Festival Lumière 2013 : Tarantino, Mexico, Bergman et Pierre Richard au menu

Posté par Morgane, le 20 juin 2013

tarantino prix lumiere 2013

Aujourd'hui se tenait à Lyon, dans le Hangar du Premier Film de l'Institut Lumière, la présentation de la 5e édition du Festival Lumière (Grand Lyon Film Festival) qui aura lieu du 14 au 20 octobre. Thierry Frémaux a donc fait un grand nombre d'annonces pour aiguiser nos appétits en vue de la future orgie.

Il faut tout d'abord souligner que l'Institut Lumière fête cette année ses 30 ans! Pour célébrer cet anniversaire, le cinéma re-tournera la Sortie des usines Lumière, rue du Premier film. C'est aussi l'occasion pour l'Institut de restaurer les films Lumières en 4K.

Concernant le Festival en lui-même voici quelques annonces pêle-mêle qui mettent l'eau à la bouche.

Côté rétrospectives, l'une sera consacrée à Ingmar Bergman avec ses films en copies restaurées et l'autre, Noir & Blanc, à Henri Verneuil.

Le Festival est aussi un temps des hommages. L'édition 2013 ne coupera pas à la règle et rendra hommage à Christine Pascal, actrice, réalisatrice et scénariste lyonnaise, au producteur Daniel Toscan du Plantier, à Charles Vanel, réalisateur du dernier film français muet, Dans la nuit, et acteur dans plus de 170 films (!), à James B. Harris, en sa présence, réalisateur, acteur mais aussi producteur de trois films de Stanley Kubrick, L'ultime razzia, Les sentiers de la gloire et Lolita ainsi qu'à Pierre Richard qui sera également présent pour l'occasion. Un hommage lui sera également rendu à la Cinémathèque française.

Les Grandes Projections, qui avaient vues le jour en 2012, reviennent cette année avec Les Dix commandements (de Cecil B. DeMille), Fanny et Alexandre (d'Ingmar Bergman), Le dernier empereur (de Bernardo Bertolucci, en 3D) et Exodus (d'Otto Preminger).

Cette année, on pourra aussi découvrir un cycle "Mexico années 50", assister à un ciné-concert accompagné par l'Orchestre National de Lyon mais dont le film n'a pas encore dévoilé et voir ou revoir les hilarants films des Monty Python lors de la nuit qui leur sera consacrée à la Halle Tony Garnier. Dans son cadre consacré à l'histoire des femmes au cinéma, Germaine Dulac, réalisatrice française, sera mise en lumière. L'édition 2013 verra aussi la création du Premier Marché du film classique mondial.

Et, comme on dit, the las but ont least, la cerise sur le gâteau, Thierry Frémaux a révélé le nom de celui qui recevra cette année le Prix Lumière. Après Clint Eastwood, Milos Forman, Gérard Depardieu et Ken Loach, c'est au tour du culte Quentin Tarantino d'être à l'honneur de ce Festival! Ce qui ravira certainement un très grand nombre de festivaliers...

Festroia 2013 : femmes, violence et stéréotypes

Posté par MpM, le 20 juin 2013

festroiaParmi les thèmes abordés par les films en compétition lors de cette 29e édition de Festroia, la violence faite aux femmes semble avoir été le plus récurrent. Une violence physique, souvent associée à des sévices sexuels, et émanant dans la plupart des cas du cadre familial.

Dans 90 minutes de la Norvégienne Eva Sørhaug, trois histoires distinctes mettent en scène un personnage féminin aux prises avec une forme particulière de violence conjugale.

La première (dont on ne verra pas le visage) est empoisonnée par son mari, par ailleurs prévenant et attentionné. La deuxième est assassinée par son ex-mari qui ne supporte pas d’avoir été remplacé par un autre homme. La troisième est battue et violée par son compagnon hystérique. Dans ce volet, la réalisatrice choisit de montrer frontalement les sévices (coups, humiliation, viol) dans des scènes par ailleurs à la photographie ultra-soignée et au découpage sophistiqué.

Des séquences quasi insoutenables qui décortiquent de manière implacable le mécanisme de maltraitance, dans lequel la victime est accusée d’être responsable de ce qui lui arrive et où le bourreau trouve une justification "punitive" à ses actes. Un point commun avec Halima’s path d’Arsen Anton Ostojic (Croatie), qui se déroule dans la Yougoslavie de la fin des années 70, et dans lequel un père (musulman) bat sa fille, coupable d’avoir entretenu une relation amoureuse avec un chrétien. Au nom de la sacro-sainte tradition du patriarcat, il se sent autorisé à la punir, voire à la tuer, sans que personne n’ait son mot à dire. Pourtant, plus tard dans le film, c’est elle qui aura besoin d’être pardonnée (pour avoir épousé un homme d’une autre religion), et non lui. La jeune femme est ainsi cantonnée par le scénario à son rôle de victime "volontaire",  ayant mérité ce qui lui est arrivé, et finissant par reconnaître ses "erreurs".

Trois autres films présentés en compétition 8 ballabordent également la violence exercée sur des femmes par leurs compagnons. Circles de Srdan Golubovic (Serbie), où une jeune femme d’origine serbe, battue par son mari, tente de recommencer sa vie à zéro. 8 ball d’Aku Louhimies (Finlande) dans lequel un dealer se déchaîne contre sa petite amie qui a osé s’élever contre lui. The girl and death de Jos Stelling (Pays Bas) qui présente la figure traditionnelle du protecteur jaloux n’hésitant pas à "corriger" sa maîtresse lorsqu’elle tombe amoureuse d’un autre.

L'amour comme sentiment de propriété

Il est frappant de constater que souvent, ces personnages masculins prétendent aimer celles qu’ils maltraitent. Un "amour" qui, chez eux, va de pair avec un fort sentiment de propriété. Comme si ces femmes aimées étaient des objets qu’on possède et traite à sa guise. Même chose d’ailleurs pour les personnages certes non violents, mais tout aussi possessifs de Brasserie romantique de Joel Vanhoebrouck (Belgique) et Halima’s path d’Arsen Anton Ostojic qui reviennent après une longue absence et attendent de leur petite amie qu’elle soit toujours disponible et prête à les suivre en un instant.

La plupart des réalisateurs portent un regard pessimiste sur ces relations amoureuses conflictuelles dans lesquelles les femmes sont toujours les victimes, prises au piège inextricable du chantage affectif et de la manipulation. Pour elles, il n’y a guère de moyens d’échapper à ce qui présenté comme leur destin : soit elles se soumettent en silence, soit elles sont condamnées à la fuite et l’errance. Plusieurs films insistent en effet sur le fait que leurs bourreaux (miraculeusement tout puissants) pourront les retrouver n’importe où.

viva belarusLa vraie libération de cette emprise malsaine ne peut alors venir que du recours à la violence. Ce renversement des rôles, qui transforme les victimes en bourreaux, les condamne (en un sens) à devenir exactement comme ceux qu’elles combattent. Ultime victoire de ces individus ne connaissant que la brutalité comme langage, et surtout curieuse manière de diviser la société entre victimes et bourreaux, sans troisième voie possible. Surtout lorsque l’on compare aux personnages masculins eux aussi confrontés à des actes de violence, et qui s’en sortent généralement par l’intelligence et la ruse, comme dans Viva Belarus! de Krzysztof Lukaszewicz (un jeune Biélorusse maltraité durant son service militaire ouvre un blog engagé pour critiquer le système) ou The girls and death de Jos Stelling (le jeune médecin prend sa revanche en jouant aux cartes).

Stéréotypes à gogo

Mais curieusement, force est de constater que dans les films de cette sélection, les personnages masculins sont très rarement présentés comme des victimes. Le rôle, surtout dans le cas de violence gratuite, est spécialement dévolu aux femmes, qui n’existent presque que dans cette optique. Et lorsque ce n’est pas le cas, les personnages véhiculent tous les stéréotypes traditionnels liés aux femmes : sujet de conversation qui unit les hommes (Into the white du Norvégien Petter Naess), bigotes crédules (The passion of Michel Angelo d’Esteban Larrain, Chili), épouse à reconquérir (Road north de Mika Kaurismaki, Finlande)…

Même le personnage de "femme forte" est une forme de stéréotype décliné avec plus ou moins de succès à travers le personnage d’Halima, mère courage yougoslave et seule protectrice de sa nièce (Halima’s path) ou celui d’Alice, dans Tango libre de Frédéric Fonteyne (Belgique), qui s’épanouit joyeusement dans un trio amoureux atypique. Même la restauratrice sûre d’elle de Brasserie romantique passe son temps à se sacrifier pour les autres, qu’il s’agisse de son frère ou de sa nièce.

Au final, seuls trois personnages alabama monroe féminins de la sélection semblent échapper aux stéréotypes traditionnels. Mieux écrits, plus développés, ils donnent enfin une image subtile de personnages qui, au lieu d’être des femmes, sont tout simplement des êtres humains, avec leur propre sensibilité et personnalité, et surtout qui ne se définissent pas uniquement par leur rapport à un homme (femme de, mère de). L’héroïne de Broken circle breakdown de Felix van Groeningen (Belgique) travaille dans le monde du tatouage et chante dans un groupe de bluegrass. Elle n’est pas dépendante de son compagnon (qu’elle refuse d’épouser) et sait reprendre sa liberté quand elle le souhaite.

Même chose avec la jeune journaliste engagée de Viva Belarus!, qui est sans cesse dans l’action, prête à se battre pour ses idées, et surtout à prendre des risques. Elle ne suit pas un homme qui serait son mentor, mais au contraire tente de convaincre son petit ami de la nécessité de militer.

baby bluesEnfin, la jeune fille haute en couleur de Baby blues (Kasia Roslaniec, Pologne) prend sa propre vie en mains. Elle est certes irresponsable et égoïste, mais elle poursuit son rêve (travailler dans la mode) et ne se laisse dicter aucun choix.

Sa personnalité multiple et créative se reflète dans ses tenues vestimentaires, originales et décalées. C’est une vraie adolescente d’aujourd’hui, bourrée de contradictions et de failles, qui surprend sans cesse le spectateur.

Des personnages enfin capables de rivaliser avec leurs homologues masculins pour dresser le portrait, tantôt émouvant, tantôt édifiant, d’êtres humains aux prises avec la vie. Preuve qu’il est possible, et surtout profitable, de s’extraire des éternels clichés sur ce qu’une femme est censée être pour se concentrer sur des personnalités et des destins particuliers.

James Gandolfini le magnifique (1961-2013)

Posté par vincy, le 20 juin 2013

james gandolfiniJames Gandolfini est mort mercredi soir d'une crise cardiaque à l'âge de 51 ans en Italie, où il était en vacances avant de participer à une table ronde avec le réalisateur Gabriele Muccino au festival du film de Taormina en Sicile.

Evidemment, dès qu'on évoque Gandolfini, on voit Tony Soprano, le mythique parrain dépressif de la série d'HBO, Les Sopranos, classée récemment comme meilleure série de tous les temps par la Writers Guild Association.

Ce serait oublié quel immense acteur il était, capable d'endosser des rôles décalés. Il en imposait physiquement, pouvait jouer des tueurs à la douceur insoupçonnée ou un militaire obtus. Son charisme, sa capacité à être violent et drôle, dépressif et humain, en ont fait un comédien souvent sous exploité, toujours attachant.

Né le 18 septembre 1961, issu d'une famille italo-américaine du New Jersey, James Gandolfini avait commencé sa carrière à Broadway en 1992 dans Un tramway nommé désir de Tennessee Williams, avec Jessica Lange et Alex Baldwin. Il sera sur les planches avec d'autres grandes pièces comme Sur les quais (1995) ou Les Dieux du carnage (2009). Il enchaîne avec le cinéma (voir sa filmographie sélective), dans des seconds rôles. Dans True Romance (1993), scénario de Tarantino (il a faillit être Vincent Vega dans Pulp Fiction), il se fait remarqué en tueur sanguinaire. Il devient lieutenant dans USS Alabama (1995), braqueur dans Get Shorty (1995), voisin violeur et violent dans She's so lovely (1997)... Gandolfini joue aux côtés des plus grandes stars hollywoodiennes. Dans Le Mexicain (2001), il s'offre des scènes exquises avec Julia Roberts et l'an dernier avec Cogan - Killing them softly, présenté à Cannes, il interprète avec justesse une partition précise avec Brad Pitt. Toujours tueur à gage, homo ou homme à putes. Quand il n'était pas flingueur, il était militaire, ou politicien. Les producteurs ont peu d'imagination, mais au moins, lui, variait son jeu par de multiples nuances. Il avait ce petit sourire qui pouvait nous attendrir... C'était un homme timide, pas très à l'aise avec la célébrité, presque névrosé de son propre aveu.

De 1999 à 2006, les Sporanos l'éloigne du cinéma (un Golden Globes et de multiples prix au passage). Cela ne l'empêche pas de tourner avec les Coen (The Barber, 2001) - sans doute sa meilleure performance au cinéma -, dans des films comme Le dernier château, Les fous du roi, Romance & Cigarettes. Lorsque la série prend fin, son personnage de Tony Soprano est si envahissant qu'il met du temps à revenir au premier plan. Excellent en général pas très correct dans In The Loop (2009) ou grandiose directeur de la CIA pas plus correct dans Zero Dark Thirty (2012), on sentait malgré tout qu'il peinait à trouver sa place dans le système.

Il est attendu dans deux films Animal Rescue, avec Tom Hardy et Noomi Rapace, et All About Albert (Enough Said), une comédie romantique de Nicole Holofcener, avec Julia Lois-Dreyfus, Toni Collette et Catherine Keener. Mais surtout il avait commencé à développer une série pour HBO, Criminal Justice et débutait une carrière de producteur de documentaires et de séries avec sa société Attaboy Films. Ainsi il avait piloté le téléfilm Hemingway & Gellhorn, avec Clive Owen et Nicole Kidman, présenté hors-compétition au Festival de Cannes.

Marié en secondes noces avec la jolie Deborah Lin depuis 2008, James Gandolfini achève ce parcours tragiquement, comme coupé dans son envol. Il disait souvent de lui qu'il était un Woody Allen qui pesait 130 kilos. Cela ne l'empêchait pas d'avoir une grâce qui nous séduisait à chacune de ses apparitions, nous faisant regretter cette disparition brutale.

James Franco cherche 500 000$ sur un site de crowdfunding

Posté par vincy, le 20 juin 2013

james franco palo alto storiesJames Franco recherche 500 000 $ par l'intermédiaire du site de "crowdfunding" Indiegogo. La somme récoltée servira à produire Palo Alto Stories, adaptation de son recueil de nouvelles sur sa jeunesse dans cette ville nord-californienne. L'acteur-réalisateur-professeur (et grand exhibitionniste en ligne) a enrôlé les jeunes cinéastes Nina Ljeti et Vladimir Bourdeau de Fontenay (pour Memoria), Bruce Thierry Cheung (pour Killing Animals) et Gabrielle Demeestere (pour Yosemite). Tous les détails sur ces films et les réalisateurs sont sur le site Indiegogo.

Les trois films sont déjà en cours de développement. « Je mets de l'argent dans ces projets parce que je crois en eux, je crois au talent des réalisateurs. Ces histoires sont très importantes pour moi, très personnelles » explique la star dans une vidéo de présentation/justification.
Tous les profits réalisés par ces films seront reversés à une association The Art of Elysium qui offre des rencontres avec des artistes et des ateliers créatifs à des enfants malades. Manière d'anticiper les critiques sur ces méthodes de financement : après tout James Franco est riche (il l'assume) et pourrait financer de façon complètement autonome son projet ; mais il explique aussi que « les gens croient souvent que c'est facile pour [lui] de trouver des investisseurs et des distributeurs pour [ses] films. Malheureusement, les choses ne sont pas si simples. La plupart du temps [il investit son] propre argent pour pouvoir faire [ses] films. Pourtant cette fois c'est différent ; nous avons besoins de plus de fonds.» Et d'ajouter : « Tourner trois films à la suite demande plus d'argent que je ne peux en donner. » Il a déjà réalisé et produit 6 longs métrages ces dernières années.

Les fans ont donc jusqu'au 17 juillet pour verser de l'argent contre une photo carte postale dédicacée (100$), un message de l'acteur sur sa boîte vocale (450$), une projection privée (500$), ou un tableau peint par le touche-à-tout (7000$). Et pour un petit rôle dans un des films, il faut débourser 5000$. Vous misez le double et vous avez le droit à un diner VIP et le titre de producteur exécutif!

Franco a choisi Indiegogo.com, concurrent du plus célèbre Kickstarter.com, car si l'acteur ne parvient à amasser les 500 000$ le 17 juillet, il pourra conserver la somme versée par les internautes. Sur Kickstarter, la campagne s'annule et les internautes retrouvent leurs mises. Pour l'instant, il a récolté 50 000$.

Paru en 2011, Palo Alto est disponible en français chez Michel Lafon. Le livre trace le portrait d'une jeunesse dorée et désorientée à travers plusieurs personnages qui se croisent dans cette petite ville huppée de Californie.

Sa dernière réalisation, As I Lay Dying, a été projetée au dernier festival de Cannes dans la section Un certain regard.