Le musée Chaplin encore à l’état de projet (très coûteux)

Posté par Benjamin, le 25 février 2011

34 ans après sa mort, Charlie Chaplin continue de faire l’actualité. Mais comme chacun le sait, la légende ne meurt jamais et Charlot demeure une figure mondialement connue du cinéma. Si dernièrement, il est revenu sur le devant la scène avec la sortie du coffret DVD La naissance de Charlot qui permet de (re)découvrir ses tout premiers films, aujourd’hui c’est un tout autre sujet qui fait parler de lui.

Cela fait maintenant presque 10 ans que le projet est lancé : un musée, entièrement consacré à l’œuvre de Chaplin, devrait voir le jour dans la dernière demeure du géant, c'est-à-dire à Corsier en Suisse. Le manoir Chaplin, où il résidait depuis 1952 après s'être exilé des États-Unis, a été choisi pour accueillir le musée qui, selon l’architecte Philippe Meylan et la scénographe Yves Durand recevra 300 000 visiteurs environ par an et sera un pôle touristique pour la Suisse.

Seulement voilà, depuis le temps que le projet est sur les rails, peu de choses ont été accomplies et beaucoup de difficultés ont été rencontrées. Le budget au fil des années a plus ou moins explosé, passant de 19 millions d’euros en 2002 à 26,6 en 2007 pour finalement atteindre les 45,6 millions en 2011. Cette hausse monumentale fait peur aux investisseurs et certains quittent le navire, à commencer par les quatre communes qui, en 2008, s’étaient engagées à financer le projet.

Pour résumé, le manoir Chaplin appartient aujourd’hui à deux milliardaires : Gérard Lopez et Éric Lux, le musée serait donc financé par des fonds privés. Seulement les deux hommes sont peu appréciés, soupçonnés d’avoir de mauvaises intentions et d’avoir des fréquentations avec la mafia russe.

Mais Philippe Meylan tient à rassurer tout le monde et à disperser les rumeurs. Le musée est toujours d’actualité et plus prometteur que jamais. Il annonce un lieu résolument moderne qui fera intervenir l’œuvre entière de Chaplin, des décors animés ou encore des effets spéciaux et de la 3D. Par contre, le musée ne sera pourvu d’aucune archive photo ou filmique qui appartiennent pour la première au musée de l’Élysée à Lausanne et pour la seconde à la Cinémathèque de Bologne.

Même si le projet du musée semble ambitieux, les créateurs semblent avancer seuls, sans le soutien par exemple de l’Association Chaplin ou des cinémathèques. Verra-t-il le jour ? Rencontrera-t-il un franc succès ? Il y a encore beaucoup de points d’interrogation autour de ce musée qui n’a pas encore posé sa première pierre.

Cannes 2011 (cinéma français) : il n’y aura pas assez de place pour tout le monde…

Posté par vincy, le 24 février 2011

André Téchiné (Impardonnables), Mathieu Kassovitz (L'ordre et la morale), Robert Guédiguian (Les pauvres gens), Claude Miller (Voyez comme ils dansent)... les habitués français du Festival de Cannes vont se bousculer. Promotion en compétition, abonnement à une sélection parallèle, confirmation ou révélation : le cinéma français offre une diversité dont pourrait tirer bénéfice le festival dans son ensemble.

L'animation peut ainsi proposer deux films : The Prodigies - La nuit des enfants rois et Le chat du Rabbin.

Certains cinéastes sont déjà venus à Cannes : Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (Poulet aux prunes), Mia Hansen Love (Un amour de jeunesse), Dominik Moll (Le moine), Bertrand Bonello (L'apollonide), Nicolas Klotz (Les amants), Christophe Honoré (Les bien-aimés), Patricia Mazuy (Sport de filles). Souvent Cannes est leur salut pour promouvoir des films difficiles.

Mais il serait presque souhaitable que les sélectionneurs piochent dans de nouvelles signatures, reconnues par ailleurs. Radu Mihaileanu, qui sort du Concert, avec La source des femmes Roschdy Zem qui revient sur un fait divers réel avec Omar m'a tuer ; Xavier Durringer qui retrace l'ascension vers l'Elysée de Nicolas Sarkozy sans La conquête ; Virginie Despentes, récent prix Renaudot en littérature, qui adapte son roman Bye Bye Blondie ; Philippe Lioret qui va très bien, on ne s'en fait pas depuis le succès de Welcome, avec Toutes nos envies.

Et puis, on peut imaginer le dépucelage de Michel Hazanavicius (The Artist), le retour de Chantal Ackerman (La folie Almayer) et de Nicolas Klotz (Les amants), les noms à apprendre de Malgoska Szumowska (Sponsoring), Ismael Ferrouki (Les hommes libres)...

Cannes aura de quoi trier. Mélanie Laurent (Adoptés), Santiago Airogerna (Another Kind of Silence), Delphine et Muriel Coulin (17 filles) permettraient d'insuffler de nouveaux regards dans un festival qui aime se singulariser.

Une chose est sûre : il n'y aura pas de place pour tout le monde...

Le festival international du film de Portland, c’est du « Made in Oregon »

Posté par Sarah, le 24 février 2011

Nous sommes à une période charnière dans l'année en ce qui concerne le cinéma. Les festivals abondent, les nominations et les statuettes aussi. Après avoir suivi les Golden Globes et le Festival de Sundance (du 21 au 30 janvier), et avant d'attaquer les Oscars (le 27 février), le public américain a de quoi se reposer lors du PIFF- le Festival International du Film de Portland (Oregon), qui se tient jusqu'au 26 février. La sélection est impressionnante, et le public, plutôt local, ne reste pas sur sa faim. Le PIFF, qui peut être considéré comme faisant partie de la seconde zone par certains,  en est néanmoins à sa 34ème édition et les fidèles y reviennent chaque année, et pour cause.

Auréolés par le festival de Sundance (Utah), les films de la région partent grand favoris. Parmi eux, on peut citer How To Die in Oregon de Peter D. Richardson, qui a reçu le prix du meilleur documentaire à Park City (Utah), et l'étonnant The Woods du réalisateur orégonais Matthew Lessner. Le premier traite de l'application de la légalisation du suicide assisté dans l'Etat de l'Oregon, qui est le premier du pays à l'avoir autoriré en 1995. Le réalisateur suit plusieurs personnes ayant choisi d'avoir recours à cette méthode, et une personne qui la refuse. Le deuxième, qui est une fiction,  raconte l'histoire d'une bande de bobos un peu stupides, qui partent vivre dans la forêt pour se reconnecter avec la nature et préparer une révolte politique. Tout un programme.

Le festival fait également la part belle aux films venus du monde entier (Europe, Asie, Moyen-Orient, Amériques, Pacifique, etc.). En effet, plus de 45 pays y sont représentés. On retrouve l'onirique palme d'or de Cannes Oncle Bonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, et l'ours d'or 2010, Miel du Turc Semih Kaplanoglu. Par ailleurs, le festival donne un avant-goût des Oscars avec la projection de deux films nominés dans la catégorie du film étranger : le danois Revenge de Susanne Bier et le dernier film du Canadien Denis Villeneuve, Incendies.

Ici à Portland, deux avants-premières sont particulièrement attendues. Celles de deux films réalisés dans la ville même, Cold weather d'Aaron Katz et Some Days are Better than Others de Matt Cormick qui traitent de sujets importants, fortement ancrés dans le réel et plutôt graves. Ils nous parlent simplement - mais pas de façon simpliste - du monde actuel et des aléas de la vie, en touchant au plus près le spectateur.

Bien entendu, le festival n'oublie pas le cinéma français ou de langue française. Le film de François Ozon, acclamé par le public et la critique à l'automne dernier  Potiche, a ouvert le festival. Le public américain pourra aussi voir l'étonnant Rubber de Quentin Dupieux, s'émerveiller devant Des hommes et des Dieux de Xavier Beauvois, mais aussi découvrir Copie conforme d'Abbas Kiarostami avec Juliette Binoche et La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier. Une bien belle sélection.

True grit : un roman de Charles Portis, deux films signés Coen et Hathaway

Posté par MpM, le 23 février 2011

true gritA l'origine, True grit est un roman de Charles Portis publié  en 1968 et rapidement devenu culte. Écrit à la première personne, il raconte comment, peu après la fin de la guerre de Sécession, la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.Plus que l'histoire elle-même, c'est l'ambiance décrite, et surtout le ton employé, qui font tout le sel du livre.

En effet, la jeune fille porte sur ses compagnons un regard si teinté de puritanisme, de candeur et d'absence totale de second degré que c'en est savoureusement décalé, voire franchement drôle. Ce qui n'empêche pas le roman de dépeindre un monde hostile et violent, où chacun doit se battre pour se faire une place. D'où la personnalité forte, mais aride, de Mattie, qui ayant endossé très jeune les responsabilités et les soucis, doit être capable d'y faire face. Les autres personnages sont eux aussi de forts caractères, purs produits de leur époque, et notamment de la guerre civile encore toute fraîche. Ils nous entraînent dans une aventure à la fois romanesque et très épurée, puisque les relations entre les trois protagonistes l'emportent très largement sur l'action.

Il existe deux adaptation cinématographiques de True grit. La première, plus connue sous le titre  Cent dollars pour un shérif, est signée Henri Hathaway (1969) et valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. La deuxième, réalisée par les frères Coen, vient tout juste de sortir en France. Les deux films sont relativement fidèles au roman de Charles Portis, mais chacun à sa manière.

Ainsi, Cent dollars pour un shérif a respecté au plus près le texte, et notamment les détails fournis par Mattie sur sa propre vie. On y retrouve par exemple des allusions au fait qu'elle appartient à une branche spécifique de Presbytériens, ou une séquence mettant longuement en scène sa famille. Comme si Henri Hathaway avait essayé de ttraduire sa moindre pensée en dialogue plus ou moins signifiants.

En revanche, le film semble aujourd'hui assez daté, bien que cela ne soit pas le cas du roman. Il s'inscrit sans aucun doute dans la lignée des grands westerns, avec image Technicolor, grands espaces et passages obligés comme les chevauchées sur la plaine ou le bivouac improvisé. Les violons, les bons sentiments et le happy end de circonstance ne sont pas très loin...

Côté acteurs, la jeune actrice est assez niaise et John Wayne lui-même paraît un peu fade. Les personnalités sont aussi moins tranchées, comme marquées au sceau d'un certain classicisme, voire conservatisme : impossible de montrer la jeune Mattie se fondre totalement dans un costume et un rôle d'homme, par exemple.

Chez les Coen, c'est presque l'inverse. Sur certains points purement narratifs, ce sont eux qui ont pris le plus de liberté avec le roman, inventant des personnages, supprimant des séquences, et forçant certaines situations. Ainsi, l'opposition entre Rooster Cogburn et LaBoeuf tient moins de l' affrontement viril de deux systèmes de valeurs que d'une chamaillerie puérile entre deux insupportables garnements. Quant à la chasse à l'homme, déjà accessoire dans le roman,  elle sert carrément de prétexte à des dialogues enlevés et un portrait au vitriol de l'époque et de ses règles.

Mais en déconstruisant les codes du western et en s'appropriant si complètement le roman de Portis, les deux réalisateurs restent fidèles à son ton inimitable. D'ailleurs, on voit bien ce qui a pu les séduire dans cette histoire rocambolesque de vengeance mais aussi de découverte et d'initiation, tant les deux personnages masculins ont ce petit quelque chose que l'on retrouve à des degrés divers dans la plupart de leurs films : ce sont des êtres solitaires et presque marginaux, mi losers magnifiques, mi farfelus irrécupérables. Ainsi, leur version décalée, à la fois pessimiste et légère, s'avère une relecture moderne de l'œuvre originale dont elle respecte les fulgurances, l'auto-dérision et le rythme.

S'il fallait choisir entre les deux adaptations, celles des Coen semblent donc plus adaptée aux goûts du jour. Mais quoi qu'il en soit, l'essentiel est de ne pas passer à côté du roman de Charles Portis, de l'intransigeante Mattie Ross et du terrible Rooster Cogburn.

Cannes 2011 : ça se bouscule côté cinéma américain

Posté par vincy, le 23 février 2011

Dès l'ouverture, le ton sera donné : le cinéma américain était quasiment absent l'an dernier ? les films venus d'Hollywood étaient médiocres ? Cette année, Cannes 2011 comblera sans doute les attentes.

Dès l'ouverture, Woody Allen ouvrira le bal avec Minuit à Paris (Midnight in Paris). La montée des marches ravira les photographes : Marion Cotillard, Rachel McAdams, Michael Sheen, Marcial Di Fonzo Bo, Adrien Brody, Elsa Pataky, Kathy Bates, Owen Wilson, Manu Payet, Léa Seydoux, Gad Elmaleh, et Carla Bruni-Sarkozy (avec ou sans son mari ?). Evidemment, ce sera hors compétition, mais au moins, la légèreté sera au rendez-vous.

Et puis, normalement (on ne jure plus de rien), le film le plus attendu de Cannes 2010 sera en compétition à Cannes 2011. Tree of Life de Terrence Malick sortirait même simultanément en France. Avec Brad Pitt et Sean Penn (qui pourrait aussi être en compétition avec Paolo Sorrentino) à l'affiche, là encore l'hystérie est à prévoir.

Autre confirmation, le long métrage de Madonna, dont quelques extraits ont été présentés à Berlin, W.E. sera hors-compétition ou en séance spéciale. L'icône pop a une longue histoire d'amour avec le Festival. Pas sûr cependant que ce film, en partie tourné sur la Côte d'Azur, sur Edouard VII (le frère de George VI, protagoniste du Discours du roi) fasse saliver les critiques.

Parmi les prétendants à la compétition, il y a trois ex-palmés : Gus Van Sant (Restless, opportunément reporté), Francis Ford Coppola (Twixt now and sunrise, qui pourrait encore faire un pied de nez aux organisateurs en allant à la Quinzaine ou en exigeant la clôture) et Steven Soderbergh avec Haywire, son "petit" film, tourné dans la foulée de Contagion (qui devrait faire les beaux jours de Venise).

Autres possibilités, ceux qui ont déjà eu les honneurs de la sélection officielle ou des sections parallèles : Richard Linklater (Bernie), Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin), Lynn Shelton (projet pas encore titré) et Alexander Payne (The Descendants, avec George Clooney).

Mais les sélectionneurs peuvent aussi surprendre. Pour la compétition, quelques cinéastes réputés peuvent être choisis : Andrew Niccol (Now), Joe Wright (Hanna), Tom McCarthy (Win Win), Rodrigo Garcia (Albert Nobbs, avec une Glenn Close travestie), David O'Russel (Nailed), J.J. Abrams (Super 8).

Hors-compétition, les studios peuvent décider de faire du festival leur rampe de lancement pour des films comme X-Men First Class (le troisième épisode avait déjà été présenté sur la Croisette), Larry Crowne (de et avec Tom Hanks et Julia Roberts), Kung-Fu Panda 2 (le premier avait fait son avant-première à Cannes) ou Cars 2 (profitant aussi du championnat de Formule 1 à Monaco) et bien évidemment Pirates des Caraïbes 4, ne serait-ce que pour avoir Johnny Depp et Penelope Cruz sur les marches.

Plus sûrement, The Beaver de Jodie Foster, avec Mel Gibson, devrait faire le déplacement. On imagine Jodie faire la bise à De Niro, 35 ans après Taxi Driver...

Beaucoup plus hypothétique, Tintin de Spielberg (a priori l'avant-première aura lieu à Bruxelles ou Angoulême à l'automne), Hugo Cabret de Martin Scorsese (pas vraiment fini) ou l'ultime épisode d'Harry Potter. Quoique. En clôture, ça aurait de la gueule et ça obligerait les accrédités à rester jusqu'au dernier week-end.

Côté indépendants, il y a foule pour remplir Un certain regard, la Quinzaine et la semaine de la critique. So Yong Kim (For Ellen), Drake Doremus (Like Crazy), Maryam Keshavarz (Circumstance), Sean Durkin (Martha Marcy May Marlene), Sam Levinson (Another Happy Day), Jesse Peretz (My Idiot Brother), Nathaniel Dorsky (Pastourelle), Jonathan Levine (Life with it)...

Mais il n'y a pas que les Américains. Deux Canadiens tiennent la corde : l'habitué David Cronenberg (A Dangerous Method) et la respectée Sarah Polley (Take this Waltz). Les Latinos américains ne sont pas en reste. Malgré la polémique actuelle, Cannes fêtera le Mexique avec son enfant prodigue, Carlos Reygadas (Post Tenebras Lux). Benjamin Avila (Infancia clandestina) et Pablo José Meza (La vieia de atras) pourraient trouver leur place dans la liste des élus.

Le mystère reste entier sur le Walter Salles. Certes Venise semble plus probable, question de timing, mais MK2 et Coppola pourraient accélérer le calendrier de Sur la route, d'après le livre de Jack Kerouac. Avec le Malick, ce serait sans doute l'événement américain du festival.

Cannes 2011 : 5 bonnes raisons de confier le jury des courts métrages à Michel Gondry

Posté par MpM, le 22 février 2011

michel gondryC'est Michel Gondry qui présidera le jury des courts métrages et de la Cinéfondation lors du prochain festival de Cannes. Il succède ainsi à Atom Egoyan, Hou Hsiao Hsien, Martin Scorsese ou encore John Boorman. Le choix est excellent, et on vous en fait la démonstration en cinq points :

1) Michel Gondry est un auteur original qui cherche et innove dans chacun de ses films.  Comme le dit le communiqué de presse du festival, c'est un "Artisan virtuose [qui] réinvente sans cesse, en moderne Méliès, tout l'éventail d'effets et d'enchantements du cinéma". A ce titre, il sera ouvert à un cinéma moderne et soucieux de dynamiter les cadres.

2) Il a beau être un habitué de la Croisette (Human nature en 2001, Tokyo en 2008, L'épine dans le coeur en 2009), Michel Gondry n'a jamais été sélectionné en compétition. Cette fois, c'est lui qui remet les prix, dont la fameuse caméra d'or du court métrage. Il sera là sans pression, simplement guidé par son amour du cinéma.

3) 2011 est l'année Gondry. En janvier, son Frelon vert nous a réjoui en film de super héros qui ne se prend pas au sérieux. Jusqu'au 7 mars, le centre Beaubourg lui consacre une rétrospective et une carte blanche. Pour l'occasion, le roi du film suédé y a installé son "usine de films amateurs", qui permet au public de se lancer dans la fabrication de son propre court métrage.

4) Qui mieux que Michel Gondry est capable d'apprécier les films courts réalisés par les cinéastes de demain ? Pour la sortie DVD de Be kind, rewind, il avait initié un concours de films suédés, et s'était prêté au jeu de son côté. Avec lui, ce ne sont pas les oeuvres avec le plus gros budget qui ont le plus de chance...

5) Michel Gondry nous fait rêver, rire et croire encore dans cette entraide et cette communion que seul le cinéma permet. Et pour tout cela, on l'aime, et on est ravi de le voir investi d'une mission aussi captivante pendant le plus beau festival du monde... surtout si cela lui inspire un nouveau film farfelu, poétique et tendre !

Justin Bieber Never say Never : un être assexué et désincarné comme fantasme

Posté par vincy, le 22 février 2011

Never Say Never raconte l'histoire vraie de Justin Bieber, devenu le phénomène mondial que l'on connait. Le public découvrira son incroyable parcours, de Stratford au Canada où il jouait dans la rue jusqu'à son concert à guichets fermés au Madison Square Garden. Découvrez cette fulgurante ascension et rentrez dans l'intimité de cette jeune star internationale.

Le synopsis est évidemment grandiloquent. On en a vu des jeunes stars "phénoménales" se briser les ailes : voix muée, problèmes personnels, changements de staff, évolution des goûts de leurs fans... Alors autant profiter de la Justinmania, comme les studios ont profité de la vogue Hannah Montana ou celle de Miley Cyrus.

Ces productions hollywoodiennes ne sont pas nouvelles. Britney Spears, Prince, Madonna, Elvis Presley, ... tous les artistes ont profité du cinéma pour flatter leur ego, parfois en filmant leurs tournées backstage, parfois en scénarisant légèrement un fil conducteur ponctué de chansons. Énième documentaire / concert, on est plus souvent hors de scène que dessus. La star a primé sur l'artiste. Un choix ou un constat?

Justin Bieber, ici, se livre en mélangeant son quotidien (fantastique), sa pression (incroyable), ses chansons (dingues ces cris hystériques ... Justiiiiiiiiiin)... La prière est un rituel. Et les guests ne se font pas prier pour venir sur scène. On y croise Jaden Smith, puisque l'acteur de Karate Kid avait déjà chanté la chanson du générique avec Bieber. Le tout en 3D pour être plus proche des boutons d'acnée, les toucher, les percer... ah le rêve.

L'affiche nous le présente mélancolique, tourné vers le passé, le visage moins gamin. Avec sa capuche, il ressemble à un Eminem light. Toujours cette mèche, en vogue, comme une vague...

Du coup, malgré ses 21 millions de fans sur Facebook et 7 millions sur Twitter, il est parodié de partout, pour ne pas dire moqué. Snobé par les Grammy, adoré par les MTV Awards, il a fait craquer les adolescentes en deux albums, My World et My World 2.0 (quelle originalité, quelle modernité). 2,3 millions d'albums vendus aux USA, n°1 en Allemagne, en Australie, n°3 au Royaume Uni, n°4 en France... et pourtant aucun single à la première place... mais des concerts remplis à ras bord. On est loin des scores de Britney Spears ou Lady Gaga, cependant, côté ventes.

Loin de nous la volonté de minimiser son succès. Certes, cela a toujours existé les enfants stars. Celui-là, parfait blondinet sachant bouger sans une once de vulgarité sexuelle ou de sous entendus sensuels, correspond parfaitement à l'image fantasmée d'un adolescent doué, propre sur lui, ne se mêlant de rien. C'est de la pop, pas du rock.

À 17 ans, entouré de Usher, Rihanna et Miley Cyrus, ce canadien joue pleinement sur son innocence, préférant souvent les costards blancs aux noirs. Le sexe n'a pas sa place dans cette biographie d'un adolescent dont la vie est remplie de filles hurlant son nom. L'image de Bieber balançant sa mèche, au ralenti, pourra faire rire (on est plus proche d'un pastiche de publicité pour shampoing que d'un geste chorégraphique signifiant). Le documentaire ne transgresse jamais la ligne jaune qui départage le marketing du talent, la sincérité du calcul, les pensées intimes de la propagande.

Mais il faut supporter la musique durant 105 minutes. Quoiqu'on en dise, un docu sur U2, les Stones ou Michael Jackson, même imparfait, est toujours sauvé par le son.

Objet faussement lumineux de désir, Never Say Never est là pour combler un public. C'est du produit bien empaqueté permettant de survaloriser la marque Justin Bieber dans le monde. Il est censé incarner un rêve... Mais qui peut rêver d'être aussi formaté?

Le 4e Prix Toscan du Plantier est décerné aux Films du Poisson

Posté par MpM, le 22 février 2011

Le 4e  Prix Toscan du Plantier a été décerné à Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez des Films du Poisson, les heureuses productrices de deux très jolis films français de 2010, L'arbre, de Julie Bertuccelli, et Tournée, de Mathieu Amalric.

 Ce prix  est décerné par un jury composé des artistes et techniciens nommés aux César ces trois dernières années, ainsi que des 45 membres de l'Assemblée Générale de l'Académie. Il peut être décerné à tout producteur (ice) ayant produit au moins deux films dont un sorti en 2010 et pouvant concourir au César du Meilleur Film, soit 158 personnes  éligibles cette année.  

Un signe d'encouragement à quelques jours des Césars, puisque l'Arbre et Tournée sont chacun nommé trois fois, dont meilleure actrice (Charlotte Gainsbourg), meilleur film (Tournée), meilleur réalisateur (Mathieu Amalric) et meilleure adaptation (Julie Bertuccelli).

Travelling Mexico : le festival de Rennes rattrapé par l’actualité

Posté par MpM, le 22 février 2011

travelling rennes MexicoChaque année, le festival Travelling à Rennes propose de découvrir une ville à travers les films qui l'évoquent ou s'y déroulent. L'an dernier, Istanbul était ainsi à l'honneur, succédant entre autres à Jérusalem et Buenos Aires.

En 2011, année du mexique en France, la manifestation s'est assez logiquement tournée vers Mexico, flamboyante capitale du pays, pour laquelle elle a concocté une programmation mêlant oeuvres récentes (Amours chiennes d'Alejandro Inárritu, Frida de Julie Taymor, Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas) et classiques du cinéma mexicain (Salon Mexico d' Emilio Fernandez, Los Olvidados de Luis Buñel...), mais aussi des sections thématiques (la frontière, révolution et turbulences), une sélection de courts métrages, un ciné-concert autour de Desperado de Roberto Rodriguez, des leçons de cinéma... En tout 110 films, 65 invités et 32 rencontres.

Une fête malheureusement entachée (que les organisateurs le reconnaissent ou non) par la récente polémique autour de Florence Cassez, cette Française condamnée en 2009 à soixante ans de prison par la justice mexicaine pour des faits d'enlèvement et de séquestration qu'elle a toujours niés. En effet, le 10 février dernier, cette même justice mexicaine a rejeté le recours de la jeune femme, provoquant des réactions peu amènes à l'égard du pays tout entier. L'année du Mexique en France semble même avoir été un moment compromise, avant que Nicolas Sarkozy n'ait décidé de la dédier à Florence Cassez. Suite à cette décision, le Mexique a annoncé son intention de ne pas assister aux célébrations prévues en mars prochain.

Pris dans la polémique, le festival Travelling a adressé une lettre de protestation au gouvernement français, arguant qu'"on ne peut demander à des artistes, des cinéastes, des écrivains et des scientifiques français, aussi bien que mexicains, d'accepter d'être utilisés comme moyen de pression dans des affaires qui relèvent de la justice et de la diplomatie" et demandant au président de la République française "de revenir sur sa décision de dédier l'Année du Mexique en France à Florence Cassez".

Alors que sa 22e édition commençait aujourd'hui, le festival Travelling avoue avoir été obligé de "se repositionner" mais refuse de dédier la manifestation à Florence Cassez, laissant simplement entendre qu'ils l'évoqueront "sans doute". Une non-prise de position qui a probablement à voir avec le fait que le festival ne peut se permettre de compromettre ses bonnes relations avec le Mexique, et surtout de mettre en danger le bon déroulement de son édition.

On peut comprendre cette volonté de se recentrer sur le cinéma et ceux qui le font, dans une démarche purement artistique, même s'il est faux de penser qu'un festival peut se dispenser de pensées et d'actes politiques. En revanche, il est plus difficile d'accepter que le festival soit allé jusqu'à s'engager contre la décision de Nicolas Sarkozy, qui a au moins le mérite de ne pas laisser Florence Cassez totalement sombrer dans l'oubli au fin fond de sa prison mexicaine. Car comment demander aux festivaliers de s'émouvoir toutes les deux heures devant des fictions de pellicule, et refuser de les sensibiliser à l'injustice dont la jeune femme aurait été victime, elle, dans la réalité ?

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Travelling Mexico
Du 22 février au 1er mars
Site de la manifestation

Cannes 2011 : l’Asie avec ou sans Wong Kar Wai ?

Posté par vincy, le 22 février 2011

Peu importe l'importance du contingent asiatique de Cannes 2011 : la seule question qui tourmentera médias et organisateurs sera autour du nouveau Wong Kar Wai. Quatre ans après l'ouverture du Festival avec My Blueberry Nights, The Grandmasters sera-t-il prêt dans les temps? Grand habitué de la Croisette (il en même été Président du jury), l'homme aux lunettes noires vient de reprendre le tournage des scènes de son nouveau film, avec Tony Leung Chiu Wai et Zhang Ziyi (voir actualité du 21 mai 2009). Son incursion dans les arts martiaux (et un hommage à Bruce Lee par la même occasion) est si attendue que Cannes sera encore prêt à des compromis : absence de mixage, montage non définitif, bobines reçues à la dernière minute. Peu importe : WKW est avec Almodovar le cinéaste non palmé le plus privilégié du Festival.

Mais d'autres films asiatiques pourront compenser son éventuelle absence. Lou Ye (Nuits d'ivresse printannière, primé en 2009) devrait être présent avec Chiennes (Love and Bruises), qui ferait monter les marches au "prophète" Tahar Rahim. Wang Xiaoshuai, déjà sélectionné l'an dernier avec Chongqing Blues, est en pleine post-production de 11 fleurs. Toujours de Chine, on peut espérer le nouveau Peter Chan, Swordsmen, en séance spéciale, ou/et le dernier Johnnie To, avec une comédie romantique (sic) Don't go Breaking My Heart. Le genre est rarement sélectionné à Cannes, mais le nom du réalisateur pourrait amener un peu de fraîcheur hors-compétition. Dans les sélections annexes (Un certain regard, Quinzaine...), les films remarqués à Rotterdam et Sundance peuvent faire leur apparition comme Zhang Miaoyan (Black Blood). De même, primé l'an dernier à Berlin avec Apart Together, Quan'an Wang pourrait avoir terminé le tournage dans les temps de White Deer Plain. Hors-compétition, Cannes pourrait miser sur 1911, réalisé par Jackie Chan, dont ce sera le 100e film, et Li Zhang. Quant à Tsui Hark, il semble plus proche de Venise que de Cannes côté planning.

Le cinéma japonais compte sur ses fidèles représentants pour nourrir les sélections : Hirokazu Kore-Eda et son Miracle, Takashi Miike et son Harakiri 3D en séance de minuit, ou le récemment disparu Satoshi Kon et son ultime dessin animé The Dream Machine, un événement en soi. Côté animation, on peut aussi croire à la possibilité du dernier Makoto Shinkai, Children who chase lost voices from deep below, qui doit sortir en mai au Japon.

Le cinéma asiatique pourrait aussi être plus diversifié cette année avec Tastumi, du singapourien Eric Khoo (My Magic, en compétition en 2008), Captured, du philippin Brillante Mendoza (avec Isabelle Huppert), Gibier d'élevage du cambodgien Rithy Panh (projet issu de l'Atelier de la Cinéfondation), du film sans titre du thaïlandais Pen-Ek Ratanaruang... La Corée du sud, incontournable, a des pépites en réserve et notamment The Murderer d'Hong-jin Na (The Chaser était à Cannes en 2009).

On voit mal, symboliquement, Cannes ne pas réserver une place de choix à un cinéaste iranien, même si les conditions de tournage sont particulièrement complexes. Déjà programmé dans quelques festivals, Harud de Reza Naji ou The Day I Disappeared d'Atousa Bandeh Ghiasabadi peuvent faire escale dans une sélection parallèle. Mais les grands noms habitués du Festival sont soit censurés, soit au travail pour Cannes 2012. La bonne nouvelle serait que le prix Goncourt Atiq Rahimi soit prêt à temps pour l'adaptation de son propre roman, Syngue Sabour. Son film Terre et cendres avait reçu le prix du Regard à Un certain regard en 2004.

Côté Proche-Orient, on pourrait voir Restoration (primé à Sundance) de Yossi Madmony à Un certain Regard, le nouveau film de Joseph Cedar (Beaufort) intitulé Footnote, celui d'Eran Kolirin (La visite de la fanfare) avec The Exchange, ou encore Et maintenant on va où?, de la libanaise Nadine Labaki, qui reviendrait quatre ans après Caramel. En revanche on doute qu'Ari Folman et son film d'animation The Congress soit prêt à temps.

Avec ou sans Wong Kar Wai, on aura quand même du mal à imaginer ce festival de Cannes sans le turc Nuri Bilge Ceylan, quatre fois primé à Cannes (Grand prix du jury, meilleur réalisateur, prix France Culture, prix Fipresci) grâce à ses trois derniers longs métrages en compétition officielle. Il était une fois en Anatolie est son plus important budget à date. Et avec un titre pareil, comment ne pas séduire le président Robert De Niro...?!