Cannes 2014 : qui est Keren Yedaya ?

Posté par MpM, le 16 mai 2014

keren yedaya

LE COEUR DES FEMMES

Son premier long métrage fut un coup de poing : Mon Trésor, présenté à Cannes en 2004, raconte la relation subtilement inversée entre une fille prématurément adulte et sa mère immature qui se prostitue. Sa réalisation épurée (de longs plans séquence, un montage simple, pas de musique) et la manière dont elle mêle tragédie intime et drame social bouleversent le jury de Tim Roth, qui lui décerne la Caméra d’or du meilleur premier film.

Keren Yedaya, cinéaste israélienne née en 1972 aux Etats-Unis, fait ainsi une entrée fracassante sur la scène internationale. Elle-même n'est pas dupe de ce succès fulgurant, dont elle prend en quelque sorte le contre-pied. En 2005, elle déclare à Reverse Shot, mi-modeste, mi-provocatrice : "entre nous, je trouve que mon propre succès est ridicule. Lorsque vous voyez mes films, ce n'est pas difficile de remarquer que je ne sais pas comment bouger la caméra. J'ai seulement de la chance, parce que les gens ne prennent pas le cinéma suffisamment au sérieux et ne sont pas capables de voir que mes capacités cinématographiques ne dépassent pas celles d'un étudiant en première année. Je ne sais pas vraiment comment connecter un plan à un autre, comment cadrer un personnage qui va de gauche à droite, etc. Il y a tant de choses que je veux encore apprendre !"

La jeune femme, qui a fait des études à l’école d’art Camera Obscura de Tel Aviv, n'est pourtant pas tout à fait une néophyte. Elle a tourné son premier court métrage, Elinor, en 1994. Elle y suivait une conscrite israélienne dans l’armée. Son film suivant, Lulu (1998), abordait la prostitution en Israël, et lui permet d'être remarquée au niveau international.

En 2001, elle vient à Paris à l'invitation du producteur français Emmanuel Agneray. Elle y tourne Les dessous, sur un magasin de lingerie féminine. La même année, le Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier lui offre un soutien financier pour tourner son premier long métrage. Ce sera donc Mon trésor, œuvre éminemment politique qui résume les préoccupations de son auteur.

"La société sacrifie les hommes pour qu’ils deviennent des "soldats" et sacrifie les femmes pour qu’elles deviennent des "putes". Le corps de la femme devient une "récompense" pour les soldats – une compensation du fait qu'ils acceptent de mourir pour rien" déclare-t-elle dans le dossier de presse du film. "Il est évident que cela reflète une réalité, tant en Israël qu'en Palestine. Dans cette situation violente d’occupation et de guerre, la société a besoin d’une distribution des rôles poussée à l’extrême. Mais cette répartition des rôles existe à une plus ou moins grande échelle dans toute société."

Engagée, féministe, activiste politique, Keren Yedaya assume tous les qualificatifs. "Ces deux dernières années, les deux sujets les plus sensibles pour moi ont été la prostitution et la lutte contre l’occupation des territoires palestiniens", explique-t-elle. La réalisatrice ne cache en effet pas son hostilité à la politique israélienne en Palestine (elle a participé à de nombreux mouvements de protestation) et accuse son pays de réduire en "esclavage trois millions de Palestiniens".

Son deuxième long métrage, Jaffa, s’inspire directement de ce combat. Là encore, l’intime de la cellule familiale trahit les maux d’une société incapable de vivre ensemble : son jeune héros, Toufik, un Arabe israélien, vit un amour impossible avec Mali, une jeune fille juive de Jaffa. Leur relation et les événements qui en découlent montrent la complexité d’une situation où tout dialogue est rompu et où les peurs et les haines ancestrales se perpétuent sans même qu’on en ait conscience.

Moins réussi que le précédent, le film mélange un profond pessimisme avec une petite pointe d’espoir : avec du temps, de l’éducation et de la bonne volonté, quelque chose de beau peut encore arriver, suggérait alors la réalisatrice. Le pense-t-elle encore aujourd'hui ?

Sa présence sur la Croisette avec Loin de mon père (projeté à Un Certain Regard) devrait permettre d'aborder la question. La 3e sélection de Keren Yedaya à Cannes (en trois films, c’est assurément une bonne moyenne) sera en effet l'une des nombreuses occasions offertes par cette 67e édition pour réintroduire du politique sur la Croisette.

L’instan Glam’ : Angélique Litzenburger, Blake Lively, Julianne Moore, Sonia Rolland…

Posté par cynthia, le 15 mai 2014

blake lively cannes 2014Oyé oyé cinéphiles! Deuxième jour sur la Croisette en ce 15 mai et c'est toujours sous un soleil radieux qu'une pluie de star a envahi une nouvelle fois les célèbres marches de Cannes. Du transparent, du sex appeal, du ridicule, ce jeudi fut riche en émotion vestimentaire.

L'acteur anglais Timothy Spall (alias Peter Pettigrow, alias Croutard dans la saga Harry Potter) était sur son 31 afin de présenter Mr Turner de Mike Leigh en compagnie de l'équipe du film. Si la montée des marches s'est faite tranquillement pour eux, on ne peut pas en dire autant pour l'équipe du film Party Girl. Du haut de ses 60 ans Angélique Litzenburger représentait à la perfection ce film autobiographique de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis en agitant ses attributs à travers une petite danse suave. Elle n'a peur de rien. On s'interroge sur la soirée à venir Plage Magnum. En tout cas, Marion Bailey, venue également représenter Mr Turner, n'aurait pas pu faire la même chose avec sa robe échancrée à souhait.

Parce qu'il faut le rappeler: le Festival de Cannes n'est pas le Berlin Porn Film Festival, alors un peu de tenue que diable! N'est-ce pas Blake Lively? L'actrice aux longues jambes a une nouvelle fois emprunté le tapis rouge (de la moquette en fait). Pour un film? Non, non juste pour montrer à quel point elle est belle dans sa robe semi-transparente, et peut-être pour voir le film Mr Turner. A moins qu'elle ne se soit échappée avant d'entrer dans la salle Lumière.

Aperçue sur le tapis rouge également, Julianne Moore dans une robe indescriptible. Cuir et aluminium étrange, on ne saurait dire. Un semblant du Capitole était sur la croisette à travers elle. L'actrice doit présenter le troisième opus d'Hunger Games ce weekend avant de revenir monter les marches pour Maps of the Stars. Aurait-elle pris de l'avance sur son planning? L'avance, c'est ce que la présentatrice et actrice russe Elena Lenina n'a pas eu la chance d'avoir, retenue au sol par son gigantesque (et ridicule) collier de perles. Enfin collier de perles, collier de perles, je serai tentée de dire un collier de boules, mais je vous répète qu'il y a des enfants qui s'intéressent au Festival de Cannes, alors je vais m'abstenir. S'abstenir, c'est aussi ce qu'aurait dû faire Sonia Rolland venue en robe (oui ça m'a l'air d'être une robe ce truc qui ressemble à des feuilles entrechoquées) rouge pour le film Timbuktu.

Les stars de plus en plus dévêtues à Cannes? Pourtant le petit vent qui souffle sur la Croisette inciterait à se couvrir. A moins que ce ne soit simplement une histoire de (mauvais) goût.

Les Trophées Chopard pour Adèle Exarchopoulos et Logan Lerman

Posté par vincy, le 15 mai 2014

adele exarchopoulos logan lermanRécemment oscarisée pour sa performance dans Blue Jasmine, Cate Blanchett va remettre ce soir à l'Hôtel Martinez de Cannes les Trophées Chopard, qui récompensent deux nouveaux talents du 7e art.

Le jury, composé de critiques, a décidé de récompenser cette année l’héroïne de La Vie d’Adèle, Palme d'or l'an dernier, Adèle Exarchopoulos. César du meilleur espoir en février dernier, Exarchopoulos présente cette année à Cannes Qui vive de Marianne Tardieu, en sélection ACID. Après avoir tourné Voyage vers la mère de Mikhail Kosyrev-Nesterov et M de Sara Forester, elle vient de s'engager sur deux films : The Last Face de Sean Penn et Bastille Day de James Watkins.

Logan Lerman, à l'affiche de Noé de Darren Aronofsky, est connu pour son rôle de Percy Jackson mais a surtout été remarqué dans celui de Charlie dans Le monde de Charlie. Il vient de terminer le tournage de Fury de David Ayer, aux côtés de Brad Pitt et Shia LaBeouf.

Cannes 2014 – Lettre à… Abderrahmane Sissako

Posté par MpM, le 15 mai 2014

SissakoCher Abderrahmane Sissako,

Vous avez beaucoup ému la Croisette avec votre film Timbuktu présenté aujourd'hui en compétition officielle. Vous y montrez avec humanité la situation inhumaine d'une population soumise à la loi de l’absurdité et de l'intransigeance. Un film beau et poétique, parfois même drôle, s'il ne faisait un constat si terrible sur ce qu'ont vécu les habitants de Tombouctou pendant l'occupation de la ville par des Djihadistes intégristes en 2012.

Dans votre film, hommes et femmes souffrent de la même manière des lois toujours plus strictes des occupants : pas de musique, pas de football, des coups de fouet au moindre écart de conduite... Pourtant, la peine s'alourdit pour les femmes d'une tentative de prise de contrôle de leurs corps, qui deviennent eux-aussi un enjeu de pouvoir (comme c'est le cas dans la plupart des guerres). Les Djihadistes entreprennent ainsi de leur faire porter le voile, mais aussi de les obliger à porter des chaussettes et des gants lorsqu'elles sont dans un lieu public, y compris la commerçante qui vend du poisson et a par conséquent les mains dans l'eau toute la journée.

Cette main-mise sur le corps de la femme, qui confine ici au ridicule, semble avoir été le fil directeur de la journée, prouvant que la problématique est on ne peut plus universelle. Dans Bande de filles de Céline Sciamma (film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs), le corps de l'héroïne appartient symboliquement à son frère, qui ne supporte pas qu'elle ait une vie sexuelle.

Dans Loin de son père de Keren Yedaya (Un Certain Regard), c'est le père qui exerce un pouvoir absolu sur le corps de sa fille, avec laquelle il entretient une relation incestueuse. Il lui reproche par ailleurs de grossir ou de se laisser aller. Et quand il veut la punir, il la viole.

Cette violence pas uniquement symbolique à l'égard du corps des femmes est une constante dans les rapports de domination, qu'ils soient dans le cercle familial ou à l'échelle d'une société. Mais le fait qu'elle soit si répandue, touchant tous les pays, toutes les couches sociales et toutes les cultures, ne la rend que plus insupportable.

Dans votre film, cher Abderrahmane Sissako, la lueur d'espoir vient de l'art et de l'imagination. C'est en jouant au foot avec un ballon imaginaire que les jeunes hommes de Tombouctou luttent contre les intégristes. C'est en chantant que la jeune femme condamnée à 25 coups de fouet résiste symboliquement à ses oppresseurs. De même, c'est en faisant des films, des livres, des chansons... et même des articles, que l'on s'oppose à de telles pratiques, et surtout que l'on peut faire changer les mentalités.

Cannes 2014 : l’industrie chinoise star du marché du film

Posté par MpM, le 15 mai 2014

proverbe chinoisCe n'est pas un hasard si la soirée d'ouverture du Marché du Film sera cette année consacrée à la Chine : le pays pourrait en effet y devenir le 5e pays le plus représenté, avec près de 400 participants.

Pas de quoi s'étonner quand on sait que l'industrie cinématographique chinoise a le vent en poupe et que son marché local, devenu le 2e au monde en 2012, devrait passer en tête à l'horizon 2020. L'an passé, le box-office chinois a ainsi connu une progression de 27% avec des recettes record ayant dépassé les 3,6 milliards de dollars. Parmi les dix films les plus rentables, 7 étaient chinois. Un bon score en partie dû au fait qu'en Chine, un quota limite à 34 le nombre de longs métrages étrangers distribués par an.

Autant dire que de grosses sommes d'argent sont en jeu pour entrer sur ce marché éminemment lucratif, et que les places sont chères. Signe des temps, pour faciliter les négociations et les signatures de contrat sur la Croisette, la base de données en ligne Cinando, consacrée au Marché cannois, a depuis mars sa version en mandarin.

ttendez-vous à voir des dragons lors de l'Opening Night du Marché du Film, qui est devenue une tradition au Festival et sera cette année consacrée à la Chine. Nous y célèbrerons la présence de plus en plus marquée de l'industrie chinoise au Marché. Avec près de 400 participants, la Chine pourrait devenir le 5ème pays le plus représenté au Marché cette année, un record pour cette industrie.

Les années Jajacobbi : Cannes 1979

Posté par vincy, le 15 mai 2014

La belle année

L’une des plus belles années de Gilles Jacob, selon Gilles Jacob. Et, de facto, à y regarder de près, 1979 est en effet une année flamboyante pour le cinéma. Cannes ouvre avec Hair de Milos Forman, pour  clore une décennie folle et dissolue. Une ouverture musicale et jeune, dans l'air di temps.

Mais on reste impressionner par la liste des cinéastes qui se bousculent sur la Croisette, certains venus pour la première fois à Cannes, d'autres déjà récompensés: Claude Lelouch (A nous deux), Andrzej Wajda (Sans anesthésie), Dino Risi (Cher papa), Francesc Rosi (Eboli), Terence Malick (Les moissons du ciel, avec le jeune et beau Richard Gere), Luigi Comencini (Le grand embouteillage), André Téchiné (Les soeurs Brontë, même si Huppert et Adjani ne sont pas venues), Jacques Doillon (La drôlesse), Martin Ritt (Norma Rae, avec une formidable Sally field), Federico Fellini (Répétition d'orchestre), Alain Corneau (Série noire, avec un sublime Patrick Dewaere), James Bridges (Le syndrome chinois, film anti-nucléaire produit par Michael Douglas), James Ivory (The Europeans), John Huston (Le malin), Werner Herzog (Woyzeck)...

Sans oublier Woody Allen. Même si le réalisateur n'est pas venu, c'est à Cannes que Manhattan, l'un de ses plus grands films, sera montré au monde entier. Des minutes entières d’applaudissements devant un rideau tombé.

Et pour compléter l'anthologique année 1979, les deux Palmes d'or. Cette année-là ne pouvait pas se contenter d'une seule. Françoise Sagan, présidente du jury adore Le Tambour de Volker Schlondorff et défend ce film jusqu’au bout. Elle clame partout que Le Tambour est le seul vrai choix du jury. Elle se plaint de pressions exercées sur le jury pour l'autre film... Le Tambour partage donc la Palme d'or avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, qui devient ainsi le premier double palmé de l'histoire du Festival. Le film de Coppola est encore aujourd'hui la Palme d'or la plus populaire en nombre d'entrées dans le monde.

Le film de Coppola, venu en famille, était encore en montage. Il est présenté en l'état. Il devait être présenté hors-compétition mais le cinéaste exigea la compétition. C'est aujourd'hui un grand classique du cinéma. On en oublierait presque le tournage tumultueux, le financement périlleux, le montage interminable. La Palme d'or panse toutes les plaies.

Cannes 2014 – les mots de Cannes : le 8:30

Posté par MpM, le 15 mai 2014

Les critiques vont rarement voir "un film", mais des réalisateurs. Faites le test et dites à l'un d'entre eux que vous avez été séduit par Winter sleep, il vous regardera probablement avec un air absent, jusqu'à ce que vous précisiez "le Ceylan". Coquetterie ou mémoire courte, le journaliste spécialisé retient rarement le nom des films. Après tout, à quoi bon apprendre des titres qui changent tout le temps quand les cinéastes, eux, s'appellent toujours pareil. Surtout à Cannes.

Il n'est d'ailleurs pas rare que même le critique le plus éminent n'ait pas retenu le nom du cinéaste en question, surtout s'il s'agit d'un nouveau venu, ou s'il y a beaucoup de consonnes dans son patronyme. Il utilisera alors une autre périphrase presque toujours basée sur la nationalité du film et sa sélection : on va voir l'Argentin en compétition, on a aimé l'Israélien à la Semaine de la Critique, on déconseille le Syrien en séance spéciale, etc.

Mais il arrive toujours un moment où même le plus aguerri ne sait plus du tout ce qu'il va voir. Au bout de cinq ou six jours de festival intensif, les noms et les pays se mélangent, et on ne parle même pas des titres. On dit alors avec un grand sens pratique qu'on va voir le film de 8:30, ou celui de 14.00. Cela ne renseigne pas forcément notre interlocuteur, mais à défaut, il est toujours très impressionné de savoir qu'on est capable de s'assoir dans une salle de cinéma à 8h du matin après avoir passé une partie de la nuit dans une soirée avec lui.

Cannes 2014 : Qui est Timothy Spall?

Posté par vincy, le 15 mai 2014

timothy spallL'ACTEUR NORMAL

A 57 ans, Timothy Spall est loin d'être un inconnu. Certes, il n'a toujours pas de prix BAFTA à son actif, mais en 35 ans de carrière, il a été 5 fois nommé pour la récompense. Ce britannique de 57 ans est en course pour un prix d'interprétation cannois grâce à Mike Leigh, une fois de plus. Il incarne le peintre Turner, icône de l'art anglais. Son jeu, très subtil, loin d'en faire une figure hagiographique, montre l'étendue d'un talent souvent ignoré.

Il faut dire que Spall n'a pas le physique pour être une star. Et il a du longtemps patienter avant que son heure ne vienne. Jusqu'en 1990, il ne tourne que quelques films (Gothic de Ken Russell, Le Complot d'Agnieszka Holland, Chasseur blanc, cœur noir de Clint Eastwood et Un thé au Sahara de Bernardo Bertolucci). Son physique banal d'anglais mal dégrossi est parfait pour incarner un fonctionnaire, bourgeois ou notable...

La télévision est plus généreuse où il enchaîne séries et téléfilms. C'est d'ailleurs pour le petit écran qu'il croise un certain Mike Leigh : un épisode du feuilleton policier Play for Today (Home Sweet Home) en 1982. Sinon il se produit au théâtre, sa passion, ses racines, là où il a pu jouer Shakespeare et Tchekhov.

En 1991, Leigh l'enrôle dans le méconnu Life is Sweet. Mais ce n'est que cinq ans plus tard que Timothy Spall va enfin pouvoir s'imposer. Mike Leigh lui offre le personnage du photographe de mariage dans Secrets et mensonges, Palme d'or en 1996. Dès lors, il va devenir une figure incontournable du cinéma anglais, souvent en second-rôle : Hamlet et Peines d'amour perdues de Kenneth Branagh, Still Crazy de Brian Gibson, Topsy-Turvy de Mike Leigh. Mais paradoxalement c'est le cinéma étranger qui va lui donner ses rôles les plus populaires. Car Spall tourne partout et de tout : Vatel de Roland Jouffé, Intimité de Patrice Chreau, Vanilla Sky de Cameron Crowe, Le Vieux qui lisait des romans d'amour de Rolf De Heer...

Fils d'un postier et d'une coiffeuse, marié depuis 33 ans à la même femme, l'acteur voit sa carrière prendre une tournure inimaginable avec un autre film de Mike Leigh, qui cette fois-ci lui offre le rôle principal d'All or Nothing. Il incarne un chauffeur de taxi proche du pétage de plomb. Anthologique. Le grand public va alors ne voir que lui : Le Dernier Samouraï, Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire, les deux meilleurs Harry Potter, Le Prisonnier d'Azkaban et La Coupe de feu, et tous les suivants, où il est le "rat" Peter Pettigrow, Sweeney Todd, Il était une fois..., Le Discours d'un roi où il incarnait Winston Churchill. Avec Turner, il met à son tableau de chasse les deux plus grands mythes non royaux de l'empire britannique à son tableau de chasse.

Il est formidable en Joseph Mallord William Turner. Montrant qu'un personnage se joue sur la durée et dans le moindre détail. Il aime ces hommes sombres, irrévérencieux, incorrects, presque fous. "Les gens pensent que ce sont des losers. Je considère qu'ils sont représentatifs de la vie normale" explique Spall, homme affable et acteur talentueux. Loin de tout star système.

Cannes 2014 – Les télex du Marché : Adèle Exarchopoulos, Tilda Swinton, Catherine Deneuve, Vincent Cassel …

Posté par redaction, le 14 mai 2014

marché du film - cannes- StudioCanal vient d'acheter les droits de deux films internationaux.
Le premier projet est celui de James Watkins (La dame en noir) intitulé Bastille Day. Il s'agit d'un thriller d'action qui mettra en scène Adèle Exarchopoulos et Idris Elba (Mandela). Le tournage est prévu cet été à Paris.
Le second projet quant à lui réunira Ralph Fiennes et Tilda Swinton, tous deux vu récemment ensemble dans The Grand Budapest Hotel, ainsi que l'australienne Margot Robbie (Le Loup de Wall Street) et le belge Matthias Schoenaerts (De rouille et d'os). Il s'agit d'un thriller sur fond de séduction. Le tournage est également prévu cet été mais cette fois en Italie.

- Catherine Deneuve retrouve Emmanuelle Bercot. Après Elle s'en va (en compétition au Festival de Berlin l'an dernier), la réalisatrice et la comédienne tourneront La tête haute (Standing Tall pour le marché du film). Produit par la société Elle Driver, le film mettra en scène Deneuve dans le rôle d'une juge pour enfant qui s'occupe d'un jeune délinquant. Benoît Magimel et Sara Forestier feront partis du casting.

- Vincent Cassel va aussi célébrer des retrouvailles avec un cinéaste qu'il connaît bien puisqu'il s'est engagé sur le tournage du prochain Jean-François Richet, le réalisateur du diptyque Mesrine. Cassel jouera aux côtés de François Cluzet dans Un moment d'égarement, remake de la comédie de Claude Berri sortie en 1977. Dans ce film originel, deux amis, la fille de Victor Lanoux, 16 ans, tombait amoureuse de Jean-Pierre Marielle. Cassel reprendra le rôle de Marielle tandis que Cluzet héritera de celui de Lanoux.

Cannes 2014 : une ouverture sous le signe de la mémoire

Posté par kristofy, le 14 mai 2014

Kidman WIlson ouverture Cannes 2014

Le 67e Festival de Cannes a été officiellement lancé ce mercredi avec beaucoup de glamour hollywoodien grâce à Nicole Kidman et Tim Roth et aussi un peu d’exception culturelle française puisque Grace de Monaco est réalisé par Olivier Dahan, qui a dû batailler pour imposer la version de son montage.

Sur la scène du grand théâtre Lumière, Lambert Wilson a semblé très à l’aise dans son rôle de maître de cérémonie, se montrant polyglotte, malicieux, charmeur, et solennel : « Quel bonheur, quelle émotion, quel privilège, devant l’assistance la plus prestigieuse. Du premier au dernier rang : je vous dis bravo, vous êtes mes héros ». Il a ainsi autant salué les anonymes qui rêvent peut-être d’être devant ou derrière une caméra que des figures emblématiques du cinéma français que sont Henri Langlois (créateur de la Cinémathèque française) et Alain Resnais.

« Ne sommes-nous pas en train de perdre un peu la mémoire du cinéma ? Comme si l’évolution technique l’amenait à périmer son passé, alors qu’on n'a jamais été autant abreuvé de contenus ? Notre mission est que le cinéma, et les œuvres d’art en général, ne puissent jamais disparaitre (à part deux ou trois comédies que j’ai tournées au début de ma carrière). » Sous l’apparence anodine d’une question simple qui émaille un discours, c’est une thématique essentielle qui a été discrètement mise en avant. Le cinéma doit relever les défis de la restauration des œuvres, de la transmission des films les plus divers en provenance des autres pays, de la découverte sur grand-écran dans une salle de cinéma plutôt que sur le petit écran d’un ordinateur… Il s’agit de missions que le Festival de Cannes s’attache à poursuivre depuis des années sous l’impulsion commune de Gilles Jacob et de Thierry Frémaux avec notamment les sélections Cannes Classics et Cinéfondation.

L’exercice périlleux de la présentation d’une cérémonie d’ouverture a été brillamment  assuré par Lambert Wilson sous le signe d’une certaine complicité. Il est descendu de scène pour aller au milieu de la salle et inviter Nicole Kidman à danser quelques pas de salsa avec lui, et il a lancé la traditionnelle chanson Happy Birthday pour les anniversaires de Tim Roth et de Sofia Coppola. C’est le réalisateur Alfonso Cuarón (qui vient d’être oscarisé pour Gravity)  et la comédienne Chiara Mastroianni (dont le père est en photo sur l’affiche du Festival) qui ont déclaré le festival ouvert.

Le passage du discours qu'on va se répéter chaque jour jusqu’à la cérémonie de clôture sera : « Place au miracle ! »