Jean-Paul Belmondo et Yolande Moreau honorés par les critiques de Los Angeles

Posté par vincy, le 15 décembre 2009

Parmi les prix prestigieux remis aux Etats-Unis en fin d'année, il y a la liste des critiques de Los Angeles. Film surprise qui apparaît dans de nombreux palmarès, Démineurs (The Hurt Locker), de Kathryn Bigelow, s'octroie les deux principaux prix - meilleur film, meilleur réalisateur. Petit budget, box office sans éclat ... et pourtant le voici propulsé dans la course aux Oscars.

In the Air, la comédie dramatique avec George Clooney, déjà primée par le National Board of Review, confirme, en étant second, sa position de favori pour la statuette. Tout comme Colin Firth semble assurer d'un nomination. Plus surprenant, la victoire de Yolande Moreau en Séraphine dans la catégorie meilleure actrice et celle de L'heure d'été d'Olivier Assayas, ex-aequo avec Le ruban blanc, dans la catégorie du meilleur film étranger. Et last, but not last, les critiques de L.A. ont décidé de remettre un prix pour l'ensemble de sa carrière à Jean-Paul Belmondo. Et c'est mérité!

Film / Finaliste : Démineurs / In the Air
Réalisateur / Finaliste : Kathryn Bigelow (Démineurs) / Michael Haneke (Le ruban blanc)
Acteur / Finaliste : Jeff Bridges (Crazy Heart) / Colin Firth (A Single Man)
Actrice / Finaliste : Yolande Moreau (Séraphine) / Carey Mulligan (An Education)
Second rôle masculin / Finaliste: Christoph Waltz (Inglourious Basterds) / Peter Capaldi ("In the Loop)
Second rôle féminin / Finaliste : Mo'Nique (Precious) / Anna Kendrick (In the Air)
Scénario / Finaliste : Jason Reitman et Sheldon Turner (Up in the Air) / Jesse Armstrong, Simon Blackwell, Armando Iannucci et Tony Roche (In the Loop)
Photo / finaliste : Christian Berger (Le ruban blanc) / Barry Ackroyd (Démineurs)
Direction artistique / Finaliste : Philip Ivey (District 9) / Rick Carter and Robert Stromberg (Avatar)
Musique / Finaliste : T-Bone Burnett and Stephen Bruton (Crazy Heart) / Alexandre Desplat (Fantastic Mr. Fox)
Film en langue étrangère / Finaliste : Summer Hours / Le ruban blanc
Documentaire (ex-aequo) : Les Plages d'Agnès ; The Cove
Animation / Finaliste : Fantastic Mr. Fox / Là-haut
Prix Douglas Edwards du film indépendant, expérimental ou vidéo : The Anchorage
Nouvelle génération : Neill Blomkamp (District 9)
Pour l'ensemble d'une carrière : Jean-Paul Belmondo

Le cinéma israélien obtient enfin une récompense suprême du cinéma

Posté par vincy, le 12 septembre 2009

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Depuis le début de la décennie, le cinéma israélien renaît avec flamboyance. Sélectionné au plus haut niveau dans tous les grands festivals, cité aux Oscars, séduisant les publics cinéphiles, il ne lui manquait plus qu'une Palme d'or, un Ours d'or ou ... un Lion d'or. Grâce à Ang Lee c'est chose faite. Un premier film qui plus est. Le palmarès récompense d'alleurs unegénération de cinéastes émergeants ou décalés.

Palmarès du jury :

- Lion d'or du meilleur film : Lebanon de l'Israélien Samuel Maoz

- Lion spécial pour l'ensemble de la carrière : Jacques Rivette

- Coupe Volpi du meilleur acteur : le Britannique Colin Firth (A Single Man) de Tom Ford. Le film a aussi le Queer Lion du meilleur film gay.

- Coupe Volpi de la meilleure actrice : Ksenia Rappoport (La doppia ora de Giuseppe Capotondi)

- Lion d'argent-Prix de la mise en scène : l'Iranienne Shirin Neshat ( Zanan bedoone mardan (Women Without Men))

- Prix spécial du jury : Soul Kitchen de Fatih Akin

- Prix Luigi De Laurentis de la meilleure Première Oeuvre : Engkwentro, de Pepe Diokno

- Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète : Jasmine Trinca (Il grande sogno de Michele Placido)

- Osella du meilleur scénario : Todd Solondz (Life During Wartime)

- Osella de la meilleure direction artistique : Sylvie Olivé (Mr Nobody de Jaco Van Dormael)

Palmarès de la section Orizonti (Horizons)

- Meilleure fiction : Engkwentro, de Pepe Diokno

- Meilleur documentaire : 1428, de Du Haibin

- Mention spéciale : The Man's Woman and Other Stories, d'Amit Dutta

Autres prix :

- Prix FIPRESCI de la critique internationale
Meilleur film de la 66ème Mostra de Venise : Lourdes, de Jessica Hausner
meilleur film dans les sections Horizons et Semaine internationale de la critique : Choi Voi ,de Bui Thac Chuyen

- Prix SIGNIS
Lourdes de Jessica Hausner
mention spéciale à Lebanon, de Samuel Maoz

- Controcampo Italiano
Cosmonauta, de Susanna Nicchiarelli
Mention spéciale - Negli occhi, de Daniele Anzellotti et Francesco Del Grosso

- Label Europa Cinémas aux Journées des auteurs-Venice Days 2009
The last days of Emma Blank, d'Alex van Warmerdam

- Lionceau d'or 2009
Capitalism: A love story de Michael Moore
- Prix de l'UNICEF
Women without Men, de Shirin Neshat

- Prix La Navicella – Venezia Cinema
Lourdes, de Jessica Hausner

- Prix Nazareno Taddei
Lebanon de Samuel Maoz

- Prix du numérique Future Film Festival
Metropia, de Tarik Saleh
mention spéciale : Là-haut, de Pete Docter

- Prix Brian
Lourdes, de Jessica Hausner

- Queer Lion du meilleur film gay
A Single Man, de Tom Ford

- Prix Arca Cinemagiovani
meilleur film de la 66ème Mostra : Soul Kitchen, de Fatih Akin
meilleur film italien : La doppia ora de Giuseppe Capotondi

- Prix Open 2009
Capitalism: A love story, de Michael Moore

- Prix Gianni Astrei. Le cinéma pour la vie
Lo spazio bianco, de Francesca Comencini

Un mariage de rêve : la maman et la putain

Posté par vincy, le 4 mai 2009

easyvertue.jpg« - je pourrai te manger !
- Après ce fichu repas, ça ne m’étonne pas. »

L'histoire : John Whittaker, jeune Anglais de bonne famille, tombe fou amoureux de Larita, superbe aventurière américaine. Il l'épouse sur le champ et la ramène dans le manoir de ses parents. Si Mr Whittaker n'est pas insensible au charme de sa belle-fille, l'allergie est instantanée chez Mrs Whittaker. La guerre des piques commence. Larita comprend vite qu'elle doit riposter si elle ne veut pas perdre John. Les étincelles fusent... jusqu'au jour où le passé secret de Larita est révélé à tous. Elle décide alors de frapper un dernier grand coup.

Notre avis : C’est un classique du genre : l’Américain(e) moderne et peu convenable, aux mœurs légères, débarque comme un renard dans un poulailler au sein d’une aristocratie anglaise trop corsetée, et cela donne un vaudeville sur le choc des cultures. Avec de bonnes répliques, des situations rocambolesques, c'est même un divertissement plaisant et sans risque, revisitant la bataille des anciens contre les modernes. Ponctué de quelques heureuses surprises.

Si l’on a toujours du plaisir à retrouver Kristin Scott-Thomas, surtout dans le rôle d’une mégère manipulatrice et coincée, il était rare de revoir Colin Firth s’amuser avec un personnage narquois, ironique, déprimé, pas rasé. Elégante, légère, la comédie romantique se laisse déguster comme un macaron. Le couple Jessica Biel / Ben Barnes (qui a des airs de Keanu Reeves) semble, pêché de jeunesse ?, un poil plus fade. Mais à défaut de charisme, ils séduisent et jouent avec professionnalisme leur partition.

L’écriture est fine, ludique, mélangeant le cocasse et le cruel, avec une mise en scène fluide mais sans éclat, qui se repose, finalement sur l’hilarité du concept pourtant éculé. Cependant, il ne faut pas omettre l’une des grandes valeurs du film : la musique et les orchestrations d’époques d’airs contemporains. Il manque simplement un peu de vice dans cette vertu pourtant malmenée pour que la jouissance perverse du final s’épanouisse avec délectation.

Un été italien : langueur et subtilité dans un Winterbottom mineur

Posté par MpM, le 14 avril 2009

Un été italien"Il y a une différence entre changer d’appart' et changer de pays."

L'histoire : Suite à la mort accidentelle de sa femme, Joe (Colin Firth) décide de partir à Gênes avec ses deux filles pour y commencer une nouvelle vie. L’aînée se fait vite de nouveaux amis, mais la petite voit partout le fantôme de sa mère…

Ce que l'on en pense : Michael Winterbottom a le chic pour alterner adaptations littéraires prestigieuses (Jude l’obscur, Redemption), faux documentaires hyper-réalistes (In this world) et biopics décalés (24 hour party people, Un cœur invaincu), aussi ne l’attendait-on pas forcément dans le registre du drame familial intimiste. Et le fait est que cet Eté italien (Genova en version originale) ne fera pas forcément date dans sa filmographie.

L’aspect formel n’est pas en cause, qui réaffirme une nouvelle fois la fluidité de sa mise en scène : fausse caméra subjective portée à l’épaule et suivant les personnages dans le dédale des ruelles génoises labyrinthiques, refus du gros plan lacrymal, sens de l’ellipse. Chaque séquence va droit au but, captant tantôt l’ambiance de cette ville étrangère où le moindre passant semble inquiétant, tantôt les relations complexes qui lient les trois membres de la famille. Fidèle à lui-même, Winterbottom refuse les facilités scénaristiques comme les grosses ficelles émotionnelles, et il évite à peu près tous les écueils, des grandes scènes d’explications mélodramatiques à la révélation de quelque drame secret. Son propos est simplement d’observer la reconstruction d’une famille amputée de l’un de ses membres, les rapports qui peuvent exister entre un père et ses filles, la sensation de parenthèse quand on repart à zéro en un lieu inconnu, avant que la "vraie vie" ne reprenne son cours.

C’est subtil, mais peut-être trop. A force de tout effleurer, de s’arrêter systématiquement avant toute confrontation violente, il finit par donner l’impression de ne pas savoir quelle direction choisir entre la chronique réaliste et le récit fantastique métaphorique. Ainsi, chaque fois que l’intrigue semble atteindre un point déterminant, elle retombe immédiatement dans cette espèce de langueur italienne qui engloutit tout. Le spectateur, lui, a presque envie de secouer les personnages pour qu’ils affrontent enfin leurs problèmes et se décident à régler frontalement leurs conflits. D’accord pour une approche ténue de la question du deuil, de la culpabilité et du ressentiment, mais encore faudrait-il approcher quelque chose. Là, Winterbottom donne surtout l’impression de suggérer une situation insupportable puis d’y apporter artificiellement un dénouement facile, sans jamais prendre la peine de réellement faire parcourir à ses personnages le chemin entre les deux.

Une histoire de famille : le premier film sans éclat de Helen Hunt

Posté par MpM, le 29 septembre 2008

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L'histoire : Tout va mal en même temps dans la vie d’April, institutrice de 39 ans. Elle n’arrive pas à tomber enceinte alors que son rêve le plus cher est d’avoir un enfant, son mari la quitte quasiment sans un mot et sa mère adoptive meurt. Dans le même temps, elle rencontre Bernice, une présentatrice de télé locale se prétendant sa mère naturelle, et Franck, un père célibataire perturbé mais charmant.

La critique : Pour sa première réalisation, Helen Hunt livre un film que l’on sent personnel, mais qui laisse un étrange sentiment d’inabouti. Une parabole sur la vie, l’amour, la transmission, les secondes chances et la maternité, tout ça en vrac, sur un ton qui oscille entre comédie et mélancolie, laissant le spectateur perplexe. Du coup, rarement le terme "inégal" n’aura aussi bien convenu pour décrire un scénario qui passe de séquences hilarantes et fines à des scènes convenues et banales. Dans ses plus mauvais moments, Une histoire de famille sonne complètement faux (situations, dialogues, acteurs, il n’y a rien à sauver). Dans ses éclairs d’humour et d’intelligence, il exploite avec succès l’énorme potentiel comique de Colin Firth, dont la diction saccadée et le ton so british comptent bien plus que le physique (gras, balourd, brusque et maladroit, il est quasi méconnaissable). Helen Hunt, elle, n’est malheureusement pas très crédible, trop pesante et mélodramatique pour insuffler un quelconque air de légèreté à son intrigue. Au final, on ne comprend jamais vraiment quel est son propos, entre satire des comédies romantiques traditionnelles et réflexion basique sur le sens de la vie.