Chant des mers du Sud : hymne au vivre ensemble

Posté par MpM, le 16 février 2010

Chant des mers du SudL’histoire : Ivan le Russe et Assan le Kazakh sont voisins. Un jour, la femme d’Ivan donne naissance à un enfant étonnamment brun et bridé, et le conflit éclate entre les deux familles. Des années plus tard, chacun des deux hommes éprouve le besoin de partir à la recherche de ses racines.

Notre avis : Sélectionné et primé dans de nombreux festivals internationaux (Pusan, Nantes, Rotterdam, Vesoul…), ce Chant des mers du Sud délicat et cocasse s’avère une fable humaniste sur la nécessité de dépasser les différences ethniques pour vivre en bonne harmonie. Comme souvent avec le cinéma venu d’Asie centrale, l’histoire semble passer par bien des digressions qui sont autant de détours et de circonvolutions empêchant au film d’aller droit au but. Pour l’apprécier malgré tout, il faut se faire à ce mélange des genres, symbolisme et didactisme, drame et comédie, et à cette lenteur étudiée, patiente, qui mène toujours quelque part mais à son rythme, et avec son cheminement propre.

Même la structure, extrêmement archétypale, rend aux premiers abords l’intrigue complexe et peu avenante. Comme si chaque personnage, chaque situation, chaque geste même, ne servait qu’à illustrer avec force le propos de Marat Salut, mais n’existait pas pour lui-même. Il s’en dégage alors une impression de lourdeur, un manichéisme qui rend le film maladroit, légèrement sentencieux. On n’est pas loin de la démonstration pontifiante, heureusement contrecarrée par le regard bienveillant et amusé que le réalisateur porte sur cette société où tout finit toujours par tourner à la farce.

L’illustration du fameux Chant des mers du Sud en animation de papiers découpés, les plans contemplatifs sur les vastes plaines, les passages hauts en couleur entre le chef du village et son chauffeur allemand nous immergent dans l’ambiance burlesque de ce village kazakh dont on ne saurait vraiment prétendre qu’il est typique… mais qui participe à ancrer l’intrigue dans l’univers du conte décalé plus que du réalisme. Grâce à ce petit brin de fantaisie, cet appel au vivre ensemble et à l’ouverture aux autres ne manque indéniablement pas de charme.

Cannes : la belle carte à jouer de l’Asie

Posté par MpM, le 8 mars 2009

ThirstEnfant chéri de Cannes ces dernières années, l’Asie pourrait à nouveau arriver en force sur la Croisette. Ainsi, si l’on en croit la rumeur, Johnnie To aurait déjà son ticket pour le tapis rouge. En tant que réalisateur, pour Vengeance, où il dirige Johnny Hallyday, et/ou en tant que producteur avec Accident de Pou Soi Cheang, à qui l’on doit notamment Dog bite dog. A moins qu’il ne s’agisse encore d’un de ces buzz purement gratuits qui amusent tant le délégué général Thierry Frémaux …

La concurrence est en effet rude du côté de Hong Kong et de la Chine continentale. Lou Ye, qui concourait pour la palme d’or en 2006 avec Une jeunesse chinoise, met la dernière main à Spring fever. Wang Chao, sélectionné à Un certain regard la même année avec Voiture de luxe, est lui en train d’achever Starting over. Enfin, la réalisatrice Yimeng Jin a en stock Sophie’s revenge avec Zhang Ziyi, l’ancienne assistante de Jia Zhang-ke, Carol Lai, a terminé Shuffle et Tian Zhuangzhuang est de retour avec The warrior and the wolf.

Par ailleurs, du côté coréen, trois cinéastes qui ont déjà eu les honneurs de la croisette sont sur les rangs  : Park Chan-wook (Thirst), Bong Joon-ho (Mother) et Hong Sang-soo ; tandis qu’au Japon, on table sur un ancien lauréat, Hirokazu Kore-eda (Air doll), et sur un "petit nouveau", Hideo Nakata (Gensenkan), qui est le candidat idéal pour une séance de minuit à forte teneur horrifique.

On attend aussi beaucoup de la Thaïlande, qui est en train de s’imposer comme le nouvel Eldorado des cinéphiles. Wisit Sasanatieng, qui fut le premier réalisateur thaïlandais présenté en Sélection officielle (en 2001, avec Les larmes du tigre noir, dans la section Un certain regard), travaille à Red eagle. Son compatriote et complice Pen-ek Ratanaruang (venu présenter Ploy à la Quinzaine des Réalisateurs en 2007) a également un projet en cours : Nymph.

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