Annulation de la Quinzaine des Réalisateurs, de la Semaine de la Critique et de l’ACID

Posté par vincy, le 15 avril 2020

"À la suite de l'annonce du Président de la République du lundi 13 avril 2020 interdisant tout festival jusqu'à mi-juillet, les sections parallèles du Festival de Cannes prennent acte que le report envisagé fin juin début juillet n’est plus possible. Par conséquent, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique et l'ACID ont le regret d’annoncer l’annulation de leurs éditions cannoises 2020" annoncent dans un communiqué commun les trois sélections parallèles du festival.

"La crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés ne nous permet pas de prévoir concrètement la suite des événements. Afin de soutenir l’ensemble du secteur cinématographique, très affecté par la situation présente, chaque section, en concertation avec le Festival de Cannes, étudie cependant la meilleure façon de continuer à accompagner les films soumis à leur édition 2020" ajoutent les trois organismes.

Pour le cinéma indépendant, cette annulation est un coup dur. Les producteurs devront attendre l'été et l'automne pour espérer se faire une place dans les festivals. A moins de garder le film au frais jusqu'à l'année prochaine...

« Le Festival de Cannes ne peut pas être organisé cette année sous sa forme initiale »

Posté par vincy, le 14 avril 2020

Le président de la République Emmanuel Macron l'a annoncé hier: les salles de cinémas resteront fermés au-delà du 11 mai et les festivals culturels (musique, théâtre, cinéma) ne pourront pas avoir lieu avant la mi-juillet: Avignon annulé, comme les Francopholies, le Champs-Elysées Film festival ou le festival de cinéma de La Rochelle. Le Festival de Cannes, qui avait opté pour un report entre le 23 juin et le 5 juillet, devait donc prendre acte de ce nouveau calendrier.

"Suite à la déclaration du Président de la République du lundi 13 avril, nous avons pris acte que le report envisagé à fin juin début juillet pour la 73e édition du Festival International du Film de Cannes n’est plus possible à cette date. Il apparaît désormais difficile de penser que le Festival de Cannes puisse être organisé cette année sous sa forme initiale" annonce le Festival dans un communiqué. Il ajoute: "Nous espérons être en mesure de communiquer rapidement sur les formes que pourrait prendre ce Cannes 2020."

Idéalement, si celui de Venise était décalé, Cannes pourrait reprendre sa place. Mais cela pourrait aussi prendre une toute autre forme à d'autres dates.

"Nous avons commencé hier soir de nombreuses consultations dans le milieu professionnel en France et à l’étranger. Elles s'accordent sur le fait que le Festival de Cannes, qui est un instrument essentiel de soutien à l’industrie cinématographique, doit continuer à étudier l’ensemble des éventualités permettant d’accompagner l’année cinéma en faisant exister les films de Cannes 2020 d’une manière ou d’une autre" précisent les organisateurs.

"Quand la crise sanitaire, dont la résolution reste la priorité de tous, sera passée, il faudra redire et démontrer l’importance et la place que le cinéma, ses œuvres, ses artistes, ses professionnels et ses salles et leurs publics occupent dans nos vies. C’est à cela que le Festival de Cannes, son Marché du film et les sections parallèles (Semaine de la Critique, Quinzaine des Réalisateurs, ACID) entendent contribuer. Nous nous y engageons et remercions tous ceux qui sont à nos côtés, les responsables publics (Mairie de Cannes, Ministère de la Culture, CNC), les professionnels ainsi que nos partenaires" affirme le Festival.

Et si on binge-watchait… Elite sur Netflix

Posté par wyzman, le 14 avril 2020

En attendant le 11 mai, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et parce que cette période de confinement s’accompagne pour beaucoup d’entre nous d’une hausse de la créativité au moment de faire des nudes, on ne peut que leur recommander de jeter un coup d’oeil à Elite.

C’est le mix réussi de Gossip Girl et How to Get Away with Murder. Avant même son lancement en octobre 2018, l’arrivée d’Elite sur le géant du streaming était accompagnée d’un léger parfum d’interdit. Créée par Dario Madrona et Carlos Montero, Elite met en scène la rentrée de trois étudiants de la classe populaire espagnols à Las Encinas, l’école la plus huppée du pays, après que leur lycée d'origine s’est effondré. S’ils tentent comme ils peuvent de s’intégrer, Samuel, Nadia et Christian ne cessent d’être méprisés par leurs camarades, tous issus de l’élite. Mais les choses deviennent passionnantes lorsque le corps de Marina, une élève de Las Encinas, est retrouvé sans vie. Cela ne vous rappelle rien ? Gossip Girl et How to Get Away with Murder bien sûr !

Elite emprunte à la première l’ensemble de ses codes esthétiques : l’uniforme des élèves, la mise en scène de cliques propres aux années lycée, l’utilisation d’espaces luxueux pour donner vie aux personnages et enfin une bande-son des plus contemporaines ! Aya Nakamura, MHD, Rosalia, AaRON, Swedish House Mafia, The Kills, CHVRCHES, Charli XCX et Asaf Avidan sont autant d'artistes présents dessus. Au niveau du scénario, les rôles d’outsiders occupés par Dan et Jenny Humphrey dans l’Upper East Side reviennent à par Samuel, Nadia et Christian. Quant à How to Get Away with Murder, il est évident qu’elle a donné beaucoup d’idées aux créateurs. De l’arme du crime de la saison 1 à la solidarité de la saison 3 en passant par les flash-backs à outrance de la saison 2, Elite a tout d’un HTGAWM pour adolescents hispaniques au premier abord.

C’est une série à ne pas mettre devant les yeux de tout le monde. Depuis les lancements de House Of Cards et Orange Is the New Black en 2013, nous le savons : Netflix tend à représenter le plus de personnes possibles dans ses productions originales. Et comme l’adolescence va de pair avec la quête d’identité — notamment sexuelle —, vous ne serez pas surpris de trouver dans Elite des personnages hétérosexuels, homosexuels et bisexuels. Il se murmure même que les saisons 4 et 5 (si celles-ci sont produites et mettent en scène un nouveau casting) devraient accueillir un personnage transgenre.

Les scènes de sexe et d’euphorie collective sont devenues la marque de fabrique de la série. Mais ce serait oublier son intrigue principale : la mort d’une lycéenne. Et en nous présentant les relations de ces futurs adultes sans prendre de gant, Elite en dit long sur les rapports qu’entretiennent les ados d’aujourd’hui. Peut-être même plus que n’importe quel teen soap avant lui. Les notions de bien et de mal, de moralité et de sacrifice ainsi que celles d’honneur et de culpabilité sont explorées avec une minutie toute particulière et parfois éreintante. Car il se passe dans Elite ce qu’il se passe souvent dans le monde réel : la culpabilité ronge mais ne s’accompagne pas nécessairement d’un soulagement pour les familles de victimes. Sous ses airs de série pour ados un peu trop vernie, Elite se révèle bien plus complexe et humaine.

C’est un programme qui a une fin. On le sait, de nombreuses séries sont annulées sans que les scénaristes aient eu le temps de rédiger une véritable conclusion. De Hannibal à Devious Maids en passant par The Family ou encore Kyle XY, les exemples sont nombreux. Mais avec Elite, les choses sont différentes. Si Gossip Girl et Veronica Mars se sont royalement vautrées au moment où leurs personnages sont entrés à l’université, Elite se concentre activement sur les dernières années de lycée d’étudiants particulièrement créatifs et malins. C’est parce que celle-ci dispose d’une fin des plus satisfaisantes (voir l’épilogue de la saison 3 en ligne depuis le 13 mars) que l’on ne peut que vous la présenter pour ce qu’elle est : un programme sexy et savoureux. Et si le casting venait à vous manquer, n’oubliez pas que tous les acteurs et actrices du programme sont sur Instagram — l’occasion de poursuivre l’exploration du corps de certain.e.s !

Elite, l’intégrale disponible sur Netflix ici.

7 films pour survivre au confinement (partie 2)

Posté par wyzman, le 13 avril 2020

Pour ne pas sombrer dans l’ennui pendant ce confinement get a online loan today, la rédaction d’Ecran Noir vous propose toutes les semaines une sélection de 7 films disponibles en VOD. L’occasion de redécouvrir des pépites oubliées ou de prendre de belles claques !

Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock (La Cinetek)

Vous vous plaignez d’être enfermés ? Ça pourrait être pire avec une jambe dans le plâtre. Mais bon vous n’avez peut-être pas Grace Kelly comme aide soignante. Profitez en pour faire marcher votre imagination en regardant à la fenêtre (ça fait du bien de rendre le soleil). Voyeur, ce n’est pas interdit. Et Hitchcock en fait d’ailleurs un brillant suspens.

Le médecin de famille de Lucia Puenzo (Universciné)

Raoult ou pas Raoult, peu importe. Au moins lui tente de sauver des vies. Alors qu’ici Josef Mengele, médecin diabolique nazi réfugié en Argentine, s’adonne à des expériences thérapeutiques autrement plus effroyables. Il ne fait pas bon d’être malade et de le fréquenter. De quoi vous faire frissonner sur les manipulations génétiques.

L’impossible monsieur bébé de Howard Hawks (La Cinetek)

Qui dit confinement dit besoin de rire, et si ce n'est pas l'une des meilleures comédies au monde, on ne sait pas ce qu'il vous faut ! Cary Grant, Katherine Hepburn, un léopard : tous les ingrédients pour une succession de scènes virevoltantes et légères comme des bulles de champagne.

Pris au piège d'Alex de la Iglesia (Netflix)

Rentrer dans un bar pour s'y réfugier quand y'a des gens qui se font tirer dessus alors c'est un bon abri, il y a à boire et aussi d'autres gens pour comprendre ce qui se passe dehors. Rester confiné dans ce bar trop longtemps n'est pourtant peut-être pas une bonne stratégie, car il faut bien choisir avec qui sympathiser…

Solaris d'Andreï Tarkovski (La Cinetek)

Une station orbitale quasi déserte, un scientifique veuf et inconsolable, des apparitions d'êtres venus du passé... la science-fiction selon Tarkovski, qui adapte le formidable roman de Stanislas Lem, est dépouillée, contemplative et métaphysique. Ici, le confinement est aussi bien mental que physique, et nous ferait presque oublier notre propre condition.

The Revenant d’Alejandro Gonzalez Inarritu (Netflix)

Envie d’un grand western et d’un film avec Leonardo DiCaprio ? The Revenant est fait pour vous ! En 1823, le trappeur Hugh Glass est laissé pour mort par ses coéquipiers après avoir été attaqué par un ours. Plus coriace que prévu, il se lance à la recherche de l’homme qu’il a trahi. Un survival movie comme on en voit rarement porté par la grâce d’un acteur enfin oscarisé.

The Silence de John R. Leonetti (Netflix)

Les fans de Bird Box aimeront The Silence… Alors que d’horribles créatures envahissent la Terre pour chasser les hommes au bruit, une famille se réfugie dans un lieu isolé avant d’être confronté à un culte fasciné par les sens développés de leur fille sourde Ally. Consistant et flippant, The Silence peut compter sur son casting : Stanley Tucci du Diable s’habille en Prada et Kiernan Shipka et Miranda Otto des Nouvelles Aventures de Sabrina.

BONUS : Triangle de Christopher Smith (Prime Video)

Si vous êtes confiné entre amis sur un petit bateau secoué par une grosse tempête, la seule chose à espérer est d'être secouru par un gros navire : mais pas celui-ci. Le paquebot est gigantesque et pourtant bizarre il semble n'y avoir personne à bord, sauf peut-être quelqu'un qui vous ressemble beaucoup et qui cherche à vous tuer ! On peut perdre la tête à se retrouver isolé…

Et si on regardait… Sa dernière volonté

Posté par vincy, le 12 avril 2020

Adapté d’un roman américain, Sa dernière volonté (The Last Thing He Wanted), présenté à Sundance, est un mélange de film noir, de thriller politique et de film « complotiste ». On peut le voir sur Netflix depuis le 20 janvier.

Le film de Dee Rees (Empire, Mudbound) réunit Anne Hathaway, Ben Affleck, Rosie Perez, Edi Gathegi, Toby Jones, et Willem Dafoe. Ce méli-mélo de film noir, drame romantique et polar d'espionnage a de quoi attirer la curiosité d'un cinéphile.

Nous voici replongés dans les années 1980, sous le règne tout puissant de Reagan, en pleine campagne électorale pour sa réélection. Mais en coulisses, un scandale couve : les liens troubles entre Washington, la CIA, les trafiquants d’armes et de drogue et les rebelles anticommunistes en Amérique centrale. Auxquels se mêlent les services secrets français.

A travers une journaliste – Anne Hathaway, qui sauve toutes les faiblesses du scénario et brille dans ce rôle de journaliste flirtant avec le danger, égarée et manipulée – on va ainsi découvrir les rouages d’une odieuse politique impérialiste, cupide, opaque et immorale.

Car c’est bien son personnage qui nous happe malgré la complexité des imbroglios et liaisons dangereuses. Parfois le récit est confus, on s’y perd, un peu comme l’héroïne, entre tous ceux qui tirent les ficelles, jouent double jeu, mentent ou menacent. Cela affaiblit assurément cette histoire pourtant très romanesque. A vouloir ménager le suspens, les scénaristes ont oublié d’être pédagogue et d’instruire clairement les affaires. On ne sait plus qui fait quoi, les enjeux de chacun, au fil des péripéties.

Pourtant on capte bien le tourbillon (de boue et de sang) dans laquelle est entraînée la journaliste. On voit bien qu’elle se perd dans ce labyrinthe de jungles et de lieux faussement paradisiaques. Elle perd le contrôle de sa destinée dès lors qu’elle devient la marionnette de chacun, ne sachant plus à qui se fier, se faisant bernée. Sa dernière volonté est un portrait de femme – revenue d’un cancer et mutilée de son sein gauche, loin de sa fille, divorcée, en deuil de ses parents – à la fois combattive et résistante, passionnée et résignée, égoïste et dévouée.

Une femme qui finalement est victime de ce pouvoir patriarcal et de ces jeux entre mâles. Non pas parce qu’elle est faible, mais bien parce qu’elle les dérange en étant plus persévérante et clairvoyante. C’est à travers ses yeux qu’on voit le monde horrible, pour ne pas dire l’enfer, qui l’entoure. Que les diables soient en costume cravate ou en treillis. De toute façon, ils ont peu de considération pour ceux qui parasitent leurs ambitions et sont prêts à toutes les trahisons, même les plus fatales.

Et si on regardait… Spenser Confidential

Posté par vincy, le 11 avril 2020

Gros succès sur Netflix depuis sa mis en ligne le 6 mars, Spenser Confidential est la cinquième collaboration entre le réalisateur Peter Berg et la star Mark Walhlberg. Pas plus mauvais que leurs autres films diffusés en salles, ce thriller sur fond de corruption et de rédemption - sans atteindre le niveau de Traque à Boston, leur meilleur film - a un sacré goût vintage dans la forme.

La musique en est un bon indicateur. La bande originale du film mélange les époques mais, à l'écouter, on se croirait plonger dans les années 80, dans une histoire proche de celles du Flic de Beverly Hills, en plus noir et plus brutal, comme si Martin Riggs (le personnage de Mel Gibson dans L'Arme fatale) s'invitait dans cette enquête sur des ripoux.

Spenser Confindential est à l'origine une série TV des années 1980 justement, créée par Robert B. Parker, auteur des romans autour du détective. Il a imaginé le personnage en 1973 (en France, on retrouve ses enquêtes dans la "Série noire" de Gallimard). 40 bouquins plus tard, à sa mort en 2010, la série est reprise, avec l'accord des héritiers, par Ace Atkins, qui en produit par an, dont Wonderland en 2013, qui est la base du scénario de ce film.

Série télévisé, série romanesque: on le comprend dès l'épilogue, Spenser Confidential est amené à être une franchise. Une de ces séries B qui se consomment facilement un dimanche soir sur Netflix (ou n'importe quel jour et à n'importe quelle heure si on est confinés).

Car il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'un honnête polar porté par un mâle alpha, qui sait cogner (mais il se sert du cognitif aussi). Dans ce monde très masculin, entre un ex taulard/ex flic, des flics pourris, des flics butés, et des agents du FBI qui attendent de cueillir les survivants, il faut toute la dérision d'Alan Arkin (Argo), la drôlerie folledingue d'Iliza Schlesinger (dont on peut voir les shows humoristiques sur Netflix) et la douceur décalée de Winston Duke (Black Panther) pour que le film ne verse pas dans une surdose de testostérone obsolète (ça allait bien sous Schwarzenegger, mais là il est confiné avec son arche de Noé).

Le bon (mais trop con?), la brute (héroïque) et les truands (tous hypocrites) offrent donc un film divertissant, prévisible sans aucun doute. Spenser n'est pas Jack Reacher. C'est un flic lambda aux valeurs chrétiennes solides. Le film est à son image: sans prétention. On regrette presque que l'aspect buddy movie (cher aux années 1980) ne soit pas plus exploité, d'autant que le personnage de Winston Duke est de loin le plus attachant et le plus singulier.

Si Peter Berg semble plus inspiré par la mise en place de son histoire, pour la dérouler ensuite de façon très classique, on lui reprochera surtout de ne pas ménager vraiment le suspens. Spenser Confidential souffre d'un scénario trop balisé, qui empêche le film de surprendre ou de se renouveler. Mais au moins, en s'évitant des scènes d'action gratuites et inutiles, en conservant un bon rythme, et en se délectant de ses quatre acteurs principaux, il utilise une bonne vieille recette de romans "pulp", de ces polars de gare, où on se fiche finalement de l'enjeu. Ce qui compte, finalement, c'est l'humanité surgissant des failles et des névroses de son quatuor savoureux.

Et si on regardait… L’homme de Rio

Posté par vincy, le 10 avril 2020

Vendredi à 14h, France 2 diffuse l'inusable comédie d'aventure L'Homme de Rio. (Et sur La Cinetek pour ceux qui sont abonnés)

C'est sans doute le must du genre dans le cinéma français, qui a d'ailleurs les honneurs de Cannes Classics en 2013. Une semaine après Le Sauvage, dont la filiation est évidente. Ecrit par Philippe de Broca, Daniel Boulanger, Ariane Mnouchkine et Jean-Paul Rappeneau (rien que ça), le film réunit Jean-Paul Belmondo, qui vient de fêter ses 87 ans, et la regrettée (mais sublime éternellement) Françoise Dorléac. Le scénario, fortement influencé par les aventures de Tintin, a été nommé aux Oscars (c'est dire la qualité).

A ces deux stars, s'ajoute un générique salivant: Jean Servais, Simone Renant, Adolfo Celi, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, et le jeune Ubiracy De Oliveira alias sir Winston, le petit cireur de chaussures.

Aventure exotique jusque dans la forêt amazonienne, en passant par Rio et Brasilia (en construction), romantisme (à l'américaine: c'est la femme qui mène l'homme à la baguette), dérision. Le mix est réussi et a inspiré Lawrence Kasdan pour Les aventuriers de l’Arche perdue, Luc Besson, Hayao Miyazaki et Michel Hazanavicius, entre autres.

Il faut dire que c'est une leçon dans le genre: du rythme, du charme, des personnages secondaires mémorables, des répliques cultes, de l'action et ce qu'il faut de méchants, dragons à terrasser et statuettes à déterrer.

Outre le scénario exquis, les dialogues ciselés, un second degré délicat, c’est bien entendu le duo de charme Belmondo-Dorléac qui fait mouche. En amoureux transi, prêt à bondir sur des planches à des dizaines de mètres au dessus du sol (il réalise pour la première fois ses propres cascades) ou tout simplement à se soumettre à tous les caprices de sa dulcinée (y compris en choisissant une voiture rose avec des étoiles vertes), Bébel est à la fois héroïque et vulnérable, viril et sensible. Il symbolise de manière avant-gardiste l’homme moderne, ni macho, ni métrosexuel. Quant à sa partenaire, elle est au sommet de sa beauté, parvient à passer de la mélancolie à l’acuité, de ses rêvasseries délirantes à un rire presque espiègle. Elle incarne la féminité à la perfection, libre et malicieuse. Difficile de ne pas succomber à ce duo de stars.

De Broca nous emmène sans accros de vastes paysages à une grotte dans la jungle, comme on s'enfonce dans un entonnoir, un piège qui servira de tombeau (ça change des pyramides). Cette spirale vers la mort permettra à aussi à Orphée de sauver son Eurydice des enfers d'un homme jaloux, possessif, cupide et dominateur (coucou #metoo).

Ces 12 travaux d’Adrien, lancé par la princesse aux yeux mécaniques et au sourire irrésistible, sont une parenthèse enchantée jamais égalée, à l'exception des films de Rappeneau sans doute. Une sacrée aventure aussi burlesque qu'héroïque, qui file à vive allure. Une grande vadrouille par delà les océans qui a su traverser le temps.

Et si on binge-watchait… Dear White People sur Netflix

Posté par wyzman, le 9 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et à l’heure où nous sommes tous rivés sur nos différents écrans et les réseaux sociaux, Dear White People a une résonance particulière !

C’est une série woke. Terme aujourd’hui utilisé pour désigner toute personne ayant conscience des injustices sociales qui l’entourent, “woke” décrit brillamment la série de Justin Simien. Basé sur son film éponyme sorti en 2014, Dear White People raconte les rivalités et crises identitaires des étudiants d’une prestigieuse université américaine. Le titre du film ramène au titre de l’émission de radio animée par l’héroïne, Samantha, étudiante métisse partagée entre la défense de la culture Noire américaine et un petit ami blanc qui la met face à ses contradictions.

Thème majeur de la série, cette dernière va plus loin que le racisme. Elle évoque grâce à des épisodes centrés sur d’autres étudiants des sujets aussi divers que le coming-out, la quête d’excellence, l’avortement, les violences sexuelles et policières, les sociétés secrètes ou encore l’infidélité. Sans jamais se vouloir moralisatrice, Dear White People est un point d’entrée sans pareil dans le quotidien des jeunes Américains des années 2010. Quand l’American Dream ressemble autant à Barack Obama qu’à Donald J. Trump, que le racisme institutionnalisé fait autant réagir les élites que le “racisme anti-Blanc”, que les plus riches revendiquent haut et fort la protection de leurs intérêts, que les discriminations viennent de tous les côtés et que des trolls Internet peuvent subitement faire irruption IRL et tirer à balles réelles.

C’est une série sur des personnes woke. Loin d’être aussi ennuyeuse que ce qu’une série sur le racisme laisse présager, Dear White People impressionne et ravit par sa faculté à toujours questionner ses protagonistes. Ainsi, en réponse à une héroïne qui a tendance à défendre systématiquement les Noirs face aux Blancs, les scénaristes qui entourent Justin Simien prennent un malin plaisir à mettre l’accent sur les privilèges reçus par les Blancs et les métisses dans toute société occidentale. Lorsque l’un des personnages affirme que l’avenir sera radieux pour les personnes de couleur, Dear White People nous rappelle rapidement qu’à tout moment un étudiant noir peut se faire tirer dessus lors d’un contrôle de police.

Qu’ils soient amis, amants ou rivaux, tous les personnages de Dear White People apportent leur pierre à l’édifice — la présentation sociologique et divertissante du haut de la génération Z. Bien que subtilement écrite, le succès du programme repose également sur son casting particulièrement percutant. Déjà connus des amateurs de série, ses visages frais et diversifiés rassurent.

C’est une série extrêmement contemporaine. Si la structure de Dear White People ne révolutionne en rien le genre de la série télévisée, force est de reconnaître que Justin Simien parvient à dire beaucoup aux téléspectateurs en l’espace de 30 minutes (la durée d’un épisode). Grâce à d’innombrables parodies d’autres séries (ne manquez pas celles de Scandal et The Handmaid’s Tale) et de références culturelles, le créateur, producteur, scénariste et réalisateur analyse les comportements d’adultes en devenir. Plus encore, Dear White People démontre que les réseaux sociaux ont ravivé le besoin de ces mêmes jeunes d’appartenir IRL à une communauté. Satirique et caustique, le programme diffusé par Netflix est un véritable régale.

Dear White People, l’intégrale disponible ici.

Retrouvez James Gray, Agnès Varda ou encore Francis Ford Coppola dans le « Forum numérique » du Forum des images

Posté par MpM, le 9 avril 2020

C'est la version moderne de la caverne d'Ali Baba : le Forum des Images se transforme, le temps du confinement, en Forum numérique, proposant des centaines de contenus exclusifs disponibles en un clic. On vous laisse notamment explorer les rubriques "Master class" et "Rencontres" riches d'environ 280 entrées, parmi lesquelles des rencontres avec James GrayAgnès VardaPeter Lord, Isabelle Huppert, Francis Ford Coppola, Adèle Haenel...

On trouve aussi des tables rondes telles que Filmer l'époque : le mouvement des gilets jaunesJeu Vidéo et Cinéma : une histoire de contaminationsBrésil : le cinéma en danger ? et des conférences autour des "images du pouvoir", "l'écrivain superstar ?" ou encore "la révolution".

Pour ceux qui auraient envie de mettre à profit la période pour perfectionner leur cinéphilie, 300 cours de cinéma sont par ailleurs en ligne ! "Hong Sang-soo : l’égarement comme méthode" ; "It is happening again. La répétition selon Lynch" ; "Le noir, le blanc et le reste" ; "Un film sans fin" ; Sweet Aliens (nomades galactiques & migrants extraterrestres au cinéma)... rien que les intitulés donnent envie d'être étudiant à vie.

Enfin, il y a de quoi employer utilement quelques jours de confinement à défricher le web-magazine Un état du monde (en écho au Festival du même nom) ; le site événementiel du NewImages Festival, dédié à la création numérique et aux mondes virtuels ; et la collection de films à 360 degrés qui permettent de découvrir autrement les lieux les plus connus de la capitale.

Et si on regardait… le Festival national d’animation BIS

Posté par MpM, le 8 avril 2020

Alors que Festival d'Annecy, carrefour mondial du cinéma d'animation, vient d'officialiser l'annulation de son édition 2020, qui sera remplacée par une édition en ligne du 15 au 20 juin prochain, le cinéma d'animation n'a pas tout à fait dit son dernier mot. Le Festival national de Rennes, qui avait dû lui aussi renoncer à organiser sa 26e édition, propose en effet dès ce mercredi 8 avril à 10 h une version BIS entièrement dématérialisée !

Grâce au soutien de la plateforme de vidéo à la demande UniversCiné et du média breton de culture en ligne KuB, plusieurs programmes de la sélection officielle 2020, représentant environ 90 films, seront en effet disponibles en ligne jusqu'au 12 avril. Outre les sept programmes de courts métrages en compétition, les internautes pourront découvrir six longs métrages dont J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti ou encore L'extraordinaire voyage de Marona d'Anca Damian et Sam-Sam de Tanguy de Kermel en exclusivité VOD.

Seront également accessibles gratuitement les clips - écrans rythmiques, les films bricolés et les films faits maison. Par ailleurs, des interviews exclusives de réalisateurs en compétition seront diffusées sur le site du Festival.

La grande fête annuelle de l'animation française aura ainsi bien lieu, en attendant celle de l'animation mondiale courant juin. L'occasion de vous recommander quelques courts métrages qui valent le déplacement (virtuel), tels que Ruunpe de Boris Labbé, Moutons, loup et tasse de thé de Marion Lacourt, Les songes de Lhomme de Florent Morin, L'heure de l'ours d'Agnès Patron, et des films étudiants, à l'image de L'échappée de Benoit Michelet, Le chant des poissons-anges de Louison Wary ou encore Chat de Rui Chang.

-----

Festival national d'animation de Rennes BIS
Du 8 au 12 avril
Plus d'informations sur le site de la manifestation