César 2017: Elle, Juste la fin du monde et Divines se partagent les prix

Posté par vincy, le 25 février 2017

La quinzaine des réalisateurs peut s'enorgueillir d'avoir réalisé un carton lors de cette (trop longue et pas très drôle) 42e Cérémonie des César: Divines (3 prix), Ma vie de courgette (deux César pour un film d'animation, du jamais vu), L'effet aquatique (avec un César posthume pour Solveig Anspach) ont raflé de nombreux prix, à chaque fois mérité dans chacune de leurs catégories. La sélection officielle cannoise n'est pas en reste avec notamment le César du meilleur film étranger pour la Palme d'or de Ken Loach. Le cinéaste britannique entre ainsi dans le club fermé des double-césarisés (et seulement la deuxième fois qu'une Palme d'or obtient en plus ce César).

Plus remarquable le doublé de Xavier Dolan - réalisation, montage - en son nom propre. C'est la première fois qu'un cinéaste québécois gagne le César du meilleur réalisateur et cela conforte son Grand prix du jury à Cannes, malgré une critique divisée sur le film. On y ajoute le César du meilleur acteur (enfin!) pour Gaspard Ulliel.

Autre non-surprise venue de Cannes: le deuxième César de la carrière d'Isabelle Huppert (possédant malgré tout un record en nominations), qui a étrangement improvisé son discours (elle ne s'y attendait pas?). Elle a triomphé avec le César du meilleur film.

Sinon, il y a eu des instants inspirés (notamment l'hommage à George Clooney, avec une traduction loufoque de Jean Dujardin et un discours évidemment très politique) et le sauvetage à minuit de Valérie Lemercier (de loin la plus drôle). Il y a eu des remerciements poignants (on pense à l'émotion de Déborah Lukumuena qui cite Annie Girardot) et d'autres plus coup de poing (François Ruffin). La soirée a pourtant été longue à décoller. Les rituels ont été bien respectés (un petit coup de La La Land avec Jérôme Commandeur, le MC, et Marthe Villallonga, un grand hommage à Michèle Morgan en conclusion des disparus de l'année).

Autre hommage attendu, celui pour Belmondo. Un hommage entre copains, pas très bien calibré pour la télévision. Mais au moins ce moment d'émotion, et le montage de ses plus grands films qui l'a précédé, a montré à quel point le comédien est une des plus grandes stars que le cinéma français ait compté.

Après minuit, c'était la fin, un peu accélérée alors que ce sont les plus grands instants attendus. Mais merci à l'Académie d'avoir choisi Pedro Almodovar pour remettre le César du meilleur film (mais pourquoi la musique de La La Land?!). Le cinéma français a montré qu'il ne savait toujours pas organisé une grande cérémonie, mais il a su démontrer qu'il était ouvert et diversifié. C'est déjà ça.

Meilleur film: Elle
Meilleur réalisateur: Xavier Dolan (Juste la fin du monde)

Meilleur film étranger: Moi, Daniel Blake
Meilleur premier film: Divines
Meilleur film d'animation (long métrage): Ma vie de courgette
Meilleur film d'animation (court métrage): Celui qui a deux âmes
Meilleur documentaire: Merci Patron!
Meilleur court-métrage (ex-aequo): Maman(s) ; Vers la tendresse

Meilleure actrice: Isabelle Huppert (Elle)
Meilleur acteur: Gaspard Ulliel (Juste la fin du monde)
Meilleur second-rôle féminin: Déborah Lukumuena (Divines)
Meilleur second-rôle masculin: James Thierrée (Chocolat)
Meilleur espoir féminin: Oulaya Amamra (Divines)
Meilleur espoir masculin: Niels Schneider (Diamant noir)

Meilleur scénario: Solveig Anspach, Jean-Luc Gaget (L'effet aquatique)
Meilleure adaptation: Céline Sciamma (Ma vie de Courgette), d'après le roman Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris
Meilleure photo: Pascal Marti (Frantz)
Meilleure musique: Ibrahim Maalouf (Dans les forêts de Sibérie)
Meilleur montage: Xavier Dolan (Juste avant la fin du monde)
Meilleurs décors: Jérémie D. Lignol (Chocolat)
Meilleurs costumes: Anaïs Romand (La Danseuse)
Meilleur son: Marc Engels, Fred Demolder, Sylvain Réty, Jean-Paul Hurier (L'odyssée)

César 2017: Elle et Frantz dominent les nominations

Posté par vincy, le 25 janvier 2017

Il y a les (quasi) oubliés, Nocturama, Personal Shopper (Prix de la mise en scène à Cannes), Réparer les vivants, L'avenir (Prix de la mise en scène à Berlin), Rester vertical, Quand on a 17 ans ou encore Une vie (Prix Louis-Delluc). Et puis il y a Elle, Divines, Mal de pierres, Victoria, Ma Loute.... encore une fois les César ont fait la part belle aux films sélectionnés à Cannes. Deux des trois films d'animation, six des sept films étrangers (où on note l'absence de film asiatique) étaient aussi sur la Croisette. Tropisme cannois?

En tout cas, les nominations ont créé quelques surprises. Evidemment, les 11 nominations pour Elle, on s'y attendait, mais pas forcément les 11 nominations pour Frantz. Derrière, Ma Loute (9 nominations, dont la dixième nomination pour Luchini), Mal de Pierres qu'on n'attendait pas si haut et qui offre une douzième et treizième nomination à Nicole Garcia (8), Divines (7), Juste la fin du monde et La danseuse (6), Chocolat et Victoria (5). Sans oublier les trois nominations pour le film d'animation Ma vie de Courgette!
Isabelle Adjani, finalement, n'a pas été retenue (bien la peine d'avoir sorti le téléfilm Carole Matthieu en salles). Mais Huppert s'offre sa 16e nomination aux César (un record) et part évidemment favorite dans la catégorie meilleure actrice. Elle n'a été césarisée qu'une seule fois (pour La Cérémonie).

Si on devait en sortir une tendance, on s'apercevrait qu'hormis Divines, la plupart des multi-nommés sont des films au budget équivalent, faisant le portrait d'une bourgeoisie française, avec des héros et héroïnes post-40 ans, plongée dans ses tourments amoureux. En revanche, tout film traitant de la jeunesse, de l'homosexualité, d'une certaine réalité sociale (à l'exception des films étrangers) sont minorés voire évincés.

La conférence de presse était brouillonne et amateure, en comparaison avec les Oscars hier. Une chose est certaine, les César auront lieu le 24 février. Mais il n'y a pour l'instant aucun président/aucune présidente pour remplacer Roman Polanski, qui a abdiqué hier.

Hommage: Jean-Paul Belmondo
César d'honneur: George Clooney

Meilleur film
Divines, Elle, Frantz, Les Innocentes, Ma Loute, Mal de Pierres, Victoria

Meilleur réalisateur
Bruno Dumont, Paul Verhoeven, Houda Benyamina, François Ozon, Anne Fontaine, Nicole Garcia, Xavier Dolan

Meilleure actrice
Judith Chemla, Marion Cotillard, Soko, Isabelle Huppert, Virginie Efira, Sidse Babett Knudsen, Marina Fois

Meilleur acteur
François Cluzet, Pierre Deladonchamps, Nicolas Duvauchelle, Fabrice Luchini, Pierre Niney, Omar Sy, Gaspard Ulliel

Meilleur second-rôle féminin
Nathalie Baye, Valeria Bruni Tedeschi, Anne Consigny, Déborah Lukumuena, Mélanie Thierry

Meilleur second-rôle masculin
Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Lafitte, James Thierrée, Gabriel Arcand, Vincent Cassel

Meilleur espoir féminin
Oulaya Amamra, Paula Beer, Lilly-Rose Depp, Noemie Merland, Raph

Meilleur espoir masculin
Damien Bonnard, Niels Schneider, Corentin Fila, Karey Mottet klein, Jonas Bloque

Meilleur film d'animation
La jeune fille sans mains, Ma vie de courgette, La tortue rouge

Meilleur premier film
Cigarette et chocolat chaud, La danseuse, Diamant noir, Divines, Rosalie Blum

Meilleur film étranger
Aquarius, Baccalaureat, La fille inconnue, Juste la fin du monde, Moi Daniel Blake, Toni Erdmann, Manchester by the sea

Meilleur documentaire
Dernières nouvelles du cosmos, Merci patron!, Lampedusa, Swagger, Voyage à travers le cinéma français

Meilleur scénario original
Divines, L'effet aquatique, Les innocentes, Ma loute, Victoria

Meilleure adaptation
Elle, La fille de Brest, Frantz, Ma vie de Courgette, Réparer les vivants, Mal de pierres

Meilleure musique
Chocolat, Dans les forêts de Sibérie, Elle, Frantz, Ma vie de Courgette

Meilleure photo
Elle, Frantz, Les innocentes, Ma loute, Mal de pierre

Meilleur montage
Divines, Elle, Frantz, Juste la fin du monde, Mal de Pierre

Meilleur son
Chocolat, Elle, Frantz, Mal de Pierre, L'odyssée

Meilleurs décors

Chocolat, La danseuse, Frantz, Ma Loute, Planetarium

Meilleurs costumes
Frantz, Mal de Pierres, Ma Loute, La danseuse, Une vie

Meilleur court métrage
Après Suzanne, Au bruit des clochettes, Chasse royale, Maman(s), Vers la tendresse

Meilleur court métrage animé
Café froid, Ce qui a deux âmes, Journal animé, Peripheria

Pas de favoris pour les Prix Lumières 2017

Posté par vincy, le 16 décembre 2016

L’Académie des Lumières a annoncé ses nominations pour les 22e prix de la presse internationale (une centaine de correspondants dans plus de 20 pays). Pour la première fois, une catégorie animation a été créée. Ma vie de Courgette frappe d'ailleurs assez fort avec trois citations. les lauréats seront connus le 30 janvier 2017.

Elle, Une vie (Prix Louis-Delluc), La mort de Louis XIV, Frantz, Rester vertical et La Danseuse ont reçu chacun 4 nominations. Aucun favori ne se détache vraiment cette année.

Film
Elle, de Paul Verhoeven
La mort de Louis XIV, de Albert Serra
Nocturama, de Bertrand Bonello
Les ogres, de Léa Fehner
Rester vertical, de Alain Guiraudie
Une vie, de Stéphane Brizé

Réalisateur
Bertrand Bonello - Nocturama (2)
Stéphane Brizé - Une vie (2)
Léa Fehner - Les ogres (2)
Alain Guiraudie - Rester vertical (2)
Albert Serra - La mort de Louis XIV (2)
Paul Verhoeven - Elle (2)

Actrice
Judith Chemla - Une vie (3)
Marion Cotillard - Mal de pierres
Virginie Efira - Victoria
Isabelle Huppert - Elle (3)
Sidse Babett Knudsen - La fille de Brest
Soko - La danseuse

Acteur
Pierre Deladonchamps - Le fils de Jean
Gérard Depardieu - The End
Nicolas Duvauchelle - Je ne suis pas un salaud
Jean-Pierre Léaud - La mort de Louis XIV (3)
Omar Sy et James Thierrée - Chocolat
Gaspard Ulliel - Juste la fin du monde

Scénario
David Birke - Elle (4)
Léa Fehner, Catherine Paillé et Brigitte Sy - Les ogres (3)
Emilie Frèche et Marie-Castille Mention-Schaar - Le ciel attendra
Alain Guiraudie - Rester vertical (3)
François Ozon - Frantz
Céline Sciamma - Ma vie de Courgette

Image
Christophe Beaucarne - Mal de pierres (2)
Benoît Debie - La danseuse (2)
Antoine Héberlé - Une vie (4)
Léo Hinstin - Nocturama (3)
Pascal Marti - Frantz (2)
Jonathan Ricquebourg - La mort de Louis XIV (4)

Révélation masculine
Damien Bonnard - Rester vertical (4)
Corentin Fila et Kacey Mottet Klein - Quand on a 17 ans
Finnegan Oldfield - Bang Gang
Toki Pilioko - Mercenaire
Sadek - Tour de France
Niels Schneider - Diamant noir

Révélation féminine
Oulaya Amamra et Déborah Lukumuena - Divines
Paula Beer - Frantz (3)
Lily Rose Depp - La danseuse (3)
Manal Issa - Peur de rien
Naomi Amarger et Noémie Merlant - Le ciel attendra
Raph - Ma Loute

Premier film
Apnée, Jean-Christophe Meurisse
La danseuse, Stéphanie di Giusto (4)
Diamant noir, Arthur Harari (2)
Divines, Houda Benyamina (2)
Gorge cœur ventre, Maud Alpi
Mercenaire, Sacha Wolff

Film francophone
Belgica, Felix van Groeningen
La fille inconnue, Jean Pierre et Luc Dardenne
Hedi, Mohammed Ben Attia
Juste la fin du monde, Xavier Dolan (2)
Mimosas, Oliver Laxe
Les Premiers, les Derniers, Bouli Lanners

Film d'animation
La jeune fille sans mains, Sébastien Laudenbach
Louise en hiver, Jean-François Laguionie
Ma vie de Courgette, Claude Barras (2)
La tortue rouge, Michael Dudok de Wit
Tout en haut du monde, Rémi Chayé

Documentaire
Le bois dont les rêves sont faits, Claire Simon
Dernières nouvelles du cosmos, Julie Bertuccelli
Merci Patron !, François Ruffin
La sociologue et l’ourson, Etienne Chaillou et Mathias Théry
Swagger, Olivier Babinet
Voyage à travers le cinéma français, Bertrand Tavernier

Musique
Sophie Hunger - Ma vie de Courgette (3)
Ibrahim Maalouf - Dans les forêts de Sibérie
Laurent Perez del Mar - La tortue rouge (2)
ROB - Planétarium
Philippe Rombi - Frantz (4)
Gabriel Yared - Juste la fin du monde (3)

Gaspard Ulliel enchaîne les tournages

Posté par vincy, le 24 septembre 2016

A l'affiche de Juste la fin du monde depuis mercredi, et de La Danseuse, mercredi prochain, Gaspard Ulliel vient de terminer le tournage de 9 doigts de F.J. Ossang.

Poète, écrivain (une vingtaine de livres), chanteur (une douzaine d'albums), F.J. Ossang avait reçu le Prix Jean Vigo du meilleur court métrage en 2007 pour Silencio. Il a réalisé quatre longs: L'Affaire des Divisions Morituri, Le Trésor des îles Chiennes (grand prix du jury, festival de Belfort, Docteur Chance, en compétition à Locarno, Dharma Guns, en sélection dans la section Orizzonti à Venise.

Gaspard Ulliel a expliqué hier sur France Inter que que son cinéma "ressemble à un cinéma d'avant garde des années 20", une sorte de "poésie pure".

9 doigts, qui a obtenu l'Avance sur recettes, a été tourné entre le Sud-Ouest de la France et le Portugal. Outre Ulliel, on retrouve Paul Hamy (qu'on verra bientôt dans L'ornithologue de João Pedro Rodrigues), Damien Bonnard (Rester vertical d'Alain Guiraudie), Pascal Greggory, Lisa Hartmann (P'tit Quinquin de Bruno Dumont), Lionel Tua (la voix d'Owen Wilson en France) et Alexis Manenti (actuellement à l'affiche de Voir du pays des sœurs Coulin) au générique.

9 doigts suit un homme, Magloire, fuit un contrôle de police lors 'un arrêt dans une ville méditerranéenne surprise par la neige. Il est sans bagages et sans avenir...

Gaspard Ulliel tournera prochainement le remake d'Eva de Joseph Losey par Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg, et Les confins du monde de Guillaume Nicloux avec Gérard Depardieu, une histoire d'amour sur fond de guerre d'Indochine adaptée du récit d'Erwan Bergot, Commandant Vandenberghe: le pirate du Delta.

Cabourg 2016 : La Danseuse, premier film ambitieux et miraculeux

Posté par kristofy, le 12 juin 2016

la réalisatrice Stéphanie di Giusto venue avec l’actrice Mélanie Thierry

La danseuse premier long-métrage épatant de Stéphanie di Giusto était en compétition à Un Certain regard au dernier festival de Cannes. Le film est également en compétition internationale donc au Festival de Cabourg, avant, on l'espère, un joli succès pour sa sortie en salles programmée au 28 septembre.

Il s’agit de l’adaptation en images d’un récit de la vie de Loïe Fuller, à l’orée des années 1900. La chorégraphe se met en scène dans des numéros de danse avec grande robe en voile et jeux de lumières, dont la ‘danse serpentine’, passée à la postérité. Le film évite le piège du biopic balisé mais raconte quand-même un parcours fait d’élévation vers le succès puis de chute, et surtout, il montre la passion presque folle d’une danseuse pour son art. Elle est parfois naïve, entêtée, souffrante, renfermée sur elle-même tout en brulant de l’intérieur : Soko est devenue Loïe Fuller, jusqu’à reproduire les mêmes danses à l’image. Autour d’elle un casting 4étoiles : Gaspard Ulliel, Mélanie Thierry, Lily-Rose Depp, François Damiens, et la participation de Louis-Do de Lencquesaing, Denis Ménochet et même Amanda Plummer, sans oublier Benoît Debie à la direction de la photographie et Carlos Ponti pour la direction artistique des décors.

"Des gestes comme la disposition des mains ou comme des regards c’était écrit."

Stéphanie di Giusto est venue, avec l’actrice Mélanie Thierry, à Cabourg pour présenter La danseuse, et aussi évoquer un long parcours :

« Ce film est un miracle, il représente 6 années de vie. Faire un premier long-métrage, un film d’époque en costume, avec en premier rôle quelqu’un comme Soko qui n’est pas une star populaire du cinéma, un projet qui coûte cher : tout ça explique 6 ans de préparation. Le projet s’est arrêté car des financiers ont eu peur, pour simplifier ça représente 3 ans d’écriture et 3 ans de production. Le scénario suit la véritable histoire de Loïe Fuller, plutôt une partie de son histoire même si j’ai pris quelques libertés parfois avec certains personnages comme pour son père et sa mère. J’ai eu 45 jours de tournage, et quand on a commencé à tourner il manquait un peu d’argent, et mis à part une semaine en Tchéquie pour le décor reconstitué des Folies Bergères comme à l’époque en fait tout a été tourné en France, même la séquence dans l’ouest américain ça a été tourné en France dans la région du Vercors. Je voulais Soko absolument pour ce rôle, je voulais aussi ces autres acteurs et actrices comme Mélanie Thierry, et je me suis battu pour les avoir. Le scénario était très très écrit, des gestes comme la disposition des mains ou comme des regards c’était écrit. Et Mélanie Thierry est une des meilleures actrices pour faire passer beaucoup de choses avec ses yeux et des regards. Il n’y a aucun effet spécial numérique, et je suis fière de ça. Pour les performances de danse avec la lumière projetée on a tourné ça en essayant de retranscrire la magie de 1900, et c’est vraiment Soko qui danse. »

Ce premier long-métrage de la réalisatrice montre une ambition et un rendu qui surclasse beaucoup d’autres films français… On peut déjà espérer à La danseuse des nominations pour la prochaine cérémonie des César.

Cannes 2016 : Qui est Soko ?

Posté par MpM, le 11 mai 2016

Soko aurait-elle tous les talents ? Cette trentenaire singulière, de son vrai nom Stéphanie Sokolinski, mène depuis le milieu des années 2000 une carrière parallèle de chanteuse et d’actrice, alternant albums, concerts, contributions et incursions sur grand écran avec une jolie régularité.

Côté musique, on l’a découverte en 2007 avec Not SoKute, un EP comprenant cinq titres, dont le tube I’ll kill her, qu’elle a produit avec Thomas Semence, guitariste de Jean-Louis Aubert.
Côté cinéma, elle apparaît d’abord dans des téléfilms (Clara, cet été-là), plusieurs courts métrages (L’escalier, Ben et Thomas), et des comédies comme Au secours j’ai 30 ans de Marie-Anne Chazel et Madame Irma de Didier Bourdon. En 2006, on commence à la remarquer aux côtés de Léa Seydoux dans Mes copines de Sylvie Ayme, puis dans Dans les cordes de Magaly Richard-Serrano.

C’est finalement grâce à Xavier Giannoli, qui lui confie un rôle secondaire dans A l’origine (2008) aux côtés de François Cluzet et Emmanuelle Devos, qu’elle obtient la reconnaissance de la profession à travers une nomination au César du meilleur espoir féminin. Il faudra toutefois attendre 2012 pour la voir exploser coup sur coup dans deux rôles excessifs et habités, celui d’une adolescente internée en hôpital psychiatrique dans Bye-Bye Blondie de Virginie Despentes (elle y incarne Béatrice Dalle jeune, en toute simplicité) puis d’une jeune fille atteinte d’hystérie dans Augustine d’Alice Winocour, face à Vincent Lindon en professeur Charcot. La légende veut qu’elle ait harcelé la production du film pendant des mois pour obtenir le rôle. Chez elle, le goût du challenge est un moteur irrésistible.

Résultat : une moisson de prix, du Swan d’or de la révélation féminine à Cabourg pour Bye-Bye Blondie au prix Romy Schneider, en passant par le prix d’interprétation féminine à Mar del Plata et le Lumière du meilleur espoir féminin pour Augustine. Pourtant, la musique la happe à nouveau (I Thought I Was an Alien en 2012, My Dreams Dictate My Reality en 2015) et le cinéma ne lui offre que le rôle un peu stéréotypé d’une jeune femme libre, insouciante et engagée dans Les interdits d’Anne Weil (2013).

Heureusement, 2016 est clairement l’année de son retour sur grand écran, avec deux films sélectionnés à Cannes, tous deux en section Un certain Regard : Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin et La danseuse de Stéphanie di Giusto. Dans le premier, elle est une soldate de retour d’Afghanistan qui essaye d’"oublier la guerre" avant de rentrer chez elle. Dans le second, où elle partage l’affiche avec Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel et Lily-Rose Depp, elle est Loïe Fuller, danseuse américaine pionnière de la danse moderne. Deux rôles en apparence aux antipodes qui ont en commun de placer la jeune femme dans sa situation favorite : en position de relever quelques défis.