True grit : un roman de Charles Portis, deux films signés Coen et Hathaway

Posté par MpM, le 23 février 2011

true gritA l'origine, True grit est un roman de Charles Portis publié  en 1968 et rapidement devenu culte. Écrit à la première personne, il raconte comment, peu après la fin de la guerre de Sécession, la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.Plus que l'histoire elle-même, c'est l'ambiance décrite, et surtout le ton employé, qui font tout le sel du livre.

En effet, la jeune fille porte sur ses compagnons un regard si teinté de puritanisme, de candeur et d'absence totale de second degré que c'en est savoureusement décalé, voire franchement drôle. Ce qui n'empêche pas le roman de dépeindre un monde hostile et violent, où chacun doit se battre pour se faire une place. D'où la personnalité forte, mais aride, de Mattie, qui ayant endossé très jeune les responsabilités et les soucis, doit être capable d'y faire face. Les autres personnages sont eux aussi de forts caractères, purs produits de leur époque, et notamment de la guerre civile encore toute fraîche. Ils nous entraînent dans une aventure à la fois romanesque et très épurée, puisque les relations entre les trois protagonistes l'emportent très largement sur l'action.

Il existe deux adaptation cinématographiques de True grit. La première, plus connue sous le titre  Cent dollars pour un shérif, est signée Henri Hathaway (1969) et valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. La deuxième, réalisée par les frères Coen, vient tout juste de sortir en France. Les deux films sont relativement fidèles au roman de Charles Portis, mais chacun à sa manière.

Ainsi, Cent dollars pour un shérif a respecté au plus près le texte, et notamment les détails fournis par Mattie sur sa propre vie. On y retrouve par exemple des allusions au fait qu'elle appartient à une branche spécifique de Presbytériens, ou une séquence mettant longuement en scène sa famille. Comme si Henri Hathaway avait essayé de ttraduire sa moindre pensée en dialogue plus ou moins signifiants.

En revanche, le film semble aujourd'hui assez daté, bien que cela ne soit pas le cas du roman. Il s'inscrit sans aucun doute dans la lignée des grands westerns, avec image Technicolor, grands espaces et passages obligés comme les chevauchées sur la plaine ou le bivouac improvisé. Les violons, les bons sentiments et le happy end de circonstance ne sont pas très loin...

Côté acteurs, la jeune actrice est assez niaise et John Wayne lui-même paraît un peu fade. Les personnalités sont aussi moins tranchées, comme marquées au sceau d'un certain classicisme, voire conservatisme : impossible de montrer la jeune Mattie se fondre totalement dans un costume et un rôle d'homme, par exemple.

Chez les Coen, c'est presque l'inverse. Sur certains points purement narratifs, ce sont eux qui ont pris le plus de liberté avec le roman, inventant des personnages, supprimant des séquences, et forçant certaines situations. Ainsi, l'opposition entre Rooster Cogburn et LaBoeuf tient moins de l' affrontement viril de deux systèmes de valeurs que d'une chamaillerie puérile entre deux insupportables garnements. Quant à la chasse à l'homme, déjà accessoire dans le roman,  elle sert carrément de prétexte à des dialogues enlevés et un portrait au vitriol de l'époque et de ses règles.

Mais en déconstruisant les codes du western et en s'appropriant si complètement le roman de Portis, les deux réalisateurs restent fidèles à son ton inimitable. D'ailleurs, on voit bien ce qui a pu les séduire dans cette histoire rocambolesque de vengeance mais aussi de découverte et d'initiation, tant les deux personnages masculins ont ce petit quelque chose que l'on retrouve à des degrés divers dans la plupart de leurs films : ce sont des êtres solitaires et presque marginaux, mi losers magnifiques, mi farfelus irrécupérables. Ainsi, leur version décalée, à la fois pessimiste et légère, s'avère une relecture moderne de l'œuvre originale dont elle respecte les fulgurances, l'auto-dérision et le rythme.

S'il fallait choisir entre les deux adaptations, celles des Coen semblent donc plus adaptée aux goûts du jour. Mais quoi qu'il en soit, l'essentiel est de ne pas passer à côté du roman de Charles Portis, de l'intransigeante Mattie Ross et du terrible Rooster Cogburn.

Jeu concours True Grit : des livres et des DVD à gagner

Posté par MpM, le 18 février 2011

true gritLes frères Coen reviennent sur nos écrans le 23 février prochain avec leur film le plus populaire à ce jour, True grit, adapté du roman culte de Charles Portis. Le film, qui réunit Jeff Brigdes, Matt Damon, Josh Brolin et la révélation Hailee Steinfeld, est nommé dix fois aux Oscar, notamment dans la catégorie meilleur film, meilleurs réalisateurs et meilleure adaptation.

Il raconte comment la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout. Sous la caméra de Joel et Ethan Coen, cela donne un western sombre et ironique au rythme et aux dialogues enlevés.

Une vraie réussite cinématographique qui reflète intelligemment la finesse et true gritl'humour du roman original. Ce livre, publié en 1968, est vite devenu un classique de la littérature américaine, si populaire qu'il est étudié dans les écoles. Dès 1969, Henry Hathaway en réalisait une adaptation en technicolor, avec John Wayne dans le rôle du shérif borgne, rôle qui lui valut son seul et unique Oscar du meilleur acteur.

A l'occasion de la sortie du film des frères Coen, Ecran Noir met en jeu 10 exemplaires du roman de Charles Portis et 5 DVD du film d'Henry Hathaway.

Pour participer au tirage au sort, il suffit de répondre à la question suivante :

True Grit se déroule sur l'ultime frontière de l'Ouest américain, dans l'état d'origine de Charles Portis. Quel est le nom de cet état ?

Votre réponse et vos coordonnées postales sont à envoyer par courriel avant le 27 février 2011.

Besoin d'un indice ? Rendez-vous sur le site officiel du film et trouvez la réponse ! Vous pouvez aussi rejoindre la page facebook du film ou télécharger gratuitement le "dime novel" True grit, une sale affaire.

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True grit de Joel et Ethan Coen
Avec Jeff Brigdes, Matt Damon, Josh Brolin, Hailee Steinfeld...
Sortie le 23 février 2011

TM, ® & Copyright © 2011 by Paramount Pictures. Tous Droits Réservés

Le discours d’un roi : Sept lauriers aux prix BAFTA

Posté par vincy, le 13 février 2011

Le discours d'un roi a logiquement (presque) tout raflé aux prix BAFTA, les Oscars britanniques.Sept prix dont trois dans la catégorie acteur/actrice, celui du meilleur film et du meilleur film britannique, celui du scénario originale et celui de la musique pour le français Alexandre Desplats.

Cela a quand même laissé quelques trophées (des masques) à des films comme The Social Network (réalisateur et deux autres), Inception (quatre récompenses au total), Black Swan (actrice)... Millénium repart avec celui du meilleur film en langue étrangère.

Christopher Lee et la saga Harry Potter (voir actualité du 3 février) ont reçu un prix d'honneur. Tom Hardy (Inception) a remporté le prix du meilleur espoir face à Gemma Arterton, Andrew Garfield, Aaron Johnson et Emma Stone.

Peu de surprise par conséquent, mais toujours la même critique : pourquoi les prix BAFTA se laissent-ils autant envahir par les productions hollywoodiennes? Il est rassurant de voir qu'un film on ne peut plus anglais que Le discours d'un roi sauve l'honneur national d'un cinéma pourtant vivace...

Le palmarès : (voir toutes les nominations)

Le discours d'un roi : meilleur film, meilleur film britannique, meilleur scénario, meilleur acteur (Colin Firth), meilleur second rôle masculin (Geoffrey Rush), meilleur second rôle féminin (Helena Bonham Carter), meilleure musique (Alexandre Desplat)

Four Lions : nouveau talent britannique

The Social Network : meilleur réalisateur (David Fincher), meilleure adaptation, meilleur montage

Millénium (1) : meilleur film en langue étrangère

Toy Story 3 : meilleur film d'animation

Black Swan : meilleure actrice (Natalie Portman)

True Grit : meilleure image (Roger Deakins)

Inception : meilleure direction artistique, meilleur son, meilleurs effets visuels

Alice au pays des merveilles : meilleurs costumes, meilleurs maquillages

The Egleman Stag : meilleur court métrage animé

Until the River Runs Red : meilleur court métrage

Berlin 2011 a du cran en ouvrant avec True Grit un Festival pressenti austère…

Posté par MpM, le 10 février 2011

Berlin 11C'est True Grit d'Ethan et Joël Coen qui lancera ce soir les festivités du 61e Festival de Berlin. Le film, qui sortira en France le 23 février, réunit Jeff Bridges, Matt Damon, Josh Brolin et la toute jeune Hailee Steinfeld dont c'est le premier rôle au cinéma.

Il s'agit de l'adaptation (relativement fidèle) par les frères Coen du roman culte de Charles Portis (True grit, 1968) qui raconte comment la jeune Mattie Ross remue ciel et terre pour venger la mort de son père, embarquant dans une aventure périlleuse un shérif fédéral porté sur la boisson et un Texas Ranger aux airs de boyscout.

En 1969, Henri Hathaway s'était emparé de l'histoire pour en faire Cent dollars pour un shérif, qui valut à John Wayne son unique Oscar du meilleur acteur. Une version qui gommait sensiblement le point de vue de sa jeune héroïne (et tout le décalage satirique qui en découle) et s'inscrivait assez classiquement dans les codes du western traditionnel. Pour les curieux ou les nostalgiques, le film est disponible en version Blu-Ray depuis le 8 février.

Sorti le 22 décembre aux USA, le film des frères Coen connaît quant à lui un énorme succès public. Avec plus de 150 millions de dollars engrangés, il a déjà rapporté quatre fois son budget. C'est déjà deux fois plus que No country for old men (4 Oscar en 2008, dont meilleur film et meilleurs réalisateurs) pendant toute sa période d'exploitation. Sans compter que True grit pourrait créer la surprise lors des Oscars 2011 où il est nommé dans dix catégories dont meilleur film, meilleurs réalisateurs, meilleur acteur et meilleur adaptation. Quel que soit le résultat, le film est déjà un gigantesque succès (156 millions de $ en Amérique du nord), et Berlin a eu du nez de le sélectionner... et de la chance de l'obtenir !true Grit

D'autant que cette ouverture prestigieuse ne semble pas tellement à l'image du reste de l'édition, qui fait la part belle à un cinéma d'auteur exigeant et peu médiatisé. Même le cinéma américain est surtout présent avec des films indépendants et des premiers films. Pour les avant-premières "glamour" ou attendues, il faudra repasser.

Pourtant, on a dû mal à croire que Berlin, l'un des trois plus grands festivals européens, n'ait pas eu la possibilité de sélectionner de "gros films" parmi les sorties du premier trimestre. On pense par exemple à The Adjustment Bureau avec Matt Damon, qui sort le mois prochain en France. Il faut donc probablement voir dans cette orientation de la programmation une volonté de Berlin de se démarquer de ce type de cinéma qui, il est vrai, n'a pas particulièrement besoin d'un festival (aussi important soit-il) pour se lancer en Europe.

En attendant, cette 61e Berlinale s'annonce d'autant plus excitante que l'on a le sentiment, à quelques heures de son ouverture, que la compétition est très ouverte, laissant une place importante aux surprises et aux découvertes. N'est-ce pas tout ce qu'on demande d'un festival ?

Berlin 2011 : la sélection officielle

Posté par MpM, le 18 janvier 2011

Berlin 11La sélection officielle de cette 61e Berlinale est désormais complète, à l'exception du film de clôture. Fidèle à ses habitudes, le grand festival allemand a choisi de privilégier son rôle de découvreur de talent en sélectionnant pas moins de six premiers films (dont 4 en compétition) , et peu d'auteurs "majeurs". Hormis les frères Coen qui ouvrent le festival (hors compétition),  ce sont donc surtout des réalisateurs ayant fait leurs preuves en festivals mais peu connus du grand public qui ont cette année les honneurs de la course à l'Ours d'or.

On retrouve ainsi Bela Tarr, le plus intrigant des cinéastes hongrois, sélectionné à Cannes à plusieurs reprises ; Joshua Marston, dont on avait remarqué Maria Full of grace (Ours d'argent de la meilleure actrice en 2004 et Prix-Alfred Bauer) ; Asghar Farhadi qui avait remporté l'Ours d'argent du meilleur réalisateur en 2009 avec A propos d'Elly ; Wolfgang Murnberger à qui l'on doit Bienvenue à Cadavres-les-bains ; Rodrigo Moreno, Prix-Alfred Bauer avec Le garde du corps en 2006 ou encore Miranda July qui avait fait sensation à Cannes en 2005 avec Moi, toi et tout les autres (Caméra d'or et Prix de la Semaine de la Critique).

La France est superbement représentée avec le nouveau film d'animation en 3D (ce qui monte à trois le nombre de films en relief dans le programme officiel) de Michel Ocelot, Les contes de la nuit, et bénéficie d'une deuxième sélection, hors compétition celle-là, avec Les femmes du 6ème étage de Philippe le Guay.

A noter également les débuts de Ralf Fiennes derrière la caméra avec Coriolanus, la première mondiale du très attendu Pina de Wim Wenders (hors compétition) et une séance spéciale consacrée à Jafar Panahi (Offside, ours d'argent en 2006) qui s'inscrit dans une action plus large du Festival en faveur du cinéaste emprisonné.

Ouverture

True Grit
des frères Coen (USA)

En compétition

Our Grand Despair
de Seyfi Teoman (Turquie)

Coriolanus
de Ralph Fiennes (Grande Bretagne) true Grit

Lipstikka
de Jonathan Sagall (Israël)

If not us, who ?
d'Andres Veiel (Allemagne)

Yelling To The Sky
de Victoria Mahoney (USA)

The Future
de Miranda July (USA)

The Turin Horse
de Béla Tarr (Hongrie)

The Prize
de Paula Markovitch (Mexique)

Nader And Simin, A Separation
d'Asghar Farhadi (Iran)

Les contes de la nuit
de Michel Ocelot (France)

Margin Call
de JC Chandor ( USA)

Come Rain Come Shine
de Lee Yoon-ki (Corée du Sud) Pina

Sleeping Sickness
d'Ulrich Köhler (Allemagne)

The Forgiveness Of Blood
de Joshua Marston (USA)

A Mysterious World
de Rodrigo Moreno (Argentine)

Innocent Saturday
d'Alexander Mindadze (Russie)

Hors compétition
Pina
de Wim Wenders (Allemagne)

Almanya - Willkommen in Deutschland
de Yasemin Samdereli (Allemagne)

Les femmes du 6ème étage
de Philippe Le Guay (France)

My Best Enemy
de Wolfgang Murnberger (Autriche)

Unknown
de Jaume Collet-Serra (Allemagne)

Séances spéciales

Cave Of Forgotten Dreams
de Werner Herzog (USA)

Hors jeu
de Jafar Panahi (Iran)

Prix BAFTA : 14 nominations pour Le discours d’un Roi en vue d’un couronnement

Posté par vincy, le 18 janvier 2011

Le discours d'un roi s'offre 14 royales nominations aux BAFTA (les Oscars britanniques) qui seront remis le 13 février prochain. Black Swan sera son concurrent le féroce (12 nominations). Mais on voit mal les Anglais passer à côté du film sur le bègue Georges VI.
Inception (9 nominations), 127 heures et True Grit (8 nominations) et The Social Network (6 nominations) sont les autres potentiels multiples gagnants.

Reconnaissons que la catégorie meilleur film a de la gueule : de la danse (Black Swan), de la science fiction (Inception), de l'esprit (Le discours d'un roi), du drame juridique (The Social Network) et du western (True Grit).

Côté acteurs, Colin Firth apparaît le grand favori face à Jeff bridges, James Franco, Jesse Eisenberg et l'intrus hispanique, Javier Bardem (Biutiful). Côté actrice, Natalie Portman devra affronter les deux mères de The Kids are all right (Annette Bening et Julianne Moore), la suédoise Noomi Rapace et la jeune Hailee Steinfeld.

Les BAFTA ont aussi nommé dans la catégorie meilleur film britannique : The Arbor, Exit Through the Gift Shop, Four Lions, Monsters et Skeletons. Pour les films étrangers, cela se partage entre deux continents, l'Europe et l'Amérique latine avec Biutiful (Mexique/Espagne), le film Millénium (Suède/Danemark), Amore (Italie), Des Hommes et des Dieux (France), Dans ses yeux (Argentine).

Bilan 2010 – L’industrie Hollywoodienne est en panne de créativité

Posté par geoffroy, le 12 janvier 2011

L’année 2010 vient de s’achever. Elle fut en demi-teinte et peu d’outsiders ont réussi, au final, à tirer leur épingle du jeu. Malgré la 3D et les nombreuses suites ou autres remakes programmés par les studios, le total des entrées est en recul de 5,4 % par rapport à l’exercice 2009. Rien n’y fait et surtout pas cette politique absurde de la franchise, politique que l’on retrouvera malheureusement en 2011. Dans cette optique, point de salut. En effet, quelques films surnagent, laissent penser que tout va bien, alors que l’apport créatif s’effrite inéluctablement. A tel point que les studios hollywoodiens se tournent désormais vers l’international pour conquérir de nouveaux marchés, avec en priorité la Chine comme nouvel eldorado.

Cette stratégie est risquée car elle ne s’appuie pas sur une refonte, pourtant indispensable, du cinéma de divertissement et préfère, au contraire, miser sur l’élargissement de spectateurs potentiels à travers le monde afin de rentabiliser les sommes astronomiques investies. Conséquence : les films se ressemblent de plus en plus à tel point qu’ils deviennent interchangeables. La mondialisation du marché appauvri structurellement la qualité d’un cinéma grand public devenu insipide, sans prise de risque, "ultra-marketé" et assujetti depuis peu à la « révolution » d’une 3D décevante, elle-même emprisonnée dans une logique de rentabilité folle. Pour l’instant elle ne sauve rien ni personne, hormis le volume des recettes (stagnantes malgré tout en 2010), et s’adapte au marché en ne proposant presque jamais l’exclusive tant promis à des millions de spectateurs déjà blasés et de moins en moins crédules. En somme, Avatar aura été l’exception. Exception que les sieurs Spielberg et Jackson tenteront de rééditer avec un Tintin en Motion Capture tout beau, tout neuf prévu pour octobre 2011 partout dans le monde puisque Tron l’Héritage n’aura pas été à la hauteur des attentes numériques.

Osons la prise de risque

L’aspect créatif doit pouvoir dépasser le cadre restreint d’un retour sur investissement, certes primordial, mais en aucun cas suffisant. Non pas qu’il faille  financer du divertissement à perte pour retrouver un semblant de qualité. Ce serait, par ailleurs, aussi absurde qu’inutile. Mais quels risques prendraient les studios à demeurer plus à l’écoute d’un public en demande d’originalité ? A priori, aucun. L’exemple d’Inception, malgré son budget pharaonique avoisinant les 160M$, devrait donner des idées. A l’instar des Matrix, Avatar, Le seigneur des Anneaux ou encore The Dark Knight, le cinéma de divertissement est capable de proposer des œuvres denses, brillamment réalisées tout en sortant de l’ordinaire mou des sempiternelles blockbusters programmés chaque année.

Un tel constat serait-il exagéré ? Nous ne le pensons pas. Depuis la crise mondiale, la politique du « risque limite » est devenue le maître mot d’une industrie frileuse se réfugiant quasi systématiquement dans les suites, les remakes et autres adaptations de circonstance. Plus grave encore, les grands studios façonnent la grande majorité de leurs films comme de véritables marques ou l’originalité, la réalisation et le nom du cinéaste importe peu, à quelques exceptions près. L’objectif, plutôt basique, consiste à réutiliser le même personnage et l’univers qui l’accompagne afin de proposer de nouvelles aventures synonyme de nouveaux succès potentiels. En effet, si le « film/marque » originel fonctionne, il sera exploité jusqu’à la lie, une suite étant, selon les dires des majors, plus facile à monter puis à vendre qu’une histoire originale.

La franchise a tué Hollywood

Dans ce grand huit de la franchise institutionnalisée seuls quelques films attendus en 2010 auront été plébiscités (Toy Story 3, Alice au pays des merveilles, Iron Man 2, Harry Potter 7 1ere partie ou encore Twilight 3), tirant artificiellement l’économie vers le haut. Mais que dire des « flops » comme Prince of Persia, L'Agence tous risques, Sex and the City 2, Narnia 3, Percy Jackson et, dans une moindre mesure, Le Choc des titans, le Dernier maître de l’air, Mes parents et nous, Tron l’Héritage ou même Shrek 4. Qu’ils constituent des désillusions du tiroir-caisse, la lassitude grandissante du public étant proportionnelle au faible choix proposé par les studios devenus orphelins de scénarios originaux vraiment innovants. Dès lors, il n’est pas surprenant de retrouver sur le devant de la scène d’un Noël 2010 moribond trois films à faible budget. True Grit des frères Coen avec Jeff Bridges, Matt Damon et Josh Brolin (contrairement à ce qui est dit ici ou là, le film n’est pas un remake du long-métrage de Henry Hathaway, mais une nouvelle adaptation du roman de Charles Portis publié en 1968), Black Swan de Darren Aronofsky avec Nathalie Portman et The Fighter de David O. Russell avec Christian Bale et Mark Walhberg. Ces exemples avec de glorieuses têtes d’affiche démontrent  l’inventivité d’un cinéma capable de toucher différents publics. Certes ces trois films ne sont pas des blockbusters. Mais ils émanent de grands studios (Paramount pour True Grit et The Fighter, Fox Searchlight, filiale art & essai de la Fox, pour Black Swan) qui devraient, le plus tôt serait le mieux, prendre la tangente d’une politique en trompe l’œil.

2011, chant du cygne?

Hélas, l’année 2011 n’en prend pas le chemin. Pire, elle risque de devenir le symbole d’un cinéma dénué de créativité, de renouveau, d’ingéniosité. Voyez plutôt : Le frelon vert, Big mamma 3, Scream 4, Thor, Pirates des Caraïbes 4, Very Bad Trip 2, Kung Fu Panda 2, X-Men first Class, the Green Lantern, Cars 2, la Planète des singes, Transformers 3, HP7 deuxième partie, Captain America, Conan le barbare, Spy Kids 4, Final Destination 5, The Thing, paranormal Activity 3, les 3 Mousquetaires, Happy Feet 2, Twilight 4 partie 1, Mission Impossible 4, Sherlock Holmes 2, Tintin et la nouvelle version de Millenium par Fincher.

Une telle liste donne le vertige. Elle nous accable, aussi. Si, dans le lot, certains films seront plébiscités et d’autres de qualité, Hollywood s’enfonce dangereusement dans la caricature de son propre cinéma. Mais rien n’est joué. Et, toujours, respirera l’espoir d’un possible sursaut à même de façonner un cinéma ambitieux pour le grand public. En attendant un Nouvel Hollywood...

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Top 15 US 2010 (* films toujours en exploitation)

1. Toy Story 3 : 415M$

2. Alice au pays des merveilles : 334M$

3. Iron Man 2: 312M$

4. Twilight: Eclipse: 300M$

5. Inception : 292M$

6. Harry Potter et les reliques de la mort, partie 1* : 287M$

7. Moi, moche et méchant* : 251M$

8. Shrek 4, il était une fin : 238M$

9. Dragons : 217M$

10. Karaté kid : 176M$

11. Raiponce* : 175M$

12. Le choc des Titans : 163M$

13. Copains pour toujours : 162M$

14. Tron l’héritage*: 147M$

15. Megamind*: 144M$

Sources Boxofficemojo

Quatre musiques de film disqualifiées des Oscars

Posté par vincy, le 22 décembre 2010

Black Swan (Clint Mansell), True Grit (Carter Burwell), The Kids are All Right et The Fighter ne peuvent pas concourir dans la catégorie meilleure musique des Oscars. Les deux premières bandes originales utilisent, selon le comité de l'Académie, trop de thèmes musicaux ou de musiques pré-existantes.

Ainsi la partition de Black Swan est considérée comme une adaptation du Lac des Cygnes de Tchaikovsky. Celle de True Grit s'inspire trop des musiques folkloriques du XIXe siècle.

Les deux autres sont "accusés" d'avoir trop de chansons par rapport à la musique originale, qui voit donc son impact diminuer et jouer les seconds rôles.

Screen Actors Guild Awards : The King’s Speech vient défier Fincher et Aronofsky

Posté par vincy, le 17 décembre 2010

The Social Network semble le grand favori aux Oscars, Black Swan un outsider plus que potentiel. Mais la rivalité provient du Discours d'un roi (The King's Speech), déjà favori des Golden Globes plus tôt cette semaine, et remarqué au dernier festival de Toronto (Prix du public). La sortie française est prévue le 2 février. Cette liste croise d'ailleurs d'assez près celle des nominations aux Golden Globes. Tout cela se consolide donc...

À la vue des nominations pour les Screen Actors Guild Awards (la plus puissante guilde professionnelle, la plus influente notamment pour les Oscars), le film de Tom Hooper fait même un sans faute avec des sélections dans diverses catégories : meilleur acteur (Colin Firth), meilleur second rôle masculin (Geoffrey Rush), meilleur second rôle féminin (Helena Bonham Carter), meilleur ensemble (les mêmes avec Guy Pearce, Derek Jacobi, Michael Gambon).

Dans cette dernière catégorie, les castings de Black Swan, The Fighter, The Kids are all right et The Social Network sont également distingués.

Côté acteurs, Firth affronte Jeff Bridges (True Grit), Robert Duvall (Get Low), Jesse Eisenberg (The Social Network) et James Franco (127 heures). Transgénérationnel donc.

Côté actrice, la bataille fera rage entre Annette Bening (The Kids are all right), Nicole Kidman (Rabbit Hole), Jennifer Lawrence (Winter's Bone), Natalie Portman (Black Swan) et Hilary Swank (Conviction, surprenant car jamais cité jusqu'à présent).

Dans les seconds rôles masculins, Rush est opposé à Christian Bale (The Fighter), John Hawkes (Winter's Bone), Jeremy Renner (The Town), et Mark Ruffalo (The Kids are all right).

Et côté féminin, on verra un match entre Bonham-Carter et Amy Adams (The Fighter), Mila Kunis (Black Swan), Melissa Leo (The Fighter) et Hailee Steinfeld (True Grit).

Le casting du nouveau Coen est quasiment bouclé

Posté par vincy, le 18 mars 2010

True Grit (100 $ pour un Shérif) sera le prochain film des frères Coen. Un remake donc (voir actualité du 28 octobre 2009). Matt Damon sera le héros de ce Western culte. Il sera entouré de Jeff Bridges, récent Oscar du meilleur film et inoubliable "Dude" de Big Lebowski, Josh Brolin (No Country for Old Men), Barry Pepper (Il faut sauver le soldat Ryan), Paul Ree, et la jeune et jolie, et quasiment inconnue, Hailee Steinfeld.
Co-produit par Steven Spielberg et Scott Rudin, la photo sera toujours signé du grand Richard Deakins et la musique composée par Carter Burwell, deux de leurs fidèles.
Le tournage débutera en avril et la sortie américaine est prévue pour Noël prochain. De quoi offrir une éventuelle belle avant-première européenne à Berlin en 2011.