Quand un film nous plaît, c'est super, mais lorsqu'un film nous touche, c'est encore mieux! La première fois que j'ai entendu parler de Sing Street (nommé aux prochains Golden Globes) c'était durant mon séjour en Irlande. "It's a masterpiece...a film with joy!" entendait-on. Cet enthousiasme (on ne peut plus communicatif) ne m'a pas poussé à le voir à ce moment-là et je pense savoir pourquoi. Si je l'avais découvert durant ce séjour, je ne serai jamais revenu en France retrouver mes proches et mon train-train quotidien. Car Sing Street est le genre de film qu'il faudrait faire chaque année. Sans morale ou message, il peut vous changer afin de révéler votre vrai "vous"!
Il m'a fallu attendre Deauville pour que je sois troublée et conquise (même si c'est à Dinard qu'il a raflé tous les prix). Cosmo, un jeune Irlandais passionné de musique vit entre ses parents dépressifs et perpétuellement en conflit, un frère qui a raté sa vie et une école religieuse bien trop stricte pour son esprit libre. Dès les premières minutes du film, je me sens dans mon élément (Sing Street pourrait être ma biographie). Après tout qui ne le serait pas? Qui n'a jamais rêvé de quitter sa famille dépressive et son quotidien terne et sans intérêt pour enfin vivre ses fantasmes inavoués d'artiste désenchanté?
Sing Street est un cri qui vient du cœur, un souhait d'enfant bercé par une musique enivrante qui donne envie de bouger ses hancges, autant sur la piste que dans sa vie. Chaque scène est jouissive même la plus mélancolique (cette mère qui, comme le personnage de Ben Stiller dans le film La vie rêvée de Walter Mitty, préfère rêver sa vie sur son perron plutôt que de changer sa réalité), chaque scène est criante de vérité: avez-vous suffisamment de courage pour poursuivre vos envies, vos désirs comme les personnages de Cosmo et Raphina (la belle et prometteuse Lucy Boynton que j'ai pu interviewer sur les planches normandes) ou allez-vous passer à côté d'eux comme le personnage de Brendan (le rôle le plus puissant de ce film)?
Oser et s'affirmer. On ne sort pas de Sing Street indemne. Je, tu, elle, il, nous, vous, en sort chamboulé à tout jamais. Après avoir vu le film de John Carney, on a envie de déplacer des montagnes, de faire des choses incroyables, de dire "merde" à notre entourage toxique, de faire un doigt d'honneur à notre banquier, de courir jusqu'à ce restaurant où travaille ce type trop mignon et de lui dire qu'il nous plaît avant de l'embrasser à pleine bouche, de quitter son job et de devenir acteur même si on n'a pas le talent de Meryl Streep, de faire le grand saut...d'oser vivre!
L'autre thématique du film qui frappe le cœur est bien celle de l'affirmation. Durant tout le film, Cosmo change de style constamment (nous faisant voyager à travers les vêtements qui ont fait les années 80) au grand désarroi du directeur de son école, un prêtre extrémiste taré qui pourrait fortement faire penser à votre oncle chiant qui pourrit le dîner de Noël avec ses idées d'un autre temps. Par cette affirmation, le message véhiculé est que chacun peut être ce qu'il veut être, p******! Vous voulez porter le voile, un mini short rose ou des talons aiguilles alors que vous vous appelez Bernard... Ne nous cachons plus, soyons nous-mêmes et OSONS!
Sing Street aurait pu s'appeler Sing Life (chante la vie), car John Carney nous apprend à vivre en 106 minutes de bonheur avec son chef-d'oeuvre irlandais et musical. Ne reste plus qu'à nous, pauvres mortels conditionnés par la société, notre entourage et notre peur du laisser aller, à faire le GRAND pas!
Mes autres coups de cœur: Eddie, The Eagle de Dexter Fletcher, Brooklyn de John Crowley, Deadpool de Tim Miller, Imperium de Daniel Ragussis et The Neon Demon de Nicolas Winding Refn.