8 nominations (dont film et réalisateur), le film fait son avant-première mondiale en compétition à Cannes. Il séduit plus de 700000 spectateurs en France, de loin son plus gros succès.

En 2003, il adapte Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, le dernier grand rôle d'Omar Sharif, en épicier turc et philosophe du 9e arrondissement de Paris. L'acteur recevra le César l'année suivante.

De là, le parcours de Dupeyron sort des sentiers battus et prend des chemins de traverse avec Inguélézi (toujours avec Eric Caravaca), Aide-toi le ciel t'aidera et en 2013, Mon âme par toi guérie, distingué par la critique mais boudé par le public.

En 2009, il reprend la mise en scène de Trésor quand Claude Berri décède. Il a également écrit les scénarios du Fils préféré de Nicole Garcia, d'Un pont entre deux rives de Fred Auburtin et Au plus près du soleil d'Yves Angelo. François Dupeyron a aussi été écrivain avec cinq romans parus entre 2002 et 2010. Ironique de la part de celui qui disait au journal Libération il y a douze ans: "Je suis venu au cinéma, gamin, parce que j'étais nul à l'écrit".

Immigrants clandestins, soldats à la chair meurtrie, femme plaquée, banlieusards oubliés,  fils endeuillé, motard percutant un gamin, François Dupeyron aimait les esprits assombris par la mélancolie ou la tragédie, mais ne rechignait pas à insuffler de la lumière, de l'érotisme ou de la légèreté dans ses histoires. Mais son pessimisme le gagnait souvent, conscient de voir le monde se fracturer devant ses yeux. Il avait fondé l'association militante d'extrême-gauche Cinélutte dans les années 1970. De cet engagement, il a été remercié par un Prix France Culture Cinéma en 2009.

De cet activisme, il avait gardé une rage qui 'est pleinement exprimée lors de la sortie de Mon âme par toi guérie, où, dans son dossier de presse, le cinéaste accusait le cinéma français et son système de financement (lire La colère de François Dupeyron : un « système totalitaire », des « producteurs incultes »). Il en avait souvent souffert. Projets avortés, sorties massacrées. François Dupeyron, malgré son indéniable talent à adapter des romans pour les transformer en oeuvres singulières, a sans aucun doute était l'un des cinéastes français doués qui a été gâché par un cinéma français qui ne le comprenait sans doute pas.

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Adèle Exarchopoulos, Tilda Swinton, Catherine Deneuve, Vincent Cassel …

Posté par redaction, le 14 mai 2014

marché du film - cannes- StudioCanal vient d'acheter les droits de deux films internationaux.
Le premier projet est celui de James Watkins (La dame en noir) intitulé Bastille Day. Il s'agit d'un thriller d'action qui mettra en scène Adèle Exarchopoulos et Idris Elba (Mandela). Le tournage est prévu cet été à Paris.
Le second projet quant à lui réunira Ralph Fiennes et Tilda Swinton, tous deux vu récemment ensemble dans The Grand Budapest Hotel, ainsi que l'australienne Margot Robbie (Le Loup de Wall Street) et le belge Matthias Schoenaerts (De rouille et d'os). Il s'agit d'un thriller sur fond de séduction. Le tournage est également prévu cet été mais cette fois en Italie.

- Catherine Deneuve retrouve Emmanuelle Bercot. Après Elle s'en va (en compétition au Festival de Berlin l'an dernier), la réalisatrice et la comédienne tourneront La tête haute (Standing Tall pour le marché du film). Produit par la société Elle Driver, le film mettra en scène Deneuve dans le rôle d'une juge pour enfant qui s'occupe d'un jeune délinquant. Benoît Magimel et Sara Forestier feront partis du casting.

- Vincent Cassel va aussi célébrer des retrouvailles avec un cinéaste qu'il connaît bien puisqu'il s'est engagé sur le tournage du prochain Jean-François Richet, le réalisateur du diptyque Mesrine. Cassel jouera aux côtés de François Cluzet dans Un moment d'égarement, remake de la comédie de Claude Berri sortie en 1977. Dans ce film originel, deux amis, la fille de Victor Lanoux, 16 ans, tombait amoureuse de Jean-Pierre Marielle. Cassel reprendra le rôle de Marielle tandis que Cluzet héritera de celui de Lanoux.

Tess en version restaurée : du calvaire aux Oscars, par Roman Polanski

Posté par kristofy, le 17 décembre 2012

tess roman polanksi nastassja kinski

C’est une de ces œuvres qui mérite le qualificatif de chef-d’œuvre. Tess de Roman Polanski a été couronné par trois Oscars (Meilleure Photographie, Meilleure Direction Artistique et Meilleurs Costumes), un Golden Globe (Meilleur Film Étranger) et trois Césars (Meilleur Film, Meilleur Réalisateur et Meilleure Photographie).  Les prix ne font pas une oeuvre, mais ils y contribuent.

33 ans plus tard Tess est de retour sur les écrans (en salles de cinéma mais aussi en DVD et Blu-ray) dans une version restaurée pour le (re)découvrir dans les meilleures conditions. Cette restauration a été effectuée sous la supervision de Roman Polanski lui-même et d'Hervé de Luze (monteur son de Tess devenu ensuite le monteur attitré de Polanski pour ses autres films) : elle avait été présentée au dernier festival de Cannes en présence de son actrice, Nastassja Kinski.

Film formellement sublime, et assez froid, comme souvent avec le cinéaste,  Tess est surtout d'une méticulosité et d'une précision dans les reconstitutions que l'on pourrait rapprocher l'obsession de Polanski à celle d'un Kubrick.  Tourné sur les côtes bretonnes et normandes (il a même replanté des centaines d'arbres et recouvrir l'asphalte de terre), le film est si perfectionniste qu'on en oublie le récit morbide où les paysages et les climats servent de linceul à une Nastassja Kinski belle et innocente, piégée et saccagée par les orgueils, les préjugés et finalement la société : un film 100% "polanskien", finalement.

Un tournage épique, coûteux, dément

Dans sa biographie Roman by Polanski le cinéaste consacre plus d’une vingtaine de pages à l’aventure de son film Tess. Extraits choisis et condensés des mots de Roman Polanski à propos de Tess :

« Une fois trouvé le milieu rural que nous cherchions, il faudrait le filmer l’année durant, du début du printemps aux profondeurs de l’hiver en passant par le plus fort de l’été. Ce plan de tournage d’une longueur inhabituelle donnerait forcément un film coûteux. Nous étions encore à la recherche de certains lieux quand le tournage commença, il allait se poursuivre pendant neuf mois. Nous acquîmes peu à peu une véritable existence communautaire et un rythme qui nous était propre, avec des naissances, des morts, des idylles et des divorces, des instants du plus haut comique ou de pure tragédie. Nous étions comme une fête foraine qui parcourut la Normandie à partir du milieu août, la Bretagne en automne et en hiver, et retrouva au printemps des lieux que nous avions appris à connaître plusieurs mois auparavant. Tess était le film le plus coûteux jamais réalisé en France. Il y avait quelque quatre-vingts lieux de tournages et il fallait du temps pour y parvenir, tout installer, puis gagner le suivant. Le mauvais temps ne cessa de nous retarder. La plus importante et la plus irritante de nos dépenses fut indépendante de notre volonté : les techniciens de la SFP firent grève à trois reprises en conflit avec leur autorité de tutelle, elles nous avaient coûté plus qu’un mois entier de travail.

La première allemande de Tess fut désastreuse.

Le système Dolby Stéréo n’avait pas encore pénétré en France. Je tenais absolument à l’utiliser pour le mixage de Tess. Montage et mixage tournèrent au cauchemar. A cause de notre date limite, nous étions contraints de faire des tas de choses à la fois. Pour cette course contre la montre, j’utilisai simultanément et continuellement cinq salles de montage. Je savais que le film marchait. Je ne considérais pas sa longueur comme un défaut, elle conférait à Tess une qualité assez spéciale.

La première allemande de Tess fut désastreuse. Les critiques versèrent dans le sarcasme. Ils regrettèrent unanimement que je ne m’en fusse pas tenu à ce que je faisais de mieux : les films d’horreur. La sortie parisienne suscita de bonnes critiques et beaucoup de publicité. Tess durait presque trois heures, cela signifiait trois séances par jour au lieu des quatre habituelles et la recette était diminuée d’autant. Aucune offre américaine ne se profilait à l’horizon. Aussi coupable que je puisse me sentir de la faillite qui menaçait Claude Berri, je ne pouvais lui permettre de projeter au public une version abrégée de Tess et, en tout cas, pas sans m’être battu. Et d’ailleurs le film marchait bien en France. Nous n’avions toujours pas d’offre ferme d’un grand distributeur américain. Francis Ford Coppola était décidé à ce que sa boite Zoetrope distribue le film mais à la condition qu’un nouveau travail soit effectué sur le montage. Nous nous penchâmes au dessus d’une table de montage et examinâmes Tess ensemble. Nous n’étions manifestement pas sur la même longueur d’onde. On n’entendit plus parler de la solution Coppola. Enfin, plus d’un an après sa sortie européenne, Columbia manifesta un peu d’intérêt pour le film. Le raisonnement des pontes de Columbia était que, sans faire un sous, Tess avait en revanche des chances d’être sélectionné pour les Oscars. Grâce aux bonnes critiques tardives et au bouche à oreille, il devint quand même un succès commercial. Tess fut sélectionné pour six Oscars. Le film me valut trois Césars en France et les meilleures critiques de ma carrière aux Etats-Unis. Les journalistes cinéma de Los Angeles m’élurent meilleur metteur en scène de l’année.

Je ne voulais plus jamais faire de film.

Cette confirmation de mes thèses par le public arrivait trop tard. Quand la première tendance, si désastreuse, s’inversa j’étais blindé et, je ne sais comment indifférent. Les neufs mois d’enchantement qu’avaient été le tournage et les deux années de malheur qui avaient suivi me laissaient tout à fait désabusé : je ne voulais plus jamais faire de film. »

Le film attira presque 2 millions de spectateurs dans les salles. Il rapporta 20 millions de $ aux USA, soit à peu près autant que Fame, Raging Bull et American Gigolo.

L'histoire se situe dans l’Angleterre du 19ème siècle. Un paysan du Dorset, John Durbeyfield, découvre par hasard qu’il est le dernier descendant d’une grande famille d’aristocrates. Motivé par le profit qu’il pourrait tirer de cette noblesse perdue, Durbeyfield envoie sa fille aînée, Tess, se réclamer de cette parenté chez la riche famille des d’Urberville. Le jeune Alec d’Urberville, charmé par la beauté de sa « délicieuse cousine », accepte de l’employer et met tout en oeuvre pour la séduire. Tess finit par céder aux avances d’Alec et, enceinte, retourne chez ses parents où elle donne naissance à un enfant qui meurt peu de temps après. Fuyant son destin, Tess s’enfuit de son village et trouve un emploi dans une ferme où personne ne connaît son malheur. Elle y rencontre son véritable amour : un fils de pasteur nommé Angel Clare. Ce dernier, croyant que Tess est une jeune paysanne innocente, tombe éperdument amoureux d’elle et, malgré l’abîme social qui les sépare, la demande en mariage. Mais lors de la nuit de noces, Tess confie à Angel son lourd secret. Accablé, incapable de lui pardonner, Angel quitte Tess et part pour le Brésil. Pendant de longs mois, Tess attend désespérément le retour de son mari en travaillant dur pour sa survie et celle de sa famille, jusqu’à ce que le destin ramène Alec d’Urberville dans sa vie.

Rien à déclarer : les héritiers de Claude Berri gagnent leur procès contre Pathé

Posté par vincy, le 21 septembre 2011

Les héritiers de Claude Berri, Thomas et Darius Langmann, ont gagé une bataille judiciaire qui aura duré deux ans contre Pathé et son patron Jérôme Seydoux.

Le Tribunal de Commerce de Paris a reconnu "que les droits légitimes de la (société) La Petite Reine sur le film Rien à déclarer n'avaient pas été respectés en dépit des accord signés par Claude Berri, Jérôme Seydoux et Dany Boon" explique le communiqué de l'avocate Maître Florence Watrin.

Pathé est ainsi "condamné à réparer le préjudice et à verser 30% de tous ses droits à recettes sur l'exploitation de Rien à déclarer sans limitation de durée jusqu'à concurrence de 12 millions d'euros". Pathé a désormais un mois pour communiquer les comptes du film, sous astreinte de 3 000 euros par jour de retard.

Voilà ce qui arrive quand on ne respecte par le droit de préférence que Dany Boon avait signé avec Claude Berri pour réaliser son troisième film. Le contrat stipulait en effet que la société de Berri produirait ses deux premiers films en lui garantissant une préférence pour le troisième.

Mais Claude Berri décède début 2009, après le triomphe de Bienvenue chez les Ch'tis et Pathé récupère Boon, évinçant Thomas et Darius Langmann, se considérant comme seul détenteur des droits.

Pathé va cependant faire appel.

Le pactole n'est pas négligeable. Rien à déclarer a attiré 8,1 millions de spectateurs dans les salles françaises, 2 millions de spectateurs dans les pays étrangers où il est sorti (soit 13,5 millions d'euros de recettes!). Il est d'ailleurs, au niveau mondial, la 25e plus grosse recette de l'année (environ 90 millions de $ soit presqu'autant que Green Lantern). C'est le 2e meilleur score pour un film non hollywoodien, derrière Henkyu Densha (120 millions de $)

La guéguerre de La guerre des boutons

Posté par redaction, le 6 septembre 2011

Un nouveau doublon dans le monde du cinéma voit le jour. Et ce n’est ni le premier, ni le dernier. Deux films  avec la même histoire, deux dates de sorties proches (14 et 21 septembre), même titre et même budget (13 millions d'euros, et sans doute un peu plus pour accélérer les délais de post-productions)... Les différences sont sur le générique : deux réalisateurs aux itinéraires différents et des acteurs connus d'un côté comme de l'autre. Deux films que l’on pourrait dire jumeaux. Mais des jumeaux dont la dualité soulève et même fabrique le duel.

Course de vitesse

D’un côté, un film de Christophe Barratier, produit par Thomas Langmann (producteur de Astérix aux Jeux Olympiques), avec Guillaume Canet, Kad Merad, Gérard Jugnot, ou encore Laetitia Casta. Du lourd en cinéma. Le cinéaste de la France du passé (Les Choristes, Faubourg 36), celui d'une carte postale jaunie et nostalgique au service d'une machine de guerre populaire... La (nouvelle) Guerre des boutons est à peine terminée (le tournage s'est arrêté en août) qu'elle est déjà prête à sortir en salles (le 21 septembre).

Et de l’autre, un film de Yann Samuell, plus habitué à la comédie romantique et les rapports entre générations comme L'âge de raison et Jeux d'enfants), produit par Marc du Pontavice (producteur de Gainsbourg, vie héroïque), avec Alain Chabat, Fred Testot, Mathilde Seigner et Eric Elmosnino. Registre un peu plus populaire, quoique. Premier lancé (en production), premier tourné, premier sorti : le 14 septembre.

A l'origine, les deux films étaient prévus pour l'hiver 2012, puis avancés à l'automne 2011, pour finalement se faire leur guerre en pleine rentrée scolaire, rivalisant en affichage publicitaire et en marketing. Si pour l'instant personne ne parle des films, les médias se font une joie de traiter le sujet sur le mode de la rivalité... Lequel finira à poil?

La plus célèbre adaptation du roman de Louis Pergaud (de son titre complet La guerre des boutons, roman de ma douzième année) est celle de Yves Robert, réalisée en 1962, et produite par Claude Berri, père de Thomas Langmann. Barratier et Samuell n'étaient même pas nés. Ce n’était cependant pas la première. En effet, la toute première adaptation de ce roman au cinéma fût réalisée en 1936 par Jacques Daroy et s’intitule La Guerre des gosses (où l’on y retrouve Charles Aznavour). Sans oublier une version québécoise, La guerre des tuques, en 1984.

Cette histoire de gamins et de conflits semble traverser le temps. A la manière d’un arbre, l’histoire voit les époques et les générations évoluer. La guerre des boutons, une histoire indémodable ou un passé révolu et regretté?

Pourquoi un (double) renouveau de cette histoire au cinéma d’un seul coup? Tout simplement parce que les droits du film tombent dans le domaine public. Et ce n’est pas la règle du “premier arrivé, premier servi” qui a prôné pour en refaire une version (enfin deux) 21ème siècle. Les deux producteurs (et les scénaristes associés à ce sale coup) ont un lien affectif avec l'histoire (ou le film) et ont trouvé des financements (TF1, Canal +...) : tout le monde les a aidés à persévérer!

Cependant, en aucun cas, il ne s'agit d'un remake du film culte et populaire de Robert puisque seule Danièle Delorme, la veuve du cinéaste, en a possède les droits. Certaines répliques du film ne seront donc pas entendues dans les nouvelles versions. Pourtant, le fameux "Si j'aurais su, j'aurais pas venu" se serait monnayé très très cher!

"Le premier qui a tiré a gagné" - Mathilde Seigner

Une guerre d’égo plus qu’une guerre de boutons. Une guerre de producteurs où les réalisateurs ne sont que des pantins aux ordres d'un concept. Aucun ne veut capituler. C’est à qui fera le plus d’entrées. Au risque d'avoir deux perdants au bout du compte. Le vrai gagnant pourrait être celui qui séduit les enseignants. On imagine mal les deux nouveaux films recevoir le même accueil que celui de Robert, prix Jean Vigo en 1962, avec ses 9,89 millions d'entrées. Elle pourra être revue en salles, à l'occasion d'une ressortie le 12 octobre en version restaurée.

Mais historiquement, lors de ce genre de doublons, le deuxième film devient vite le "maudit". Valmont après Les liaisons dangereuses, Coco Chanel & Igor Stravinsky après Coco avant Chanel, Robin des Bois en deux versions hollywoodiennes en 1991, Infamous après Capote, et bientôt deux films sur Blanche-Neige...

Et c'est vrai que La guerre des boutons de Samuell semble là encore la mieux partie : première à sortir, casting plus familial (Chabat, Seigner), multiples avant-premières (160 au total), partenariat avec Gulli... Typiquement le film dont les moins de 12 ans peuvent faire le succès, accompagnés de leurs parents. Celui de Barratier mise sur une plus grosse machinerie marketing, mais dispose de quelques faiblesses : un casting connu des adultes mais peu des enfants (hormis Merad), des affiches plus noires, plus sombres,  et une sortie une semaine plus tard.

Même si la presse voyait les films aboutis, la critique ne ferait pas la différence.

Cette guéguerre révèle avant tout un appauvrissement artistique et financier du cinéma français : il y a peut-être mieux à faire avec 13 millions d'euros, qu'un "remake" et surtout deux "remakes" simultanés. Les projets ne manquent pas, et les scénarios brillants et originaux non plus.

Tous les chemins mènent à Astérix, n’est-il pas?

Posté par vincy, le 2 février 2010

Le groupe a récemment pris la majorité des parts des éditions Albert-René, dans la douleur, devenant ainsi le principal décideur pour les droits d'Astérix, la bande dessinée française la plus lucrative dans le monde. Et à peine quelques mois après cette emprise sur le patrimoine du Gaulois, on note un changement majeur : ce ne sera plus La Petite Reine, la société de production de feu Claude Berri, qui sera en charge de la suite des aventures d'Astérix au cinéma.

En effet, après le désistement d'Europacorp (Luc Besson), Hachette a laissé en concurrence La Petite Reine, désormais gérée par le fils de berri, Thomas Langmann, co-réalisateur du troisième épisode cinématographique, et Fidélité productions, qui vient de signer le plus gros succès français de l'année, Le Petit Nicolas.

Fidélité a gagné la compétition avec un projet rassurant. Car la saga Astérix n'a pas été de tout repos au cinéma. Quand Claude Berri décide de sauter le pas, sous la pression de son fils fan de la BD, il confie la réalisation à Claude Zidi. Avec 9 millions de spectateurs, Astérix et Obélix contre César séduit en France, mais aussi, grâce à un casting européen, à l'international. Hélas, les médiocres effets spéciaux et le scénario ennuyeux ne persuadent pas beaucoup de critiques. Berri pense alors confier le prochain épisode au Splendid, qui cherche alors à se réunir. C'était avant Les Bronzés 3. Ils commencent l'écriture de l'adptation d'Astérix en Hispanie, mais Uderzo, à la lecture du script, rejette le projet. berri change de fusil d'épaule et demande à Chabat une autre version. L'ex-Nul opte pour Astérix et Cléopâtre, à sa sauce. Malgré ses défauts, le film est à la fois le plus gros succès de la série, l'un des plus importants triomphes au box office de ces trente dernières années, et reçoit des critiques plutôt favorables. 14,5 millions de spectateurs plus tard, Berri lance une autre suite. Elle sera co-réalisée par Langman et Frédéric Forestier. Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques change d'acteur pour le héros gaulois, embauche Poelvoorde et Delon, coûte 78 millions d'euros et se "plante" à 6,8 millions de spectateurs. Pas un échec mais une sérieuse déception quia certainement pesé dans la décision d'Hachette.

Résultat des courses, Astérix 4 change d'équipe. Après avoir adapté Goscinny pour Le Petit Nicolas, Fidélité et Laurent Tirard s'attaquent à un autre monument de Goscinny, Astérix chez les Bretons. On attend encore de voir qui interprétera les villageois bretons, et quand le tournage débutera.

Trésor : la débandade

Posté par benoit, le 11 novembre 2009

TrésorL’histoire : Jean-Pierre et Nathalie s'aiment depuis cinq ans. Pour fêter cet anniversaire, Jean-Pierre offre à sa compagne un cadeau inattendu, un adorable bouledogue de quatre mois. Nathalie est folle de joie… 

Notre avis : Le bouledogue anglais est un genre de chien divinement hideux tout droit sorti du Moyen Age. Clébard à la du Guesclin, il ne cesse de ronfler, de péter et de bouffer vos pantoufles, vos slips, vos pieds de chaise à longueur de journée. Pour se faire pardonner, ce cochon à poil ras affiche une gueule ridée, un museau écrasé et trimballe un éternel regard de dépressif. Tout ce que j’aime ! Si, comme Nathalie (Mathilde Seigner), un Jean-Pierre (Alain Chabat) venait à m’offrir un gros bébé comme ça, je tomberais raide dingue. Me ferait appeler papa sur-le-champ. Peut-être même maman dans mes meilleurs jours !

C’est la seule chose à retenir de Trésor : les bouledogues. Malgré le triste contexte de cette comédie canine que l’on aurait aimé aimer ; il faut se rendre à l’évidence, le presque dernier opus de Claude Berri est consternant. Mathilde Seigner, la grande gueule du cinéma français qui n’a toujours pas trouvé la distance entre sa "nature très naturelle" et l’interprétation de ses personnages, la met en veilleuse pour une fois. Ça nous fait des vacances ? Même pas parce qu’il aurait fallu qu’elle aboie en chœur avec son cleps pour donner un peu de vie à ce pachyderme de film. Alain Chabat fait dans le minimum syndical et – intelligence oblige – s’en tire un peu mieux que sa partenaire. Quant à François Dupeyron, si bien parti avec Drôle d’endroit pour une rencontre, œuvre crépusculaire et hors norme de la fin des eighties, il n’en finit pas depuis de s’essouffler. Ce coup-là, il échoue comme une baleine agonisante sur la plage d’Ostende. À l’image de Nathalie et de Jean-Pierre, couple encore frais, mais au teint vert et aux poches sous les yeux perpétuellement gonflées (chapeau les maquilleurs !).

Si encore les protagonistes avaient eu la soixantaine ! Si leur progéniture s’était envolée depuis belle lurette du logis familial et « avait leur vie à eux » comme on dit ! Si Trésor se retrouvait alors en pleine crise de seniors ! Ah, Deneuve ! Ah, Dussolier ! Ah, les mêmes chiens ! Quel film cela aurait été !...  Enfin bref, je parle, je parle, mais c’est pas tout ça, faut que j’y aille. Maman te sort, mon amour ! Ben quoi ?... Papa, maman, c’est du pareil au même tout ça. De toute façon, même si j’ai pas de Jean-Pierre, j’ai mon gros Trésor à moi. Allez viens mon bébé, on va voir autre chose au cinéma !

15 ans après Giorgino, Mylène Farmer croit de nouveau au cinéma

Posté par vincy, le 11 septembre 2009

18858406.jpgEn musique, elle aligne les records. Rien que cette année, Mylène Farmer aura été la première artiste en 25 ans d'existence du Top 50 à avoir aligné tous ses singles en pôle position des ventes, la première chanteuse française à se produire au Stade de France (aujourd'hui et demain). Elle aura conforté sa place de plus grosse vendeuse de disques en France depuis 1984 (six disques de diamant). Mylène Farmer c'est aussi des clips, souvent inoubliables. La plupart des vidéos a été réalisée par Laurent Boutonnat mais elle a aussi demandé à des cinéastes comme Luc Besson, Abel Ferrara, puis à d'autres vidéastes de se charger de son mythe "audiovisuelomusical".

En revanche au cinéma, la Mylène a eu moins de chance. Certes elle a prêté sa voix à la Princesse Sélénia dans Arthur et les Minimoys. Sans compter les nombreuses BOF où la chanteuse est sollicitée. On se souvient surtout du plantage du film de Laurent Boutonnat, Giorgino, en 1994. Même pas 70 000 entrées après un an de montage et des mois de tournage. L'acteur du film, Jeff Dahlgren, a d'ailleurs disparu. Boutonnat a racheté les droits. Aucune exploitation commerciale n'est possible, mais il a quand même sorti le film en DVD il y a deux ans. L'échec ne fut pas seulement public, mais aussi critique. Farmer, pourtant fascinée par le cinéma, n'a pas réitéré l'aventure.

Jusqu'à maintenant. Opportunément, à la veille de son méga-show (dont les images ont été confiées à notre ami Alain Escalle), la Mylène annonce son retour sur grand écran, et pas dans ceux des stades. Elle devrait incarner le personnage de Tess, issu du livre L'ombre des autres, roman écrit par Nathalie Rheims, scénarisé par feu Claude Berri et produit par Luc Besson. Rheims et Berri c'était une longue histoire d'amour. Farmer et Besson c'est assurément une belle histoire d'amitié professionnelle. Le film serait en tournage au début de l'année 2010, réalisé par Bruno Aveillan. On lui doit des spots de pub célèbres et primés. Notamment La foule de Perrier. Il aussi exposé dans le monde entier, avec son approche en vidéo expérimentale. Il a surtout tourné le récent clip du tube de la chanteuse, "Dégénération". Ce serait son premier long métrage.

Farmer en rôle principal, loin de Boutonnat. Elle interprétera une chercheuse en médecine du 19e siècle, confrontée à des phénomènes étranges et inexplicables. Le visible et l'invisible se mélangent alors, entre rationalisme et paranormal, avec des réminiscences gothiques qui ne déplairont pas à la chanteuse.
A 48 ans, celle qui voudrait qu'on ne l'oublie pas, pourrait parier sur le cinéma pour accentuer la valeur de son mythe. Icône pop, elle cherche sans doute dans l'image une jeunesse éternelle. Pour l'instant elle attire davantage de monde dans les stades que dans les salles. Le pari est risqué.