Le Prix France Culture Cinéma décerné à Margarethe von Trotta et Dyana Gaye

Posté par vincy, le 17 mai 2014

Remis ce samedi durant le Festival de Cannes, le Prix France Culture Cinéma a récompensé deux réalisatrices. Dans la catégorie "consécration", le jury a distingué la cinéaste allemande Margarethe von Trotta pour l'ensemble de son oeuvre. Son dernier film, Hannah Arendt, sorti il y a un an en France, a connu un très joli succès. Deux fois en compétition à Cannes, elle a surtout récolté un Lion d'or à Venise pour Les années de plomb.

Dans la catégorie "révélation", c'est la cinéaste franco-sénégalaise Dyana Gaye qui a été primée. Son premier long métrage, Des étoiles, a remporté le prix du jury du meilleur film au Festival d'Angers en janvier.

Les années Jajacobbi : Cannes 1982

Posté par vincy, le 17 mai 2014

La dernière séance

C'est la dernière année que le Festival se déroule dans l'ancien Palais des Festival, où se situe aujourd'hui le QG de la Quinzaine des réalisateurs. Depuis 1949, le palais Croisette servait d'écrin aux films et aux stars. En 1982, Gilles Jacob délivre pourtant une sélection choc, assez étonnante, pour ne pas dire audacieuse. Les allemands et les italiens dominent la compétition et le palmarès où se côtoient Antonioni (Identification d'une femme, Prix du 35e anniversaire), les Taviani (Grand prix spécial du jury), Herzog (Prix de la mise en scène). Herzog aura conquis le jury pour la "Puissance de son inspiration et l’audace de son entreprise".

La Palme d'or est une fois de plus dédoublée entre deux films radicalement différents, a priori : Missing de Costa-Gavras, film politique inspiré d'un fait divers réel durant la dictature de Pinochet au Chili. Jack Lemmon remporte aussi le prix d'interprétation pour l'un de ses plus grands rôles. Et Yol, la permission, film turc de Yilmaz Güney, qui relate une permission accordée à cinq prisonniers kurdes. Güney a réalisé le film à partir de sa cellule de prison, en donnant des directives à Serif Gören, son assistant. Le film a failli se faire détruire par le régime turc de l'époque. Le cinéaste s'est évadé et le montage a pu s'achever en France. Deux histoires de dictature : avec le regard de celui qui l'a vécue, Costa-Gavras, et declui qui la subissait, Güney.

La Caméra d'or revient à Romain Goupil pour son film culte Mourir à trente ans. Là encore un film engagé.

Et pourtant 1982, c'est la dernière séance qui marque à jamais l'histoire de Cannes. Le film le mieux accueilli durant ce Festival, le plus chaleureusement applaudit, et finalement le plus grand succès populaire jamais projeté à Cannes était hors-compétition.

L'avant-première mondiale de E.T. l'extra-terrestre fait la clôture du 35ème Festival. Steven Spielberg, poule aux bobines d’ors d’Hollywood, provoque avec son film l'unn des moments les plus électriques, les plus sensationnels de l’aventure cannoise. C’est ici que la légende de ce film est née.  Steven Spielberg a souvent raconté ce moment magique "A la fin du film, l’accueil de la salle fut si incroyable, si prolongé, et si bouleversant, que je me revois debout, au balcon de l’ancien Palais, abasourdi et en larmes. Ce fut un moment dont je doute qu’il puisse à jamais être égalé."

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Michael Douglas, Michel Hazanavicius, Emma Thompson, Walter Salles…

Posté par redaction, le 17 mai 2014

marché du film - cannes

- Michael Douglas va incarner le président Ronald Reagan dans le film du réalisateur islandais Baltasar Kormakur. Reykjavik se déroule sur fond de guerre froide, au moment où le président américain rencontre le dirigeant soviétique  Mikhaïl Gorbatchev. Tournage cet automne.

- Michel Hazanavicius, qui va présenter son nouveau film The Search mercredi en compétition à Cannes, a annoncé qu'il réaliserait son premier film américain. Will, une comédie produite notamment par Will Farrell mettra en vedette Zach Galifianakis (Very Bad Trip) dans le rôle d'un ange gardien rebelle d'un certain Will. Paul Rudd est pressenti pour le rôle-titre. Tournage pas avant la fin 2015. Hazanavicius projette également de réaliser In the Garden of Beasts, adapté du livre d'Erik Karson, avec Tom Hanks et Natalie Portman au générique..

- Emma Thompson, Daniel Brühl (Good Bye Lenine!, Rush) et Mark Rylance (Intimité, Deux sœurs pour un roi) seront à l'affiche du prochain film de Vincent Perez Alone in Berlin, d'après le roman d'Hans Fallada, Seul à Berlin : l'histoire vraie , au lendemain de la Seconde guerre Mondiale, d'un couple qui se révolte contre le système et provoquent plusieurs actes de résistance après avoir appris la mort de leur unique enfant au front.

- Walter Salles (Central do Brasil, Carnets de voyages, Sur la route), parrain de La Fabrique des Cinémas du Monde au Festival de Cannes cette année, travaille actuellement sur un documentaire et sur un livre consacrés au réalisateur et documentariste chinois Jia Zhang-ke, juré de la compétition. En collaboration avec le journaliste Jean-Michel Frodon, le tournage s'est effectué à l'automne dernier et est actuellement en phase de montage.

Cannes 2014 – les mots de Cannes : les marches

Posté par MpM, le 17 mai 2014

les marches du palais festival de cannes © vincy thomas"Tu as monté les marches ?", me demandaient extatiques mes amis et connaissances les premières années où je suis allée à Cannes (question la plus fréquente avec "tu as vu Brad Pitt ?" et "comment est Gilles Jacob en vrai ?", à moins que cela ne soit l'inverse). "Oui, bien sûr", leur répondais-je, à la fois blasée et embêtée de casser le mythe. Car il y a "Monter Les Marches" (sous entendu en robe de soirée devant les caméras de Canal +) et "monter les marches", en tong et en jean sous le regard indifférent des badauds.

La première formule est réservée aux projections officielles (le soir et parfois l'après-midi), et l'on côtoie des stars sur le tapis rouge. L'autre se fait au pas de course, sans musique entraînante et photographes, et personne n'annonce votre nom au micro. Montée anonyme et banale dont le seul but est d'atteindre la salle du Grand théâtre Lumière, quand l'autre consiste surtout à être vu (combien redescendent ensuite sans assister à la projection ?)

Ce sont les mêmes marches, le même tapis rouge, et la même destination. Mais les marches du soir conduisent dans l'enclave mythique du rêve et du glamour tandis que celles du matin mènent juste à une salle de cinéma. Une promesse de rêve peut-être moins ostentatoire, mais plus tangible.

Cannes 2014 : Qui est Damian Szifron ?

Posté par vincy, le 17 mai 2014

Damian Szifron
L'INATTENDU

C'est l'inconnu dans la sélection. Damián Szifron, pas encore 39 ans, est un réalisateur et scénariste argentin qui fait ses premiers pas dans un grand festival international avec Relatos salvajes (Les nouveaux sauvages). Ce film "à sketches", coproduit par Pedro Almodovar, met en vedette LA star du cinéma argentin, Ricardo Darin.

Szifron est sans doute la surprise cannoise de l'année avec ce récit gigogne où une trahison amoureuse, le retour du passé, une tragédie ou même la violence d’un détail du quotidien vont servir de détonateurs, poussant ces personnages vulnérables vers le vertige et la perte de contrôle dans un monde imprévisible et trouble.

Cela fait 17 ans que le cinéaste écrit et réalise des films. Des courts métrages pour commencer. Relatos Salvajes n'est cependant que son quatrième film depuis Punto Muerto en 1998. El Fondo del Mar en 2003, une comédie noire, a reçu, entre autres, 10 nominations aux Argentinean Film Critics Association Awards ainsi que le prix du public, le prix du meilleur film hispanophone et le prix de la critique internationale au Festival de Mar del Plata, et le prix de la découverte à Toulouse. Une histoire de jalousie obsessionnelle et d'infidélité.

Deux ans plus tard, il réalise la comédie policière Tiempo de Valientes - 9 nominations aux Argentinean Film Critics Association Awards et un prix du public à Biarritz -, qui suit un flic subissant un mariage malheureux et immergé dans une sombre histoire de meurtre, de drogue et de corruption.

Mais Szifron est avant tout connu pour ses oeuvres télévisuelles : Los Simuladores et Hermanos & Detectives. Los Simuladores, entre suspens et humour, a été considérée comme la meilleure série de la télévision argentine au début des années 2000. Hermanos & Detectives n'a pas failli à sa réputation de storyteller et a également remporté de nombreux prix. Les deux séries ont été déclinées dans de nombreux pays étrangers. Grâce à ces deux créations, il a reçu en 2011 le prix Konex de Platine du meilleur réalisateur de télévision de la décennie 2001-2010.

L’instant Glam’: Kit Harington, Cate Blanchett, Naomi Watts, Kev Adams, Clotilde Courau…

Posté par cynthia, le 16 mai 2014

kit harrington cannes 2014Oyé oyé cinéphiles! Entre glamour, chaleur et scandale, ce troisième jour du Festival de Cannes a senti la température monter d'un cran sur les marches.

Fan de Game of Thrones, on se calme s'il vous plaît! On arrête de se frotter à sa télévision et on inspire un grand coup... et on expire... on inspire... et on expire! Oui, oui, c'est bien Kit Harington qui a gravit les escaliers "royaux" du Palais pour représenter Dragons 2. Non ce n'est pas le titre du prochain épisode de Game of Thrones, mais bel et bien la suite du dessin animé signé des studios Dreamworks qui fêtent leurs 20 ans. Aux côtés du bellâtre (qui aime poser biceps, torse et abdos dénudés dans les magazines), Cate Blanchett, plus radieuse que jamais, en robe dévoilant son magnifique dos, America Ferrera toute de blanche vêtue et un dragon pour la première fois sur les marches : du jamais vu! L'histoire ne dit pas s'il a pu passer la sécurité s'en s'enflammer...

Du jamais vu aussi, cet homme qui a foulé sans autorisation le tapis rouge et qu'on a dû évacuer de force (non, non ce n'était pas Nabilla, c'était bien un monsieur). L'homme (vêtu comme il se doit par ailleurs) a voulu monter les marches avec l'équipe de Dragons 2! D'accord, c'est normal, on gravit les marches de Cannes, comme on monte dans le métro. Mais il faut savoir que ce n'est pas la ligne 13! Tout le monde ne peut pas monter cet escalier! Il faut montrer patte blanche en smoking noir.

Autre représentant pour ce film d'animation tant attendu, Kev Adams, qui fait la voix française du personnage principal. Voilà. Aux USA, ils ont Kit. Nous, on a Kev. Et d'après vous qui a été le plus glamour des deux mâles?

Kit Harington avait troqué sa peau de loup pour un costume noir classique (mais toujours efficace) et arborait son opulente et soyeuse chevelure d'un noir corbeau avec fierté. Kev Adams, quant à lui, portait avec style un costume classique noir et a montré, une nouvelle fois, qu'il s'était battu dans sa salle de bain avec son peigne. Bon, ayant souvent des crises capillaires de ce type, je suis la mieux placée pour comprendre son désarroi face aux brosses à cheveux. Mais tout de même Kev - tu permets que je t'appelle par ton prénom? - pour Cannes, on fait un effort ! En plus il y a des coiffeurs officiels à disposition. Et si tu demandais des conseils à Kit pour dompter ta tignasse ?

Dompter c'est ce que les Cannois voulaient justement faire du visage de l'acteur de Game of Thrones. Si, sur le tapis rouge le selfie règne habituellement en maître, ici, ce fut le matraquage photographique à coup de portables. L'acteur a été pris de tous les côtés (au sens photographique du terme) lors de son passage sur les marches et même en conférence de presse. Et oui à Cannes, on est fan de Kit Harignton et on le montre. On doit quand même leur rappeler que Cate Blanchett, ce n'est pas sa mère qui l'accompagnait?

Puisqu'on parle d'Australiennes, l'actrice Naomi Watts a littéralement sublimé la Croisette dans une robe bleue grise à couper le souffle. Sublime, c'est également le terme qui définirait Clotilde Courau dans sa robe noire aux motifs colorés. Une vraie princesse ruisselante de glamour et de beauté venue avec le reste de l'équipe du film Babysitting, qui a soulevé fièrement son compère Gérard Jugnot tel un joueur de foot qui venait de marquer. Une petite dédicace à la coupe du Monde qui approche sans doute. On aurait peut-être préféré que le perroquet du film monte les marches. Mais les Français ne savent pas faire le show comme les Américains. Nous, ça fait tout de suite beaufs sans moyens.

Ceci dit, les stars sont de plus en plus en mode "What the fuck?" sur le tapis rouge cannois. Attention à ne pas déraper. C'est si facile avec une robe longue...

20 ans de DreamWorks Animation en 7 films incontournables

Posté par redaction, le 16 mai 2014

Né en 1994 avec la création de DreamWorks SKG, studio fondé par Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen, DreamWorks Animation s'est séparé en 2004 de sa maison-mère pour devenir un studio exclusivement consacré à l'animation. Le 67e Festival de Cannes célèbre les 20 ans d'existence de la société qui a permis de mettre fin au monopole de Disney.

En 20 ans, le studio a produit 28 longs métrages, amassé 11,6 milliards de dollars au box-office mondial. et remporté en 2002, le premier Oscar du long métrage d'animation de l'histoire avec Shrek. Shrek 2 reste son plus gros succès avec 565 565 400$ de recettes mondiales.

Et si on ne devait en retenir que 7 de ses 28 films (un sur quatre en résumé)? Les 7 meilleurs selon nos critiques? Voici le résultat.

1) Wallace et Gromit : Le mystère du Lapin-Garou. Ironiquement le chef d'oeuvre produit par les studios est ... britannique. En signant avec les studios Aardman, DreamWorks a pourtant essuyé l'un de ses plus gros échecs tout en empochant son deuxième oscar.

2) Chicken Run. Autre produit Aardman, et de loin l'autre pièce maîtresse du catalogue. Avec cette histoire de poules qui s'évadent en avion, le délire va loin. Et nous a rendu exigeant. D'autant que l'animation des studios Aardman se singularise : de la pâte à modeler plutôt que des images de synthèses.

3) Shrek 2. Certes, il s'agit du plus gros succès du studio et de loin. Mais surtout des quatre épisodes de la franchise, c'est de loin le plus maîtrisé et le plus jouissif. Bien sûr, il n'a pas la fraîcheur du premier épisode, mais il est devenu la bible de toutes les fantaisies du studio - de Kung-fu Panda à Madagascar - qui jusque là n'a pas été surpassée.

4 et 5) Chasseurs de Dragons et Dragons 2. C'est sans aucun doute la première fois que DreamWorks réussit deux épisode à la suite à qualité égale. C'est aussi la première franchise plus aventureuse que comique qui sort de ses histoires d'animaux héroïques. Un conte et légende à la Disney qui manie aussi bien le drame que l'humour.

6) Le Prince d'Egypte. Les premiers DreamWorks avaient de furieux airs de Disney, quitte à souvent se ressembler côté pitch. Pour ce film, le studio s'est au moins risqué à un sujet loin des contes de fée. La qualité graphique, le casting de stars, les chansons : c'est avec ce dessin animé que le studio a imposé ses premiers fondements. A l'époque, il surclassait de loin les autres films d'animation américain.

7) Bee Movie. Peut-être le plus oublié et pourtant l'un des plus délirants. Ce divertissement écologique reprend les codes de la comédie américaine et du des films catastrophe. Ça part en vrille mais la fable touche juste. Là encore, DreamWorks prouve que c'est dans l'originalité qu'on puise l'inspiration.

Cannes 2014 : qui est Jessica Hausner ?

Posté par MpM, le 16 mai 2014

jessica hausnerRISE LIKE A PHOENIX

Est-ce le fait d'avoir suivi des études de psychologie avant d'intégrer l'académie du Film de Vienne ? Est-ce parce qu'elle a eu un certain Michael Haneke comme professeur, avant de travailler auprès de lui comme scripte sur Funny games en 1997 ? Ou est-ce encore d'avoir grandi en Autriche, dans une société qu'elle qualifie "du trompe-l'oeil et de l'à-plat permanent" et dont elle veut "montrer les abimes" ? Toujours est-il que le cinéma de Jessica Hausner porte en lui la volonté de montrer l'envers des choses et des êtres, de capter les moments où l'on croit saisir le monde avant qu'il ne nous échappe.

Dès 1996, la jeune réalisatrice se fait remarquer avec son court métrage Flora primé à Locarno. Puis c'est le moyen métrage Inter-view (portrait d'êtres décalés et solitaires) qui lui vaut une mention de la Cinéfondation à Cannes. Jessica Hausner affirme son ambition de "décrire le déséquilibre et l'arbitraire", qu'elle poursuit avec son premier long métrage, Lovely Rita. Avec une précision chirurgicale, le film suit une adolescente à la dérive, solitaire et paumée, qui s’enfonce peu à peu dans le drame. Sélectionné à Cannes en section Un Certain Regard, il marque les esprits avec son montage aux ruptures marquées et sa vision sans fard d’une société malade de son incommunicabilité et de sa violence diffuse.

En parallèle, Jessica Hausner fonde la maison de production Coop 99 avec d’autres jeunes talents du cinéma autrichien comme Barbara Albert, Antonin Svoboda et Martin Gschlacht. Devenir productrice lui permet de "dépasser le clivage entre les aspects artistiques et financiers", explique-t-elle, revendiquant une véritable "économie du cinéma" tout au long du processus de production.

En 2004, la jeune réalisatrice est de retour sur la croisette avec Hôtel, un thriller paranoïaque et claustrophobe qui réjouit la critique. Toujours précise dans sa mise en scène, Jessica Hausner confirme son sens du cadre (au cordeau) et son regard acéré sur la nature humaine. Son troisième long métrage, Lourdes (prix FIPRESCI à Venise en 2009), a en commun avec les précédents de mettre en scène un personnage féminin ambigu dans une société oppressante. Sylvie Testud campe une jeune femme paralysée qui prend part à un pèlerinage et guérit miraculeusement. Jessica Hausner observe froidement le microcosme des pèlerins et les réactions de chacun face à un événement d’ordre inexpliqué. Non dénué d’humour noir, le film poursuit le portrait peu amène de sociétés étonnamment rigides où règnent en maître l’inquiétude, la complaisance et la solitude.

Trop rare, la cinéaste met cinq ans à monter son projet suivant, Amour fou, à nouveau sélectionné à Cannes en section Un Certain regard. Sur le papier, le sujet laisse quelque peu perplexe, puisqu’il s’agit du double suicide de l’écrivain von Kleist et de son amie Henriette Vogel. Mais avec Jessica Hausner aux manettes, plus que du mélodrame ou des paillettes, c'est la promesse de retrouver un peu de la noirceur romantique, de la soif d’absolu et de l’essence tragique de Kleist qui nous attend.

Les années Jajacobbi : Cannes 1980

Posté par vincy, le 16 mai 2014

kagemushaGuerre et morts

L'édition cannoise de 1980 commence avec un deuil. Quelques jours avant le début du 33ème Festival, le 29 avril, Sir Alfred Hitchcock est mort. Il avait ouvert le premier Festival de Cannes en 1946. En urgence, le Festival décide de lui rendre hommage avec un mini -film, monté jour et nuit, à partir d’extraits de pellicules directement coupés dans les copies.

1980 pourrait être considérée comme terne. Le cinéma change. Hollywood mise de plus en plus sur les blockbusters et se détourne du festival. La fréquentation des salles baisse partout dans le monde. Pourtant, Peter Sellers, à quelques mois de son décès, est là pour faire rire. Et après la une provocatrice d'un journal italien clamant la "mort" artistique  de Fellini, un scandale éclate sur la Croisette. Jacob réussit malgré tout à mélanger nouveaux talents et vétérans. Jean-Luc Godard, Maurice Pialat, Alain Resnais symbolisent l'excellence française. Le cinéma italien est toujours en force.

La véritable star, finalement, c'est Isabelle Huppert, à l'affiche du Godard (Sauve qui peut la vie) et Pialat (Loulou), mais aussi du film de Màrta Mészàros (Les héritières). Une année un peu fraîche? Outre le scandale autour de Fellini, la guerre froide s'est aussi invitée sous les palmiers.

Stalker de Tarkovski est en effet présenté en film-surprise. Surprenant. En fait les Soviétiques ne voulaient pas que le film soit montré à Cannes. Les bobines sont donc arrivées avec comme titre "J’irai cracher sur vos tombes", célèbre roman controversé de Boris Vian. Personne ne savait quel film allait être projeté. Dès les premières images, la délégation d’URSS (reconnaissant le film) est ortie de la salle. Première étape: la cabine de projection (fermée à clé). Ensuite, le bureau de Gilles Jacob qui veut gagner du temps. On fait croire aux russes que c’est du ressort du Président du festival. Qui les invite à boire et à parler...

Mais une vraie guerre va bien avoir lieu du côté du jury de Kirk Douglas.

Au milieu de ce pugilat mondain : All that Jazz de Bob Fosse, Kagemusha d'Akira Kurosawa et Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais. Cela finira avec une double palme (Fosse et Kurosawa, deux fresques picturales sur le dédoublement) et un Grand prix spécial (Resnais). Jugement de Salomon qui fut justifié ainsi par le jury: «dans son esprit, comme dans celui du Festival, la palme d’or et le prix spécial du jury, de vocation différente, sont du même niveau.»

Gilles Jacob n'aura de cesse de modifier le règlement pour éviter que pareille situation ne se reproduise. Ou que certains films cumulent les prix.

Cannes 2014 – les mots de Cannes : Marché

Posté par MpM, le 16 mai 2014

marché du film - cannesSous les paillettes du célèbre tapis rouge du Festival existe une réalité parallèle prosaïquement nommée "marché". Même dans le microcosme cannois déjà franchement décalé, c'est un monde à part. Un peu mystérieux. Interdit à ceux qui n'ont rien à y faire. Enorme, surtout, puisqu'il accueillait en 2013 plus de 11 700 participants (12000 attendus cette année), dont près de 2000 acheteurs. En gros, plus de 1000 sociétés présentes pour 5364 films représentés.

Vous avez du mal à concevoir qu'on puisse regarder 4 ou 5 films dans une journée ? Imaginez que les festivaliers qui hantent les couloirs du Marché du Film, eux, courent de salle en salle pendant dix jours pour découvrir le plus d’œuvres possibles : scénarios, work in progress, extraits, films non terminés... Les titres (et les affiches) fleurent bon le marketing : Kamasutra 3D, Ask me anything, Goodbye world, The man in the orange jacket... Il y en a clairement pour tous les goûts et surtout pour tous les marchés.

Les acheteurs regardent tout ce qu'ils peuvent (mais rarement en entier) et en redemandent. Ce sont notamment eux qui décident quels films mériteront d'être distribués dans les salles du monde entier. Ils voient ainsi avant tout le monde les grands chefs d’œuvres et succès des mois à venir. Et pas mal de mauvais films, aussi. De grands pouvoirs impliquent une grande responsabilité, et dans leur cas elle est écrasante.

Une mauvaise nouvelle reçue par mail ? Ils passent à côté du plus beau film de tous les temps. Un déjeuner un peu trop arrosé ? Ils inondent leur pays avec 500 copies d'un navet à l'eau de rose. De la même manière qu'un papillon faisant un écart provoque des tempêtes terribles à l'autre bout de la terre, un acheteur qui a la gueule de bois est susceptible de vous faire passer les 2h les plus pénibles de votre vie devant un remake de Camping en version comédie musicale gore.