Cannes 70 : Souvenirs d’un cinéphile espagnol sur la croisette

Posté par cannes70, le 22 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-57. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


Je suis allé à Cannes pour la première fois en 2009. J’étais un étudiant barcelonais qui prenait la route avec quatre copains de classe pour se rendre au Festival. Nous avions juste une accréditation cinéphile qui nous avait été attribuée en raison de notre statut d’étudiants en cinéma. Quand je commence à écrire cet article, j’ai l’impression d’y aller à nouveau, encore une fois, et je pense à la voix de Joan Fontaine dans le début du film d’Hitchcock, Rebecca : "Last night, I dreamt I went to Manderlay again".

Nous avions récupéré nos accréditations et essayé de rentrer dans plusieurs salles avec le culot de ceux qui ne connaissent pas la hiérarchie cannoise. La désillusion fut grande quand nous nous sommes fait refouler de la salle de la Soixantième, qui est normalement destinée aux journalistes et à une partie du Marché du film. Et si nous étions venus à Cannes pour rien ? Le responsable de Cannes Cinéphiles nous avait parlé du théâtre de la Licorne, du Studio 13… mais nous voulions être présents sur la Croisette. Nous regardions avec jalousie les accréditations qui défilaient devant nos yeux : jaunes, roses, bleues… Ils allaient passer devant nous même si ça faisait déjà trois heures qu’on attendait pour accéder à la salle de la Quinzaine, au Théâtre Croisette du JW Marriott. Les trois heures de rigueur, les trois dernières avant de découvrir un nouveau film, un de plus.

Je me demande quelle est ma première image du Festival de Cannes en arrivant. Le premier film à Cannes était Tetro (Francis Ford Coppola, 2009). J’ai failli me faire refouler de cette séance également. "Faites passer deux personnes en plus." Ces deux dernières furent Sergi, un de mes amis proches, et moi. Les yeux de Vincent Gallo, fixés à jamais sur un papillon de nuit qui se bat pour sortir d’une ampoule allumée. Nous en avons parlé toute la nuit, dans des débats, une bière pas chère à la main et un sandwich en guise de repas, toujours achetés aux mêmes endroits, aux mêmes visages, aux mêmes "Vous-avez-un-accent-vous-venez-d’où ?". Nous ne savions pas exactement ce que nous faisions à Cannes, nous n’avions pas de réponse précise, mais c’était excitant, très excitant.

Parfois on se séparait : "Je vais voir le film de Ciro Guerra et tu vas voir le film de Hong Sang-soo". Le film était merveilleux ! J’ai encore des frissons quand je repense à Los viajes del viento (Les Voyages du vent, Ciro Guerra, 2009) et à la présentation de l’équipe. Le film était présenté à Un Certain Regard et les acteurs du film se sont mis à jouer du Vallenato avec leurs accordéons. Je pensais juste à sortir de la salle pour en parler avec le reste de mes copains. En sortant de la salle, ils avaient aperçu Hong Sang-soo et avaient commencé à le suivre pour lui parler. Apparemment, Hong Sang-soo, pas d’humeur à discuter, commença à accélérer la marche. Finalement, ils l’avaient perdu de vue…

Scorsese’s surprise

Nous essayions pour la première fois de rentrer dans la salle Debussy, sur la Croisette. On percevait, de loin, les visages des journalistes espagnols, avec leurs accréditations respectives qui pendaient à leurs cous. Ces journalistes avaient contribué, sans le savoir, à encourager nos premières passions cinéphiles. "Gorina, som catalans. Què tal la nova de Lars Von Trier ?" (Gorina, nous sommes catalans. C’était bien le nouveau film de Lars Von Trier ?). Àlex Gorina, critique de cinéma, nous sourit et répondit : "Ah, salut. Bon, comme-ci comme ça. Ce n’est pas son meilleur film. Vous allez voir". On souriait malgré notre déception. Pas question qu’un film aussi attendu qu’Antichrist ne soit pas excellent ! Il nous a fallu attendre le lendemain pour avoir la possibilité de le voir.

Entretemps, nous avons réussi à entrer dans la salle Debussy, alors qu’on ne s’y attendait absolument pas. Les agents d’accueil nous demandèrent de nous installer au deuxième rang, histoire de remplir les sièges vides. Nous allions voir la restauration du film Red shoes (Les chaussons rouges, Michael Powell et Emeric Pressburger, 1948). Thierry Frémaux monta sur scène pour annoncer l’arrivée de Martin Scorsese, qui présenta la séance. Je crois bien que c’était une surprise. Martin Scorsese ! Quelqu’un dans le public cria : "We love you, Marty !". "Merci, merci. Speaking of love… ", répondit-il. Juste derrière nous étaient assis Ang Lee, Tilda Swinton et Thelma Schoonmaker, la merveilleuse monteuse des films de Marty.

Le plus fascinant (et perturbant) de notre première visite à Cannes fut le plaisir complètement fétichiste qu’on expérimentait juste à être là. On ne faisait rien de particulier : on regardait des films, on mangeait, on parlait cinéma, on buvait. Au final, on se retrouvait seuls, face à l’écran, et on se laissait bercer par ces images désirées, ces bouts de mémoire qui sont ancrés en nous pour toujours.

Rêve de cinéma

Je me souviens de la projection de La Terre de la Folie de Luc Moullet à la Quinzaine. C’était la séance de 9h du matin, comme à l’école. Luc Moullet était présent dans la salle et je me souviens de ce film avec beaucoup de tendresse car c’est le premier film durant lequel je me suis assoupi pour me noyer dans un cauchemar. Je tombais du ciel pour me retrouver dans un siège au troisième rang. La sensation de me réveiller devant un écran dont jaillissaient des images en perpétuel mouvement me rassura. Je n’avais pas besoin de rester éveillé. Je pouvais continuer à dormir tranquille. Malgré mon sommeil, les bobines de la pellicule continueraient à tourner avec acharnement.

Miquel Escudero Diéguez de Critique-Film

BIFFF 2017 : rendez-vous avec Park Chan-wook, Alejandro Amenabar et Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 22 mars 2017

Qu'est-ce que le BIFFF ? Peut-être le plus grand festival du monde où le spectacle n’est pas sur un tapis rouge mais tout simplement dans ses salles de projection…

Autrement dit le Bruxelles International Fantastic Film Festival, qui fête cette année son 35e anniversaire : « On se rend très vite compte que le BIFFF comblait un manque. On se souvient de notre ami Dario Argento, de Wes Craven en train de gribouiller le scénario de 'People under the stairs' dans un resto bruxellois, de  Luc Besson qui déjà ambitieux fulmine en ratant le Corbeau d’Or avec Le dernier combat, de Peter Jackson qui nous parle d’un projet fou: l’adaptation du Seigneur des anneaux…»

Pour cette édition spéciale, le BIFFF va rendre hommage en leur présence aux réalisateurs Park Chan-wook et Alejandro Amenabar. Il y aura aussi une masterclass de Fabrice Du Welz et la première de son film Message from the King. Entre The girl with all the gifts de Colm McCarthy et The Bar de Alex de la Iglésia, en clôture et en ouverture, c’est quasiment 150 films qui seront proposés pendant une douzaine de jours. L’occasion de croiser des invités aussi différents que Yoshihiro Nishimura pour Meatball Machine Kodoku, Jason Flemyng pour son Eat Local, le jeune Nathan Ambrosioni pour son film Therapy (réalisé à 16 ans), et dans les différents jurys Macarena Gomez, Jean-Jacques Rausin et Xavier Seron, Axelle Carolyn, l’icône suedoise Christina Lindberg…

L’Asie sera comme d’habitude  très présente avec un large panorama de films dont on déplore déjà qu’ils ne soient pas (mieux) distribués en France, y compris les derniers opus des plus grands cinéastes de genre : Call of heroes de Benny Chan, Headshot des Mo' Brothers (avec Iko Uwais), Little nightmares de Takashi Shimizu, Psycho Rama de Anurag Kashyap, Operation Mekong de Dante Lam, Antiporno de Sono Sion, la version de Death Note: Light Up The New World de Shinsuke Sato, Kung-fu Yoga de Stanley Tong (avec Jackie Chan), et le célèbre Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai).

Bruxelles sera par ailleurs le lieu idéal pour découvrir en avant-première Free Fire de Ben Wheatley, The Oath de Baltasar Kormakur, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina, Small Town Killers de Ole Bornedal…

Voici un court aperçu à dominante fantasy, thriller et science-fiction de cette édition d'ores et déjà incontournable.

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35e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 04 au 16 avril 2017, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Cannes 2017 : Cristian Mungiu présidera le jury des courts métrages et de la Cinéfondation

Posté par MpM, le 22 mars 2017

C'est le réalisateur, scénariste et producteur roumain Cristian Mungiu qui présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages en mai prochain à Cannes.

Son histoire était déjà intimement liée à celle du Festival puisqu'il y a remporté une Palme d'or (en 2007, avec son deuxième long métrage 4 mois, 3 semaines, 2 jours), un Prix du scénario et de l’interprétation féminine (Au-delà des collines en 2012) et un Prix de mise en scène (l'an passé, pour Baccalauréat). Il a également fait partie du jury de Steven Spielberg en 2013.

Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, le représentant de la Nouvelle vague roumaine (qui succède à Naomi Kawase) devra décerner la Palme d'or du court métrage ainsi que les prix de la CInéfondation.

Selon le communiqué du Festival de Cannes, le futur président a déclaré : "Reconnaître la valeur, l’originalité, dans le cinéma n’a jamais été facile. Reconnaître la valeur de très jeunes cinéastes, c’est encore plus difficile. Mais la Cinéfondation est connue pour avoir réussi à le faire avec grande efficacité. La Cinéfondation a toujours donné aux jeunes cinéastes l’aide et la reconnaissance dont ils avaient besoin en tout début de carrière afin qu’ils s’expriment avec courage et qu’ils puissent trouver leur voix. Je souhaite que ça continue pendant longtemps avec la même efficacité et je suis fier d’être associé à cette démarche."

De son côté, Gilles Jacob, président de la Cinéfondation, lui a rendu un hommage vibrant : "Cristian Mungiu fait glorieusement partie de cette école roumaine que Thierry Frémaux a mise en valeur dès les années 2000. Il suffit de voir l’intelligence et les ramifications interactives d’un scénario comme Baccalauréat pour reconnaître que Cristian est l’examinateur rêvé pour faire passer le bac du Festival, c’est-à-dire la Cinéfondation et les courts métrages. Comme titrait le grand Dreyer dans un de ses courts, en 48 : Ils attrapèrent le bac… Bonne chance aux candidats !"