Cannes 2015 : lettre à Samuel Benchétrit

Posté par MpM, le 17 mai 2015

asphalteCher Samuel Benchetrit,

En adaptant pour le grand écran vos Chroniques de l'asphalte, vous offrez à ce 68e festival de Cannes un petit grain de folie qui fait un bien fou. Drôle, précis, attachant, Asphalte nous fait découvrir une poignée de solitaires qui habitent dans le même immeuble triste de banlieu.

Chacun va vivre, le temps du film, une rencontre inattendue aux accents tour à tour romantiques, absurdes ou poétiques. Il y a l'actrice des années 80 qui sympathise avec son voisin adolescent ; la mère de famille qui accueille un cosmonaute littéralement tombé du ciel et le voisin grincheux du premier qui, suite à un accident, se retrouve contraint d'utiliser l'ascensceur en cachette.

Reléguant les dialogues un peu au second plan, vous faites un remarquable travail visuel, générant parfois le fou-rire en trois plans juxtaposés, ou l'émotion à travers une ellipse. Mais ce qui touche le plus, c'est l'importance que vous donnez au facteur humain. Vous filmez des individus ordinaires, parfois même un peu cabossés par la vie, qui se rencontrent, se découvrent, tissent quelque chose de ténu qui n'est pas vraiment de l'amitié, mais du partage et de la complicité, voire une relation quasi filiale comme dans le cas d'Aziza et du cosmonaute américain.

Véritable hymne à l'échange et au vivre ensemble, Asphalte s'oppose à l'individualisme forcené pour prôner un lacher-prise qui ouvre la porte aux autres. Il montre que ce n'est ni le lieu, ni le décor qui font la qualité des relations humaines, et que dans ces conditions, le plus gros danger est le repli sur soi. Une vision du monde esquissée de manière généreuse et jamais didactique... c'est toujours bon à prendre !

L’instant Glam’: un dimanche habituel à Cannes

Posté par cynthia, le 17 mai 2015

Grosse paire de seins,  flashs insistants et encore et toujours des traînes, le dimanche à Cannes est loin de ressembler à un dimanche habituel.

Un dimanche habituel: Vous vous levez la tête dans un étau (il faut se remettre la soirée de la veille), partez faire votre jogging de la semaine au parc afin de vous déculpabiliser de la part de gâteau supplémentaire d'hier, vous prenez une douche en deux secondes, sortez boire un verre avec des amis, reprenez le métro où vous êtes compressez comme une paire de testicule dans un string, vous rentrez chez vous gaiement jusqu'à ce qu'un vieillard édenté vous fasse la cour puis vous poursuivez votre journée devant les téléfilms de RTL 9 en pyjama avec un pot de glace presque vide.

Nous sommes bien loin d'un dimanche à la croisette et pour cause ce dimanche a été lumineux...

Un dimanche au Festival de Cannes: Vous vous levez avec un grand sourire (malgré les soirées arrosées de la veille), cheveux au vent vous vous la jouez Alerte à Malibu et partez faire votre jogging sur la Croisette avant de sauter sous la douche et de vous préparer pour une séance matinale en attendant d'arpenter le tapis rouge en fin de journée. Alors, vêtu de votre plus belle tenue (ça vient de Zara mais vous dites à tout le monde que c'est signé Oscar De La Renta), vous vous rendez au palais des festivals. Vous croisez Benicio Del Toro, sexy et fringué comme un membre des blues brothers et répondant aux journalistes avec ferveur "je rêverai d'être Alain Delon" au détour d'une question. Benicio Delon... cela donnerait un sacré mélange! Mais vous avez à peine le temps d'imaginer la chose, qu'une horde de mannequins arrivent sur la croisette: une robe qui ne cache rien, un kimono... un kimono??? On aura tout vu...

Vous avancez timidement vers le tapis rouge et là vous apercevez Salma Hayek. Et Dieu qu'il y a du monde au balcon... trop de monde! La belle s'affiche aux bras de son époux, sponsor du Festival, avec un décolleté qui laisse peu de place à l'imagination. Même ce pauvre Didier Allouch a été perturbé "il y avait son mari, j'ai fait attention de ne pas regarder!" Oh Didier, fais-toi plaisir, tu bosses dur toute l'année. Salma est sexy, il ne faut pas se mentir et ce n'est pas le brailleur derrière vous qui va vous contredire. "SALMAAAAAAAAAAAA"!!! Serait-ce un appel ou un orgasme? Avec les photographes cannois on ne sait jamais.

En continuant votre balade cannoise vous croisez Manuel Valls, une femme vêtue d'une robe couverte de pellicule (on ne sait pas de quel film cela provient... Vu son tour de taille ça doit être un court-métrage). Eva Longoria sublime, Mélanie Thierry radieuse qui se fait hurler dessus par un photographe qui trouve qu'elle ne se place pas bien sur le tapis rouge "La face...LA FACE...". Vous croisez aussi Rossy De Palma qui manque de spoiler le dernier Woody Allen, Jake Gyllenhaal qui vous fait exploser un ovule sur son passage, mais aussi Sienna Miller bras dessus bras dessous avec Xavier Dolan... Sienna tu nous files ta place ???

Avec tout ce monde vous ne savez même plus pour quel film vous êtes sur le tapis... Ah oui Carol! Ce film au casting quatre étoiles que vous attendiez depuis la montée des marches prévécdentes (Mon Roi). D'ailleurs l'équipe du film arrive enfin: Todd Haynes et son noeud de papillon de travers (à la mode à Hollande), Cate Blanchett et sa robe graphique, couleur de nuit, aussi impressionnante que sa prestation dans Carol et enfin Rooney Mara en robe blanche et fluide, virginale et rayonnante. Le matin au Photocall, elles avaient aussi joué sur le contraste: Cate en noir et Rooney en immaculée conception.

Et dire que tout ça ce passe en moins d'une heure! Il n'y a pas à dire le dimanche à Cannes c'est plus palpitant que le dimanche chez la belle-famille!

Cannes 2015 : La légende de la Palme d’Or, 60 ans, un docu et des témoignages prestigieux

Posté par kristofy, le 17 mai 2015

Cette année c’est le 68e Festival de Cannes, mais ce n'est que le 60e anniversaire de la Palme d’Or. Le plus prestigieux des trophées du cinéma est à la fois un objet de fantasme et symbolise un film considéré comme un chef-d’œuvre. La Palme d’Or et son histoire (surtout récente) est l’objet d’un documentaire qui vient donc d’être découvert dans son berceau, le Festival de Cannes, en séance spéciale. L’objet a changé de design et de présentation. Depuis quelques années, il est en or 18 carats élaboré par le joaillier Chopard, à la fois partenaire du festival et mécène de ce documentaire. On y voit quelques séquences à propos de la fabrication (jusqu'à l’extraction de l’or en Colombie).

La légende de la Palme d’Or réalisé par Alexis Veller est d’ailleurs en lice cette année à la fois pour le prix de la Caméra d’Or (c’est un premier film) et pour le prix l’œil d’Or du documentaire. A la projection, il y avait donc le jury emmenés par Sabine Azéma (avec aussi Delphine Gleize, Yann Gonzelez…) et celui de Rithy Panh (avec aussi Nicolas Philibert, Irène Jacob…). Dans la salle étaient aussi présents d’autres invités comme le producteur Harvey Weinstein et le chanteur Robbie Williams.

Ce documentaire invite une poignée de réalisateurs à faire part de leurs souvenirs à propos de leur Palme d’Or à eux. Témoignages, en vrac.

Wim Wenders, Palme d’Or 1984 pour Paris-Texas, évoque un fardeau qui l'aurait empêché de tourner durant 3 ans. En 1989 quand il était à son tour président du jury, il a remis ce trophée à un tout jeune cinéaste inconnu de 26 ans : Steven Soderbergh pour Sexe, Mensonge et Vidéo.
Steven Soderbergh révèle l'anecdote savoureuse à propos du destin : cette année là Wenders était président à la place de Francis Ford Coppola initialement prévu, et son film était d’abord à Un Certain Regard avant d’être placé en compétition officielle à la place d’un film de Dennis Hopper...
Emir Kusturica est lui l’un des rares cinéastes à avoir gagné deux Palme d’Or (en 1985 avec Papa est en voyage d’affaire, puis en 1995 pour Underground). Absent lors de la clôture pour sa première Palme, le prix avait été pris sur scène par son producteur que beaucoup ont confondu avec lui. C’est Kusturica devenu à son tour président qui fera des frères Luc et Jean-Pierre Dardenne les récipiendaires d’une deuxième Palme d’Or (en 2005 pour L’enfant, après celle en 1999 pour Rosetta).
Ils nous apprennent que c’est la direction du Festival de Cannes qui, le dernier jour après les délibérations du jury, les prévient par téléphone que leur présence est souhaitée pour la cérémonie de clôture, sans préciser pour quel prix.
Nanni Moretti confie qu’il aurait bien aimé avoir un autre prix après sa Palme d’Or en 2001 pour La chambre du fils, mais en 2006 pour Le Caiman il a attendu vainement un coup de téléphone qui n’est jamais arrivé. Le cinéaste italien avait d’ailleurs pris soin de garder sa palme avec lui dans l’avion. Mais en arrivant chez lui, il s’est aperçu qu’il avait en fait oublié le sac dans l’aéroport (qu'il a vite retrouvé).
En général la plupart des cinéastes interrogés confie avoir rangé ce trophée à l’abri, dans un placard de leur bureau. Sauf Apitchatpong Weerasethakul qui lui en fait don à la cinémathèque de Thaïlande. Ainsi en 1994 Quentin Tarantino avait été prévenu de ne pas repartir de Cannes. Une rumeur évoquait Trois couleurs : Rouge de Kieslowski, alors il pensait avoir un prix du scénario ou celui de la mise en scène ou alors un prix d’interprétation pour John Travolta ou un prix spécial au fur et à mesure de l’énonciation des différents prix. Puis est venue l’annonce de la Palme d’Or : le jury de Clint Eastwood et Catherine Deneuve avait choisi Pulp Fiction ! Il entrait ainsi dans le panthéon des meilleurs cinéastes du monde.
Seule femme à avoir gagné ce prix, Jane Campion (en 1993 pour La leçon de piano) évoque un souvenir plus douloureux : à l’époque du festival elle était enceinte, mais son bébé est décédé quelques jours après sa naissance. Elle a mis du temps à reconsidérer cette récompense.
Martin Scorsese se rappelle de sa Palme d’Or (en 1976 pour Taxi Driver) et considère sa récompense comme la plus précieuse, celle qui symbolise un encouragement à devenir plus audacieux dans ses films suivants.

C’est Emir Kusturica qui aura la phrase qui résume le pouvoir de la Palme d’Or : « ce n’est pas comme les Oscars, la Palme d’Or c’est un jugement esthétique ».

Et enfin, une devinette : quel acteur américain est au générique de trois films qui ont gagnés la Palme d’Or ?

Cannes 2015 : premières impressions sur les 1001 nuits de Miguel Gomes

Posté par MpM, le 17 mai 2015

Le nouveau film de Miguel Gomes, présenté à la Quinzaine des réalisateurs cette année au Festival de Cannes, dure environ 6h et se présente sous la forme de trois volets projetés à plusieurs jours d'intervalle. Plutôt logique pour un film "feuilletonnant" inspiré de la structure des Mille et une nuits et qui entend donc tenir le spectateur en haleine. Avec le premier volet, L'inquiet, pari plutôt réussi puisqu'on est follement impatient de découvrir la suite. Le cinéaste sera-t-il capable, telle une Schéhérazade des temps modernes, de tenir la longueur sans se répéter ? La première partie est en tout cas prometteuse.

Pendant vingt-cinq minutes, le film raconte en parallèle la fermeture du chantier naval et la lutte contre des guêpes tueuses d'abeilles dans la ville de Viana de Castello. À l'image comme dans la bande-son, les deux se mêlent. Un ouvrier licencié témoigne tandis qu'à l'écran un nid de guêpe brûle. Le récit du tueur de guêpes et les souvenirs des ouvriers au chômage alternent. En parallèle, Miguel Gomes se met lui-même en scène en réalisateur bourré d'angoisses qui fuit son équipe de tournage. Ce qui l'amène à leur raconter des histoires pour garder la vie sauve.

Passée cette première partie qui hésite entre documentaire et auto fiction barrée, le film laisse alors la place à la version moderne, sociale et portugaise des 1001 nuits. Non pas une adaptation des histoires originales, mais une succession d'histoires inspirées de la situation du Portugal en 2013.

Ce premier volet permet de découvrir trois récits et d'avoir un premier aperçu sur le ton général du film, qui s'avère caustique, engagé et cruel. Gomes se moque des dirigeants politiques, de la Banque centrale européenne, de la troïka. Il dénoncent ceux qui veulent faire taire les contestataires ou empêcher l'éveil des consciences. Il raconte crûment la lente descente aux enfers de ceux qui se retrouvent au chômage. Avec un ton satirique, fantastique et même grotesque, il tire sur les profiteurs qui saignent le Portugal aux quatre veines et brosse un portrait terrible de la crise portugaise.

Tel un Robin des bois cinématographique, le réalisateur prend donc (du temps de parole) aux puissants pour donner aux faibles. C'est réjouissant, foisonnant d'idées d'écriture et de mise en scène, baroque et totalement libre. Tout simplement brillant et malin. Car une fois le premier volet terminé, on est comme le roi du conte : suspendu aux lèvres du narrateur.

Cannes Classics 2015 : Rocco et ses frères de Luchino Visconti (1960)

Posté par vincy, le 17 mai 2015

Voici un grand classique du cinéma européen qui sera présenté ce soir au Festival de Cannes dans le cadre de Cannes Classics: Rocco et ses frères, en version longue inédite et restaurée. Luchino Visconti a imaginé l'histoire à la fin des années 50, alors que les Italiens du sud fuyaient vers le nord du pays pour trouver du travail, notamment en lisant Le Christ s'est arrêté à Eboli de Carlo Levi. Avec ce contexte très réaliste, le cinéaste, qui sera quelques années plus tard Palme d'or à Cannes pour Le Guépard, traverse les grands thèmes de sa filmographie - la passion, la famille, la jalousie, la sexualité, la loyauté, le péché, le pardon, les luttes de classe... - en réalisant un film noir, quasiment religieux, dont les contrastes sont accentués et même sublimés par le chef opérateur Giuseppe Rotunno.

Rocco et ses frères est l'histoire de cinq frères qui tentent de s'intégrer à la vie urbaine. Deux d'entre eux vont convoiter la même femme, une prostituée, Nadia. C'est sans doute ce personnage féminin qui nous hante encore 55 ans après sa présentation au Festival de Venise, incarné par la toute jeune Annie Girardot, dont c'est le premier "grand" film, plus connue pour ses performances au théâtre (c'est d'ailleurs à la Comédie Française que Visconti l'a repérée avant de la dirigée sur scène en 1958). Pourtant Visconti a eu toutes les peines du monde à convaincre ses producteurs de l'enrôler, au point de changer de financier. Magnétique et mélancolique, angoissé et fascinant, le visage de Girardot envahit longtemps nos mémoires, et pas seulement à cause du destin tragique qui l'attend.

Evidemment, il ne faut pas oublier les cinq frères: Spiros Focas, Max Cartier, Rocco Vidolazzi, Renato Salvatori et Alain Delon. Un quintet d'hommes bruns, beaux et très différents. Delon (qui interprète Rocco, prénom choisi en référence au poète italien Rocco Scotellaro) est alors d'une beauté renversante, explosant de sensualité, à la fois candide et romantique, incandescent et charmeur, capable de répondre aux violences des situations (où la boxe joue un rôle essentiel pour illustrer la brutalité de l'époque). Il n'est pas encore la star qu'il va devenir. Il est la face lumineuse d'un groupe où les caractères sont affirmés (et d'ailleurs écrits chacun par différents scénaristes): Vincenzo, le frère aîné calme, et marié à une jolie fille interprétée par Claudia Cardinale (On y croise aussi Roger Hanin, dont on devine l'homosexualité, et Nino Castelnuovo futur vedette des Parapluies de Cherbourg), Ciro, l'étudiant qui s'adapte le plus à Milan, le lien entre tous les frères, le jeune Luca et Simone, le boxeur et rival de Rocco, qui va commettre l'irréparable. Simone est incarné par Renato Salvatori, réputé impulsif et bagarreur, qualités idoines pour le personnage. Au point de faire peur à Girardot quand il doit la poignarder pour les besoins de la scène.

Les damnés

Il faut dire que Visconti n'avait pas son pareil pour manipuler ses comédiens et obtenir d'eux ce qu'il voulait. Ainsi, pour que la rivalité entre Delon et Salvatori soit parfaitement perceptible à l'écran, il n'a pas hésité à choyer le comédien français pour rendre jaloux l'italien.

En plus de trois heures, Rocco et ses frères, comme toujours chez Visconti, propose différentes lectures de la société, des liens familiaux et de la nature humaine, rongée souvent pas de mauvaises pensées, une violence tantôt étouffée ou bien réelle (la séquence du viol subira une remarque de la censure). Le portrait assez négatif d'une Italie en mutation, pas vraiment relevée de l'après-guerre, entrant dans l'ère urbaine, sert d'arrière plan à un tableau parfois sombre, mais jamais désespérant, d'un groupe d'individus dont les liens du sang ne suffisent pas à protéger les âmes damnées qui choisissent le mauvais camp. Et puis on peut aussi vouloir le revoir pour se damner de ces beaux mâles et revoir le génie subtil d'Annie Girardot.

Cannes 2015: Carte postale de Roumanie

Posté par vincy, le 17 mai 2015

cinema bucarestLe cinéma roumain s'est installé à Cannes. Une cinéphilie qui a pris sa carte d'abonnement depuis quelques années. Et Cannes renvoie l'ascenseur en allant tous les ans à Bucarest pour y projeter quelques films de la Sélection officielle. En dix ans, la Roumanie a récolté davantage de prix que durant les soixante années précédents, avec un seul prix majeur (la mise en scène en 1965 pour Liviu Ciulei et La Forêt des pendus): une Palme d'or (4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu), une caméra d'or (12 h 08 à l'est de Bucarest de Corneliu Porumboiu), deux Prix Un certain regard (La Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu et California Dreamin' de Cristian Nemescu) et deux prix du scénario (dont le récent Au-delà des collines, toujours de Cristian Mungiu), la Roumanie est devenue la meilleure ambassadrice de l'ancienne Europe de l'Est sur la Croisette dans les années 2000.

Bien sûr on est loin de l'âge d'or de ce cinéma, quand les films locaux attiraient plus de 10 millions de spectateurs dans les années 60 et 70. Quand, après une Palme d'or du court métrage pour Ion Popescu-Gopo, le pays décidait de créer un studio d'animation, parmi les mailleurs d'Europe, AnimaFilm. La période "communiste" avait largement encouragé le cinéma national. Aujourd'hui, la Roumanie affiche le taux de fréquentation le plus faible d’Europe (10 millions d'entrées l'an dernier), la part de marché des films roumains ne dépasse pas les 3% et sa production de film reste très faible, avec moins de 20 films par an.

Si avant 1990, la censure empêchait le tournage de nombreux films, aujourd'hui le problème provient davantage de financements trop aléatoires pour ne pas dire inexistants. De plus, avec une libéralisation accélérée du marché, Hollywood a rapidement conquis les salles et le marché vidéo. Les multiplexes ont remplacé les cinémas vétustes, mais les salles art et essai restent rares.

La Nouvelle Vague a au moins balayé le souvenir d'un cinéma qu'on croyait disparu depuis l'ère glorieuses des films de Lucian Pintilie, Mircea Muresan, Mirel Iliesiu, Radu Gabrea, Mircea Daneliuc... Avec ses faibles moyens, le cinéma roumain est entré dans la cour des grands pays cinématographiques, amenant chaque année dans les grands festivals des oeuvres marquantes et souvent récompensées.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Michael Pitt

Posté par kristofy, le 17 mai 2015

michale pitt dans asphalteCher Michael,

Vous êtes déjà venu deux fois pour monter les marches du Festival de Cannes, avec cette intrigante nonchalance qui vous singularise immédiatement. En 2004, en compétition avec Last Days de Gus Van Sant dans la peau d’une rock-star telle Kurt Cobain dans ses derniers jours. La même année, vous n'étiez pas loin sur la Croisette avec un petit rôle dans Le livre de Jérémie de Asia Argento présenté à La Quinzaine des Réalisateurs.
Et en 2002, hors-compétition, on découvrait le thriller Calculs meurtriers de Barbet Schroeder (qui est d’ailleurs de retour cette annéeavec Amnésia). A coté de la star Sandra Bullock et d'un jeune acteur dont on entendra beaucoup parler plus tard (Ryan Gosling), vous étiez déjà une nouvelle sensation du cinéma américain. Bien sûr, Michael Pitt, on vous connaissait déjà depuis un an avec Bully de Larry Clark et Les innocents de Bernardo Bertolucci : autant vous dire qu’on était sûr qu’on allait vous revoir régulièrement.

Mais nous avions tort: vous n'avez tourné que 8 films en 10 ans. On vous a vu avec le visage ouvert d’un aventurier au Japon qui s’éloigne de son épouse Keira Knightley dans Soie de François Girard et aussi avec le visage fermé d’un bourreau dans la maison de Naomi Watts et de Tim Roth dans Funny Games US de Michael Haneke. A chaque fois votre regard fiévreux est inquiétant, fascinant, sans âge.

Un film en particulier parmi ceux que vous avez tourné (et même coproduit) aurait mérité d’être beaucoup plus vu : I Origins de Mike Cahill sorti dans trop peu de salles en septembre dernier. Et on devine qu’on va vous redécouvrir de nouveau dans Asphalte, en séance spéciale. Un retour étrange, puisqueAsphalte est signé du français Samuel Benchetrit, où vous êtes vêtu d'un étrange costume d'astronaute.

Cannes 2015: Jack O’Connell et Lola Kirke emportent les Trophées Chopard

Posté par cynthia, le 17 mai 2015

Le Trophée Chopard, qui récompense les jeunes talents du septième art, a été décerné cette année aux acteurs anglais Jack O'Connell et Lola Kirke.

Jack O'Connell a été révélé grâce à la série britannique Skins avant de s'illustrer dans trois films l'an dernier: Les poings contre les murs, '71 ou plus récemment Invincible d'Angelina Jolie.

Lola Kirke, soeur de Jemima Kirke qui est l'héroïne de la série HBO Girls, a été vue dans Gone Girl aux côtés de Rosamund Pike et Ben Affleck et dans la série Mozart in the Jungle avec Gael Garcia Bernal.

Remis par Julianne Moore, prix d'interprétation à Cannes en 2014 et Oscar de la meilleure actrice en 2015, les Trophées Chopard ont déjà récompensé des acteurs tels que Marion Cotillard, Audrey Tautou, Jonathan Rhys-Meyers, Shailene Woodley, Léa Seydoux, ou encore Gael Garcia Bernal.

Cannes 2015: Qui est Ken Watanabe ?

Posté par vincy, le 17 mai 2015

ken watanabeIl est peut-être, sans doute, le plus connu des acteurs Japonais à l'étranger. A 55 ans, Ken Watanabe peut s'enorgueillir d'une carrière internationale unique pour un comédien de son pays. A Cannes, cette année, il monte les marches aux côtés de Matthew McConaughey, dans le nouveau film de Gus van Sant, Sea of Trees (La forêt des songes). Depuis plus de 10 ans, il partage ainsi l'affiche des stars hollywoodiennes. Tom Cruise (Le dernier Samouraï, et une nomination aux Oscars), Liam Neeson et Christian Bale (Batman Begins), Leonardo DiCaprio et Joseph Gordon Levitt (Inception), ... Mais il est aussi l'atout authenticité de productions comme Mémoires d'une Geisha, Lettres d'Iwo Jima (de Clint Eastwood) ou encore Godzilla l'an dernier.

Autant dire que son box office est dans des niveaux stratosphériques, sans qu'ils ne soient véritablement une tête d'affiche reconnue. Trompettiste depuis l'enfance, il se destinait à devenir musicien. Mais la mort de son père et les difficultés financières familiales l'ont empêché d'entrer au Conservatoire. Il décide donc de devenir acteur. Et dès la fin des années 70, il se fait remarquer du public comme de la critique. Il a notamment joué dans des pièces comme Britannicus, Platonov et Hamlet.

Il faudra attendre le début des années 80 pour découvrir Watanabe à l'image, d'abord sur le petit écran, dans un rôle de samouraï, puis sur le grand, en 1984, dans Les Enfants de Mac Arthur, de Masahiro Shinoda. Mais c'est bien le personnage du samouraï qui va lui coller à la peau. En 1987, il en incarne un, dans une série de 50 épisodes pour la plus grande chaîne nippone. Il en a le physique, l'allure sérieuse, et incarne parfaitement l'honneur et l'intensité de ces nobles chevaliers d'un autre temps.

A la fin des années 80, sa carrière bat de l'aile: il est sous chimio à cause d'une leucémie. Il a également contracté une hépatite C, comme il l'a révélé dans son autobiographie. Une fois soigné (même s'il est toujours sous traitement), sa carrière va décoller. En 1998, il obtient sa première nomination aux Japanese Academy Awards avec un second-rôle dans Kizuna. On connaît la suite hollywoodienne, en soldat, savant, Président, guerrier, grand patron, Général... Entre temps, en 2006 il reçoit l'équivalent de l'Oscar dans son pays pour son personnage de malade atteint d'Alzheimer dans Memories of Tomorrow. Il en a obtenu un deuxième en 2010 avec Shizumanu Taiyo.

Sexy, populaire, Ken Watanabe réside désormais à Los Angeles. Selon lui,il n'est pas une star au Japon. "Je suis un acteur. j'ai une vie très normale. Quatre fois par semaine, je cuisine à la maison. Une star ne fait pas ça." Il ne se considère pas non plus comme un sexe symbole. Cependant, cette année, après tant de résurrections, de combats contre les maladies, un divorce pénible et très médiatisé au milieu des années 2000, Ken Watanabe est en haut de l'affiche. Et pas seulement au cinéma. Il vient de se lancer dans le grand bain de Broadway, dans le revival de la comédie musicale Le Roi et Moi. Il a emballé la critique et vient de recevoir une nomination du meilleur acteur dans une comédie musicale aux prestigieux Tony Awards.