Amazon drague Jean-Pierre Jeunet pour une série sur Casanova

Posté par redaction, le 9 avril 2015

jean pierre jeunet © ecran noirAmazon Studios a recruté Jean-Pierre Jeunet pour le pilote d’une nouvelle série sur Casanova. L’acteur mexicain Diego Luna, et compère de Gael Garcia Bernal (qui est l’acteur d’une autre série d’Amazon, Mozart in the Jungle), incarne le séducteur italien.

Sur son site, le cinéaste avait confirmé le projet début février. « C’est parti pour Casanova. La règle du jeu est foncièrement différente, il faut préparer en une dizaine de semaines au lieu des huit mois pour un long-métrage, tourner en une vingtaine de jours au lieu d’une vingtaine de… semaines. Bref un challenge intéressant, paniquant et excitant. Moi qui voulais faire un truc érotique… le voilà! »

Les journaux professionnels américains indiquent que Jeunet, à ce jour, n’a été engagé que pour l’épisode pilote. Au casting, on retrouve également Bojana Novakovic (Madame de Pompadour), Miranda Richardson (Marquise d’Urfé), Ben Daniels (Francois-Joachim de Bernis) et Amelia Clarkson (Manon Ballett).

La série cherche à révéler les autres facettes du personnage, notamment son rôle d’espion. Le pilote commence alors qu’il s'échappe d'une prison vénitienne et se rend à Paris pour refaire sa vie, en 1758.

Libertin et subversif, Giacomo Casanova (1725-1798) a été l’unique prisonnier à s’être évadé dans l’histoire de la prison des Plombs (ce qu’il retrace dans ses Mémoires).  Héros mythique du cinéma, il a été incarné par Marcello Mastroianni, Alain Delon, Heath Ledger, John Malkovich, Richard Chamberlain, Tony Curtis, Vittorio Gassman, Vincent Price, Donald Sutherland…

Jean-Pierre Jeunet n’a rien tourné depuis L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, sorti en 2013. Le film a été un échec : de ses sept longs métrages, c’est le seul à ne pas avoir dépassé le million de spectateurs en France.

Binoche, Luchini et Bruni-Tedeschi dévorés par Bruno Dumont

Posté par geoffroy, le 8 avril 2015

Bruno Dumont prépare son nouveau long métrage, qu'il tournera cet été pour une sortie dans un an (idéalement prêt pour Cannes 2016).

Selon le Film français, Ma Loute (Slack Bay pour l'international), qui sera distribué en France par Memento films, réunira Juliette Binoche, Fabrice Luchini, Valeria Bruni-Tedeschi et Jean-Luc Vincent. Des vedettes en tête d'affiche chez Dumont, ce n'est pas si courant. Pour être précis, hormis Camille Claudel 1915, avec, déjà, Juliette Binoche et Jean-Luc Vincent (respectivement dans les rôles de Camille et Paul Claudel), le réalisateur a toujours préféré des comédiens non-professionnels.

Le film a reçu l'avance sur recettes et bénéficie du soutien d'Arte.

Dumont qualifie son nouveau film de tragi-comédie. En 1910 dans la baie de la Slack sur la côte d’Opale), Ma Loute Bréfort, 18 ans, cueilleur de moules, pêcheur et passeur de la Slack, vit avec sa famille dont tous les membres mâles sont mystérieusement anthropophages. Les Bréfort aiment dévorer le bourgeois lillois et des environs. Les disparitions font sensation sur tout le littoral et les forces de l’ordre dont l’enquête est malmenée par un inspecteur de police quasi dément, Machin, et son adjoint Malfoy. On se croierait dans le P'tit Quinquin, série TV diffusée avec succès l'an dernier sur Arte après avoir été présentée à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes... Les Van Peteghem, une riche et snob famille de Lille, en vacances dans une villa, se mélangent aux petites gens du pays tandis que Ma Loute et sa famille les mangeraient bien. Manque de chance Ma Loute tombe amoureux de la jeune Billie Van Peteghem, ce qui va bouleverser les deux familles, ébranler leurs conventions et leurs mœurs.

Une farce noire, loin des films dramatiques auxquels Dumont nous avait habitués. le cinéaste semble vouloir changer de ton au fil de ses oeuvre

La Préhistoire au cinéma: 12 films où personne ne mange son père

Posté par redaction, le 7 avril 2015

Cette semaine, on remonte le temps du côté des Néandertaliens et autres Cro-Magnons. En salles, Jamel Debbouze remonte aux Simiens et à la découverte du feu avec Pourquoi j'ai pas mangé mon père, qui sort dans les cinémas français demain. Vendredi, le président de la République inaugurera la Caverne du Pont d'Arc, réplique de la Grotte Chauvet Pont d'Arc. Inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis juin dernier, la Grotte (36000 ans avant notre ère) est la plus ancienne trace d'art pariétal de l'Histoire, avec notamment des dessins d'animaux qui donnent l'impression d'être en mouvements si l'on joue avec la lumière (le cinéma avant l'heure). La réplique ouvre le 25 avril au public (voir le site officiel).

Le cinéma, étrangement, s'est relativement peu intéressé à nos ancêtres. Il y a de nombreux films sur les dinosaures, des fantaisies où ces mêmes dinos croisent l'homo sapiens (hérésie historique) et quelques délires (science-fiction, comédies, aventures) où l'homme des cavernes se retrouvent propulser à l'époque moderne.

Nous avons choisi une variété de 12 films, classés par ordre chronologique, qui s'intéressent à ces temps immémoriaux où l'homme commençait à jouer avec le feu, à peindre des parois de grotte et ne pensait pas (encore) à construire des maisons.

1914. His Préhistorical Past (Charlot nudiste), de Charlie Chaplin. Court métrage d'une vingtaine de minutes. Charlot rêve qu'il est revenu à l'âge de pierre, qui ressemble davantage à la vision d'une île de "sauvages". Un Roi entretient un harem. Et le personnage de Chaplin tombe amoureux de la favorite du souverain. La guerre va commencer. Quand le Roi tombe d'une falaise, Charlot se proclame Roi (rien ne change finalement). Malheureusement, le Roi n'est pas mort... Evidemment, ce n'est qu'un rêve. On peut voire le film sur Internet Archive.

1923. Three Ages (Les trois âges), d'Eddie Cline et Buster Keaton. Un film d'une heure, muet, en noir et blanc. La préhistoire du cinéma pour ainsi dire. Buster Keaton y décrit une rivalité amoureuse autour d'une femme à travers trois grandes périodes de l'Histoire, l'âge de pierre, la Rome antique et l'ère moderne. De quoi prouver que l'amour a toujours existé et suscité les mêmes réactions chez l'Homme. C'est le premier long métrage que Keaton écrit, dirige, produit et interprète. MK2 l'a intégré dans un coffret paru en 2004, dans une version restaurée mise en musique par Jeff Mills. On peut voir le film sur Internet Archive.

1958. Pre-Hysterical Hare, de Robert McKimson. Un Bugs Bunny chez les Cro-Magnons, avec Elmer pour faire mauvaise figure. Le célèbre lapin découvre un documentaire "Un film documentaire micronésien en Cro-Magnoscope. Couleur par Neanderthal Color". Un vestige du passé qui va nous plonger 10000 avant J.C., où déjà les lapins (aux dents plus longues) cherchaient à échapper aux chasseurs (cette phrase est à dire avec des billes dans la bouche). En 12000 ans, les choses évoluent peu... C'est l'une des rares incursions des Looney Tunes dans la préhistoire, dinosaures compris. A voir sur YouTube.

1981. La Guerre du feu, de Jean-Jacques Annaud. Le film emblématique par excellence. Avec son souci d'authenticité (langage créé par Anthony Burgess, nudité, aucun effets visuels, mais des heures de maquillages...), ce film, adapté du roman de J.H. Rosny Sr., se déroule 80000 ans avant notre ère, en pleine époque paléolithique. La guerre de deux tribus (dont ces pauvres Néandertaliens dont on ignorait le destin tragique au moment du tournage) sert de trame dramatique. Il fut l'un des films événements de l'année 1981 (très préhistorique puisque L'homme des cavernes et La folle histoire du monde de Mel Brooks sont sortis cette année-là). Oscar des meilleurs maquillages, César du meilleur film et du meilleur réalisateur, La guerre du feu a traversé le temps et servi de référence (sans compter les clins d'oeil) par la suite. Le film a attiré près de 5 millions de spectateurs en France. Enfin, notons que c'est la première fois que Ron Perlman apparaît à l'écran.

1981. Caveman (L'homme des cavernes), de Carl Gottlieb. Ringo Starr (Les Beatles) et Dennis Quaid dans un film qui ressemble plus à RRRrrrr!!! qu'à La guerre du feu. Avec son propre vocabulaire (on distribuait même un tract avec les traductions avant l'entrée en salles), ce pur navet (avec malgré tout des dinosaures, ce qui aurait du l'exclure de notre liste) a quand même dominé le box office nord-américain deux week-ends de suite, rapportant 15M$ à l'époque (près de 50M$ aujourd'hui). Et surtout, il vient tout juste de sortir en Blu-ray aux Etats-Unis.

1986. The Clan of the Cave Bear (Le clan de la caverne des ours), de Michael Chapman. Une jeune femme Cro-magnon (Darryl Hannah tout de même) se fait élevée par des Néandertaliens. L'histoire n'est pas si étrange que cela: c'est même sans doute arrivé, tant les deux espèces se sont chassés-croisés au fil des siècles (le Cro-magnon aura le dessus). Le scénario de John Sayles est adapté du roman de Jean M. Auel et le film a reçu une nomination aux Oscars (maquillages). Le film était sous-titré pour cause d'usage de langage des signes. Sans doute une des raisons de son énorme fiasco financier. La suite, qui était prévue, n'a jamais été tournée.

1994. The Flintstones (La famille Pierrafeu), de Brian Levant. Adaptation d'une série animée cultissime des années 60 de Hanna-Barbera, cette comédie plus parodique qu'historique a attiré dans son casting John Goodman, Elizabeth Perkins, Rick Moranis, Rosie O'Donnell, Kyle MacLachlan, Halle Berry et Elizabeth Taylor. Malgré ses deux Razzie Awards, le film a quand même quelques qualités (notamment le clip des B 52's qui en est issu). Entre acteurs pieds nus et effets spéciaux (le premier personnage en image de synthèse du cinéma), le film a été N°1 au box office en Allemagne, N)5 aux Etats-Unis cette année-là. Au total il a récolté plus de 340M$ dans le monde. En France, avec 656000 spectateurs, ce fut un flop. Une suite a été tournée. Sorti en 2000, Les Pierrafeu à Rock Vegas a été un échec.

2004. RRRrrrr!!!, d'Alain Chabat. La troupe des Robins des bois par un ex-Nul, avec Depardieu et Rochefort en bonus. Ça aurait du faire des étincelles. Ce fut un relatif succès populaire (1,7 million d'entrées) mais un four critique. Situé 37000 ans avant J.C., il s'agit de la confrontation entre les Cheveux propres, qui possèdent le Shampoing, et les Cheveux sales, qui aimerait avoir le secret de ce produit qui nettoie les poils de la tête. C'est aussi la première enquête criminelle de l'Histoire. Le film n'a pas marqué les esprits. Trop décalé sans doute.

2008. 10,000 BC (10 000), de Roland Emmerich. Pas de stars dans cette histoire épique qui suit un jeune chasseur de mammouth, contraint, pour assurer l'avenir de sa tribu, de s'aventurer dans un territoire inconnu. Historiquement, il prend quelques aises. Malgré son coût astronomique (plus de 100M$), le film rapporte quand même 280M$ dans le monde. Cette "fantaisie" tournée dans plusieurs pays en Afrique, Asie et Océanie a préféré mélangé des langues existantes plutôt que d'utiliser des langages primitifs. Bref du spectacle à la Emmerich.

2010. Ao, le dernier Néandertal, de Jacques Malaterre. Adapté du roman de Marc Klapczynski et réalisé par l'auteur des docu-fictions L'Odyssée de l'espèce, Homo sapiens et Le Sacre de l'homme, le film (un échec au box office avec 235 000 entrées) raconte la fin des Néandertaliens, sur la base de récentes découvertes à l'époque. Le clan d'Ao ayant été anéanti par des Homo sapiens, il commence à errer, et se fait capturer par une tribu d’Homo sapiens hostiles où il fait la connaissance d’Aki, une femme Homo sapiens prisonnière. Comme dans La Guerre du feu, les personnages utilisent des langages imaginés pour le film et sans sous-titres. Des voix off traduisent leur pensée.

2013. The Croods (Les Croods), de Kirk DeMicco et Chris Sanders. Nominé à l'Oscar du meilleur film d'animation, sélectionné à Berlin, ce gros hit de DreamWorks (590M$ dans le monde) devait, à l'origine, être un film en stop motion signé Aardman Animations. Finalement en images de synthèse, le film d'animation signé des créateurs de Lilo & Stitch, fait sortir une famille de sa caverne pour qu'elle explore le monde qui l'entoure. Cave sweet Cave... La suite est programmée pour 2017.

2015. Pourquoi j'ai pas mangé mon père, de Jamel Debbouze. Le roman de Roy Lewis a été librement adapté. Du livre, Jamel Debbouze n'a gardé que deux personnages et le ton humoristique. Pour son premier film, la star a préféré utilisé un langa emodernepour accentuer la métaphore avec notre époque. Il s'agit du premier film tourné en Europe utilisant intégralement la performance-capture, qui permet de faire revivre Louis de Funès. Édouard, fils aîné du roi des Simiens, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian,. Incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et l’espoir. En voulant tout partager, il révolutionne l’ordre établi. Ainsi naît la véritable humanité, celle où on ne mange pas son père. Bref le monde moderne.

BIFFF 2015: Bruxelles met à l’honneur zombies, psychopathes, démons et autres créatures fantastiques

Posté par kristofy, le 6 avril 2015

Le 33ème BIFFF (Bruxelles International Fantastic Film Festival) se déroulera du 7 au 19 avril dans la capitale du ‘cinéma de genre’ : fantasy, thriller, science-fiction, psychopathes divers et zombies avariés seront au rendez-vous... Avec Porto et Sitgès, c'est le plus grand festival de genre en Europe. Il y a aura plus d’une centaine de films au menu. En ouverture, au choix The Taking of tiger mountain 3D de Tsui Hark ou Burying the ex de Joe Dante, qui d’ailleurs sera présent pour devenir Chevalier de l’Ordre du Corbeau (l’hommage du festival).

Le plus fantastique des festivals de films fantastiques va faire découvrir quantités de films attendus en avant-première mais aussi beaucoup de pépites invisibles.

Il y aura un Focus Argentine et une rétrospective de films de kung-fu.

Certains titres ont à leur générique des stars bien connues dans des rôles à faire peur : Faults avec Mary-Elizabeth Winstead; Pats per billion avec Frank Langella, Gena Rowlands, Rosario Dawson; The Cobbler avec Adam Sandler, Steve Buscemi, Dustin Hoffman; Robot Overlords avec Ben Kingsley et Gillian Anderson; The Editor avec Paz De La Huerta et Udo Kier; Everly avec Salma Hayek; The Ice Forest avec Emir Kusturica; The Ignorance of Blood avec Paz Vega; El nino avec Sergi López; Automata avec Antonio Banderas; El ardor avec Gael Garcia Bernal et Alice Braga…

Mais films fantastiques rime également avec films asiatiques : ils seront encore très nombreux au BIFFF. Le réalisateur Joe Chien sera de retour pour présenter Zombie Fight Club, l’actrice Shiina Eihi viendra pour The Ninja war of Torakage. On y découvrira par exemple One on One, le nouveau (et vingtième) film de Kim Ki-duk, The Midnight After de Fruit Chan, The Demon Within de Dante Lam, Roaring Currents avec Choi Min-sik, Monsterz de Hideo Nakata (découvert lors du dernier festival asiatique de Deauville), Greatful Dead avec Tadanobu Asano, Deadman Inferno avec Shô Aikawa…

Cette année le jury de la compétition internationale rassemble Andy Muschietti (réalisateur de Mama avec Jessica Chastain), Timo Vuorensola (réalisateur de Iron Sky), Jonas Govaerts (réalisateur de Cub) et Richard Stanley (scénariste de L’île du Dr Moreau avec Val Kilmer et Marlon Brando); ils vont devoir départager 14 films pour le trophée du Corbeau d’Or.

Toutes sélections confondues, on prédit déjà que le buzzomètre va monter pour ces quelques films que l’on vous recommande déjà : Goodnight Mommy qui est un des favoris de la compétition (déjà récompensé à Gérardmer, sortie le 22 avril), The House at the end of the time d’Alejandro Hidalgo (Venezuela), The Infinite man de Hugh Sullivan (Australie), Shrew’s nest de Juanfer Andres & Esteban Roel (Espagne), Danny’s doomsday de Martin Barnewitz (Danemark), From the dark de Conor McMahon (Irlande), sans oublier Stung avec Lance Henriksen et des guêpes mutantes (qui vient d'être tout juste d'être applaudi au festival South by Southwest)…

Et pour vous mettre le sang à la bouche, le BIFFF a rassemblé plusieurs extraits dans sa bande-annonce.

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33e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 7 au 19 avril 2015, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Twin Peaks: David Lynch jette l’éponge

Posté par redaction, le 6 avril 2015

Triste cadeau de Pâques: David Lynch a annoncé qu'il renonçait à réaliser la suite de la série Twin Peaks, annoncée l'an dernier pour une diffusion en 2016. Il quitte le projet et l'a fait savoir sur Twitter, désormais média officiel des relations publiques.

Il confirme que le projet est toujours valable et que Showtime était toujours le diffuseur. Mais "après un an et quatre mois de négociations, j'ai abandonné parce qu'ils n'y avait pas assez d'argent pour écrire le scénario tel que je le souhaitais".

Showtime a évidemment réagit, faisant part de sa tristesse, expliquant qu'il sont cherché toutes les solutions aux quelques points qui posaient problème dans le contrat.

Pour l'instant neuf épisodes seraient écrits et Kyle MacLachlan a confirmé qu'il reprenait le rôle de l'agent du FBI Dale Cooper. Mais sans David Lynch, Twin Peaks n'aura certainement pas le même intérêt pour les fans....

La Géode: 30 films pour célébrer ses 30 ans

Posté par redaction, le 5 avril 2015

A l’occasion de son 30e anniversaire, La Géode organise, du 7 avril au 5 juillet 2015, un festival dédié aux productions inédites internationales grand format et aux films qui ont marqué l’histoire de cette salle unique en France, royaume des films IMAX et 3D relief. Mais l'anniversaire a commencé dès hier avec la visite de George Lucas, en personne. Un joli cadeau, en attendant de voir un jour Star Wars sur cet écran unique en France.

Pendant 3 mois, le public est invité à découvrir ou redécouvrir les films en relief qui ont fait le succès de la Géode depuis 30 ans et aussi 9 films inédits: Pandas 3D, Géants des profondeurs 3D, Requins blancs 3D, Titans de l'âge de glace, D-Day Normandie 1944, Le dernier récif, L'océan secret de Jean-Michel CousteauLa légende de l'Etalon noir, Océanosaures 3D, Samsara, Muse, U2 3D...
Ce sera aussi l'occasion de découvrir des films Imax comme Arctique; Baleines, Dinosaures... Vivants, Les mystères de l'invisibles, Rolling Stones at The Max, Under the Sea, Grand Canyon, Le grand voyage d'Ibn Battuta, de Tanger à La Mecque, Bestioles ou encore Madagascar, L'île des Lémuriens, Stomp, Odyssée des rythmes du monde, Moi Van Gogh et L'Odyssée des papillons. Sans oublier Everest, le plus grand succès mondial du genre.

Au total, la programmation compte 30 films. Le public sera invité à voter pour son film préféré. Le lauréat recevra le Prix du public, que la Géode diffusera dès octobre.

3 week-ends thématiques - “spécial Dinosaures” (18/19 avril), “spécial Bestioles” (30/31 mai), “spécial Océans” (6/7 juin) - sont également planifiés.

Le festival de la Géode est une manifestation unique au monde. Initié en 1994 et interrompu depuis 2009, il s'agit du seul festival international de cinéma grand format à être ouvert au grand public et à faire voter ses spectateurs. Il accueille plus de 30 000 visiteurs à chaque édition.

20 millions de spectateurs en 30 ans

Inaugurée en mai 1985 dans la Cité des sciences et de l'industrie, la salle de la Géode comprend 400 places et dispose d'un écran hémisphérique géant de 26 mètres de diamètre et de 1 000 m2 de superficie. La Géode a ravi 20 millions de spectateurs au cours de ces trente années.

En s'orientant uniquement sur une ligne éditoriale ludo-éducative, la Géode, contrairement à ses homologues internationaux qui projettent des blockbusters adaptés en format Imax, a toujours été fragile financièrement. Depuis le milieu des années 2000, de moins en moins de films créés pour la Géode, c'est-à-dire avec des caméras Imax, sont produits. Pourtant, grâce aux concerts - classiques ou rocks - et de nouvelles thématiques (histoire, voyage, religion), la salle offre de nouvelles possibilités de divertissement et une programmation bien plus variée.

Et d'ailleurs, saviez-vous que La Géode a servi pour être le “capitole” dans la franchise hollywoodienne à succès Hunger Games? Cette boule type dôme géodésique, proche d'une sphère, reste un bâtiment emblématique pour une salle de cinéma indépendante dont tous les films sont régulièrement classés dans le Top 40 du box office parisien. Certains "hits" dépassent largement les 100 000 entrées. Pas mal pour une petite salle...

L’instant zappette: l’Histoire se raconte-t-elle mieux sur le petit écran?

Posté par wyzman, le 4 avril 2015

Alors même que la chaîne History annonçait le renouvellement de Vikings pour une saison 4, les dirigeants de ITV1 nous confirmaient que la saison 6 de Downton Abbey serait la dernière. Le lien ? Aucun, si ce n'est que les deux sont d'excellentes séries historiques. Longtemps moqué pour son ringardisme, le genre fait aujourd'hui le bonheur des chaînes de télévision et de téléspectateurs toujours plus friands. Mais pourquoi est-ce que cela fonctionne ?

Le parallèle avec le cinéma

Il semblerait que le cinéma et la télévision se répondent inlassablement. Si l'on peut reprocher au septième art de trop miser sur des franchises et des adaptations, les séries télévisées ne sont pas en reste. L'histoire est une source inépuisable de storylines plus palpitantes les unes que les autres. Elle peut être adaptée mais également réécrite. Une chose que la chaîne américaine HBO a comprise, et ce depuis plusieurs années. Pour elle, Steven Spielberg a ainsi développé en 2001 Frère d'armes, une mini-série en dix épisodes. Auréolée de cinq Emmy Awards, la série a donné naissance à une petite sœur en 2010, The Pacific.

Parce qu'elles durent plus longtemps qu'un long-métrage, ces séries, qui empruntent tous les codes visuels du cinéma, ont la possibilité de multiplier les intrigues et surtout de les développer. Ce qu'un réalisateur doit figurer en 2h30 maximum, un showrunner peut le faire sur toute une saison voire plus. Pour exemple, la rivalité des filles Boleyn parait bien superficielle dans Deux sœurs pour un roi de Justin Chadwick quand on sait que Michael Hirst a traité le sujet pendant deux des quatre saisons des Tudors. Les séries historiques peuvent mettre en scène des intrigues plus creusées, plus compréhensibles et des personnages plus attachants. Du prétendant de Reign à la compagne de Boardwalk Empire en passant par la femme de chambre de Downton Abbey, tous ont droit à leur intrigue, à leur moment de gloire. Le téléspectateur comprend mieux ces personnages et perçoit ainsi les vrais tenants et aboutissants du fil rouge de chaque saison.

Une histoire accessible

Mais si les producteurs aiment l'histoire, c'est parce qu'elle regorge de figures mythiques au destin quasi légendaire. Preuve en est avec le roi Henri VIII d'Angleterre dont les multiples mariages ont permis de créer la série Les Tudors ou bien avec la famille Borgia, dont l'histoire a été racontée dans non pas une mais quatre séries différentes. L'histoire se vend bien car l'histoire parle à tous. En effet, produire une série historique ce n'est pas juste mettre en images ce que l'on nous apprend à l'école ou dans les livres "Pour les Nuls", c'est aussi inventer tout ce qui n'est pas écrit dans les livres. Façon Vikings ou plus récemment Marco Polo sur Netflix.

Et si l'on n'est pas nécessairement mordu d'histoire, on peut se servir de celle-ci comme d'un simple accessoire. Comme dans Downton Abbey où la Seconde guerre mondiale permet avant tout au scénariste Julian Fellowes de montrer les effets de la guerre sur ses personnages. Ou bien dans Boardwalk Empire où la Prohibition est prétexte à des luttes de pouvoir et d'influence incessantes et jouissives.

Du sexe et du sang

En outre, ces séries disposent d'une plus grande liberté scénaristique qui va souvent de pair avec leur diffusion sur une chaîne câblée. A chaque fois, on retrouve le combo sexe + sang. Sans virer dans le gore, ces séries n'hésitent pas à montrer des scènes d'une grande violence qui ne viendraient que refléter les pratiques de l'époque. Parmi les scènes les plus emblématiques, on pense notamment aux décapitations des Tudors, aux meurtres de sang froid de Deadwood ou bien à l'esthétisme très homo-érotique des combats de Spartacus.

Quant au sexe, il va sans dire que les scénaristes ne lésinent pas dessus. Parfois même jusqu'à frôler la pornographie. Dans le mastodonte Game of Thrones (série non historique mais qui en a tous les ressorts scénaristiques), le roi Joffrey n'hésite pas à battre à mort une prostituée pendant que son oncle se demande où culbuter sa mère. Enfin, dans la série Reign (pourtant diffusée sur une chaîne nationale), la reine Marie Stuart et ses dames se demandent à qui offrir leur vertu et ne rechignent pas contre quelques orgasmes. De quoi se fâcher avec la censure, attirer les curieux et donner l'impression que les séries à l'action contemporaine sont bien prudes. Un comble !

Une catharsis certaine

A mieux y regarder, toutes ces séries historiques mettent en scène un régime politique particulier. Qu'il s'agisse d'une monarchie, d'une démocratie ou bien d'une oligarchie, elles ont toutes l'ambition (plus ou moins assumée) de faire réfléchir le téléspectateur sur son propre régime politique. Et pour cela, les intrigues sont simples. Jalousies entre héritiers du trône, coups bas autour de l'homme de main, trahisons des époux, la recette est souvent la même et demeure très efficace. Tellement efficace que l'on ne l'imagine pas changer. Les Rois sont maudits pour l'éternité.

Néanmoins, si l'on continue de les regarder, c'est aussi pour s'approprier une partie de l'histoire mondiale. Plus intéressantes que l'idée d'ouvrir un livre d'histoire ou d'écumer les musées et autres expositions, ces séries divertissent et instruisent en même temps. Les Tudors met des noms et des visages sur les six femmes du roi Henri VIII (tout en rendant les mâles du Royaume bien plus sexys qu'ils ne l'étaient), Marco Polo nous fait découvrir la route de la soie tandis que Reign offre une nouvelle approche du personnage de Catherine de Médicis. Rien que ça !

Et les séries françaises dans tout ça ? Eh bien elles ne sont pas en reste. France 3 peut en effet se vanter avec son carton Un Village français quand TF1 a fait le grand saut avec Résistance l'été dernier. Mais le plus intéressant nous vient de Canal+ qui nous a déjà apporté Borgia et Maison close, et en remettra une couche dans quelques semaines avec Versailles. Centrée sur les jeunes années de Louis XIV, la première saison aurait coûté pas moins de 27 millions d'euros. De quoi en attendre beaucoup !

Manoel de Oliveira: hommages d’Arte, Gilles Jacob, Serge Toubiana…

Posté par redaction, le 3 avril 2015

Suite au décès du doyen du cinéma, Manoel de Oliveira, seul cinéaste de notre époque à avoir travaillé quand le 7e art était encore muet, les réactions n'ont par tardé.

La chaîne Arte rendra hommage au réalisateur le jeudi 9 avril en diffusant son dernier court métrage, Le Vieillard du Restelo, projeté en décembre dernier à Lisbonne et l'un de ses derniers films, Singularités d'une jeune fille blonde, adaptation de la nouvelle Une singulière jeune fille blonde du grand auteur portugais Eça de Queiroz.

Gilles Jacob (Festival de Cannes)
Premier à réagir sur Twitter, l'ancien Président du Festival de Cannes, Gilles Jacob qui a lancé une salve de tweets:
"Tristesse.Mon cher Manoel est mort. Manoel de Oliveira avait 106 ans et moi je suis orphelin comme tt le cinéma mondial.C'était un seigneur."
"Passés cent ans, on s'était habitué à l'idée que Manoel ne disparaîtrait jamais. Bien sûr, il y avait l'œuvre mais lui aussi c'était établi."
"Quand un artiste de renommée mondiale incarne à lui seul dans sa discipline l'âme d'un pays, cela donne Pessoa ou Oliveira, et l'on est fier."
"Comme Dreyer ou Bunuel, l'art d'Oliveira tient de l'ascète baroque ce qui chez eux n'était pas contradictoire. En plus, il était malicieux."
"Non ou la vaine gloire de commander" est l'un des films majeurs de Manoel et quel beau titre! Quelle leçon!"

Serge Toubiana (Cinémathèque française)
"Il ne faudrait vraiment pas que l’on se contente de garder en mémoire, à propos de Manoel de Oliveira, qu’il fut le cinéaste en activité le plus âgé de toute l’histoire du cinéma mondial. Ce serait faire un sort injuste à sa mémoire. Car il fut bien plus que cela, un très grand cinéaste, né en 1908 à Porto, sa ville, qu’il a filmée et qu’il aimait, auteur d’une soixantaine de films, courts ou longs, voire très longs – son adaptation du Soulier de satin, d’après Claudel, œuvre magnifique, autant lyrique que plastique, durait 6 heures cinquante.

Manoel de Oliveira, qui vient de nous quitter à l’âge de 106 ans, était, de tous les cinéastes en activité, le seul qui avait connu le temps du muet. Douro, faina fluvial, son premier film, un documentaire lyrique sur Porto, date de 1929. Cette trace du muet, ce souvenir intime de l’époque où le cinéma n’était qu’images, est demeuré vivace et traverse son œuvre, aiguisant son regard, accentuant son acuité formelle et narrative. Manoel de Oliveira était un infatigable conteur d’histoires, qui croyait ferme au cinéma des temps primitifs, à ce temps où la croyance du spectateur se fondait sur un regard candide, seul à même de pouvoir entrer dans l’écran, comprendre les personnages, vivre leurs sentiments, pénétrer dans la profondeur de leur âme. Lorsqu’il parlait de ses films, ou de ceux des cinéastes qu’il admirait, il y avait chez Manoel de Oliveira, cette même candeur, ce goût dans la croyance des sentiments profonds et exacerbés, quelque chose de l’enfance qu’il exprimait, tel un homme sage et malicieux.

Il était un grand ami de la Cinémathèque française, ayant connu Henri Langlois, qui fut le premier à reconnaître son talent et à montrer ses films. L’an dernier, à l’occasion du centenaire du fondateur de la Cinémathèque, Manoel de Oliveira nous avait adressé un message émouvant et clairvoyant, rendant hommage à ce montreur d’ombres qu’était Langlois.
Nous avions accueilli Manoel de Oliveira à plusieurs reprises à la Cinémathèque, en 2008 pour un formidable dialogue avec Antonio Tabucchi, puis en février 2011 pour l’avant-première de L’Etrange affaire Angelica, et organisé la rétrospective de son œuvre en 2012.

La même année, nous avions découvert Gebo et l’ombre, un de ses derniers films, œuvre qui trouvait son inspiration dans les origines mêmes du cinéma et où l’éclairage des personnages et des décors semblait provenir de lanternes magiques, d’un théâtre optique ou de machines à rêves. Image vacillante et tremblante d’un art balbutiant, qui ne sait pas encore qu’il va devenir l’Art du XXe siècle. Manoel de Oliveira était un paradoxe vivant, à la fois cinéaste des origines, des émotions premières, et cinéaste cultivé, raffiné, inspiré par la grande littérature (Claudel, Flaubert, Dostoïevski, Madame de La Fayette, Agustina Bessa-Luis…), auteur de grands films romanesques, comme Le Passé et le Présent (1972) Amour de perdition (1979), Francisca (1981), Non, ou la vaine gloire de commander (1990), La Divine comédie (1991), Val Abraham (1993), La Lettre, son adaptation de La Princesse de Clèves en 1999. Sans oublier le génial Je rentre à la maison, avec Michel Piccoli, ou Belle toujours, avec Bulle Ogier et Michel Piccoli, suite imaginaire de Belle de Jour de Luis Buñuel.

En France, nous avions découvert ses films vers le milieu des années 70 par l’intermédiaire de Paolo Branco, alors exploitant d’une salle de cinéma à Paris, du côté de République. Ensuite, Paolo Branco devint le producteur attitré de Manoel de Oliveira, l’accompagnant durant deux décennies dans son parcours de cinéaste."

Frédérique Bredin (CNC)
"Frédérique Bredin, présidente du CNC, a appris la disparition de Manoel de Oliveira avec une immense tristesse. Elle rend hommage à la mémoire d’un cinéaste dont l’exigence artistique s’était toujours maintenue au plus haut niveau. Il avait souvent travaillé avec des acteurs et actrices français, et tourné en langue française. L’avance sur recettes l’avait accompagné à plusieurs reprises, saluant la beauté de ses scénarios, emprunts de poésie et de nostalgie. Le cinéma mondial perd l’un de ses grands explorateurs."

Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication
"Manoel de Oliveira nous a quittés le 2 avril, à Lisbonne.

Il avait joué dans La chanson de Lisbonne, le premier film parlant tourné au Portugal. Mais c’est bien sûr comme réalisateur que Manoel de Oliveira s’était fait reconnaître dans le monde entier comme l’un des très grands noms du septième art.

Si son œuvre est profondément marquée par la littérature et le théâtre de son pays, Manoel de Oliveira nous a offert aussi une magnifique adaptation, véritable tour de force, du chef-d’œuvre de Claudel, Le Soulier de satin.

C’est encore une adaptation d’un autre grand texte français, Madame Bovary, qui lui vaudra de s’imposer au-delà de son Portugal natal et avec La Lettre inspirée de La princesse de Clèves qu’il décroche le Prix du jury au Festival de Cannes en 1999.

Manoel de Oliveira avait fêté ses 106 ans ; il y a quelques mois. C’était le doyen des cinéastes en activité, un créateur d’une fascinante énergie que le temps semblait impuissant à lasser. Le grand âge fut pour lui celui de la moisson, continuant à récolter les fruits de toute une vie de méditation et de contemplation, une vie vécue en poète."

Manoel de Oliveira (1908-2015) éteint la lumière

Posté par vincy, le 2 avril 2015

manoel de oliveira

Il était le doyen du cinéma mondial et sans aucun doute le plus grand cinéaste portugais. Manoel de Oliveira, né en 1908 à Porto, est décédé, selon le producteur Luis Urbano, citant des sources familiales. Il avait 106 ans.

Le réalisateur a reçu tous les honneurs au cours de sa vie: une Berlinale Camera en 2009, une Palme d'or d'honneur à Cannes en 2008, un prix honorifique aux European Film Awards en 2007, un Lion d'or d'honneur à Venise en 2004 et un Léopard d'or d'honneur à Locarno en 1994.

"Si l'on me demande pourquoi je fais du cinéma, je pense aussitôt : pourquoi ne pas me demander si je respire ?" avouait Manoel de Oliveira dans Libération en 1987.

Il a réalisé plus de cinquante longs métrages et documentaires, commençant sa carrière en 1931, alors que le cinéma ne parlait pas. Dans sa jeunesse, il aimait Charlie Chaplin et Max Linder. Athlète, il d'abord brillé en course automobile avant de devenir acteur, notamment dans A Canção de Lisboa, le premier film parlant portugais, en 1933. Son premier film Douro, faina fluvial, un court métrage documentaire muet, est tourné entre 1927 à 1929, et sort en 1931.

Loin des stérotypes

De là naîtra son style, naturaliste, réaliste et poétique, imprégné de ses références littéraires, soumis à un romantisme exacerbé. La mise en scène s'épurera au fil des ans, jusqu'à devenir presque théâtrale parfois. Oliveira aimait se concentrer sur les comédiens et les mots dans un cadre parfois complètement immobile, comme pour souligner avec intensité le moindre geste, le moindre mouvement.

Il appréciait les amours frustrés, maniait davantage l'humour en personne que dans ses films, et si le désespoir emplissait souvent ses personnages, sa caméra l'étreignait avec une certaine sensualité, souvent un peu distante, toujours élégante, jouant sur les clairs obscurs. Loin des images formatées, il voulait offrir une vision décalée, parfois nostalgique, du monde.

Il y avait aussi dans ses films une forme de mysticisme. Mais surtout ses créations étaient souvent basées sur des oppositions, des contrastes et un anachronisme assumé pour servir une critique sociale de la société.

Evincé par la dictature

Cette dénonciation intellectuelle lui a valu quelques ennuis. En 1963, avec son court-métrage La Chasse, il réalise une oeuvre avec « des intentions cachées touchant la dictature ». La dictature ne s'y est pas trompée et l'empêche de filmer jusqu'en 1971.

Ainsi, le contexte politique et le manque d'infrastructures dans le Portugal de Salazar le tiennent éloigné des caméras.

En quatre décennies, il n'aura tourné que cinq longs métrages, entre Aniki Bóbó en 1942 et Amour de perdition en 1979. A partir des années 80, dans un pays désormais démocratique et européen, sa filmographie va s'étoffer rapidement, et dans les années 90 il tournera un film tous les ans, avec, souvent, des têtes d'affiches internationales comme Catherine Deneuve ou John Malkovich.

Le cinéma c'est la vie

Parmi ses films les plus marquants, il y a Les Cannibales (1988), Non, ou la vaine gloire de commander (1990), La Divine Comédie (1991), Val Abraham (1993), Le Couvent (1995), La Lettre (1999), Je rentre à la maison (2001, son plus grand succès en France), Le Principe de l'incertitude (2002) et L'Étrange Affaire Angélica (2010). Il sort sont dernier livre en 2012, Gebo et l'Ombre. Et il continuait de préparer
L'Eglise du diable.

Son dernier court-métrage est sorti en décembre 2014 à Lisbonne. Le Vieux du Restelo avait été tourné à Porto puis présenté à la Mostra de Venise. Décrit par son auteur comme « une réflexion sur l'humanité », ce court-métrage s'inspire notamment d'un personnage du poème épique "Les Lusiades", de Luis de Camoes à l'époque des grandes découvertes maritimes des navigateurs portugais.

Infatigable explorateur, il n'a jamais cessé de chercher des histoires, souvent dans les livres ou dans son voisinage direct. Il ne voulait pas s'arrêter: « Cesser de travailler, c'est mourir. Si on m'enlève le cinéma, je meurs ». Le cinéma, art immatériel et aussi vivant que l'humain, n'est pas mort parce que Manoel de Oliveira n'est plus, mais il perd l'un de ses grands maîtres.

San Francisco 1985: danser au milieu du chaos

Posté par vincy, le 1 avril 2015

L'histoire: San Francisco 1985. Frankie est un jeune danseur qui vient d’intégrer une des plus prestigieuses troupes de danse contemporaine de la ville. Il fait la connaissance de Todd, un des danseurs de la troupe. Leur rencontre ne tarde pas à dépasser le cadre de la danse. Des manifestations contre la communauté gay voient le jour. Elles sont liées à la panique créée par la maladie du VIH que l’on vient de découvrir et qui décime déjà la communauté. Ensemble, Frankie et Todd évolueront dans ces événements hostiles mais aussi parfois plein d’espoir.

La critique: Deuxième long métrage de l'ancien danseur Chris Mason Johnson, San Francisco 1985 s'aventure sur des territoires complexes, entre espoir et peurs, lorsque le virus du SIDA commençait à se répandre au sein de la communauté homosexuelle. A travers les yeux d'un "candide", le cinéaste filme sa passion - la danse, comme exutoire de soi, incarnation de ses sentiments - et la frayeur - les rapports à l'autre, au corps, au sexe contaminés par ce HIV dont on ne sait pas grand chose.

Ce candide, jeune Apollon blond, danse comme un Dieu au milieu des ténèbres, en plein chaos (personnel et sociétal). Son parcours initiatique dans la vie, dans les lits et sur scène, révèle subtilement la difficulté d'être soi dans ce monde turbulent et peu tolérant. Au point de rester entre soi parfois. Le titre anglais - Test - est juste: le test sanguin (l'angoisse d'être positif), le test du public (seul sur les planches), le test d'un amant (lequel sera le "bon" et pas seulement un bon coup).

Le récit est épuré, peut-être un peu trop simple, déjà vu, manquant d'ellipses, mais la métaphore - qui met en parallèle les chorégraphies, les marches solitaires, les instants contemplatifs et les fulgurances sexuelles avec l'itinéraire d'un jeune homme à l'aube de sa vie d'adulte - séduit. L'homoérotisme bandant qu'impose le sujet est contrebalancé par ce portrait assez noir d'une communauté rejetée, contrainte de se replier sur elle-même. La force indéniable de ce film, primé à Los Angeles et nommé aux Independent Spirit Awards, pour nous entraîner dans cette histoire repose sur son acteur principal, Matthew Rish (Looking) qui illumine cette traversée des enfers.

Mais c'est à la fin de la première moitié du film que le spectateur est hypnotisé et que le talent du metteur en scène se déploie autant que les dons chorégraphiques du comédien: une (longue) scène de danse accompagnée de la musique de Ceiri Torjussen qui nous scotche par sa beauté et sa puissance. Le corps se tord dans tous les sens, défiant les lois de la gravité, au point de s'envoler vers une forme de légèreté: l'oubli de soi est alors vertigineux. Il faudra l'amour, un beau matin ensoleillé, à la fin du film, pour que notre personnage retrouve ce sentiment de bien-être dans ce monde brutal.