[We miss Cannes] 13 Palmes d’honneur

Posté par vincy, le 14 mai 2020

Depuis la Palme des palmes en 1997 pour Ingmar Bergman, le Festival de Cannes a couronné 12 autres artistes par une Palme d'honneur, dont 6 Français. Passage en revue avec un extrait de leur premier film présenté à Cannes (le deuxième pour Belmondo puisque son premier film cannois fut le même que celui de Jeanne Moreau). Certains sont très connus, d'autres beaucoup moins.

1997: Ingmar Bergman

2002: Woody Allen

2003 : Jeanne Moreau

2005 : Catherine Deneuve

2007 : Jane Fonda

2008 : Manoel de Oliveira

2009 : Clint Eastwood

2011 : Jean-Paul Belmondo

2011 : Bernardo Bertolucci

2015 : Agnès Varda

2016 : Jean-Pierre Léaud

2017 : Jeffrey Katzenberg

2019 : Alain Delon

Last ride pour Peter Fonda (1940-2019)

Posté par vincy, le 18 août 2019

Fils de. Frère de. Peter Fonda a toujours été dans l'ombre de son père, Henry, légende hollywoodienne, et de sa sœur, Jane, star mondiale. Même sa fille, Bridget, lui a piqué la vedette. Pourtant, il a su être, à sa manière, une icône, celle de la contre-culture, égérie masculine des hippies, figure emblématique du Nouvel Hollywood. Il a suffit pour cela d'un film, le cultissime Easy Rider, réalisé par Dennis Hopper et présenté à Cannes en 1969 (et primé comme meilleure première œuvre). Co-scénariste du film, Fonda reçoit sa première nomination aux Oscars dans la catégorie scénario.

Biker à jamais, casque vissé sur la tête, filant vers sa destinée d'Est en Ouest, à la fois anticonformiste et sexy... Easy Rider est un hymne à la liberté, un film anti-réactionnaire, un manifeste à la Kerouac. Easy Rider peut-être aujourd'hui regarder comme une utopie contestataire, un point de bascule. Tarantino d'ailleurs évoquait le film dans ses récentes interviews. 1969, année où se déroule Once Upon a Time in Hollywood, c'est la fin des hippies, la fin de l'innocence, l'arrivée d'un nouveau cinéma et de cinéastes qui allaient transformer l'industrie. C'est le meurtre de Sharon Tate et le carton d'Easy Rider. C'est l'échec des rêves américains... Il s'apprêtait à fêter les 50 ans du film.

Né le 23 février 1940 à New York, Peter Fonda est mort des suites d'un cancer à Los Angeles le 16 août à l'âge de 79 ans. 50 ans après le surgissement de sa Captain America sur les grands écrans.

Peter Fonda n'a jamais eu la carrière de son père et de sa sœur. Il a tourné pour Roger Corman dans les années 1960, notamment Les Anges sauvages en 1966, une histoire de gangs de motards. Après un rôle de shérif dans The Last Movie de Dennis Hopper, il se lance dans la réalisation, avec un western, L’Homme sans frontière. En tant que comédien, on le croise dans Brève rencontre à Paris (Two People) de Robert Wise, Colère froide (Fighting Mad) de Jonathan Demme, L'Équipée du Cannonball (The Cannonball Run) de Hal Needham, où il parodie son personnage d'Easy Rider, Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter, L'Anglais (The Limey) de Steven Soderbergh, Le Livre de Jérémie d'Asia Argento, Ghost Rider de Mark Steven Johnson, 3 h 10 pour Yuma de James Mangold... Souvent des seconds-rôles, souvent dans des films oubliés. Il est néanmoins nommé pour l’Oscar du meilleur acteur et lauréat d'un Golden Globe du meilleur acteur dans L’Or de la vie de Victor Nuñez (1997), pour un personnage de père de famille apiculteur. Il était d'ailleurs militant écologiste et n'hésitait pas à produire le documentaire The Big Fix en 2012 sur la gigantesque marée noire du Golfe du Mexique.

"We Blew it" disait-il dans Easy Rider. Amer constat d'un homme qui n'avait jamais lâché ses convictions ni caché ses colères, que ce soit contre Obama ou Trump.

On le verra une dernière fois au cinéma dans The Last Full Measure, qui Lionsgate sort le 25 octobre aux USA, film de Todd Robinson, avec Samuel L. Jackson, William Hurt, Ed Harris, Sebastian Stan, Christopher Plummer, et Jeremy Irvine.

Jeff Bridges et Jane Fonda honorés à Hollywood

Posté par vincy, le 22 décembre 2018

Ils ont en commun d'être oscarisés, enfants de la balle (avec des pères acteurs), d'être engagés. Jeff bridges et Jane Fonda vont être honorés en janvier à Hollywood.

Les Golden Globes ont choisi Jeff Bridges comme lauréat du prestigieux Cecil B. DeMille Award pour la prochaine cérémonie qui aura lieu le 6 janvier.

Il succède à Oprah Winfrey dans ce palmarès glorieux qui comprend George Clooney, Robert De Niro, Audrey Hepburn, Harrison Ford, Jodie Foster, Sophia Loren, Martin Scorsese, Steven Spielberg, Meryl Streep, Denzel Washington, et tant d'autres.

A 69 ans, Jeff Bridges, fils de l'acteur Lloyd Bridges, aligne déjà 60 ans de carrière (il a commencé enfant). Il a tourné avec Peter Bogdanovich (qui le révèle avec The Last Picture Show en 1971), John Huston, John Frankenheimer, Michael Cimino, John Carpenter ... alternant films SF et films d'auteurs, beaux succès (comme King Kong en 1976) et gros bides. Sans être la star catégorie A d'Hollywood, il a toujours su être respecté, grâce à son talent et parfois à ses choix de films.

On l'a vu chez les plus grands mais pas forcément dans leurs meilleurs films tels Hal Ashby, Francis Ford Coppola, Alan J. Pakula, Ridley Scott, Walter Hill... Mais on s'en souvient aussi séduisant dans Susie et les Baker Boys (The Fabulous Baker Boys) de Steven Kloves, flamboyant dans The Fisher King de Terry Gilliam, survivant dans État second (Fearless) de Peter Weir. Avant d'incarner un Duc culte et légendaire, de créer ce personnage mythique du 7e art dans The Big Lebowski de Joel et Ethan Coen. On est en 1998. Dix ans de traversée du désert (que des mauvais films ou presque) plus tard, Bridges va renaître en second-rôle de blockbusters: Iron Man, Tron legacy, Kingsman: The Golden Circle... Avec True Grit des frères Coen et son Oscar et Golden Globe du meilleur acteur (Crazy Heart de Scott Cooper), il connaît son sacre en 2010. Il a été sept fois nommé aux Oscars, la dernière datant de 2016 pour Hell or High Water.

13 jours plus tard, c'est la Producers Guild of America qui décernera sa plus haute récompense, le Stanley Kramer Award à Jane Fonda, pour "son extraordinaire héritage et son rôle de porte-parole des plus démunis dans notre société". Récemment honorée par le Prix Lumière à Lyon, Jane Fonda, fille d'Henry Fonda, 80 ans, deux Oscars (sur 7 nominations), a été à la fois une personnalité politiquement et socialement engagée, en plus d'être une des stars les mieux payées à Hollywood dans les années 1960-1970. Paradoxalement, ce prix de la guilde des producteurs distingue une comédienne qui n'a été que rarement productrice (hormis sa récente série Grace & Frankie). Au cinéma, on l'a vue récemment Youth de Paolo Sorrentino, Le Majordome de Lee Daniels et Book Club de Bill Holderman.

Habituellement le Stanley Kramer Award récompense les producteurs d'un films aux enjeux sociaux portant des valeurs progressistes et humanistes. Seul un acteur avait jusque là reçu ce prix, Sean Penn, en 2010. Jane Fonda est donc la première actrice en son nom à être ainsi distinguée.

Lumière 2018 – Jane Fonda: « On n’a pas ça aux Etats-Unis! »

Posté par Morgane, le 21 octobre 2018

Vendredi 19 octobre, 15h, le très beau théâtre des Célestins prête sa salle, comme chaque année, pour LA masterclass du Prix Lumière.
Jane Fonda arrive, sourire aux lèvres, habillée de vert des pieds à la tête, rayonnante et pétillante et s'adresse à son auditoire dans un français quasi sans faute au léger accent si charmant... "Je n'étais pas venue à Lyon depuis 50 ans. Je suis très fière et très heureuse d'être ici!"

L'idée d'être une star
"Je suis stupide mais pas folle! Des gens dehors me demandent des autographes. Mais qu'est-ce que c'est être une star? Je ne sais pas... Pour moi c'est être une antenne au somment d'une montagne pour amplifier les voix des gens qui ne sont pas des stars."

"Je ne voulais pas être actrice. Mon père était un grand acteur mais quand il rentrait le soir il n'était jamais en joie, toujours de mauvaise humeur. Donc je n'étais pas attirée par ce métier. J'ai essayé d'être secrétaire mais on m'a mise à la porte!" Mais alors pourquoi cette carrière d'actrice? "Car je devais gagner de l'argent, c'est aussi simple que ça. Ma belle-mère ne m'aimait pas beaucoup et elle m'a dit que dans cinq mois je devais quitter la maison de mon père. J'ai donc fait un essai pour un cours d'art dramatique et c'est comme si on m'avait ouvert la tête et que des milliers d'oiseaux s'étaient envolés. C'était magnifique! J'avais juste besoin de l'approbation de quelqu'un non employé par ma famille."

Une femme aux deux Oscars
Jane Fonda a reçu deux Oscars. Le premier pour Klute de Alan J. Pakula en 1972 et le second pour Le Retour de Hal Ashby en 1978.
"J'ai pleuré car j'avais gagné un Oscar avant mon père, ça ne me semblait pas juste."

Fonda et le cinéma français
En 1964, Jane Fonda arrive en France pour tourner Les Félins de René Clément. Elle tournera ensuite trois films avec Roger Vadim (La Ronde, La Curée et le fameux Barbarella) qui deviendra également son mari et le père de leur fille, Vanessa. "J'ai rencontré Roger Vadim quand je tournais Les Félins. J'ai dit 'jamais je ne ferai un film avec Vadim!' Mais il était cosy, like an oldshoe, tellement charmant, je suis tombée amoureuse quoi!" Difficile de travailler avec son mari? "Non, c'est sexy! Vadim adorait mettre sa femme nue dans les bras d'acteurs très beaux. Il aimait tenter le diable."

"En mai 68 j'étais en France. On croyait qu'il était possible qu'ouvriers et étudiants puissent se rassembler pour changer le gouvernement. Mais ce n'était pas possible. Ce fut même pire après. Mais à l'époque on trouvait cela formidable!"
C'est aussi à cette période que Jane Fonda rencontre Simone Signoret, Yves Montand, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre... C'est en France, dit-elle, qu'elle a vraiment compris la guerre du Vietnam. "Même Vadim qui se foutait de tout était contre cette guerre. Simone Signoret m'a expliqué la guerre. C'est alors que j'ai compris et que je suis rentrée aux Etats-Unis. C'est plus facile au final d'être ignorant car c'est pardonnable." Une fois que l'on sait...

Un nouveau cinéma avec Sydney Pollack
De retour aux Etats-Unis, Jane Fonda tourne On achève bien les chevaux réalisé par Sydney Pollack. C'est pour elle un tournant dans sa carrière d'actrice car elle aborde ici un tout autre type de personnage. Tournant qu'elle entérinera par la suite avec Klute. On achève bien les chevaux met en avant "les gens consumés par le consumérisme. Sydney Pollack était extraordinaire. Il avait un don pour raconter des histoires qui prennent les gens. Les acteurs adoraient travailler avec lui."

Convictions politiques au devant de la scène
"Ma carrière n'était jamais en première place. Quand on est une actrice militante c'est important d'avoir des films ou des séries qui marchent car on vous entend, ça permet d'être plus efficace dans son militantisme." Le cinéma était alors un moyen, non une fin en soi. Thierry Frémaux lui dit alors qu'elle est allée très loin dans ces années-là. "Je suis allée au Vietnam au printemps 1972. On recevait des informations des diplomates disant que les bombardiers américains bombardaient les digues juste avant la saison des moussons ce qui tuerait des milliers de gens. On ne savait pas quoi faire. Alors je me suis dit si moi j'y vais peut-être que ça va faire du bruit. Je suis très fière de cela. En revanche une photo a été prise de moi avec des nords-coréens assise sur un canon anti-aérien. Ça a été très mal pris et je le regrette énormément."
"Je pense que je suis devenue meilleure actrice grâce à mon militantisme. Apprendre à écouter est le plus important. Il faut haïr le comportement et non la personne, sinon on est consumé par la haine."

Jane et l'aérobic
"Une fois la guerre du Vietnam terminée, on a voulu, avec mon mari Tom Hayden, créer une Campagne de Démocratie Economique. Mais nous n'avions pas l'argent. Je connaissais bien le workout (le fitness d'aujourd'hui) alors je me suis dit que j'allais faire un business de la gym pour financer cette Campagne." Tout l'argent récolté grâce aux cassettes, aux livres etc. revenait à la Campagne. Cela lui a aussi permis de reprendre possession de son corps (anorexie, boulimie...) "Au bout de plusieurs années, j'ai réalisé que la gym en soi était importante. Je recevais des lettres du monde entier de femmes disant que ça les avait transformées..."

Jane in five acts
Le documentaire de Susan Lacy aborde la vie de Jane Fonda selon cinq actes. Quatre hommes: son père, Roger Vadim, Tom Hayden et Ted Turner. "Ted Turner est mon ex préféré. Il vit encore, enfin presque." Et le cinquième acte c'est Jane elle-même.
Dans ce documentaire on la voit encore aujourd'hui dans de nombreuses manifestations. "Avant Trump je pensais pouvoir apprendre le jardinage ou écrire un livre. Mais le jour après son élection, ce n'était plus possible! C'est la première fois aux Etats-Unis que les gens réalisent que notre démocratie est en danger."

Une belle discussion, des rires, des anecdotes cinématographiques, une vie engagée...  Pour moi qui connaissait assez peu Jane Fonda et son cinéma, cette semaine de festival m'a permis d'en découvrir beaucoup plus sur sa carrière (Julia, Stanley et Iris, Le syndrome chinois, Le cavalier électrique, La maison du lac -unique film où elle joue avec son père dans une comédie dramatique qui semble quasi autobiographique et pour lequel Henry Fonda recevra le seul Oscar de sa carrière) et sur sa vie (grâce au documentaire Jane in five acts). Une belle découverte qui  donne envie de continuer à découvrir le reste de sa filmographie... Thanks Jane pour cette masterclass!

Lumière 2018 – Jane Fonda reçoit le 10e Prix Lumière

Posté par Morgane, le 20 octobre 2018

Vendredi 19 octobre, la cérémonie de remise du Prix Lumière a, comme de coutume, eu lieu à l'amphithéâtre de la Cité Internationale de Lyon. Entrent en salle, Jean-Loup Dabadie, Biyouna, Rachid Bouchareb, Tahar Rahim, Rossy de Palma, Lambert Wilson, Vincent Perez, Anne Le Ny, Valeria Bruni Tedeschi, Claudia Cardinale, Marina Foïs... et... la francophile et francophone Jane Fonda!

Soirée aux intonations françaises

Autant pour Tarantino en 2013 la soirée était très américaine avec Uma Thurman, Harvey Keitel, Tim Roth, autant cette année, ceux qui entourent Jane Fonda sont frenchy, tout comme les textes et les chansons qui ont rythmé cette soirée, pour le plus grand plaisir de la militante, qui n'a de cesse de dire à quel point elle aime la France. "C'est ma deuxième maison!"

Vincent Delerm s'installe au piano faisant une reprise bien à lui de Mon manège à moi d'Edith Piaf et faisant reprendre le lalalalala en choeur à toute la salle. Puis c'est à Dominique Blanc d'entrer en scène lisant un extrait du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir.:"Entre les deux sexes il n'y a pas encore d'égalité." Le texte date de 1949 et est encore, malheureusement, très actuel.

Les images reprennent le dessus et un extrait du documentaire Women make film de Mark Cousins est projeté, avec les voix de Tilda Swinton et Jane Fonda. Anaïs Demoustier, Suzanne Clément et Anne Consigny donnent leurs voix à des extraits de Ma vie, l'autobiographie de Jane Fonda: "Il faut aussi prendre des risques pour devenir réelle."

Puis Edith Piaf cède sa place à Jacques Brel et sa Quête chantée par Nolwen Leroy.

Enfin, c'est monsieur Constantin Costa-Gavras qui prend le micro pour remettre le Prix Lumière à Jane Fonda. Il l'a connue lorsqu'il était 1er assistant réalisateur de René Clément sur le tournage des Félins en 1964. Il rappelle son talent d'actrice, l'admiration pour son engagement... Et c'est à Jane Fonda de venir sur scène, sautillante, sourire aux lèvres, pleine de rires, dans une tenue qui semble cousue sur son corps! On sent qu'elle est heureuse d'être ici. Elle entonne alors "Ah voilà la quille" que lui a appris Roger Vadim "entre autres choses" nous dit-elle l'œil amusé. Puis elle continue avec la chanson "La rue des Blancs-Manteaux" comme si une fois lancée on ne pouvait plus l'arrêter.

Rien de guindé, tout en naturel, Jane Fonda a vraiment donné du sourire, des rires et de belles anecdotes cinéphiles à cette 10e Edition! Une Jane Fonda lumineuse, des films sublimes, des masterclass intéressantes et un soleil brillant, tout était au rendez-vous pour que cette édition soit réussie!

Mais comme chaque année, 10 jours passent trop vite et le clap de fin a déjà été donné... alors rendez-vous l'année prochaine!

La Cinémathèque française à Paris organise une rétrospective de la filmographie de Jane Fonda du 22 octobre au 5 novembre. L'actrice fera notamment une masterclass le 22 octobre.


Fonda, Keaton, Linder… le Festival Lumière soufflera ses 10 bougies en bonne compagnie

Posté par Morgane, le 12 juin 2018

11 juin, 11h, conférence de presse à l’Institut Lumière. Thierry Frémaux, directeur de l’institut Lumière, présente la future et 10e édition du Festival Lumière qui se tiendra à Lyon du 13 au 21 octobre 2018.

Bien sûr, il a décidé de faire durer le suspense jusqu’au bout et de garder l’annonce du Prix Lumière pour la fin de la conférence.

Nous ne sommes qu’au mois de juin, la programmation de cette 10e édition n’est donc pas bouclée, mais déjà un grand nombre de choses sont annoncées. Le Festival garde la trame de ses dernières éditions, et on le comprend, car il a réussi, en neuf années, à trouver une belle manière d’allier festival cinéphile et festival populaire!

Concernant le focus fait sur l’histoire du Cinéma français, après Clouzot, Carné, Becker et Duvivier, c’est au tour d'Henri Decoin, dont le fils Didier Decoin, prix Goncourt pour John l’Enfer, sera présent pour l’occasion. Né en 1890, champion de natation, aviateur durant la guerre, il devient journaliste sportif, écrivain puis cinéaste. Il travailla avec, entre autres, Danielle Darrieux, Jean Gabin, Lino Ventura, Louis de Funès...

Pour le focus fait sur l’Histoire permanente des femmes cinéastes, après Alice Guy, Agnès Varda, Germaine Dulac, c’est Muriel Box qui sera mise en lumière. Anglaise, scénariste, cinéaste et productrice, elle reçoit l’oscar du meilleur scénario pour le Septième voile qu’elle écrit avec Sydney Box.

Richard Thorpe, réalisateur aux 284 films, sera également à l’honneur. Rendu célèbre notamment par Ivanohé, certains de ses films, dont La main noire, seront projetés lors du festival en 35mm.

Dans la section Sublimes Moments du Muet, quatre grands noms cette année:

- Max Linder, mort très jeune, suicidé avec sa femme et laissant derrière eux une petite fille à peine âgée de 1 an, Maud, qui a par la suite dévoué sa vie à la mémoire de ses parents. Elle a beaucoup oeuvré à la reconstitution de l’oeuvre de son père et à sa mort, l’automne dernier, elle a tout légué à l’Institut Lumière. Il y aura donc une rétrospective Max Linder, une soirée hommage au cinéaste ainsi que la création d’un Institut Maud et Max Linder.

- Catherine Hessling, muse de Jean Renoir.

- Buster Keaton dont on découvrira aussi la troisième (et peut-être dernière) partie de la rétrospective (on avait pu découvrir les deux premières parties en 2016 et 2017).

- Charlie Chaplin qui, pour ce 10e anniversaire, sera également de la partie.

Tout comme à Cannes cette année, le Festival Lumière célèbrera le 50e anniversaire de 2001, l’Odyssée de l’espace qui sera alors projeté en 70mm.

D’autres rétrospectives auront lieu: Hommage à Liv Ullman présente pour l’occasion ; rétrospective du réalisateur chinois King Hu ; invitation à Peter Bogdanovich...

A noter une nouveauté cette année, un Worshop avec Michel Ciment. Une trentaine de personnes pourront suivre un enseignement chaque matin et un visionnage de films chaque après-midi avec Michel Ciment, maître de conférence et rédacteur dans la revue Positif. Ce sera l’occasion pour eux, durant cinq jours, d’apprendre à regarder un film, critiquer un film, mener un débat, écrire sur le cinéma…

Le cinéma se fait aussi en musique. Bernard Lavilliers sera présent le mardi 16 octobre à L’Institut Lumière pour jouer de la musique, lire des textes de Blaise Cendrars et parler de cinéma. Camelia Jordana, comme c’est le cas depuis plusieurs éditions, sera également là avec un tour de chant des grandes chansons du cinéma français. Enfin, Catherine Frot poussera également la chansonnette plusieurs fois durant ces 9 jours du festival, accompagnée d’un unique piano et ce dans quelques cafés lyonnais. A préciser.

Ce Festival fêtera aussi les 15 ans du film Nos meilleures années qui avait été projeté à sa sortie en présence de toute l’équipe à L’Institut Lumière et Tilda Swinton devrait venir présenter son film de chevet, I know where i’m going de Michael Powell et Emeric Pressburger.

Le Marché International du Film Classique soufflera, lui, ses 7 bougies. Et durant ces neuf jours, les festivaliers pourront également découvrir la nouvelle librairie Lumière qui se trouve dans les anciens ateliers Lumière.

Tout est dit ou presque. Les nombreux remerciements ont été effectués. On sait que les tee-shirts de cette 10e édition ont été designé par Jean-Paul Gaultier et que le programme détaillé arrivera fin août, début septembre, patience.

Désormais, roulements de tambour, le visage du 10e Prix Lumière apparait sur l’écran en grand. Et cette année, pour la deuxième fois, après Catherine Deneuve, c’est une femme, Jane Fonda, qui recevra le Prix Lumière !

Fille d’Henry Fonda, Jane Fonda grandit dans l’ombre de son père. Cours de danse, de théâtre, mannequin, elle intègre l’Actor’s Studio et tournera ensuite avec George Cukor, George Roy Hill puis en France avec René Clément et Roger Vadim. De retour aux Etats-Unis elle tournera avec Sydney Pollack puis Hal Ashby, Arthur Penn, Joseph Losey, Ted Kotcheff, et par la suite Jean-Luc Godard, Paolo Sorrentino et bien d'autres encore…

Jane Fonda, c’est la femme aux deux Oscars, pour ses rôles dans Klute de Alan J. Pakula en 1971 et dans Le Retour de Hal Ashby en 1979.

Jane Fonda n’est pas qu’une Star de cinéma, elle est également une femme très engagée et qui choisit ses rôles en fonction de ses idéologies. Elle se bat pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam, contre le nucléaire, pour les droits des femmes… Les causes sont nombreuses et son engagement certain.

Mais peu à peu elle s’éloigne du 7e Art, se consacre un temps à l’aerobic puis revient au Cinéma dans les années 2000 sous l’angle de la comédie. En 2012 elle passe au petit écran avec la série The Newsroom. L’expérience lui plait et elle réitère avec Grace et Frankie. On la voit également dans Youth de Sorrentino et très récemment aux côtés de Robert Redford dans Nos Âmes la nuit, (création Netflix) où tous deux octogénaires ils livrent une tendre interprétation de la vieillesse et des sentiments qui en découlent…

Le documentaire Jane Fonda in five acts sera alors projeté lors du Festival Lumière et un hommage sera rendu avec elle à son père Henry Fonda.

Et dire qu'il reste encore 4 mois à attendre avant le Clap de départ de cette belle édition !

Cannes 2018: Bergman, Besson, Chahine, Hitchcock, Kubrick, Ozu, Rappeneau, Varda et Wilder à Cannes Classics

Posté par vincy, le 23 avril 2018

Des femmes, des cinéastes de légendes, des films qui célèbrent leurs anniversaires: Cannes Classics mettra en lumière toutes les facettes du 7e art.

Alice Guy et Jane Fonda

Be Natural: The Untold Story of Alice Guy-Blaché (Soyez naturel : L’histoire inédite d’Alice Guy-Blaché) de Pamela B. Green (2018, 2h, États-Unis)
Alice Guy est la première femme réalisatrice, productrice et directrice de studio de l’histoire du cinéma. En présence de la réalisatrice Pamela B. Green.

Jane Fonda in Five Acts de Susan Lacy (2018, 2h13, États-Unis)
En présence de Susan Lacy et de Jane Fonda.

Les 50 ans de 2001 : l’odyssée de l’espace

2001: A Space Odyssey (2001 : l’odyssée de l’espace) de Stanley Kubrick (1968, 2h44, Royaume-Uni, États-Unis)
Une Copie 70mm tirée à partir d’éléments du négatif original. Présenté par le réalisateur Christopher Nolan, le film sera projeté en salle Debussy, avec entracte de 15mn, dans l’exacte reproduction de l’expérience vécue par les spectateurs lors de la sortie du film au printemps 1968. En présence également de la fille de Stanley Kubrick, Katharina Kubrick, et de son coproducteur Jan Harlan.

Orson Welles

The Eyes of Orson Welles (Les Yeux d’Orson Welles) de Mark Cousins (2018, 1h55, Royaume-Uni)
En présence du réalisateur Mark Cousins.

Centenaire Ingmar Bergman

Searching for Ingmar Bergman (À la recherche d’Ingmar Bergman) de Margarethe von Trotta (2018, 1h39, Allemagne, France)
En présence de Margarethe von Trotta.

Bergman — ett ar, ett liv (Bergman – A Year in a Life) de Jane Magnusson (2018, 1h56, Suède)
En présence de Jane Magnusson.

Det sjunde inseglet (Le Septième Sceau / The Seventh Seal) d’Ingmar Bergman (1957, 1h36, Suède)
Numérisation et restauration 4K à partir du négatif original et du mixage final sur bande magnétique.

Cannes Classics

Battement de cœur (Beating Heart) d’Henri Decoin (1939, 1h37, France)
Restauration 2K

Enamorada d’Emilio Fernández (1946, 1h39, Mexique)
Présenté par Martin Scorsese.

Ladri di biciclette (Le Voleur de bicyclette / Bicycle Thieves) de Vittorio De Sica (1948, 1h29, Italie)
Version restaurée pour les 70 ans du film.

Tôkyô monogatari (Voyage à Tokyo / Tokyo Story) de Yasujiro Ozu (1953, 2h15, Japon)
Restauration numérique 4K.

Vertigo (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock (1958, 2h08, États-Unis)
Restauration numérique 4K à partir du négatif VistaVision pour les 60 ans du film. Projeté au Cinéma de la Plage.

The Apartment (La Garçonnière) de Billy Wilder (1960, 2h05, États-Unis)
Restauration numérique 4K à partir du négatif original caméra.

Démanty noci (Les Diamants de la nuit / Diamonds of the Night) de Jan N?mec (1964, 1h08, République tchèque)

Voyna i mir. Film I. Andrei Bolkonsky (Guerre et paix. Film I. Andrei Bolkonsky / War and Peace. Film I. Andrei Bolkonsky) de Sergey Bondarchuk (1965, 2h27, Russie)
Restauration numérique image par image de l’image et du son à partir d’un scan 2K.

La Religieuse (The Nun) de Jacques Rivette (1965, 2h15, France)
Une Restauration 4K d’après le négatif image original. Restauration son à partir du négatif son (seul élément conforme).

Cetri balti krekli (Quatre Chemises blanches / Four White Shirts) de Rolands Kalnins (1967, 1h20, Lettonie)
Scan 4K et restauration numérique 3K à partir de l’internégatif original 35mm et d’un marron afin d’obtenir un master 2K. En présence du réalisateur Rolands Kalnins.

La Hora de los hornos (L’Heure des brasiers / The Hour of the Furnaces) de Fernando Solanas (1968, 1h25, Argentine)
Restauration 4K à partir des négatifs originaux pour les 50 ans du film. En présence de Fernando Solanas.

Le Spécialiste (Gli specialisti / Specialists) de Sergio Corbucci (1969, 1h45, France, Italie, Allemagne)
Version intégrale inédite restaurée en 4K à partir du négatif image original Technicolor - Techniscope et des magnétiques français et italien. Projeté au Cinéma de la Plage.

João a faca e o rio (João et le couteau / João and the Knife) de George Sluizer (1971, 1h30, Pays-Bas)
Restauration 4K à partir du négatif caméra Techniscope 35mm filmé par Jan de Bont.

Coup pour coup (Blow for Blow) de Marin Karmitz (1972, 1h30, France)
Restauration à partir du négatif original en 2K. En présence de Marin Karmitz.

L'une chante, l'autre pas (One Sings the Other Doesn't) d'Agnès Varda (1977, 2h, France)
Numérisation en 2k à partir du négatif original et restauration. Projeté au Cinéma de la Plage. En présence d’Agnès Varda.

Grease de Randal Kleiser (1978, 1h50, États-Unis)
Restauration numérique 4K à partir du négatif caméra original pour les 40 ans du film. Projeté au Cinéma de la Plage. En présence de John Travolta.

Fad,jal (Grand-père, raconte-nous) de Safi Faye (1979, 1h52, Sénégal, France)
Restauration numérique effectuée à partir de la numérisation en 2K des négatifs 16mm. En présence de Safi Faye.

Cinq et la peau (Five and the Skin) de Pierre Rissient (1981, 1h35, France, Philippines)
Restauration 4K à partir du négatif image original et du magnétique français. En présence de Pierre Rissient.

A Ilha dos Amores (L’Île des amours / The Island of Love) de Paulo Rocha (1982, 2h49, Portugal, Japon)
Scan wet gate 4K de deux interpositifs 35mm image et son.

Out of Rosenheim (Bagdad Café) de Percy Adlon (1987, 1h44, Allemagne)
Numérisation et restauration 4K. Projeté au Cinéma de la Plage. En présence de Percy Adlon.

Le Grand Bleu (The Big Blue) de Luc Besson (1988, 2h18, France, États-Unis, Italie)
Restauration 2K. Séance organisée à l’occasion des trente ans de la projection du film en ouverture du Festival de Cannes 1988. Projeté au Cinéma de la Plage.

Driving Miss Daisy (Miss Daisy et son chauffeur) de Bruce Beresford (1989, 1h40, États-Unis)
Restauration 4K à partir des négatifs 35mm originaux image et son.

Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau (1990, 2h15, France)
Numérisation supervisée par Jean-Paul Rappeneau à partir du négatif original et restauration 4K. En présence de Jean-Paul Rappeneau.

Hyènes (Hyenas) de Djibril Diop Mambéty (1992, 1h50, Sénégal, France, Suisse)
Restauration numérique effectuée à partir de la numérisation en 2K des négatifs 35mm.

El Massir (Le Destin / Destiny) de Youssef Chahine (1997, 2h15, Égypte, France)
En avant-première de la rétrospective intégrale à la Cinémathèque française en octobre 2018. Restauration en 4K . Projeté au Cinéma de la Plage.

Harvey Weinstein : anatomie d’une sale affaire

Posté par wyzman, le 17 octobre 2017


C'est le scandale qui agite Hollywood (et donc la planète entière) depuis près de deux semaines. L'autrefois intouchable producteur Harvey Weinstein est accusé de harcèlement et d'agression sexuels. Comme nous, les médias américains sont d'avis que cette affaire est synonyme de clap de fin pour le nabab, co-fondateur de Miramax et de The Weinstein Company - avant un retour.

La magie d'Hollywood et des avocats surpayés aidant, le producteur de Pulp Fiction, Sin City ou encore Happiness Therapy pourrait en effet réatterrir sur ses pattes sans même passer par la case prison. Mais tout cela sera pour un autre épisode, tout aussi tumultueux.

Pour l'instant, concentrons-nous sur l'un des plus grands scandales qui ait jamais touché l'industrie du cinéma (ce n'est pas le premier).

Les victimes

Le 5 octobre dernier, Jodi Kantor et Megan Twohey publient un article dans le New York Times dans lequel elles accusent Harvey Weinstein de faits de harcèlement sexuel sur des actrices. L'article est porté par les témoignages d'Ashley Judd et Rose McGowan, ainsi que par les commentaires de victimes dont l'identité n'est pas révélée. Quelques jours plus tard, The New Yorker donne le coup de grâce au producteur : Lucia Evans, Asia Argento, Rose McGowan, Lysette Anthony et une cinquième femme (dont l'identité n'est pas révélée) l'accusent de viol.

Plus les jours passent, plus The New York Times, The New Yorker et même The Guardian dévoilent des témoignages de femmes qui ont eu le malheur de croiser la route d'un Harvey Weinstein en rut, avec ou sans peignoir. Parmi ces femmes, on trouve ainsi les actrices Rosanna Arquette, Kate Beckinsale, Emma de Caunes, Cara Delevingne, Judith Godrèche, Romola Garai, Heather Graham, Claire Forlani, Eva Green, Jessica Hynes, Florence Darel, Mira Sorvino, Ashley Judd, Angelina Jolie, Minka Kelly, Gwyneth Paltrow, Sarah Polley, Mia Kirshner, Léa Seydoux. Et la liste ne s'arrête pas là ! Asia Argento s'est ouverte au public en racontant son triste passé de femme violée, harcelée et abusée.

Ceux qui l'avaient dit

Les récents articles des médias cités plus haut l'attestent tous : le petit monde hollywoodien était au courant des pratiques de Harvey Weinstein. Mais entre ceux qui l'ont aidé à payer, soudoyer, faire taire ses victimes, ceux qui avaient peur de lui et ceux qui assurent n'avoir eu vent que de "rumeurs", il est possible de comprendre comment un tel monstre a pu récidiver sur plusieurs décennies. Courtney Love avait déjà laissé entendre que le comportement d'Harvey Weinstein laissait à désirer avec les jeunes actrices dès 2005. Des blagues irrévérencieuses, notamment celle de Seth McFarlane lors de la cérémonie des Oscars 2013 trouvent aujourd'hui un drôle d'écho, sans oublier le personnage de Harvey Weingard dans Entourage, décrit comme agressif, harceleur et vulgaire.

Dans 30 Rock, le personnage de Jenna Maroney (Jane Krakowski) balance quand même: "Oh arrête, je n’ai peur de personne dans le show-business. J’ai refusé des rapports sexuels avec Harvey Weinstein à trois occasions différentes… sur cinq."

Cependant, Gwyneth Paltrow assure s'être confiée à Brad Pitt, son petit ami de l'époque qui aurait exigé de Harvey Weinstein qu'il ne touche plus l'actrice. Par la suite, le producteur aurait demandé à Paltrow de ne plus jamais évoquer le sujet avec qui que ce soit. De son côté, Angelina Jolie aurait été harcelée pendant la promotion de La Carte du cœur. Le film était distribué par Miramax et Harvey Weinstein l'aurait approchée dangereusement dans une chambre d'hôtel. Résultat : l'actrice a fait de son mieux pour ne plus croiser sa route et aurait "prévenu les autres d'en faire de même".

Au micro de la BBC, la partenaire de Bob Weinstein, Kathy DeClesis, a reconnu que ce que faisait Harvey "n'était pas un secret pour le cercle fermé". Quand le prédateur n'agressait pas ses employées, il faisait appel à elles pour qu'elles organisent des rendez-vous dans des chambres d'hôtel avec de jeunes actrices. De temps à autre, les employées l'accompagnaient comme l'assure Léa Seydoux, avant de disparaître et de laisser les actrices livrées à elle-même.

Autrefois employée par TWC, Lauren O'Connor aurait envoyé une note à ses cadres pour décrire ce que les femmes devaient supporter au sein de l'entreprise, elle y compris. Tout cela après avoir découvert que sa collègue Emily Nestor avait été contrainte de masser Harvey Weinstein. Et Harvey Weinstein avait jusque-là de si grandes connexions qu'il se murmure même qu'une chaîne comme NBC a préféré fermer les yeux sur les accusations portées par plus d'une trentaine de femmes.

Au cours de l'émission "Hardtalk" de BBC World, la grande amie de Harvey Weinstein, Jane Fonda a avoué avoir eu vent des accusations de harcèlement sexuel l'an dernier mais ne pas l'avoir dénoncé pour ne pas avoir à révéler l'identité de celles qui l'accusaient. "J'aurais dû être plus courageuse et je pense qu'à partir de maintenant je le serai quand j'entendrai de telles histoires", a-t-elle déclaré.

Les conséquences pour la société

The Weinstein Company a beau employer 180 personnes, ce ne sera pas le cas encore longtemps. En effet, si Robert "Bob" Weinstein assurait le week-end dernier qu'il souhaitait sauver la société, cela passera nécessairement par de nouveaux investisseurs (via le fonds d'investissement Colony Capital, en négociations depuis hier pour acquérir une grande partie du capital, et donc du catalogue, de la société), un changement de nom, une restructuration et donc des licenciements. Déjà Hachette Books US a fermé jeudi dernier la filiale Weinstein Books. Une fois n'est pas coutume, le scandale sexuel entourant un seul homme pourrait mener à la perte de leur emploi pour des dizaines d'autres.

Si les films produits et distribués par The Weinstein Company et Miramax ont récolté plus de 300 nominations aux Oscars, cette page de l'histoire devra bientôt être tournée. A l'origine prévu pour une sortie le 24 novembre prochain, The Current War pourrait être décalé à 2018 afin d'éviter de faire un bide au box-office. Le film est en effet un drame historique avec Benedict Cumberbatch, Michael Shannon, Nicholas Hoult, Katherine Waterston et Tom Holland dont l'exploitation collait parfaitement à l'Awards season mais qui est malheureusement distribué par TWC.

Les réactions

Depuis les révélations du New York Times et du New Yorker, plus personne ne tient en place. Les 54 membres du conseil de direction de l'Académie des Oscars ont ainsi exclu Harvey Weinstein. Cette décision aurait d'ailleurs été votée "bien au-delà de la majorité requise des deux tiers" précise le communiqué de presse.

Et parce que les langues se sont largement déliées ces derniers jours, politiques et organisateurs de festivals prennent petit à petit conscience de l'ampleur du scandale. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé qu'il souhaitait retirer la Légion d'honneur à Weinstein, une décision saluée (en français) par Rose McGowan.  Et pendant que Deauville efface le nom de Harvey Weinstein des Planches, le Festival de Cannes, par les voix de Pierre Lescure et Thierry Fremeaux dénoncent "un comportement impardonnable qui ne peut susciter qu'une condamnation". Dans Quotidien (TMC), hier soir, les producteurs Marc Missionnier et Charles Gillibert, ont appelé à cessé ces pratiques et encouragé la libération de la parole.

Quentin Tarantino, qui lui doit beaucoup, a été obligé de prendre ses distances: "Ces dernières semaines, j'ai été abasourdi et j'ai eu le cœur brisé par les révélations faites sur mon ami de 25 ans, Harvey Weinstein. J'ai besoin de quelque jours de plus pour gérer ma peine, mes émotions, ma colère et mes souvenirs, et ensuite, je prendrai publiquement la parole."

Du du côté des réseaux sociaux, la fermeture temporaire du compte Twitter de Rose McGowan a suscité la colère des internautes. Certaines femmes ont décidé de boycotter la plateforme, rappelant au passage que le compte de Donald Trump est toujours opérationnel et qu'il menace quotidiennement de déclencher une guerre nucléaire. D'autres femmes (et quelques hommes) ont décidé de donner de la voix en lançant #BalanceTonPorc, un hashtag sous lequel ils racontent leurs expériences de harcèlement sexuel.

Aux Etats-Unis c'est l'actrice de Charmed Alyssa Milano qui s'est emparée du réseau social à l'oiseau bleu pour #MeToo, le pendant anglophone de #BalanceTonPorc. Le hashtag a d'ores et déjà été relayé par les actrices Debra Messing (Will & Grace), Anna Paquin (True Blood), Pauley Perrette (NCIS), Rosario Dawson (Daredevil), Evan Rachel Wood (Westworld) ou encore Gabrielle Union (Being Mary Jane).

C'est un feuilleton qui n'est pas terminé. Mais une chose est certaine: dans le marché sans foi ni loi hollywoodien, machine à broyer par excellence, l'industrie a décidé de se réguler et de jouer la transparence. La sale affaire pourrait amener d'autres cas. Les hommes et des femmes de pouvoir, qui ont harcelé actrices, acteurs, mannequins, employé(e)s, peuvent désormais craindre pour leur avenir. Le patron d'Amazon Studios, Roy Price, accusé de harcèlement en fin de semaine dernière, a d'ailleurs été évincé.

Game Over?

Venise 2017 : Lion d’or pour Robert Redford et Jane Fonda

Posté par kristofy, le 3 septembre 2017

Leurs deux noms réunis ensemble convoquent tout un pan de l’histoire du cinéma américain: Robert Redford et Jane Fonda ont reçu chacun un Lion d’or d’honneur pour leur carrière à cette 74e Mostra de Venise. Ils sont venus à Venise présenter leur 4ème film tourné ensemble : Nos âmes la nuit (Our Souls at Night) de Ritesh Batra.

Redford avec ses 81 ans est acteur depuis les années 60, magnifié par Robert Mulligan, Sidney J. Furie, Peter Yates, Alan J. Pakula, Richard Attenborough, Barry Levinson, Ivan Reitman, Adrian Lyne, Tony Scott, Lasse Hallström, J. C. Chandor…

Jane Fonda et ses 79 printemps est aussi sur les écrans depuis les années 60 sublimée par George Cukor, René Clément, Roger Vadim, Otto Preminger, Alan J. Pakula, Joseph Losey, Jean-Luc Godard, Hal Ashby, Delphine Seyrig, Norman Jewison, Sidney Lumet, Garry Marshall, Lee Daniels, Paolo Sorrentino…

Ils avaient déjà formé un couple de cinéma trois fois, dans La Poursuite impitoyable d’Arthur Penn 1966, Pieds nus dans le parc de Gene Saks en 1967, et Le Cavalier électrique de Sydney Pollack en 1979.

Jane Fonda, qui a d’ailleurs vécu et tourné en France, représente aussi une certaine contestation politique aux Etats-Unis en manifestant contre la guerre du Vietnam, pour les droits civiques des noirs, contre la guerre en Irak. De même Redford est connu pour avoir été un écologiste précoce et avoir créé Festival de Sundance pour valoriser le cinéma indépendant. Cette récompense d'un Lion d'or d'honneur peut également être vue comme un symbole anti-Trump... Mais ne cherchons pas du sens à tout. Redford et Fonda, ce sont avant tout deux monstres sacrés, multiprimés et oscarisés, en tête d'affiche de gros succès et de films devenus des classiques.

Ainsi Redford était dans Captain America: The Winter Solder, Proposition indécente, Out of Africa, L'arnaque, Butch Cassidy et le Kid, Les hommes du Président, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux. Jane Fonda a aligné des hits comme Le retour, Le syndrome chinois, Comment se débarrasser de son patron, La maison du lac, Sa mère ou moi!, Le Majordome...

C’est Robert Redford qui a initié la production de Our Souls at Night, à la fois pour reformer avec Jane Fonda un couple à l’écran (environ 38 ans après leur dernière collaboration), mais aussi pour proposer un film destiné aux seniors car il considère que c’est un public désormais presque oublié par les studios (avec la submersion de films destinés qu'aux jeunes).

Le scénario est très classique, c'est en fait l'adaptation d'un roman de Kent Haruf, pour un film dans la lignée de Ainsi va la vie de Rob Reiner (Michael Douglas et Diane Keaton). Redford et Fonda sont tout deux voisins, veufs et seuls. Elle lui propose de venir dormir chez elle juste pour parler avant la nuit, et progressivement ils vont se découvrir des sentiments envers l’autre. Le début est amusant puisqu’il évoque avec légèreté un regain de désir amoureux à leur âge et la crainte du qu'en-dira-t-on. Ensuite il s’agit de partager ses fêlures intimes (adultère, décès, enfants trop loin…) jusqu’à essayer de recomposer un semblant de famille en gardant quelques temps un petit-fils (c'est d'ailleurs Matthias Schoenaerts qui joue le fils de Jane Fonda). Le film joue avec les personnalités des acteurs: comme dans la vie Jane Fonda est une femme volontaire qui ne craint pas de s'affirmer face aux autres et Robert Redford a une penderie de chemise à carreau tout en regrettant la bonne époque du passé...

D'ailleurs à ce propos le film ne sortira pas au cinéma : il sera diffusé sur Netflix. Vieux mais modernes.

Venise 2017: Robert Redford et Jane Fonda honorés, Alexander Payne en ouverture

Posté par vincy, le 18 juillet 2017

Venise dévoile peu à peu son programme à quelques semaines du lancement des festivités de sa 74e édition (30 août-9 septembre). Après la Présidente du jury, le Festival a révélé deux des Lions d'or qui seront décernés et le film d'ouverture qui sera projeté.

Deux monstres sacrés hollywoodiens seront ainsi sacrés sur la lagune italienne. Jane Fonda et Robert Redford recevront le plus prestigieux des honneurs. Notons qu'avec Annette Bening comme Présidente du jury, Venise a choisi là aussi deux personnalités américaines, activistes et de gauche, bref anti-Trump (ne serait-ce que sur la question du climat et des droits de la femme).

Ils seront à Venise pour présenter Our Souls at Night, un film... Netflix, sélectionné hors compétition et projeté en avant-première mondiale. Jane Fonda, deux Oscars et une Palme d'or d'honneur, et Robert Redford, un Oscar du meilleur réalisateur et un Oscar honorifique, fondateur du festival Sundance, ont souvent partagé l'affiche ensemble. La dernière fois remonte à 1979 avec Le cavalier électrique de Sydney Pollack. Ils se sont aussi croisés dans La poursuite impitoyable d'Arthur Penn, aux côtés de Marlon Brando, en 1966. Mais leur duo au cinéma reste mémorable avant tout avec la comédie romantique Pieds nus dans le parc de Gene Saks (1967), où ils étaient au sommet de leur beauté. Deux sex-symbols, avides de liberté, producteurs, icônes féministe ou écologiste, en plus d'être deux acteurs talentueux et audacieux, défendant les films indépendants et étrangers tout en ayant fait carrière avec succès à Hollywood.

Ils recevront leur prix le 1er septembre. Our Souls at Night est l'adaptation du roman de Kent Haruf, Nos âmes la nuit. Dans une petite ville du Colorado, Addie, une veuve de 75 ans, décide de rompre sa solitude en proposant à Louis, son voisin, veuf lui aussi, de passer du temps ensemble. Ils sont voisins depuis des décennies mais ils se connaissent peu. Ils tombent amoureux l'un de l'autre. Cependant, leurs enfants les désapprouvent et les amoureux doivent se cacher pour vivre leur histoire.

En ouverture, Venise projettera Downsizing, le nouveau film d'Alexander Payne, qui sera également en compétition. Le casting de ce film est composé de Matt Damon, Christoph Waltz, Kristen Wiig, Jason Sudeikis, Alec Baldwin et Neil Patrick Harris. Le film devrait aussi aller à Telluride et Toronto. L'histoire est assez baroque: des gens choisissent de rétrécir afin de trouver une meilleure vie. Cela fait trois ans que le réalisateur a commencé à travailler sur ce film.