Et si on regardait… Spenser Confidential

Posté par vincy, le 11 avril 2020

Gros succès sur Netflix depuis sa mis en ligne le 6 mars, Spenser Confidential est la cinquième collaboration entre le réalisateur Peter Berg et la star Mark Walhlberg. Pas plus mauvais que leurs autres films diffusés en salles, ce thriller sur fond de corruption et de rédemption - sans atteindre le niveau de Traque à Boston, leur meilleur film - a un sacré goût vintage dans la forme.

La musique en est un bon indicateur. La bande originale du film mélange les époques mais, à l'écouter, on se croirait plonger dans les années 80, dans une histoire proche de celles du Flic de Beverly Hills, en plus noir et plus brutal, comme si Martin Riggs (le personnage de Mel Gibson dans L'Arme fatale) s'invitait dans cette enquête sur des ripoux.

Spenser Confindential est à l'origine une série TV des années 1980 justement, créée par Robert B. Parker, auteur des romans autour du détective. Il a imaginé le personnage en 1973 (en France, on retrouve ses enquêtes dans la "Série noire" de Gallimard). 40 bouquins plus tard, à sa mort en 2010, la série est reprise, avec l'accord des héritiers, par Ace Atkins, qui en produit par an, dont Wonderland en 2013, qui est la base du scénario de ce film.

Série télévisé, série romanesque: on le comprend dès l'épilogue, Spenser Confidential est amené à être une franchise. Une de ces séries B qui se consomment facilement un dimanche soir sur Netflix (ou n'importe quel jour et à n'importe quelle heure si on est confinés).

Car il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'un honnête polar porté par un mâle alpha, qui sait cogner (mais il se sert du cognitif aussi). Dans ce monde très masculin, entre un ex taulard/ex flic, des flics pourris, des flics butés, et des agents du FBI qui attendent de cueillir les survivants, il faut toute la dérision d'Alan Arkin (Argo), la drôlerie folledingue d'Iliza Schlesinger (dont on peut voir les shows humoristiques sur Netflix) et la douceur décalée de Winston Duke (Black Panther) pour que le film ne verse pas dans une surdose de testostérone obsolète (ça allait bien sous Schwarzenegger, mais là il est confiné avec son arche de Noé).

Le bon (mais trop con?), la brute (héroïque) et les truands (tous hypocrites) offrent donc un film divertissant, prévisible sans aucun doute. Spenser n'est pas Jack Reacher. C'est un flic lambda aux valeurs chrétiennes solides. Le film est à son image: sans prétention. On regrette presque que l'aspect buddy movie (cher aux années 1980) ne soit pas plus exploité, d'autant que le personnage de Winston Duke est de loin le plus attachant et le plus singulier.

Si Peter Berg semble plus inspiré par la mise en place de son histoire, pour la dérouler ensuite de façon très classique, on lui reprochera surtout de ne pas ménager vraiment le suspens. Spenser Confidential souffre d'un scénario trop balisé, qui empêche le film de surprendre ou de se renouveler. Mais au moins, en s'évitant des scènes d'action gratuites et inutiles, en conservant un bon rythme, et en se délectant de ses quatre acteurs principaux, il utilise une bonne vieille recette de romans "pulp", de ces polars de gare, où on se fiche finalement de l'enjeu. Ce qui compte, finalement, c'est l'humanité surgissant des failles et des névroses de son quatuor savoureux.

Et si on regardait… L’homme de Rio

Posté par vincy, le 10 avril 2020

Vendredi à 14h, France 2 diffuse l'inusable comédie d'aventure L'Homme de Rio. (Et sur La Cinetek pour ceux qui sont abonnés)

C'est sans doute le must du genre dans le cinéma français, qui a d'ailleurs les honneurs de Cannes Classics en 2013. Une semaine après Le Sauvage, dont la filiation est évidente. Ecrit par Philippe de Broca, Daniel Boulanger, Ariane Mnouchkine et Jean-Paul Rappeneau (rien que ça), le film réunit Jean-Paul Belmondo, qui vient de fêter ses 87 ans, et la regrettée (mais sublime éternellement) Françoise Dorléac. Le scénario, fortement influencé par les aventures de Tintin, a été nommé aux Oscars (c'est dire la qualité).

A ces deux stars, s'ajoute un générique salivant: Jean Servais, Simone Renant, Adolfo Celi, Roger Dumas, Daniel Ceccaldi, et le jeune Ubiracy De Oliveira alias sir Winston, le petit cireur de chaussures.

Aventure exotique jusque dans la forêt amazonienne, en passant par Rio et Brasilia (en construction), romantisme (à l'américaine: c'est la femme qui mène l'homme à la baguette), dérision. Le mix est réussi et a inspiré Lawrence Kasdan pour Les aventuriers de l’Arche perdue, Luc Besson, Hayao Miyazaki et Michel Hazanavicius, entre autres.

Il faut dire que c'est une leçon dans le genre: du rythme, du charme, des personnages secondaires mémorables, des répliques cultes, de l'action et ce qu'il faut de méchants, dragons à terrasser et statuettes à déterrer.

Outre le scénario exquis, les dialogues ciselés, un second degré délicat, c’est bien entendu le duo de charme Belmondo-Dorléac qui fait mouche. En amoureux transi, prêt à bondir sur des planches à des dizaines de mètres au dessus du sol (il réalise pour la première fois ses propres cascades) ou tout simplement à se soumettre à tous les caprices de sa dulcinée (y compris en choisissant une voiture rose avec des étoiles vertes), Bébel est à la fois héroïque et vulnérable, viril et sensible. Il symbolise de manière avant-gardiste l’homme moderne, ni macho, ni métrosexuel. Quant à sa partenaire, elle est au sommet de sa beauté, parvient à passer de la mélancolie à l’acuité, de ses rêvasseries délirantes à un rire presque espiègle. Elle incarne la féminité à la perfection, libre et malicieuse. Difficile de ne pas succomber à ce duo de stars.

De Broca nous emmène sans accros de vastes paysages à une grotte dans la jungle, comme on s'enfonce dans un entonnoir, un piège qui servira de tombeau (ça change des pyramides). Cette spirale vers la mort permettra à aussi à Orphée de sauver son Eurydice des enfers d'un homme jaloux, possessif, cupide et dominateur (coucou #metoo).

Ces 12 travaux d’Adrien, lancé par la princesse aux yeux mécaniques et au sourire irrésistible, sont une parenthèse enchantée jamais égalée, à l'exception des films de Rappeneau sans doute. Une sacrée aventure aussi burlesque qu'héroïque, qui file à vive allure. Une grande vadrouille par delà les océans qui a su traverser le temps.

Et si on binge-watchait… Dear White People sur Netflix

Posté par wyzman, le 9 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et à l’heure où nous sommes tous rivés sur nos différents écrans et les réseaux sociaux, Dear White People a une résonance particulière !

C’est une série woke. Terme aujourd’hui utilisé pour désigner toute personne ayant conscience des injustices sociales qui l’entourent, “woke” décrit brillamment la série de Justin Simien. Basé sur son film éponyme sorti en 2014, Dear White People raconte les rivalités et crises identitaires des étudiants d’une prestigieuse université américaine. Le titre du film ramène au titre de l’émission de radio animée par l’héroïne, Samantha, étudiante métisse partagée entre la défense de la culture Noire américaine et un petit ami blanc qui la met face à ses contradictions.

Thème majeur de la série, cette dernière va plus loin que le racisme. Elle évoque grâce à des épisodes centrés sur d’autres étudiants des sujets aussi divers que le coming-out, la quête d’excellence, l’avortement, les violences sexuelles et policières, les sociétés secrètes ou encore l’infidélité. Sans jamais se vouloir moralisatrice, Dear White People est un point d’entrée sans pareil dans le quotidien des jeunes Américains des années 2010. Quand l’American Dream ressemble autant à Barack Obama qu’à Donald J. Trump, que le racisme institutionnalisé fait autant réagir les élites que le “racisme anti-Blanc”, que les plus riches revendiquent haut et fort la protection de leurs intérêts, que les discriminations viennent de tous les côtés et que des trolls Internet peuvent subitement faire irruption IRL et tirer à balles réelles.

C’est une série sur des personnes woke. Loin d’être aussi ennuyeuse que ce qu’une série sur le racisme laisse présager, Dear White People impressionne et ravit par sa faculté à toujours questionner ses protagonistes. Ainsi, en réponse à une héroïne qui a tendance à défendre systématiquement les Noirs face aux Blancs, les scénaristes qui entourent Justin Simien prennent un malin plaisir à mettre l’accent sur les privilèges reçus par les Blancs et les métisses dans toute société occidentale. Lorsque l’un des personnages affirme que l’avenir sera radieux pour les personnes de couleur, Dear White People nous rappelle rapidement qu’à tout moment un étudiant noir peut se faire tirer dessus lors d’un contrôle de police.

Qu’ils soient amis, amants ou rivaux, tous les personnages de Dear White People apportent leur pierre à l’édifice — la présentation sociologique et divertissante du haut de la génération Z. Bien que subtilement écrite, le succès du programme repose également sur son casting particulièrement percutant. Déjà connus des amateurs de série, ses visages frais et diversifiés rassurent.

C’est une série extrêmement contemporaine. Si la structure de Dear White People ne révolutionne en rien le genre de la série télévisée, force est de reconnaître que Justin Simien parvient à dire beaucoup aux téléspectateurs en l’espace de 30 minutes (la durée d’un épisode). Grâce à d’innombrables parodies d’autres séries (ne manquez pas celles de Scandal et The Handmaid’s Tale) et de références culturelles, le créateur, producteur, scénariste et réalisateur analyse les comportements d’adultes en devenir. Plus encore, Dear White People démontre que les réseaux sociaux ont ravivé le besoin de ces mêmes jeunes d’appartenir IRL à une communauté. Satirique et caustique, le programme diffusé par Netflix est un véritable régale.

Dear White People, l’intégrale disponible ici.

Et si on regardait… Self-Made : D’après la vie de Madam C.J. Walker

Posté par vincy, le 7 avril 2020

C'est le petit bijou de Netflix à ne pas manquer. Une mini-série, entre drame, mélo et feel-good movie, en quatre épisodes de trois quarts d'heure (ça se bingewatche en une soirée) inspirée d'une histoire vraie.

Self Made : D'après la vie de Madam C.J. Walker (Self Made: Inspired by the Life of Madam C.J. Walker) a été mise en ligne le 20 mars 2020 sur Netflix. Adaptée de la biographie On Her Own Ground d’A'Lelia Bundles, inédite en France, écrite par la petite-fille de Madam C.J. Walker, la série raconte comment une blanchisseuse née d'esclaves de plantations est devenue la première femme d'affaires afro-américaine à devenir de manière autodidacte millionnaire et voisine de Rockfeller.

Réalisée avec soin et un bon sens du récit par Kasi Lemmons, à qui l'on doit Harriet, deux fois nommé aux Oscars cette année, et DeMane Davis, la série vaut surtout par un casting impeccable, Octavia Spencer en tête, parfaite en femme déterminée, instinctive, indépendante et ambitieuse. Autour d'elle, Tiffany Haddish, en fille aussi singulière qu'effrontée, Blair Underwood en mari castré et dépassé, Carmen Ejogo en rivale moins bitch qu'elle n'en a l'air...

Sous ses allures classiques de série historique inspirée de faits réels, le film est avant tout un triple combat émancipateur. La cause féministe d'abord, puisque finalement tous les hommes à l'exception de l'avocat, sont faibles et arrogants de leur pouvoir partiarcal. Ce sont finalement les femmes qui mènent le récit jusqu'à le monopoliser complètement. Une histoire de femmes qui va jusqu'à un autre combat, la liberté individuelle. Celle d'aimer qui on veut, celle de ne pas vouloir d'enfant, ou d'adopter une héritière, celle de ne dépendre de personne, et surtout pas d'un homme. S'ajoute à ces deux causes, la lutte pour l'égalité des noirs américains - on est au début du XXe siècle, les plaies de l'esclavage et de la guerre de Sécession sont encore vives - et de la représentation de la communauté dans la société. Cela passe par la beauté blanche comme idéal, et ainsi la force des métis à peau claire, comme de la place au sein des strates de pouvoirs politiques et économiques.

L'histoire est belle, et plus que l'intrigue, assez banale, ce sont bien ces enjeux sociétaux qui font écho à notre époque contemporaine et portent la série au-delà du simple biopic autour d'une success-story où seul le fric semble être gage de réussite, et même l'unique valeur qui dicte les choix de chacun. Très américain. Heureusement, formellement, c'est allégé de dérives visuelles - autant d'illustrations des obsessions du moment - comme la comédie musicale dans le deuxième épisode ou la cabane de la plantation dans le dernier.

Ceci dit, ça ne retire rien à la réussite de Madam C.J. Walker. Outre son activité de cosmétiques (l'entreprise aura vécu 71 ans), l'entrepreneuse a été une philanthrope, défendant les droits des femmes et des Afro-Américains, finançant la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), vice-présidente de la National Equal Rights League. Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame. Et Octavia Spencer restitue avec panache la splendeur de son caractère, même dans ses aspects les plus âpres.

Et si on binge-watchait… EastSiders sur Netflix

Posté par wyzman, le 6 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et parce qu’avec le retour des beaux jours et des journées qui se ressemblent, certains ont des bouffées de chaleur, on ne pouvait pas faire l’impasse sur EastSiders !

C’est une très jolie série LGBT. Le pitch est simple : à Los Angeles, Cal (Kit Williamson) apprend que son petit ami de 4 ans Thom (Van Hansis) l'a trompé avec Jeremy (Matthew McKelligon). Après la désillusion, Cal entame un énorme travail de réflexion, tente de déconstruire la manière dont il envisage ses histoires d'amour et décide de tromper à son tour Thom avec Jeremy ! Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu...

Si le manque de diversité (et donc de représentativité) du casting n’a pas manqué d’être signalé par les internautes lors de la première saison d’EastSiders en 2012, force est de reconnaître que le créateur et réalisateur de la série, Kit Williamson himself propose ici un programme très efficace sur les psychoses et questionnements de ceux qu’il connaît : les hommes blancs et homosexuels, trentenaires et résidant en zone urbaine. Cela étant dit, au terme de 4 saisons, EastSiders aura fini par atteindre son objectif : montrer à ceux qui sont prêts à l'entendre que le couple n’est pas un monolithe et que malgré l’accès au mariage, le couple gay doit plus que jamais se réinventer.

C’est une série qui parle du couple de manière intelligente. Vous l’aurez compris, au cours de ses 27 épisodes (qui vont de 11 minutes pour la première saison à 53 minutes pour le series finale), EastSiders aura tout mis en œuvre pour déconstruire le couple comme symbole de réussite et de bonheur. Grâce à une belle galerie de couples (gay, lesbien, ouvert, etc.) et de célibataires, Kit Williamson l’assure : l’infidélité et les trahisons ne signent pas nécessairement la fin d’une relation amoureuse. Voilà pourquoi les protagonistes enchaînent parfois les erreurs, quitte à finir seuls avec leurs regrets.

Et parce que le tout est filmé avec une forme de candeur particulièrement touchante lors des premières saisons, l’on finit rapidement par aimer toute cette bande de bras cassés. Et Kit Williamson n’a pas manqué de régaler les fans de la première heure avec les 6 derniers épisodes désormais disponibles sur Netflix.

C’est de la pop culture gay-friendly en boîte. Après avoir mis sur YouTube les deux premiers épisodes d’EastSiders, Kit Williams a lancé une grande campagne de crowdfunding sur Kickstarter pour réunir la somme qui lui permettrait de réaliser la suite. Succès quasi-immédiat du côté des Californiens, la série n’a pas manqué de bénéficier d’une saison 2, toujours portée par une campagne Kickstarter. Par la suite, c’est la chaîne (autrefois) axée sur la culture LGBT Logo (RuPaul’s Drag Race, Finding Prince Charmant) qui a acquis les droits de diffusion au Etats-Unis avant que Vimeo et Netflix n’entrent en jeu.

Après deux Indie Series Awards et pas moins de 8 nominations aux Daytime Creative Arts Emmy Awards, EastSiders est entrée aux panthéons des séries gays incontournables. Les présences des queens de Drag Race Manila Luzon, Katya et Willam, des comédiens Constance Wu, Wilson Cruz et Daniel Newman, des influenceurs gays Max Emerson, Chris Salvatore et Matthew Wilkas et des acteurs porno Colby Keller et Adam Ramzi sont pour beaucoup dans la viralité du programme. Explicite sans jamais être malsain ou trash, EastSiders se dévore sans modération.

EastSiders, 4 saisons disponibles ici sur Netflix.

Et si on binge-watchait… Gossip Girl sur Netflix

Posté par wyzman, le 4 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore disponibles sur vos écrans. Et bien que Netflix dispose des droits de diffusion de certains des teen soaps du moment (Riverdale, Dynasty, Elite), n’oublions pas que ceux-ci doivent beaucoup à leur prédécesseur : Gossip Girl !

C’est une grande série pour ados. Lancée en septembre 2007 aux Etats-Unis, Gossip Girl est adaptée de la série de roman créée par Cecily von Ziegesar. La version TV ne trahit pas les romans et nous fait ainsi suivre les péripéties d’un groupe de lycéens issus de l’Upper East Side, un quartier particulièrement aisé de Manhattan. Dans un milieu où les apparences sont reines et les sales coups nombreux, le show de Josh Schwartz (Newport Beach) et Stephanie Savage (Dynasty) retranscrit avec une légère déformation les frustrations et interrogations des adolescents et jeunes adultes occidentaux. Excessive à souhait, Gossip Girl aura fait rêver toute une générations de téléspectateurs grâce à des acteurs au physique irréprochable, le New York des riches, un couple malsain mais mythique (Blair et Chuck) et une narratrice omniprésente et particulièrement axée sur les ragots.

C’est un monument de la pop culture actuelle. Parce que basée sur des romans extrêmement populaires aux Etats-Unis, Gossip Girl fait toujours partie des programmes phares de The CW, la chaîne née de la fusion de The WB et UPN. Pas étonnant dès lors que tous les moyens aient été mis en oeuvre pour en faire un rendez-vous immanquable à l'époque, une série aussi prestigieuse que ses sujets. 121 épisodes plus tard, la série a terminé sa course en décembre 2012 avec pas moins de 18 Teen Choice Awards et un casting qui mêle it-girls (Blake Lively, Leighton Meester) et chouchous d'une génération (Penn Badgley, Ed Westwick, Chace Crawford). Comme c’est souvent le cas avec ce type de programmes, les références culturelles et les guest-stars y sont également nombreuses. En 6 saisons, se sont ainsi bousculées dans Gossip Girl Lady Gaga, Clémence Poésy, Armie HammerDavid O. Russell, Hilary Duff, Tyra Banks, Karlie Kloss, Robyn, Cyndi Lauper, Vera Wang, Michael Bloomberg, Ivanka Trump ou encore le groupe No Doubt.

C’est le remède anti-ennui. Sujet de toutes les discussions après la diffusion de chaque épisode, Gossip Girl n’aurait eu aucun mal à finir en tête des Tendances mondiales de Twitter aujourd’hui. Sans doute parce que tous les éléments qui la composent en font un show addictif. Des catfights réguliers auxamitiés qui se nouent et se défont en passant par des amourettes à l’issue incertaine, des parents souvent absents, des changements de location ponctuels et des problèmes financiers aux conséquences concrètes… Tout ce qu’il faut pour oublier notre propre enfermement. Et parce que HBO Max, le service de streaming de Warner Bros. a annoncé qu’un reboot de Gossip Girl serait diffusé dans le cours de l’année, on ne saurait que trop vous recommander de remater l’original ! Les nostalgiques des années lycée adoreront.

Gossip Girl, l’intégrale disponible ici.

Et si on regardait… Le Sauvage

Posté par vincy, le 3 avril 2020

France 2 diffuse cet après midi à 14h Le Sauvage, réalisé par Jean-Paul Rappenau, avec Yves Montand et Catherine Deneuve. Un misanthrope dégoûté par la société matérialiste et une emmerdeuse qui ne pense qu'au fric, dans un décor paradisiaque (et qui tourne à l'enfer).

C'est sans doute l'une des comédies mélangeant aventure et romantisme les plus réussies du cinéma français.

Un duo de rêve (deux stars magnifiques), un scénario rebondissant (cascades, poursuites, obstacles...), des décors exotiques (Venezuela, mer des Caraïbes, New York...), et une love story style Je t'aime moi non plus, on n'avait pas vu ça depuis les tribulations de De Broca avec L'Homme de Rio (co-écrit par Rappeneau d'ailleurs)!

C'est coquin, cocasse, alerte, comme un bon Wilder, Hawks ou Capra. Rien que ça. La femme entraîne les catastrophes en tornade, mène par le bout du nez un ours sexy daddy et fout le bordel jusqu'à dévaster la vie tranquille d'un nez (qui pour le coup manque de flair en acceptant cette chieuse sur son îlot). Les répliques de Jean-Loup Dabadie sont autant de flèches qui ciblent juste.

C'est un peu Robinson qui croise Vendredi, sauf que Vendredi est blonde, belle et baratineuse. La femme, en robe de mariée, simple chemise d'homme ou en salopette, est un idéal précieux et rare, une insatisfaite et une pudique, une chieuse et une amante, qui aimante. L'homme est toujours à sa recherche, à sa poursuite, en quête de cet inaccessible objet du désir, à la fois héros macho et toutou soumis.

Cette confrontation de caractères fait des étincelles. Tout feu, tout flamme, tous les dragons seront terrassés: du mari possessif et violent à l'épouse cupide et intrusive. Plus féministe qu'on ne le croit - c'est la femme qui dirige le récit pourtant fondé sur l'histoire d'un homme solitaire - le film est régulièrement cité parmi les grandes œuvres de la filmographie de Deneuve, qui rivalise ici avec les actrices de l'âge d'or hollywoodien. Le film a d'ailleurs inspiré une chanson de Robert Charlebois, où il annonce qu'il va regarder le pianiste de son bar "comme Catherine Deneuve regardait Yves Montand dans le Sauvage".

31 films peuvent avancer leur sortie en VOD et DVD

Posté par vincy, le 2 avril 2020

Le CNC a autorisé 31 films sortis après le 18 décembre à avancer leurs sorties en vidéo à la demande et en DVD, suivant la dérogation à la chronologie des médias adoptée hier par son conseil, mesure exceptionnelle réduisant le délai d'exploitation en salle liée à l'état d'urgence sanitaire..

Il y en aura pour tous les goûts: du blockbuster à la comédie française, de films sélectionnés à Venise et Cannes à des films d'auteur plus pointus. Les studios américains ont ainsi la possibilité de montrer les films de Sam Mendès, Clint Eastwood, mais aussi Birds of Prey, Invisible Man et Sonic, le film. On remarquera l'absence du Prince oublié de Michel Hazanaviciu , Ducobu 3 ou Dark Waters.

Seuls deux films sortis début mars ont postulé pour ce dispositif.

Décembre

La vérité de Hirokazu Kore Eda ; Le lac aux oies sauvages de Diao Yinan ; Notre dame de Valérie Donzelli ; Au cœur du monde de Gabriel Martins, Maurillio Martins

Janvier

Les siffleurs de Corneliu Porumboiu ; Cuban Network de Olivier Assayas ; Histoire d’un regard de Mariana Otero ; Play de Anthony Marciano ; La voie de la justice de Destin Daniel Cretton ; Une belle équipe de Mohamed Hamidi ; Selfie de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Tristan Aurouet, Cyril Gelblat, Vianney Lebasque ; L’esprit de famille de Eric Besnard ; 1917 de Sam Mendes ; Le Lion de Ludovic Colbeau-Justin

Février

La fille au bracelet de Stéphane Desmoustier ; SamSam de Tanguy de Kermel ; Un divan à Tunis de Manele Labbe Labidi ;#jesuislà de Eric Lartigau ; Une mère incroyable de Franco Lolli ; Birds of prey et la fabuleuse histoire de Harley Quinn de Cathy Yan ; Mine de rien de Mathias Mlekuz ; Adam de Maryam Touzani ; Le cas Richard Jewell de Clint Eastwood ; Des hommes de Alice Odiot, Jean-Robert Viallet ; Sonic, Le film de Jeff Fowler ; Lucky de Olivier Van Hoofstadt ; Invisible man de Leigh Whannell ; Queen & Slim de Melina Matsoukas ; Le voyage du Dr Dolittle de Stephen Gaghan

Mars

Monos de Alejandro Landes ; Papi Sitter de Philippe Guillard

Et si on binge-watchait… La Casa de Papel sur Netflix

Posté par wyzman, le 2 avril 2020

Pour lutter contre l’ennui durant ce long confinement, Ecran Noir vous propose de (re)découvrir certaines séries passées ou encore sur vos écrans. Et tandis que Netflix mettra en ligne la quatrième partie demain on ne saurait que trop vous recommander de jeter un coup d’oeil au phénomène La Casa de Papel !

C’est une série qui divise. A l’instar de Game Of Thrones, Breaking Bad ou encore Mad Men, La Casa de Papel fait partie de ces séries qui ne peuvent pas faire l'unanimité. Les fans de la première heure l’assurent : la série dramatique qui mêle braquage et thriller est une petite merveille. Ceux qui l’ont prise en cours de route ou n’ont regardé aucun épisode restent convaincus qu’il y a supercherie. Cette une série centrée sur le casse de la Fabrique nationale de la monnaie espagnole par un génie à la morale discutable et sa bande de criminels aux noms de métropoles ne peut pas faire rêver les millions d’abonnés français et internationaux de Netflix. Cette version de Robin des bois high-tech serait du toc plutôt que du teck.

Et pourtant, en mettant en scène une attaque manipulatrice auquel la plupart d’entre nous n’aurait jamais pensé, Alex Pina permet à Netflix de prouver que les plateformes de streaming n’enlèvent rien au suspense d’une série si celle-ci est bien montée et enfin que le plus grand succès télévisuel espagnol en France ne peut pas rester Un, dos, tres ! Bien évidemment, et comme c’est souvent le cas avec les séries dont la survie des protagonistes dépend de leur capacité à s’exfiltrer d’un endroit, les rebondissements de La Casa de Papel sont parfois un peu tirés par les cheveux (le découpage peut-être palpitant et brillant, on ne peut s'empêcher de remarquer quelques incohérences dictées plus par l'action que par le récit).

Du syndrome de Lisbonne et Stokholm aux passés pas très heureux de Nairobi (de loin le personnage le plus passionnant) et Moscou, en passant les attirances troubles de Berlin ou de Helsinki, la série s'amuse avec de la psychologie de mélodrame (façon telenovelas) dans une intrigue où l'on s'interroge avant tout sur l'issue. Car on a envie qu'ils s'en sortent ces bandits. Leur cause n'est pas moins juste que d'autres. Et en face, on sent surtout une partie adverse prête à tout pour affirmer son pouvoir.

En l'espace de 26 épisodes, nous avons donc vu des snipers aguerris se prendre une raclée, une moto faire un bond vers une porte blindée, un tank être abattu au bazooka et un coffre-fort transformé en piscine... Mais si Ocean’s Eleven, Inside Man, The Town et Bady Driver nous ont appris quelque chose, c’est que plus c’est plus gros, plus cela a des chances de passer. . Une idée qui se voit sublimée dans La Casa de Papel quand elle faisait un plat dès la saison 2 de Prison Break !

En cela la saison 3 a réussi, malgré quelques bidouillages, a s'aligner sur les deux premières, avec l'ajout de personnages, de faiblesses et de suspens. Bien malin qui pourrait deviner la fin tant les scénaristes nous ont habitués à nous méfier des apparences et à jouer des ambivalences. Et les fans jouent le jeu, imaginant la suite, sur-réagissant à certains épisodes, s'enflammant pour des erreurs ou des scènes brillantes.

C’est un programme conçu pour la pop culture. Série espagnole incontournable du moment, La Casa de Papel est devenue un phénomène partout en Europe parce qu’elle traite de situations, d’antagonistes et de modèles financiers qui sont loin de nous êtres inconnus. Plus encore, tout le programme semble avoir été formaté pour toucher la corde nostalgique du spectateur. Mix incroyable mais réussi d’influences diverses, le programme diffusé à l’origine sur la chaîne espagnole Antena 3 est un pot-pourri télévisuel et cinématographique presque sans précédent. C'est Mission:Impossible avec l'extravagance espagnole, le talent du cinéma ibérique pour le polar, une déclinaison de Die Hard (huis-clos) dont la série a hérité la dérision, et en superficie, une belle critique des régimes libéraux-autoritaires.

Et puis les faits de la série sont loin d’être si impensables que cela (un braquage d’imprimerie à Rennes a failli avoir lieu en 2014), le personnage de Tokyo (Ursula Corbero) serait inspiré de celui de Natalie Portman dans Léon, les masques portés par les braqueurs en référence à Salvador Dali ne sont pas sans rappeler ceux des Anonymous, de V pour Vendetta ou plus récemment Joker. Quant à “Bella Ciao”, son refrain et l'enthousiasme des personnages qui l'entonnent auront suffi à le faire passer de chant partisan italien né chez les antifascistes à symbole de la dimension politique de la série espagnole. Sans oublier tous les remix nés depuis par les rapeurs et autres chanteurs à la monde. On est dans l'air du temps.

C’est un vivier de talents. A l’image de la série qui a fait de Wentworth Miller une star planétaire, La Casa de Papel tient autant la route pour la qualité de ses intrigues que pour son casting particulièrement multiculturel et consistant. Quand les personnages féminins sont subtilement écrits et joués avec beaucoup de maîtrise, les acteurs de la série ne sont pas en reste. Grâce à La Casa de Papel, Álvaro Morte qui joue le Professeur a décroché son premier rôle dans un long métrage, reçu l’équivalent espagnol d’un SAG Award de meilleur acteur de série dramatique et enchaîné sur deux séries pour les plateformes Hulu et Amazon Prime Video.

Quand aux deux beaux gosses de la série, Miguel Hérran (Rio) et Jaime Lorrente (Moscou), Netflix n’a pas manqué de les caster dans sa première série originale espagnole destinée aux plus jeunes Elite après avoir acheté les droits de diffusion de la première saison de La Casa de Papel.

La Casa de Papel, trois parties disponibles ici. La quatrième (sans doute la dernière) débute demain. A coup sûr, la bande passante va exploser. Vous êtes prévenus !

Confinement: le streaming en pleine forme, la chronologie des médias obsolète

Posté par vincy, le 2 avril 2020

Les confinés que nous sommes passent de plus en plus de temps sur les écrans (4h29 quotidiennement en mars de consommation télévisuelle, soit 44 minutes de plus qu'en mars 2019). La SVod explose.

La dernière semaine de mars, en France, 5 millions de confinés étaient branchés sur une plateforme, contre 2,7 millions il y a un an. En une semaine, le nombre de programmes regardés est passé de 14,8 millions à 18 millions, avec, en tête, la 3e saison (plutôt réussie) d'Elite sur Netflix et la dernière saison de The Walking Dead sur OCS. Netflix est le grand vainqueur de cette période : l'application a été téléchargée deux fois plus dans le monde, ses séries occupent toutes les places du Top 10 des consultations, les souscriptions ont doublé au minimum, s'accaparant les deux tiers de la consommation de Svod. Des séries comme Peaky Blinders, Stranger Things, Messiah, Riverdale occupent le terrain jusque dans les recherches Google. Et l'arrivée de la 4e saison de La Casa de Papel cette semaine va dynamiter les compteurs.

Dans le contexte, et en l'absence de salles de cinéma, il était urgent que la chronologie des médias s'adapte en France. Car, on le voit bien, hormis les feuilletons quotidiens sur les grandes chaînes nationales, les créations françaises sont inexistantes. Alors même que la vidéo à la demande profite elle aussi d'une forte croissance grâce à des initiatives comme La Toile ou des plateformes de niche comme La Cinetek, Queerscreen, Tënk ou Bref cinéma. D'autant que Canal + a du arrêter la gratuité mardi : on n'évite aucune guéguerre en France. Les chaînes concurrentes (TF1, M6) et des ayant-droits se sont plaints de cette opération destinée à valoriser les contenus de Canal (dont d'excellentes séries françaises comme Baron noir, Hippocrate, Le bureau des légendes ou la deuxième saison de L'amie prodigieuse qui commence se soir) en période de confinement au détriment de leurs intérêts (fortement fragilisés depuis le début de la crise sanitaire qui touche le pays).

Sorties anticipées en vod

Hier soir, le Conseil d’administration du CNC a finalement décidé la mise en place de nouvelles mesures pour faire face à cette période exceptionnelle.

La loi d'urgence sanitaire du 23 mars a donné la possibilité au président du CNC, Dominique Boutonnat, d’accorder des dérogations aux films encore en salles le 14 mars pour des sorties anticipées en vidéo à la demande. 25 demandes ont été déposées dans ce sens selon le Film Français, 11 selon Le Monde. Aux Etats-Unis, où il n'y a pas de chronologie des médias, les poids lours de l'hiver ont déjà été mis en ligne. Dernier en date, La Reine des neige 2 qui a avancé sa diffusion en vod de trois semaines.

Restait à savoir ce qu'il advenait des films qui devaient sortir après la date de confinement (18 mars, 25 mars, ...). Le CNC a officialisé la dispense de remboursement des aides du CNC, conditionnés à leur sortie en salles. Autrement dit, si tous les ayant-droits sont d'accord pour diffuser le film en vidéo à la demande, et non pas en salles de cinéma, les producteurs et distributeurs pourront toucher ces aides tout en évitant une exploitation au cinéma. C'est un premier pas en avant, qui montre que la chronologie des médias n'est plus si sacrée.

Souveraineté, exception culturelle et soft power

Alors que Disney + débarque le 7 avril et que le gouvernement parle de souveraineté nationale à tout bout de champs, il serait temps de faire prévaloir l'exception culturelle française, notion un peu oubliée, pour que les confinés, prisonniers chez eux, aient un accès simple et efficace, ôté de toute logique dogmatique à un contenu le plus varié possible. Mettre à disposition dans les foyers dès maintenant des films récents n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant. On peut au moins sauver certains films prévus en début de printemps dans les salles, qui ont peu de chance de pouvoir lutter contre l'inflation de sorties lors du déconfinement, en les proposant à un public naturellement captif. Il s'agit de montrer les œuvres et d'assurer des recettes pour des productions qui risquent de n'avoir ni l'un ni l'autre quand les cinémas seront rouverts.

Et c'est toujours mieux que de laisser les Français face à une offre principalement américaine.

Ce n'est pas une question de souveraineté, mais de soft power. Les références culturelles et les habitudes de la demande se forgent d'abord dans l'offre. Pourquoi pas les sagas de Pagnol, les comédies avec Louis De Funès ou les Tontons flingueurs. Mais le cinéma et la télévision française peuvent aussi montrer qu'ils peuvent rivaliser avec des productions étrangères. Même si personne n'oserait ici Sex Education (Netflix), Game of Thrones (OCS) ou les Vikings (Amazon).

On en revient à l'audace et à l'écriture, mais c'est un autre débat.