Hong Kong, Chine, Taïwan: secousses sismiques dans le 7e art

Posté par vincy, le 7 octobre 2019

Le cinéma subit à son tour les effets de la situation politique de Hong Kong, dont les citoyens revendiquent a minimia le maintien d'un pays-deux systèmes distinguant Hong Kong du continent chinois, statut obtenu lors de la rétrocession par les britanniques en 1997. Depuis la fin mars, la métropole de près de 8 millions d'habitants vit aux rythmes de manifestations monstres où la violence policière et étatique est de plus en plus brutale.

Pour ne pas froisser la Chine, deuxième marché mondial en nombre de spectateurs en salles, certaines personnalités du cinéma ont déjà refusé de soutenir les hong kongais, à commencer par l'actrice du film Mulan, Liu Yifei. D'ores et déjà des appels aux boycotts ont répliqué. Mais la Chine sait se faire pression. Dès qu'une personnalité du spectacle ou du sport apporte son soutien au "mouvement des parapluies", le régime de Pékin ordonne la rétractation, ou c'est l'interdiction de travailler en Chine. Aussi, aucun des cinéastes hongkongais ne s’est exprimé à titre personnel sur cette crise pour continuer à bénéficier de l'accès aux puissantes industries culturelles chinoises. Dans La Croix, Arnaud Lanuque justifiait ce silence il y a un mois: "Le cinéma de Hong Kong est devenu limité, et ces réalisateurs ne veulent pas faire de petits films. Pour faire des films ambitieux, il faut nécessairement passer par le marché chinois. Hong Kong n’a plus que des films à petits budgets, des drames sociaux, des comédies, et des films fantastiques (genre interdit en Chine)."

Migration en Corée du sud

Mais depuis deux semaines, le cinéma hong kongais est quand même sur les dents. Les Asian Film Awards ont décidé de quitter leur lieu d'accueil historique, remis chaque année depuis 2007 au Festival international du film de Hong Kong en mars. Ils migreront à Busan, en Corée du sud, la ville où se déroule le plus grand festival de cinéma en Asie. Si bien que les prochains AFA auront lieu en octobre 2020. A un mois des Asia Pacific Screen Awards (qui se déroulent à Brisbane en Australie).

Fondé par la HKIFF Society, les AFA ont ensuite noué des partenariats avec les festivals de Busan et Tokyo, tout en restant juridiquement basés à Hong Kong. Depuis longtemps, les organisateurs réfléchissent à une rotation entre les trois festivals (Tokyo a lieu fin octobre). Mais les difficultés de Busan à l'époque avaient mis ce projet à l'écart. Cette rotation serait de nouveau en discussion.

Le Festival du film de Hong Kong devrait quand même avoir lieu, et accueillerait malgré tout un prix honorifique des AFA, afin de conserver son emprise sur la marque. Mais il faudra bien attendre encore un an pour connaître le successeur d'Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda. Et on ignore encore si le cinéma chinois (5 statuettes du meilleur film en tant que producteur ou co-producteur) y sera le bienvenu.

Exclusion du cinéma chinois

Car, l'effet de choc n'est pas terminé. Les Golden Horse Awards se mêlent aussi de real-politik. Les récompenses de cinéma taïwanaises sont décernées depuis 1962 distinguant les films d’expression chinoise, qu’ils viennent de Taïwan, des territoires sinophones (Hong Kong, Singapour, ...) et depuis 1996 de Chine continentale.

Or, l'île de Taïwan, à la fois état souverain non indépendant et province chinoise avec son propre système politique et économique, est en pleine campagne électorale. Et elle est partagée entre ceux qui souhaitent le rattachement à la Chine, sur la base de Hong Kong (un pays, deux systèmes), et ceux qui revendiquent l'indépendance (qui sont de plus en plus renforcés dans leur conviction en voyant les événements de Hong Kong).

Les récentes nominations aux Golden Horse Awards montrent que les professionnels ont choisi leur camp: les films chinois sont complètement absents et seuls quelques films de Hong Kong ont reçu des citations (Suk Suk, My Prince Edward, Bamboo Theatre). Deux films de Singapour et un de Malaisie complètent les nominations hors-Taïwan. C'est d'autant plus une claque que les films de Chine et de Hong Kong ont largement dominé le palmarès des GHA depuis leur création. Seules 8 productions ou coproductions taïwanaises ont remporté le prix du meilleur film depuis 1996.

Présidés par Ang Lee, les GHA sont considérés comme les Oscars du cinéma en langue chinoise. Mais l'an dernier, Fu Yue, prix du meilleur documentaire, avait choqué le régime chinois en réclamant l'indépendance de Taïwan lors de son discours d'acceptation. En guise de rétorsion, les autorités chinoises, en août dernier, ont alors décidé de boycotter tous les films nommés aux Golden Horse Awards, interdits de sortie en Chine continentale.

De peur de ne plus pouvoir travailler en Chine, plusieurs personnalités de cinéma de Hong Kong ont déjà fait savoir qu'ils ne soumettaient par leurs films aux GHA, ce qui explique l'absence de films chinois (il n'y a eu que 148 candidats contre 228 l'an dernier). Dernier en date, et pas des moindres, le cinéaste Johnnie To, qui s'est retiré de la présidence du jury, qui choisit les gagnants, au nom d'obligations contractuelles.

Mais surtout, la Chine a décidé de lancer ses propres récompenses, les Golden Rooster Awards, qui auront lieu à Xiamen, le même soir (23 novembre) que les Golden Horse Awards. A cette politique de menaces, le régime chinois ajoute d'autres formes de pressions sur les festivals internationaux en interdisant à certains films et talents de s'y rendre, à l'instar de One Second de Zhang Yimou, retiré au dernier moment de la compétition de Berlin, ou de Liberation de Li Shaohong, film d'ouverture du festival de Pingyao (créé par Jia Zhangke), remplacé trois jours avant sa projection par un autre film.

1917 de Sam Mendes : première claque visuelle de 2020 ?

Posté par wyzman, le 6 octobre 2019

Alors que l'année 2019 aura été marquée par le cannois Parasite et les vénitiens Ad Astra et Joker, le cru 2020 pourrait être tout aussi extraordinaire.

Film historique et blockbuster auteurisé

Le pitch de 1917 est simple : en pleine Première Guerre Mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission tout simplement impossible. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.

Inspiré de faits réels (Sam Mendes tient cette histoire de son grand-père), 1917 est sans l'ombre d'un doute l'un des films les plus attendus de cette fin d'année aux Etats-Unis. Toujours bien informé sur le sujet, Collider l'imagine très bien dans la course aux Oscars tant le premier film de Sa Mendes post-007 Spectre semble s'approcher d'un jamais-vu jusque-là au cinéma. A l'instar de Gravity il y a quelques années, 1917 a sur le papier tout d'une claque visuelle. Fier de son expérience acquise sur Jarhead : la fin de l'innocence et Skyfall, Sam Mendes a ici disposé de 100 millions de dollars de budget de production pour réaliser son pari fou : tourner son film en plan séquence.

Dans Vanity Fair, il explique notamment : "C'était un choix fondamentalement émotionnel. Je voulais voyager chaque pas avec ces hommes pour respirer chaque souffle avec eux. Elle devait être viscérale et immersive. Ce qu'on leur demande de faire est presque incroyablement difficile. La façon dont le film est réalisé est conçue pour vous rapprocher le plus possible de cette expérience." Si Amblin a d'ores et déjà dégainé les behind the scenes pour nous conforter dans l'idée d'une expérience immersive, le film dispose avant tout d'un casting quatre étoiles.

Nouvelle génération et talents confirmés

Pour incarner les deux jeunes soldats, DreamWorks Pictures, Reliance Entertainment, New Republic Pictures, Neal Street Productions et Amblin Partners ont choisi George MacKay et Dean-Charles Chapman. Le premier, âgé de 27 ans, a fait ses preuves dans Pride et Captain Fantastic. Le second, âgé de 22 ans, est également loin d'être inconnu au bataillon puisqu'il incarnait Tommen Baratheon dans Game Of Thrones et sera prochainement à l'affiche du film Netflix Le Roi. 1917 réunit également une belle brochette de stars au CV impressionnant : Mark Strong, Andrew Scott, Richard Madden, Colin Firth, Benedict Cumberbatch.

Et bien que l'on apprécie de voir tous ces visages réunis dans un seul et même film, force est de reconnaître que l'équipe technique de 1917 mérite autant d'attention. Le scénario a été écrit par Sam Mendes et Krysty Wilson-Cairns, la femme à qui l'on doit la très bonne série horrifique Penny Dreadful. La photographie est signée Roger Deakins, l'homme à qui l'on doit les belles images de No Country for Old Men, The ReaderTrue Grit, Sicario et Blade Runner 2049. Et comme si cela ne suffisait pas, on ne saurait qu'être enthousiaste à l'idée de découvrir la bande originale composée par Thomas Newman (La Couleur des sentiments, Le Pont des espions, Le Monde de Dory).

Outre une prouesse technique, 1917 pourrait créer un consensus lors des prochains Oscars. Déjà salués par la critique, The Irishman, Jojo Rabbit, Marriage Story, Once Upon a Time in Hollywood et Parasite doivent s'attendre au pire face à un film de guerre inspiré de faits réels et réalisé par un homme dont les 7 films cumulent 23 nominations aux Oscars. Attendu aux Etats-Unis le 25 décembre prochain, 1917 sortira en France le 15 janvier 2020.

« Memories of Murder » de Bong Joon-ho : la réalité surpasse la fiction

Posté par vincy, le 3 octobre 2019

Avant sa Palme d'or pour Parasite, Bong Joon-ho avait réalisé, en 2003, ce que beaucoup de ses fans considèrent comme son meilleur film, Memories of Murder. Il s'agissait de son deuxième long-métrage. Il s'agissait d'une histoire inspirée de faits réels. Entre 1986 et 1991, deux inspecteurs de police, l'un de la campagne (Park Doo-man, incarné par Song Khang-ho, le père dans Parasite), l'autre de la ville (Seo Tae-yoon, interprété par Kim Sang-khyeong), dont les méthodes sont radicalement opposées. Ils doivent travailler ensemble afin de piéger un terrible violeur et tueur en série. Les soupçons de chacun vont alors se déplacer d'un suspect à un autre, au rythme lancinant des assassinats barbares du mystérieux tueur. La particularité du film est que le meurtrier échappe à la police. Le film se termine sur une jeune fille qui révèle au flic des champs qu'elle a vu l'homme traqué. Il est "ordinaire". Le regard face caméra saisit le spectateur, comme des points de suspension suivis d'un immense point d'interrogation.

Dans la réalité, dix femmes ont été victimes de ce criminel dans les alentours de Hwaseong. Dix femmes âgées de 13 à 71 ans. Aucun indice. Des milliers de suspects interrogés. Aucune inculpation. Pourtant, trente ans après ces horreurs, 16 ans après le film, le mystère est enfin résolu. Un Cold Case à classer.

Le suspect était déjà en prison. Les analyses ADN ont pu croisé les quelques indices, notamment ceux récupérés sur la 9e victimes, et l'identité du meurtrier. Il était condamné depuis 1994 pour le meurtre et le viol de sa belle-sœur. Mardi, il a avoué être l'auteur de tous les crimes. Il a aussi confessé cinq autres meurtres. Cependant, les faits étant prescrits depuis 2006, il ne sera pas poursuivi.

Bong Joon-ho a pu enfin voir son visage. Il ignore encore ce qu'il peut tirer d'une telle information. On pourra toujours revoir son film au Festival Lumière, qui présentera six fois Memories of Murder, en plus de ses autres longs métrages entre le 13 et le 19 octobre.

Annecy Cinéma Italien: « une période très féconde » selon Francesco Giai Via

Posté par vincy, le 26 septembre 2019

Du 23 au 29 septembre revient, le cinéma transalpin est en vedette au 37e Annecy cinéma italien. 34 longs métrages et 8 courts métrages sont projetés. Pietro Marcello, dont le film Martin Eden (en clôture) a été primé à Venise il y a trois semaines, recevra le Prix Sergio Leone qui récompense chaque année un jeune cinéaste au talent prometteur. Toni Servillo (La grande bellezza) et l'auteur de la BD et réalisateur de l'adaptation Igort viennent présenter l’avant-première de 5 est le numéro parfait. Un focus sur le documentariste Giovanni Cioni dans la section « Viaggio in Italia » s'accompagne d la projection de son dernier documentaire Non e Sogno (Locarno 2019). Annecy présente aussi l'unique projection sur grand écran en dehors de l’Italie du film Sur ma peau d’Alessio Cremonini, disponible sur Netflix. Le film a reçu 3 David di Donatello cette année dont celui Meilleur Premier Rôle pour l’acteur principal Alessandro Borghi, star montante en Italie.

Nous avons demandé à Francesco Giai Via, Directeur artistique du festival, de faire un état des lieux de ce cinéma italien qui, malgré les crises de financement et la domination du petit écran, semble renaître de ses cendres...

Ecran Noir: Au vue de votre sélection, comment définiriez-vous le cinéma italien actuel ? Quels sont vos critères de sélection pour la compétition ?

Francesco Giai Via: Je crois que le cinéma italien contemporain traverse une phase extrêmement féconde. Les efforts des années 2000 et la contamination entre le documentaire et la fiction, tant au niveau créatif que productif, ont permis à une nouvelle génération de réalisateurs et de producteurs de réaliser des films qui sont aujourd'hui considérés parmi les plus intéressants dans le panorama international des festivals. C'est aussi pour cette raison que j'ai décidé programmatiquement de ne pas faire de distinction dans ma sélection de premier et deuxième films entre les films de fiction et les documentaires. Dans les espaces d'hybridation il y a beaucoup de choses intéressantes qui dialoguent d'une manière contemporaine avec le grand dynamisme de notre cinéma.

EN: Martin Eden primé à Venise, Le Traitre très bien accueilli à Cannes, Paolo Sorrentino demandé jusqu’aux Etats-Unis … n’assiste-t-on pas à un renouveau du cinéma italien depuis quelques années ?

FGV: Tout à fait d'accord. Je voudrais mentionner quelques uns des films et interprètes présents cette année à Annecy qui montrent comment, lorsque nous parvenons à créer un système entre organismes institutionnels, production et auteurs, nous pouvons obtenir des résultats que nous imaginions, jusqu'à récemment, relégués à un âge d'or que nous pensions lointain.

EN: Comment expliquez-vous que, malgré sa diversité, le cinéma italien soit si peu présent dans les salles françaises?

FGV: Le système français est extrêmement vertueux et complexe, la question est donc difficile. Je me dis qu'il est peut-être temps d'aller au-delà de l'étiquette  "film italien" pour promouvoir l'œuvre en tant qu'excellent film d'envergure européenne et internationale, dont la qualité peut faire la différence, pas nécessairement la nationalité.

EN: Quels films ou cinéastes italiens faut-il absolument découvrir cette année à Annecy ?

FGV: Dans la compétition, il y a des réalisateurs qui représentent  l'avenir de notre cinéma. Giovanni Cioni est aussi un réalisateur de documentaires d'exception dont les œuvres sont présentes ici pour la première fois. Je trouve aussi la carrière de Matteo Rovere très intéressante. En tant que producteur et réalisateur, Rovere repense avec courage et intérêt une idée et une pratique du cinéma populaire qui n'est pas nécessairement liée à la comédie.

Oscars 2020 : Deux films cannois en lice pour représenter la France

Posté par wyzman, le 16 septembre 2019

Cette année encore, le Festival de Cannes conserve son titre de place to be pour découvrir "avant tout le monde" l'éventuel représentant de la France aux prochains Oscars.

Trois films présélectionnés

Si l'on vous disait cet été que le CNC a modifié les conditions d’éligibilité des candidats français, ce n'était pas pour rien. En effet, avec sa nouvelle réglementation, le Centre national du cinéma et de l'image animée s'est assuré qu'un film français puisse déposer sa candidature dès lors qu’il a connu une exploitation en salle (même limitée) avant le 30 septembre. Une manière d'offrir à plus de films la possibilité de concourir. Plus encore, si l'on en croit Le film français, la commission chargée de désigner le futur représentant de la France s'est réunie une première fois aujourd'hui.

Les trois films désormais présents dans la shortlist ne sont autres que Les misérables de Ladj Ly (en salle le 20 novembre), Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (en salle ce mercredi) et Proxima d'Alice Winocour (en salle le 27 novembre). Les deux premiers ont marqué le dernier Festival de Cannes puisque Les misérables a reçu le Prix du jury (ex-aequo avec Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles) tandis que Portrait de la jeune fille en feu s'est vu décerner le Prix du scénario.

Pour rappel, la commission est désormais composée de six professionnels du cinéma (deux réalisateurs, deux producteurs et deux vendeurs internationaux) choisis chaque année par le ministre de la Culture sur proposition du CNC et de trois membres de droit (le président d’UniFrance, le directeur général délégué du Festival de Cannes et le président des César). La commission se réunira à nouveau le 20 septembre pour choisir l'heureux élu.

Il convient de rappeler que le film en question doit en outre avoir un contrôle artistique majoritairement détenu par des citoyens ou résidents français et être réalisé en langue étrangère (pour l’Académie), c’est-à-dire dans une langue autre que l’anglais mais sans que la langue soit nécessairement celle du pays d’origine. Les prochains Oscars se tiendront le 9 février 2020.

Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov libéré par les russes

Posté par vincy, le 7 septembre 2019

A deux jours d'un sommet franco-russe entre les ministres des affaires étrangères et de la défense, la Russie a fait un geste pour renouer le dialogue avec l'Occident, cinq ans après l'annexion de la Crimée et alors que le Donbass, qui inspire tant de cinéastes ukrainiens, est toujours en conflit à la frontière russo-ukrainienne.

Deux avions avec 35 prisonniers de chaque côté ont décollé simultanément de Kiev et de Moscou. Le cinéaste ukrainien et prisonnier politique Oleg Sentsov fait partie du convoi, selon une source gouvernementale de Kiev. 24 maris, deux agents secrets, un blogueur et un journaliste sont aussi du vol rapatriant les ukrainiens vers Kiev. Dans l'avion pour Moscou, on trouve Vladimir Tsemakh, ex-chef militaire des séparatistes pro-russes en Ukraine et témoin clé du crash du Boeing malaisien MH17, dont on suppose qu'il a été atteint par un missile russe.

> L'affaire Oleg Sentsov

Vladimir Poutine a accéléré le processus, déclarant qu'il s'agissait d'une bonne étape vers la normalisation.

Oleg Sentsov reste la personnalité la plus emblématique de ce vaste échange. Emprisonné dans le Grand Nord russe, après avoir observé une longue grève de la faim de 145 jours qui a mis en péril sa santé, le cinéaste ukrainien a été discrètement transféré la semaine dernière à Moscou, cinq ans après son arrestation en Crimée. Il a été condamné en août 2015 à vingt ans de prison pour "terrorisme" et "trafic d’armes" lors d'une parodie de procès.

Tenet : Christophe Nolan dévoile un teaser de son nouveau film avant les projections de Hobbs & Shaw

Posté par wyzman, le 2 août 2019

Si l'on en croit les informations de Variety, les fans américains de la franchise Fast & Furious ont eu droit à un joli aperçu du nouveau film de Christopher Nolan.

Teaser énigmatique

Depuis jeudi soir, les spectateurs se rendant à certaines projections de Fast & Furious : Hobbs & Shaw ont eu la chance d'apercevoir les première images de Tenet, le prochain thriller d'action de Christopher Nolan. Sur ces images que vous pouvez dès à présent voir ici (en qualité moindre) [La vidéo a été désactivée à la demande des ayant-droits depuis la parution de l'article, ndlr], John David Washington est en quête de réponses. Le teaser indique "L'heure est venue pour un nouveau protagoniste... L'heure est venue pour un nouveau type de missions."

Bien que le casting comporte également Elizabeth Debicki, Robert Pattinson, Aaron Taylor-Johnson, Kenneth Branagh, Clémence Poésy, Dimple Kapadia et Michael Caine, ceux-ci ne figurent pas dans la vidéo de 40 secondes. Attendu pour le 22 juillet 2020 en France, le 11e long-métrage de Christopher Nolan est à nouveau produit par Syncopy Films et distribué par Warner Bros.

Kyoto Animation: 35 morts, 34 blessés, un film et un serveur sauvés

Posté par redaction, le 29 juillet 2019

Le 18 juillet dernier, le studio Kyoto Animation a été victime d'un incendie criminel. Le bilan est de 35 personnes sont mortes (dont 21 femmes) et 34 blessées (dont une dizaine dans un état sérieux), parmi lesquels l'auteur de l'incendie. Un carnage humain qui a ému le monde de l'animation. Créé en 1981, le studio a notamment travaillé avec les studios Ghibli (Porco Rosso) et OLM (Pokémon). Depuis qu'il n'est plus un sous-traitant mais un studio à part entière, Kyoto Animation a sorti de nombreuses séries TV, dont La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, Sound Euphonium ou encore Violet Evergarden. Il a aussi produit des films déclinés de ces séries et surtout le splendide anime Silent Voice et le récent Liz & l'oiseau bleu.

KyoAni était un studio singulier, fondé par un couple, embauchant majoritairement des femmes, et réputé pour ses bonnes conditions de travail, en plus de persévérer à employer des animateurs qui lui sont propres. Aujourd'hui il est en cendres. On ne sait pas ce qui a motivé le pyromane, Shinji Aoba, 41 ans, qui a déjà été emprisonné pour vol et qui souffre apparrement de désordres mentaux. Il semblerait que le studio lui aurait "plagié" un de ses romans, sans qu'il n'y ait aucune preuve. L'enquête vient de confirmer qu'il était obsédé par le studio, dont ils possédait quasiment tous les mangas et les dvd.

C'est le pire meurtre de masse au Japon depuis la seconde guerre mondiale. Un fonds d'aide japonais pour les victimes et un autre, initié par le distributeur américain Sentai Filmworks sur la collecte GoFundMe ont déjà récolté 7 millions d'euros. Le gouvernement, en réaction à l'émotion suscitée, a décidé d'apporter son aide pour la réouverture du studio et pour faciliter les donations reçues par KyoAni.  Techniquement, il y a au moins une bonne nouvelle: un des serveurs où une partie des créations et des données sont stockées, aurait survécu à l'incendie. Tout le reste a disparu en fumée.

Cette tragédie n'affectera pas la sortie du spin-off de Violet Evergarden, Violet Evergarden Side-Story: Eternity and the Auto Memories Doll, programmée au Japon pour septembre et qui doit être présenté au festival Animagic Convention à Mannheim en Allemagne samedi prochain. En revanche, on ignore toujours si Violet Evergarden the Movie pourra sortir au Japon en 2020 comme prévu. Netflix gère la diffusion internationale .

Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof condamné

Posté par vincy, le 25 juillet 2019

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, primé à Cannes en 2017 pour son film Un homme intègre, a été condamné en Iran le 23 juillet à un an de prison ferme suivi de deux ans d'interdiction de sortie de territoire et d'interdiction de se livrer à une activité sociale et politique. Son distributeur français, ARP Sélection, a immédiatement exigé sa libération. Le Festival de Cannes a également demandé qu'il soit libéré, rappelant qu' "À travers son travail il ne cesse de conter la réalité de son pays, affrontant ainsi la censure imposée chez lui par les autorités iraniennes."

Déjà, en 2011, il avait été condamné à un an de prison pour "activités contre la sécurité nationale et propagande" et en 2013, l'Iran lui avait déjà confisqué son passeport.

Depuis septembre 2017, le cinéaste ne pouvait plus circuler librement, travailler et se rendre à l'étranger. Son passeport a été confisqué dès son arrivée à l’aéroport de Téhéran. Il a ensuite été soumis à un long interrogatoire par les Renseignements des Gardiens de la Révolution. Ceux-ci l’empêchent alors d’assurer le reste de la promotion de son film à l’étranger. Les acteurs du film subissent aussi une perquisition à l’issue de laquelle leurs passeports et ordinateurs sont saisis.

3 raisons d’aller voir « L’étincelle, une histoire des luttes LGBT+ »

Posté par vincy, le 24 juillet 2019

Le pitch: Une histoire de la lutte LGBT des années soixante à nos jours, après que l’étincelle des émeutes de Stonewall a embrasé l’action militante qui, de New York, devait se répandre partout dans le monde. De San Francisco à Paris en passant par Amsterdam, entre les premières Gay Pride, l’élection d’Harvey Milk, la « dépénalisation » française, l’épidémie du Sida et les premiers mariages homosexuels, ces quelques décennies de lutte s’incarnent au travers de nombreux témoignages d’acteurs et actrices de cette révolution arc-en-ciel.

Des témoignages forts. Avec ce documentaire initialement prévu pour la TV, Benoît Masocco a capté la parole des décideurs et des activistes ou des artistes qui ne secachent pas, de ceux qui ont vécu le combat pour l'affirmation comme ceux qui ont traversé l'apocalypse des années Sida, qu'ils soient américains, français, néerlandais... A chaque fois, c'est bouleversant. Qu'il s'agisse d'une confession intime ou d'un engagement politique, les écouter est une épreuve émotionnelle: ils partagent leur souffrance, leur désespérances ou leur combattivité avec une belle pudeur, une dignité respectable ou une flamme vivace. On voit ainsi défiler Robert Badinter et Didier Lestrade, Bertrand Delanoë et Gérard Lefort, Dustin Lance Black (When We Rise, scénariste de Harvey Milk et J. Edgar) et l'écrivain Edmund White, John Cameron Mitchell (Shortbus) et Cleve Jones... Tous, femmes ou hommes, rappellent le parcours semé d'embûches des homosexuels, des années 1960 à aujourd'hui... Ils se sont battus politiquement, médiatiquement, collectivement. Ils revendiquent une culture queer alternative face à ceux qui se sentent bien dans une société "normalisante". Ils se souviennent avec amusement des rébellions contre les forces policières, avec douleur des morts du sale virus, avec joie des avancées pas à pas pour la cause, avec regrets des années folles, avec bonheur des victoires, amères ou triomphales.

50 ans de luttes nécessaires. Car ce combat n'est pas fini. Et les débats changent de forme. L'histoire commence avec la révolte de Stonewall à New York et l'année suivante, la naissance des marches de la fierté. La fameuse étincelle. L'émancipation sexuelle, l'égalité civique des noirs américains, la progression du féminisme: tout conduit la communauté LGBT à revendiquer ses droits, sortir du placard et casser les lois discriminatoires. Le documentaire montre l'horreur de certaines lois anti-homosexuels à l'époque. L'avènement d'Harvey Milk et son assassinat, la loi Badinter de 1982 dépénalisant l'homosexualité et les horreurs des anti-Pacs ou anti-Mariage pour tous, la liberté folk des années 1970 et l'enfer pop des années 1980: tout contribue à la libération des mœurs et leur concrétisation politique. Le Sida va siffler la fin de la fête. Un autre combat va commencer. Puis ce sera celui de l'égalité des droits. Aujourd'hui commence un travail de mémoire avec la réhabilitation des grandes personnalités LGBT, la création de centres d'archives ou de chaires universitaires, les droits des transsexuels ... Aujourd'hui, on parle d'homoparentalité dans les pays où le mariage est déjà acquis. Mais il ne faut pas oublier que l'homosexualité reste interdite dans des dizaines de pays (voire passible de peine de mort), qu'en Europe des gouvernements agitent une homophobie populiste qui peut s'avérer meurtrière, que les crimes homophobes augmentent un peu partout.

Nous vieillirons ensemble. L'un des mérites du film est avant tout de déterrer les racines d'un combat qui est devenu public il y a cinquante ans. Et, par conséquent, de montrer des femmes et des hommes homosexuels qui étaient adolescents sous Woodstock et qui sont de beaux seniors aujourd'hui. Pour la première fois, une génération née après la guerre peut être ouvertement et publiquement gay et toujours en vie. Et la génération LGBT post-SIDA peut apprendre de son passé commun, et comprendre qu'après 30 ans, on n'est pas forcément condamné à être obsolète (sauf sur Grindr). Car c'est, en creux, l'un des aspects les plus intéressants de ce documentaire. Avec ses archives, son voyage dans le temps, ses souvenirs qu'on aurait pu croire révolus voire éteints, il dévoile une histoire qui n'est plus si jeune et qui aurait pu disparaître avec la propagation du HIV ou l'obligation de vivre caché. Grâce à ses anciens combattants, la communauté LGBT d'aujourd'hui, peut s'engager dans les combats de demain. L'étincelle devient alors un film qui sert de relais entre ceux qui ont vécu toutes ces batailles et ceux qui aujourd'hui profitent de cette liberté chèrement acquise. Or, on le sait, la liberté est une valeur fragile. Comme une flamme est facile à éteindre. Les luttes continuent.