Le festival Cinespana fait appel au financement participatif pour survivre

Posté par MpM, le 1 juillet 2016

C'est le plus important festival de cinéma espagnol d'Europe (en dehors d'Espagne) avec plus de 120 films projetés chaque année depuis 1996. Or Cinespana, dont la 21e édition est prévue à Toulouse du 30 septembre au 9 octobre prochain, est menacé par une baisse drastique de ses subventions. "Ces dernières années, nos subventions ont diminué de façon conséquente et la baisse de budget est à chaque édition plus grave. A tel point que l’existence du festival est remise en cause", expliquent les organisateurs.

Pour l'édition 2016, c'est en effet à une baisse de 30 000 euros que doit faire face la manifestation. D'où l'idée de faire appel au financement participatif. "Nous avons réussi à réaliser 10 000 euros d'économies mais nous avons atteint un seuil et il nous faut encore rassembler 20 000 euros. En attendant de trouver de nouveaux mécènes pour 2017, nous avons besoin de votre soutien", écrivent les organisateurs sur le site de la campagne.

Il s'agit donc de récolter 20 000 euros d'ici le 13 juillet, afin d'assurer notamment le financement du sous-titrage et des frais d'invitations de cinéastes espagnols venus présenter leur film. Parmi les contreparties proposées, on retrouve bien évidemment des places lors du festival 2016, mais aussi des bons pour des assiettes de tapas, un livre de photos ou encore un apéro-rencontre avec un invité. A mi-parcours, environ 25% de la somme nécessaire avait été récoltée.

Amoureux de l'Espagne, cinéphiles ou simples spectateurs, oncompte sur vous pour sauvegarder cet incontournable rendez-vous toulousain qui attire chaque année environ 28 000 spectateurs !

007 et une James Bond Girl dans le prochain film de la réalisatrice de « Mustang »

Posté par vincy, le 1 juillet 2016

On vous l'annonçait à Cannes le 20 mai dernier:  Deniz Gamze Ergüven, la réalisatrice de Mustang prépare son prochain film qui sera aussi tourné en anglais aux États-Unis. Kings se déroulera à Los Angeles lors des émeutes de South Central, en 1992, en plein procès de Rodney King. Et on savait déjà qu'une James Bond Girl oscarisée, Halle Berry, y jouerait une mère de famille vivant dans ce quartier.

On apprend en bonus que Daniel Craig, 007 himself, sera du tournage. Il sera l'un des rares résidents blancs de cette banlieue dominée par les afro-américains où les tensions se sont transformées en scènes de guerre civile. Selon deadline, Berry et Craig partiraient ensemble à la recherche de ses enfants, au milieu du chaos, et une romance se nouerait entre les deux.

Mustang, César du meilleur premier film et nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, a valu à sa réalisatrice d'entrer cette année dans le collège des votants aux Oscars.

Vivendi ouvre le premier cinéma du Cameroun

Posté par vincy, le 1 juillet 2016

Vivendi (Canal +) veut conquérir l'Afrique, côté culture. Après la télévision et en attendant des magasins Fnac (le groupe entre au capital de la chaîne de distribution), le groupe français a inauguré il y a deux semaines, à Yaoundé au Cameroun, une salle de cinéma de 300 places. C'est la première salle de cinéma au Cameroun. Vivendi veut en ouvrir une centaine en Afrique.

La salle a été appelée CanalOlympia, comme Canal plus et L'Olympia, deux des propriétés de Vivendi.

CanalOlympia est à la fois une salle de cinéma fermée et une salle de spectacles en extérieure (ça tombe Vivendi a quelques humoristes dans son catalogue). Le Cameroun n'est pas choisi au hasard : le groupe Bolloré y est présent dans les secteurs ferroviaire, portuaire et agricole.

Le cinéma se trouve dans l'Université de Yaoundé (ce qui avait créé une polémique d'ailleurs). C'est la première fois depuis 20 ans que le Cameroun retrouve une salle dédiée aux projections de films. Dans les années 1970, le pays comptait une trentaine de salles, parfois très grandes.

Vincent Bolloré, qui est venu inaugurer le lieu en personne a affirmé que le cinéma recevrait "en  avant-première ou en première des films qui sortent au même moment à Los Angeles ou à Tokyo". Il espère aussi que des talents locaux émergeront et rempliront le portefeuille de contenus de son groupe. Des salles CanalOlympia supplémentaires verront le jour dans les prochains mois à Conakry en Guinée, à Cotonou au Bénin, à Brazzaville en République du Congo et à Dakar au Sénégal.

Car hormis quelques pays (Maghreb, Egypte, Nigéria, Afrique du sud, Kenya), les pays africains souffrent d'un manque de salles. Des pays comme le Bénin, la Gambie, la Mauritanie, la Centrafrique, Madagascar, la Guinée Bissau, et donc le Bénin, le Congo Brazzaville et la République démocratique du Congo n'en ont aucune. Le Sénégal, le Mali, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Mozambique ou la Tanzanie en comptent moins de dix chacun. Avec la croissance des classes moyennes, l'Afrique a une carte à jouer pour se doter en multiplexes, et en profiter pour créer sa propre industrie cinématographique.

683 nouveaux électeurs aux Oscars, et pas mal de francophones….

Posté par vincy, le 1 juillet 2016

La polémique #OscarsSoWhite avait amené l'Académie à vouloir faire sa révolution jusqu'en 2020 pour modifier son collège de votants. Trop d'hommes, trop de blancs, trop de vieux. Chaque mois de juin, l'Académie propose donc à de nouveaux talents - de l'attaché de presse au cadre du studio en passant par les comédiens, cinéastes etc...- de pouvoir voter dès la prochaine fournée. Cette année, chose promise, chose due, 46% des nouveaux membres sont des femmes (ce qui fait une progression totale de deux points) et 41% ne sont pas WASP (+3 points au total). On est encore loin d'un panel paritaire et multiethnique mais ça progresse.

Dolan, Paredes, Watson, Kawase, Loach, et de nombreuses réalisatrices françaises...

A total, l'Académie des Oscars a convié 683 nouvelles personnalités. C'est 39 invités de moins qu'en 2015 mais 12 de plus qu'en 2014. Et parmi elles, pas mal de réalisatrices françaises, des comédiennes almodovariennes, des cinéastes asiatiques, etc... : John Boyega, le plus jeune membre désormais, Idris Elba, Brie Larson, Kate Beckinsale, Ryan Coogler, Michael B. Jordan, Emma Watson, Greta Gerwig, Carla Gugino, Rachel McAdams, Tom Hiddleston, Patti LuPone, Marlon Wayans, Alicia Vikander, Mark Rylance, Bruce Greenwood, Dennis Haysbert, Byung-Hun Lee, Eva Mendes, Tatsuya Nakadai, Marisa Paredes, Cecilia Roth (acteurs/actrices) ; Jeanne Lapoirie (image), Marie-Hélène Dozo (montage), Olivier Bériot, Madeline Fontaine, Pierre-Yves Gayraud (costumes) ; Lenny Abrahmson, Ramin Bahrani, Catherine Breillat, Clément Calvet, Nuri Bilge Ceylan, Souleymane Cissé, Isabel Coixet, Xavier Dolan, Denise Gamze Ergüven, Ari Folman, Anne Fontaine, Nicole Garcia, Mia Hansen-Love, Hou Hsiao-hsien, Naomi Kawase, Abdelattif Kechiche, Abbas Kiarostami, Kiyoshi Kurosawa, Ken Loach, Nicolas Marlet, Lucrecia Martel, Adam McKay, Ursula Meier, Cristian Mungiu, Laszlo Nemes, Euzhan Palcy, Park Chan-wook, Lynne Ramsay, Lucia Puenzo, Nicolas Winding Refn, Patricia Rozema, Marjane Satrapi, Margarethe von Trotta, Apitchapong Weerasethakul, les soeurs Wachowski ; Mary J. Blige, Sia Furler, Will.I.Am (musique). Etrangement Jia Zhang-ke entre dans le collège des scénaristes, tout comme Hirokazu Koreeda, Yorgos Lanthimos, Mia Hansen-Love et Naomi Kawase (en plus de la casquette de réalisatrice, tout comme Mungiu, Park Chan-wook côté réalisateur), Miranda July, Tina Fey, Lee Chang-dong, Carlos Reygadas, Phyllis Nagy, Clara Royer et Alice Winocour.

Comme on le voit, ils ont pioché dans le gratin du cinéma mondial, et notamment dans les palmarès des grands festivals: on retrouve pas mal d'habitués du Festival de Cannes dans la liste. 41% des nouveaux votants sont étrangers, provenant de 59 pays.

Désormais le collège d'électeurs va de 24 à 91 ans. Encore, faut-il qu'ils votent pour que les nominations soient plus diversifiées. Mais c'est un pas dans la bonne direction vers une représentativité du cinéma mondial.

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Frédérique Bredin reconduite à la présidence du CNC

Posté par vincy, le 30 juin 2016

Frédérique Bredin a été reconduite à la tête du Centre national du cinéma et de l'image animée lors du conseil des ministres. Son mandat a été renouvelé pour trois ans. Elle avait été  nommée le 15 juillet 2013 par décret du Président de la République, son camarade de la promotion Voltaire à l'ENA. Depuis un changement de statuts, en octobre 2015, le président du CNC ne peut être renouvelé que deux fois pour des mandants de trois ans chacun, soit neuf ans au maximum.
frederique bredinL’API (Association des Producteurs Indépendants) a félicité chaleureusement Frédérique Bredin pour son renouvellement à la présidence du CNC tout en saluant le travail qu’elle y a déjà accompli. Idem du côté de l'ARP (Auteurs-Réalisateurs-Producteurs): "Les cinéastes de L’ARP tiennent à saluer cette décision, à féliciter Frédérique Bredin, mais aussi à la remercier pour toute son action depuis son arrivée au CNC. En menant notamment la réforme des aides à la production et à la distribution, en rouvrant les nécessaires discussions autour d’une réforme de la chronologie des médias, en réunissant les acteurs de l’exploitation et de la distribution afin d’imaginer une meilleure diffusion des films, en défendant tous les cinémas de la diversité, Frédérique Bredin a servi avec ambition, courage et exigence l’intérêt général du cinéma et de la culture."

Edito : Joy-stick et peine-à-jouir

Posté par redaction, le 30 juin 2016

Manque-t-on de scénarios à ce points là? Les suites pleuvent - rien que cette semaine Camping 3, Conjuring 2, Ninja Turles 2 - tout comme les reboots, remakes et autres spin-off. La recette est souvent la même pour des recettes plutôt assurées (quoique). Après les jouets, Légos et autres Transformers (en attendant Barbie?), la grande tendance, après de multiples échecs, est le jeu vidéo. Angry Birds et Warcraft ont récolté respectivement 334 et 414 millions de $ dans le monde. A l'inverse, Dofus et Ratchet & Clanck se sont bien plantés.

Hollywood va donc répéter l'expérience et annonce de nombreux projets. Le dernier en date est Tetris (best-seller incontestable avec près de 500 millions d'unités vendues). Un film à partir de briques colorées qui s'emboîtent... Le pitch fait déjà rêvé. Plus angoissant, il s'agira d'une trilogie. Le producteur (qui avait déjà tenté la transposition du jeu au ciné avec Mortal Kombat) justifie cet ambitieux projet en expliquant que "l'histoire conçue est tellement grande..." Mazette. Ce sera un film de science fiction, tourné en partie en Chine. Le jeu n'a aucune construction narrative mais dans ce cas cela veut dire qu'il n'est pas impossible d'imaginer un Candy Crush sur grand écran. Malgré le fiasco de Pixels l'an dernier, le jeu vidéo semble la nouvelle poule aux œufs d'or. c'est surtout une stratégie de marketing pour les studios (surtout quand le jeu n'a aucun élément de fiction) et une manne financière pour les éditeurs de jeux (et d'applis) qui cherchent à survivre et installer leur marque dans cet univers très concurrentiel. La licence devient le graal pour des jeux qui sont en déclin. Qui est le produit dérivé de l'autre?

Assassin's Creed à la fin de l'année, le "cubiste" Minecraft désormais calé en mai 2019, tous deux en prises de vues réelles, Fruit Ninja... le grand écran se sert de ces jeux pour développer des sagas, franchises, univers déclinables. Il est loin le temps où les studios créaient par eux-même ses propres mythes (Star Wars, Indiana Jones, ...). Adaptations de livres (Twilight, Hunger Games, Harry Potter), de séries TV (Mission:Impossible, Equalizer), de comics, de dessins animés légendaires, l'originalité se raréfie. Désormais la logique est industrielle et le jeu-vidéo cherche des synergies avec le cinéma. On veut passer du joy-stick ou de l'écran de smartphone au grand écran, de l'interactivité à la passivité, du divertissement frénétique à la frustration la plus complète. L'addiction à un jeu, pour l'instant, n'a jamais conduit à une jouissance cinéphilique.

C'est aussi pour ça que beaucoup de projets ont avortés, comme le film sur les Sims. Mais de l'autre côté on va relancer le préhistorique Tomb Raider, avec Alica Vikander. Cependant, tant que ce genre de films ne sera là que pour "vendre" un jeu à un large public ou attirer dans les salles des "gamers", ce type de projets aura peu d'intérêt. On restera attentifs à la manière dont Ubisoft a contrôlé l'adaptation d'Assassin's Creed, en engageant notamment deux stars et en bataillant sur un scénario qui a connu maintes versions. Mais les deux industries n'ont, à notre avis, pas encore trouvé la bonne martingale.

Cependant, nous n'en sommes qu'au début. Avec la réalité virtuelle, des salles des cinéma qui sont équipées en 3D voire en 4D et des fauteuils dynamiques, on peut imaginer qu'un jeu vidéo au cinéma offre une expérience très différente, plus sensorielle et que l'histoire soit une occasion de prolonger le jeu ou d'assurer les transitions entre deux "épisodes". Après tout, parfois, certains jeux offrent des ambiances spectaculaires dignes de blockbusters. Bon, pour Tetris, malgré tout, on s'interroge quand même. A moins qu'il ne s'agisse d'un match intergalactique avec un Rubik's Cube.

Jennifer Lawrence va se faire du mauvais sang

Posté par cynthia, le 29 juin 2016

Jennifer Lawrence croule sous les projets. Le dernier en date est davantage un film à Oscars qu'un blockbuster estival. "JLaw" sera la tête d'affiche de Bad Blood, un long métrage sur le scandale de Theranos (et oui, encore une histoire vraie). Elle y incarnera la très controversée fondatrice du laboratoire, Elizabeth Holmes. Theranos était une strat-up specialisée dans les tests sanguins qui promettait une révolution grâce à une technologie très développée, à plus grande vitesse et moindre coût. a valorisation de l'entreprise était estimée à plusieurs milliards jusqu'à ce qu'elle se retrouve sous le coup d'une enquête fédérale suite à des doutes quant à ses pratiques et à la fiabilité des résultats.

Après quelques grosses enchères, c'est Legendary qui a acquis les droits du film et du livre de John Carreyrou dont il est l'adaptation. Cette production sera réalisée par Adam McKay à qui l'on doit The Big Short (Oscar du meilleur scénario - adaptation). Par son accord avec Legendary, le groupe Universal se chargera de distribuer le film certainement fin 2017.

A l'affiche de X-Men: Apocalypse, Jennifer Lawrence a terminé le tournage de Passengers de Morten Tyldum, avec Chris Pratt, et qui sortira pendant les fêtes de fin d'année. Elle est actuellement devant les caméras de Darren Aronofsky, aux côtés de Domhnall Gleeson, Michelle Pfeiffer et Javier Bardem. Et l'année prochaine, elle devrait être devant celles de Steven Spielberg pour It's What I Do, biopic sur la photographe de guerre Lynsey Addario. Elle s'est également engagée sur le projet Marita et The Rosie Project, qui n'ont pas encore de réalisateurs.

Le dernier film des frères Dardenne raccourci de sept minutes

Posté par vincy, le 28 juin 2016

La fille inconnue ouvrira le 31e Festival international du film francophone de Namur qui se déroulera du 30 septembre au 6 octobre. Le film des frères Dardenne, en compétition au dernier Festival de Cannes, est la 11e production belge a recevoir cet honneur depuis 2004.

Le festival annonce cependant que le film sera présenté dans "une nouvelle version", a priori raccourcie de "sept minutes" selon Le Film français.

Les frères Dardenne font partie des grands habitués du FIFF. Après tout leur ville de Liège est à moins de trois quart d'heure de voiture de Namur. En 1988, ils y présentaient déjà leur court métrage Il court…il court le monde. Ils sont de retour à Namur en 1992 avec leur long métrage Je pense à vous qui récolte le Prix du Public. En 1996, La Promesse remporte le Bayard d’Or du meilleur film, le Bayard d’Or du meilleur comédien pour Olivier Gourmet et le Prix du Public. Et quatre ans plus tard, à l’occasion des 15 ans du FIFF, le film remporte le Bayard des Bayards.

En 2002, le festival présente Le Fils. L’année suivante, les frères Dardenne reviennent à Namur en tant que producteurs de trois films : Stormy Weather de la regrettée Solveig Anspach, Le Soleil assassiné de Abdelkrim Bahloul et Le Monde vivant d’Eugène Green. Lors des 30 ans du FIFF, le documentaire que leur consacrent Luc Jabon et Alain Marcoen, L’âge de raison, le cinéma des frères Dardenne, est présenté à Namur, ainsi que leur précédent film Deux jours, une nuit.

Namur prévoit un programme chargé de 150 films venus de 80 pays ou provinces francophones. Exceptionnellement, la manifestation "se clôturera exceptionnellement le jeudi 6 octobre au lieu du "traditionnel" vendredi, en raison de la grève nationale annoncée le 7 octobre prochain."

Les ressorties de l’été 2016 (1) : on the road again avec Macadam à deux voies de Monte Hellman

Posté par MpM, le 28 juin 2016

Macadam à deux voies

L'été est la période idéale pour faire une pause dans les nouveautés qui affluent sans fin chaque semaine et renouer avec de grands classiques, films cultes ou chefs d’œuvres oubliés, qui ressortent avec bonheur sur grand écran à cette époque de l'année.

Cette semaine, c'est un film maudit, devenu culte, qui ouvre le bal : Macadam à deux voies (Two-lane Blacktop) de Monte Hellman, sorti en 1971, et devenu au fil des années l'un des symboles de la contre-culture américaine. Ce vrai-faux road-movie, qui s'inspire beaucoup des expériences de la Nouvelle Vague, est une oeuvre énigmatique et déroutante dont on ne peut pas vraiment dire qu'elle cherche à flatter le spectateur.

Pendant 1h30, on suit deux conducteurs mutiques (The driver et The mechanic) dont toute l'attention semble focalisée sur leur Chevrolet 1955, une voiture qu'ils ont entièrement customisée pour écumer la route 66 en quête de courses à gagner. Ils prennent en stop une jeune fille (The girl) puis croisent la route d'un autre conducteur, au volant d'une Pontiac jaune rutilante (GTO). Tous quatre se lancent dans une course que l'on ne peut pas vraiment qualifier d'effrénée, mais plutôt d'hallucinatoire, ponctuée de pauses dans des stations services et des dinners typiques. La jeune fille passe d'une voiture à l'autre, le GTO noie ses interlocuteurs sous une flopée d'histoires dont seul le spectateur sait qu'elles sont à chaque fois différentes, le conducteur et le mécano n'ouvrent la bouche que pour parler moteur et réglages, cadences et courses à gagner.

Choc sensoriel hypnotique

C'est à peu près tout pour l'action, qui se dilue assez vite dans l'irrésistible fuite en avant où s'oublient les personnages. Rien d'autre ne compte que le mouvement, l'ailleurs à venir, la vitesse à tenir, et cette sensation impalpable de liberté qui souffle sur tout le récit. On est sidéré par la vacuité revendiquée du film qui refuse tout message ou quête de sens pour s'abîmer dans un choc sensoriel hypnotique révélateur de l'incommunicabilité et du désœuvrement de l'époque, ainsi que de l'irréconciliable conflit générationnel. Pas très étonnant que Macadam à deux voies, énorme échec public à la genèse plus que compliquée, ait séduit des réalisateurs comme Quentin Tarantino ou Gus van Sant, bouleversés par son aridité contemplative à la limite de l'absurdité, qui laisse toute sa place à la recherche cinématographique exigeante du réalisateur.

On le revoit aujourd'hui avec d'autant plus d'émotions qu'il est le seul film du célèbre musicien folk rock James Taylor (Sweet baby james, Mud slide slim, Carolina in my mind) et du cofondateur des Beach Boys, Dennis Wilson, flanqués de Warren Oates (acteur fétiche de Sam Peckinpah) et de la jeune mannequin Laurie Bird. Tous les quatre sont à la limite de la désincarnation, silhouettes privées de noms, d'histoires ou ne serait-ce que d'épaisseur, comme des figurants réduits aux quelques traits de caractère de leur archétype, faire-valoir terribles d'un film qui les dévore quasiment au sens propre.

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Macadam à deux voies de Monte Hellman

Sortie le 29 juin en version numérique restaurée
Distribué par Ciné Sorbonne

Salut l’ami! Bud Spencer (1929-2016) est mort

Posté par vincy, le 28 juin 2016

Il était le double de Terrence Hill. Le Hardy de Laurel des Western spaghetti. L'acteur italien Bud Spencer est décédé hier à Rome à l'âge de 86 ans, selon sa famille.

Carlo Pedersoli pour l'état civil était né à Naples le 31 octobre 1929. Avec Terence Hill, il avait tourné 18 films de 1959 à 1994, des western spaghetti ou des films policiers tous burlesques ou comiques. Il faisait rire les enfants, les ados. Ses baffes faisaient des bruits synthétisés accentués. Leur duo a longtemps, inégalement certes, attiré les foules en salles. Premier gros succès de la pair, On l'appelle Trinita en 1971 a atteint les 2,6 millions d"entrées, suivis de Cul et chemise en 1979 a séduit 2,2 millions de spectateurs en France, Salut l'ami, adieu le trésor en 1981 a frôlé 1,9 million d'entrées, Quand faut y aller, faut y aller dépasse en 1983 et Attention les dégâts en 1984 ont drainé 1,3 millions de fans. Mais leur plus gros hit reste On continue à l'appeler Trinita en 1972 avec plus de 3 millions de français dans les salles.

Avec son physique et sa bonhomie à la Obélix, la barbe en plus, il excellait dans les grosses beignes et l'humour potache. De Rome à Rio de Janeiro, il passe une jeunesse tranquille, brillant étudiant et excellent nageur. Ses qualités athlétiques vont lui permettre d'entrer à Cinecittà pour figurer dans des péplums comme Quo Vadis. Jusqu'en 1957, il tourne sous son vrai nom (Un héros de notre temps de Mario Monicelli, L'Adieu aux armes de Charles Vidor). Puis il se consacre à sa carrière sportive.

Sportif olympique

Après avoir été demi-finaliste du 100 mètres nage libre aux JO de Helsinki et ceux de Melbourne, et un septième titre de champion d'Italie - il est le premier Italien à descendre sous la minute dans un 100 m nage libre - , il abandonne définitivement la natation et retourne en Amérique du Sud pour fonder une famille avec la fille d'un producteur de cinéma.

A 38 ans, il tourne son premier western, Dieu pardonne, moi pas, de Giuseppe Colizzi, avec un certain Mario Girotti, dit Terrence Hill. Il trouve son pseudo, mélange d'un nom de bière et d'un hommage à Spencer Tracy. Il frappe les méchants durement mais il a un coeur gros comme ça.

Pourtant, il n'aura pas tourné que ce genre de films. Dans sa quarantaine de films, il est souvent inspecteur, shériff, sergent et même génie d'Aladin. Il est tête d'affiche de ses propres comédies, de gros cartons en Italie, signées Michele Lupo ou Steno. En guise de requiem cinématographique, on l'a vu en vieux capitaine dans En chantant derrière les paravents d'Ermanno Olmi, en 2004.

Il avait aussi essayé de se faire élire comme conseiller régional en 2006 sur la liste du parti de Silvio Berlusconi. Depuis quelques années, il écrivait ses Mémoires, dont les deux premiers tomes sont parus en Italie en 2010 puis 2014.