Cannes 2015 : Qui est Michel Franco ?
Quatre films, trois sélections cannoises. Belle moyenne pour le réalisateur Michel Franco, à peine âgé de 36 ans, et désormais présenté partout comme "la relève du cinéma mexicain", qui accède pour la première fois cette année à la compétition officielle.
Cet autodidacte revendiqué s’est fait remarquer dès son premier long métrage, Daniel y Ana, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2009, qui racontait comment la relation entre une jeune femme et son frère adolescent était irrémédiablement altérée suite à leur enlèvement. Le cinéaste y imposait sa marque de fabrique, à savoir un cinéma dérangeant, extrêmement maîtrisé, mais refusant toute explication psychologique. Probablement sous l’influence de Bresson et Bergman dont il admire les "études de la condition humaine" et les "formes" trouvées pour les mener à bien.
Logiquement, son film suivant est de retour sur la Croisette trois ans plus tard, direction la section Un certain Regard. Despues de Lucia divise violemment la critique en montrant le calvaire d’une jeune fille harcelée et maltraitée par ses camarades de classe. Tandis que ses détracteurs le trouvent "pervers" et "complaisant", ses défenseurs vantent la précision et la densité de sa mise en scène, ainsi que la force de son propos. Le jury présidé par Tim Roth tranche et lui décerne son Prix. C’est la consécration pour Michel Franco, qui devient immédiatement le "jeune cinéaste sud-américain" à suivre.
Certains auraient eu du mal à supporter la pression, lui décide de réagir par le travail. Il se lance à corps perdu dans son troisième long métrage, A los ojos (inédit en France), réalisé avec sa sœur documentariste, Victoria Franco. Le film, qui sera notamment présenté au festival de Moralia, suit le quotidien d’une travailleuse sociale dont le dévouement est plus ambigu qu’il n’y paraît. Il aura peu de retentissement au niveau international, mais qu'importe, le cinéaste continue de creuser son sillon (et de poursuivre ses fantômes ?).
Son nouvel opus, Chronic, place ainsi à nouveau le thème de la famille au cœur de l’intrigue en mettant en scène un infirmier (incarné par Tim Roth rencontré à Cannes quand l'acteur était président du jury Un certain regard) qui assiste des patients en phase terminale et tente de renouer des liens avec la famille qu'il a abandonnée. Un sujet qui devrait a minima permettre à Michel Franco de renouer avec son sport favori : diviser la critique.
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