Deauville way of life: la semaine de la névrose

Posté par cynthia, le 15 septembre 2015

Oyé oyé cinéphiles ! Après un weekend bien chargé, retour sur notre périple journalistique durant cette semaine du 41e Festival du cinéma américain de Deauville.

Lundi, ou le jour où nous sommes mort d'ennui de bon matin

experimenterDeauville est un festival très sympathique. En effet, lorsqu'un film est projeté en avant-première à 20h et que vous avez une chance sur 40000 d'avoir une place, (donc plus de chance de gagner au Loto, partir vivre à Las Vegas et épouser Paul Walker, que Dieu ait son âme), les organisateurs proposent pour les journalistes non VIP une projection presse de beau matin.

C'est ainsi que nous avons débuté la semaine avec Experimenter de Michael Almereyda, l'histoire vraie de l'expérience de Milgram qui consistait à faire croire à certaines personnes qu'ils infligeaient des décharges électriques à d'autres individus. Cette expérience a été créée afin de trouver une réponse aux actes abominables de la Seconde Guerre Mondiale.

Sujet intéressant n'est-ce pas ? Seulement le sujet ! Entre des tirades interminables et incompréhensibles, un éléphant qui apparaît d'un coup (rassurez-vous, il n'était pas rose) et des effets visuels qui se veulent originaux mais qui sont ennuyeux, Experimenter est aussi captivant qu'un dîner aux chandelles avec un clown dépressif et sous Xanax !

Afin de nous réveiller nous nous sommes enfermés dans nos appartements avec un café plus que corsé (à la limite de la cocaïne) avant de visionner Day out of days de Zoe Cassavetes, une satire du Hollywood d'aujourd'hui : une actrice de plus de 40 ans qui lutte afin de continuer à faire son métier dans une société où, après 30 ans, vous êtes considéré comme une épave. Notre niveau de névrose a augmenté ensuite d'un cran avec le juste mais pas énorme Tangerine de Sean Baker. Filmé à l'aide d'un Iphone 5, ce film est une satire (encore) de Los Angeles à travers le monde de la transsexualité. Même si le sujet est à la mode, le trash (songé mais pas dévoilé) manque cruellement à l'appel de nos rétines assoiffées.

Mardi, et Dieu créa Al Pacino

Troisième jour de la compétition Al Pacinoet toujours pas un équivalent aux petits bijoux de l'année passé (le prodigieux Whiplash entres autres). De bon matin Dixieland de Hank Bedford où le film le plus cliché de la semaine. Un ex-taulard qui tente de se remettre dans le droit chemin tombe amoureux d'une stripteaseuse qui a sérieusement besoin d'argent, etc.

Entre une scène de striptease longue, ennuyante et vulgaire, le stéréotype d'une maman roturière et aussi bien fringuée que Kim Kardashian et une fin courue d'avance, nous avons regretté d'avoir sauté le petit déjeuner !

Quoique vu le film d'après (Green Room de Jeremy Saulnier) nous avons bien fait de ne pas manger de la journée. Des bras coupés, une gorge arrachée en direct par un gros toutou méchant, notre estomac a joué aux montagnes russes et nous ne nous sommes pas éclatés comme à Disneyland !

L'éclate est arrivée à 20h avec Al Pacino et son film Danny Collins de Dan Fogelman. Voir un grand Monsieur tel que lui incarner une ex star de la chanson qui chante pour les plus de 50 ans à la manière de Franck Michael et se drogue à ses heures perdues tant sa vie l'ennuie, nous a pas mal émoustillé les globes oculaires !

Mercredi, ou la journée du sexisme (merci Vincent Lindon)

Elisabeth Olsen et Vincent LindonJames White de Josh Mond nous met en appétit mais pas de quoi dévorer un siège de cinéma non plus. Puis l'espoir remonte avec Emelie de Michael Thelin, l'histoire d'une babysitter littéralement dingue qui séquestre trois pauvres enfants pendant que leurs parents savourent une soirée au restaurant.

Entre donner le hamster de la petite fille au serpent du grand frère ou encore leur faire voir la sextape de leurs parents au dîner, Emelie qui, se fait appeler Anna nous a enfin stimulés en ce 41e festival de Deauville, mais encore une fois rien à voir avec la sélection 2014. Imaginez juste que vous passez du Champagne à la bière!

Ensuite, le plus chanceux d'Écran Noir a pu assister (après 4 heures de queue tel un mouton que l'on conduit à l'abattoir) à la cérémonie d'hommage consacré à Elizabeth Olsen. La belle avait fait le chemin des États-Unis afin de chercher son prix. Vu le discours de Vincent Lindon, elle aurait mieux fait de rester à Los Angeles dans son appartement à déguster des Donuts.

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Deauville 2015 rend un hommage mérité à Sir Ian McKellen

Posté par kristofy, le 10 septembre 2015

© ecran noir

Encore un hommage au Festival du film américain de Deauville , et encore pour un acteur d’origine britannique, par ailleurs anoblit par la reine d'Angleterre : Sir Ian McKellen. Le malicieux et fringuant septuagénaire (76 ans) est connu des plus jeunes pour ses rôles de Gandalf dans la franchise Le Seigneur des anneaux (il en a d'ailleurs gardé un tatouage sur son bras qu'il a montré sur le tapis rouge) et de Magnéto dans celle de X-men. C'est aussi un légendaire acteur de théâtre qui a joué sur scène (et pour la télévision) tous les classiques, Hollywood s'intéresse à lui surtout durant les années 90 : Last Action Hero (1993), Bent ((1997), Ni dieux ni démons (1998), Un élève doué (1998), Da Vinci Code (2006)...

« Je suis fier de ces gros films Le Seigneur des anneaux et X-Men, ils sont bien fait et ils ont eu un grand succès international, ils ont été une expérience de tournage extraordinaire. Je ne veux plus être enfermés dans un personnage de franchise. La jeune génération d’acteurs n’a sans doute pas besoin de mes conseils, je leur dirais de se construire une carrière, de ne pas chercher la gloire ou l’argent, de travailler avec cœur. Avec l’expérience j’ai appris à être drôle, c’est difficile, l’expérience apporte de la confiance en soi. Quand un metteur en scène dit ‘cut, ok elle est bonne’ c’est toujours un soulagement et une satisfaction d’avoir réussi, car on peut encore être désarmé devant un projet de film particulier. »

Un Holmes inédit

Acteur engagé, Ian McKellen est venu présenter à Deauville son dernier film Mr Holmes réalisé Bill Condon, qui avait été découvert  au festival de Berlin et qui sera bientôt à celui de Dinard (du 30 septembre au 4 octobre): on y découvre le célèbre détective Sherlock Holmes à la retraite qui va revenir sur une affaire non-résolue...

« Avant de faire Mr Holmes je n’ai pas regardé d’autres films de Sherlock Holmes avant de tourner, il y a dû y avoir une centaine de Sherlock Holmes différents. Quand on joue Hamlet on fait le texte de Hamlet sans aller voir comment d’autres ont joué Hamlet. Au théâtre ce qui compte c’est la silhouette, tandis que au cinéma c’est le visage. Au cinéma on ne voit jamais les pieds des personnages, au théâtre on les regarde des pieds à la tête avec leurs démarches. Je viens du théâtre, j’ai le goût pour la dimension physique du personnage où tout le corps doit jouer. Ce Mr Holmes là est en fait très particulier et n’avait jamais été fait, je le joue d’ailleurs à deux âges différents. Ce Mr Holmes est comme une sorte de cadeau unique. »

Dinard 2015: jury, compétition et avant-premières

Posté par vincy, le 1 septembre 2015

dinard 2015Le 26e festival du film britannique de Dinard (30 septembre-4 octobre) s'ouvrira avec Up & Down (A Long Way Down), dernier film de Pascal Chaumeil, décédé ce week-end. Cette comédie très britannique avait été présentée à Berlin en 2014. Une comédie noire et drôle avec Pierce Brosnan, Toni Collette et Imogen Poots, quoi de mieux pour donner le tempo à un programme chargé et varié?

Jury

Présidé par Jean Rochefort - la classe - le jury sera composé des actrices françaises Alexandra Lamy, Emma de Caunes, Mélanie Doutey, de l'actrice belge Virginie Efira, de l'actrice britannique Amara Karan (A bord du Darjeeling Limited), du comédien français Bernard Lecoq, du réalisateur britannique Julien Temple et du producteur Bertrand Faivre.

Compétition

On ne connait que 5 des 6 films en compétition. Mais  il y a un des films anglais les plus attendus de l'année: Kill Your Firends d'Owen Harris, avec Nicholas Hoult, Ed Skrein, James Corben et Rosanna Arquette. Les quatre autres films déjà connus pour la compétition sont: Just Jim de et avec Craig Roberts et aussi Emile Hirsch ; Departure d'Andrew Stegall, avec Juliet Stevensen et Alex Lawther ; American Hero de Nick Love avec Stephen Dorff et Eddie Griffin; et Couple in a Hole de Tom Geens, avec Paul Higgins et Jérôme Kircher.

Avant-premières

Outre Up & Down en ouverture, 19 films autres films seront présentés aux festivaliers: 45 Years d'Andrew Haigh, avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay (double prix d'interprétation à Berlin cette année), Hide and Seek de Johanna Coates (meilleur film anglais à Edimbourg), The Lobster de Yorgos Lanthimos, avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Ben Wishaw et Lea Seydoux (prix du jury à Cannes cette année), Norfolk de Martin Radich  (sélectionné à Rotterdam), Still de Simon Blake (meilleur réalisateur au festival indépendant de Londres), Hector de Jake Gavin avec Peter Mullan (sélectionné au Festival d'Edimbourg), Mr. Holmes de Bill Condon, avec Ian MacKellen et Laura Linney.

Les autres avant-premières sont Birthday de Vadim Jean, Bypass de Duane Hopkins, Dough de John Hordschmidt avec Jonathan Pryce, The Ecstasy of Wilko Johnson, documentaire de Julien Temple, Gold de Nial Heery, Lapse of Honour de Rayna Campbell, Orthodox de David Leon, The Survivalist de Stephen Fingleton et Love is blind de Dan Hodgson.

Dinard projettera plusieurs films de Roger Mitchell: The Lost Honour of Christopher Jefferies et Birthday en avant premières, The Mother, Venus et Un week-end à Paris dans le cadre de l'hommage au scénariste et écrivain Hanif Kureishi. Ce dernier et Roger Mitchell feront une Master class. D'autres films scénarisés par Kureishi seront présentés: My Beautiful Laundrette et Samie et Rosie s'envoient en l'air de Stephen Frears, Mon fils le fanatique de Udayan Prasad et Intimité de Patrice Chéreau.

Berlin 2015 : élémentaire, mon Sherlock !

Posté par MpM, le 8 février 2015

mr holmes Arriver en cours de festival produit à peu près le même effet que d'entrer dans une salle de cinéma alors que le film est déjà commencé. On arrive à suivre l'histoire, mais il perdure pendant toute la durée le sentiment d'avoir irrémédiablement raté quelque chose qui ne pourra se rattraper.

C'est ainsi que se sent le festivalier qui prend en route le train de cette Berlinale 2015 : attentif à chaque film, mais sans point de comparaison, il ne peut juger de l'harmonie de la sélection, de ses fils conducteurs et de sa qualité en tant qu'oeuvre à part entière.

Entamer la sélection officielle par l'inoffensif Mr Holmes de Bill Condon diffusé en ce dimanche matin ne peut à ce titre être d'aucune aide. Archi-classique, le film raconte poussivement, et de manière alternée, la dernière affaire du célèbre détective ainsi que sa retraite morne dans un coin perdu d'Angleterre. Frappé de pertes de mémoire de plus en plus profondes, l'ancien héros flamboyant se lie immanquablement d'amitié avec un jeune garçon qui lui redonne le goût de la vie. Conscient de ce que l'on attend de lui, Ian McKellen cabotine sans vergogne, entre répliques cinglantes prononcées avec gourmandise et scènes d'absence légèrement surjouées.

Le pire est que si l'on n'attendait rien de spécial de cette énième adaptation des aventures de Holmes (redevenu à la mode ces dernières années sur grand comme petit écran, sous les traits de Robert Downey Jr, de Benedict Cumberbatch et de Jonny Lee Miller, et même en jeu vidéo), on n'est ni déçu ni surpris. L'intrigue se déroule sans grande imagination, avec son lot de dialogues et de situations formatés, sans réel ennui (quoiqu'au bout du 12e flashback, l'effet de répétition commence à lasser) mais sans grand intérêt non plus.

Ce Sherlock Holmes-là est bonhomme, plus malicieux que déficient, plus inoffensif que torturé. Un bon grand père obsédé par ses abeilles et dont les vieux "tours" n'intéressent plus guère que les enfants. Un peu à l'image du film, clairement destiné a un public familial pas trop regardant sur l'action, le suspense ou la complexité de la nature humaine.