Gaumont cède ses cinémas à Pathé

Posté par vincy, le 2 mars 2017

Petit tremblement de terre dans l'exploitation. Gaumont a vendu pour 380M€ ses 34% dans Les Cinémas Gaumont Pathé. Autrement dit, la marque à la marguerite ne sera plus exploitant, laissant Pathé gérer l'intégralité de leur réseau. Par ailleurs, le groupe Gaumont propose à ses actionnaires minoritaires de céder leurs parts à Paté.

Sidonie Dumas, Directrice Générale de Gaumont a déclaré lors de la publication des résultats annuels de la société: "Nous nous félicitons de la coopération fructueuse avec Pathé au cours de ces seize dernières années qui a permis aux Cinémas Gaumont Pathé de devenir un des leaders européens de l'exploitation cinématographique. La réalisation de cette cession va permettre à notre groupe d'accélérer le développement prometteur de ses activités de production de séries télévisées aux Etats-Unis et en Europe, de renforcer la production de films de cinéma et d'envisager l'expansion des activités de Gaumont en Europe. "

Renforcer la production et la distribution

Pour Gaumont, c'est avant tout un changement de stratégie. Le groupe souhaite se renforcer sur la production et la distribution, que ce soit dans le cinéma ou la télévision. Et surtout il peut envisager quelques acquisitions et un développement dans des pays comme le Royaume-Uni et l'Allemagne. Les Cinémas Gaumont Pathé sont de loin le premier réseau français avec 380M€ de chiffre d'affaires. Gaumont, avec son activité cinéma a généré 189M€ de chiffre d'affaires (en recul de 13%) et un résultat net de 18,9% (+6%) en 2016. La production cinématographique est en hausse avec 114M€ de C.A. (contre 71M€ en 2015), avec une forte hausse de l'activité distribution (12,2M d'entrées) et celle des ventes de droits de diffusion.

Gaumont prévoit de sortir 15 films et de livrer 7 séries cette année.

La marguerite ne disparaîtra pas tout de suite

Actuellement Gaumont appartient à une holding de Nicolas Seydoux, CinéPar, frère de Jérôme Seydoux, patron de Pathé, dont les salles de cinéma vont devenir le cœur de l'activité. La transaction, après accord des autorités financières, devrait être finalisée en mai. La marque Gaumont restera accrochée au fronton des cinémas jusqu'en 2023.

Le regroupement des cinémas Gaumont et Pathé n'a que 17 ans d'existence. Il rassemble 108 multiplexes et 1076 écrans, pour 67 millions de spectateurs l'an dernier. Le réseau est présent en France, en Suisse, aux Pays-Bas et en Belgique.

Edito: Life is bigger than films

Posté par redaction, le 2 mars 2017

On croyait les scénaristes dotés d'une imagination sans limites. On critiquait même, parfois, l'exagération de certains scripts hollywoodiens, toujours prompts à la surenchère ou au rebondissement artificiel. Mais on doit reconnaître que ce final des Oscars, épiphénomène médiatique qui nous régale mais qu'on aura vite oublié tant il a peu d'importance sur le cours de nos vies, était sacrément machiavélique.

Un twist digne d'Usual Suspect ou de Sixième sens. C'est l'épilogue de Lost en spectacle vivant. Et en plus, à la fin, c'est le plus petit qui gagne. Moonlight, en partie auto-produit, tourné rapidement, avec un sujet engagé, plaidoyer vibrant pour les minorités, l'a finalement emporté. Le chaos qui régnait alors sur la scène du Dolby Theatre était inimaginable.

En France, c'est la vie politique qui nous offre le meilleur feuilleton de l'année, à raison d'un épisode de la saga par semaine. C'est House of Cards en live. Rien ne se passe comme prévu. Et malin celui qui pourra prédire la fin de la saison début mai. On en vient à suivre les péripéties d'une campagne électorale comme on se captive pour une série télévisée, commentaires sur les réseaux inclus. Quiconque aurait écrit un scénario de ce genre aurait été accusé d'en faire trop. Pourtant le trop est bien réel.

Ironiquement, pendant que la vie présente nous offre des histoires à dormir debout, le cinéma se teinte de nostalgie. Aucun rebondissement dans Logan, T2 Trainspotting, Patients ou 20th Century Women, qui sortent cette semaine dans les salles. Ces films regardent dans le rétroviseur et rappellent que la vie est courte et semée d'embûches, ponctuée d'erreurs, et se termine toujours de la même façon: on vieillit, on meurt. Point de héros, juste des hommes et des femmes abimés par l'existence, physiquement ou psychologiquement. Il n'y a pas, ici, un retournement de situation où Wolverine rajeunirait, où Rent Boy et ses potes vivraient heureux, où des handicapés seraient de nouveau entièrement valides, où Abbie guérirait de son cancer. Le cinéma est, paradoxalement, plus réaliste que la fiction.

"La réalité dépasse la fiction, car la fiction doit contenir la vraisemblance, mais non pas de la réalité” disait Mark Twain. On est en plein dedans: dans ce monde absurde et irrationnel. On croit davantage à un mutant aux griffes de métal qu'à notre propre système médiatique ou politique, qui n'inspire désormais que le doute ou la méfiance.