Edito: Black is the new Gold

Posté par redaction, le 8 février 2018

Le nouveau Marvel va débarquer sur les écrans. Black Panther est déjà au panthéon des adaptations de comics du côté de la critique américaine. Les louanges qui auréolent le film de Ryan Coogler s'accompagnent d'une prévision flatteuse au box office: on prévoit un démarrage à 150M$ pour ce film dont toutes les têtes d'affiche, à l'exception d'Andy Serkis et Martin Freeman, sont noires, d'Isaach de Bakolé à Forest Whitaker, d'Angela Bassett à Danuel Kaluuya, de Lupita Nyong'o à Michael B. Jordan, sans oublier la star du film, Chadwick Boseman.

C'est en soi un événement. Dans l'univers Marvel et DC Comics, les acteurs afro-américains sont secondaires. Il a fallu attendre le 7e Star Wars pour qu'un acteur noir soit parmi les héros. Et si on regarde parmi les 20 plus grosses recettes historiques d'Hollywood, hors animation, on ne compte que ces deux derniers Star Wars avec un rôle principal tenu par un(e) afro-américain(e).

Mais à Hollywood, on sent que le public est prêt à aller voir un film où les blancs ne seraient plus les stars. Pendant plus d'un demi-siècle, les spectateurs non-blancs ont du s'identifier à des stars caucasiennes. Puis, Sidney Poitier, Harry Belafonte, Sammy Davis Jr. Richard Pryor, Eddie Murphy, Danny Glover, Denzel Washington, Will Smith, Morgan Freeman, Samuel L. Jackson et Forest Whitaker ont prouvé qu'on pouvait être noir, reconnu et populaire, au-delà d'une segmentation ethnique absurde (mais très marketing). Le chemin a été long mais l'avènement d'un blockbuster comme Black panther sera historique dans un système où seul le dollar compte.

Après l'Oscar du meilleur film pour Moonlight l'an dernier, le carton critique et public de Get Out au printemps, la boucle est bouclée. Pourquoi tout cela arrive en même temps? Les Etats-Unis sont fracturés socialement, économiquement et politiquement. Les tensions raciales, malgré l'élection et la réélection de Barack Obama, ont perduré. Les afro-américains se sentent toujours victimes, discriminés. Il suffit de se rappeler du mouvement Oscars So White il y a trois ans. Depuis, l'Académie s'ouvre aux minorités ethniques. Et des Emmy Awards aux Oscars, désormais, les noirs valent de l'or.

De la même manière s'ouvre un autre cycle depuis cet été: la place de la femme à Hollywood. Le carton de Wonder Woman a prouvé qu'une réalisatrice et une actrice pouvaient rapporter gros avec une histoire d'héroïne. Là encore, Kathryn Bigelow, Nora Ephron, Mimi Leder, Nancy Meyers, Phyllida Lloyd, Catherine Hardwicke avaient montré que c'était possible. Mais Patty Jenkins a explosé tous les records et, surtout, a réussi avec un film dont le héros était une femme, qui n'a pas besoin d'un homme à ses côtés pour terrasser les ennemis. Avec le phénomène #MeToo, le triomphe des femmes sur le petit écran (Top of the Lake, réalisé par Jane Campion, Big Little Lies, produit par Reese Witherspoon), les résultats phénoménaux de films comme La belle et la bête, Hunger Games, Rogue One où les actrices sont en première ligne, ainsi que l'affirmation d'une égalité des sexes, on peut prédire que l'ambition des femmes va être récompensée dans les prochaines années, que ce soit au box office ou aux Oscars.

Noire et femme, Ava DuVernay pourrait être le miracle "intersectionnel" attendu avec la sortie de son film Un raccourci dans le temps, blockbuster fantasy familial à 100M$ de budget, en salles le 14 mars.

Pendant ce temps en France, hormis Omar Sy, on reste blanc. Une seule comédienne (Eye Haidara, catégorie espoir féminin) est non blanche parmi tous les acteurs et toutes les actrices nommé(e)s. Trois comédiens (Lucien Jean-Baptiste, Aissa Maiga, Ahmed Sylla) ont été en têtes d'affiche de films ayant dépassé le million d'entrées l'année dernière. Régulièrement, pourtant, que ce soit pour le petit comme pour le grand écran, les études montrent que les œuvres ne reflètent pas la société française: pas assez de jeunes ou de vieux, pas assez de femmes, trop de CSP+, à peine 15% de comédiens "perçus" comme non-blancs. La mixité n'existe que dans le métro?

Rassurez-vous, le cinéma hollywoodien remédie au problème. Et Black Panther sera aussi un succès en France.

L’instant Zappette: Emmy Awards are the new black !

Posté par wyzman, le 15 juillet 2016

Il y a quelques heures seulement, la liste des nommés des 68ème Emmy Awards a été dévoilée. Et force est de reconnaître qu'outre quelques oubliés (Uzo Aduba pour OITNB en tête), cette liste nous satisfait pleinement sur au moins un point : sa diversité. Dans le but d'éviter une polémique du type #OscarsSoWhite, l'Académie a pris des mesures drastiques et fait le choix de nommer des personnalités de couleur - qui le méritent sincèrement.

Du coup, c'est sans surprise que l'on retrouve parmi les nommés la comédie Black-ish ainsi que ses deux acteurs principaux, Anthony Anderson et Tracee Ellis Ross. Dans la catégorie meilleure actrice dans une série dramatique, Viola Davis de HTGAWM et Taraji P. Henson d'Empire sont également de retour. L'an dernier, la première était repartie avec le précieux Graal. Passés le buzz et la sensation de nouveauté, les deux femmes pourraient bien perdre face à Tatiana Maslany d'Orphan Black ou Keri Russell de The Americans. Voire carrément Robin Wright de House of Cards !

Grand gagnant de l'an dernier, Idris Elba est à nouveau nommé dans la catégorie meilleur acteur dans une mini-série ou un film pour son rôle dans Luther. Face à lui, il aura beaucoup de compétition. En effet, deux acteurs de couleur issus de The People v O.J. Simpsons : American Crime Story sont nommés : Cuba Gooding Jr. et Courtney B. Vance. La série de Ryan Murphy raconte dans sa première saison le procès d'Orenthal James Simpson, le joueur de football accusé du double homicide de son ex-femme Nicole Brown Simpson et de son compagnon Goldman. Fortement axé sur la question raciale (pour des raisons évidentes), le show de FX est nommé dans la catégorie meilleure mini-série tandis que Sterling K. Brown a été sélectionné parmi les meilleurs seconds rôles.

Par la suite, impossible de ne pas évoquer les nominations des deux comédies de Netflix, Unbreakable Kimmy Schmidt et Master of None. Le créateur de la seconde, Aziz Ansari est nommé dans la catégorie meilleur acteur d'une comédie et l'on ne peut qu'espérer qu'il remportera cet Emmy Award tant son interprétation de trentenaire new-yorkais, fils d'immigrés indiens est géniale. Du côté d'Unbreakable Kimmy Schmidt, la nomination de Tituss Burgess parmi les meilleurs seconds rôles est un véritable soulagement. Le personnage haut en couleur qu'il campe est divin. (Par ailleurs, si vous ne regardez pas Kimmy Schmidt, il serait d'ailleurs temps de vous y mettre !)

Évoquons maintenant la nomination de Kerry Washington pour son interprétation d'Anita Hill dans le téléfilm de HBO Confirmation. Brillante, c'est entre Sarah Paulson (The People v O.J. Simpson) et elle que se jouera ce prix ! Qui plus est, les 4 nominations de Beyoncé et de son documentaire Lemonade devraient ravir ses fans ainsi que les militants du mouvement #BlackLivesMatter quand les plus sériephiles d'entre nous peuvent se frotter les mains en voyant que Regina King n'a pas été oubliée pour American Crime.

Enfin, ne passons pas outre les nominations de Reg E. Cathey et Mahershala Ali de House of Cards, Keegan Michael-Key, Tracy Morgan, Steve Harvey… et RuPaul, la célèbre drag queen. Et tandis qu'Andre Charles de son vrai nom a dédié sa nomination "à tous les outsiders à travers le monde", Rami Malek, lui, peut d'ores et déjà savourer sa première nomination dans la catégorie meilleur acteur d'une série dramatique grâce à Mr. Robot ! Déjà nommé aux derniers Golden Globes, l'acteur de 35 ans aux ancêtres égyptiens et grecs pourrait bien repartir avec l'Emmy cette fois. C'est tout ce qu'on lui souhaite !

683 nouveaux électeurs aux Oscars, et pas mal de francophones….

Posté par vincy, le 1 juillet 2016

La polémique #OscarsSoWhite avait amené l'Académie à vouloir faire sa révolution jusqu'en 2020 pour modifier son collège de votants. Trop d'hommes, trop de blancs, trop de vieux. Chaque mois de juin, l'Académie propose donc à de nouveaux talents - de l'attaché de presse au cadre du studio en passant par les comédiens, cinéastes etc...- de pouvoir voter dès la prochaine fournée. Cette année, chose promise, chose due, 46% des nouveaux membres sont des femmes (ce qui fait une progression totale de deux points) et 41% ne sont pas WASP (+3 points au total). On est encore loin d'un panel paritaire et multiethnique mais ça progresse.

Dolan, Paredes, Watson, Kawase, Loach, et de nombreuses réalisatrices françaises...

A total, l'Académie des Oscars a convié 683 nouvelles personnalités. C'est 39 invités de moins qu'en 2015 mais 12 de plus qu'en 2014. Et parmi elles, pas mal de réalisatrices françaises, des comédiennes almodovariennes, des cinéastes asiatiques, etc... : John Boyega, le plus jeune membre désormais, Idris Elba, Brie Larson, Kate Beckinsale, Ryan Coogler, Michael B. Jordan, Emma Watson, Greta Gerwig, Carla Gugino, Rachel McAdams, Tom Hiddleston, Patti LuPone, Marlon Wayans, Alicia Vikander, Mark Rylance, Bruce Greenwood, Dennis Haysbert, Byung-Hun Lee, Eva Mendes, Tatsuya Nakadai, Marisa Paredes, Cecilia Roth (acteurs/actrices) ; Jeanne Lapoirie (image), Marie-Hélène Dozo (montage), Olivier Bériot, Madeline Fontaine, Pierre-Yves Gayraud (costumes) ; Lenny Abrahmson, Ramin Bahrani, Catherine Breillat, Clément Calvet, Nuri Bilge Ceylan, Souleymane Cissé, Isabel Coixet, Xavier Dolan, Denise Gamze Ergüven, Ari Folman, Anne Fontaine, Nicole Garcia, Mia Hansen-Love, Hou Hsiao-hsien, Naomi Kawase, Abdelattif Kechiche, Abbas Kiarostami, Kiyoshi Kurosawa, Ken Loach, Nicolas Marlet, Lucrecia Martel, Adam McKay, Ursula Meier, Cristian Mungiu, Laszlo Nemes, Euzhan Palcy, Park Chan-wook, Lynne Ramsay, Lucia Puenzo, Nicolas Winding Refn, Patricia Rozema, Marjane Satrapi, Margarethe von Trotta, Apitchapong Weerasethakul, les soeurs Wachowski ; Mary J. Blige, Sia Furler, Will.I.Am (musique). Etrangement Jia Zhang-ke entre dans le collège des scénaristes, tout comme Hirokazu Koreeda, Yorgos Lanthimos, Mia Hansen-Love et Naomi Kawase (en plus de la casquette de réalisatrice, tout comme Mungiu, Park Chan-wook côté réalisateur), Miranda July, Tina Fey, Lee Chang-dong, Carlos Reygadas, Phyllis Nagy, Clara Royer et Alice Winocour.

Comme on le voit, ils ont pioché dans le gratin du cinéma mondial, et notamment dans les palmarès des grands festivals: on retrouve pas mal d'habitués du Festival de Cannes dans la liste. 41% des nouveaux votants sont étrangers, provenant de 59 pays.

Désormais le collège d'électeurs va de 24 à 91 ans. Encore, faut-il qu'ils votent pour que les nominations soient plus diversifiées. Mais c'est un pas dans la bonne direction vers une représentativité du cinéma mondial.

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Oscars 2016: Sacres (attendus), belles surprises et beaucoup de politique!

Posté par wyzman, le 29 février 2016

La nuit dernière se tenait la 88ème cérémonie des Oscars. Et une chose est sûre, le grand rendez-vous des professionnels de l'industrie du cinéma était à ne pas manquer. Et cela, pour plusieurs raisons. La première et la plus évidente : après la polémique des #OscarsSoWhite, les discours de Chris Rock étaient incroyablement attendus. Et l'humoriste américain n'a pas manqué de faire part de son ressentiment face au manque de diversité parmi les nommés.

Dès l'introduction, l'acteur de 51 ans n'a pas mâché ses mots : "Dans les années 60, ça a dû arriver et on n'a pas manifesté. Pourquoi ? Parce qu'on avait des vrais problèmes à résoudre ! Si les votants nommaient les maîtres de cérémonie, je ne serais même pas là. Tout le monde m'a dit de boycotter les Oscars. Mais il n'y a que les gens au chômage qui te disent de démissionner ! Jada Pinkett Smith a dit qu'elle boycottait les Oscars. Mais c'est comme si moi je boycottais les sous-vêtements de Rihanna : je n'y ai pas été invité !" Voilà qui était dit. Pendant 3 heures, les références au manque de diversité n'ont fait que s'enchaîner pour le bonheur de certains - mais pas de tous. En effet, en faisant chacun de ses discours sur le ton de l'humour, il se pourrait bien que Chris Rock soit passé à côté du propos. La présidente de l'Académie, Cheryl Boone Isaacs, en a profité pour venir sur scène rappeler à tous que "Les Oscars célèbrent les conteurs qui ont la chance travailler sur ce médium puissant qu'est le film" avant d'évoquer les réformes déjà entreprises.

Grâce aux apparitions de Stacey Dash, Kevin Hart, Kerry Washington, Priyanka Chopra ou encore Michael B. Jordan, la cérémonie a fait son possible pour montrer qu'elle allait de l'avant, se parant de couleur parmi les présentateurs à défaut de le faire du côté des nommés. Malheureusement, on passera difficilement outre certaines vannes de Chris Rock un peu trop osées pour l'assistance. On pense notamment à la vente de cookies pour l'association de sa fille qui lui ont surtout permis de balancer à Leonardo Dicaprio : "Allez, t'as gagné 30 millions !" rappelant ainsi les inégalités salariales qui touchent le secteur. Déplacés, culottés ou juste couillus, les efforts de celui qui a joué dans Two Days in New York n'ont pas éclipsé la talent de Neil Patrick Harris et Ellen DeGeneres, ses deux prédécesseurs. Dommage.

A côté, bien qu'elle n'ait pas remporté l'Oscar de la meilleure chanson originale avec "Till It Happens To You", Lady Gaga a tout de même livré un live digne de ce nom ! Introduite par Joe Biden, l'actuel vice-président des Etats-Unis, la chanteuse révélée par "Just Dance" était accompagnée de "survivants" de viols et a dédié sa prestation à Kesha Rose. Oscarisé pour "Writing's On the Wall", Sam Smith a dédié son prix à la communauté LGBT. On vous l'a dit, il y avait beaucoup de politique lors de ces Oscars ! D'ailleurs, nous serions tentés de dire que choisir Spotlight comme Meilleur film n'est pas anodin… Venu chercher son prix, le réalisateur Adam McKay a déclaré : "Cet Oscar est un mégaphone, j'espère que notre message résonnera jusqu'au Vatican : il faut protéger les enfants !"

Mais bien évidemment, tout ce qu'il faut retenir de ces Oscars, c'est le sacre de Leonardo DiCaprio. Annoncé comme grand favori, l'interprète de Hugh Glass dans The Revenant a enfin pu rentrer chez lui avec la fameuse statuette dorée qu'on lui promet depuis deux décennies ! D'ailleurs, il n'a pas hésité à remercier Martin Scorsese "qui [lui a] appris tant de choses sur le septième art" lors de son discours de remerciements. Vous noterez qu'après Le Loup de Wall Street, les deux hommes se retrouveront en 2017 pour The Devil in the White City, leur sixième collaboration.

Pour le reste, il convient d'évoquer les 6 prix techniques décernés à Mad Max : Fury Road qui n'ont fait que rappeler le génie de George Miller, à qui les votants ont préféré Alejandro G. Inarritu. Face à Mustang, Le Fils de Saul a su se montrer à la hauteur, confirmant ainsi les pronostics de la presse spécialisée. Enfin, et parce qu'il est toujours bon de finir sur un peu d'optimisme, félicitons Brie Larson et Alicia Vikander. Dans Room, le nouveau film de Lenny Abrahamson, la première excelle et s'est vue attribuer l'Oscar de la Meilleure actrice, coiffant Cate Blanchett et Carol au poteau. La seconde, très appréciée outre-Atlantique, est repartie avec l'Oscar du Meilleur second rôle féminin. Et parce qu'elle sauve complètement The Danish Girl, il va sans dire que c'était amplement mérité !

Pour découvrir le palmarès complet, c'est ici.

César 2016 : Une Foresti party faite de Louboutin et d’autres surprises !

Posté par wyzman, le 27 février 2016

Une chose est sûre, la 41ème cérémonie des César qui avait lieu hier soir au Théâtre du Châtelet (Paris) ne nous a pas laissé de marbre. Plus encore et parce qu'elle était présentée par une Florence Foresti survoltée (mais drôle), nous avons passé un très bon moment. Les sacres de Fatima (meilleur film), Mustang (meilleur premier film), Catherine Frot (meilleure actrice) et Vincent Lindon (meilleur acteur) nous ont émus mais il n'y avait pas que ça. Oh non ! Nous aurions même tendance à dire que le meilleur se trouvait ailleurs que dans le palmarès !

On commencera donc par le commencement : Florence Foresti. Introduction géniale, références à Nikita, Itinéraire d'un enfant gâté et Black Swan. Entrée théâtrale et presque fracassante, petit clin d'œil aux #OscarsSoWhite et vannes sur les clichés. Oui, celle qui a déjà été faite Chevalier des Arts et des Lettres a tout compris de l'esprit Canal et sait comment dynamiter une cérémonie peu attirante. Pour cause, elle a passé la soirée à envoyer des piques à tout le monde. On pense notamment à son "Dheepan ? Encore une bonne comédie hein !" envoyé à Jacques Audiard ou le fameux "Vincent Lindon ? C'est un peu notre Leonardo DiCaprio… Toujours nommé, jamais césarisé !" Jusqu'à hier soir. Sans trop forcer sur ses personnages, l'humoriste a prouvé, seule ou "bloquée" avec Vanessa Paradis et sa licorne, qu'elle pouvait faire rire. Vraiment rire !

Mais elle n'a pas été la seule à plaire à l'audience. Après l'énorme buzz suscité l'an dernier par le "En attendant, moi je ne me fais pas bronzer la bite dans des films de pédés" de Zabou Breitman à Pierre Deladonchamps, les deux comparses ont remis le couvert pour le bonheur de tous. "Il y a des gens biens ce soir…" commence l'acteur révélé dans L'Inconnu du lac. Ce à quoi l'actrice vue dans Nous trois ou rien répond : "Oui, et des pourritures humaines qui vendraient leur mère pour des Louboutin !" Voilà qui est dit. A quand une comédie en commun ?

Quant au reste de la soirée, il aura été marqué par le discours fadasse et récité de Louane Emera, la mine blafarde de Nicolas Duvauchelle et les tendres remerciements de Rod Paradot (meilleur espoir masculin pour La Tête haute). Ses gouttes de sueur et son "Je dois remercier ma mère… C'est elle qui tous les jours croit en moi !" ont attendri l'assistance, les téléspectateurs et Twitter. Nouvel instance de contrôle, le réseau social n'a pas manqué de noter la longueur globale de la cérémonie, le discours en très bon français de Michael Douglas (César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière) et de s'impatienter face au sketch à rallonge de Jonathan Cohen... C'est dommage, jusque-là on tenait le bon bout ! Surtout que Foresti était inspirée quand elle a dénoncé la cabale contre Loubna Abidar en infantilisant ceux qui ne font pas la distinction entre fiction et réalité...

En terminant comme convenu à 00:00, Florence Foresti a tenu son pari. Une très bonne chose. Plus vivante et audacieuse que les éditions passées, cette 41ème cérémonie aura été l'occasion de rendre hommage à toutes les personnalités disparues récemment (et elles sont nombreuses) ainsi que de porter un regard sur l'avenir. Claude Lelouch l'assure : "Préparez vos caméras, il y aura de très belles choses à filmer" en 2016. Mais ce n'est pas fini ! Comme les votants ont consacré les femmes, c'est sans surprise que Christine & the Queens s'en est allé d'une reprise de "It's Only Mystery", la bande originale de Subway, le second film de Luc Besson. Vous l'aurez compris, les César 2016 étaient la meilleure cérémonie depuis bien longtemps !

D'ailleurs l'audience était en hausse par rapport à l'année dernière. FF a séduit 100 000 téléspectateurs de plus malgré une vive concurrence de Koh-Lanta et du Rugby.

Pour découvrir le palmarès complet, c'est par ici.

Quand Hollywood s’insurge… contre Hollywood !

Posté par wyzman, le 26 février 2016

Dans un article du New York Times publié mercredi, les acteurs, producteurs, scénaristes et réalisateurs issus de la diversité et qui font la fierté de Hollywood évoquent leurs conditions de travail. Des souvenirs de jeunesse aux plateaux de tournage en passant par les défis à relever, tout y passe. Et contrairement à ce que l'on pensait ou espérait jusque-là, Hollywood est loin d'être le royaume de la diversité et des bisounours. Après la polémique des #OscarsSoWhite et le rapport de l'école de journalisme et de communication d'Annenberg qui indique que seuls 2% des personnages de grosses productions sont ouvertement LGBT, le royaume californien encaisse un nouveau coup dur.

En effet, dans ledit article du New York Times, Sam Esmail le créateur de Mr. Robot affirme : "En grandissant, je pensais que l'homme blanc était la norme, que c'était le personnage de base de chaque histoire." Ken Jeong, la star de Very Bad Trip enchaîne : "Un prof de théâtre de UCLA m'avait donné de bonnes notes après une performance et m'avait dit : 'T'es un bon acteur, c'est pourquoi je te le dis, dégage de L.A. Il n'y a pas de futur pour toi ici. Va en Asie !'" Juste après, America Ferrera, l'ancienne star de la série Ugly Betty lance : "Qu'est-ce que vous faites quand quelqu'un vous dit : 'Ta couleur de peau, c'est pas vraiment ce qu'on recherche' ?"

Scénariste de 12 Years a Slave et showrunner de la série American Crime, John Ridley poursuit : "J'étais déterminé à ce que le personnage principal [d'un film] soit une femme noire et je me souviens des producteurs me disant 'Pourquoi doit-elle être noire ?' et moi leur répondre 'Elle ne doit pas l'être : je veux qu'elle soit noire. Pourquoi vous ne l'envisageriez pas ?'" De son côté Mike Colter (vu dans The Good Wife et Jessica Jones) signale : "Je suis généralement le seul noir dans la pièce. […] Je ne vois pas cela de manière négative, parce que si je commence à le faire, j'ai déjà perdu avant même d'avoir commencé."

Si le rapport d'Annenberg pointe le manque de diversité ethnique, genrée et sexuelle dans l'usine à rêves américaine, tout n'est peut-être pas à jeter. A propos de sa nouvelle série Telenovela, Eva Longoria s'amuse : "C'était réconfortant d'entendre l'équipe dire 'Eva, t'es une sacrée Latina. On va bien devoir caster un mâle blanc à un moment donné' !" De son côté, Jussie Smollett qui incarne le fils gay de Lucious et Cookie Lyon dans Empire se souvient : "Dans un restaurant, ce mec plus âgé est venu me voir et m'a dit 'Je ne veux pas vous déranger, je ne veux pas de selfie, je veux juste vous dire que l'intrigue de Jamal m'a vraiment aidé à parler à mon fils de sa sexualité.'"

Alors que les Oscars se tiendront comme prévu au Dolby Theatre de Los Angeles ce dimanche soir, Hollywood tente aujourd'hui et plus que jamais de réparer un système visiblement cassé. Des minorités peu présentes devant et derrière la caméra, des personnalités qui appellent au boycott, un présentateur sous pression… Si cette année devait être celle de la reconquête, c'est franchement raté. Par chance, les Emmy Awards, les Golden Globes, les SAG Awards et les NAACP Image Awards donnent désormais le la et ce n'est pas plus mal. Parce que niveau diversité, s'il faudra certainement se contenter du sacre du réalisateur mexicain Alejandro G. Inarritu dimanche soir, on croise d'ores et déjà les doigts pour 2017.

Des SAG Awards 2016 en forme d’anti-Oscars ?

Posté par wyzman, le 1 février 2016

C''est samedi soir qu'avaient lieu les Screen Actors Guild Awards, une cérémonie de remise de prix créée par le syndicat des acteurs, le plus puissant à Hollywood, et qui, comme les Oscars et les Golden Globes, récompense les performances des artistes de l'audiovisuel. Alors que l'Académie américaine connaît actuellement un bad buzz phénoménal suite à ses  nominations 100% white et le hashtag #OscarsSoWhite qui a déjà poussé les Smith et Spike Lee à boycotter la cérémonie (lire notre actualité du 23 janvier), les SAG Awards ont visiblement bien appris la leçon. En effet, depuis la divulgation des vainqueurs, le Web est envahi d'articles prônant la diversité de cette 22ème édition des Screen Actors Guild Awards. Et pour cause !

Coté cinéma, Leonardo DiCaprio (The Revenant) et Brie Larson (Room) sont respectivement repartis avec le SAG Award du meilleur acteur et de la meilleure actrice, les plaçant en logiques favoris des Oscars. Idris Elba (Beasts of No Nation) et Alicia Vikander (The Danish Girl) ont été nommés meilleurs seconds rôles. Le premier n'a pas été nommé aux Oscars, la seconde devrait là aussi recevoir la statuette si la logique s'impose.

Enfin, last but not least, Spotlight s'est vu attribué le prix de la meilleure distribution dans un film, devenant ainsi le nouveau favori (de la semaine?) pour l'Oscar du meilleur film. Récemment, une année sur deux le film recevant ce prix repart avec l'Oscar suprême.

Black panthers

Mais le plus intéressant nous vient des récompenses liées à la télévision. Car comme nous vous le disions récemment, c'est désormais là-bas que la diversité se trouve convenablement représentée.

Alors qu'il passait déjà une bonne soirée, Idris Elba a reçu un second prix, celui du meilleur acteur dans une mini-série pour son rôle de détective dans Luther. C'est le septième prix que l'acteur reçoit grâce à ce personnage. Preuve, s'il en fallait une que Luther, est une série à suivre, tout comme son interprète ! Combien de temps avant qu'il n'endosse le costume de James Bond, hein ? Chez les femmes, c'est une autre artiste noire dont la performance a été saluée : la trop rare Queen Latifah pour Bessie, un téléfilm produit et diffusé par HBO.

Comme l'année dernière, Kevin Spacey et Viola Davis ont également été récompensés pour leur rôle respectif dans House of Cards et How to Get Away with Murder. Classée parmi les 15 séries à suivre en 2015, HTGAWM a déjà permis à Viola Davis de remporter un Emmy Award, un Golden Globe, un NAACP Image Award, un People's Choice Award et désormais deux SAG Awards ! A quelques semaines de la sortie de Suicide Squad, Viola Davis peut à nouveau remercier Shonda Rhimes et Peter Nowalk d'avoir permis à son personnage d'Annalise Keating de voir le jour.

Et ce n'est pas fini ! Pour son rôle de femme transgenre dans Transparent, Jeffrey Tambor a reçu samedi soir le SAG Award du meilleur acteur de comédie, tandis qu'Uzo Aduba (alias Crazy Eyes dans Orange is the New Black) est repartie avec celui de la meilleure actrice de comédie. Vous l'aurez donc compris, en récompensant la diversité visible à la télévision, les SAG Awards ont officiellement fait la nique aux Oscars. A moins que cela ne soit qu'une manière de compenser l'absence de nomination pour des acteurs de couleurs chez le grand frère ? La question mérite d'être posée.

Ce qui n'a pas empêché Viola Davis d'y aller de son bon mot. En coulisses, elle a notamment déclaré : "Nous sommes devenus une société de tendances (en référence aux hashtag "trend topic" de Twitter, NDLR). La diversité n'est pas une tendance… Je me vois comme une actrice. Peu importe ce qui se passe dans le milieu, je trouverai un moyen de pratiquer mon art." Avant d'ajouter : "Quand tu regardes Annalise, elle n'est pas qu'une femme noire, c'est une femme qui mène sa vie. Les gens oublient ça dans notre business." Voilà qui est dit.

Oscars 2016 : Entre blancheur, oubli et hypocrisie

Posté par wyzman, le 17 janvier 2016

Jeudi dernier, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences a dévoilé la liste des nommés aux prochains Oscars. Bien évidemment, les 12 nominations de The Revenant et le sacre à venir de Leonardo DiCaprio n'ont échappé à personne. Néanmoins, et très vite, la Toile n'a pas manqué de relever l'absence flagrante d'acteurs de couleur parmi les 20 nommés aux prix d'interprétation. Plus encore, ou plus grave si vous préférez, cette année les catégories Meilleur documentaire et Meilleur scénario original ont également été touchées par cet "oubli" des votants. Si l'on s'attarde sur l'histoire des Oscars, on constate très rapidement que ce type d'oubli (ne pas nommer des professionnels de l'industrie du cinéma de couleur) n'est pas nouveau. Mais après le tollé rencontré l'année dernière avec le hashtag #OscarsSoWhite, nous pouvions espérer que les choses allaient rentrer dans l'ordre.

Pour expliquer l'absence d'acteurs, de réalisateurs ou de scénaristes de couleur parmi les nommés, nous pourrions dire qu'aucun n'a fourni de travail suffisamment intéressant pour mériter une nomination. Mais ce serait faux. Si vous lisez Ecran Noir ou si vous êtes simplement cinéphile, il ne vous a pas échappé que cette année, certains acteurs de couleur ont livré des performances remarquables. A l'instar de The Wrap (qui a listé pas moins de 14 acteurs oscarisables), nous pensons à Idris Elba (Beasts of No Nation), Mya Taylor (Tangerine), Will Smith (Concussion), Oscar Isaac (Ex Machina), Jason Mitchell (Straight Outta Compton) et bien évidemment Michael B. Jordan (Creed). Alors comment se fait-il qu'aucun d'entre eux ne soit nommé ? Et comment peut-on penser à nommer Sylvester Stallone pour Creed et pas celui qui porte tout le film ?

93% des votants aux Oscars sont blancs

Premier élément de réponse : Hollywood est l'incarnation même de l'hypocrisie. Récemment, nous évoquions son sexisme apparent (11% de femmes scénaristes, sérieusement ?) Comme le dit si bien Spike Lee : "Nous pourrions remporter un Oscar maintenant ou plus tard, mais un Oscar ne va pas fondamentalement changer comment Hollywood fait du fric. Je ne parle pas des stars hollywoodiennes. Je parle des cadres. Nous ne sommes pas dans la pièce." Et le réalisateur de Inside Man voit juste : rares sont les personnes de couleur qui ont du poids à Hollywood, qui prennent les décisions qui importent, qui sont prêtes à investir dans des projets "orientés" vers les gens de couleur, hormis quels comédies "ciblées" pour la communauté afro-américaine, où la mixité n'est jamais flagrante. Les Oscars ne sont ainsi que la résultante de la "blanchitude" de la chaîne de valeur. En décembre 2013, le Los Angeles Times portait un constat effarant : sur les 6028 votants, 93% d'entre eux étaient blancs, 76% étaient des hommes et la moyenne d'âge était de 63 ans. Oui, oui, 63 ans ! Voilà sans doute pourquoi 6 des 8 films nommés pour l'Oscar du Meilleur film cette année sont portés par des hommes d'origine caucasienne.

Deuxième élément de réponse : la diversité se trouve du côté de la série télé. Après l'annonce des nominations, Fusion n'a pas tardé à lister tous les acteurs de séries qui comptent aujourd'hui. De Viola Davis (How to Get Away with Murder) à Taraji P. Henson (Empire) en passant par Gina Rodriguez (Jane the Virgin), Aziz Ansari (Master of None) et Constance Wu (Fresh Off The Boat). Bref, et comme le précisait Viola Davis lors de son discours aux derniers Emmy Awards (elle était la première afro-américaine à recevoir ce prix!), il est impossible pour des acteurs de couleur de remporter des prix lorsque les rôles intéressants n'existent pas. Mais vous conviendrez que depuis Grey's Anatomy, la télévision américaine n'a eu de cesse de se colorer efficacement, lentement et sûrement. Merci Shonda Rhimes !

Troisième élément de réponse : les critiques n'atteignent pas la télévision. La 88ème cérémonie sera retransmise sur ABC le 28 février prochain et les patrons de la chaîne n'ont pas choisi n'importe quel hôte : l'acteur noir Chris Rock. Comique apprécié, rentable (Tout le monde déteste Chris, Madagascar, Empire) et pragmatique, il ne fait aucun doute que les blagues à caractère racial iront bon train ce soir-là. Après Diana Ross (1974), Richard Pryor (1977, 1983) et Whoopi Goldberg (1993, 1995, 1998, 2001), Chris Rock n'est que la quatrième personnalité de couleur à se faire le présentateur de cette cérémonie. Et bien qu'il l'ait déjà fait en 2005, il est important de préciser que Chris Rock suit Ellen DeGeneres (2014) et Neil Patrick Harris (2015), deux acteurs ouvertement homosexuels et donc membres de ce que l'on appelle encore une "minorité".

Quatrième élément de réponse : les grands rôles au cinéma sont souvent des clichés. Précisons qu'ici il est question de rôles destinés à des acteurs de couleur. A Hollywood, les rôles destinés aux acteurs non-Caucasiens sont de trois types : criminel, comique ou figure historique. Et ils sont le plus souvent l'œuvre de scénaristes blancs. Voilà pourquoi le dernier black à remporter l'Oscar du meilleur acteur était Forest Whitaker pour Le Dernier Roi d'Ecosse (2006). Du côté des femmes, c'est la violence (psychologique ou physique) subie par leur personnage qui détermine leur oscarisation. Et les nominations passées d'Angela Bassett (Tina - 1993), Halle Berry (A l'ombre de la haine - 2001), Gabourey Sidibe (Precious - 2009), Viola Davis et Octavia Spencer (La Couleur des sentiments - 2011) et Lupita Nyong'o (12 Years a Slave - 2013) en sont la preuve ! Que ce soit pour le box office ou les Oscars, les minorités subissent la Loi hollywoodienne (à savoir fédérer le plus grand nombre). Or, les studios ont su fabriquer des stars "blacks" bankables et respectables dans les années 90 (Denzel Washington, Morgan Freeman, Will Smith, Samuel L. Jackson) mais en ont été incapables depuis quinze ans. Il y a de grands acteurs, de grandes actrices, mais apparemment, personne ne les voit. Et pire, personne ne peut penser qu'un James Bond soit noir, malgré les rumeurs / fantasmes autour de cette hypothèse, ou que la couleur de peau ne change rien à un personnage principal d'un drame oscarisable.