#BlackoutTuesday : 4 films inspirés de faits divers

Posté par kristofy, le 2 juin 2020

Les Etats-Unis s'embrasent de nouveau, encore une fois. Une fois de plus, un afro-américain est mort de violence policière : George Floyd dont les images insoutenables de son agonie sous le poids du genou d'un policier réputé violent ont enflammé la toile, le monde, les rues. Ce décès a ravivé le mouvement #BlackLiveMatter.

Ce mardi 2 juin c'est le mouvement #BlackoutTuesday avec pour seule image un carré noir sur les réseaux sociaux... C'est d'abord le monde de la musique (artistes, mais aussi maisons de disques comme Atlantic Records, Universal, Warner, Sony...) qui a initié un arrêt d'activité ce jour avec #TheShowMustBePaused, avant que, plus largement, d'autres figures de la culture et les internautes ne partagent ce carré noir devenu viral avec plusieurs millions de hashtag #BlackoutTuesday à travers le monde...

Un film américain récent a retracé un fait divers dans la lignée de celui de George Floyd, Fruitvale Station. Grand prix à Sundance, présenté à Cannes en 2013, il s'agit de l'histoire d'Oscar Grant qui croise des agents de police dans la station de métro Fruitvale à San Francisco. La cruauté et la sauvagerie transforment un malentendu en dérapage ignoble, où le flic raciste, conscient de son acte horrible, cherche quand même s’excuser.

Le cas n'est pas qu'américain. En France comme en Europe, on a répertorié quelques brutalités policières à caractère raciste dans le cadre de traques individuelles ou de manifestations même pacifistes. Et, s'il n'y a pas de racisme, n'oublions pas des partisans de la démocratie à Hong Kong qui ne sont que des cibles pour les autorités chinoise armées jusqu'aux dents.

La Haine (1995) : Makomé M’Bowolé, 17 ans, est tué d'une balle dans la tête par un policier durant son interrogatoire dans un commissariat. Mathieu Kassovitz imagine alors une histoire où un pistolet d'un policier serait retrouvé par des jeunes d'une cité... La Haine vient de fêter ses 25 ans et Mathieu Kassovitz déplore que rien à changé puisque dans l'affaire Adama Traoré (2016), en quatre ans de procédure, la responsabilité judiciaire des policiers est toujours esquivée (jusqu'à lui trouver un problème cardiaque pour se deresponsabiliser) :  « Les seuls responsables sont les politiques. Nous acceptons que les policiers fassent des erreurs mais nous demandons la justice, et les politiques ne la rendent pas » La Haine a reçu prix de la mise en scène au Festival de Cannes, et trois César (dont celui du meilleur film).

De l'amour (2001) : avec son troisième film, Jean-François Richet apporte une sorte de conclusion à sa trilogie amorcée avec Etat des lieux et Ma 6-T va crack-er . Plus fort et plus nuancé, le film s'intéresse à la police, à la fois protectrice et dangereuse... Pour le motif idiot du vol d'une culotte dans un magasin, une jeune femme se retrouve au commissariat, elle y sera alors violée par un policier. C'est presque un film d'anticipation car des affaires semblables seront médiatisées à partir de 2014 à Paris ou à Toulouse. On se souvient du cas d'Emily Spanton une touriste canadienne, qui a subit un viol en réunion par des policiers dans leur bâtiment du 36 quai des Orfèvres. Encore une fois les autorités ont voulu 'se couvrir' et affaiblir le témoignage de la victime (elle était alcoolisée, habillée court, hystérique...). Mais il y a eu procès et condamnation à de la prison.

Les Misérables (2019) : Abdoulaye Fofana, 20 ans, est tabassé par des policiers, mais cette fois ça a été filmé : avec les images comme preuve, il y a eu procès, les policiers ayant eu juste quelques mois de prison avec sursis et une mutation dans un autre département. Le 'copwatching' est ce qui a inspiré à Ladj Ly cette histoire où un policier a tiré, dans une scène de panique, avec son pistolet sur un enfant... Filmer un policier sur la voie publique est bien autorisé par une circulaire de décembre 2008. En 2018, une note de la Police Nationale rappelle que les policiers n'ont pas le droit de s'y opposer. En 2019 et 2020 les multiples débordements de policiers (sans leur matricule RIO d'identification pourtant obligatoire) contre les 'gilets jaunes' (et contre des habitants du 93 et du 91) filmés et diffusés sur internet se multiplient (dont des tirs interdits visant les visages). Les affaires n'entrainent aucune sanction de l'IGPN, le gouvernement nie le problème, Eric Ciotti et d'autres députés de droite veulent une loi contre ces images pour protéger les policiers en faute, au lieu de protéger plutôt les victimes. Une tribune de protestation contre cette proposition (parue dans Libération) est signée par diverses personnalité de la culture, comme Adèle Haenel, Aïssa Maïga, Camélia Jordana, Leïla Bekhti, Omar Sy, Marina Foïs, Ladj Ly, Vincent Cassel, Audrey Dana, Nicolas Duvauchelle.... Elle rappelle que "Le pouvoir de ces graves images a réveillé bon nombre de consciences sur la réalité de ces pratiques policières et a permis d’expliquer le nombre extraordinaire de blessés et de mutilés." Les Misérables a reçu prix du jury à Cannes, une nomination à l'Oscar du meilleur film international, et quatre César (dont celui du meilleur film).

Venise 2019 : American Skin, de Nate Parker

Posté par kristofy, le 3 septembre 2019

Nate Parker s’est fait un nom depuis le Festival de Sundance en 2016 avec son film The Birth of a Nation. Il y gagne à la fois le Grand prix du jury et Prix du public. Dans la foulée, Fox Searchlight signe un gros chèque pour distribuer le film (et vise les Oscars 2017). Ce biopic à propos d’un leader d’une rébellion d’esclaves noirs a pourtant coulé au box office. Un an avant l'affaire Weinstein, il y a eu l'affaire Parker. Le cinéaste et son colocataire Jean Celestin, qui est co-scénariste du film, ont été accusés d'avoir violé une jeune fille de 18 ans à l'université en 1999. Elle était inconsciente après une nuit de beuverie. Parker a été acquitté en 2001. Mais Celestin a été condamné à 6 mois de prison pour agression sexuelle avant que sa condamnation ne soit annulée en appel car la victime avait refusé de témoigner à nouveau, victime qui s'est suicidée en 2012 dans un centre de désintoxication. Parker a toujours clamé son innocence mais en incluant une scène d'agression sexuelle dans Birth of a Nation, la polémique a tué le film.

Après la sélection de Polanski en compétition, Venise s'offre donc une nouvelle polémique autour d'un réalisateur au passé pour le moins compromettant. Son nouveau film American Skin a été dévoilé à la Mostra, où Nate Parker est venu avec Spike Lee, son producteur. Et ça parle des racisme(s) de manière frontale.

Le pitch: Lincoln est un ancien combattant de la Marine. Aujourd'hui, il travaille comme concierge au sein d'une école et tente d’améliorer ses relations avec son fils. Un jour, lors d'un contrôle de police de routine, le jeune garçon est tué. Cependant, l'officier coupable d'avoir tiré sur lui est déclaré innocent. Lincoln choisit alors de faire justice soi-même…

American Skin adopte la forme d’un vrai documentaire (en fait il s'agit d'un montage d’images filmées par caméscope, webcam et caméras de surveillance) pour mieux interpeller et impliquer le spectateur, et lui signifier qu’il s’agit de faits réels. Le film questionne (et donne plusieurs réponses) le dramatique problème des brutalités policières aux Etats-Unis : il se produit régulièrement des faits-divers où des noirs sans arme sont tués par des policiers blancs, qui sont ensuite relaxés, car souvent jugés dans les limites des procédures. Depuis 2013, la colère s'est transformée en mouvement: #BlackLivesMatter…

Le film commence avec le contrôle par deux policiers (à travers l’objectif d’une caméra à bord de leur véhicule de police) d’une voiture où il y a deux noirs, un père et son fils. Tout ce passe vite : garder les mains visibles immobiles, demande des papiers d’assurance, sortir de la voiture, les flics ont leur pistoles dégainé, le fils a un téléphone portable qui filme. Il est tué. Il avait 14 ans. Environ un an après les faits, il y a eu un procès de l’affaire et un jugement: le policier est relaxé et réintégré en service. Des étudiants en cinéma faisant un documentaire viennent interviewer la famille de la victime, dont le père, pour évoquer cette tragédie, et de manière plus générale les brutalités policières envers la communauté noire. Avec une certaine ironie, on relève que la loi autorise un citoyen américain à s’opposer à une interpellation illégale. Mais dans les faits, quand on est noir, on préfère ne rien faire afin de pouvoir rentrer tranquillement à la maison…

Douze hommes et femmes en colère

Un matin, le père emmène les jeunes vidéastes en voiture, et il va leur demander de ne jamais arrêter de filmer : avec quelques amis à lui, ils entrent armés dans le commissariat du policier incriminé pour demander justice, à sa manière. Va se dérouler une longue prise d’otage pour refaire le procès de ce policier : ses collègues ont été attachés, les autres personnes qui étaient là (des civils, quelques prisonniers, des hommes et des femmes) sont obligées de former les 12 personnes d’un jury. Ils vont devoir juger ce flic, qui devra répondre aux questions du père…

American Skin va prendre la forme d’une joute oratoire passionnante, il y a débats (entre tous : les pères et ses amis, les jeunes vidéastes, les prisonniers, les policiers) pour évoquer à travers ce cas particulier un problème plus global, et enraciné dans la culture américaine. La force du film est de ne pas être une charge totalement anti-flic ; le propos est assez nuancé pour entendre et comprendre (voir justifier ?) les actions policières qui dérapent trop souvent quand il s’agit de noirs contrôlés. Les jurés improvisés vont devoir rendre leur verdict. On glisse d’un fort climat de tensions et de haine entre les deux groupes vers une certaine compréhension des causes qui ont provoqué l’innommable, la douleur d’un père d’avoir vu son fils tué par un policier. Alors que les choses vont vers un possible apaisement à l’intérieur du commissariat, à l’extérieur, un groupe d’intervention se prépare…

Le cinéma américain avait déjà abordé ce thème. En 1967 à Detroit dans un hôtel, il y a eu trois hommes abattus par des policiers devenu Detroit de Kathryn Bigelow en 2017; en janvier 2009 à San Francisco Oscar Grant se fait tirer dessus par des agents de police dans le métro, ce qui a donné Fruitvale Station de Ryan Coogler en 2014; c’est aussi abordé dans la plupart des films de Spike Lee comme son dernier BlacKkKlansman en 2018. Ces différents films étaient un signal dénonciateur. Pourquoi il y a aux Etats-Unis tant de noirs tués par des policiers blancs ? Il y a plusieurs réponses, et ce n'est pas qu'une question de couleur de peau. Avec American Skin Nate Parker s’est saisi de la complexité du problème avec une étonnante audace.

12 Years a Slave triomphe aux Independent Spirit Awards

Posté par vincy, le 2 mars 2014

A la veille des Oscars, 12 Years a Slave a quasiment tout raflé aux Independent Spirit Awards. Film, Réalisateur, second-rôle féminin, scénario, image : on voit là un avant-signe de ce que pourrait être la cérémonie des Oscars.

Pour une fois, les Spirit Awards ont été assez consensuels, répétant les palmarès des critiques, des Golden Globes et des différentes guildes : Blanchett, McConaughey et Leto font là encore figures de favoris pour les Oscars.

On notera que La vie d'Adèle, qui n'est pas oscarisable, a été récompensé par le prix du meilleur film étranger. Trois autres films cannois ont été honorés : Fruitvale Station, Mud et Nebraska.

Palmarès

Meilleur film: 12 Years a Slave
Meilleur réalisateur: Steve McQueen (12 Years a Slave)
Meilleur acteur: Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club)
Meilleure actrice: Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Meilleur second rôle masculin: Jared Leto (Dallas Buyers Club)
Meilleur second rôle féminin: Lupita Nyong’o (12 Years a Slave)
Meilleur documentaire: 20 Feet From Stardom
Meilleur scénario: John Ridley (12 Years a Slave)
Meilleure image: Sean Bobbitt (12 Years a Slave)
Prix John Cassavetes: This Is Martin Bonner
Meilleur film étranger: La vie d'Adèle
Prix Robert Altman: Mud
Meilleur premier film: Fruitvale Station
Meilleur premier scénario: Bob Nelson (Nebraska)
Meilleur producteurs: Toby Halbrooks et James M. Johnston
Meilleur montage: Nat Sanders (Short Term 12)

Fruitvale Station : rencontre avec le réalisateur Ryan Coogler

Posté par kristofy, le 2 janvier 2014

ryan coogler fruitvale station cannes 2013Fruitvale Station est un film dont on connaît d’avance la fin mais dont on ignore le début, et c’est cette histoire qui est racontée. Dès le début il y a les images d’un fait divers tragique enregistrées avec un téléphone portable. Sur le quai de cette gare à Oakland en Californie le 1er janvier 2009 à 2h15 du matin, un contrôle de police dégénère : le jeune Oscar Grant de 22 ans reçoit une balle dans le dos tirée par un policier. Bavure banale? Oui mais la victime est noire, le policier est blanc. Et le premier ne menaçait pas le second.

Le film nous fait le portrait de qui était Oscar Grant durant les 24 heures qui ont précédées ce drame. Il sort en France le jour de la date anniversaire du 1er janvier. Le film avait déjà été récompensé au Festival de Sundance, à Cannes et au dernier Festival américain de Deauville où nous y avions rencontré son réalisateur Ryan Coogler :

Ecran Noir : Fruitvale Station montre à différents moments de la journée des instants de la vie de Oscar Grant devant nos yeux…
Ryan Coogler : Je voulais trouver le moyen que les acteurs se surprennent entre eux, et qu’il y ait une fraîcheur de jeu. On avait un planning de tournage très serré, je me suis basé avant tout sur le scénario pour les plans prévus dans le planning de tournage, et après ça on pouvait respirer et essayer des choses. Pour moi il s’agissait d’abord de rendre compte des faits en s’attachant à l’humanité des personnes impliquées. L’histoire du film est avant tout celle de ces gens.

EN : Qu’est ce qui était le plus difficile à recréer comme scène de vie : la tension entre policiers et jeunes dans le train où l’intimité familiale entre Oscar, sa femme et sa fille ?
Ryan Coogler : Ce sont deux choses qui ont été difficiles à tourner pour différentes raisons. En premier lieu c’est  la contrainte du planning, très serré. Pour ce qui des séquences avec les policiers, on avait le quai de la gare à disposition seulement pour 4 heures de tournage ! Pour les scènes domestiques avec la famille, il y avait beaucoup d’émotions différentes à capturer à travers les disputes ou les coups de téléphones. Et là aussi il a fallu composer avec le facteur temps en ce qui concerne la jeune actrice qui joue leur petite fille : puisque c’est une enfant il y a des limitations spécifiques du nombre d’heures consécutives de tournage. Par exemple on ne pouvait pas la faire tourner après minuit. C’est la gestion du temps de tournage qui était la principale difficulté.

EN : Pensez-vous qu'une fiction réaliste est un témoignage plus puissant qu’un reportage aux informations de la télévision ?
Ryan Coogler : Oui je pense que cela peut être le cas. Je pense qu’un film peut rendre le public beaucoup plus proche des personnages. Pour ce qui de la télévision, cela dépend comment le reportage est monté. Pour le cas d’Oscar, le drame a été enregistré par des téléphones. Voir ce genre d’enregistrement des faits nous fait devenir témoin de ce qui c’est passé, mais d’autres incidents arrivent sans qu’on puisse en voir des images. Ils ne sont que racontés. Un film apporte beaucoup de proximité, voir même de l’intimité, et peut apporter d’autres éléments à mettre en perspective. Fruitvale Station a eu une certaine répercussion dans le milieu de la police, à propos des procédures de certains agents. J’espère que ce genre d’incident ne se reproduira plus.

Les Critiques de New York récompensent American Hustle, La vie d’Adèle et Le vent se lève

Posté par vincy, le 3 décembre 2013

jennifer lawrence american hustleLe New York Film Critics Circle a lancé la salve des prix aux Etats-Unis, et donc le compte à rebours jusqu'aux Oscars.
Premier grand vainqueur, le nouveau film de David O'Russell, American Hustle (American Bluff en français), qui succède à Zero Dark Thirty. Le film remporte trois prix (film, second rôle féminin, scénario). Une razzia. Il sortira le 5 février en France.

Steve McQueen gagne le prix du meilleur réalisateur. Notons surtout que Robert Redford est honoré pour la première fois par les critiques de New York malgré ses 55 ans de carrière!

Mais c'est côté français qu'on peut se réjouir. Outre le prix de la meilleure image pour le chef opérateur Bruno Delbonnel (et son travail sur le film des Coen), c'est bien la Palme d'or d'Abdellatif Kechiche, La vie d'Adèle, qui repart avec le prix du meilleur film en langue étrangère. C'est quasiment un sans faute pour le Festival de Cannes puisque c'est la troisième Palme qui est consacrée à Gotham depuis 2008. De même le cinéma français ne se porte pas mal puisque deux films d'Olivier Assayas et le Haneke l'an dernier ont précédé le Kechiche.

Evidemment, l'autre fait notable est bien le triomphe du dernier film d'animation d'Hayao Miyazaki, Le vent se lève. Dorénavant, il est le seul cinéaste à avoir reçu trois fois ce prix.

Meilleur film : American Hustle de David O'Russell
Meilleur réalisateur : Steve McQueen (12 Years a Slave)
Meilleure actrice : Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Meilleur acteur : Robert Redford (All Is Lost)
Meilleur second rôle féminin : Jennifer Lawrence (American Hustle)
Meilleur second rôle masculin : Jared Leto (Dallas Buyers Club)
Meilleur film en langue étrangère : La vie d'Adèle (France)
Meilleur film d'animation : Le vent se lève (Japon)
Meilleur scénario : American Hustle
Meilleure image : Bruno Delbonnel (Inside Llewyn Davis)
Meilleur premier film : Fruitvale Station
Meilleur documentaire : Stories We Tell

Independent Spirit Awards 2014 : 12 years a slave et Nebraska en tête des nominations

Posté par MpM, le 27 novembre 2013

12 yearsTraditionnellement, les Independent Spirit Awards (Oscars du cinéma indépendants auxquels ne sont éligibles que les films d'un budget égal ou inférieur à 20 millions de dollars) lancent la saison des prix aux Etats-Unis. Cette année, il semble y avoir eu une certaine unanimité parmi les votants puisque deux films totalisent à eux seuls 13 nominations.

C'est en effet le chouchou du public du Festival de Toronto, 12 years a slave de Steve McQueen, qui arrive en tête des nominations (sept, dont les plus prestigieuses : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur...). Il est suivi de près par l'une des surprises du dernier festival de Cannes, Nebraska d'Alexander Payne, qui avait d'ailleurs valu un prix d'interprétation à Bruce Dern.

Les films remarqués en festivals sont d'ailleurs légion dans la liste des nominés, de All is lost de JC Chandor (hors compétition à Cannes) à Fruitvale Station (Grand prix à Sundance), de Before midnight de Richard Linklater (présenté à Berlin) à Inside Llewyn Davis des frères Coen (grand Prix à Cannes), sans oublier la palme d'or 2013, La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche.

A noter que Matthew McConaughey nebraskaest à nouveau sur la liste des nominés (pour Dallas Buyers Club), après sa double nomination en 2013 (il avait finalement reçu le Spirit Award du second rôle pour Magic Mike) tandis que James Gandolfini reçoit une nomination posthume pour le prix du meilleur acteur dans un second rôle dans Enough said.

En 2013, c'est Happiness Therapy de David O. Russell qui avait été le grand gagnant avec 4 récompenses. Mais il faut savoir que les Spirit Awards, dont la cérémonie se déroule la veille des Oscars, sont généralement considérés comme une remise de prix permettant à un film boudé par les Oscars mais chouchou de la critique de sauver son honneur. A vérifier le 1er mars 2014.

7 nominations

12 years a slave de Steve McQueen : Film, réalisateur, scénario (John Ridley), acteur (Chiwetel Ejiofor), second rôle féminin (Lupita Nyong’o), second rôle masculin (Michael Fassbender), image (Sean Bobbitt).

6 nominations

Nebraska d'Alexander Payne : film, réalisateur, acteur (Bruce Dern), second rôle féminin (June Squibb), second rôle masculin (Will Forte), premier scénario (Bob Nelson).

4 nominations

All is lost de JC Chandor : film, réalisateur, acteur (Robert Redford), image (Frank G. DeMarco).

3 nominations

Blue Jasmine de Woody Allen : scénario (Woody Allen), actrice (Kate Blanchett), second rôle féminin (Sally Hawkins).
Fruitvale Station de Ryan Coogler : premier film, acteur (Michael B. Jordan), second rôle féminin (Melonie Diaz).
Inside Llewyn Davis des frères Coen : film, acteur (Oscar Isaac), image (Bruno Delbonnel).
Short Term 12 de Destin Cretton : actrice (Brie Larson), second rôle masculin (Keith Stanfield), montage (Nat Sanders).

Lire le reste de cet article »

Deauville 2013 : Palmarès engagé et un John Travolta impliqué pour le dernier jour

Posté par kristofy, le 8 septembre 2013

Jesse Eisenberg Night MovesLe festival du cinéma américain de Deauville s'est achevé hier soir avec son palmarès.

Grand prix du jury : Night moves de Kelly Reichardt, avec Dakota Fanning, Jesse Eisenberg, Peter Sarsgaard.
Également en compétition à Venise et sélectionné à Toronto, le film raconte l'histoire de trois écologistes radicaux, convaincus de la nécessité de passer à l'action extrême pour défendre leur cause. Ils décident de faire exploser un barrage hydroélectrique mais cet acte aura des conséquences auxquelles ils ne s'attendaient pas...

Prix du jury ex æquo : All is lost de Jeffrey C. Chandor, qui était hors-compétition à Cannes et Stand clear of the closing doors , qui avait déjà reçu une mention spéciale à Tribeca, de Sam Fleischner.
Dans All is Lost, Robert Redford, seul à l'image, est un navigateur confronté aux éléments déchaînés au milieu de l'océan Indien, alors que son embarcation prend l'eau.
Dans Stand clear of the closing doors, on suit l'errance d'un adolescent autiste dans le métro de New York à l'approche de l'ouragan Sandy.

Prix du public et prix de la révélation Cartier : Fruitvale station de Ryan Coogler.
Le film a déjà reçu le Prix de l'avenir de la sélection "Un certain regard" au Festival de Cannes, le Grand prix du jury et le Prix du public du festival de Sundance. Il est produit par Forrest Whitaker.

Prix de la critique internationale : The Retrieval de Chris Eska.
Le film, déjà présenté aux Festivals d'Austin et de Phoenix, suit un jeune garçon chargé de retrouvé un homme recherché par la justice, à l'époque de la guerre de Sécession.

John Travolta, entre amour du public et opposition à la guerre

Dernier invité de prestige sur les planches normandes, John Travolta. Deauville a rendu hommage à la star, déjà présente il y a 25 ans du temps de Grease. Travolta a renversé les rôles en rendant hommage à Deauville et au public français. La star s’est montrée très proche des festivaliers, se rendant disponible le plus possible : entre un bain de foule en milieu d’après-midi et le tapis-rouge du soir tous ceux qui étaient présents ont pu avoir une photo avec lui ou une dédicace. "Le public (c'est) ma motivation", a-t-il dit vendredi soir en français.

Il venait présenter Killing Season de Mark Steven Johnson, avec Robert de Niro en partenaire. On l'y découvre en soldat revenu de la guerre de Bosnie, avec le cheveux ras et un collier de barbe. "Mon objectif était de comprendre cette guerre et ce qui fait que Monsieur tout le monde peut devenir un criminel de guerre", a-t-il expliqué. "Cette guerre était moins une question religieuse, ou politique qu'une question financière contrôlée par des pays plus grands" selon lui. Farouche opposant à la guerre, il rappelle : "J'ai été adolescent dans les années 60 et 70. J'ai assisté à une vague de protestation contre le concept de guerre. C'est là qu'est mon coeur".
Travolta, comme beaucoup d'autres stars hollywoodiennes cette année, regrette que ce genre de films, "avec un message" soit "de nos jours plus difficile" à financer, nécessitant l'appel à une coproduction belge.

Deauville 2013 : Sundance « bis » et autres blockbusters

Posté par vincy, le 22 juillet 2013

Le Festival du Cinéma Américain de Deauville a annoncé son programme : la compétition et les avant-premières. Dans la première on retrouve énormément de films venus de Sundance, et pas de films primés à Tribeca et Austin, les autres grands rendez-vous du ciné indé US. 4 films déjà vus à Cannes seront présentés dont Fruitvale Station, qui fait sensation aux USA actuellement et qui est reparti avec le Prix de l'avenir à Un certain regard sur la Croisette.

Côté avant-premières, on note le Woody Allen, quelques gros blockbusters de la saison, quelques fiascos hollywoodiens (ce qui ne veut rien dire) et le Quentin Dupieux, présenté également à Locarno.

La compétition :

A single shot, de David M. Rosenthal, avec Sam Rockwell, Jeffrey Wright. Berlin 2013.
All is lost, de J.C. Chandor, avec Robert Redford. Cannes 2013.
Blue Ruin, de Jeremy Saulnier, avec Macon Blair, Amy Hargreaves. Cannes 2013.
Breathe In de Drake Doremus, avec Guy Pearce, Felicity Jones. Sundance 2013.
Fruitvale Station, de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan, Melonie Diaz. Grand prix à Sundance 2013, Cannes 2013.
Ain’t them Bodies Saints (Les amants du Texas), de David Lowery, avec Rooney Mara, Casey Affleck. Sundance 2013.
Lily, de Matt Cread, avec Amy Grantham, Simon Chaput. Tribeca 2013.
Sweet Vengeance (Shérif Jackson), de Logan Noah Miller, avec Ed Harris, January Jones. Sundance 2013.
Short Term 12, de Destin Cretton, avec Brie Larson, John Gallagher Jr. Austin SWS 2013.
Stand clear of the closing Doors, de Sam Fleischner, avec Jesus Sanchez-Velez, Andrea Suarez Paz. Tribeca 2013.
The Retrieval, de Chris Eska, avec Ashton Sanders, Tishuan Scott. Austin SWS 2013.
We are what we are, de Jim Mickle, avec Bill Sage, Ambyr Childers. Sundance 2013 et Cannes 2013.

Les avant-premières :

Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas, Matt Damon (film d'ouverture)
Blue Jasmine, de Woody Allen, avec Cate Blanchett, Alec Baldwin
White House down, de Roland Emmerich, avec Channing Tatum, Jamie Foxx
Very good Girls, de Naomi Foner, avec Dakota Fanning, Elizabeth Olsen
Joe, de David Gordon Green, avec Nicolas Cage, TYe Sheridan
Rush, de Ron Howard, avec Daniel Brühl, Chris Hemsworth
Killing Season, de Mark Steven Johnson, avec Robert De Niro, John Travolta
Wrong Cops, de Quentin Dupieux, avec Mark Burnham, Marilyn Manson
Planes, de Klay Hall. Animation.

Le film de clôture sera un film surprise, "très attendu cinématographiquement par la forte personnalité du metteur en scène et la rencontre d'une oeuvre mythique." Forcément on pense au Don Jon de Joseph Gordon-Levitt.

Cannes 2013 : le palmarès d’Un certain regard n’a pas manqué le génial film de Rithy Panh

Posté par vincy, le 25 mai 2013

L'image manquante de rithy panh

Le jury de Thomas Vinterberg a été conquis, comme nous, par l'excellent documentaire, aussi inventif que juste de Rithy Panh, L'image manquante. Le film reçoit le prix Un certain regard, la plus haute distinction dans cette sélection. Le cinéaste, dans son discours, n'a pas manqué de dédier son film à un autre habitué cannois, l'invité manquant Jafar Panahi.

Durant la cérémonie, bouclée en 40 minutes, Thierry Frémaux a fait applaudir l'ensemble du personnel de la sélection, Ludivine Sagnier a servi de traductrice anglas-français, Alain Guiraudie a failli oublier de remercier ses comédiens et Thomas Vinterberg a fait la synthèse : "L’une des plus belles choses de notre métier est de créer des moments inoubliables - des moments qui demeurent en nous et dans la mémoire collective, ce miroir commun de notre existence. Figurines d’argile, beauté extrême, violence, fellations homosexuelles, humiliation systématique de la nature humaine, jambes de Léa Seydoux, formidables imitations de Brando sont les images uniques qui vont nous poursuivre pendant longtemps. Cette sélection était férocement non sentimentale mais toutefois poétique. Elle était politique, hautement originale, parfois déroutante, variée, mais avant tout inoubliable" a-t-il expliqué en guise d'introduction à la soirée.

Et le jury de récompenser un documentaire qui cherche à combler l'absence d'archives visuelles par une petite invention de cinéma, un film où des mecs niquent en pleine nature, le Grand prix de Sundance sur l'histoire vraie d'une victime d'un abus policier... La variété était au rendez-vous. Un Certain regard continue de défendre les films fragiles, et, contrairement à la Quinzaine, prime ceux qui en ont le plus besoin.

Prix Un Certain Regard : L'image manquante de Rithy Panh (dédié à Jafar Panahi)
Prix du jury : Omar de Hany Abu-Assad
Prix de la mise en scène : Alain Guiraudie pour L'inconnu du Lac
Prix Un talent certain : pour l'ensemble des comédiens de La jaula de oro de Diego Quemada-Diez
Prix de l'avenir : Fruitvale station de Ryan Coogler