Dossier 3D relief : la révolution marketing (2)

Posté par geoffroy, le 29 septembre 2010

Alors que le quatrième opus de la saga des Resident Evil est sorti mercredi dernier sur les écrans, une question nous taraude : irons-nous le voir pour son contenu ou bien parce qu'il nous est proposé en 3D ?

Des films hyper marketés

Au cours des six derniers mois, trois films en 3D auront dépassé le milliard de dollars dans le monde (Avatar, Alice au pays des merveilles, Toy Story 3). Du jamais vu. Une telle performance est à saluer même si l'augmentation du prix de la place (5 à 7 dollars aux Etats-Unis, 3 euros chez nous) peut en expliquer les raisons. Sachant que le surcoût de production pour un film en relief est de l'ordre de 20%, le procédé n'a aucun mal à être rentable. D'où l'inflation du nombre de films en 3D lancés un peu à la va-vite, le but étant d'engranger un maximum d'entrées tout en consolidant l'offre et son corollaire : l'addiction. Les avancées techniques à venir achèveront d'en faire une poule aux œufs d'or incontournable pour l'industrie cinématographique.

Dans ces conditions, peu importe la qualité du film. En effet, si un mauvais film en "2D" bien marketé parvient à engendrer des bénéfices, un mauvais film en 3D lui aussi marketé sera potentiellement plus rentable. Du coup, l'angle marketing se déplace pour faire de la 3D un support de promotion aussi alléchant, si ce n'est plus, que le film lui-même. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous sommes passés d'une 3D expérimentale à une 3D marketing, l'apport artistique s'avérant, au final, secondaire.

En témoigne cette campagne de promotion londonienne originale, lancée en février dernier par la Fox en partenariat avec Clear Channel, autour du film : Percy Jackson et le voleur de foudre. L'idée, toute simple, consiste à remplacer les bonnes vieilles affiches de certains abribus de la capitale par la bande-annonce du film projetée en 3D grâce à un système de rétroprojection ne nécessitant pas le port de lunettes. L'effet proposé, visuellement impactant, dépasse le concept du gadget technologique puisqu'il sort le procédé de la salle de cinéma pour investir de nouveaux lieux et conquérir de nouvelles cibles. Faire la promotion par la 3D d'un film qui n'est pas en 3D (Percy Jackson, bien qu'il possède des artifices numériques, n'a pas été filmé en relief), c'est déplacer l'utilisation conventionnelle d'un procédé en nous " vendant " les contours alléchants d'une nouvelle norme de diffusion grand public.

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Lire la première partie du dossier : 3D relief : l'explosion du genre

Sam Raimi, magicien du pays d’Oz?

Posté par vincy, le 15 juin 2010

Trop tentant. Disney a récolté un milliard de dollars de recettes mondiales avec une nouvelle version d'Alice au pays des merveilles. Un réalisateur culte autrefois considéré comme marginal avec ses thèmes macabres (et loin de l'univers Disney), un livre illustré et un dessin animé légendaires, une histoire surprenante (un sequel plutôt qu'un remake) : la formule a fonctionné.

Alors pourquoi ne pas recommencer?

Prenons un réalisateur culte autrefois considéré comme marginal avec ses délires sanguinolents, un roman pour la jeunesse et un film familial légendaire, une histoire surprenante (un prequel plutôt qu'un remake) : la formule a tout pour fonctionner.

Mais là ni Lewis Carroll, ni Tim Burton, ni dessin animé Disney. Ce sera le livre de L. Frank Baum, par Sam Raimi, qui s'attaque au chef d'oeuvre de Victor Fleming : Le Magicien d'Oz.

Disney a, en effet, approché le réalisateur de la trilogie Spider-Man pour revisiter l'univers de Dorothy Gale. Le producteur d'Alice, Joe Roth, a annoncé le projet Oz, the Great and Powerful, qui s'intéresse à un cow-boy dans un cirque, transporté par une tornade dans le mystérieux pays d'Oz. Il est alors confondu avec un certain Magicien...

C'est le premier projet officiel de Sam Raimi depuis qu'il a abandonné la franchise Spider-Man (voir actualité du 14 janvier 2010).

Blockbusters : L’été US commence bien mal…

Posté par geoffroy, le 12 juin 2010

shrek 4 le chat potele

L’offre de blockbuster estival se résume aujourd’hui à satisfaire les désirs supposés de spectateurs de moins en moins dociles et de plus en plus blasés. Quant il ne s’agit pas de les tromper sans vergogne sur la « marchandise filmique » projetée en salles. En atteste le recours grandissant de la 3D numérique, sorte de stratagème commercial approximatif perçu comme un calcul vénal à double tranchant. Si les recettes brutes pour le mois de mai 2010 sont correctes (905 millions de $), les 110 millions de places vendues au cours de la même période signent le plus mauvais score pour l’industrie cinématographique américaine depuis 2001. Malheureusement pour Hollywood le premier week-end du mois de juin confirme cette tendance. Tout le monde attend désormais les sorties de l’Agence tous Risques et de Toy Story 3 pour espérer sortir un peu la tête hors de l’eau.

Iron Man 2 a donc rempli son contrat. Sans plus. 300 millions de dollars et quelques brouettes en fin de carrière, c’est le strict minimum pour notre justicier d’acier au grand cœur. Dans ce marasme ambiant, le film de John Favreau tient la baraque mais ne dupe personne. Les films proposés ne sont pas bons et n’attirent pas les foules malgré des campagnes marketing dispendieuses trop souvent mal ciblées. A trop vouloir se reposer sur ses lauriers, Hollywood perd son public lassé par le manque de créativité des longs métrages proposés. Sur les cinq blockbusters programmés courant mai nous comptons trois suites (Iron Man2, Shrek 4, Sex and the City 2), un "reboot" (Robin des Bois) et une adaptation de jeu vidéo (Prince of Persia).

Ecran Noir l’a déjà signalé, enchaîner les films semaine après semaine – surtout lorsqu’ils sont mauvais – n’est pas le meilleur moyen pour faire le plein d’entrées. C’est simple, depuis le début de l’année deux films ont marqué le box-office Outre-Atlantique : Alice au pays des merveilles et Iron Man 2. Insuffisant d’autant que des films comme Prince of Persia, au budget pharaonique (200M$), ne décollent pas. Premier week-end à 30 millions de $, première semaine à 45 millions de $ et une chute de 53% en deuxième week-end pour un cumul à 62 millions de $. Une misère. Le cas de Shrek 4 est un peu différent car le DreamWorks n’est pas un échec en valeur absolue, d'autant qu'il tient tête à tous ses concurrents depuis son lancement. Ses résultats, pour un final estimé à 240-250 millions de $, sont justes décevants si on les compare aux trois opus précédents. Il est sans doute temps pour l’ogre vert de prendre sa retraite.

Une chose est sûre, le prix des places devient trop élevé (il faut compter un surcoût de 30% pour un film en 3D) pour beaucoup de spectateurs qui ne peuvent plus et ne veulent plus se déplacer en salles chaque week-end. L’embouteillage des sorties estivales, le manque de créativité et de films porteurs, plombent un système d’exploitation américain déjà très saturé. Dès lors, nous voyons les grands studios dans l’obligation de survendre leurs films à l’international. Porte de salut bien fragile, celle-ci permet d’amortir les budgets mais pas de sauver la réputation de majors incapables de proposer du divertissement de qualité.

La tendance des pronostics pourrait s’inverser au profit de films proposant des scénarios originaux ne cherchant pas systématiquement à séduire le spectateur. Des films comme Knight & Day avec Tom Cruise et Cameron Diaz, Le Dernier Maître de l’air de M. Night Shyamalan ou encore Inception de Christopher Nolan avec Leonardo DiCaprio ont une belle carte à jouer. Bien sûr il est fort probable que Toy Story 3 et Twilight-chapitre 3 : hésitation « cassent » la baraque. Ce qui ne serait pas pour rassurer ceux qui pensent que l’industrie hollywoodienne est passée, en 25 ans, d’une industrie du risque à celle de la franchise de circonstance et du remake opportuniste.

Le milliard pour Alice, la 3D comme complice…

Posté par geoffroy, le 28 mai 2010

alicewonderland_blog.jpgContre toute attente, Alice au pays des merveilles vient de franchir la barre symbolique du milliard de dollars dans le monde. Une première pour un film sortit au mois de mars. Le long-métrage de Tim Burton va même se payer le luxe de dépasser, dans les jours prochains, The Dark Knight, et devenir ainsi le 5e plus gros succès monde hors inflation. Ce résultat, formidable pour Disney, appel deux remarques.

Malgré une qualité cinématographique très moyenne, cette énième adaptation des romans Alice aux pays des merveilles et de l’Autre côté du miroir confirme l’engouement du public du monde entier pour l’univers bariolé, bizarre et paradoxal de Lewis Caroll.

Trois mois après le raz de marée d’Avatar de James Cameron, Alice confirme sans coup férir l'impact de la 3D en termes de résultat financier.

On pourra toujours, sur ce dernier point, discuter de l'intérêt artistique d’une technologie plus que prometteuse. Les studios, quant à eux, se sont engouffrés dans la brèche et nous servent désormais de la 3D en veux-tu en voilà sans trop savoir si elle apporte une réelle plus-value à l’histoire. L'exemple récent du Choc des Titans démontre l'enjeu à venir d'un procédé "révolutionnaire" encore balbutiant mais aujourd'hui "marketé" à tout va afin de doper la vente de billets verts. Si Alice demeure un succès incontestable, la 3D déforme quelque peu la trajectoire d’un film qui n’aurait sans doute jamais atteint le milliard de dollars monde sans le recours du relief numérique. En effet, selon le studio Disney, 71% des entrées monde du film Alice ont été enregistrées en 3D, soit un gain financier considérable par rapport à une sortie classique.

L’enjeu est de taille pour une industrie en manque de rentabilité. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le nombre de projets 3D en préparation  ou en production au cours des prochains mois (Tron 3D, les trois Mousquetaires, Resident Evil 5, Piranha 3D, Toy Story 3, Madagascar 3, Pirates des Caraïbes 4 ...). Tous les studios s’y mettent, poussant, de fait, les exploitants à s’équiper d’abord en numérique, puis en salle 3D. Rien ne pourra arrêter ce bouleversement technologique qui s’invite déjà dans nos salons. Il faudra veiller au grain pour ne pas se retrouver devant une uniformisation d'un cinéma de divertissement qui a beaucoup de mal, ces dernières années, à se réinventer. Le pari semble suffisamment audacieux pour que l'industrie du cinéma dans son ensemble s'y arrête ne serait-ce que quelques instants.

UGC adapte dix de ses salles à la 3D relief

Posté par vincy, le 22 mars 2010

Le réseau UGC a mis moins de temps à virer ses clients (overbooking, produits alimentaires importés de l'extérieur, enfant trop jeune) qu'à anticiper le phénomène de la 3D, manquant ainsi de bénéficier des recettes juteuses d'Avatar, quand Titanic il ya douze ans avait rempli ses salles.

Avec trois blockbusters en 3D relief dans les prochaines semaines - Alice au pays des merveilles, Dragons, Le choc des titans - UGC a décidé de réagir et de ne pas laisser passer trop de succès. Dès mercredi, afin d'accueillir dignement le film de Tim Burton, dix salles françaises et cinq européennes seront équipées en 3D relief : Les Halles, Bercy, La Défense et Normandie à Paris. Bordeaux, Lilles, Ludres (Nancy), Lyon, Rouen et Strasbourg. Les lunettes seront louées 1 euro. A l'étranger, UGC équipera ses cinémas de Bruxelles, Anvers, Madrid, Rome et Turin.

Blockbuster ’10 : Qui est Mia Wasikowska?

Posté par vincy, le 22 mars 2010

mia wasikowskaMia Wasikowska a le nom et l'allure d'une joueuse de tennis d'Europe de l'Est ou de Russie. Pourtant cette jeune femme de presque 21 ans, fille d'artistes, est Australienne, et débuta par la danse classique.  Préférant les imperfections de la comédie à la perfection du ballet, à 15 ans, elle fait ses débuts timides sur le petit écran. En 2006, elle se fait remarquée avec un second-rôle dans Le feu sous la peau (Suburban Mayhem), présenté à Un certain regard, Cannes. Elle est alors nommée dans la catégorie Jeune acteur aux "Oscars" australiens. Elle aligne quelques courts métrages. En 2008, elle croise Sam Worthington (avant son aventure d'Avatar), Michael Vartan et Radha Mitchell dans Solitaire (Rogue), navet d'action qui flop misérablement au box office.

Elle s'en sort mieux avec le rôle principal de la série "En analyse (In Treatment)", diffusée aux USA sur HBO. Son personnage est récurrent durant neuf épisodes, où elle partage la vedette avec Gabriel Byrne et Dianne Wiest. La série s'attire les louanges de la critique et reçoit des prix prestigieux. De quoi enrichir un CV de débutante.

Wasikowska participe  à Les insurgés (Defiance), film maladroit d'Edward Zwick. Dans That Evening Sun, elle impressionne davantage. Le film indépendant reçoit de multiple honneurs, notamment pour son scénario. Mia est nommée aux Independant Spirit Awards, en meilleur second rôle féminin. La sortie confidentielle aux Etats-Unis est compensée par une véritable tournée des festivals durant un an. Amelia, de Mira Nair, bénéficie de plus de moyens, mais ne remporte pas non plus l'adhésion du public américain malgré la présence de Hilary Swank, Richard Gere, et Ewan McGregor. La jeune femme incarne la pilote Elinor Smith, capable de voler sous les ponts de New York et détentrice de nombreux records.

L'actrice enchaîne avec The Kids are All Right, comédie de moeurs sur l'homoparentalité, récemment primée à Berlin par le Teddy Award. Elle y est la fille d'un couple de lesbienne (Julianne Moore et Annette Bening) qui cherche à connaître son géniteur (Mark Ruffalo). La belle année se prolonge avec le rôle-titre d'Alice au pays des merveilles. Elue par Tim Burton après un casting épique, Mia Wasikowska interprète l'héroïne mythique en passant d'une insoumise romantique à la Jane Austen ou une combattante éclatante à la Jeanne d'Arc.

Le film est un triomphe international. De quoi éventuellement la faire décoller ou, au contraire, broyer par le système.Travailleuse, elle va continuer les grands écarts, de Gus Van Sant à Une énième version de Jane Eyre.

Alice au pays des merveilles : dès le titre, nous étions trompés…

Posté par vincy, le 2 mars 2010

alicewonderland_blog.jpg Premières impressions à la sortie de la première projection française d'Alice au pays des merveilles, de Tim Burton. On est presqu'étonné que Disney ait collé sa marque à un film aussi noir, et parfois trash  (trois scènes sont vivement déconseillées aux plus jeunes). On est tout aussi surpris que cette suite au dessin animé de 1951 s'intitule Alice au pays des merveilles tant elle visite le monde des horreurs. Burton reprend bien les personnages mais revisite complètement l'histoire, en la transposant des années plus tard, dans un "Wonderland" devenu "Underland", détruit par une guerre entre deux Reines - la méchante et la gentille.

Cette immersion dans les enfers a une énorme qualité : le cinéaste s'est approprié le conte de Lewis Carroll. Il l'a fait sien, et en a irrigué tous ses thèmes et ses codes visuels. C'est aussi la limite. Burton se complaît dans son univers esthétique (perfectionniste et riche comme d'habitude), s'amuse avec des décors virtuels et maîtrise les mouvements et la vitesse de ses créatures. Mais le scénario manque de rigueur et fait perdre parfois le rythme ou la tension nécessaires. Surtout, les personnages manquent de substance et s'avèrent tout aussi "virtuels" que cet Underland. Il n'y a bien qu'Alice qui apporte un peu d'humanité...

Le film passe finalement à côté de son sujet et de son enjeu. Belle parabole de la force de l'imaginaire, il s'oublie à tout expliquer et à donner une réalité à cette évasion de l'esprit. On est davantage contrarié par le manque d'intensité lors des séquences cruciales.

Le 3D, de son côté, se révèle inutile. Burton n'a fait aucun effort pour que son film ait du relief. Une machine efficace mais loin de ses premiers contes fantastiques.

Depp et Paradis enfin réunis à l’écran ? (!)

Posté par vincy, le 26 février 2010

johnny depp vanessa paradisPour les Américains, ça n'a pas beaucoup d'importance. Who is Vanessa Paradis? Pourtant c'est de source hollywoodienne  que la nouvelle a été confirmée.  Johnny Depp l'a confirmé lors de l'avant-première londonnienne du film de Tim Burton, Alice au pays des merveilles auprès du magazine People.  Pour la première fois le couple (à la ville) va jouer ensemble. Il y a bien eu une tentative (L'homme qui a tué Don Quichotte, de Terry Gilliam, avorté) et un clip vidéo ("Que fait la vie?", "L'incendie", réalisés par le mari avec sa muse devant la caméra). Mais jamais de film ensemble.

My American Lover sera l'histoire de la romancière, philosophe, féministe et épouse de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, et de son amant, l'auteur américain Nelson Algren. Respectivement joués par Vanessa et Johnny.

"Nous allons jouer ensemble dans My American Lover, un film en préparation où Vanessa va jouer la féministe française Simone de Beauvoir, et moi son amant, l’Américain Nelson Agren, qui est un vrai macho !", a confié la star.

12 ans après le début de leur relation, ils vont donc interpréter ce couple officieux. Et on n'en sait pas plus... Ni des dates de tournages, ni du réalisateur, ni même du scénariste.

Paradis sera aussi à l'affiche en mars dans L'Arnacoeur.

Alice au pays des merveilles dans la tourmente

Posté par vincy, le 22 février 2010

alice au pays des merveillesLe prochain film de Tim Burton, Alice au pays des merveilles, l'un des blockbusters les plus attendus de l'année, fait l'objet d'un boycott qui a commencé sa propagation aux Pays-Bas. Ecran Noir aurait pu vous en parler alors, mais nous ne sommes pas là pour répéter les communiqués de presse et les dépêches "officielles". Nous avons bien fait d'attendre puisqu'en une semaine, le problème est devenu international, et donc plus sérieux.

Dans un premier temps, le producteur et distributeur du film, Walt Disney,  annonce qu'il va bousculer, là où il peut, c'est-à-dire pas en France par exemple, la chronologie des fenêtres de diffusion du film : le DVD sortira trois mois après sa sortie en salles, au lieu de quatre voire six dans certains pays.

Les Américains comprennent. Les Néerlandais annoncent très vite un boycott. Les réseaux Pathé, Minerva, Wolff et Jogchems (quatre cinémas sur cinq à peu près à eux tous) menacent en effet de ne pas projeter une seule copie du film, considérant, avec une certaine mauvaise foi, que cela leur enlève des spectateurs potentiels. Mauvaise foi car un blockbuster de cette trempe va faire l'essentiel de ses entrées dans le premier mois d'exploitation, vite chassé par les blockbusters du printemps (Iron Man 2 pour commencer). Mais les propriétaires des circuits pensent qu'en annonçant une sortie DVD/VOD aussi rapide, cela découragera certains spectateurs de se déplacer. On nous dit la même chose du piratage alors que les entrées en salles sont en hausse dans toute l'Europe depuis un an. La peur est mauvaise conseillère.

Et puis voilà que les britanniques s'y mettent. Ce lundi 22 février, en soirée, Odeon, le plus gros réseau de cinéma anglais a décidé de suivre le mouvement de ses confrères (Cineworld et Vue avaient déjà annoncé leur refus de jouer le jeu de Disney).

Or, le succès d'un film, notamment une imposante production comme celle-ci, dépend de son nombre de copies et de sa diffusion à travers un territoire. La Grande Bretagne n'est pas les Pays-Bas, puisqu'il s'agit d'un des cinq plus gros marchés étrangers pour les studios américains. Et Disney a réellement besoin d'un énorme hit après des résultats en 2009 un peu contrastés (quelques gros hits, pas mal de flops).

La tendance est un raccourcissement du délai à trois mois, notamment aux USA. Les Européens veulent faire d'Alice un précédent qui décourage les studios américains dans cette spirale temporelle où les films ont de moins en moins de temps pour s'installer.

Dans une interview au Film Français, le directeur de Disney France, Jean-François Camilleri, confirme la stratégie de son groupe : "La question de la chronologie est au centre des préoccupations du nouveau président du studio. L'idée est d'analyser la nouvelle façon de consommer les programmes, et de réagir le plus vite possible. On réfélchit beaucoup à la VOD, au téléchargement définitif."

Malgré les maladresses sémantiques,  il constate que les usages changent et qu'il faut s'y adapter. On ne lui donne pas tort.

Alice sort en France le 23 mars.

Tim Burton, Président du jury du 63e Festival de Cannes

Posté par vincy, le 26 janvier 2010

timburton_cannes.jpgLe Festival de Cannes a dévoilé le nom de son prochain président du jury. Tim Burton succède ainsi à Isabelle Huppert (2009) et Sean Penn (2008). Burton a déjà été membre du jury en 1997 (notre premier festival de Cannes pour Ecran Noir) et il était revenu traîné sa silhouette sur la Croisette en 2006 lorsque sa compagne Helena Bonham-Carter avait eu cet honneur. Il n'a été sélectionné qu'une seule fois, avec Ed Wood en 1994.

Le cinéaste a déclaré : "Après avoir passé mes jeunes années à voir des triples programmes et à faire des marathons de 48h de films d’horreur, je me sens prêt pour Cannes. C’est un grand honneur et je suis très impatient de me retrouver avec mes camarades jurés pour voir de beaux films venus du monde entier. Quand on pense à Cannes, on pense cinéma du monde. Et puisque j’ai toujours vécu les films comme des rêves, je vais vivre un rêve devenu réalité."

Pour Cannes, il s'agit aussi de confirmer un peu plus chaque année l'importance des films de genre. Burton est en effet née dans l'animation au début des années 80.  De Beetlejuice à L'étrange Noël de M. Jack, de Batman à Edward aux mains d'argent, de Mars attacks! à Sleepy Hollow, de Charlie et la Chocolaterie à Ed Wood, il a a imposé un style, une vision qui en ont fait un cinéaste fétiche, aux oeuvres toujours très attendues. Un réalisateur-star dont le nom sonne comme une marque de fabrique que des milliers de fans entretiennent. Auteur de poèmes, illustrateur, peintre, photographe, il s'attaque au 3D avec l'adaptation d'Alice au pays des merveilles (en salles 7 avril en France) tandis que le Museum of Modern Art de New York lui consacre actuellement un exposition.

Gilles Jacob déclare dans le communiqué : "Cinéaste au cœur d’or et aux mains d’argent, Tim Burton est avant tout un poète. Un prestidigitateur au délire visuel dont l’écran devient féérie. Que sa douce folie et son humour gothique envahissent la Croisette et ce
sera Noël pour tout le monde. Noël et Halloween…
"

Le 63e Festival de Cannes se déroulera du 12 au 23 mai 2010.