Cannes 70 : la comédie musicale sur le tapis rouge

Posté par cannes70, le 17 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-62.

C’était il y a quelques semaines : Damien Chazelle devenait le plus jeune cinéaste à recevoir un Oscar du meilleur réalisateur pour La La Land, juste après avoir égalé le record de 14 nominations et gagné 6 Golden Globes (réalisation, scénario, musique…). Médiatisé au-delà du possible, le film cartonne au box-office et va même faire chanter certains spectateurs dans les salles avec une ressortie en version karaoké !

Alors, bien sûr, La la land n'était pas à Cannes (il a fait l’ouverture de Venise), contrairement au premier film de Damien Chazelle (Whiplash) sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Pourtant, il sonne certes comme un hommage aux classiques américains du genre, mais il est surtout sous l'influence d'un film souvent cité par le réalisateur lui-même : Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. Qui, lui, avait été sacré Palme d’or du Festival de Cannes 1964. Le genre de la comédie musicale qui semblait un peu tombé en désuétude revient donc sur le devant de la scène. En fait, ce n’est pas vraiment la première fois, et c’est d’ailleurs à Cannes que la comédie musicale a plusieurs fois fait son retour.

A noter d'ailleurs que le premier film musical "palmé" sur la Croisette, c'est Orfeu Negro de Marcel Camus, présenté en 1959. Cette année-là, cette adaptation d'une pièce de Vinícius de Moraes, qui revisite le mythe d'Orphée et Eurydice sur fond de Bossa Nova, l'emporte devant Les 400 coups de Truffaut, ou Hiroshima mon amour d'Alain Resnais.

Mais revenons-en à 1964. Le Festival de Cannes est donc "enchanté" par Les parapluies de Cherbourg : les dialogues en chanson de Jacques Demy ont été mis en musique par Michel Legrand, et en fait on y entend peu la voix des acteurs principaux (Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo) qui sont doublés par de véritables chanteurs. La comédie musicale qui est souvent dans l’imaginaire fantaisiste est ici ancrée dans le réel : au début des années 60, un jeune homme doit partir faire la guerre en Algérie et quitter une jeune-fille enceinte avant d’être mariée…

Catherine Deneuve est l’actrice au parcours unique dans le genre de la comédie musicale au Festival de Cannes : après Les parapluies de Cherbourg en 1964, elle va chanter et danser dans Dancer in the dark du danois Lars Von Trier en compétition officielle en 2000. Le Palmarès sera au diapason : Palme d’or pour le film, doublé d’un prix d’interprétation de meilleure actrice pour Björk, personnage principal qui chante et compose chansons et musiques. Là encore, film musical rime avec drame, les épreuves les plus tragiques de l’héroïne Björk sont supportée par son amour des comédies musicales qu’elle se chante et danse dans sa tête.

Dans le film Catherine Deneuve accompagne Björk dans deux séquences musicales : Cvalda dans l’usine quand le bruit des machines devient un rythme qui devient une chorégraphie, et My favourite things à la chorale durant les répétitions d’un spectacle joyeux (chanson qui sera reprise larmoyante de désespoir par Björk seule dans sa cellule de prison). Dans Dancer in the dark, chaque séquence chantée et dansée est une échappatoire joyeuse et résignée pour supporter un moment réel pénible, et juste ensuite survient un nouveau drame encore plus tragique…

Après Dancer in the dark, souvenez-vous quel a été le film d’ouverture choisi l’année suivante ? Encore une comédie musicale !  Moulin Rouge de Baz Luhrmann est bien plus virevoltant, avec quantité de reprises de chansons pop (David Bowie, Elton John, Police…), mais son finale n’en reste pas moins (encore) la mort d’une histoire d’amour...

C’est en 2007 que la comédie musicale fait un beau retour en compétition à Cannes avec Les chansons d’amour de Christophe Honoré qui réunit Alex Beaupain à la composition des musiques et Chiara Mastroianni, la fille de Deneuve, à l'écran aux côtés de Ludivine Sagnier, Lous Garrel et Clotilde Hesme. Cette fois, il y a moins de chorégraphie mais tout autant de chansons qui forment des dialogues sur le trouble amoureux (et le deuil) entre un garçon qui aime deux filles dans un ménage à trois qui se complique quand il est lui-même aimé par un autre garçon… Le film repart bredouille, mais Christophe Honoré sera de retour en 2011 avec Les bien-aimés, présenté en clôture.  Un autre film musical dans lequel on retrouve... Catherine Deneuve. Comme pour boucler la boucle.

Cannes fera connaître dans quelques semaines quels seront les films qui seront sélectionnés pour cette 70 édition, mais, ici, on peut déjà vous pronostiquer que la comédie musicale fera de nouveau l’événement lors du Festival... 2018 : en effet, Léos Carax travaille en ce moment sur son prochain film Annette (avec Adam Driver et une actrice encore inconnue en remplacement de Rooney Mara et de Rihanna initialement attachées au projet) qui « sera envoûtant, noir et cruel, mais aussi drôle et joyeux et saura s’inscrire dans la riche histoire d’amour entre le cinéma, la musique et les voix » d’après ses propres mots. Gilles Jacob (ex président du Festival de Cannes) est déjà emballé par le scénario qu’il a lu : « Je pense que ça va être quelque chose ! Can't wait ». Nous non plus.

Kristofy d'Ecran-Noir

Festival 2 Valenciennes 2017 : The Young Lady divise, Les Mauvaises herbes cartonne

Posté par wyzman, le 17 mars 2017

Jour 2. Fictions. Après le carton de Sage femme hier soir, la compétition Fictions continue avec de nouvelles pépites. Si l'an dernier, La Saison des femmes et Chala : Une enfance cubaine ont reçu les honneurs du Festival 2 Valenciennes, cette année, il semble impossible de faire un quelconque pronostic. Les plus pragmatiques diront que c'est parce que seule la moitié des films en compétition a été vue quand les autres argueront que même à ce stade, des tendances devraient se dessiner.

Deuxième film projeté, De toutes mes forces de Chad Chenouga n'a pas manqué de faire réagir les dizaines de festivaliers présents pour l'unique projection. Insouciant, Nassim perd sa mère et se retrouve placé dans un foyer. Malgré la bienveillance de la directrice de l'établissement, le jeune homme alors en première tente de naviguer entre deux vies auxquelles il n'appartient pas complètement. Jeu d'équilibriste, De toutes mes forces passe ainsi de la chronique de la jeunesse parisienne à un drame profond et tangible sur les travers du système et la difficulté qu'ont certains à réaliser leurs rêves. A la fois naïf et dur, De toutes mes forces impressionne par la performance de Yolande Moreau et la révélation Khaled Alouach, un acteur à suivre de près.

Par la suite, les festivaliers ont eu le plaisir de découvrir The Young Lady, adapté du roman de Nikolai Leskov, La Lady MacBeth du district. Drame passionné et passionnant sur une femme qui tente de s'émanciper à une époque où on la réduit trop souvent à l'état d'objet, The Young Lady est porté par une Florence Pugh plus fascinante que jamais et qui n'est pas sans rappeler Natalie Dormer période The Tudors. Cruel et percutant, le film de William Olroyd n'a pas manqué de diviser. Parce que le scénario laisse entrevoir toutes les options que les personnages ont, nombreux été ceux à être incommodés par la noirceur de l'ensemble. Néanmoins, le film dispose d'une photographie et d'une mise en scène particulièrement incroyables qui relèvent d'être notées.

Enfin, comment ne pas évoquer Les Mauvaises herbes de Louis Bélanger ? Comédie dramatique, le film raconte les péripéties d'un acteur criblé de dettes qui se retrouve à cultiver du cannabis avec un ermite grognon et une jeune technicienne ultra sensible. Pêchu et imprévisible, Les Mauvaises herbes est sans aucun doute la comédie la plus caustique de cette septième édition du Festival 2 Valenciennes. Entre son trio d'acteurs principaux absolument bluffant et ses répliques déjà culte et qui s'enchaînent à une vitesse folle, on ne sait plus où donner de la tête. Plus encore, sous ses airs de film de potes, Les Mauvaises herbes traitent de sujets sérieux tels que le coming-out, la filiation et l'addiction. Un beau moment de cinéma !

Un amour impossible entre Virginie Efira et Niels Schneider

Posté par vincy, le 17 mars 2017

Catherine Corsini va réunir deux des acteurs francophones - une Belge et un Québécois - les plus tendance du moment, dans Un amour impossible, adaptation de l'auto-fiction de Christine Angot publiée en 2015. Virginie Efira et Niels Schneider incarneront respectivement la mère et le père du personnage principal de l'histoire. Le Film français révèle que le tournage débutera le 1er juin, produit par Chaz productions (qui vient de sortir Jours de France cette semaine) et ultérieurement distribué par Le Pacte.

Virginie Efira vient d'être nommée au César de la meilleure actrice pour Victoria tandis que Niels Schneider a été récompensé par le César du meilleur espoir masculin pour Diamant noir.

Catherine Corsini et Laurette Polmanss on adapté le roman de Christine Angot (Prix Décembre 2015), qui se déroule de 1958 à nos jour et raconte l'amour inconditionnel entre une mère et sa fille. A Châteauroux, fPierre séduit en effet Rachel mais refuse de l'épouser. Il accepte cependant d'avoir un enfant avec elle, Christine, qu'elle devra élever seule. A l’adolescence, Pierre reconnaît officiellement sa fille, qui, fascinée par ce qu’il lui fait découvrir, s’éloigne de sa mère. Bien plus tard, Rachel apprend que Pierre viole Christine depuis des années (histoire que la romancière a raconté dans L'inceste, 1999).

Le tournage se déroulera à Châteauroux, Reims, Strasbourg, Paris, Nice et Gérardmer.

Christine Angot vient d'adapter Un amour impossible au Théâtre de l'Odéon, avec une mise en scène de Célie Pauthe et Maria de Medeiros et Bulle Ogier dans les rôles de la fille et de la mère. La pièce se joue jusqu'au 26 mars.

C'est la deuxième fois qu'un de ses romans est porté à l'écran, après le très beau Pourquoi (pas) le Brésil? en 2004, réalisé par Laetitia Masson.