Fils de. Frère de. Peter Fonda a toujours été dans l'ombre de son père, Henry, légende hollywoodienne, et de sa sœur, Jane, star mondiale. Même sa fille, Bridget, lui a piqué la vedette. Pourtant, il a su être, à sa manière, une icône, celle de la contre-culture, égérie masculine des hippies, figure emblématique du Nouvel Hollywood. Il a suffit pour cela d'un film, le cultissime Easy Rider, réalisé par Dennis Hopper et présenté à Cannes en 1969 (et primé comme meilleure première œuvre). Co-scénariste du film, Fonda reçoit sa première nomination aux Oscars dans la catégorie scénario.
Biker à jamais, casque vissé sur la tête, filant vers sa destinée d'Est en Ouest, à la fois anticonformiste et sexy... Easy Rider est un hymne à la liberté, un film anti-réactionnaire, un manifeste à la Kerouac. Easy Rider peut-être aujourd'hui regarder comme une utopie contestataire, un point de bascule. Tarantino d'ailleurs évoquait le film dans ses récentes interviews. 1969, année où se déroule Once Upon a Time in Hollywood, c'est la fin des hippies, la fin de l'innocence, l'arrivée d'un nouveau cinéma et de cinéastes qui allaient transformer l'industrie. C'est le meurtre de Sharon Tate et le carton d'Easy Rider. C'est l'échec des rêves américains... Il s'apprêtait à fêter les 50 ans du film.
Né le 23 février 1940 à New York, Peter Fonda est mort des suites d'un cancer à Los Angeles le 16 août à l'âge de 79 ans. 50 ans après le surgissement de sa Captain America sur les grands écrans.
Peter Fonda n'a jamais eu la carrière de son père et de sa sœur. Il a tourné pour Roger Corman dans les années 1960, notamment Les Anges sauvages en 1966, une histoire de gangs de motards. Après un rôle de shérif dans The Last Movie de Dennis Hopper, il se lance dans la réalisation, avec un western, L’Homme sans frontière. En tant que comédien, on le croise dans Brève rencontre à Paris (Two People) de Robert Wise, Colère froide (Fighting Mad) de Jonathan Demme, L'Équipée du Cannonball (The Cannonball Run) de Hal Needham, où il parodie son personnage d'Easy Rider, Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter, L'Anglais (The Limey) de Steven Soderbergh, Le Livre de Jérémie d'Asia Argento, Ghost Rider de Mark Steven Johnson, 3 h 10 pour Yuma de James Mangold... Souvent des seconds-rôles, souvent dans des films oubliés. Il est néanmoins nommé pour l’Oscar du meilleur acteur et lauréat d'un Golden Globe du meilleur acteur dans L’Or de la vie de Victor Nuñez (1997), pour un personnage de père de famille apiculteur. Il était d'ailleurs militant écologiste et n'hésitait pas à produire le documentaire The Big Fix en 2012 sur la gigantesque marée noire du Golfe du Mexique.
"We Blew it" disait-il dans Easy Rider. Amer constat d'un homme qui n'avait jamais lâché ses convictions ni caché ses colères, que ce soit contre Obama ou Trump.
On le verra une dernière fois au cinéma dans The Last Full Measure, qui Lionsgate sort le 25 octobre aux USA, film de Todd Robinson, avec Samuel L. Jackson, William Hurt, Ed Harris, Sebastian Stan, Christopher Plummer, et Jeremy Irvine.