Cannes 2012 : 10 ans de Visions Sociales sous l’oeil de Frémaux et Belvaux

Posté par vincy, le 13 avril 2012

Visions Sociales fêtera son 10ème anniversaire lors du prochain Festival de Cannes (16-27 mai). Pour cette édition spéciale, le Festival parallèle sera placé sous le parrainage de Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et de Lucas Belvaux, réalisateur et acteur. 38 témoins, son film le plus récent, qui se déroule au Havre, sera présenté en clôture de Visions Sociales le 26 mai.

Visions Sociales présentera 23 films du 19 au 27 mai au Château des Mineurs, dans le Domaine d'Agecroft à Mandelieu La Napoule. Des films qui abordent les thématiques traitées en dix ans de programmation : le monde du travail, la place faite aux femmes, les luttes, la mondialisation, les bouleversements du Printemps arabe, montrés en présence de réalisateurs du monde entier. À ces films, sélectionnés dans les festivals soutenus tout au long de l’année par la CCAS - le Festival Premiers plans d’Angers, le Festival international du film d’Amiens, CineMed, le Festival du cinéma de Brive – Rencontres européennes du moyen métrage…. - s’ajoutent des oeuvres inédites de l’ACID, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique, « Un Certain Regard », la Cinéfondation et le Festival des 3 continents.

On pourra donc y voir cette année des films récents mais parfois mal diffusés comme Corpo Celeste, Historias, Les chants du Mandrin, Les femmes du bus 678, Le policier, Sur la planche, Terraferma... ainsi que des documentaires (Tous au Larzac) et des courts-métrages. A cela s'ajoutent trois rencontres autour des métiers du cinéma.

Visions Sociales est une manifestation en accès libre, à l’exception de la soirée de clôture qui, fidèle aux valeurs et engagements de la Caisse centrale d'activités sociales du personnel des industries électrique et gazière (CCAS), permet d’aider une association à raison de 5€ par entrée. Le Festival s’adresse aux ouvrants et ayants droit des comités d’entreprise, ainsi qu’aux Cannois, aux cinéphiles, aux curieux....

Le réalisateur d’Hunger Games quitte l’aventure

Posté par vincy, le 12 avril 2012

Gary Ross, réalisateur de Hunger Games, a décidé de ne pas réaliser les suites de la saga. Le premier épisode a déjà récolté plus de 500 millions de $ dans le monde (dont 300 en Amérique du nord). Mais le cinéaste souhaite écrire et préparer un film plus personnel. Gary Ross (Pleasantville, Seabiscuit) développe actuellement un projet, The Free State of Jones, inspiré d'une histoire vraie durant la Guerre de Sécession.

Or Lionsgate veut absolument sortir le deuxième épisode lors du week-end de Thanksgiving 2013. Un délai trop court pour réaliser deux films.

A l'origine, Ross avait bien prévu de réaliser la suite. Mais le contrat n'était pas signé : Lionsgate attendait les résultats du box office avant de se décider. Le studio avait juste sécurisé les engagements des trois acteurs principaux pour un tournage éventuel à l'automne 2012. Le scénario est en cours d'écriture, sous la plume de Simon Beaufoy (Full Monty, Slumdog Millionaire, 127 heures).

Hunger Games, comme Twilight et Harry Potter, sera donc filmé par différents cinéastes. D'autant que le studio commence à réfléchir à une quadrilogie plutôt qu'une trilogie en divisant le troisième volume en deux épisodes distincts.

Reste à trouver un réalisateur et une vingtaine d'acteurs, 19 mois avant la sortie prévue du film, à peine cinq mois avant le début du tournage.

Un fait divers tragique ruine le buzz de la prochaine comédie avec Ben Stiller

Posté par vincy, le 10 avril 2012

Aux USA, c'est l'un des scandales de ce début d'année en pleine année électorale : le meurtre de Trayvon Martin, lycéen de 17 ans, afro-américain, soulève de telles polémiques que plusieurs marches de protestation ont lieu régulièrement dans la ville de Sanford, en Floride, pas très loin de Walt Disney World. L'enfer pas loin du monde magique (et factice).

D'un côté, la National association for the advancement of coloured people), organisation historique de défense des Noirs américain, dénonce une justice à deux vitesses : "Tout le monde se dit : si George Zimmerman avait été noir et Trayvon Martin blanc, le meurtrier aurait été arrêté immédiatement et personne n’en aurait jamais entendu parler." Ce n'est évidemment pas la première fois qu'un tel fait divers tragique sur fond de racisme a lieu aux USA. Mais il est symbolique d'une Amérique désaxée.

De l'autre un meurtrier en liberté. George Zimmerman, agent de surveillance autoproclamé, ne niant pas le meurtre, qui se promenait en toute impunité jusqu'à la diffusion d'une vidéo accusatrice sur Youtube. La justice a alors, enfin, décidé de s'en mêler. Une nouvelle procureure est nommée depuis le 22 mars et a annoncé qu'elle déciderait seule, sans l'appui d'un jury populaire, de l'arrestation, ou pas, du présumé coupable. Ce n'est pas si courant : dès que le meurtrier est blanc et proche de la police, il y a une sorte d'immunité tacite.

Le jeune Trayvon Martin revenait chez lui avec une canette de thé glacé et des bonbons. L'agent de surveillance avait justifié son acte en prétendant avoir reçu des coups : la vidéo policière démontre le contraire. Le phénomène s'embrase médiatiquement : les télés nationales sont en boucle sur le sujet...

Bref une vague d'émotion submerge le pays.

Et manque de chance la 20th Century Fox sort le teaser de Neighborhood Watch (Voisins du troisième type en français) à ce moment là, juste à temps pour les Oscars, la semaine du meurtre. A priori aucun rapport entre quatre citoyens lambdas qui sauvent leur quartier résidentiel (et le monde entier avec) d'une invasion d'extra-terrestres. Ben Stiller, Vince Vaughn, Jonah Hill et Richard Ayoade s'y improvisent agents de surveillance (d'où le titre) : c'est une comédie, rappelons-le, plus proche de Ghostbusters que d'un film avec Jason Statham ou même du récent Cowboys & envahisseurs.

Mais le teaser fait scandale. Sur fond de musique rap, les quatre olibrius circulent en voiture et l'un d'entre eux simule avec sa main le geste d'un révolver qui tire une balle sur un voisin. Le rapprochement avec l'affaire Trayvor Martin est immédiat pour les Américains. Le studio défend d'abord le film : la séquence n'aurait même pas été retenue dans le montage final. Mais trop tard : même si la Fox a retiré la bande annonce, elle est toujours visible sur Internet. Le studio a été contraint de s'excuser auprès des personnes choquées et a rappelé que "le film est une comédie sur une invasion d'extraterrestres et n'a absolument aucun lien avec les événements tragiques qui se sont produits en Floride."

Le mal est fait. Le film, qui a attendu plusieurs années avant de pouvoir être produit, et qui a coûté hors frais de marketing 50 millions de $ est prévu dans les salles cet été (le 8 août en France). Mais la Fox envisage déjà de décaler sa sortie, le temps que tout se tasse.

D'ici là, 20th Century Fox promet une nouvelle bande annonce centrée sur les aliens. Reste la décision ou pas de reporter la sortie du film aux USA. Pour la Fox, il n'y a pas péril : cet été, entre Prométheus et Journal d'un dégonflé, le studio sortira L'âge de glace 4 et Abraham Lincoln chasseur de vampire. Son programme des fêtes est, en revanche, assez faible avec une comédie pour seniors et l'oscarisable Life of Pi d'Ang Lee.

L’instant Court : Cold Shoulder, avec Marilyn Monroe

Posté par kristofy, le 6 avril 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip Wet Cement réalisé par Shahin Izadi pour le groupe Puresnatchers, voici l’instant Court n° 73.

Celle qui minaudait Pooh Pooh Bee Doo... est devenue une icône planétaire, tout le monde voulait l’approcher et elle est pourtant restée insaisissable. Marilyn Monroe est à l’honneur cette semaine avec la sortie de My Week With Marilyn où un assistant de plateau romance quelques jours du tournage chaotique de Le prince et la danseuse. On y aperçoit la star sulfureuse mais aussi une actrice peureuse qui peine à sortir ses répliques…

Et si on imaginait le scénario d’un biopic sur Marilyn Monroe ? Le plus intéressant serait une reconstitution de l’année 1950, rien de plus, car c’est le moment où son personnage de Marilyn s’est le plus construit pendant qu’il détruisait Norma Jeane…

1950, c’est vraiment l’année où sa carrière va décoller. Grâce à son impresario Johnny Hyde, elle a déjà joué des petits rôles dans plusieurs films qui sortiront sur les écrans cette année-là. Au début de l’année, le réalisateur Joseph L.Mankiewicz (déjà oscarisé) prépare son futur film All about Eve, il engage alors cette Marilyn Monroe pour un second rôle le temps de deux séquences. Le tournage a lieu courant mai.

Fin mai, c’est la sortie de The asphalt jungle de John Huston (qui aura quatre nominations aux Oscars), en août sort The fireball, et en septembre arrive All about Eve. Marilyn Monroe devient la jolie blonde qu’on a envie de revoir…

C'est toujours en 1950, lors d’une soirée qui réunit l’équipe du film Un tramway nommé désir de Elia Kazan, elle fait la rencontre de Vivien Leigh et de son mari Laurence Olivier… avec qui elle tournera bien plus tard Le prince et la danseuse (le sujet de My week with Marilyn).

Johnny Hyde qui est l'agent et aussi l'amant de Marilyn veut lui faire obtenir un contrat conséquent (de sept ans) avec le studio de la Fox. Pour cela, elle doit faire un bout d’essai pour un film en préparation qui est Cold shoulder. Le film ne sera jamais tourné, mais elle aura ensuite plusieurs rôles dans les productions Fox, à commencer par Rendez-moi ma femme.

Johnny Hyde meurt le 18 décembre d’une crise cardiaque. Au moment de Noël, le 24 décembre, Marilyn Monroe est trouvée inconsciente dans sa chambre suite à une overdose de médicaments : elle fût sauvée à l’hôpital avec un lavage d’estomac. La future icône mondiale avait alors seulement 24 ans…

Voici donc le screen-test de Marilyn Monroe pour le projet de film Cold shoulder :

Qui a écrit ceci à propos de Marilyn Monroe ?

"Je l’attends pour donner la scène. Elle est en retard. Et la voici enfin qui s’excuse : "vous allez voir ce que c’est de jouer avec la pire actrice de la planète". Je cherche mes mots pour lui répondre gentiment, calmement : "vous avez peur, mais pensez un peu à moi qui suis perdu".

Et soudain cet aveu la délivre. Elle n’en revient pas. Celui qui partage l’affiche face à elle et dont elle s’est fait une image inquiétante, eh bien il pète de trouille et il ne s’en cache pas. C’est un choc réel, pour une femme qui rumine ses complexes par rapports aux autres comédiens et qui s’estime, non sans raisons, plus ou moins méprisée par les gens d’Hollywood.

C’est la première fois qu’un leading-man, un homme qui doit garder son rang, la met en confiance simplement parce qu’il partage sa peur avec elle."

L’auteur de cet hommage, à propos duquel un projet de film est justement en train de se monter, est à retrouver ici.

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film Cold shoulder.

18 millions de $ et 60 semaines plus tard : Titanic débarque en 3D

Posté par vincy, le 6 avril 2012

Près de 15 ans après sa sortie, le phénomène Titanic est toujours intact. Mercredi, en France, la version 3D a ramené 57 631 nostalgiques dans les 331 salles qui le diffusaient. Le même jour, aux USA, il cumulait 4 375 338 $ de recettes (sur 2 674 écrans), le plaçant juste derrière The Hunger Games et faisant miroiter la première place du week-end de Pâques.

Cette conversion en 3D par James Cameron ne semblait pourtant pas de première évidence tant il critiquait ouvertement le procédé sur d'autres films. "La 3D n'ajoute rien à l'histoire mais elle est un moyen de revaloriser la salle de cinéma" ajoutait-il. Le réalisateur canadien a malgré tout tenté l'expérience : cela lui a pris 60 semaines et coûté la bagatelle de 18 millions de $ pour transformer l'un des plus gros succès de l'histoire du cinéma ; en France, il détient toujours la première place des films les plus vus depuis 1945 et aux USA, il se classe 6e de l'histoire (si l'on prend en compte le prix du billet ajusté à l'inflation). Titanic avait rapporté 1,85 milliard de $ lors de sa première exploitation. Le budget faramineux (pour l'époque) de 200 millions de $ était un pari risqué qui s'était avéré très rentable.

Sortie dans 84 pays cette semaine, la version 3D a été supervisée par Cameron lui-même afin de contrôler la qualité artistique du projet et de rester fidèle à sa vision. Car selon le réalisateur, "le problème n'est pas technique mais créatif" dans ce genre de processus. Il a déclaré que le film se prêtait très bien à ce transfert en 3D : "quand j'ai tourné Titanic, mon style se prêtait déjà à la 3D. Je privilégiais la profondeur de champ, mes personnages s'inséraient dans un vaste décor, au point que le paquebot devenait un personnage à part entière. Or, la profondeur de champ est un élément fondamental de la 3D."  A cela s'ajoute le fait d'avoir réalisé entre temps Avatar, ce qui lui a donné une compétence que peu de cinéastes possèdent dans le domaine du cinéma en relief et lui a permis de ne pas trahir son chef d'oeuvre film visuellement.

Cameron a surtout voulu améliorer les possibilités de la 3D avec ce projet. Il a souhaité aller plus loin qu'Avatar. Soucieux que le spectateur puisse supporter 163 minutes de film dans ce format, il a augmenté de 20% la profondeur du relief par rapport à Avatar. L'implication du cinéaste et son perfectionnisme ont conduit Paramount, son distributeur américain, à sortir Titanic comme un nouveau blockbuster. A la manière de Disney avec la re-sortie du Roi Lion (3D) en septembre dernier (avec succès). La date de sortie ne doit rien au hasard. Tout juste classée par l'UNESCO, l'épave du Titanic a sombré le 15 avril 1912 : on célèbre les 100 ans du naufrage.

Mais l'échec relatif en février de Star Wars : Episode I - La menace fantôme a donné quelques sueurs au distributeur. Contrairement à la saga de George Lucas, Titanic n'est pas encore disponible en Blu-ray, ce qui peut le sauver. D'autant que Cameron a voulu une immersion totale en retravaillant notamment le son et la lumière de son film afin de rendre l'expérience de la salle unique. Ainsi la version 3D s'avère plus intimiste que spectaculaire : "en fait, tout ce que l'on estimerait hâtivement peu spectaculaire dans Titanic prend une autre dimension" explique le réalisateur.

Mais que ce soit clair, Cameron insiste : "Le meilleur moyen de réaliser un film en 3D est de le faire directement, sans passer par un transfert."

Selon Le Figaro, le dernier film de Claude Miller sera sélectionné à Cannes

Posté par vincy, le 5 avril 2012

Claude Miller à Cannes, de manière posthume? "Selon nos informations, son dernier film, Thérèse Desqueyroux, figurera dans la sélection officielle du festival de Cannes, en mai 2012" annonce dans son blog, Sébastien Le Fol (Le Figaro).

Le film est prêt, il a été vu par quelques personnes. Nous l'avions même intégré dans la liste des prétendants français que nous avons publiée il y a dix jours.

Après La classe de neige (1998, prix du jury) et La petite Lili (2003), ce serait le troisième film de Claude Miller, disparu hier soir (voir notre actualité), à être sélectionné.

Annoncé à Cannes en 2010 (voir notre actualité), le film, avec Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Stanley Weber et Jérôme Thilbault, est l'adaptation du roman de François Mauriac (publié en 1927 et traduit en 28 langues). Une version cinématographique du livre avait déjà été réalisée par Georges Franju, en 1962, avec Emmanuelle Riva, Philippe Noiret, Edith Scob et Samy Frey.

Il s'agit de la descente aux enfers d’une bourgeoise de province mariée à un homme froid et rigide. Donnant la parole à son héroïne, l'histoire retrace une à une les étapes qui vont pousser Thérèse à essayer de tuer son mari en l’empoisonnant à l’arsenic.

Claude Miller (1942-2012) : la meilleure façon de partir…

Posté par vincy, le 5 avril 2012

Claude Miller, réalisateur, scénariste et producteur, est décédé mercredi 4 avril au soir à l'âge de 70 ans. 7 fois nommé au César du meilleur réalisateur (sans jamais l'obtenir), trois fois dans la catégorie du meilleur scénariste (avec le prix pour Garde à vue), et quatre fois cité dans la catégorie du meilleur film (La meilleure façon de marcher, Garde à vue, L'effrontée, Un secret), Miller était parfois méprisé par une partie des critiques et de la profession qui voyait en lui un cinéaste populaire et non pas un auteur héritier de la Nouvelle Vague. Une ironie si l'on connaît son parcours : il a débuté avec Marcel Carné avant d'être l'assistant réalisateur de Michel Deville (Martin Soldat), Jean-Luc Godard (Week-end), Jacques Demy (Les demoiselles de Rochefort) et surtout le directeur de production de François Truffaut (La Sirène du Mississipi, L'enfant sauvage, Domicile conjugal, Les deux anglaises et le continent, La nuit américaine, L'histoire d'Adèle H.).

Deux fois sélectionné à Cannes (avec le prix du jury pour La classe de neige en 1998), prix de la Critique internationale à Berlin (La chambre des magiciennes), grand prix des Amériques à Montréal (Un secret) et enfin prix Louis Delluc en 1985 (L'effrontée), Miller a pourtant l'un des plus beaux palmarès de sa génération.

Charlotte for ever

De La meilleure façon de marcher, son premier film en 1976 à Thérèse Desqueyroux, avec Audrey Tautou, tout juste achevé (le film pourrait être à Cannes et sortira le 21 novembre), il aura tourné 17 films, dont quelques grands succès en salles comme Garde à vue, L'effrontée, La petite voleuse, L'Accompagnatrice ou Un secret. Certains de ses films ont également été de cuisants échecs, souffrant de sorties trop discrètes. Surtout, Miller, depuis La classe de neige, avait des difficultés à trouver des financements pour ses films. L'impossibilité de concrétiser son grand projet, Nana, l'a contraint à trouver des sujets plus modestes. Cela a d'ailleurs coïncidé avec sa découverte des caméras numériques, lui ouvrant de nouvelles perspectives et finalement une nouvelle façon de filmer, plus libre, plus rapide.

Le cinéma de Claude Miller était un cinéma d'émotions. Les visages des acteurs importaient plus que le décor. Les plus grands comédiens, qui lui furent très fidèles - certains ont tourné plusieurs films avec lui - sont passés devant sa caméra: Michel Serrault, Romy Schneider, Lino Ventura, Patrick Dewaere, Isabelle Adjani, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Marina Hands, Sandrine Kiberlain, Jean-Claude Brialy, Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Marielle, Richard Bohringer. Il fut aussi un grand directeur de jeunes acteurs en herbe : Charlotte Gainsbourg lui doit son premier César, Romane Bohringer l'un de ses meilleurs films et on devrait aussi citer Ludivine Sagnier, Vincent Rottiers, ...

Les âmes grises

Il aimait les histoires ambigües, troubles, où la carapace morale se faisait taillader par des vérités blessantes ou la cruauté de l'humanité. L'ambivalence des comportements, des situations est ainsi admirablement incarné à l'image par Michel Serrault dans Garde à Vue (coupable ou pas d'un crime affreux) et Mortelle randonnée (à la fois flic et ange gardien de sa cible). Il plongeait dans l'intime, révélant les zones d'ombres, souvent dans des films où la lumière, artificielle ou naturelle, était omniprésente. Ces petites histoires ultra-sensibles composaient au final une oeuvre sur la lâcheté et la complicité, dans un ensemble empreint de tristesse. Le sombre l'attirait. Les zones obscures le tourmentaient. Miller faisait un cinéma anti-mélo, où la complexité prévalait sur les bons sentiments. L'adolescence et l'enfance l'intéressaient sans doute pour cela : coupable ou non, personne n'est innocent à ses yeux.

Fils d'un employé du Grand Rex, à Paris, né de parents juifs en pleine guerre, major de l'Idhec (ex-Fémis), Claude Miller a aussi été un cinéaste impliqué dans sa profession, en président la Fémis ou les salles Europa Cinémas.

Nous l'avions rencontré deux fois (mai 1998 et janvier 1999). La mélancolie - certains évoquaient même une dépression chronique - qu'il dégageait était atténuée par une douceur non feinte. Il aimait le dialogue avec les autres tout en étant abattu par la dureté de l'époque.

La meilleure façon de partir pour un cinéaste est celle de nous laisser un dernier film, posthume, pour nous consoler de sa disparition.

Cinélatino 2012 : retour sur le palmarès

Posté par MpM, le 4 avril 2012

A l'issue d'une semaine de compétition, les différents jurys de la 24e édition de Cinélatino ont rendu leur verdict. La variété des films récompensés est à l'image des sélections de cette année qui proposaient un aperçu riche et complexe de la production cinématographique sud-américaine.

Parmi les lauréats, plusieurs ont déjà des distributeurs en France, ce qui permettra au public de les découvrir prochainement sur les écrans. On souhaite aux autres, et notamment à nos chouchous El ultimo Elvis et Un monde secret, de profiter de leur passage remarqué à Toulouse pour trouver eux-aussi leur place dans la ronde des sorties hebdomadaires...

Grand Prix Coup de Coeur
Los Ultimos cristeros de Matías Meyer (Mexique / Pays-Bas)

Mention spéciale
Près du feu de Alejandro Fernández Almendras (Chili / Allemagne)

Prix du Public La Dépêche du Midi
Violeta se fue a los cielos de Andrés Wood (Chili/Argentine/Brésil/Espagne)

Prix CCAS - Prix des électriciens gaziers

Des histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient de Julia Murat (Brésil/Argentine/France)

Prix Fipresci
Sudoeste d' Eduardo Nunes (Brésil)

Prix Découverte de la Critique Française
El ultimo Elvis d'Armando Bo (Argentine)

Mention spéciale
Un monde secreto de Gabriel Mariño (Mexique)

Rail d'Oc - Prix des cheminots
Des histoires qui n'existent que lorsque l'on s'en souvient de Julia Murat (Brésil/Argentine/France)

Prix lycéen de la fiction
Un monde secreto de Gabriel Mariño (Mexique)

Prix "Courtoujours"
Pra eu dormir tranquilo de Juliana Rojas (Brésil)

Prix SIGNIS du court-métrage
Kyaka la na d'Adriana CEPEDA (Etats-Unis/Colombie/Guatemala)

Prix Documentaire Rencontres de Toulouse
Una vida sin palabras d'Adam Isenberg (Turquie/Nicaragua)

Prix SIGNIS du documentaire
Canicula de José Alvarez (Mexique)

Prix lycéen du documentaire
Una vida sin palabras d'Adam Isenberg (Turquie/Nicaragua)

L’instant Court : Wet Cement, réalisé par Shahin Izadi

Posté par kristofy, le 3 avril 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après la bande-annonce du film Week-end accompagnée des premières réactions du réalisateur Andrew Haigh lors de sa venue à Dinard, voici l’instant Court n° 72.

Pour accompagner la douceur retrouvée du printemps revenu, on vous propose un clip en forme de retour nostalgique à la période de la Nouvelle Vague.

Ils sont d’origine américaine et leur groupe a une notoriété plutôt confidentielle : Puresnatchers. Il s’agit d’une parenthèse musicale pour la femme du groupe, qui est plus connue comme membre du trio féminin Au Revoir Simone, dont le nom est d’ailleurs venu d’une réplique du film Pee-wee's Big Adventure de Tim Burton. Elles ont joué plusieurs concerts en compagnie du réalisateur David Lynch lors de ses ‘méditations’ et avec le duo Air, avec qui elles ont composé un titre du disque qui fait la bande-originale du film restauré Le voyage dans la lune de George Méliès. 

Voici donc le clip Wet Cement, réalisé par Shahin Izadi, pour le groupe Puresnatchers. Cette vidéo en noir et blanc suggère un univers très cinématographique, avec d’ailleurs un sous-titrage de certaines pensées d’un personnage. On y voit un homme à l’allure de Jean-Paul Belmondo qui ne sait pas vraiment comment séduire la femme qui est à côté de lui, telle une Anna Karina moderne, pendant qu’ils sont poursuivis par un binôme qui ressemble au docteur Watson et à Sherlock Holmes…. Avec ce clip, le réalisateur Shahin Izadi a déclaré avoir voulu rendre un hommage au film Tirez sur le pianiste de François Truffaut.

Crédit photo : image modifiée d’après un extrait du film Wet Cement.

Prometheus : quelle classification pour le film de Ridley Scott ?

Posté par geoffroy, le 2 avril 2012

Alors que la promotion de Prometheus bat son plein entre bandes-annonces plutôt stylées et vidéos sur l’univers du film (on appelle cela une campagne virale), la question de sa classification aux États-Unis a été soulevée par Ridley Scott lui-même, contredisant ses déclarations lors du Comic-Con de juillet dernier où il affirmait que son film serait PG-13.

La MPAA (Motion Picture Association of America), qui assure cette classification des films aux États-Unis, hésiterait entre deux "notes". Le PG-13 (déconseillé aux moins de 13 ans) ou le R (interdit aux 17 ans et moins non accompagnés d’un adulte). Sur ce point, voilà ce qu’en pense le réalisateur :

« À l’heure actuelle, je ne sais pas où on en est. La question est de savoir si on va vers un PG-13, qui financièrement serait une véritable différence, ou si on va au bout de ce que l’on veut faire et proposer un film avec un classement R. Je penche pour la seconde solution. Il ne s'agit pas forcément de violence et de sang mais d'idées qui peuvent être très stressantes. Je ne suis pas inconscient, mais je vais tout faire pour obtenir le film le plus agressif possible. »

Ces quelques précisions ne rassureront pas forcément les cinéphiles du monde entier, même si nous voyons mal Prometheus récolté un PG-13 alors que tous les films de la saga d’Alien (dont il est une émanation directe) ont récolté une classification R. Là encore, tout n’est qu’une question de gros sous. Mais attention, qui dit rentabilité ne dit pas forcément sacrifice de la création artistique. Certains films, durs et violents, ont touché leur cible et ont rapporté gros. Les plus gros succès au Box office pour un film classé R sont La Passion du Christ (371 millions de $); le 2e Matrix (282 millions de $), Very Bad Trip et sa suite (respectivement 277 et 254 millions de $), et Le flic de Beverly Hills (235 millions de $). Souvent ces films subissent une classification R à cause du langage ou de la violence. Un R n'a pas empêché L'Exorciste de devenir l'un des dix films les plus populaires depuis 1939, ni Gladiator ou Rainman d'être oscarisés. Quand le sujet, le genre et l’univers le demandent, il n’est pas bon de vouloir plaire au plus grand nombre pour des questions financières. D’ailleurs, c’est souvent du quitte ou double. En effet, rien ne dit qu’en aseptisant Prometheus de ses scènes les plus difficiles, le film engrange plus de bénéfices.

L’attente autour du film est si grande qu’il ne faudrait pas tout gâcher avant même sa sortie en salles. Rappelons que les 6 épisodes de la série Alien ont rapporté l'équivalent de 760 millions de $ de recettes (au prix du billet actuel). Même si aucun n'a dépassé les 100 millions de $ en Amérique du nord.

Prometheus sera dans les salles françaises le 30 mai et sortira aux USA le 8 juin. Le film est interprété par Noomi rapace, Michael Fassbender, Charlize Theron, Idris Elba et Guy Pearce.