Cannes 2012 : Cannes Classics, éclectique

Posté par vincy, le 26 avril 2012

Révélation de la sélection Cannes Classics, la sélection "patrimoniale" du festival de Cannes. 13 longs métrages, 2 courts métrages, un mini-concert et  4 documentaires, tous en avant-première mondiale.

Et c'est aussi varié que réjouissant.

Comme nous vous l'avions annoncé sur notre page Facebook, l'événement sera bien entendu la présentation en copie restaurée et reconstruite (avec 25 minutes de scènes additionnelles) d'Il était une fois en Amérique, de Sergio Leone. Le film épique a été remasterisé par La Film Foundation, présidée par Martin Scorsese. Robert De Niro, Elizabeth McGovern et Jennifer Connelly acompagneront la projection.

Pathé présentera la version restaurée de Tess, le film césarisé de Roman Polanski. Le cinéaste a lui-même supervisé le travail et, avec son actrice principale Nastassja Kinski, sera de la projection.

Pour les 100 ans d'Universal Pictures et les 40 ans de cinéma de Steven Spielberg, Cannes Classics diffusera Les dents de la mer dans une copie neuve.

Autre centenaire, celui du cinéaste japonais Keisuke Kinoshita, né en 1912 (et mort en 1998). La sélection a retenu La ballade de Narayama, dont le remake de 1983 avait obtenu la Palme d'or. Cette première version, l'adaptation du roman de Shichirô Fukazawa, avait été en lice pour le Lion d'or 1958. Le film sera distribué en France par MK2.

Autre anniversaire, le grandiose Lawrence d'Arabie de David Lean, qui célèbre ses 50 ans et sera projeté avec une nouvelle restauration en format 4K.

Le Festival de Cannes fêtera aussi le trentième anniversaire de la Cinémathèque de la Danse (Paris) avec trois films : A Great Day un Harlem de Jean Bach (1994) et deux courts métrages, An All Colored Vaudeville Show et Jammin The Blues.

Dans le cadre du projet "Rescue the Hitchcock 9", initié par les Archives nationales du British Film Institute, visant à sauver les 9 films muets du Maître du suspens, Cannes proposera Le masque de cuir (The Ring, 1927), triangle amoureux entre un jeune boxeur, son épouse et un champion de boxe, avec un ciné-concert joué par le musicien Stephen Horne.

Cannes prolonge aussi sa collaboration avec la cinémathèque de Bologne et l'Insititut Luce Cinecittà qui ont lancé le projet Rossellini afin de faire revivre les oeuvres du grand réalisateur néo-réaliste. Cette année, la Croisette accueillera Voyage en Italie, avec Ingrid Bergman.

La World Cinema Foundation présentera After the Curfew, film indonésien de 1954 d'Usmar Ismail et Kalpana, film indien de 1948 d'Uday Shankar.

Côté cinéma russe, le Festival profitera de la présence d'Andrei Konchalovsky pour projeter la copie neuve de son film d'action Runaway Train. Ce film de 1985, avec Jon Voight, Eric Roberts et Rebecca De Mornay avait reçu trois nominations aux Oscars et il avait été sélectionné en compétition à Cannes en 1986.

Les Archives françaises du film du CNC présenteront une restauration de Cléo de 5 à 7, le film culte d'Agnès Varda, qui sera là pour l'occasion.

Dans le cadre d'un hommage rendu par le Festival à Georges Lautner, une projection des Barbouzes, dont les dialogues ont été écrits par Michel Audiard. Cette comédie de 1964 met en vedette Lino Ventura, Francis Blanche, Bernard Blier et Mireille Darc.

Les quatre documentaires choisis mettront en lumière quatre réalisateurs : Woody Allen (Woody Allen : A Documentary, Robert Weide), Jerry Lewis (Method to the Madness of Jerry Lewis, Gregg Barson), John Boorman (Me and Me Dad, Katrine Boorman) et Claude Miller (Claude M le cinéma, Emmanuel Barnault). L’hommage à Claude Miller se poursuivra en clôture du Festival avec la présentation de son dernier film en Sélection officielle, Thérèse Desqueyroux.

Paramount s’attaque au remake de Soupçons

Posté par vincy, le 17 février 2012

Après DreamWorks et Rebecca (voir notre actualité du 12 février), c'est Paramount qui veut refaire Soupçons. Hitchcock inspire en ces temps sans imagination.

Le studio a engagé Veena Sud "The Killing", "Cold Case") pour écrire son premier scénario de cinéma, à partir du roman originel de Francis Iles, Complicité (1932 ; publié en France par Gallimard).

Soupçons (1941) est l'histoire d'une jeune femme (Joan Fontaine), suave, riche, qui épouse un charmeur irrésistible et oisif (Cary Grant), contre l'avis de son père. Rapidement, elle soupçonne son mari de vouloir la tuer. Le film comporte une scène mémorable autour d'un verre de lait, possiblement empoisonné, servi par Grant pour son épouse alitée.

Joan Fontaine avait reçu l'Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle. Lle film était nommé dans deux autres catégories : meilleur film et meilleure musique.

Un remake de Rebecca écrit par Steven Knight et produit par DreamWorks

Posté par vincy, le 12 février 2012

Ne nous révoltons pas tout de suite. Certes, Rebecca d'Hitchcock est un classique, réputé par conséquent intouchable. Aussi quand DreamWorks et Working Title Films annoncent qu'ils vont en faire un remake, on serait tenté par crier au sacrilège.

Mais les studios ont aussi confirmé qu'ils avaient désigné Steven Knight comme scénariste pour adapter le livre de Daphne DuMaurier, à l'origine du film d'Hitchcock. Knight est l'auteur de films comme Dirty Pretty Things et Les Promesses de l'ombre. Après une première version, il a abandonné l'adaptation du Symbole perdu, le best-seller de Dan Brown, préférant se consacrer à sa première réalisation pour le cinéma, Hummingbird.

Le classique d'Alfred Hitchcock date de 1940. Il s'agit du premier film américain du Maître,  avec Laurence Olivier et Joan Fontaine. Il avait reçu l'Oscar du meilleur film (et celui de la meilleure photo, en plus de 9 autres nominations). L'histoire, un conte gothique, est celle d'un veuf qui tombe amoureux d'une jeune demoiselle de compagnie. Mais le fantôme de la défunte épouse qui l'a précédée hante le château et les esprits qui y habitent.

Pour ses 55 ans de carrière, Catherine Deneuve recevra le 39e prix Chaplin

Posté par vincy, le 12 janvier 2012

Catherine Deneuve sera la récipiendaire du 39e Chaplin Award le 2 avril prochain, à New York. Avec un peu de chance, on a évité le poisson d'avril, qui, ironiquement, est le titre d'un de ses rares films américains, April Fools, avec Jack Lemmon (photo).

Le Film Society of Lincoln Award décernera son prix cinématographique le plus prestigieux lors d'un gala qui reviendra sur l'ensemble de sa carrière à travers des extraits de films et des interviews, en plus d'un hommage en présence de la star, 55 ans après son premier film, Les collégiennes. Avec l'Oscar d'honneur, c'est la récompense américaine la plus distinguée tous palmarès confondus.

Le prix Chaplin fut inauguré en 1972 avec son premier gagnant, Charlie Chaplin lui-même. Pour donner une idée de l'immense honneur qui est attribué à l'actrice française, il suffit de voir qui a remporté ce prix : Sidney Poitier, Michael Douglas, Tom Hanks, Meryl Streep, Diane Keaton, Jessica Lange, Dustin Hoffman, Michael Caine, Susan Sarandon, Francis Ford Coppola, Jane Fonda, Al Pacino dans les années 2000 ; Mike Nichols, Martin Scorsese, Sean Connery, Clint Eastwood, Shirley MacLaine, Robert Altman, Jack Lemmon, Gregory Peck, Audrey Hepburn, James Stewart dans les années 90 ; Bette Davis, Yves Montand, Alec Guiness, Elizabeth Taylor, Federico Fellini, Claudette Colbert, Laurence Olivier, Billy Wilder, Barbara Stanwyck, John Huston dans les années 80 ; Bob Hope, George Cukor, Paul Newman et Joanne Woodward, Alfred Hitchcock, Fred Astaire et Charlie Chaplin dans les années 70.

Si l’on considère Colbert comme actrice américaine (elle fut naturalisée), Deneuve est donc la première actrice non américaine, la troisième personnalité non anglo-saxonne, et la deuxième personnalité française, après Yves Montand, à recevoir ce prix. Elle a de nombreux liens avec les précédents primés, partageant l'affiche avec Montand et Jack Lemmon, ayant faillit joué avec Hitchcock, partageant le même mari que Jane Fonda (Roger Vadim), ayant été co-présidente du jury du festival de Cannes avec Clint Eastwood, devant la re-sortie dans les années 90 de Belle de Jour au travail de restauration de Martin Scorsese...

Et sa carrière continue. D'ici 2013, quatre films sont prévus dans son planning.

Après Edith Piaf, Olivier Dahan s’intéresse à Grace Kelly

Posté par vincy, le 11 janvier 2012

Olivier Dahan a pris goût aux icônes. Il devrait mettre en scène un biopic sur l'actrice Grace Kelly devenue la princesse Grace de Monaco.
Selon la presse américaine, le réalisateur de La môme (La vie en rose) adaptera le scénario d'Arash Amel. Pierre-Ange Le Pogam (ex associé de Luc Besson chez Europacorp ) produira le film pour 12 millions d'euros.

Depuis le parcours oscarisé de La môme, Dahan a réalisé un film américain passé inaperçu, My Own Love Song, mis en scène l'opéra-rock Mozart et réalisé Les seigneurs, dont la sortie est décalée à l'automne 2012 suite aux problèmes judiciaires et financiers de Quinta Industries. La comédie sportive réunit Omar Sy, Gad Elmaleh, JoeyStarr et Ramzy Bedia.

Grace Kelly n'a été star que durant quelques années avant d'abandonner son métier d'actrice. De 1950 à 1956, la comédienne a été vite l'une des vedettes internationales les plus prisées, avant d'être sacrée princesse de Monaco. 1954 fut même l'année où Grace Kelly aligna les succès et devint incontournable. Parmi les films les plus marquants, on peut noter Le train sifflera trois fois de Fred Zinnemann, Mogambo de John Ford, trois films d'Alfred Hitchcock (Le crime était presque parfait, Fenêtre sur cour, La main au collet) et Une fille de province, de George Seaton, qui lui valu l'Oscar de la meilleure actrice. Elle avait failli revenir au cinéma pour jouer avec Sean Connery dans Pas de printemps pour Marnie en 1964. Mais les monégasques refusèrent ce retour et elle rejeta l'avance d'Hitchcock.  Née en 1929 dans la haute bourgeoisie philadephienne, elle devint celle qui restaura l'image de Monte-Carlo, initia de nombreuses oeuvres caritatives et festivals artistiques sur le Rocher, avant de mourir tragiquement dans un accident de voiture en 1982.

Grace Kelly a eu le droit à de nombreux hommages divers, à commencer par le récent hit de Mika qui porte son nom. Mais seule Cheryl Ladd (la série Drôles de dames) a incarner de façon convaincante l'actrice/princesse dans un biopic pour la télévision en 1983.

L’instant court : La 40e marche, réalisé par Nicolas Saada

Posté par Benjamin, le 8 juillet 2011

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après Little big love réalisé par Tomas Mankovsky, voici l’instant Court n° 40.

Au dernier festival de Poitiers, en décembre 2010, Nicolas Saada avait donné une leçon de cinéma sur le thème de la mise en scène. Et il s’était mis en tête de relever un défi de taille : reprendre une séquence du film d’Hitchcock Les 39 marches, et la tourner en une soirée, en présence du public poitevin (voir notre actualité du 7 décembre).

Aujourd’hui, après plusieurs mois de montage, le résultat est enfin visible sur le site internet du festival. Les internautes peuvent visionner librement ce court métrage d’environ 6 minutes, intitulé La 40ème marche… tout le monde voit la référence ?

Pour le spectateur lambda, il est possible que ce court métrage paraisse des plus classiques : le personnage principal, joué ici par le jeune et talentueux Grégoire Leprince-Ringuet, est en fuite et se réfugie dans une salle de spectacle où se déroule un débat politique. Pris pour un orateur, on le pousse sur scène pour y faire un discours élogieux à propos du candidat présent. Dans la salle, une jeune femme, qui le reconnaît, se lève pour aller prévenir la police… Tout cela en noir et blanc bien sûr.

Mais ce court métrage a une saveur particulière pour tous les spectateurs qui étaient présents dans la salle ce soir là. Tout ceux qui ont assisté et participé au tournage de ce film et qui, aujourd’hui, peuvent en apprécier le résultat.

C’est donc une leçon de cinéma qui trouve sa réponse finale avec le visionnage de ce petit film, car c’est seulement maintenant qu’il est possible de voir quels sont les passages qui ont été coupés, ainsi que les raccords effectués, etc. Toute la mécanique du cinéma apparaît ici pleinement. Car d’ordinaire, le spectateur n’assiste qu’à la projection du film, il ne sait pas combien de prises ont été nécessaires, quels furent les problèmes rencontrés, ni pourquoi tels cadrages et tels emplacements de caméra ont été choisi plutôt que d’autres. Ici, ceux qui ont assisté à l’évènement peuvent se remémorer les commentaires de Nicolas Saada qui expliquait ses choix mais aussi ses contraintes : le temps imparti (trois heures), la foule à gérer et aussi l’espace de la salle de théâtre à maîtriser. Autant d’éléments qu’il était possible d’appréhender ce soir-là.

Il y a donc beaucoup de plaisir et de nostalgie en regardant La 40ème marche. On se reconnaît dans le public. On ressent un sentiment d’appartenance vis-à-vis du film. Nous y avons participé et nous nous remémorons quelle belle expérience ce fut.

Enfin, j’ajouterai que, si Grégoire Leprince-Ringet a déclamé son texte une trentaine de fois, c’est vraiment en visionnant le film que l’on perçoit la finesse et la force de son jeu d’acteur. Le cadrage le sublime, le cinéma met en lumière son talent.

Ne passez pas à côté de cette jolie expérience, d’autant que vous retrouverez également sur le site du festival les coulisses de la soirée en bonus !

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A lire également :
- le récit de cette soirée de tournage
- l'interview de Nicolas Saada

Des films muets d’Hitchcock aux J.O. de Londres

Posté par vincy, le 5 juillet 2011

Dans le cadre des Jeux Olympiques de Londres en 2012, le British Film Institute diffusera des films muets d'Alfred Hichcock, rarement vus. Remasterisés et numérisés, ces films des années 20 seront projetés sur grand écran, accompagnés d'une musique interprétée en direct par l'Orchestre Symphonique de Londres. Cette trame sonore "donnera de nouvelles dimensions" aux films pour une "expérience intime partagée".

La restauration a exigé du temps. "Ces films représentent le fondement de l'ensemble de son travail et un nouveau public va être capable de les apprécier, pour la première fois, dans toute leur splendeur retrouvée", a confié la directrice artistique du BFI, Heather Stewart.
Le financement a été possible grâce à la campagne Rescue the Hitchcock 9, en partenariat avec The Film Foundation (Martin Scorsese) et l'Association de la presse étrangère à Hollywood (qui organise les Golden Globes). 250 000 $ ont ainsi été récolté pour "sauver" The Lodger, The Ring, Blackmail et The Pleasure Garden.

Hitchcock a été employé dès le début des années 20 par Gaisnborough Pictures. En 1923, il débute derrière la caméra avec Always tell your wife. Il réalisera en 1925 The Pleasure Garden, en Allemagne.  Puis il enchaînera avec The Moutain Eagle. Mais les deux sont des échecs. Hitchcock se marie, devient père, et tourne The Lodger (photo). le film sera jugé non commercialisable par son distributeur et remportera, pourtant, un grand succès public et critique. D'autres films muets suivront : Downhill et Easy Virtue. Mais le cinéaste n'est pas satisfait des scénarios du studio et s'en va chez British International Pictures. Il y tourne The Ring, The Farmer's Wife, Champagne et The Manxman. Dès 1929 avec Blackmail, il abandonnera le muet : en effet, le Maître réalisera le premier film parlant britannique...

Le BFI a déjà annoncé deux événements majeurs autour de ces projections. The Lodger, dont la musique sera écrite par Nitin Sawhney, et The Pleasure Garden, qui sera illustré par les mélopées de Daniel Cohen.

Tristesse après la mort du scénariste Arthur Laurents (1917-2011)

Posté par vincy, le 6 mai 2011

Le scénariste Arthur Laurents s'est éteint au bel âge de 93 ans. Si sa carrière fut surtout glorieuse au théâtre en tant que dramaturge et metteur en scène (La cage aux folles entre autres), on lui doit quelques grands scénarios où il insérait toujours des éléments personnels  : La corde, d'Alfred Hitchcock, Pris au piège de Max Ophüls, Anastasia d'Anatole Litvak, Bonjour tristesse, d'après le roman de Françoise Sagan d'Otto Preminger, et Nos plus belles années, mélo culte de Sydney Pollack. Avec Le tournant de sa vie, d'Herbert Ross, en 1977, il est nommé à l'Oscar du meilleur scénario et du meilleur film. Il reçoit la même année le prix du meilleur scénario de la Writers Guild of America.

Mais Laurents est surtout l'auteur du livret de West Side Story, le drame musical transposé avec succès sur grand écran, et celui de Gypsy!.

Il était aussi l'ancien compagnon du récemment décédé Farley Granger (qui jouait dans La corde et qui est décédé le 29 mars dernier), avant de partager 50 ans de sa vie avec Tom Hatcher (mort en 2006), qui travaillait dans l'immobilier après avoir tenté une carrière de comédien.

Laurents a été blacklisté durant le marccarthisme.

Farley Granger (1925-2011) : un hitchcockien disparaît

Posté par vincy, le 29 mars 2011

L'acteur américain Farley Granger est décédé dimanche à New York à l'âge de 85 ans. Naturellement. Ça nous change... Acteur méconnu, il a pourtant tenu les rôles principaux de très beaux films, sous l'oeil de grands cinéastes.

Il a commencé sa carrière en 1943, à l'âge de 18 ans. Découverte par le producteur Samuel Goldwyn, et imposée à Lewis Milestone (L'étoile du nord, Prisonniers de Satan), cette très jolie gueule sera révélée par Alfred Hitchcock avec le film La corde en 1948. Il donne la réplique à James Stewart. Granger interprète un des deux jeunes meurtriers vaniteux de ce huis-clos fascinant. En 1951, il est en tête d'affiche du magnifique film de Nicholas Ray, Les amants de la nuit. Un de ces films noir passionnels qui pourtant ne rencontra pas son public. La même année, il tournera aussi avec Anthony Mann (La rue de la mort).

Entre séries B policières et comédies romantiques, "l'autre Granger" (à ne pas confondre avec Stewart Granger, immense star à la même époque), trouvera son plus grand personnage dans L'inconnu du Nord-Express, d'Alfred Hitchcock : un joueur de tennis qui se voit proposer le meurtre du père d'un inconnu... Son physique avenant ne cache pas les tourments qui lui traversent l'esprit.

Pourtant, il devra patienter pour obtenir son prochain grand rôle. Il brise alors son contrat avec Goldwyn. Cela le coupera d'Hollywood. Mais en 1954, Luchino Visconti l'engage face à Alida Valli dans le sublime Senso, sélectionné  à Venise. Ce sera son chant de cygne, ne jouant dans aucun film remarquable par la suite. La télévision fera alors appel à ses services pour des participations (L'homme de fer, Max la menace, Hawaï police d'Etat, L'homme qui valait trois milliards, La croisière s'amuse, Arabesque...) ainsi que le cinéma italien (On l'appelle Trinita avec Bud Spencer et Terrence Hill). On retiendra aussi Le serpent en 1972, d'Henri Verneuil, avec Yul Brynner, Henry Fonda, Dick Bogarde, Philippe Noiret, Michel Bouquet et Virna Lisi.

Il l'avouait sans honte : il aimait le cinéma mais détestait en faire. "J'ai joué les mêmes rôles encore et encore : j'aurai du tuer Samuel Goldwyn".

Il préférait la scène, où il se produisait régulièrement à Broadway (La mouette, la ménagerie de verre, et un nombre incalculable de comédies musicales...)."C'est plus viscéral" expliquait-il.

Farley Granger a surtout payé son homosexualité - ouvertement en couple avec Robert Calhoun durant 43 ans, décédé il y a trois ans - et son désir de liberté. Il avait raconté sa vie dans ses mémoires, Include Me Out, inédit en France.

RIHL 2010: La 40ème marche ne se loupe pas

Posté par Benjamin, le 11 décembre 2010

Écran Noir vous en a longuement parlé, mardi soir s’est tenu la Leçon de cinéma de Nicolas Saada (voir actualité du 7 décembre) au festival de Poitiers avec, en tant qu’acteur principal, Grégoire Leprince-Ringuet.

Inutile de dire que le TAP Cinéma affichait complet et que le festival et Nicolas Saada avaient parfaitement vendu leur affaire. L’alléchante idée de la reconstitution d’un tournage sur la scène du TAP, mais un tournage interactif où le public aura son rôle, a conquis son monde. Des caméras, un preneur de son, un chef op’, une maquilleuse, un réalisateur, deux acteurs, des figurants. Tout était là !

Alors la question est, Nicolas Saada a-t-il réussi son pari de réaliser 31 plans en 3 heures, sans ennuyer le public, en respectant les conditions réelles d’un tournage et en donnant une véritable leçon de cinéma ? La réponse est ou. Le spectacle fut au rendez-vous et Saada qui semblait comme un enfant, ainsi que toute son équipe très professionnelle, ont été très généreux avec le public. Leurs actions, leurs façons de faire étaient commentées, permettant aux spectateurs de comprendre l’enjeu de filmer la scène de tel ou tel point de vue.

Bien entendu, ce court métrage, intitulé pour l’occasion La 40ème marche, a été tourné de la façon la plus efficace qui soit. Le réalisateur a préféré l’efficacité à une certaine personnalisation de la scène. Difficile de faire autrement dans ce laps de temps et avec un décor aussi immuable que le théâtre de Poitiers.

Ce fut intéressant d’assister en tant que spectateur aux coulisses de ce tournage, d’observer les variations dans le jeu de Grégoire Leprince-Ringuet (très ludique!) et le rôle de chacun sur le plateau. mais surtout nous étions tous les acteurs d’un soir, participant au film, car le public fut bien entendu filmé.

Au final, l’expérience fut des plus vivantes. Certes, Nicolas Saada a dévié de la traditionnelle Leçon de cinéma, car plus qu’une leçon, c’était davantage un échange avec le public. Mais le public poitevin retiendra surement longtemps cette soirée à la fois bon enfant et enrichissante.