Un prophète représente le cinéma français dans la course aux Oscars

Posté par vincy, le 17 septembre 2009

Un prophète de Jacques Audiard, Grand prix du dernier Festival de Cannes, a été sélectionné pour représenter la France à la prochaine cérémonie des Oscars. Le film a déjà attiré 770 000 spectateurs en France, en trois semaines d'exploitation.Il succèdera donc à la Palme d'Or 2008 du Festival de Cannes, Entre les murs de Laurent Cantet, qui figurait parmi les cinq finalistes.

D'autres pays ont élu leur film représentant : la Suède (Involuntary, Riben Ostlund), le Brésil (Rio Ligne 174, Bruno Barreto), le Japon (Nobody to watch over me, Ryoichi Kimizuka), Hong Kong (Prince of Tears, Yonfan), le Kazakhstan (Kelin, Ermek Tursunov), le Maroc (Casanegra, Nour-Eddine Lakhmari) ou encore la Corée du sud (Mother, Bong Joon-ho).

Il a été choisi par les membres de la Commission de sélection pour les Oscars composée de sept membres:

- Florence Malraux, présidente de la Commission d'avance sur recettes

- Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes

- Alain Terzian, président de l'Académie des Césars 

- Jeanne Moreau

- Jean-Jacques Annaud

- Costa-Gavras

- Régis Wargnier (dernier Français à avoir obtenu l'Oscar du meilleur film étranger avec Indochine en 1993).

Le nouveau Jeunet : « c’est de la récup’! »

Posté par vincy, le 17 septembre 2009

micmacs1.jpg

Avant-première ce matin du nouveau film de Jean-Pierre Jeunet, Micmacs à tire-larigot, qui sortira en salles le 24 octobre. Dans des interview récentes, le cinéaste s'attend à être descendu par la critique : Jeunet + Boon = cible idéale de l'élite parisienne.

Pourtant son Micmac n'est pas raté. Dany Boon incarne Bazil, un homme assez malchanceux mais très débrouillard, qui cherche à faire justice lui-même contre deux géants de l'armement, responsable de ses deux malheurs, la mort de son père et la balle dans son crâne.

Il s'agit donc du pas trop fabuleux destin de Bazil dans une comédie fantasque. Les aventures d'une bande de marginaux sauce Delicatessen. La direction artistique - décors, photo, costumes, effets visuels et mécaniques - est stupéfiante, sans être innovante. Car Jeunet recycle ici tout son cinéma. Quitte à provoquer quelques ruptures de ton, entre l'absurde, la dérision façon Nuls, ou des scènes sentimentales (et hélas trop superficielles). Ici, les ressors du lit sont remplacés par une petite manette qu'on frétille à grande vitesse, les proverbes de la collègue font place aux expressions imagés du copain, les tocs des précédents films sont substitués par d'autres tocs...

Cette pétaudière fonctionne à fond, dès qu'il s'agit d'exploits. le film se régénère alors dans sa propre mécanique, loin des précédents films. Ces anti-héros se transforment en dream-team aux supers pouvoirs. Il y a même une femme élastique... Dans cet atmosphère digne d'un livre de Philippe Delerm, un Paris de ferraille et de cuivre, la résistance fait place à un groupe d'individus, a priori "losers", mais très solidaires. Et si les poètes finissent mal en général, l'équipe de Micmacs vont conduire à un happy-end utopiste mais joyeux.

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Bande annonce sur notre compte YouTube EN0796

David Lynch pactise avec les Galeries Lafayette

Posté par vincy, le 16 septembre 2009

davidlynchexpo.jpgLes Galeries Lafayette ont recruté David Lynch. Jusqu'au 3 octobre, le cinéaste réinvente les vitrines du grand magasin parisien avec Machines, Abstraction and Women.  Onze installations multimédias qui ont pour thème la féminité. "Des boîtes à bijoux" selon son auteur. Dans les étages du vaisseau amiral, Lynch présente aussi ses lithographies (la collection "I See Myself" déjà montrée à la Fondation Cartier) à la Galerie des Galeries et une sélection de courts-métrages. MK2 Multimédia soutient le projet en étant partenaire de l'exposition et a réalisé une salle de cinéma éphémère pour la diffusion de ces courts.

"A l'issue de l'exposition, les pièces seront vendues aux enchères par Christie's au profit de la Fondation d'entreprise PPR pour la dignité et les droits des femmes" explique Guillaume Houzé. La fondation PPR est devenue respectable pour les Galeries depuis que le groupe de M. Pinault ne possède plus son rival, Le Printemps.

Pour les Galeries, il s'agit d'un manque à gagner important puisque les vitrines sont habituellement commercialisées. Mais les patrons se consoleront : l'événement Lynch leur a offert une publicité gratuite dans tous les médias. Un bon coup au final.

Notons enfin que The David Lynch Documentary sera projeté au Comptoir Général (Paris 10e) le 8 novemabre dans le cadre du Festival des Inrocks. 

Milos Forman en banlieue parisienne

Posté par vincy, le 16 septembre 2009

Le réalisateur de Amadeus, Milos Forman, va faire une petite tournée des cinémas de l'Est parisien : au Trianon à Romainville et au Méliès de Montreuil.

Il sera le 16 septembre au soir et le 19 toutes la journée au Méliès tandis que le 18 il sera au Trianon. Ces deux hommages sont rendus dans le cadre de la sortie en copie restaurée de Vol au dessus d'un nid de Coucou dans certaines salles françaises.

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Le Trianon : site internet

Le Méliès : site internet

Dernière danse pour Patrick Swayze (1952-2009)

Posté par vincy, le 15 septembre 2009

patrick-swayze-johnny-castle-patrick-swayze-3108859-400-500.jpgLe comédien Patrick Swayze est mort à l'âge de 57 ans des suites d'un cancer du pancréas. Le comédien américain, malade depuis plus d'un an, il laisse une carrière qui avait subit ses inconstances, notamment un alcoolisme notoire et des soucis avec la drogue.

Sa carrière a aussi connu des hauts et des bas. Commencée il y a tout juste 30 ans, elle décolle un peu avec sa particiaption au casting plein d'espoirs d'Outsiders de Francis Ford Coppola, en 1983. Jolie gueule américaine, brushing impeccable, Swayze est jeté en pâture au jeune public féminin en mal de chair fraiche. On le voit plutôt dans des polars ou des films d'action de série B : Retour vers l'enfer (Ted Kotcheff) ou L'aube rouge (John Milius). Danseur, il participe à la suite de La fièvre du samedi soir, Staying Alive, de Sylvester Stallone.

En 1986, ultra-sexy en hockeyeur dans Youngblood, il frappe davantage les esprits. mais c'est l'année suivante, dans le hit mondial Dirty Dancing, qu'il devient une vedette internationale pour adolescents. Ses pas de danse avec Jennifer Grey, ses déhanchements torrides provoquent l'Amérique conservatrice.

C'est au début des années 90 que sa carrière connaît son apogé. D'abord avec Point Break (Kathryn Bigelow), thriller où il joue le méchant, muscles luisants, cheveux au vent, et peau salée, face à Keanu Reeves le gentil. Cette histoire de surfeurs braqueurs de banque est devenue un film culte (souvenez-vous Brice de Nice). Mais c'est avec Demi Moore dans Ghost (Jerry Zucker) qu'il obtient son plus gros succès, en fantôme maniant la poterie comme pas deux.

Il enchaîne avec un film plus ambitieux, La cité de la Joie, de Roland Joffé. Catholique, bouddhiste et scientologue, Swayze a sans doute rêvé d'un film au message spirituel aussi fort. Sa prestation est remarquée. Cependant, le fiasco public marque le début de son déclin. Les années 90 vont être cruelles. Il tournera peu, et mal. De nombreux navets, du genre "sorts directement en vidéo".  On attendra 2001, avec une participation dans Donnie Darko, pour le revoir, vieilli, usé, fatigué. Il fait de l'esbrouffe à la télé en vaillant Allan Quatermain. On le croise dans une comédie sentimentale, Secrets de famille. Mais c'est tout.

Il était "l'homme le plus sexy du monde" en 1991. Un sex-symbol déchu. Avec trois nominations aux Golden Globes, Swayze était en fait un garçon conventionnel. Marié à un amour de jeunesse depuis 1975, sans enfants, l'acteur était finalement un homme trouble mais sage. Trop tendre pour Hollywood?

Deauville : retour sur les 11 films en compétition

Posté par kristofy, le 14 septembre 2009

themessenger.jpgPour sa 35ème édition le Festival du Cinéma américain de Deauville a proposé une sélection de 11 films en compétition. De la comédie à film plus violent le public et les jurys ont découvert une large palette du cinéma indépendant et aussi des histoires singulières.

Retour sur les autres films de la compétition

Cold Souls : Le premier film à ouvrir le bal de la compétition est réalisé par Sophie Barthes, une française qui a peaufiné son projet à Sundance alors que Paul Giamatti avait déjà été séduit par le scénario. Il joue son propre rôle, celui de l’acteur américain Paul Giamatti qui est accablé par ses doutes en répétant une pièce de théâtre. Il apprend l’existence d’une société qui vous soulage de votre âme en l’extrayant de votre corps et qui la stocke le temps que vous voulez, il est même possible de louer une autre âme… Incrédule d’abord (comme le spectateur) il se laisse tenter par l’expérience, et il n’est plus tout à fait le même homme qu’avant. Mais quand il veut récupérer son âme celle-ci a été volée par une trafiquante russe pour la remettre à une actrice télé compagne d’un mafieux… La première partie est pleine d’humour et d’inventivité, mais malheureusement la suite où les personnages ont des aperçus de résidu d’âme est moins percutante.

Harrison Montgomery : Un jeune (Octavio Gomez Berrios) s’est fait arnaqué de 3000 dollars dans un deal de drogue, et il est violement harcelé pour rembourser cette somme. La fille de sa voisine de palier s’invite sans cesse chez lui, son voisin d’en dessous est un vieil excentrique (Martin Landeau) qui paraît-il aurait gagné un jour au loto… Sympathique et excentrique, sans plus.

Shrink : Un film choral à Hollywood autour de Kevin Spacey en psy effondré par le suicide sa femme, une jeune lycéenne dont la mère s’est suicidée et qui adore le cinéma, Mark Webber qui voudrait écrire un scénario, un producteur odieux qui a la phobie des bactéries, son assistante devenue mère-porteuse pour sa sœur, une star accro à la drogue, un dealer d’herbe, une actrice de 35 ans apparemment trop vieille pour décroché un rôle, Robin Williams fait une apparition… Bref plusieurs personnages qui représente le microcosme d’Hollywood qui se regarde le nombril.

Humpday : Ce film de Lynn Shelton avait déjà été une bonne partie de rigolade à Cannes. Deux amis qui se retrouvent philosophent à une fête dionysiaque sur la vie et l’art, et ils s’engagent à tourner ensemble un film amateur porno pour un festival artistique d’art érotique. Un film où deux amis hétéros couchent ensemble, quelle bonne idée, mais arrive le moment où il faut le faire et les hésitations commencent… Le mari conventionnel qui veut faire un bébé doit en parler à sa femme, le copain bohème se rend compte qu’il n’est pas aussi ouvert d’esprit qu’il le croyait. Ils arrivent dans une chambre pour le faire et…c’est en salle le 16 septembre. Avez-vous déjà essayé votre meilleur ami

The Messenger (photo) : Ben Foster et Woody Harrelson sont deux soldats revenus de la guerre qui ont pour mission d’annoncer à des familles la mort de leur mari/père/fils au combat. Le réalisateur Oren Moverman s’intéresse autant aux traumas des soldats qui sont revenus de la guerre qu’aux familles de ceux qui n’en sont pas revenus. Par exemple une scène de confession en long plan-séquence entre un soldat et une veuve est particulièrement émouvante. Dans ce film jouent aussi Samantha Morton et Jena Malone qui sont méconnaissables. Et si c’était le meilleur film sur l’après-guerre en Irak.

The Killing room : Le genre de film qui détonne dans la compétition, à la fois film de genre et film subversif. Le réalisateur Jonathan Liebesman, qui avait raté une nouvelle version de Massacre à la tronçonneuse, réussit un film à suspense très malin avec notamment Chloé Sévigny, Peter Stormare et Cléa Duvall. Le projet MK-Ultra est tellement secret qu’officiellement il n’existe pas. Quatre personnes qui ont accepté de venir une journée pour des tests scientifiques sont enfermées dans une pièce, et ils vont vite apprendre qu’à la fin de la journée trois personnes seront éliminée… Le film propose une thèse radicale sur la paranoïa américaine post 11 septembre, et comment lutter contre le terrorisme.

World’s greatest dad : C’est une comédie avec Robin Williams, et certainement son meilleur film depuis Photo Obsession (prix du jury ex-æquo à Deauville en 2002)! Ce film est produit par la société de Richard Kelly (Donnie Darko) est né à l’initiative de Bob Goldthwait (un ami très proche de Robin Williams) qui en signe le scénario et la réalisation. Un prof célibataire qui désire devenir écrivain doit supporter son ado de fils qui est insolent et collé à son écran d’ordinateur. Le film démarre doucement et prend son envol au moment où le fils dépravé meurt subitement (de la même manière que David Carradine). Ce décès passe en suicide et le père écrit ensuite un journal intime, et les évènements vont s’emballer… Ce journal intime d’un adolescent incompris devient un phénomène qui provoque des réactions en cascade. Bob Goldthwait livre un film irrévérencieux sur le deuil : « Maintenant que Michael Jackson est mort les gens en feraient leur baby-sitter ! Les hommages aux morts sont un peu curieux et souvent très exagérés dans les qualités que l’on reconnaît au défunt et dans l’amour qu’on leur déclare à ce moment là. ». Pour l’annecdote on était deux personnes à avoir remarqué un rapide caméo dans le film de Krist Novoselic, ex-batteur de Nirvana.

Sin nombre : Un premier film de Cary Joji Kukunaga (qui parle d’ailleurs français, photo de droite) Cary Joji Kukunagaet coproduit par Gael Garcia Bernal et Diego Luna. Il évoque los estados unidos, le but à atteindre des immigrants clandestins en provenance du Honduras ou du Guatémala et qui traversent le Méxique pour traverser la frontière. Casper est un ado membre du gang la Mara Salvatrucha qui va croiser la jeune Sayra sur un train, pour la défendre il va provoquer la mort du chef du gang. Toute la bande est aux trousses de Casper pour le tuer… Il est long et mortel le chemin vers le rêve américain, le film sort le 21 octobre.

Youth in Revolt : Une comédie ado de Miguel Arteta (The good girl) avec en vedette Michael Cera qui joue, encore et toujours, un adolescent de 16 ans amoureux malchanceux. Il rencontre dans un camping une jolie fille et pour se rapprocher d’elle il va se laisser guider par son double imaginaire : un français aventurier du genre Belmondo. Mais l’influence de son alter-égo va commencer par lui être de plus en plus néfaste au fur et à mesure qu’il enchaine les catastrophes… Une gentille comédie pleine de bonnes intentions et qui se laisse voir sans déplaisir.

Precious : Déjà vu à Cannes, l’histoire sordide d’une jeune fille obese qui subit les pires malheurs du monde est très émouvante pour la plupart des spectateurs après le générique de fin, mais il n’est pas interdit de penser que ce n’est pas vraiment un bon film...

The good heart : Il s’agit du premier film américian de l’islandais Dagur Kari, qui est le réalisateur du très bon Noî albinoï (en Islande) et de l’encore meilleur Dark Horse (au Danemark). Il reforme le duo de Long Island Expressway (prix du jury ex-æquo à Deauville en 2002) c'est-à-dire Brian Cox et Paul Dano qui a depuis gagné ses galons de star. Un vieux barman aigri recueille un jeune sdf rencontré à l’hôpital pour le faire travailler dans son bar et même le lui transmettre. Un soir Isild Le Besco arrive en pleurs sous la pluie, elle a été virée et n’a nulle part où aller… Entre le jeune homme qui voulait foutre sa vie en l’air et le vieux qui lutte pour rester en vie va se nouer une relation qui va être mise à mal par l’arrivée de la jeune femme. Emouvant et drôle à la fois, encore une fois Dagur Kari réalise avec des petits moyens un grand film.

Crédit photo Cary Joji Kukunaga : Christophe Maulavé

Deauville : un palmarès eclectique

Posté par kristofy, le 13 septembre 2009

Pour sa 35ème édition, le Festival de Deauville a proposé une sélection de 11 films en compétition. De la comédie à un style de film plus violent, le public et les jurys ont découvert une large palette du cinéma américain indépendant mais aussi des histoires singulières.

Le prix de la critique est allé à un premier long-métrage, The Messenger, réalisé par Oren Moverman, en permanence sur la corde raide et dans la retenue, jamais dans le pathos. "Pour la maîtrise de sa mise-en-scène, pour son montage, et pour sa direction d'acteur". il effectue un doublé prestigieux puisqu'il obtient aussi le Grand Prix du jury.

C’est Jean-Pierre Jeunet qui était le président du jury officiel, dont le prochain film Micmacs à tire-larigot va bientôt sortir avec Dany Boon, lui aussi juré tout comme Patrice Leconte (qui l’avait dirigé dans Mon meilleur ami), Jean-Loup Dabadie (scénariste du film à venir La tête en friche de Jean Becker, et pour Claude Sautet, Yves Robert, Claude Pinoteau…), le réalisateur Bruno Podalydès, les actrices Sandrine Kiberlain, Géraldine Pailhas, Hiam Abbas, Emilie Dequenne et Déborah François. Enthousiasmés par la compétition, ils ont tenu à récompenser plusieurs films. "Puisque nous avions la possibilité de remettre un prix ex-æquo, on en a profité pour le faire car on aurait voulu remettre plus de prix au vu de la qualité de la sélection qui nous a été proposée", ont-ils précisé.

Le prix du jury ex-æquo va donc aux films Precious de Lee Daniels et au film Sin nombre de Cary Joji Kukunaga.

Le jury de la révélation Cartier, qui distingue plutôt un film pour ses qualités novatrices, était présidé par Maïwenn, avec le chanteur Raphaël, l’écrivain Nicolas Fargues, et les comédienne Aïssa Maïga, Louise Monot et Romane Bohringer. "On a voulu choisir un film singulier et surtout pas formaté, un film qui se démarque des autres dans la forme et le propos", a précisé le jury. "Pour ces raisons, nous donnons ce prix au film Humpday, réalisé par Lynn Shelton".

Deauville : Andy Garcia et Steven Soderbergh jouent avec les mensonges

Posté par kristofy, le 13 septembre 2009

Andy GarciaAndy Garcia est acteur, producteur, réalisateur, musicien, père de famille... et d'autres choses encore. Que pourrait-on bien lui reprocher ? Peut-être de très mal imiter Marlon Brando... mais c’est pour nous faire rire dans son nouveau film, City Island. Alors voila, ce comédien aux multiples talents méritait bien un hommage du Festival américain de Deauville. Quand on lui demande de se souvenir de ses débuts, l'acteur se rappelle immédiatement qu’il a été d’abord un enfant émigré de Cuba vers la Floride. Cet exil l’a toujours marqué, et il a trouvé une consolation dans l’art, la musique et le cinéma. Il a eu l’aspiration de participer à ce monde merveilleux qui était une sorte d’échappatoire. C'est ainsi qu'il a commencé par jouer gratuitement au théâtre, et après pas mal de temps et d’embûches, à force d’entêtement et d’acharnement, il a fini par en faire son métier. Il était devenu acteur…

On l'a particulièrement remarqué dans Huit millions de façons de mourir de Hal Ashby, Les incorruptibles de Brian De Palma, Black Rain de Ridley Scott, Le Parrain 3 de Francis Ford Coppola, Héros malgré lui de Stephen Frears, Dernières heures à Denver de Gary Felder, L’enjeu de Barbet Schroeder, Modigliani de Mick Davis… Dans ce dernier film, il partageait d'ailleurs l’écran avec Elsa Zylberstein, et c’est la comédienne qui était sur scène avec Jean-Loup Dabadie (membre du jury) pour lui rendre cet hommage. Inès Sastre était également présente, elle qui a joué dans Adieu Cuba, la grande œuvre d'Andy Garcia puisque qu’il en est le producteur, le co-scénariste, le réalisateur, le compositeur de la bande-originale, et bien entendu aussi l’acteur.

On a découvert un nouveau visage du comédien lors de la première de City Island : il veut nous faire rire de la même manière que le personnage principal d’une pièce de boulevard. Dans ce film, toute la famille fait des mensonges et des cachotteries : le fils est attiré par les femmes obèses sur internet, la fille qui a une bourse pour ses études fait du strip-tease dans un club, le père dit qu’il va jouer au poker pour ne pas avouer qu’il suit des cours de théâtre, la mère est en manque d’étreintes fougueuses et s'intéresse à l’ex-prisonnier ramené à la maison par son mari pour une obscure raison… Cet étranger va attiser les soupçons et les dérapages en tout genre, et ça va être difficile pour toute la famille, chacun ayant honte d’assumer ce qu'il a été. Au générique de cette comédie, on retrouve Julianna Marguiles, Emily Mortimer, Alan Arkin, et une jolie actrice présente à Deauville qui est Dominik Garcia-Lorido (la fille aînée de Andy Garcia !).

"Il s’agit surtout de résoudre le problème de la forme à choisir pour raconter telle histoire"

Andy Garcia a aussi joué dans les Ocean’s 11, 12 et 13 de Steven Soderbergh. Celui-ci était déjà venu à plusieurs reprises à Deauville, et il y est revenu une nouvelle fois pour Steven Soderberghnous présenter The Informant, avec en vedette un Matt Damon méconnaissable qui a pris quinze kilos de plus. Il s’agit d’un cadre d’une multinationale de l’agroalimentaire qui après un possible sabotage va livrer aux FBI les pratiques illégales de son entreprise. Il se prend pour un espion à enregistrer des réunions pour donner des preuves aux autorités d’une entente sur les prix entre concurrents qui fausse le marché. Mais à toujours raconter une nouvelle chose à une nouvelle personne, on va se poser bien des questions sur cet informateur. La plus grande réussite du film est de nous montrer cette histoire actuelle avec un look vintage seventies du plus bel effet. Ce personnage de menteur qui dit des vérités avait en fait déjà été proposé à Matt Damon dès 2001, il est inspiré d’une histoire vraie ou presque. Steven Soderbergh s’est confié en donnant sa version des faits, vraie avec quelques mensonges ?

"Je ne raisonne pas vraiment en terme de film sérieux ou de comédies, de l’extérieur vous pouvez avoir l’avis que vous voulez, mais en fait pour moi il s’agit surtout de résoudre le problème de la forme à choisir pour raconter telle histoire. Le livre et le scénario me suffisaient, je n’ai pas rencontré la personne qui a vécu ces évènements, il ne fallait que les faits, je voulais être précis mais pas réel. Je vais vous avouer une lubie : j’adore la décennie 1966-1976, ce qui explique l’époque où j’ai placé le film. On a transformé de manière radicale Matt Damon avec 15 kilos en plus et une modification du visage, il est devenu monsieur tout le monde. On ne le reconnaît pas, donc de manière homogène il y a dans ce film que des acteurs peu ou pas connus, pour pas que le spectateur soit distrait en reconnaissant une personnalité."
Steven Soderbergh filme un homme qui se perd dans ses vérités au milieu de menteurs tandis qu'Andy Garcia interprète un homme qui se perd dans ses mensonges parmi les membres de sa familles qui cachent leurs secrets : City Island et The Informant, deux films très différents qui montrent bien que le cinéma est l'art de l'illusion.

Crédits photo : Christophe Maulavé

Le cinéma israélien obtient enfin une récompense suprême du cinéma

Posté par vincy, le 12 septembre 2009

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Depuis le début de la décennie, le cinéma israélien renaît avec flamboyance. Sélectionné au plus haut niveau dans tous les grands festivals, cité aux Oscars, séduisant les publics cinéphiles, il ne lui manquait plus qu'une Palme d'or, un Ours d'or ou ... un Lion d'or. Grâce à Ang Lee c'est chose faite. Un premier film qui plus est. Le palmarès récompense d'alleurs unegénération de cinéastes émergeants ou décalés.

Palmarès du jury :

- Lion d'or du meilleur film : Lebanon de l'Israélien Samuel Maoz

- Lion spécial pour l'ensemble de la carrière : Jacques Rivette

- Coupe Volpi du meilleur acteur : le Britannique Colin Firth (A Single Man) de Tom Ford. Le film a aussi le Queer Lion du meilleur film gay.

- Coupe Volpi de la meilleure actrice : Ksenia Rappoport (La doppia ora de Giuseppe Capotondi)

- Lion d'argent-Prix de la mise en scène : l'Iranienne Shirin Neshat ( Zanan bedoone mardan (Women Without Men))

- Prix spécial du jury : Soul Kitchen de Fatih Akin

- Prix Luigi De Laurentis de la meilleure Première Oeuvre : Engkwentro, de Pepe Diokno

- Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète : Jasmine Trinca (Il grande sogno de Michele Placido)

- Osella du meilleur scénario : Todd Solondz (Life During Wartime)

- Osella de la meilleure direction artistique : Sylvie Olivé (Mr Nobody de Jaco Van Dormael)

Palmarès de la section Orizonti (Horizons)

- Meilleure fiction : Engkwentro, de Pepe Diokno

- Meilleur documentaire : 1428, de Du Haibin

- Mention spéciale : The Man's Woman and Other Stories, d'Amit Dutta

Autres prix :

- Prix FIPRESCI de la critique internationale
Meilleur film de la 66ème Mostra de Venise : Lourdes, de Jessica Hausner
meilleur film dans les sections Horizons et Semaine internationale de la critique : Choi Voi ,de Bui Thac Chuyen

- Prix SIGNIS
Lourdes de Jessica Hausner
mention spéciale à Lebanon, de Samuel Maoz

- Controcampo Italiano
Cosmonauta, de Susanna Nicchiarelli
Mention spéciale - Negli occhi, de Daniele Anzellotti et Francesco Del Grosso

- Label Europa Cinémas aux Journées des auteurs-Venice Days 2009
The last days of Emma Blank, d'Alex van Warmerdam

- Lionceau d'or 2009
Capitalism: A love story de Michael Moore
- Prix de l'UNICEF
Women without Men, de Shirin Neshat

- Prix La Navicella – Venezia Cinema
Lourdes, de Jessica Hausner

- Prix Nazareno Taddei
Lebanon de Samuel Maoz

- Prix du numérique Future Film Festival
Metropia, de Tarik Saleh
mention spéciale : Là-haut, de Pete Docter

- Prix Brian
Lourdes, de Jessica Hausner

- Queer Lion du meilleur film gay
A Single Man, de Tom Ford

- Prix Arca Cinemagiovani
meilleur film de la 66ème Mostra : Soul Kitchen, de Fatih Akin
meilleur film italien : La doppia ora de Giuseppe Capotondi

- Prix Open 2009
Capitalism: A love story, de Michael Moore

- Prix Gianni Astrei. Le cinéma pour la vie
Lo spazio bianco, de Francesca Comencini

Deauville : à défaut de nouvelles stars, les actrices « vintage » sont de retour !

Posté par kristofy, le 12 septembre 2009

Robin Wright PennAprès Meryl Streep en début de festival, le Festival de Deauville a rendu hommage hier à une grande actrice dont le talent a discrètement éclaté au fur et à mesure de sa filmographie. Sans être une star, Robin Wright Penn a côtoyé les plus grands réalisateurs et les plus grands acteurs tout en jouant dans des films plus mineurs, mais à chaque fois, au détour d’une scène, sa performance discrète était remarquable.

C’est Princess bride de Rob Reiner qui la fit connaître (après le feuilleton Santa Barbara !), puis elle fut au générique de Toys de Barry Levinson, Forrest Gump de Robert Zemeckis, Incassable de M. Night Shyamalan, Laurier blanc de Peter Kosminsky, Nine lives de Rodrigo Garcia, Par effraction de Anthony Minnghella ou dernièrement de Jeux de pouvoir de Kevin Macdonald. Elle est évidement connue aussi pour ses films en compagnie de Sean Penn, devant ou derrière la caméra, comme The crossing guard, She’s so lovely ou The Pledge.

Un hommage un peu démesuré

Cet hommage officiel lui a été rendu sur scène par Claude Lelouch qui s’est dit "toujours heureux d’être ici à Deauville pour plusieurs raisons, et ce soir pour une très belle raison…" Il a même profité de l’occasion pour glisser qu’il aimerait bien que Robin Wright Penn tourne dans un de ses prochains films (il travaille en ce moment sur Ces amours-là dans lequel il dirige le chanteur Raphaël présent à Deauville comme juré).

Même s'il est peu probable que Robin Wright Penn réponde à son appel, l’actrice a déjà tourné pour quelques Français, mais dans des films américains : Les anges de la nuit de Phil Joanou, et un segment de New York I love you dirigé par Yvan Attal. De plus, elle aurait en projet de jouer dans le remake de La piscine

Suite à cet hommage, certes un peu démesuré pour une comédienne qui n'a jamais été tête d'affiche, on a découvert en avant-première The private life of Pippa Lee de Rebecca Miller, elle aussi présente, dont le film précédent, The ballad of Jack and Rose, avait déjà été applaudi à Deauville. Cette fois, un gros casting entoure Robin Wright Penn : Keanu Reeves, Alan Arkin, Maria Bello (épatante encore une fois), Winona Rider, Monica Bellucci et Julianne Moore ! On découvre que Pippa Lee semble une femme comblée avec son mari et des deux grands enfants mais son petit monde ne tourne plus rond et alors elle se souvient de son enfance et de sa jeunesse… Son histoire fait des allers-retours entre passé et présent et les failles de cette femme vont devenir un gouffre dans lequel elle risque de sombrer.

Il se dit qu’une actrice qui a dépassé la quarantaine n’intéresse plus guère les producteurs d’Hollywood… le Festival américain de Deauville a largement prouvé le contraire avec ces deux hommages, mais également en présentant plusieurs films où les actrices stars des années 90 sont de retour.

L'âge les rend classe

On a ainsi pu découvrir les derniers longs métrages de Michelle Pfeiffer et de Mira Sorvino. Personal Effects est un premier film réalisé par David Hollander dans lequel une veuve d’une quarantaine d’années (Pfeiffer) rencontre dans une thérapie un jeune homme (Ashton Kutcher) qui a presque la moitié de son âge. Tous deux ont perdu un proche de manière violente, et leur chagrin et leur désir de justice vont les faire se rapprocher, et même se raccrocher l’un à l’autre… Même si le film est inégal et plein de sentiments mielleux, revoir Michelle Pfeiffer est un vrai plaisir. L’actrice, qui semble toujours aussi jeune, a encore l'allure féline (souvenez-vous de son costume de Catwoman) et le sourire fragile. Il ne lui manque plus qu’un nouveau vrai bon film pour de nouveau impressionner la pellicule. Mais la vraie question demeure : Michelle Pfeiffer viendra-t-elle bientôt à Deauville ?

Dans un style très différent, qui se souvient du dernier film de Mira Sorvino ? C'est vrai que l'actrice n’a pas beaucoup joué ces dernières années pour cause de maternité (qui Mira Sorvinoest toujours le plus beau rôle d’une actrice, paraît-il). Mira Sorvino est donc de retour par la grande porte, et elle est venue au festival nous présenter Like dandelion dust de Jon Gunn. Elle y joue le rôle d’une femme abattue qui retrouve son mari (l’impeccable Barry Pepper) à sa sortie de prison et lui avoue avoir caché sa grossesse pendant qu’il était incarcéré et avoir confié l’enfant à l’adoption. Le couple décide de demander à récupérer leur enfant, un petit garçon de sept ans qui vit désormais dans une famille riche…

Avec ce qu'il faut d'émotion, des acteurs au diapason, un sujet de société délicat (garder ou perdre un enfant à tout prix), le film est une vrai réussite. Il est encore trop tôt pour prédire une nomination aux oscars (Mira Sorvino en avait reçu un pour Maudite Aphrodite de Woody Allen) mais, quoi qu'il en soit, Like dandelion dust a déjà eu plusieurs récompenses dans différents festivals.

En plus de leur talent d'actrice, Meryl Streep, Mira Sorvino (qui d’ailleurs parle un français presque parfait) et Robin Wright Penn ont pratiqué l’autodérision tout en se montrant sincères, et se sont volontiers prêté au jeu des autographes. Décidément, les actrices américaines rencontrées cette année à Deauville ont la classe ! Un exemple pour certaines jeunes starlettes ?

Crédits photo : Christophe Maulavé