Bilan 2010 – Polanski en tête des films exportés

Posté par vincy, le 24 janvier 2011

Malgré de très belles performances, le cinéma français (qui inclue les coproductions internationales entrées totales dans ce bilan) qui représentent 15% des ) est en recul sur les marchés internationaux. On pourrait se réjouir, malgré tout, que les films "made in France" aient attiré 57,2 millions d'entrées dans le monde (67, 2 millions l'an dernier) et rapporté plus de 330 millions d'euros (20 millions d'euros en moins par rapport à 2009). Cela signifie que près de 130 millions de spectateurs ont vu un film français cette année. Pas si mal, mais encore une fois, la baisse (-17,9% pour les entrées, -6% pour les recettes) est inquiétante. D'autant qu'il y avait quelques poids lourds (Polanski, Besson), des films cités dans différents palmarès locaux, des adaptations de best-sellers internationaux...

Seul rayon de lumière : les films en langue française représentent pour la première fois en dix ans plus de la moitié des entrées (soit 55,2%).

Des marchés dynamiques et des contre-performances

Les films français ont particulièrement été séduisant en Italie (+142%), aux USA pour les films en français (+36%) - même si dans ces deux pays on est loin des niveaux d'antan - en Russie (+42%), en Espagne (+30%), au Royaume Uni (+79%), aux Pays-Bas (+51%) et au Japon (+25%). Gros bémol en Allemagne (-30%) et en Chine (-43%). Aux USA, la chute des films français, toutes langues confondues, est de 45%, ce qui est imputé à l'énorme succès de Taken en 2009.

Géographiquement, l'Europe occidentale reste la locomotive de l'exportation des films français avec 38,9% des entrées, devant l'Amérique du Nord (27,5%), l'Asie (15%), l'Europe Centrale et Orientale (8,1%), l'Amérique Latine (6,3%), l'Océanie (2,2%) et l'Afrique (2%). Côté pays, les USA demeure toujours le marché leader avec 13,07 millions d'entrées, devant l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, le Japon, la Russie, le Royaume Uni, la Chine et la Belgique.

Polanski, Besson, Perrin affichent de bons chiffres partout dans le monde

3 leaders incontestables ont dominé les entrées en salles à l'international. The Ghost-Writer (6,57 millions d'entrées dans 27 pays), Luc Besson (6,56 millions d'entrées pour From Paris With Love et 3,19 millions d'entrées pour Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec) et le documentaire Océans (6,52 millions d'entrées dans seulement 14 territoires).

Loin derrière, on peut souligner les succès de certains films très différents : Le concert (1,8 million), Solomon Kane (1,7 million), Le Petit Nicolas (1,2 million et un total sur deux ans de 2 millions), le documentaire Bébés (1,1 million), Arthur et la vengeance de Malthazard, Un prophète (qui a fait autant en France que dans le monde avec 1,1 million de spectateurs internationaux sur deux ans), L'immortel, Le Hérisson, L'Arnacoeur (750 000 entrées dans le monde), Micmacs à tire-larigot, Des hommes et des Dieux (600 000 entrées dans le monde).

Elle s'appelait Sarah bat un record aux Pays-Bas

On remarque aussi la belle continuité du Ruban Blanc (917 000 entrées, soit 1,46 million de spectateurs en dehors de la France depuis sa Palme d'or). Et surtout la belle performance d'Elle s'appelait Sarah avec 487 000 entrées sur 3 territoires, dont 425 000 fans rien qu'aux Pays-Bas, soit un record historique puisque le film a battu le premier Astérix et Amélie Poulain. Au pays des tulipes, Tatiana de Rosnay, auteure du livre homonyme, est l'écrivain étrangère la plus vendue en librairie.

On peut aussi se féliciter des 420 000 entrées pour Gainsbourg (vie héroïque), des 282 000 entrées pour Copie conforme et du bon débit de la carrière internationale de Potiche avec déjà 320 000 entrées dans 6 pays.

Créer un star-système pérenne et persévérer dans la diversification de l'offre

Le cinéma français est le cinéma européen qui s'exporte le mieux, devant le cinéma espagnol, si l'on excepte le cinéma britannique, souvent aidé par les studios américains. Mais pour conserver sa place, il doit persévérer dans cet équilibre entre productions internationales en langue anglaise et films d'auteurs destinés aux grands festivals. Il est intéressant de voir que la littérature est devenue un vecteur de succès : un best-seller (L'élégance du Hérisson, Elle s'appelait Sarah, Le petit Nicolas) transforme souvent l'essai au cinéma.

Alors qu'Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, va changer de Président, les enjeux et défis ne manquent pas dans un monde cinéphile en mutation : le cinéma français doit moins dépendre des gros marchés occidentaux et continuer d'offrir un panel varié alliant du thriller à l'animation en passant par la comédie romantique, tout en continuant à miser sur ses vedettes internationales ou son patrimoine universel.

Océans a passé le cap des 5 millions d’entrées mondiales

Posté par vincy, le 13 mars 2010

En France, le film de Jacques Perrin, Océans, a déjà séduit 2,5 millions de spectateurs. Les 3 millions d'entrées seront franchies avant ou pendant la Fête du cinéma printanière.

Mais c'est son score impressionnant à l'étranger qu'il faut souligner. Fin février, le film avait déjà attiré 19 millions de  spectateurs dans le monde. Faîtes le calcul. Sorti sur quatre territoires (Japon, Allemagne, Belgique et Suisse), avec cinq fois moins de copies que From Paris with Love, il dépasse, de justesse pour le moment, la production de Luc Besson avec John Travolta.

Rien qu'au Japon le film, toujours dans le Top 10,  a cumulé en 7 semaines 25 millions de $ de recettes, se classant deuxième de l'année 2010 derrière Avatar, et loin devant des films comme La Princesse et la Grenouille ou Percy Jackson. Et en Allemagne, en deuxième semaine,  est 5e du box office. La Belgique Wallone fut la moins océanophile (700 000 $), battue par Le Mac. En Suisse romande, le documentaire a fait plus de succès que Sherlock Holmes et La princesse et la grenouille. Là encore seul Avatar fait mieux. La Suisse allémanique va découvrir le film la semaine prochaine. Les Américains seront les prochains  l'accueillir mi-avril.

La fin de la domination d’Avatar

Posté par vincy, le 4 février 2010

La France n'a pas été le premier territoire où Avatar est tombé de sa haute marche du podium. Si le film de James Cameron continue d'être leader dans la plupart des pays du monde, il commence, en septième semaine, à monter des signes de faiblesse. En Suède, il a été délogé il y a deux semaines par un film local, Easy Money International (Snabba Cash), de Daniel Espinosa, adapté du roman de Jens lapidus (paru chez Plon en France). Il s'agit du premier épisode d'une trilogie. Il a déjà séduit 200 000 spectateurs en salles. En Turquie, c'est une production locale aussi qui a mis fin au triomphe du film 3D américain. Kutsal Damacana 2: Itmen, une comédie de Korhan Bozkurt emporte largement les suffrages des spectateurs. Au Vénézuela, c'est un autre film américain qui a supplanté les Navi's, Féé malgré lui (The Tooth Fairy). Et en France, cette semaine, La Princesse et la grenouille a pris le dessus, de peu, mais contraignant Avatar a passé pour la première fois en dessous du million de fans par semaine.
On notera aussi qu'au Japon, Avatar est collé par une nouveauté française. Océans, le "docuspectaculaire" de Jacques Perrin, est deuxième du box office avec 500 000 curieux. Le film devrait rapidement être le plus gros succès français à l'étranger depuis Coco avant Chanel (5,4 millions de spectateurs hors de France).
Avatar a récolté, à date, 2 074 646 827$ dont 71% de ses recettes sont internationales.

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Le box office français de la semaine

Sponsors encombrants : les paradoxes du financement d’Océans

Posté par vincy, le 25 janvier 2010

oceans_blog.jpg9. Esa. Veolia. EDF. Principauté de Monaco. Fondation Bettencourt Schueller. Fondation Total. Crédit Agricole. Alfred P. Sloan Foundation. Census of Marine Life. En plus des producteurs et du soutien de diverses institutions publiques, Océans, le nouveau "docuspectaculaire" animalier de Jacques Perrin, a été rendu "possible" grâce à ces 9 partenaires. Tous n'ont pas le même impact, y compris sur le film. Par exemple, l'ESA (Agence spatiale européenne) a servi pour faire des images de satellite permettant de diagnostiquer (et voir) les problèmes de pollution. A l'inverse, la fondation Total ne pèse rien en matière d'environnement par rapport à l'impact du groupe pétrolier Total (105 milliards d'euros de chiffre d'affaires). On se souvient tous d'Erika et de sa mariée noire en 1999. 400 kilomètres de côtes souillées, 250 000 tonnes de déchets, 150 000 oiseaux morts (au minimum). Soit un milliard d'euros de dommages globaux. 2009 fut d'ailleurs une année noire pour le groupe en matière d'écologie. Sa filiale Cray Valley a été condamnée à payer une amende et des dommages et intérêts pour ne pas avoir respecter la législation environnementale (qualité de l'eau notamment). De plus, Total a été mis en examen au printemps pour avoir déversé des substances nuisibles en mer avec préjudice sur la faune et la flore de l'estuaire de la Loire. Une fuite de fioul... la fondation, créée en 1992, a beau être pleine de bonne volonté, elle pèse peu avec une dotation de 10 millions d'euros par an.

Pour EDF, le problème environnemental est moins binaire. Après tout, on nous le répète assez souvent : le nucléaire c'est peu polluant, et EDF investit sur du solaire et de l'éolien pour renouveler le parc énergétique. Mais quid du bois, seul matériau en grosse quantité permettant de nourrir énergétiquement des industries et des métropoles? Sans oublier l'eau de mer : l'usine marémotrice de La rance en Bretagne reste une expérimentation vieille et isolée. La Fondation EDF organise aussi des expéditions océanographiques... Non, le problème d'EDF provient de ses barrages, dont la moitié est jugée vétuste. En juin, EDF a même reconnu que l'un des ses barrages avait un réel impact sur la faune de la Dordogne. L'impact aquatique est désormais officiellement reconnu, même sur le site internet du groupe. Mais l'entreprise est au coeur d'une tourmente médiatique actuellement avec la nomination de son nouveau patron, M. Proglio, toujours à la tête de Veolia.

La Fondation Veolia (25 millions d'euros de budget) est un très bel outil de communication pour ce groupe qui enregistre 36 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Veolia est au coeur de métiers impliquant le dessalement, le nettoyage, la dépollution. Pourtant, plusieurs controverses ont surgit dans l'histoire récente de cette ancienne société, nommée alors La Générale des Eaux. or Veolia n'a jamais eu de scrupules à surfacturer le coût de l'eau aux municipalités (la Mairie de Paris a d'ailleurs "municipaliser" sous forme de régie l'accès à l'eau).La station d'épuration de Toulouse a de telles défaillances qu'elle rejette des éléments polluants dans la Garonne. Sa filiale Belge a été responsable d'une grave pollution à Bruxelles où les eaux usagées ont été mal retraitées, tuant toute vie naturelle durant des mois dans le cours d'eau victime.

La Fondation Bettencourt Schueller est liée à la propriétaire de L'Oréal, Liliane Bettencourt, mécène parmi les mécènes. Petit souci, L'Oréal a beau faire des efforts, il s'agit d'un des groupes les plus polluants du monde : transport de ses produits, emballages en surnombre, échappement dans l'air des produits chimiques, toxicité de certains produits de maquillages, tests sur les animaux...

Ne parlons pas du Crédit Agricole, principal bailleur de fonds des grandes exploitations agricoles parmi les moins respectueuses d'écologie.

On est loin de la philanthropie du Prince Albert de Monaco, véritablement soucieux de développement durable au point d'interrompre certains projets immobiliers dans sa principauté, ou de la Fondation Alfred P. Sloan. Il y en a pour qui c'est alibi marketing, et d'autres une véritable vocation.

Ne soyons pas dupe. Leur présence au générique n'est pas un gage de détermination à rendre le monde plus beau.

Disney veut son label vert

Posté par vincy, le 4 juin 2008

Les documentaires, animaliers et naturalistes, ont le vent en poupe : ils attirent un public familial, ils ont un fort potentiel en images en relief, ils s'adaptent facilement à une consommation à domicile. Bref, il était assez logique qu'un studio comme Walt Disney s'intéresse au genre, après en avoir distribué quelques-uns, notamment Le renard et l'enfant (2,4 millions de spectateurs).

Cependant personne n'allait imaginer la création de DisneyNature, entité de productions de films thématiques, qui plus est basé à Paris ! "Ce label a pour vocation de produire de grands films sur la nature. Il célèbrera sur grand écran les merveilles du monde dans lequel nous vivons et nous fera voyager jusqu'aux lieux les plus reculés de la planète pour captiver les publics du monde entier avec des histoires inventées par la nature" annonce le communiqué.
Dirigé par Jean-François Camilleri (DG de The Walt Disney Studios Motion Picture France), la filiale sera chargée de développer, produire, acquérir et diffuser ces films dans le monde entier.

La première sortie sous ce label sera Les ailes pourpres : le mystère des oiseaux de feu (décembre 2008). Puis, d'ici à 2012, les spectateurs découvriront le monde des Orangs-Outangas, celui des fleurs, puis des félins et des chimpanzés. Aux Etats-Unis, le documentaire britannique Un jour sur Terre (1,4 million de spectateurs en France) sortira sous cette "étiquette" en avril 2009. Et le prochain film de Jacques Perrin, Océans, sortira avec ce distributeur en France (2009) puis aux USA (2010).