Et si on regardait… Self-Made : D’après la vie de Madam C.J. Walker

Posté par vincy, le 7 avril 2020

C'est le petit bijou de Netflix à ne pas manquer. Une mini-série, entre drame, mélo et feel-good movie, en quatre épisodes de trois quarts d'heure (ça se bingewatche en une soirée) inspirée d'une histoire vraie.

Self Made : D'après la vie de Madam C.J. Walker (Self Made: Inspired by the Life of Madam C.J. Walker) a été mise en ligne le 20 mars 2020 sur Netflix. Adaptée de la biographie On Her Own Ground d’A'Lelia Bundles, inédite en France, écrite par la petite-fille de Madam C.J. Walker, la série raconte comment une blanchisseuse née d'esclaves de plantations est devenue la première femme d'affaires afro-américaine à devenir de manière autodidacte millionnaire et voisine de Rockfeller.

Réalisée avec soin et un bon sens du récit par Kasi Lemmons, à qui l'on doit Harriet, deux fois nommé aux Oscars cette année, et DeMane Davis, la série vaut surtout par un casting impeccable, Octavia Spencer en tête, parfaite en femme déterminée, instinctive, indépendante et ambitieuse. Autour d'elle, Tiffany Haddish, en fille aussi singulière qu'effrontée, Blair Underwood en mari castré et dépassé, Carmen Ejogo en rivale moins bitch qu'elle n'en a l'air...

Sous ses allures classiques de série historique inspirée de faits réels, le film est avant tout un triple combat émancipateur. La cause féministe d'abord, puisque finalement tous les hommes à l'exception de l'avocat, sont faibles et arrogants de leur pouvoir partiarcal. Ce sont finalement les femmes qui mènent le récit jusqu'à le monopoliser complètement. Une histoire de femmes qui va jusqu'à un autre combat, la liberté individuelle. Celle d'aimer qui on veut, celle de ne pas vouloir d'enfant, ou d'adopter une héritière, celle de ne dépendre de personne, et surtout pas d'un homme. S'ajoute à ces deux causes, la lutte pour l'égalité des noirs américains - on est au début du XXe siècle, les plaies de l'esclavage et de la guerre de Sécession sont encore vives - et de la représentation de la communauté dans la société. Cela passe par la beauté blanche comme idéal, et ainsi la force des métis à peau claire, comme de la place au sein des strates de pouvoirs politiques et économiques.

L'histoire est belle, et plus que l'intrigue, assez banale, ce sont bien ces enjeux sociétaux qui font écho à notre époque contemporaine et portent la série au-delà du simple biopic autour d'une success-story où seul le fric semble être gage de réussite, et même l'unique valeur qui dicte les choix de chacun. Très américain. Heureusement, formellement, c'est allégé de dérives visuelles - autant d'illustrations des obsessions du moment - comme la comédie musicale dans le deuxième épisode ou la cabane de la plantation dans le dernier.

Ceci dit, ça ne retire rien à la réussite de Madam C.J. Walker. Outre son activité de cosmétiques (l'entreprise aura vécu 71 ans), l'entrepreneuse a été une philanthrope, défendant les droits des femmes et des Afro-Américains, finançant la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), vice-présidente de la National Equal Rights League. Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame. Et Octavia Spencer restitue avec panache la splendeur de son caractère, même dans ses aspects les plus âpres.

7 films pour survivre au confinement

Posté par wyzman, le 6 avril 2020

Pour ne pas sombrer dans l’ennui pendant ce confinement, la rédaction d’Ecran Noir vous propose toutes les semaines une sélection de 7 films disponibles en VOD. L’occasion de redécouvrir des pépites oubliées ou de prendre de belles claques !

Edge Of Tomorrow de Doug Liman (Netflix)

Même avec un scénario un peu bancal entre les mains, Doug Liman peut vous pondre un grand blockbuster. Voilà ce que l’on se dit face à Edge Of Tomorrow, sa petite bombe SF complètement over the top et portée par le duo très convaincant Tom Cruise-Emily Blunt. rusbank.net. Alors que la suite est actuellement en pré-production, on ne saurait que trop vous recommander de profiter du confinement pour vous mettre à la page.

Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodóvar (La Cinetek)

Un bel appartement dans Madrid, une femme trompée par son amant, des visites impromptues, et une recette de gaspacho mortelle : on le voit bien, ne pas sortir de chez soi peut faire péter les plombs. Dans cette comédie déjantée, on admirera aussi le mobilier, ça peut inspirer pour occuper les semaines à venir.

Howl de Paul Hyett (MyTFI VOD)

Le dernier train de nuit tombe en panne en pleine forêt au milieu de nulle part, les voyageurs ont la tentation d'en sortir et marcher sur les rails mais c'est ce n'est pas une bonne idée : il y a une sorte de grosse créature dehors qui a une furieuse envie de mordre... Le confinement dans un wagon avec des inconnus autant insupportables qu'on est impatient sera une expérience pénible, peut-être la dernière pour certains qui ne verront pas l'aube.

Les ailes du désir de Wim Wenders (La Cinetek)

Les anges hantent Berlin, écoutant les pensées humaines. L'un d'eux, bientôt, va tomber amoureux et renoncer à son immortalité. Parce que c'est exactement le film à regarder quand tout va mal, quand tout va bien, et dans toutes les circonstances comprises entre ces deux extrêmes. Douceur humaniste, splendeur cinématographique et magie amoureuse garanties à chaque vision.

Louise en hiver de Jean-François Laguionie (Arte Boutique)

Louise se retrouve seule dans la petite ville balnéaire de Biligen, condamnée à y passer l'hiver sans contact avec l'extérieur. Cette Robinson Crusoé au féminin oscille entre mélancolie et esprit de conquête, apprivoisant les éléments naturels comme les souvenirs qui lui reviennent du passé. Un conte délicat, poétique et plein d'humour qui nous renvoie symboliquement à notre condition d'êtres humains faisant l'expérience de la "distanciation sociale".

Marriage Story de Noah Baumbach (Netflix)

Prêts pour un film poignant et splendide ? En montrant le challenge que représente un divorce et donc l’acceptation de la fin d’un mariage, Noah Baumbach frappe fort et signe (éventuellement) son meilleur film. Avec son casting de rêve (Adam Driver, Scarlett Johansson, Laura Dern), Marriage Story vous brisera en mille morceaux.

Raiponce de Byron Howard et Nathan Greno (Disney+)

C’est une leçon animée, aventureuse et colorée de confinement en soi. La princesse Raiponce est enfermée à vie dans une tour au fond de la forêt, heureusement dotée de cheveux aux pouvoirs magiques. Au bout de quelques semaines, nous aussi nous pourrons sans doute nous faire une écharpe avec nos tifs.

BONUS : The Irishman de Martin Scorsese (Netflix)

En voilà un grand film de cinéma ! Et en cette période de confinement, nous avons tous 3h30 devant nous pour laisser Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci nous conter les folles péripéties de l’escroc et tueur à gages Frank Sheeran. Dans le New York de la deuxième partie du 20ème siècle, Martin Scorsese se déchaîne et on en redemande.

Isild Le Besco réalise un clip contre les violences conjugales

Posté par kristofy, le 6 avril 2020

La Fondation Des Femmes alerte à propos des violences conjugales : "Pendant cette période de confinement, les violences conjugales ne cessent pas. Pire encore, elles peuvent s’accentuer et il peut être difficile pour les femmes d’appeler à l’aide lorsqu’elles sont confinées avec leur agresseur. Agissez, faites un don." Parce qu’il peut être vital de fuir un conjoint violent, des associations s'engagent par exemple à assurer une aide par téléphone et à trouver des chambres où se réfugier...

Pour soutenir cette cause l'actrice/réalisatrice Isild Le Besco partage une chanson  de sensibilisation inciter à faire un don à la Fondation des Femmes (sur leur site), avec le soutien de Kering.

  • Quelques numéros de téléphone utiles:
    39 19 (Violences Femmes Info)
    0800 059595 (SOS Viols Femmes Informations)
    119 (Allô Enfance en Danger)

Les paroles de cette chanson « En Mon Cœur » sont de Isild Le Besco, et elle a réalisé sa mise en image avec une chorégraphie dansée par une dizaine de femmes, dont celles qui ont prêtée leur voix à l'enregistrement de la chanson : Isild Le Besco donc, les actrices Julie Gayet, Caroline Ducey, Rachel Khan, l'humoriste Kee-Yoon Kim, et la chanteuse de Sylvie Hoarau (moitié de Brigitte).

Et si on binge-watchait… EastSiders sur Netflix

Posté par wyzman, le 6 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et parce qu’avec le retour des beaux jours et des journées qui se ressemblent, certains ont des bouffées de chaleur, on ne pouvait pas faire l’impasse sur EastSiders !

C’est une très jolie série LGBT. Le pitch est simple : à Los Angeles, Cal (Kit Williamson) apprend que son petit ami de 4 ans Thom (Van Hansis) l'a trompé avec Jeremy (Matthew McKelligon). Après la désillusion, Cal entame un énorme travail de réflexion, tente de déconstruire la manière dont il envisage ses histoires d'amour et décide de tromper à son tour Thom avec Jeremy ! Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu...

Si le manque de diversité (et donc de représentativité) du casting n’a pas manqué d’être signalé par les internautes lors de la première saison d’EastSiders en 2012, force est de reconnaître que le créateur et réalisateur de la série, Kit Williamson himself propose ici un programme très efficace sur les psychoses et questionnements de ceux qu’il connaît : les hommes blancs et homosexuels, trentenaires et résidant en zone urbaine. Cela étant dit, au terme de 4 saisons, EastSiders aura fini par atteindre son objectif : montrer à ceux qui sont prêts à l'entendre que le couple n’est pas un monolithe et que malgré l’accès au mariage, le couple gay doit plus que jamais se réinventer.

C’est une série qui parle du couple de manière intelligente. Vous l’aurez compris, au cours de ses 27 épisodes (qui vont de 11 minutes pour la première saison à 53 minutes pour le series finale), EastSiders aura tout mis en œuvre pour déconstruire le couple comme symbole de réussite et de bonheur. Grâce à une belle galerie de couples (gay, lesbien, ouvert, etc.) et de célibataires, Kit Williamson l’assure : l’infidélité et les trahisons ne signent pas nécessairement la fin d’une relation amoureuse. Voilà pourquoi les protagonistes enchaînent parfois les erreurs, quitte à finir seuls avec leurs regrets.

Et parce que le tout est filmé avec une forme de candeur particulièrement touchante lors des premières saisons, l’on finit rapidement par aimer toute cette bande de bras cassés. Et Kit Williamson n’a pas manqué de régaler les fans de la première heure avec les 6 derniers épisodes désormais disponibles sur Netflix.

C’est de la pop culture gay-friendly en boîte. Après avoir mis sur YouTube les deux premiers épisodes d’EastSiders, Kit Williams a lancé une grande campagne de crowdfunding sur Kickstarter pour réunir la somme qui lui permettrait de réaliser la suite. Succès quasi-immédiat du côté des Californiens, la série n’a pas manqué de bénéficier d’une saison 2, toujours portée par une campagne Kickstarter. Par la suite, c’est la chaîne (autrefois) axée sur la culture LGBT Logo (RuPaul’s Drag Race, Finding Prince Charmant) qui a acquis les droits de diffusion au Etats-Unis avant que Vimeo et Netflix n’entrent en jeu.

Après deux Indie Series Awards et pas moins de 8 nominations aux Daytime Creative Arts Emmy Awards, EastSiders est entrée aux panthéons des séries gays incontournables. Les présences des queens de Drag Race Manila Luzon, Katya et Willam, des comédiens Constance Wu, Wilson Cruz et Daniel Newman, des influenceurs gays Max Emerson, Chris Salvatore et Matthew Wilkas et des acteurs porno Colby Keller et Adam Ramzi sont pour beaucoup dans la viralité du programme. Explicite sans jamais être malsain ou trash, EastSiders se dévore sans modération.

EastSiders, 4 saisons disponibles ici sur Netflix.

Le Coronavirus raconté avec des extraits de films

Posté par kristofy, le 5 avril 2020

Cette longue période de confinement, qui s'allonge, est propice à des nombreuses blagues et à divers détournements d'images. L'humour est bienvenu en cette période difficile, qu'il s'agisse de second degré parfois idiot ou d'une délicieuse ironie qui vise juste, rions un peu.

Les réseaux sociaux explosent de nouveaux rendez-vous tels que apéro virtuel, coaching de gym, recettes de cuisines, challenges divers... Un compte Instagram a été initié par deux comédiens (instagram.com/creustel) pour y faire des pastiches de doublage d'extraits de films, soit autant de pastilles amusantes.En voici une sélection de 4 particulièrement savoureuses :

Jessica Chastain dans Interstellar : restez chez vous, le plus possible

Macaulay Culkin dans Maman j'ai raté l'avion : la communication de l'Etat français est confuse avec des mesures prises en retard sur les événements et même désastreuse sur la pénurie des moyens nécessaires à se protéger, comme l'absence de masques...

Kate Winslet dans Les noces rebelles : soutien aux soignant(e)s, et pas qu'avec des applaudissements aux fenêtres à 20h et des respirateurs bricolés avec des masques de plongée Decathlon sans parler du manque de masques et de lits (et de chloroquine)...

Laura Dern et Sam Neill dans Jurassic Park : des dauphins ont été aperçus dans l'eau de Venise redevenue transparente, la pollution de l'air au dessus de Paris a rarement été aussi basse (aussi ailleurs en Europe, et en Chine), le ralentissement des activité humaines durant le confinement permet aussi à la nature de soigner un peu notre planète : (sans l'Homme) la vie trouve toujours un chemin

Et si on binge-watchait… Gossip Girl sur Netflix

Posté par wyzman, le 4 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore disponibles sur vos écrans. Et bien que Netflix dispose des droits de diffusion de certains des teen soaps du moment (Riverdale, Dynasty, Elite), n’oublions pas que ceux-ci doivent beaucoup à leur prédécesseur : Gossip Girl !

C’est une grande série pour ados. Lancée en septembre 2007 aux Etats-Unis, Gossip Girl est adaptée de la série de roman créée par Cecily von Ziegesar. La version TV ne trahit pas les romans et nous fait ainsi suivre les péripéties d’un groupe de lycéens issus de l’Upper East Side, un quartier particulièrement aisé de Manhattan. Dans un milieu où les apparences sont reines et les sales coups nombreux, le show de Josh Schwartz (Newport Beach) et Stephanie Savage (Dynasty) retranscrit avec une légère déformation les frustrations et interrogations des adolescents et jeunes adultes occidentaux. Excessive à souhait, Gossip Girl aura fait rêver toute une générations de téléspectateurs grâce à des acteurs au physique irréprochable, le New York des riches, un couple malsain mais mythique (Blair et Chuck) et une narratrice omniprésente et particulièrement axée sur les ragots.

C’est un monument de la pop culture actuelle. Parce que basée sur des romans extrêmement populaires aux Etats-Unis, Gossip Girl fait toujours partie des programmes phares de The CW, la chaîne née de la fusion de The WB et UPN. Pas étonnant dès lors que tous les moyens aient été mis en oeuvre pour en faire un rendez-vous immanquable à l'époque, une série aussi prestigieuse que ses sujets. 121 épisodes plus tard, la série a terminé sa course en décembre 2012 avec pas moins de 18 Teen Choice Awards et un casting qui mêle it-girls (Blake Lively, Leighton Meester) et chouchous d'une génération (Penn Badgley, Ed Westwick, Chace Crawford). Comme c’est souvent le cas avec ce type de programmes, les références culturelles et les guest-stars y sont également nombreuses. En 6 saisons, se sont ainsi bousculées dans Gossip Girl Lady Gaga, Clémence Poésy, Armie HammerDavid O. Russell, Hilary Duff, Tyra Banks, Karlie Kloss, Robyn, Cyndi Lauper, Vera Wang, Michael Bloomberg, Ivanka Trump ou encore le groupe No Doubt.

C’est le remède anti-ennui. Sujet de toutes les discussions après la diffusion de chaque épisode, Gossip Girl n’aurait eu aucun mal à finir en tête des Tendances mondiales de Twitter aujourd’hui. Sans doute parce que tous les éléments qui la composent en font un show addictif. Des catfights réguliers auxamitiés qui se nouent et se défont en passant par des amourettes à l’issue incertaine, des parents souvent absents, des changements de location ponctuels et des problèmes financiers aux conséquences concrètes… Tout ce qu’il faut pour oublier notre propre enfermement. Et parce que HBO Max, le service de streaming de Warner Bros. a annoncé qu’un reboot de Gossip Girl serait diffusé dans le cours de l’année, on ne saurait que trop vous recommander de remater l’original ! Les nostalgiques des années lycée adoreront.

Gossip Girl, l’intégrale disponible ici.

Et si on regardait… Le Sauvage

Posté par vincy, le 3 avril 2020

France 2 diffuse cet après midi à 14h Le Sauvage, réalisé par Jean-Paul Rappenau, avec Yves Montand et Catherine Deneuve. Un misanthrope dégoûté par la société matérialiste et une emmerdeuse qui ne pense qu'au fric, dans un décor paradisiaque (et qui tourne à l'enfer).

C'est sans doute l'une des comédies mélangeant aventure et romantisme les plus réussies du cinéma français.

Un duo de rêve (deux stars magnifiques), un scénario rebondissant (cascades, poursuites, obstacles...), des décors exotiques (Venezuela, mer des Caraïbes, New York...), et une love story style Je t'aime moi non plus, on n'avait pas vu ça depuis les tribulations de De Broca avec L'Homme de Rio (co-écrit par Rappeneau d'ailleurs)!

C'est coquin, cocasse, alerte, comme un bon Wilder, Hawks ou Capra. Rien que ça. La femme entraîne les catastrophes en tornade, mène par le bout du nez un ours sexy daddy et fout le bordel jusqu'à dévaster la vie tranquille d'un nez (qui pour le coup manque de flair en acceptant cette chieuse sur son îlot). Les répliques de Jean-Loup Dabadie sont autant de flèches qui ciblent juste.

C'est un peu Robinson qui croise Vendredi, sauf que Vendredi est blonde, belle et baratineuse. La femme, en robe de mariée, simple chemise d'homme ou en salopette, est un idéal précieux et rare, une insatisfaite et une pudique, une chieuse et une amante, qui aimante. L'homme est toujours à sa recherche, à sa poursuite, en quête de cet inaccessible objet du désir, à la fois héros macho et toutou soumis.

Cette confrontation de caractères fait des étincelles. Tout feu, tout flamme, tous les dragons seront terrassés: du mari possessif et violent à l'épouse cupide et intrusive. Plus féministe qu'on ne le croit - c'est la femme qui dirige le récit pourtant fondé sur l'histoire d'un homme solitaire - le film est régulièrement cité parmi les grandes œuvres de la filmographie de Deneuve, qui rivalise ici avec les actrices de l'âge d'or hollywoodien. Le film a d'ailleurs inspiré une chanson de Robert Charlebois, où il annonce qu'il va regarder le pianiste de son bar "comme Catherine Deneuve regardait Yves Montand dans le Sauvage".

Et si on regardait… Un rêve solaire

Posté par MpM, le 3 avril 2020

Bien sûr, par les temps qui courent, les offres cinématographiques ne manquent pas. A vrai dire, les propositions sont même si nombreuses qu'elles ont fait naître une nouvelle forme d'anxiété, celle de ne pas réussir à profiter de tous les films, mais aussi livres, expositions ou spectacles, disponibles gratuitement en ligne d'ici la fin du confinement. Parmi cette profusion d'oeuvres d'art qui valent évidemment toutes le déplacement (si l'on peut dire), on vous parle aujourd'hui d'un film exceptionnel, incontournable et tout simplement merveilleux, Un rêve solaire de Patrick Bokanowski.

Résultat de la réunion de deux courts métrages (Battements solaires et Un rêve), eux même nés du désir du cinéaste de rompre avec son travail précédent (acteurs portant des masques, images transformées par l'usage de verre soufflé ou de miroirs, tels qu'on peut le voir dans ses courts métrages La femme qui se poudre, Déjeuner du matin ou La plage, et dans son premier long métrage L'Ange), le film est un voyage nécessairement onirique dans différents espaces, temporalités et séquences qui sont moins assemblés dans une idée de narration que dans celle d'une logique inhérente aux images elles-mêmes.

Au départ, il y a une falaise sur laquelle s'écrasent les vagues, avec le soleil au zénith. A la fin, il y a des poussières d'étoiles. Entre les deux, des silhouettes dansent, des ombres mouvantes se projettent sur un mur, la mer scintille, des acrobates travaillent, des acteurs jouent, des mécanismes sont en action, un enfant rêve... Il est impossible de décrire cette succession de tableaux, de mouvements, de couleurs, qui défilent sous les yeux du spectateur, au son de la musique tantôt légère et lancinante, tantôt rythmique et entêtante de Michèle Bokanowski.

Il faut véritablement se laisser bercer, surprendre, interpeller, et souvent émerveiller par la poésie visuelle née de ces images savamment composées, construites par couches successives, et qui mêlent prise de vue continue (y compris des films super 8 issues des propres archives de Bokanowski), ombres projetées, encres liquides, feux d'artifice, pâte à modeler ou encore dessins sur pellicule. Ce qui se joue à l'écran tient à la fois d'une évocation hypnotique de l'incessant ballet entre l'ombre et la lumière, et d'une recherche plus impalpable sur le médium cinéma lui-même, avec des expérimentations formelles qui interrogent la teneur même de l'image (créée, déformée, recomposée...) et un jeu de mise en abyme qui inclut à plusieurs reprises le projecteur et la pellicule dans le plan.

Chance inestimable, la société d'édition Re:Voir proposera gratuitement le film en VOD sur son site le 7 avril prochain ! En effet, depuis le début du confinement, Re:Voir offre chaque jour une pépite issue de son formidable catalogue de films expérimentaux, en utilisant le code STAYHOME. Après des oeuvres de Len Lye, Vivian Ostrovsky, Virgil Widrich ou encore Maurice Lemaître, on pourra ainsi découvrir prochainement Paysages de Jacques Perconte, L'enfant secret de Philippe Garrel, Once every day de Richard Foreman, Sleepless night stories de Jonas Mekas ou encore Octobre à Madrid de Marcel Hanoun. Et si c'était justement l'occasion d'aller vers un cinéma singulier et rare qui nous emmène loin des sentiers cinéphiles (re)battus, exactement à l'image de la période ?

31 films peuvent avancer leur sortie en VOD et DVD

Posté par vincy, le 2 avril 2020

Le CNC a autorisé 31 films sortis après le 18 décembre à avancer leurs sorties en vidéo à la demande et en DVD, suivant la dérogation à la chronologie des médias adoptée hier par son conseil, mesure exceptionnelle réduisant le délai d'exploitation en salle liée à l'état d'urgence sanitaire..

Il y en aura pour tous les goûts: du blockbuster à la comédie française, de films sélectionnés à Venise et Cannes à des films d'auteur plus pointus. Les studios américains ont ainsi la possibilité de montrer les films de Sam Mendès, Clint Eastwood, mais aussi Birds of Prey, Invisible Man et Sonic, le film. On remarquera l'absence du Prince oublié de Michel Hazanaviciu , Ducobu 3 ou Dark Waters.

Seuls deux films sortis début mars ont postulé pour ce dispositif.

Décembre

La vérité de Hirokazu Kore Eda ; Le lac aux oies sauvages de Diao Yinan ; Notre dame de Valérie Donzelli ; Au cœur du monde de Gabriel Martins, Maurillio Martins

Janvier

Les siffleurs de Corneliu Porumboiu ; Cuban Network de Olivier Assayas ; Histoire d’un regard de Mariana Otero ; Play de Anthony Marciano ; La voie de la justice de Destin Daniel Cretton ; Une belle équipe de Mohamed Hamidi ; Selfie de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque ; L’esprit de famille de Eric Besnard ; 1917 de Sam Mendes ; Le Lion de Ludovic Colbeau-Justin

Février

La fille au bracelet de Stéphane Desmoustier ; SamSam de Tanguy de Kermel ; Un divan à Tunis de Manele Labbe Labidi ;#jesuislà de Eric Lartigau ; Une mère incroyable de Franco Lolli ; Birds of prey et la fabuleuse histoire de Harley Quinn de Cathy Yan ; Mine de rien de Mathias Mlekuz ; Adam de Maryam Touzani ; Le cas Richard Jewell de Clint Eastwood ; Des hommes de Alice Odiot, Jean-Robert Viallet ; Sonic, Le film de Jeff Fowler ; Lucky de Olivier Van Hoofstadt ; Invisible man de Leigh Whannell ; Queen & Slim de Melina Matsoukas ; Le voyage du Dr Dolittle de Stephen Gaghan

Mars

Monos de Alejandro Landes ; Papi Sitter de Philippe Guillard

Et si on binge-watchait… La Casa de Papel sur Netflix

Posté par wyzman, le 2 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et tandis que Netflix mettra en ligne la quatrième partie demain on ne saurait que trop vous recommander de jeter un coup d’oeil au phénomène La Casa de Papel !

C’est une série qui divise. A l’instar de Game Of Thrones, Breaking Bad ou encore Mad Men, La Casa de Papel fait partie de ces séries qui ne peuvent pas faire l'unanimité. Les fans de la première heure l’assurent : la série dramatique qui mêle braquage et thriller est une petite merveille. Ceux qui l’ont prise en cours de route ou n’ont regardé aucun épisode restent convaincus qu’il y a supercherie. Cette une série centrée sur le casse de la Fabrique nationale de la monnaie espagnole par un génie à la morale discutable et sa bande de criminels aux noms de métropoles ne peut pas faire rêver les millions d’abonnés français et internationaux de Netflix. Cette version de Robin des bois high-tech serait du toc plutôt que du teck.

Et pourtant, en mettant en scène une attaque manipulatrice auquel la plupart d’entre nous n’aurait jamais pensé, Alex Pina permet à Netflix de prouver que les plateformes de streaming n’enlèvent rien au suspense d’une série si celle-ci est bien montée et enfin que le plus grand succès télévisuel espagnol en France ne peut pas rester Un, dos, tres ! Bien évidemment, et comme c’est souvent le cas avec les séries dont la survie des protagonistes dépend de leur capacité à s’exfiltrer d’un endroit, les rebondissements de La Casa de Papel sont parfois un peu tirés par les cheveux (le découpage peut-être palpitant et brillant, on ne peut s'empêcher de remarquer quelques incohérences dictées plus par l'action que par le récit).

Du syndrome de Lisbonne et Stokholm aux passés pas très heureux de Nairobi (de loin le personnage le plus passionnant) et Moscou, en passant les attirances troubles de Berlin ou de Helsinki, la série s'amuse avec de la psychologie de mélodrame (façon telenovelas) dans une intrigue où l'on s'interroge avant tout sur l'issue. Car on a envie qu'ils s'en sortent ces bandits. Leur cause n'est pas moins juste que d'autres. Et en face, on sent surtout une partie adverse prête à tout pour affirmer son pouvoir.

En l'espace de 26 épisodes, nous avons donc vu des snipers aguerris se prendre une raclée, une moto faire un bond vers une porte blindée, un tank être abattu au bazooka et un coffre-fort transformé en piscine... Mais si Ocean’s Eleven, Inside Man, The Town et Bady Driver nous ont appris quelque chose, c’est que plus c’est plus gros, plus cela a des chances de passer. . Une idée qui se voit sublimée dans La Casa de Papel quand elle faisait un plat dès la saison 2 de Prison Break !

En cela la saison 3 a réussi, malgré quelques bidouillages, a s'aligner sur les deux premières, avec l'ajout de personnages, de faiblesses et de suspens. Bien malin qui pourrait deviner la fin tant les scénaristes nous ont habitués à nous méfier des apparences et à jouer des ambivalences. Et les fans jouent le jeu, imaginant la suite, sur-réagissant à certains épisodes, s'enflammant pour des erreurs ou des scènes brillantes.

C’est un programme conçu pour la pop culture. Série espagnole incontournable du moment, La Casa de Papel est devenue un phénomène partout en Europe parce qu’elle traite de situations, d’antagonistes et de modèles financiers qui sont loin de nous êtres inconnus. Plus encore, tout le programme semble avoir été formaté pour toucher la corde nostalgique du spectateur. Mix incroyable mais réussi d’influences diverses, le programme diffusé à l’origine sur la chaîne espagnole Antena 3 est un pot-pourri télévisuel et cinématographique presque sans précédent. C'est Mission:Impossible avec l'extravagance espagnole, le talent du cinéma ibérique pour le polar, une déclinaison de Die Hard (huis-clos) dont la série a hérité la dérision, et en superficie, une belle critique des régimes libéraux-autoritaires.

Et puis les faits de la série sont loin d’être si impensables que cela (un braquage d’imprimerie à Rennes a failli avoir lieu en 2014), le personnage de Tokyo (Ursula Corbero) serait inspiré de celui de Natalie Portman dans Léon, les masques portés par les braqueurs en référence à Salvador Dali ne sont pas sans rappeler ceux des Anonymous, de V pour Vendetta ou plus récemment Joker. Quant à “Bella Ciao”, son refrain et l'enthousiasme des personnages qui l'entonnent auront suffi à le faire passer de chant partisan italien né chez les antifascistes à symbole de la dimension politique de la série espagnole. Sans oublier tous les remix nés depuis par les rapeurs et autres chanteurs à la monde. On est dans l'air du temps.

C’est un vivier de talents. A l’image de la série qui a fait de Wentworth Miller une star planétaire, La Casa de Papel tient autant la route pour la qualité de ses intrigues que pour son casting particulièrement multiculturel et consistant. Quand les personnages féminins sont subtilement écrits et joués avec beaucoup de maîtrise, les acteurs de la série ne sont pas en reste. Grâce à La Casa de Papel, Álvaro Morte qui joue le Professeur a décroché son premier rôle dans un long métrage, reçu l’équivalent espagnol d’un SAG Award de meilleur acteur de série dramatique et enchaîné sur deux séries pour les plateformes Hulu et Amazon Prime Video.

Quand aux deux beaux gosses de la série, Miguel Hérran (Rio) et Jaime Lorrente (Moscou), Netflix n’a pas manqué de les caster dans sa première série originale espagnole destinée aux plus jeunes Elite après avoir acheté les droits de diffusion de la première saison de La Casa de Papel.

La Casa de Papel, trois parties disponibles ici. La quatrième (sans doute la dernière) débute demain. A coup sûr, la bande passante va exploser. Vous êtes prévenus !