Raoul Peck s’intéresse à Frantz Fanon

Posté par vincy, le 13 août 2019

Raoul Peck prépare son prochain film, Les cris, qu'il devrait tourner en 2020. Il s'agit d'un film historique sur Frantz Fanon. Le casting est en cours. Le scénario a été écrit par Pascal Bontizer. Le projet a obtenu l'avance sur recettes.

Le réalisateur du documentaire I'm not your Negro sur l'écrivain et poète James Baldwin s'intéressera ici à une figure emblématique de la lutte contre l'oppression coloniale. Frantz Fanon (1925-1961) a aussi été un écrivain engagé, écrivant notamment Peau noire, masques blancs, Les Damnés de la terre, L'an V de la révolution algérienne, Pour la révolution africaine, ainsi que de nombreux articles psychiatriques et scientifiques puisqu'il était également psychiatre en Martinique. Né à Fort-de-France, il a exercé en tant que médecine-chef d'un hôpital en Algérie, durant la guerre, où il soignait les malades mentaux. Proche du FLN, il prend la nationalité algérienne, mais meurt précocement d'une leucémie.

Raoul Peck s'est toujours intéressé à l'Afrique comme aux révolutionnaires, filmant, notamment, Lumumba et Le Jeune Karl Marx. Les cris sera sa 6e fiction pour le grand écran.

I am not your Negro : la fabrique de la discrimination raciale

Posté par vincy, le 9 mai 2017

Ce mercredi sort en salles I am not your Negro (Je ne suis pas votre nègre), documentaire maîtrisé et passionnant réalisé par Raoul Peck. En VO la voix est celle de Samuel L. Jackson, en VF, le spectateur aura celle de JoeyStarr. Sophie Dulcad distribution a prévu une sortie modeste sur moins de 20 copies, mais avec plusieurs séances événementielles (avec débats le plus souvent) dans des cinémas franciliens notamment à partir du 10 mai.

Une flopée de prix

Le documentaire vadrouille de festivals en festivals depuis sa première à Toronto en septembre dernier, ce qui lui a permis d'être nommé aux Oscars et aux Independent Spirit Awards en février dans la catégorie du meilleur documentaire. Depuis son prix du public dans la catégorie docu à Toronto, il a glané plusieurs prix. A la dernière Berlinale, il a remporté le prix du public dans la section Panorama et une mention spéciale du jury œcuménique. Le public l'a aussi récompensé au Festival de Chicago, au Festival des Hamptons, au festival de Portland et au Festival de Philadelphie (où le film a aussi reçu le prix du jury). Les critiques de Los Angeles, San Francisco et ceux de Dublin l'ont sacré meilleur documentaire. L'Association des documentaristes lui a décerné le prix du meilleur scénario. A Thessalonique, le film a été distingué par le prix Amnesty International. Aux USA, distribué par Amazon studios, il a récolté 7M$ de recettes, soit le 4e meilleur score pour un docu depuis début 2016.

Très bon score sur Arte

Arte a déjà diffusé le documentaire dans version française il y a deux semaines. La chaîne culturelle s'est ainsi offert la cinquième meilleure audience annuelle avec 650000 téléspectateurs, auxquels se sont ajoutés 380000 visionnages en rattrapage, soit le record mensuel pour Arte+7.

Pourquoi ce documentaire est-il si intéressant? Le pitch est assez sobre: "À travers les propos et les écrits de l’écrivain noir américain James Baldwin, Raoul Peck propose un film qui revisite les luttes sociales et politiques des Afro-Américains au cours de ces dernières décennies. Une réflexion intime sur la société américaine, en écho à la réalité française. Les mots de James Baldwin sont lus par JoeyStarr dans la version française et par Samuel L. Jackson dans la version américaine."

La suite d'un roman inachevé

En fait, Raoul Peck, maniant les archives comme un chef d'orchestre assemble les instruments pour rendre harmonieux une partition, décode la manière dont l'identité afro-américaine s'est construite, et comment elle s'est retrouvée marginalisée, discriminée, et attaquée dans une Amérique qui n'a pas su quoi faire de ses descendants d'esclaves. Pour cela il prend un témoin, James Baldwin, écrivain et intellectuel noir et homosexuel, et trois figures mythiques du combat des droits civiques: Medgar Evers, mort le 12 juin 1963, Malcolm X, mort le 21 février 1965 et Martin Luther King Jr., mort le 4 avril 1968. "Les trois ont été considérés comme dangereux parce qu’ils levaient le voile sur le brouillard de la confusion raciale" explique le réalisateur.

James Baldwin voulait écrire sur ces trois hommes dans ce qui serait son dernier ouvrage, Remember This House, inachevé. Ecrivain prolifique et considéré comme un observateur précis et lucide de la société américaine, il avait anticipé la montée des communautarismes et des tensions sociales. Plus surprenant, il se désolait dans les années 1960 qu'il faille attendre au moins 40 ans pour avoir un Président noir à la Maison-Blanche (l'Histoire lui aura donné raison). Il pointait du doigts les gestes visibles et les non-dits de la société à l'encontre des minorités. Il parlait déjà d'identité.

L'image fantasmée des noirs d'Amérique

"J’avais honte d’où je venais. J’avais honte de la vie dans l’Eglise, honte de mon père, honte du blues, honte du jazz, et bien sûr honte de la pastèque. Tout ça, c’était les stéréotypes que ce pays inflige aux Noirs : que nous mangeons tous de la pastèque et que nous passons notre temps à ne rien faire et à chanter le blues, et tout le reste, j’étais vraiment parvenu à m’enfouir derrière une image totalement fantastique de moi qui n’était pas la mienne, mais l’image que les Blancs avaient de moi" expliquait-il au début des années 1960.

En mélangeant politique, histoire, psychologie et humanisme, sa réflexion, et on le constate tout au long du documentaire au fil de ses interviews ou en écoutant ses textes, n'est pas seulement visionnaire et ne résonne pas seulement avec justesse: elle décrypte minutieusement comment l'Amérique fabriquait une société discriminante, raciste, violente. Et ça n'a pas changé depuis 40 ans. Les incidents et accidents continuent. Les émeutes et les manifs sont toujours là. La fracture n'est pas résorbée. "Le plus consternant est que toutes ces choses ne seraient peut-être pas aussi terribles si, lorsque vous vous retrouvez devant des Blancs pleins de bonne volonté, vous ne vous rendiez pas compte qu’ils ne savent rien de tout cela, et n’en veulent rien savoir" résumait l'écrivain.

Un docu aussi visuel que politique

Raoul Peck démontre ainsi le chaos cyclique qui perturbe la bonne relation entre les communautés, revient sur les racines du mal et décortique l'aspect structurel toujours présent qui entraîne une défiance régulière entre l'Amérique WASP et les afro-américains. Le réalisateur expérimente ainsi un propos très politique avec un formalisme complexe. C'est un puzzle qu'il compose, explosant les codes narratifs classiques du documentaires pour en faire un film plus expérimental, très esthétique, qui met en valeur James Baldwin, ses opinions et leur liens avec l'Histoire américaine. Il s'autorise à insuffler une liberté de pensée, à inviter de la musique et de l'humour, à dramatiser en ne masquant rien de la brutalité, de l'exploitation, des assassinats et des injustices d'un peuple à la fois victime et combattant.

I am not your Negro est aussi visuel que philosophique, sonore que pédagogique. Il se réapproprie toute la culture "noire", des clichés aux malentendus, des icônes aux erreurs historiques. Il "monte" et "découpe" son récit emblématique tout en démontant et coupant les préjugés idéologiques. Il colorise des archives et passe en noir et blanc des images plus modernes. Il trouble notre vision chronologique pour mieux assumer l'unité de temps et de lieu d'un phénomène qui dure depuis plus de deux siècles. De la même manière, les archives sont diversifiées, de programmes télévisés populaires à des interviews et débats plus costauds en passant par des extraits de films hollywoodiens. Ce montage "kaléidoscopique, frénétique et poétique", comme un mix de DJ revisitant des airs connus, permet évidemment de ne pas rendre ce film ennuyeux. Loin de là. Une heure et demi, ça semble presque court.

Insécurité raciale

Outre l'intelligence de l'ensemble, le prosélytisme bienvenu, et la force de son propos, I am not your Negro fait indéniablement écho aux antagonismes sociaux actuels en Occident. "Ce n’est pas tout ce que vous avez pu me faire qui vous menace. C’est tout ce que vous avez fait à vous-même qui vous menace" écrivait-il. Il précisait même : "J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent à leurs haines avec tellement d’obstination, est qu’ils sentent qu’une fois la haine partie, ils devront affronter leurs souffrances." En renvoyant les bourreaux à leur propre misère, il avait compris que le problème des exclus était moins le leur que celui des excluants. Critique insatiable des pouvoirs dominants et supérieurs (religions, blancs, politiques...), il interpellait notre insécurité culturelle dans Le jour où j'étais perdu : La vie de Malcolm X:
"Pourquoi ne demandez-vous pas aux Blancs, qui sont vraiment entraînés à la violence, ce qu’ils pensent de tous les Noirs innocents qu’ils tuent ? Quand un jeune blanc tue, c’est un problème « sociologique ». Mais quand un jeune Noir tue, vous êtes prêts à construire des chambres à gaz. Comment se fait-il que vous ne vous inquiétiez jamais quand les Noirs se tuaient entre eux ? Tant que l’on massacrait les Noirs de sang-froid, tant qu’on les lynchait, vous disiez : « les choses s’arrangeront »."

Berlin 2017: déjà 10 films de la compétition révélés

Posté par vincy, le 15 décembre 2016

La 67e Berlinale (9-19 février) a commencé la révélation de ses sélections avec 10 films en compétition, parmi lesquels les nouveaux films de Teresa Villaverde, Alain Gomis, Sally Potter, Agnieszka Holland et Aki Kaursimäki. A cela s'ajoutent trois films hors compétition. Le jury est présidé cette année par Paul Verhoeven.

Competition

  • A teströl és a lélekröl (On Body and Soul) de Ildiko Enyedi (Hongrie), avec Géza Morcsányi, Alexandra Borbély, Zoltán Schneider
  • Ana, mon amour de C?lin Peter Netzer (Roumanie), avec Mircea Postelnicu, Diana Cavallioti, Carmen T?nase, Adrian Titieni, Vlad Ivanov
  • Beuys de  Andres Veiel (Allemagne), documentaire
  • Colo de Teresa Villaverde (Portugal), avec João Pedro Vaz, Alice Albergaria Borges, Beatriz Batarda, Clara Jost
  • The Dinner d'Oren Moverman (USA), avec Richard Gere, Laura Linney, Steve Coogan, Rebecca Hall, Chloë Sevigny
  • Félicité de Alain Gomis (France), avec Véro Tshanda Beya, Gaetan Claudia, Papi Mpaka
  • The Party de Sally Potter (Royaume Uni), avec Patricia Clarkson, Bruno Ganz, Cherry Jones, Emily Mortimer, Cillian Murphy, Kristin Scott Thomas, Timothy Spall
  • Pokot (Spoor) de Agnieszka Holland (Pologne), avec Agnieszka Mandat, Wiktor Zborowski, Miroslav Krobot, Jakub Giersza?, Patricia Volny, Borys Szyc
  • Toivon tuolla puolen (The Other Side of Hope) de Aki Kaurismäki (Finlande), avec Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji (photo)
  • Una Mujer Fantástica de Sebastián Lelio (Chili), avec Daniela Vega, Francisco Reyes, Luis Gnecco, Aline Küppenheim, Amparo Noguera

Berlinale Special

  • La Reina de España (The Queen of Spain) de Fernando Trueba (Espagne), avec Penélope Cruz, Antonio Resines, Chino Darín, Cary Elwes, Mandy Patinkin, Neus Asensi, Ana Belén
  • Le jeune Karl Marx (The Young Karl Marx) de Raoul Peck (France), avec August Diehl, Stefan Konarske, Vicky Krieps, Hannah Steele, Olivier Gourmet
  • Últimos días en La Habana (Last Days in Havana) de Fernando Pérez (Cuba), avec Jorge Martínez, Patricio Wood, Gabriela Ramos

Raoul Peck revient au cinéma avec Karl Marx et Friedrich Engels

Posté par vincy, le 26 septembre 2015

Depuis trois semaines, Raoul Peck tourne son nouveau film, Le jeune Karl Marx. Co-production européenne, impliquant notamment Agat Films (Robert Guédiguian), le film sera distribué en France chez Diaphana l'année prochaîne.

Raoul Peck filme ce drame historique, qu'il a co-écrit avec son complice Pascal Bonitzer, jusqu'au 7 novembre. Dans le rôle de Karl Marx, on retrouve August Diehl (vu dans Inglourious Basterds, Confessions d'un enfant du siècle, Layla et Salt), qui sera entouré de Stefan Konarske (Friedrich Engels), Vicky Krieps (Jenny Marx), Olivier Gourmet (Joseph Proudhon), Hannah Steele (Mary Burns), et Alexander Scheer (Wilhelm Weitling). Diehl et Gourmet seront aussi à l'affiche le 4 novembre de En mai, fais ce qu'il te plaît, le nouveau film de Christian Carion.

Le jeune Karl Marx se déroule dans l'Europe des années 1840, aux origines du Marxisme. Le synopsis que nous avons reçu plante le décor: En Allemagne, une opposition intellectuelle en pleine ébullition est fortement réprimée. En France, les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine se sont mis en marche. En Angleterre aussi, le peuple est dans la rue, la révolution là-bas est industrielle. À 26 ans, Karl Marx entraine sa femme Jenny sur les routes de l’exil. Il parvient à Paris où il rencontre Friedrich Engels, fils d’un grand industriel, qui a étudié les conditions de travail du prolétariat anglais. Ces deux fils de famille, brillants, insolents et drôles, vont parvenir à fédérer un mouvement révolutionnaire et forger les outils théoriques propres à émanciper, par delà les frontières de l’Europe, les peuples opprimés du monde entier.

Raoul Peck, actuel président de la Fémis, n'avait rien réalisé pour le cinéma depuis le début des années 2000 (Lumumba, dernier long métrage sorti dans les salles françaises). Préférant se consacrer à des séries ou téléfilms pour la télévision comme L'Affaire Villemin (déjà coécrit avec Bonitzer), L'Ecole du pouvoir ou Moloch Tropical, il avait cependant réalisé l'an dernier Meurtre à Pacot, avec Alex Decas (toujours coécrit avec Bonitzer). Le film  fut sélectionné à Toronto l'an dernier mais n'avait été diffusé que sur Arte, sans aucune sortie au cinéma en France.
En 2005, il avait tourné pour HBO Sometimes in April avec Idris Elba, téléfilm poignant sur le quotidien d'une famille rwandaise en 1994, au moment où le génocide des Tutsis va commencer. Le film, en compétition au Festival de Berlin, avait été élu "programme de l'année" par le prestigieux American Film Institute.

Cannes 2013 : la 1ère Assemblée des Cinéastes s’interroge sur la production indépendante

Posté par kristofy, le 19 mai 2013

Assemblee cineastesLe thème de la 1e assemblée des cinéastes était "Comment faire des films indépendants aujourd’hui ?" et chacun a évoqué les différentes démarches possibles pour trouver un financement pour produire un film.

Rien de bien nouveau : ce sont les habituelles sources qui ensemble forment une coproduction. La question était en fait mal formulée à la base, rien n’empêche vraiment de produire des films indépendants et c’est souvent même plus facile que des films à gros budgets. Du coup le débat était biaisé et sans véritable dialogue.

Le panel de cinéastes (réalisateurs et producteurs) réunis était lui bien trouvé, tous d’âge et de pays différents : Raoul Peck (parrain du pavillon du monde), Joachim Trier, Costa Gavras, Anurag Kashyap (dont on a vu Ugly à la Quinzaine), et Amat Escalante (dont on a vu Heli en compétition).

Extraits choisis :

- Raoul Peck : Quel que soit le pays, préserver l’œuvre que l’on a en tête est un combat ou au moins une tension. Aux Etats-Unis, le dénommé "cinéma indépendant" n’est pas si indépendant que ça quand on regarde ses sources de financement, et on peut y voir des exigences parfois communes à celles des films de studios. En France il y a plusieurs types de cinémas qui vivent ou survivent en parallèle, et la question de l’utilisation de fonds publics est posée.

- Costa Gavras : Le système français est en grand danger actuellement. Il fonctionne sur les mots "exception culturelle". [Une pétition de plus de 5000 signatures est d'ailleurs adressée aux députés européens pour défendre les principes de l’exception culturelle.] C’est l’Etat qui prend en main le financement de la Culture, dont le cinéma. Ce système est actuellement mis en cause dans les négociations commerciales entre les Etats-Unis et l’Europe. Les autorités politiques françaises sont avec nous cinéastes, mais ce n’est pas le cas de beaucoup de pays européens. En Corée ils avaient établis un système de quotas de jours d’exploitation de films coréens, et alors il y a eu un vrai cinéma coréen intéressant qui a d’ailleurs circulé à travers le monde. Cet accord a ensuite été revu à la baisse sous l’influence américaine, et du coup le nombre de films produits en Corée a baissé car moins de possibilité d’être distribué face à la part de marché grandissante des films américains.

- Joachim Trier : J’ai réalisé deux films en Norvège, c’est presque la banlieue de l’Europe. On a une tradition cinématographique plutôt récente, avec depuis environ une quinzaine d’années un système d’aide à la promotion de notre cinéma. Pour l’indépendance, il faut simplement distinguer l’argent bon à prendre et l’argent qui va nuire au projet. Tout dépend de la source ou des partenaires. On peut aussi baratiner des financiers comme on peut le faire avec des acteurs parfois, les faire s’engager sur le projet et puis faire de toute façon le film que l’on veut au final.

- Anurag Kashyap : Le contexte indien est spécifique, avec environ 1000 films produits chaque année et une part de marché de 90% environ. La liberté est de faire le film que l’on veut. On ne peut travailler de façon libre que s'il y a peu d’argent en jeu. Par exemple, il m’arrive de choisir des nouveaux visages dans la rue pour beaucoup de rôles. Il faut rester fidèle à ce que l’on veut faire. L’étape suivante est que le film soit vu par des spectateurs, avec un de mes films je me suis rendu compte qu’il n’intéressait pas le public indien mais par contre beaucoup plus le public des autres pays.

- Amat Escalante : Au Mexique, il n’y a pas vraiment de cinéma indépendant face à un autre cinéma, tous nos films sont indépendants en quelque sorte, surtout vis-à-vis du cinéma américain. Aujourd’hui au Mexique, il y a un nouveau système de taxes, des entreprises peuvent verser 10% de leurs impôts à un fond pour le cinéma, c’est plutôt bien. Pour mettre en route mon film Heli ça m’a pris 5 ans passés à envoyer mon scénario à différents endroits pour obtenir des fonds.

Cannes 2013 : Raoul Peck, parrain des cinémas du monde

Posté par MpM, le 29 mars 2013

Raoul PeckLe Pavillon des cinémas du monde, dédié à l’ensemble des cinématographies d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe Centrale et Orientale, du Proche et du Moyen-Orient, accueille pour la 5e année consécutive la Fabrique des cinémas du monde, un programme destiné aux nouvelles générations de cinéastes issus de pays "où les outils de création cinématographiques demeurent fragiles".

Les porteurs de projets sélectionnés, qui sont cette année au nombre de neuf, bénéficient pendant le festival de Cannes d'une immersion professionnelle et d'un accompagnement personnalisé  à travers des rendez-vous individuels avec les acteurs clés de l'industrie cinématographique.

C'est Raoul Peck qui sera le parrain de la promotion 2013, composée de Mohammed Latrèche (Algérie), Nora Martirosyan (Arménie), Gustavo Pizzi (Brésil), Michel K. Zongo (Burkina Faso), Monica Bravo (Colombie), Pierre Lucson Bellegarde (Haïti), Wanuri Kahiu (Kenya/Afrique du Sud), Joanna Arong (Philippines) et Joel Karekezi (Rwanda). Le réalisateur haïtien (Lumumba, Assistance mortelle...), ancien ministre de la culture dans son pays, partagera son expérience avec les jeunes lauréats et animera également une Master Class.

Jusqu'à présent, la Fabrique des cinémas du monde a découvert plus de 60 réalisateurs et producteurs en provenance de 35 pays. 15% des projets retenus ont été réalisés et plusieurs ont été sélectionnés dans des festivals internationaux, comme Yema de Djamila Sahraoui (FESPACO 2013, section Orizzonti de la Mostra de Venise 2012) et Los Viejos de Martin Boulocq (Festival international du film de Busan 2011).

Berlin 2013 : Raoul Peck, Haïti et l’assistance humanitaire

Posté par vincy, le 7 février 2013

Documentaire présenté dans le cadre de la sélection Berlinale Speciale, Assistance mortelle est un choc. On savait les ravages qu'avait causé le tremblement de terre il y a trois ans sur ce pays, l'un des plus pauvres du monde. Mais Raoul Peck, haïtien de 60 ans , directeur de la prestigieuse Fémis, membre du jury à Berlin en 2002 puis à Cannes l'an dernier , ancien Ministre de la culture de son pays, a réussit à filmer l'envers du décor : la reconstruction du pays, "la bulle financière" des "institutions humanitaires" (églises, ONG, agences de coopération...") et les dommages structurels qu'elles causent sur le pays.

L'assistance humanitaire réagit en fonction d'un système très codé, qui révulsera les donateurs de tous les pays. Non pas que l'argent n'est pas employé, mais il est gâché, dispersé, et souvent peu utile. Le portrait de ces généreuses personnes qui ont foi dans leur mission est ébranlé par le cirque politique qui palabre mais ne résout rien. Le cumulard Clinton, les stars comme Sean Penn et Angelina Jolie servent à attirer l'attention d'occidentaux égocentriques. Mais sur place, c'est une autre affaire. Haïti n'est pas plus peuplé que Paris, ce n'est qu'une grosse métropole pauvre du tiers-monde. Les puissances occidentales, les organismes bilatéraux et multilatéraux, les ONG font comme si le gouvernement n'existait pas, comme s'ils n'écoutaient pas les réels besoins à pourvoir, pensant qu'une maison préfabriquée sans cuisine ni toilettes vaut mieux qu'une tente.

Un documentaire choc mais un film presque doux

Raoul Peck n'est jamais agressif, violent, ni même joueur. Il donne la parole aux puissants et aux miséreux, aux bienfaiteurs et aux citoyens engagés, parfois révoltés. Il teinte même son discours de belles phrases, littéraires, bien écrites, même quand il s'agit d'ironiser sur un ancien dictateur, accueillit comme une star people malgré son passé de tortures et d'exactions en tous genres. Il filme les faits, et leur donne parfois une dimension cinématographique.

Les choses pourraient en être autrement. Mais les donateurs auraient sans doute trop à perdre : Haïti souffre d'avoir une image de pays corrompu, ingouvernable... Peck, heureusement, ne fait pas que pointer la caméra sur les absurdités d'un tel système ; il ne fait pas qu'écouter les doléances d'haïtiens qui ne demandent qu'à réorganiser tout ce bordel pour leur bien commun ; il montre  aussi à quel point cette île est belle, et ses habitants dévoués, parfois festifs, abattus mais pas anéantis.

Cannes 2012 : le jury de la compétition officielle

Posté par vincy, le 25 avril 2012

Le Jury de la Compétition du 65e Festival de Cannes présidé par Nanni Moretti (réalisateur, acteur, producteur italien) accueillera dans ses rangs :  Hiam Abbass (actrice, réalisatrice palestinienne) ; Andrea Arnold (réalisatrice et scénariste britannique) ; Emmanuelle Devos (actrice française) ; Diane Kruger (actrice allemande) ; Jean Paul Gaultier (couturier français) ; Ewan Mc Gregor (acteur britannique) ; Alexander Payne (réalisateur, scénariste et producteur américain) ; Raoul Peck (réalisateur, scénariste, producteur haïtien).

Un état du monde grâce au cinéma: Haïti, Russie, Corée, Iran…

Posté par vincy, le 28 janvier 2010

etatdumonde.jpgPour conclure notre partenariat avec Courrier International, évoquons le 2e Festival Un état du monde ... et du cinéma. Il a lieu au Forum des images à Paris, du 29 janvier au 7 février. Cette année, il est parrainé par Jacques Attali et le réalisateur haïtien, ancien Ministre de la culture de son pays, et nouveau Président de la Fémis, Raoul Peck.

Faisant le lien entre cinéma et politique, société, peuples, cette manifestation mélange les regards du monde : Jeon Soo-il, Nikita Mokhalkov, Claire Denis, Merzak Allouache, Hana Makhmalbaf, Michel Ciment, Florence Aubenas, William Karel...

Dix avant-premières rempliront chacune des dix soirées : White Material en ouverture, puis 12, le remake russe de 12 hommes en colèreThe Messenger, Himalaya, Moloch Tropical, qui lui s'inspire du Moloch de Sokourov, Lola, le nouveau Mendoza, Harragas, Bassidji, Pepetuum Mobile et Téhéran.

Deux grands thèmes traverseront la programmation. Corée : bouleversement d'une identité avec en plus une table ronde, "Corée, singulier ou pluriel?" le 6 février. Des films peu connus de l'avant-garde cinématographique décriront une Corée inédite, en pleine mutation, entre tradition et modernité. Parallèlement, Le retour du religieux? posera aussi la question identitaire, et cet équilibre préilleux entre valeurs ancestrales et monde contemporain complexe. Avec des films de Chahine, Darabont, Reygadas et Makhmalbaf, on fera le tour du monde et des cultes.

Le festival organise aussi une rétrospective Raoul Peck , une rencontre avec Nikita Mikhalkov et un Focus sur l'Iran. Manière de mettre en avant trois destins qui nous concernent au premier plan ces temps-ci : Haïti, la Russie de Poutine, la rébellion contre le régime de Téhéran.  Quatre films réalisés ces derniers mois débarqueront en avant-première en Frnce, avec la possibilité de discuter avec leurs auteurs.

Le cinéma ne sera pas oublié avec un bilan 2009 en cinq conférences. La désobéissance, la crise, la planète écologique, la prison seront ainsi analysées et commentées grâce à un 7e art qui a témoigné de ces enjeux.

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Site officiel Forum des Images

Raoul Peck, nouveau boss de la fémis

Posté par vincy, le 13 janvier 2010

Le cinéaste Raoul Peck a été nommé président de la Fémis - l'Ecole nationale supérieure des métiers de l'image et du son - et remplace ainsi Claude Miller, qui assumait cette charge depuis 2007. Ironiquement, c'est le jour où l'un des plus meurtriers tremblements de terre a frappé Haïti, que cet ancien ministre de la culture de ce pays (1995-1997), a été nommé. Réalisateur de films remarqués comme Lumumba (plusieurs fois primés dans des festivals), L'homme sur les quais (sélectionné à Cannes), ou encore le récent Sometimes in April (beau succès international), il a été nommé par décret du président de la République, sur proposition du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.

Claude Miller avait eu la lourde responsabilité de trouver de nouvelles voies pour adapter la Fémis au monde audiovisuel actuel. Peck pourra les appliquer et surtout, sans doute, tisser des liens avec l'Allemagne, où il a longtemps étudié et travaillé, européanisant ainsi l'école.