Cannes 2015 : Un certain regard se porte sur l’Islande, l’Asie et l’Europe de l’Est

Posté par MpM, le 23 mai 2015


"L'expérience d'avoir visionné dix-neuf films, en provenance de vingt et un pays différents reste en notre mémoire. Nous avons l'impression de prendre un avion et de survoler notre planète et ses habitants... N'importe quel anthropologiste nous envierait." C'est avec ces quelques mots qu'Isabella Rossellini, présidente du jury Un certain regard, a résumé les dix jours qui viennent de s'écouler.

Elle a également tenu à "exprimer personnellement [sa] gratitude envers le festival pour avoir choisi [sa] mère Ingrid Bergman pour l'affiche du 68e Festival de Cannes". "Mamma plane au-dessus de nous tous, réalisateurs et cinéphiles, tel un ange gardien", a-t-elle souligné.

Le jury de la section Un certain regard a récompensé six des dix-neuf longs métrages qui concourraient cette année, privilégiant les films venus d'Asie (trois sur six) et d'Europe de l'Est (2 sur 6). Le prix principal a été accordé à Hrutar de Grimur Hakonarson (Islande) qui met en scène deux frères éleveurs de moutons fâchés depuis quarante ans. Le réalisateur Kiyoshi Kurosawa, habitué du festival de Cannes où il a présenté Jellyfish en compétition en 2003, a également été distingué pour la mise en scène de Vers l'autre rive.

Le palmarès, équilibré, récompense ainsi tous les styles cinématographiques, du film fantastique à la chronique plus intimiste en passant par la fable sociale, et fait la part belle aux jeunes cinéastes en décernant un prix spécial à deux premiers films : Masaan de Neeraj Ghaywan (Inde) et Nahid d'Ida Panahandeh (Iran).

Prix un Certain Regard
Hrutar (Rams) de  Grimur Hakonarson

Prix du jury
Zvizdan (The High Sun) de Dalibor Matanic

Prix de la mise en scène
Kiyoshi Kurosawa pour Kishibe no tabi (Vers l'autre rive)

Prix Un Certain Talent
Comoara (Le trésor) de Corneliu Porumboiu

Prix de l'avenir ex aequo
Masaan (Fly away solo) de Neeraj Ghaywan
Nahid d'Ida Panahandeh

Cannes 2015: Carte postale d’Australie

Posté par vincy, le 23 mai 2015

cinéma en plein air à Broome en Australie

C'est loin l'Australie. Il n'y a même pas de vols directs en provenance d'Europe. Cela n'empêche pas de voir de plus en plus de films en provenance de ce pays-continent. D'autant plus qu'il souffle un vent nouveau du côté des auteurs.

Cependant, tout n'est pas rose "Down Under". Le pays est un coproducteur international important, un lieu de tournage pour Hollywood. Mais à peine 50 films (les très grandes années) y sont produits. La part de marché des films australiens est même famélique, dépassant rarement les 10%. Le dernier gros triomphe date de 1986 avec Crocodile Dundee. Bien sûr quelques films ont fait exception plus récemment, comme Australia, Happy Feet ou Moulin Rouge! Des arbres qui cachent le désert.

On est loin du faste des années 75-95, avec des succès comme Mad Max, Babe, Muriel's Wedding, Priscilla folle du désert et des auteurs exportés à Hollywood tels Peter Weir, George Miller, Phillip Noyce, Russell Mulcahy, Bruce Beresford, Alex Proyas et Fred Schepisi. Sans oublier le chef opérateur de Wong Kar-wai, Christopher Doyle (récompensé à Cannes par le Grand prix de la Commission Supérieure Technique pour In the Mood for Love).

Depuis quelques années, le cinéma australien, vieux de 109 ans, connaît une véritable renaissance et une reconnaissance internationale. Ainsi, Warwick Thornton ramène au pays une Caméra d'or en 2009 avec Samson et Delilah. Une première depuis 1996 et Love Serenade de Shirley Barrett. Le vétéran Rolf de Heer a été récompensé deux fois à Un certain regard, en 2006 et l'an dernier. De Justin Kurzel à David Michôd, d'Andrew Dominik à James McTeigue, une nouvelle génération apparaît sur les écrans, principalement dans des films de genre.

Cannes 2015 : Hommage à Roger Deakins, chef op des frères Coen, de Denis Villeneuve et de Sam Mendès

Posté par kristofy, le 23 mai 2015

Pour sa 3e édition, le Prix Pierre Angénieux Excellens in Cinematography, remis hier au Festival de Cannes, a rendu hommage à un directeur de la photographie. Après Philippe Rousselot et Vilmos Zsigmondn c'est le britannique Roger Deakins, directeur de la photographie de Barton Fink la Palme d'or des frères Coen, qui a été honoré. Cette année, Deakins est en compétition en tant que directeur de la photographie de Sicario, réalisé par Denis Villeneuve.

12 fois nommé à l'Oscar, Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique en reconnaissance de son travail depuis ses débuts en 1975, Deakins a été directeur de la photographie de films comme 1984 de Michael Radford, Les évadés de Frank Darabont, La dernière marche de Tim Robbins, Kundun de Martin Scorsese, Un homme d’exception de Ron Howard, Le village de M. Night Shyamalan, Jarhead et Les noces rebelles de Sam Mendès, L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford de Andrew Dominik, Dans la vallée d'Elah de Paul Haggis, Rango de Gore Verbinski, Invincible de Angelina Jolie, et de 11 films de Joel et Ethan Coen. Les images du James Bond Skyfall n c’est aussi lui.

Pour cet hommage à Cannes plusieurs invités qui ont travaillé avec lui se sont succédés sur scène pour évoquer une anecdote sur le chef opérateur:  Irène Jacob, Dennis Villeneuve, Jake Gyllenhaal, Frances McDormand, les frères Coen. Un montage d’extraits de ses films a été montré durant la cérémonie prouvant que Roger A. Deakins a su créé un style visuel, très léché, presque perfectionniste, de nombreux films que l'on a tous vus, avec une manière sans pareil de capter les ombres d'un visage et de magnifier n'importe quel paysage.

Cannes 2015: le nouveau Prix du documentaire L’Œil d’Or pour Allende, Mi Abuelo Allende

Posté par vincy, le 23 mai 2015

Le nouveau prix créé par la Scam et destiné à récompenser les documentaires présentés dans toutes les sélections du Festival de Cannes, L'Œil d'Or, a été remis ce midi. Cette année le jury était présidé par Rithy Panh qui avait 14 films à voir (lire également notre article sur la création du prix).

L'Œil d'Or 2015 est décerné à Marcia Tambutti Allende pour son film Allende, Mi Abuelo Allende (Au-delà d'Allende, mon grand père), présenté à la Quinzaine des réalisateurs. La jeune cinéaste chilienne essaie de rompre le silence qui pèse depuis des décennies dans sa propre famille sur le personnage légendaire qu'était son grand-père. "Un travail délicat qui explore l’intimité d’une famille avec une grande pudeur" selon le communiqué de la Scam.

Le jury a aussi donné une mention spéciale à Stig Björkman pour Je suis Ingrid Bergman, projeté dans le cadre de Cannes Classics en sélection officielle. "Le jury a été ému par le montage de ce journal intime, construit à partir d’archives visuelles familiales et artistiques. Une femme qui a traversé une époque de cinéma inoubliable avec une liberté et une inspiration profonde réinventant un chemin personnel bien au-delà des frontières culturelles artistiques et familiales" explique le communiqué.

La Scam s'est également réjouit de voir l'importance accordé au film documentaire cette année: la séance de clôture de la Sélection officielle sera assurée par le film de Luc Jacquet, La Glace et le ciel, portrait du scientifique et explorateur Claude Lorius. Une Palme d'honneur est attribué à la réalisatrice Agnès Varda. L'Acid a sélectionné trois documentaires parmi ses longs métrages.

Cannes 2015: un film colombien, Arnaud Desplechin et Mustang au palmarès de la Quinzaine

Posté par vincy, le 23 mai 2015

Hier soir, la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes a célébré sa clôture avec Dope, de l'Américain Rick Famuyiwa, film qui faisait le buzz grâce à sa musique signée Pharrell Williams.

Traditionnellement, les quelques prix remis dans cette sélection ont été attribués avant la projection.

Le Prix Art Cinema de la CICAE (Cinémas art et essai) a été décerné au film colombien El abrazo de la serpiente de Ciro Guerra (L'Ombre de Bogota et Les Voyages du vent). Il s'agit de l'histoire de Karamakate, un chaman amazonien, dernier survivant de son peuple. Il vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Sa vie bascule lorsqu’Evan, un ethnobotaniste américain, débarque dans sa tanière à la recherche de la yakruna, une mystérieuse plante hallucinogène capable d’apprendre à rêver. Karamakate se joint à sa quête et ils entreprennent un voyage au cœur de la jungle. Après le triomphe du cinéma latino-américain à la Semaine de la critique la veille, et notamment le double prix pour un autre film colombien, La tierra y la sombra, ce prix pour L'étreinte du serpent sacre une nouvelle génération de cinéastes venues d'Amérique du sud.

Le Prix SACD a couronné Arnaud Desplechin avec ses Trois souvenirs de ma jeunesse, sorti cette semaine dans les salles françaises. Souvent sélectionné en compétition, Desplechin est reparti bredouille à chaque fois, hormis un Prix spécial pour Catherine Deneuve dans Conte de noël. Avec ce "prequel" de Comment je me suis disputé... Desplechin retrouve le personnage de Paul Dédalus, qui se souvient de son enfance à Roubaix, des crises de folie de sa mère, du lien qui l’unissait à son frère Ivan, enfant pieux et violent, de ses seize ans, de son père, veuf inconsolable, de ce voyage en URSS où une mission clandestine l’avait conduit à offrir sa propre identité à un jeune homme russe, de ses dix-neuf ans, de sa sœur Delphine, de son cousin Bob, des soirées d’alors avec Pénélope, Mehdi et Kovalki, l’ami qui devait le trahir, de ses études à Paris, de sa rencontre avec le docteur Béhanzin, de sa vocation naissante pour l’anthropologie et surtout d’Esther.

Enfin, le Prix Label Europa Cinéma a récompensé Mustang, premier film de la cinéaste franco-turque Deniz Gamze Ergüven, co-écrit avec Alice Winocour. Mustang se déroule dans un village au nord de la Turquie, où Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant innocemment avec des garçons. La débauche supposée de leurs jeux suscite un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

Cannes 2015: Qui est Justin Kurzel ?

Posté par vincy, le 23 mai 2015

justin kurzel

À 40 ans, l'Australien Justin Kurzel fait sa première montée des marches cannoises avec Macbeth, sa version de la pièce de Shakespeare. C'est aussi à Cannes que le cinéaste fut révélé puisque après un un court métrage sélectionné à la Semaine de la critique en 2005, Blue Tongue, il présente son premier long, Les Crimes de Snowtown dans cette même section parallèle du Festival.

La Critique internationale le récompense du prix FIPRESCI et le jury d'une mention spéciale. Brillant, puissant, intense, ce film noir naturaliste et relativement poétique, entre crimes sordides et attirance entre mâles refoulée, envoûte les cinéphiles. Inspiré d'un fait divers réel, pas très loin de là où Kurzel a grandit, Snowtown est aussi brutal que lugubre. Avec des films comme Samson & Delilah et Animal Kingdom, celui-ci contribue au renouveau du cinéma australien.

Cinéaste sans concession, assez radical même en préférant l'essentiel, la dureté même, à la séduction et aux effets, Justin Kurzel a commencé sa carrière comme décorateur pour le cinéma et le théâtre. Après Les crimes de Snowtown, Kurzel se cherche: il écrit une version longue de Blue Tongue, réalise un segment de The Turning, où il révèle un certain sens de l'humour (noir là aussi) autour du tennis, et accepte de transposer le best-seller de John Le Carré, Our Kind of Traitor, avec Ewan McGregor, Damian Lewis et Naomie Harris. Finalement il y renonce et plonge dans la tragédie de Macbeth.

On est loin des Crimes de Snowtown, mais c'est toujours le sang qui parle. Ce Game of Throne classique, avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, le place dans la cour des grands. Il va devoir rivaliser avec d'autres versions de la pièce réalisées par Orson Welles, Roman Polanski ou encore Alira Kurosawa avec Le château de l'araignée.

A l'ombre de ses géants, il prépare déjà son prochain film. L'adaptation du jeu vidéo Assassin's Creed, avec, a priori, le même duo de stars, Fassbender et Cotillard. C'est peut-être là que réside une partie de son don: dans sa relation avec les acteurs, professionnels ou non. En tout cas, il se dessine une oeuvre sombre et saignante, tragique et aliénée, où l'Homme est dépassé par ses démons.