Vesoul 2015 : Cyclo d’or pour Bwaya de Francis Xavier Pasion

Posté par MpM, le 18 février 2015

FICA 2015

La tonalité exigeante du palmarès du 21e festival des cinémas d'Asie de Vesoul traduit le choix du jury mené par Wang Chao (et composé de Laurice Guillen, Mohammad Rasoulof et Prasanna Vithanage) de récompenser des œuvres singulières et denses portant chacune en elle sa propre proposition de cinéma.

Francis Xavier PasionAinsi le Cyclo d'or, Bwaya de Francis Xavier Pasion (photo de gauche), mêle-t-il la sensorialité d'une nature presque idyllique à un constat social douloureux qui ouvre la porte à une mise en abime inattendue. Le film ne se contente pas de narrer des faits (en partie réels), il propose par petites touches une réflexion sur la retranscription cinématographique de ces faits et sur le rapport complexe au réel qui s'en dégage.

Une démarche déconcertante qui rend le film parfois malaisé, mais surtout toujours surprenant. On est quelque part entre le cinéma sensoriel et énigmatique d'un Apichatpong Weeresetakul, le constat social dépouillé d'un Brillante Mendoza et le récit mythique universel sur les origines du monde. Dans ce cadre qui évoque les premiers temps de l'humanité, le contraste saisissant entre la beauté foudroyante de la nature et les difficultés matérielles des habitants emporte tout.

Le grand prix, Exit de Chenn Hsiang, est une oeuvre plus urbaine, mais tout aussi dépouillée. Dans des scènes courtes très peu dialoguées, le jeune réalisateur dresse le portrait sensible et sans fard d'une femme plongée dans une solitude infinie. L'héroïne, une Taïwanaise de 45 ans pour laquelle tout semble s'arrêter (sa vie professionnelle, sa vie de mère et même sa vie de femme), est perpétuellement enfermée dans des cadres travaillés et des perspectives bouchées. C'est comme si, pour elle, toutes les portes se fermaient, au sens propre comme au sens figuré. Une oeuvre en apparence austère qui s'attache aux plus petits détails pour transmettre toutes les émotions qui ne passent ni par le récit, ni par le scénario.

Le jury a par ailleurs distingué One summer de Yang Yishu et Melbourne de Nima Javidi, deux longs métrages qui abordent un contexte social et politique par le prisme de la cellule familiale. Dans le premier, construit comme un thriller anémique, une femme passe tout un été à essayer de comprendre pourquoi son mari a été arrêté. A grands renforts de plans fixes, de scènes ultra-quotidiennes, d'ellipses et de non-dits, le film raconte à la fois la vacuité de l'attente, l'ignorance anxiogène, l'arbitraire tout puissant et l'implosion d'existences bien rangées. Malgré ses faiblesses (narration si déliée qu'elle peut en sembler factice, scènes parfois absconses), One summer a quelque chose de saisissant qui captive.

Melbourne (photo de droite) est Melbourne au contraire un quasi huis-clos étouffant dans lequel la parole joue le rôle principal. Pris dans un dilemme moral inextricable, un jeune couple s'embourbe dans les mensonges, les conjectures et les revirements, saisis par une culpabilité qui les étouffe. Même s'il ne va pas aussi loin dans son étude cruelle des rapports de classe, impossible de ne pas penser au cinéma d'Asghar Farhadi, période Une séparation. Probablement l'oeuvre la plus aboutie, voire la plus maîtrisée de la compétition.

Parmi les lauréats des autres prix, on note la présence du premier film birman en compétition à Vesoul, The monk de The Maw Naing, une oeuvre assez classique sur le conflit de génération entre un apprenti moine boudhiste et son maître malade, mais aussi le très poétique Kurai Kurai de Marjoleine Boonstra, fresque délicate inspirée de légendes kirghizes ou encore A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk, savoureux exercice de style qui mêle rêves et réalité à la manière de Hong Sang-Soo.

Un palmarès qui reflète au fond la grande homogénéité de cette compétition 2015, moins axée sur les grands sujets de société que sur des propositions cinématographiques assez personnelles et parfois relativement arides qui ne cèdent ni à la complaisance, ni à la facilité. Un très bel aperçu de la vitalité des cinémas asiatiques qui ne cessent de se renouveler et de se réinventer pour obtenir l'alchimie idéale entre recherche formelle et démarche sociale ou politique.

Vesoul 2015

Le palmarès complet

Cyclo d'or
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Grand prix du jury
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du jury ex-aequo
One summer de Yang Yishu (Chine) et Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Prix NETPAC
The Monk de The Maw Naing (Birmanie)

Prix Emile Guimet
Kurai Kurai : tales of the wind de Marjoleine Boonstra (Kirghizstan)

Coup de coeur de Guimet
Bwaya de Francis Xavier Pasion (Philippines)

Prix INALCO
Melbourne de Nima Javidi (Iran)

Coup de cœur INALCO
A matter of interpretation de Lee Kwang-kuk

Prix du public long métrage de fiction
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar

Prix de la critique
Exit de Chenn Hsiang (Taïwan)

Prix du Jury Lycéens
Margarita with a straw de Shonali Bose et Nilesh Maniyar (Inde)

Prix du public du film documentaire
Nu Guo, au nom de la mère de Francesca Rosati Freeman et Pio d'Emilia (Chine, Italie, Japon)

Prix Jury Jeunes
Iranian Ninja de Marjan Riahi (Iran)

Photos : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : Trois questions à Wang Chao

Posté par MpM, le 18 février 2015

wang chaoEn parallèle de la vaste rétrospective de 50 ans de cinéma chinois proposé au FICA cette année, les organisateurs du Festival de Vesoul se sont tout naturellement tournés vers un cinéaste chinois de première envergure pour succéder à Brillante Mendoza dans le rôle difficile de président du jury international.

Wang Chao, dont le premier long métrage, L'orphelin d'Anyang, fut sélectionné à Cannes en 2001, était donc l'invité d'honneur de cette 21e édition, durant laquelle il a reçu un Cyclo d'or spécial. Deux de ses films récents (le polar intime Memory of love et le drame familial Fantasia) étaient également présentés.

L'occasion pour Ecran Noir de rencontrer ce cinéaste rare qui porte sur son pays un regard à la fois critique et chaleureux, soucieux d'en montrer fidèlement tous les contrastes.

Ecran Noir : votre cinéma est souvent le reflet de la société chinoise actuelle. Est-ce pour vous ce que représente le cinéma, un moyen de transmettre la réalité ?

Wang Chao : Je pense en effet que mes films représentent la vie en Chine. La chine évolue maintenant très vite. D'un côté, on a beaucoup de succès en tant que puissance économique. Notre vie s'améliore de plus en plus. On peut voir ça facilement dans les journaux ou à la télévision. Mais en tant que réalisateur, et en tant qu'artiste, je voudrais aussi montrer des gens qui sont ignorés par les médias. Montrer un autre côté de la Chine.

EN : Cela influe-t-il sur la manière dont vous regardez un film, notamment lorsque vous occupez comme ici le rôle de président du jury ?

WC : Non, pas vraiment. Je regarde les films sous un prisme plus artistique. Je m'attache aux films qui me touchent, et aussi quand même aux films qui sont proches de la réalité. Mais c'est le niveau artistique qui prime.

EN : Comment est né le projet du film A la recherche de Rohmer que vous avez tourné en France ?

WC : Ce film est adapté de mon roman qui s'appelle Tibet sans retour. Il raconte l'histoire de deux hommes dont un qui est mort au Tibet et l'autre qui veut aller le chercher. Pour ce qui est de Rohmer, déjà, c'est un scénariste que j'aime beaucoup. Je voulais lui rendre hommage. En plus, son film Le rayon vert raconte aussi une histoire de recherche, d'où le parallèle, même si le traitement est bien sûr complètement différent.

Photo Wang Chao : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : rencontre avec Nilesh Maniyar, co-réalisateur de Margarita with a straw

Posté par kristofy, le 17 février 2015

nilesh« Qui voudrait sortir avec moi ? » C'est l'une des répliques émouvantes de l'un des 9 films en compétition cette année au Festival de Vesoul : Margarita with a straw co-réalisé par Shonali Bose et Nilesh Maniyar.  Le sujet a réussi à prendre par la main les spectateurs pour les toucher au coeur, avec une jeune fille qui souffre d'un handicap et qui va découvrir le désir et l'amour pour une autre femme...

Ce film est écrit et réalisé par un duo (une femme et un homme) originaire de l'Inde, pays où l'homosexualité  est toujours un délit. A noter que l’héroïne est interprétée par l'actrice Kalki Koechlin, qui avait été révélée dans les premiers films de Anurag Kashyap (avant que les suivants ne soient à Cannes) Dev.D et That Girl in Yellow Boots.

L'histoire avec ses rebondissements et ses bons sentiments nous fait partager le parcours émotionnel d'une jeune fille qui va sortir de sa solitude. C'est Nilesh Maniyar qui était présent à Vesoul pour accompagner Margarita with a straw :

Ecran Noir : L’histoire de Margarita with a straw est une idée originale de Shonali Bose inspirée de sa famille mais le scénario tout comme la réalisation ont été faits à deux. Pouvez-vous nous dire quelle est la part de vérité ou de fiction ?
Nilesh Maniyar : L’histoire a en effet été inspirée en partie par la vie de la sœur de Shonali Bose, mais tout le scénario est en fait vraiment de la fiction. Sa sœur Manili est atteinte d'une forme de paralysie cérébrale, elles ont grandi ensemble. Le film est aussi dédié à la mère de Shonali décédée quand elles étaient jeunes et aussi au jeune fils de Shonali qu’elle a perdu, la vie et la mort ont fait comme un cercle autour d’elle. Des caractéristiques du personnage principal et de sa mère sont en lien avec sa famille, mais l'histoire est une fiction.

EN : On découvre dans le film deux jeunes filles avec deux sortes de handicap, l’une est en fauteuil roulant et l’autre est aveugle, qui vivent différentes expériences dans deux pays, en Inde et aux Etats-Unis. Est-ce que tout cela a multiplié les difficultés pour réaliser le film ?
NM :
Le film n’a pas été facile à mettre en route parce que notre histoire ne s’appuie pas sur des problèmes liés à des handicaps mais beaucoup plus sur les émotions des personnages. La chose importante était de ne pas traiter des deux filles comme des personnes handicapées mais de regarder ces deux personnages de filles comme égales aux autres. Avec ce film on a voulu donner comme des lunettes aux spectateurs pour regarder le monde ainsi. Pour créer ce monde cela n’a pas été facile, et il fallait deux actrices très talentueuses comme Kalki Koechlin et Sayani Gupta pour que l’on finisse par oublier leur condition physique et qu’on s’attache à leur cheminement intime et personnel.

EN : Deux filles avec un handicap de deux cultures différentes et des relations homosexuelles qui sont sujet tabou en Inde, craignez-vous certaines réactions du public ?
NM :
Non seulement je n’ai pas peur de ces réactions mais je les attends. Si quelqu’un me tirait une balle dans le dos à cause de ce film je pourrais en être fier… Plus sérieusement, il temps de ne plus avoir peur de parler de certains sujets de société comme l’homosexualité ou d’autres, il est temps d’en faire des sujets de conversation. Cela concerne la personne qui est handicapée et qui ressent ces sentiments et personne ne devrait avoir à y redire, il n’y a rien de mal à ça. Il y a beaucoup de spectateurs à travers le monde qui ont aimé ce film, et des voix ont pu dire "oh enfin une histoire qui raconte nos sentiments"...

EN : Margarita with a straw est en compétition au Festival de Vesoul avec d’autres films de plein de pays très différents…
NM :
L’organisation de ce festival de films asiatiques dans cette petite ville de France qu’est Vesoul est formidable, depuis que j’ai atterri ici j’ai l’impression que les gens sont très chaleureux et que tout le monde connaît presque tout le monde. Voir tout ces gens qui remplissent les salles même le matin pour célébrer ensemble des différences culturelles, ça c'est formidable. A une séance de mon film il y a eu plusieurs dizaines de jeunes lycéens qui étaient là. Un adolescent qui est exposé à un jeune âge à une culture asiatique à travers un film de cinéma c’est quelque chose de précieux. Pour moi Vesoul a su marquer son empreinte sur une carte où tout est globalisé, il faudrait y aller chaque année. Réussir à organiser un festival comme celui-là à notre époque où tout est uniformisé est vraiment courageux et magnifique.

EN : et après Vesoul ?
NM :
A Vesoul c’était l’avant- première française pour le film, je ne connais pas encore de date de sortie pour la France. Notre vendeur international a d’ailleurs des bureaux basés en France, la société Wide Management, et ils ont fait un boulot fantastique pour la diffusion du film. Margarita with a straw devrait être distribué au Japon, en Corée du Sud, aux Etats-Unis, au Canada, en Espagne, au Mexique...

Photo Nilesh Maniyar : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : rencontre avec Ainur Niyazova, actrice kazakh de Adventure

Posté par kristofy, le 16 février 2015

Adventure

Le Festival de Vesoul est en terme de fréquentation la plus importante manifestation de cinéma asiatique d'Europe, et aussi le plus ancien festival de ce type en France car il s'agit cette année de sa 21e édition.

Martine Thérouanne, sa directrice, est toujours prête à expliquer ce que symbolise le nom complet symbolisé par les initiales FICA de Vesoul : "Le Festival International des Cinémas d'Asie, on insiste sur "cinémas" au pluriel car on s'attache à l'Asie géographique du proche à l'extrême-orient".

Chaque année ce sont ainsi plusieurs pays qui sont à l'honneur soit avec un regard thématique ou une rétrospective comme par exemple cette année l'Iran ou le Laos. Lors du festival 2012 avait également été organisé un Regard sur le cinéma du Kazakhstan avec une vingtaine de films rares allant de Amangeldy de Moisy Levin de 1938 au nouveau Sunny Days de Nariman Turebaiev qui était alors aussi en compétition.

Dans les 9 films en compétition, cette année on retrouve le dernier film de Nariman Turebaiev, Adventure : Marat, jeune célibataire, vit seul. Il travaille comme agent de sécurité. Il vit cette existence solitaire sans rien changer d’un quotidien ennuyeux. Or, un jour, quelque chose d’inattendu arrive. Marat voit une jeune fille debout dans la rue près de sa maison. Cette fille s’appelle Maryam et quand elle va accidentellement entrer dans la vie de Marat, les nuits de ce dernier vont être pleines d’aventures.... Adventure est une libre adaptation de la longue nouvelle Nuits blanches de Dostoïevski.

A l'issue de la première projection du film, on a rencontré son actrice principale, la belle Ainur Niyazova, qui nous a raconté comment elle a rejoint l'aventure : "le réalisateur Nariman Turebayev m’a choisie à l’issue du processus de casting pour le rôle. Il y avait plusieurs actrices du Kazakhstan et on a passé des tests filmés en vidéo, et donc finalement c’est moi qui ai été choisie. Quand on a commencé le tournage Nariman m’a indiqué que je pouvais jouer selon mon ressenti. Cela était une expérience différente pour moi car je connaissais alors plutôt des réalisateurs qui me disaient "fais-en plus, plus d’intensité", et là c’était un peu le contraire. C’est plutôt moi qui demandais à Nariman : "dis-moi en plus, donne-moi plus d’indications", je voulais faire plus de prises et proposer plus de choses. J’aurais pu être plus expressive, et lui préférait que je sois la plus normale possible".

La jeune femme était présente à Vesoul pour accompagner Adventure et découvrir les autres œuvres en compétition. "C’est intéressant d’accompagner Adventure dans lequel j’ai joué dans d’autres pays. En 2014 j’étais au festival de Karlovy Vary aussi avec ce film et c’était le premier festival où il était montré en dehors de Kazakhstan. Je remercie Martine et Jean-Marc Thérouanne d’avoir sélectionné notre film en compétition, le réalisateur Nariman Turebayev devait être là mais malheureusement il n’a pas pu venir. Ici en France à Vesoul c’est le second festival où je suis invitée pour ce film, j’aime beaucoup aller dans des festivals de cinéma qui réunissent des films très différents."

Après Leçons d'harmonie, autre film kazakh passé par les festivals de Berlin et Vesoul, avant d'être à l'affiche en mars 2014, Adventure devrait également sortir en salles prochainement :

Photo Ainur Niyazova : Michel Mollaret

Vesoul 2015 : La Chine, nouvel eldorado du cinéma

Posté par kristofy, le 13 février 2015

xiaoLa Chine, immense pays multiethnique, est doté d'un vaste patrimoine cinématographique, dont on ignore la plus grande partie. L'an dernier, il y a eu différentes initiatives pour célébrer la "Saison Culturelle France-Chine 50" (pour les 50 ans d’amitié franco-chinoises).  Le 21e Festival des cinéma d’Asie de Vesoul y apporte sa contribution avec la plus importante rétrospective de films de patrimoine chinois avec 36 œuvres telles que : les inédits La boutique de la famille Lin de Shui Hua (1959) ou Le tireur de pousse-pousse de Ling Zifeng (1982) ; Le coq chante à minuit de Lei Yeou (à Cannes en 1965) ou Une nuit de glace de Que Wen (à Cannes en 1984) ; Ju dou de Zhang Yimou (1990) ou Xiao Wu artisan pickpocket de Jia Zhang-ke (1997) ; Le fossé (2010) de Wang Bing ou La môme Xiao de Peng Tao (2007)...

Toujours venu de l'Empire du milieu, le film d'ouverture de Vesoul était  Full circle en hommage à Wu Tianming disparu l'année dernière. Le jury international pour les films en compétition est présidé par un chinois, le réalisateur Wang Chao (Voiture de luxe, Memory of Love), dont le dernier film, Fantasia était au dernier festival de Cannes.

En terme de distribution de films, on parle de territoire, et la Chine représente en ce moment LE territoire à investir. Le box-office chinois est en pleine explosion depuis plusieurs années. Rien qu’en 2014 il y a eu la construction de 1015 multiplexes (en Chine il y a désormais plus de 23600 salles - contre 18000 en 2013). C’est aussi le marché le plus important pour les films en 3D (Lucy de Luc Besson a d’ailleurs été converti spécialement en 3D pour sa diffusion en Chine). Côté box office, la Chine est dorénavant le deuxième pays dans le monde en nombre de spectateurs et en recettes. En 2014, le B.O. chinois a récolté 4,82 milliards de recettes, en progression de 36% par rapport à 2013. A ce rythme, d'ici la fin de la décennie, le marché chinois sera plus important que le marché américain.

Lente ouverture aux films étrangers

Le pays limite l’accès aux films étrangers (même si le chiffre progresse chaque année) sauf s'il s’agit de coproduction avec des règles à suivre (environ un tiers du budget par une société chinoise, un acteur chinois doit avoir un rôle conséquent, une partie du tournage en Chine, l’administration du bureau des films doit approuver le scénario et le montage final…). Depuis que la Chine a conclu un accord de coproduction avec la France le 29 avril 2010 (et des accords semblables avec d’autres pays), les films coproduits ne sont ainsi plus comptés dans le petit nombre de films étrangers (surtout américains) autorisés à être importés. Il en résulte des films chinois coproduit par des français comme 11 Fleurs (2011) de Wang Xiaoshuai ou Le Promeneur d'oiseau (2014) de Philippe Muyl, ou encore le prochain film de Jean-Jacques Annaud Le dernier Loup , qui va bientôt sortir dans nos salles d’après le best-seller chinois Le Totem du loup de Jiang Rong.

La Chine développe aussi de plus en plus des partenariats avec les Etats-Unis. Un des plus gros budgets chinois Flowers of war de Zhang Yimou a été conçu pour séduire le marché international avec, en vedette, Christian Bale. Côté USA il y a eu l’étape du blockbuster Transformers 4 l'âge de l'extinction (leader du box office l'an dernier) de Michael Bay tourné en Chine avec Mark Wahlberg (et les acteurs chinois Li Bingbing et Han Geng) qui a réalisé un meilleur démarrage en Chine qu'aux Etats-Unis. Iron man 3 également tourné en partie en Chine a d’ailleurs une version différente pour le marché chinois avec des scènes en plus (avec Wang Xuegi et Fan Bingbing). Et du côté du film d’animation DreamWorks Animation a une filiale chinoise Oriental DreamWorks. Les suites Avatar 2 (novembre 2017) et Avatar 3 (novembre 2018) de James Cameron qui visent des records de spectateurs seront aussi des coproductions avec la Chine.

En attendant, impossible de voir les 600 films produits chaque année en Chine.
Alors, Vesoul, eldorado du cinéphile amateur de films asiatiques, programme 90 films de tout le continent, en une semaine (à condition, certes, de ne rien faire d'autre).

Le Festival du film asiatique de Deauville annulé en 2015

Posté par vincy, le 18 novembre 2014

"Les contraintes financières liées essentiellement à l'insuffisance des financements publiques (à l'exception de celui de la ville, principal partenaire) et privées nous amènent à le reformater, le modifier, le réorganiser" explique le communiqué du Public Système Cinéma pour justifier l'absence d'une 17ème édition du Festival du film asiatique de Deauville en 2015. Le Public Système Cinéma organise plusieurs festivals dont celui du Festival du film américain toujours à Deauville, qui lui-même est fragile.

Dans Le Figaro, Bruno Barde, patron de la manifestation précise que "Cela fait des années que nous produisons à perte, malgré la qualité de talents présents chaque année. Nous cherchons d'autres partenaires, mais dans la culture, il s'agit surtout de sponsors privés." L'annulation est temporaire. Une année 2015 sans ce festival.

Selon lui, "Le cinéma asiatique demeure un marché difficile, qui ne représente qu'1% des entrées en France. La réalité économique nous rattrapent. (...) La décision a été unanime entre les différents partenaires: la ville de Deauville, le Centre International de Deauville et nous."

"Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent"

Mais Bruno Barde ne veut pas y voir qu'une affaire d'argent. A juste titre, dans l'entretien, il déplore "qu'on ne parle que de Nabilla ou de vedettes" à la télévision. "Malheureusement, un réalisateur comme Kurosawa ne reste connu que par les spécialistes. L'Asie produit énormément: Hong Sangsoo, Park Chan-Wook... Les médias ne parlent que de Takeshi Kitano et de Wong Kar Waï! Et encore... Le problème, mais cela ne devrait pas en être un, c'est que le cinéma asiatique ne se repose pas sur des vedettes." Et il ajoute : "Plus personne ne soutient ce qui est exigeant de nos jours. Tout le monde confond notoriété et talent. Le premier est constamment honoré. Si le talent se voyait soutenu, nous aurions plus de publicité et donc plus de sponsors. Malheureusement, le talent passe à la trappe."

De plus en plus de festivals sont fragilisés depuis la crise de 2007/2008. A commencer par Paris Cinéma dans la capitale. Et les sponsors privés préfèrent se concentrer sur les gros événements (récemment le Festival de Cannes a signé un contrat pluri-annuel avec le groupe de Pinault, Kering).

Si le cinéma asiatique disparaît de la côte normande, on peut toujours se consoler: le plus grand événement du genre en Europe, le Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul tiendra sa 21ème édition du 10 au 17 février prochain.

Vesoul 2015 : premières révélations sur la 21e édition

Posté par MpM, le 9 juin 2014

Jean-Marc et Martine ThérouannePour ceux qui en doutaient, un Festival de cinéma se prépare au moins un an en avance. Martine et Jean-Marc Thérouanne, les organisateurs du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul (FICA), n'étaient donc pas venus au dernier Festival de Cannes dans l'idée de se reposer après le succès de leur 20e édition, mais bien pour travailler d'arrache-pied à la suivante qui se tiendra du 10 au 17 février 2015.

Au programme, des films bien sûr, mais surtout des réunions et des rencontres afin de garder un contact étroit avec le microcosme toujours plus important du cinéma asiatique. L'idée n'est pas tant de découvrir les longs métrages qui seront les pépites de la compétition 2015 ("C'est trop tôt", souligne Martine Thérouanne, qui mise plutôt sur le Festival de Pusan en octobre) que de tisser et renforcer les liens indispensables qui permettent aux organisateurs de faire venir chaque année à Vesoul les plus grandes stars du cinéma asiatique.

"Par exemple, nous avons participé à la journée franco-chinoise organisée par le CNC. Nous aurons en 2015 un focus sur le cinéma chinois donc c'était extrêmement important d'être là", explique Jean-Marc Thérouanne. " Nous avons rencontré un certain nombre de réalisateurs chinois comme Liu Hao [Addicted to love, Cyclo d'or à Vesoul en 2011] et Liu Bingjian [Les larmes de Madame Wang, prix du Jury Netpac à Vesoul en 2003]."

Par ailleurs, les organisateurs ont également rencontré le cinéaste Jia Zhang-Ke à plusieurs reprises durant la quinzaine cannoise et ont pu lui proposer d'être le président du jury de la prochaine édition. "Il nous a donné son accord de principe, mais tout dépendra de sa disponibilité à ce moment de l'année", précise Martine Thérouanne. Bien sûr, pour un organisateur de Festival plus que pour quiconque, rien n'est jamais certain tant que les invités ne sont pas là en chair et en os, mais c'est en tout cas une excellente nouvelle pour lancer le 21e FICA.

Et ce n'est pas la seule. En effet, les organisateurs travaillent également à une rétrospective sur le cinéma du Laos, dans le cadre de la section "Francophonies d'Asie". "Nous avons mandaté Bastian Meiresonne [l'un des spécialistes de cinéma asiatique qui travaille pour le FICA] pour aller voir sur place ce qui existe physiquement dans les archives et dans quel état c'est. Nous aimerions notamment montrer Le lotus rouge de Som-Ok Southiphone un film mythique de 1988 remarqué dans de nombreux festivals internationaux", précise Jean-Marc Thérouanne.

Enfin, l'intitulé de la section thématique du prochain FICA est également connue. Il s'agira de "Tenir en haleine". Avis aux amateurs de cinéma de genre, mais pas seulement, puisque les organisateurs ont prévu de montrer plus largement des films "avec une intrigue extrêmement forte". On n'est donc pas au bout de nos émotions, quelles qu'elles soient ! Mais ça, avec la manifestation vésulienne, on en a pris l'habitude.

Vesoul 2014 : reprise d’une partie des films primés au Musée Guimet

Posté par MpM, le 2 mars 2014

On vous a beaucoup parlé de la 20e édition du Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul qui se tenait en février dernier. Pour tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à cette édition d’exception, l'auditorium du Musée Guimet de Paris propose du 5 au 7 mars l'occasion unique de découvrir certains des lauréats : 10 minutes de Lee Yong-seung (Corée du Sud), Summer's end de Kumakiri Kazuyoshi (Japon) et The Ferry de Shi Wei (Chine).

10 minutes10 minutes, déjà lauréat du prix FIPRESCI au Festival de Pusan en 2013, a reçu à Vesoul le Cyclo d'or et le coup de coeur du jury INALCO. Construit comme un quasi huis clos, le film suit le parcours de Kang Ho-chan, un étudiant rêvant de devenir producteur de télévision, dans l'administration où il est embauché comme stagiaire. Le récit très elliptique et la narration presque éparse donnent l'impression d'un film fuyant, fait de sensations et d'anecdotes.

Pourtant, un fil directeur émerge peu à peu de cette observation presque chirurgicale des relations professionnelles et familiales. L'ambivalence des rapports humains, l'absence de loyauté, les difficultés économiques et l'individualisme forcené sont notamment autant de thèmes effleurés par le cinéaste.
A voir le 5 mars à 12h15.

summer's endSummer's end, qui a été récompensé par le prix "Coup de cœur" du jury Guimet, est  l'adaptation élégante et feutrée du best-seller écrit par Setuchi Jakucho.

Il raconte comment une jeune femme gagne peu à peu sa liberté en s'affranchissant des différents hommes qui partagent sa vie. La mise en scène soignée et la beauté des images font oublier l'aspect parfois un peu statique du récit ainsi que ses quelques passages à vide.
A voir le 6 mars à 12h15.

The Ferry, prix du jury Emile Guimet, mais également prix NETPAC, raconte la relation ténue entre un vieil homme et son fils de retour au village pour les vacances.

En plus d'observer avec beaucoup de pudeur les liens qui se nouent entre les deux hommes, le film est un hymne à la solidarité et à la loyauté indéfectible. Une œuvre épurée d'une grande beauté formelle.
A voir le 7 mars à 20h30.

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Auditorium du Musée Guimet
6, place d'Iéna
75 016 Paris

Informations sur le site du Musée

Vesoul 2014 : rencontre avec Brillante Mendoza

Posté par MpM, le 28 février 2014

Brillante Mendoza, chef de file du cinéma philippin contemporain, est régulièrement sélectionné dans les grands festivals internationaux depuis le milieu des années 2000 :  Le Masseur à Locarno en 2005, John John à Cannes et Tirador à Toronto en 2007,  Serbis à  Cannes en 2008, Lola en 2009 à Venise, Kinatay à Cannes en 2009 (avec un prestigieux prix de la mise en scène en prime), Captive en 2012 à Berlin, etc.

C’est donc fort logiquement que le festival international des Cinémas d’Asie de Vesoul lui a décerné son Cyclo d'honneur 2014, et lui a proposé de présider le jury international de sa 20e édition, qui proposait justement un regard sur le cinéma philippin.

Disponible et d’une grande simplicité, le cinéaste en a profité pour présenter une rétrospective de son travail, participer à une table ronde sur le cinéma de son pays, et aller à la rencontre des festivaliers. L’occasion de l’écouter parler avec énormément de précision de son travail minutieux de mise en scène, et de lui demander de décortiquer pour Ecran Noir sa méthode de travail habituelle :

La plupart de mes films sont basés sur des histoires vraies. J’essaye d’adapter ces histoires de la manière dont j’aimerais les voir dans la réalité.

Par exemple, si je pars de l’histoire de personnes en particulier, et si je vois les personnages en eux, j’essaye de les mettre dans le film, de transcrire leur vie dans le film. Ce n’est pas aussi simple que ce dont ça a l’air quand on regarde le film. Sur grand écran, tout simple improvisé, tout semble être exactement comme on le voit dans la réalité.

Mais pour obtenir ce résultat, et le rendre réaliste, comme un documentaire, cela demande beaucoup de travail et de patience. Il faut s’appuyer sur différents éléments de réalisation, comme le son, la direction artistique, la mise en scène, le montage, et même la musique. Même si on tourne en temps réel, il faut d’une certaine manière tout recréer lorsque l’on réunit tous les éléments.

Brillante MendozaComment procède-t-on concrètement ? Dès le casting : on mélange des acteurs professionnels avec des amateurs. Je les laisse improviser beaucoup. Je ne leur donne pas le scénario, même si j’en ai un. Je passe beaucoup de temps à faire des recherches, et j’écris avec une équipe de scénaristes, mais on ne montre pas notre travail aux acteurs. Je leur donne juste les situations et je les laisse improviser. Je ne leur dis pas où sera placée la caméra pour ne pas les bloquer.

Et pour ce qui est de la musique : je n’en utilise pas beaucoup. Si le film se suffit à lui-même, il n’y a pas besoin de musique.  Je pense que la musique sert à mettre les scènes en valeur. Mais s’il n’y en a pas besoin, s’il n’y a rien à mettre en valeur parce que ça sonne déjà tellement vrai, j’essaye d’adapter le son et l’environnement. Mais j’utilise la musique comme un son naturel de l’environnement.

Même chose avec la direction Brillante Mendozaartistique : je veux que tout semble le plus vrai possible. Je n’aime pas que les acteurs portent des vêtements qui ne sont pas habituellement portés par les gens ordinaires. Parce que la plupart de mes personnages sont des gens ordinaires. Ensuite, cela dépend. Si le personnage a vraiment besoin de porter du maquillage, alors je fais maquiller les acteurs.

Quoi d’autre… Ah oui, même dans le montage, j’essaye d’aller à l’encontre des règles. Normalement, quand on sort d’une école de cinéma, on apprend à suivre une série de règles de montage. Par exemple, si je filme votre visage, ensuite il faut montrer l’envers et filmer mon visage. Moi, je me contente de suivre mon instinct. De réfléchir à ce qui est nécessaire et à ce qui ne l’est pas.

Lire l'intégralité de notre rencontre avec Brillante Mendoza

Photos : Brigitte Arradi

Vesoul 2014 : l’Asie vue par Céline Tran

Posté par kristofy, le 26 février 2014

Le Festival international des Cinémas d'Asie de Vesoul vient de fêter ses 20 ans ! Tant de passion et d'énergie à transmettre l'amour des films asiatiques depuis une vingtaine d'années, et cela est partagé : quelques cinéphiles qui aiment ces films évoquent leur rapport avec le cinéma asiatique.

Céline Tran est une actrice de la saison 4 de la série Le Visiteur du Futur (à voir en dvd ou sur internet ici) que l'on va retrouver prochainement dans d'autres projets aussi bien pour la télévision que pour le cinéma, après plusieurs années dans l'univers du charme et des films pour adulte sous le nom de Katsuni et après quelques apparitions comme dans Les Kaïra de Franck Gastambide.

Ecran Noir : Si tu devais choisir un film asiatique qui t’a le plus étonnée…
Céline Tran : Le choix est difficile the hosttellement il existe de perles dans le cinéma asiatique. Mais j'ai envie de citer The Host de Bong Joon-Ho que j'ai découvert il y a quelques mois sur Netflix aux USA, en version originale sous-titrée. A mon sens on ne peut apprécier totalement un film et la performance de ses acteurs que dans sa version originale. J'avais été bluffée par Mother et Memories of murder, il me fallait regarder The Host !

Etant donné le titre et le visuel du film je m'attendais à voir un film de monstres, un film d'horreur, mais j'ai trouvé bien plus que cela. Ce film est surprenant, il jongle avec habilité avec les émotions du spectateur rebondissant d'un genre à l'autre (horreur, drame, comédie) sans jamais perdre sa cohérence. Derrière l'aventure invraisemblable d'un parfait anti-héros (l'excellent Song  Kang-Ho) et de sa famille, il y a une critique éloquente de la société coréenne, l'incompétence et la corruption de son système, la manipulation des médias et l'hypocrisie américaine qui se présente une fois de plus comme sauveur de l'humanité.

Et au milieu de cette hystérie parfaitement orchestrée sont parsemés, comme si souvent dans le cinéma coréen, des instants de délicatesse et de poésie, inattendus, rares, touchants. Les monstres ne sont pas forcément  ceux qu'on croit. Ce film est un bijou !

EN : Est-ce que tu te souviens des premiers films asiatiques qui t’ont impressionnée ?
CT : Sans aucun doute, c’est les films de Bruce Lee et de Jackie Chan avec lesquels j'ai grandi. Le premier devait être Big Boss ou La Fureur du Dragon. La violence y est tellement belle. J'étais fascinée par Bruce Lee. Qui ne l'a pas été d'ailleurs ? Je considère comme une chance d'avoir pu voir ses films très jeune. Ce sont de très belles sources d'inspiration malgré la violence des combats. Puisqu'il y a quelque chose de très noble dans ce type d'action.

EN : Les derniers que tu as vus ?
love exposureCT : Les derniers en date sont Tetsuo the Iron Man de Shinya Tsukamoto et Naked Blood de Hisayasu Sato, quelle violence ! Tetsuo est un ovni, une œuvre absolument hypnotique. Sur ma liste à regarder dans les prochains jours : Gozu (Takashi Miike), Glory the filmmaker (Takeshi Kitano), Love Exposure (Sono Sion), Female Convict Scorpion (Shunya Ito) et beaucoup d'autres !

EN : Isabelle Huppert en Corée du sud dans In Another Country de Hong Sang-Soo et aux Philippines dans Captive de Brillante Mendoza, Johnny Hallyday à Hong-Kong dans Vengeance de Johnnie To… Quel pays ou cinéaste asiatique te ferait envie pour un tournage ?
CT : Wow ! Sans hésiter la Corée du Sud ! Avec mes réalisateurs favoris Bong Joon-Ho, Kim Jee-Woon et surtout Park Chan-Wook que je rêve de rencontrer, ce serait juste incroyable de tourner pour lui.

tel pere, tel filsEN : En ce moment le film Tel père, tel fils de Kore-Eda Hirokazu (prix du jury à Cannes, Cyclo d'or d'honneur à Vesoul) sorti le 25 décembre est encore à l’affiche en février dans plus de 50 salles avec plus de 400 000 spectateurs en France (plus que de nombreux films français), ça t’inspire quoi ?
CT : C'est une excellente nouvelle. J'ai l'impression qu'il y a un intérêt grandissant pour le cinéma asiatique. Je trouve ça réconfortant de constater que les blockbusters américains n'ont pas forcément le monopole.

Je suis moi-même allée voir Tel Père, Tel fils, c'est drôle, le public se comportait comme lors d'une exposition d'art. Il y avait un silence total dans la salle, une sorte de respect, de recueillement devant une œuvre qui donne à réfléchir.

Le cinéma n'est pas juste un divertissement, il reprend ici ses lettres de noblesse en étant également objet d'art, fenêtre sur une autre culture, proposition d'un autre point de vue et miroir de notre propre condition.