Cannes 70 : les temps forts du cinéma LGBT

Posté par cannes70, le 5 mai 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-13.  Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .

A quelques jours du lancement de sa 70e édition, il semblait plus qu'évident de revenir sur les films LGBT qui ont marqué l'histoire du festival de Cannes. Qu'ils aient remporté des prix ou simplement choqué critiques et festivaliers, tous à leur manière ont permis aux lesbiennes, gays, bis et trans d'être représentés dans "le plus grand festival de cinéma du monde". Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette représentation remonte à bien plus loin que la Queer Palm, équivalent cannois des Teddy Awards. Tour d'horizon en quelques films-clefs.

Années 1970 : l'incursion d'une thématique

Bien que le cinéma présent à Cannes se soit très tôt intéressé à la sexualité de ses personnages, deux films présentés lors de cette décennie sortent du lot. Il s'agit de Taxi Driver (1976) et  Midnight Express (1978). Le premier, Palme d'or réalisée par Martin Scorsese raconte les péripéties de Travis Bickle, un ancien Marine reconverti en chauffeur de taxi. Paranoïaque et ultra sensible, il tente de secourir Iris, une prostituée de douze ans avec qui il a sympathisé. A l'instar de son scénariste Paul Schrader, Taxi Driver transpire le sexe et la transgression. Sans jamais virer dans le purement pornographique, le film de Martin Scorsese regorge de personnages à la sexualité assumée et non-hétérosexuelle. Ces personnages LGBT ne sont jamais mis en avant mais sont bien présents.

A l'inverse, Midnight Express d'Alan Parker ne rechigne pas contre un peu de frontalité. En voulant se faire de l'argent, le touriste américain qu'est "Billy" tente de rentrer chez lui avec deux kilos de haschisch. Pas de bol, une fouille au corps contrecarre ses plans et il atterrit dans une prison turque. Là-bas, il croise la route d'Erich, un autre prisonnier. Entre les séances de yoga, de méditation et les bains, une certaine tension sexuelle se fait sentir entre les deux hommes. Et le climax érotique est atteint lors d'une scène de baiser. Sont-ils homosexuels, bisexuels ou juste en manque d'affection ? Le scénario d'Oliver Stone en le précisera jamais mais l'oeuvre sur laquelle le film se base est plus claire : William "Billy" Hayes a eu des rapports sexuels consentis avec d'autres prisonniers lors de son emprisonnement.

Années 1990 : sexualité violente pour personnages ambivalents

Film d'ouverture et en compétition pour la Palme d'or lors du Festival de Cannes 1992, Basic Instinct n'a pas manqué de faire beaucoup de bruit. Catherine Tramell, riche romancière, est soupçonnée du meurtre de son amant, Johnny Boz. Assassiné au pic à glace dans des conditions qui ressemblent à celles décrites dans l'un des romans de Catherine, le policier Nick Curran soupçonne naturellement celle-ci. Personnage ouvertement bisexuel, Catherine Tramell n'a pas plu à tout le monde. Car si les scènes de sexe explicite ont été appréciées par les festivaliers à l'époque, des militants pour les droits des personnes LGBT ont été scandalisés. La raison : pour une fois qu'un personnage bisexuel a le rôle principal d'un film à gros budget, il faut que ce soit une sociopathe assoiffée de sexe !

Deux ans plus tard, nouveau coup de tonnerre. Si les films J'ai pas sommeil de Claire Denis et Priscilla, folle du désert de Stephan Elliott ont subtilement mis en scène des personnages LGBT, ce ne fut pas le cas du Pulp Fiction de Quentin Tarantino. Celui-ci reçoit la Palme d'or, certes, mais la violence dont il fait preuve n'a échappé à personne. Si l'usage d'armes à feu, les insultes et les litres de faux sang déversées en ont fait un film culte, la scène de viol homosexuel n'a pas été du goût de tous. En effet, le rapport sexuel entre Zed et Marsellus est certes violent mais surtout présenté comme honteux du fait de la virilité présumée de Marsellus. Drôle pour certains, homophobe pour d'autres, cette séquence continue d'être débattue aujourd'hui encore.

En 1996, c'est le film Crash de David Cronenberg qui marque la Croisette. Prix spécial du jury, Crash suit les aventures de James Ballard, un producteur de films en couple libre et qui nourrit une fascination étrange pour les blessures après qu'il a lui-même été victime d'un accident de voiture. Il a par la suite une liaison avec Vaughan, fétichiste des corps abîmés. L'une des scènes les plus mémorables de Crash est sans doute celle où les deux amants échangent des baisers passionnés pendant plus de deux minutes, découvrent le corps de l'autre avec admiration, le tout menant à une violente sodomie. A sa sortie dans les salles françaises, Crash est interdit aux moins de 16 ans.

Années 2000 : la normalisation des sexualités

Dès 2000, Tabou de Nagisa Oshima participe à la meilleure visibilité de la communauté gay. Pendant 1h40, nous suivons les péripéties de Sozabuo Kano, jeune homme androgyne qui tente d'intégrer une milice de samouraïs. Pensé comme un thriller romantique, le film qui est en compétition pour la Palme d'or traite subtilement de l'homosexualité au 19e siècle et plus globalement du tabou que cela demeure encore dans la société japonaise. Un véritable tour de force bien éloigné de Requiem for a Dream de Darren Aronosfky, présenté la même année, et dans lequel la seule scène de sexe lesbien est filmée d'un point de vue masculin et qui plus est hétérosexuel. Et si cela pourrait être une erreur, cette scène présente dans la dernière partie du film a au moins le mérite de montrer la fascination des hommes hétérosexuels pour les rapports entre femmes comme fondamentalement malsaine.

En 2002, La Chatte à deux têtes de Jacques Nolot, sélectionné pour le prix Un certain regard, traite de l'histoire amoureuse complexe entre une caissière, un projectionniste et un vieil homme dans un cinéma pornographique. La démultiplication des sentiments et la standardisation de l'amour pluriel en font un must-see. Et il en va de même pour Elephant, Palme d'or et prix de la mise en scène 2003. Inspiré par la fusillade du lycée Columbine commise par deux adolescents américains, le film de Gus Van Sant a créé la surprise. Lors d'une scène de douche, le réalisateur de Harvey Milk met en scène un rapprochement et un baiser entre Eric et Alex, unique moyen pour ces deux souffre-douleurs de trouver une forme de réconfort quelque part. A l'image de Midnight Express, Elephant n'explique jamais s'ils étaient vraiment attirés l'un par l'autre mais suggère simplement que c'est dans les bras de l'autre que se trouve leur seul rempart contre la tension psychologique qui les anime une fois avec leurs camarades.

Par la suite, en 2006, le Shortbus de John Cameron Mitchell ira également dans ce sens. Centré sur des personnages qui se croisent et sont obsédés par leur propre sexualité et leur quête de jouissance, Shortbus fascine aujourd'hui encore à cause de ses scènes de sexe non simulées. Rapports hétérosexuels, homosexuels, à deux, à trois ou plus si affinités, Shortbus plaît par sa normalisation pleinement assumée des pratiques sexuelles soft et hard. Un projet qui fait du bien ! L'année suivante, c'est Les Chansons d'amour de Christophe Honoré qui retient notre attention et se retrouve en compétition pour la Palme d'or. Grâce au personnage d'Erwan, le réalisateur des Malheurs de Sophie banalise encore un peu plus l'homosexualité. Erwan se sait homosexuel mais n'a encore jamais eu de véritable relation et échappe ainsi au stéréotype du jeune minet parisien qui enchaîne les histoires. Et si le film n'est pas à la hauteur de nos attentes, il contient une scène à la tendresse folle entre Erwan (Grégoire Leprince-Ringuet) et Ismaël (Louis Garrel).

Pour retrouver autant de tendresse, il faudra attendre l'édition 2009 et I Love You Philip Morris de Glenn Ficarra et John Requa. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le film raconte l'histoire vraie et rocambolesque de l'escroc Steven Jay Russell (Jim Carrey), passionnément amoureux du naïf Phillip Morris (Ewan McGregor). La même année et dans la même sélection, J'ai tué ma mère intronise le surdoué Xavier Dolan. Colérique et tourmenté, le jeune Hubert tente de composer avec son homosexualité et la haine qu'il voue à sa mère. Un film fort à l'esthétique marquante.

Années 2010 : l'essor des personnages LGBT ?

Lauréat de la première Queer Palm de l'histoire du Festival de Cannes, Kaboom de Gregg Araki met en scène les péripéties de Smith, jeune étudiant toujours accompagné de sa meilleure amie lesbienne, et qui est secrètement amoureux de son éphèbe de colocataire. La même année, Xavier Dolan revient avec lui aussi une histoire centrée sur trois personnages. Les Amours imaginaires raconte ainsi le combat que se livrent Francis et Marie, deux amis de longue date, amoureux du même garçon. Ce dernier, campé par le beau Niels Schneider, est un simple objet de désir comme un autre.

En 2011, La Piel que habito de Pedro Almodovar raconte le changement de sexe d'un personnage à la mystérieuse identité. Prix Vulcain de l'artiste technicien et prix de la jeunesse, le drame espagnol fait du changement de sexe un acte quasi artistique et non une énième mutilation comme cela lui est souvent reproché. L'année suivante, la question transgenre sera brillamment soulevée par le troisième film de Xavier Dolan. Homosexualité, travestissement, transgenre ou transsexualité, Laurence Anyways permet au novice d'y voir plus clair et à la communauté trans de se sentir enfin correctement représentée sur grand écran.

En 2013, la Croisette fait preuve d'une diversité sans précédent en ce qui concerne la représentation des LGBT. Palme d'or historique, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche traite de l'histoire passionnée et passionnante d'Adèle et Emma. La première croit que le grand amour de sa vie sera un homme jusqu'à ce qu'elle rencontre la seconde, mystérieuse lesbienne aux cheveux bleus. Egalement en compétition, Ma vie avec Liberace s'intéresse à la relation complexe de Scott Thorson, jeune homme naïf, et du célèbre pianiste de music-hall Liberace. Pendant cinq ans, Scott va tout faire pour Liberace, passant à de multiples reprises sur le billard dans le seul but de satisfaire ses désirs.

Dans la section Un certain regard, le thriller d'Alain Guiraudie L'Inconnu du lac ne passe pas inaperçu puisqu'il remporte la Queer Palm cette année-là. Un été, une plage naturiste fréquentée par des homosexuels et une série de meurtres. Tourné avec seulement 850.000€, le film fait sensation sur la croisette et révèle Pierre Deladonchamps, acteur sur lequel il faut désormais compter. Du côté de la Quinzaine des réalisateurs, impossible de ne pas mentionner Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Gallienne puisque le film invente le concept de "coming-out inversé". Soit lorsqu'un homme que l'on pense homosexuel se révèle être hétérosexuel.

Les éditions suivantes se montrent alors plus sombres, portées par des personnages LGBT en fin de course, voire en fin de vie. Dès 2014, Saint Laurent de Bertrand Bonello et Sils Maria d'Olivier Assayas donnent le la. Amours contrariées ou impossibles, décadence, haine de soi, tout y est. Cette année-là, la seule éclaircie viendra de Pride, lauréat de la Queer Palm qui raconte comment des activistes gay et lesbiens tentent de réunir des fonds pour aider les familles de mineurs britanniques touchés par la grève de 1984. Oeuvre comique, optimiste et excitante, Pride jure avec les deux films cités avant et avec ceux qui vont venir.

Car en 2015, ce sont Carol de Todd Haynes et Valley of Love de Guillame Nicloux qui étonnent. Le premier raconte l'attirance mutuelle que partagent deux femmes que tout semble opposer, dans le New York des années 1950. Tortueux et profond, Carol est porté par le charisme de ses deux interprètes principales Cate Blanchett et Rooney Mara. De son côté, Valley of Love suit les "retrouvailles" d'un couple séparé, parti à la recherche de leur fils gay qui s'est suicidé quelques mois plus tôt. Absent, ce fils qui a laissé une lettre à ses parents leur permet d'apprendre à le connaître, bien qu'il ne soit plus des leurs.

Et après ?

Dans un registre toujours aussi funeste, l'édition 2016 du festival de Cannes aura été marquée par l'adaptation de la pièce de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde. Grand prix du jury, le sixième film de Xavier Dolan narre le difficile retour dans sa famille de Louis, un écrivain parti douze ans plus tôt et qui doit désormais annoncer à ses proches sa mort future. Huit-clos troublant, cette version 2016 de Juste la fin du monde laisse entendre que Louis est atteint du sida, sans que cela ne soit le cœur du propos. Complètement assumée, son homosexualité devient dès lors un simple trait de sa personnalité et non l'unique moyen de l'identifier. A l'heure où la sélection de la Queer Palm 2017 vient d'être dévoilée, il se pourrait bien que nous ayons enfin atteint un niveau d'écriture des personnages LGBT dont on peut être fier.

Wyzman Rajaona pour Ecran Noir

Bilan 2015: un box office nord-américain record qui profitent surtout aux mastodontes

Posté par vincy, le 9 janvier 2016

star wars le réveil de la force épisode 7 han solo harrison ford

Avec 11,13 milliards de $ en 2015 (+7,4% par rapport à 2014), le box office nord-américain a battu un record historique, essentiellement du grâce aux scores faramineux de Star Wars : La force se réveille, sorti deux semaines avant la fin de l'année.

L'ère dominatrice de Lucas et Spielberg

Enfoncés les 10,92 milliards de $ de 2013. Outre Star Wars, l'année a pu aussi compter sur Jurassic World et ses 652M$. Deux films sortis en 2015 se classent donc parmi les 5 plus grosses recettes (hors inflation) du box office nord-américain, aux côtés d'Avatar, Titanic et le premier Avengers. Si on tient compte de l'inflation, 2015 aura placé deux films dans le Top 25 des films les plus vus sur le continent (Star Wars 7 et Jurassic World). Ce n'est jamais arrivé hormis pour les années 1965 (La mélodie du bonheur, Docteur Jivago) et 1973 (L'Arnaque, L'Exorciste). La franchise Star Wars imaginée par George Lucas place ainsi son 5e film dans ce Top 25 et la franchise des films réalisés ou produits par Spielberg fait de même, surclassant ainsi Disney et ses 4 films d'animation.

Des ventes de billets en baisse, compensées par les records des salles Imax

Cependant les dix plus gros succès ont capté 3,6 milliards de dollars. Le marché se concentre sur des mastodontes. D'ailleurs, les recettes sont gonflées par ces mêmes mastodontes qui colonisent les salles IMAX où les billets sont plus chers. Ainsi, le nombre de billets vendus, 1,334 million au total, n'augmente "que" de 5,2%. Il y a eu davantage de spectateurs dans les salles durant les années précédentes, à l'exception de 2011 et 2014. On est très loin du score de l'année 2002 avec 1,576 million de spectateurs.
Enfin, cette hausse des recettes est bien inférieure à celle enregistrées dans des marchés comme la Chine, le Royaume-Uni, ou la Corée du sud.

Car la part de marché des Etats-Unis et du Canada anglophone continue ainsi de se réduire pour Hollywood (désormais moins d'un dollar sur trois provient du plus gros pourvoyeur de spectateurs du monde). On estime à 38 milliards de $ les recettes des films en salles dans le monde (+3,5%), très loin devant les précédents records. La Chine continue sa progression inexorable. Elle représente dorénavant 18% des recettes mondiales, avec une hausse de 50% (!) par rapport à l'année dernière. Il ne sera pas étonnant de voir de plus en plus de films hollywoodiens produits avec des critères moraux et des castings pouvant séduire les Chinois.

La plupart des hits font 70% de leurs recettes à l'étranger

Mais cette perte de l'hégémonie américaine ne contrarie pas les studios. Quatre films sont ainsi entrés dans le Top 7 historique des recettes (toujours hors inflation). Quasiment tous les films venus d'Hollywood font désormais plus de la moitié, et parfois les trois quarts, de leurs recettes à l'étranger. Dans le top 50 des recettes mondiales seuls Bob l'éponge, Pitch Perfect 2, Snoopy et les Peanuts, NWA Straight Outta Compton, Crazy Amy et Get Hard font exception. A l'inverse, les Minions, 007 Spectre, Mission Impossible Rogue Nation, Cinquante nuances de Grey, Terminator Genesys ou Taken 3, pour ne citer que les films du Top 20, captent plus de 70% des recettes hors Etats-Unis.

Un ourson et un loup sauvent le désastre des films étrangers

Et grâce à la Chine, pour la première fois, 5 films ont dépassé le milliard de dollars de recettes durant une seule année calendaire. Les productions hollywoodiennes dominent largement le Top 100 mondial, si on excepte quelques productions asiatiques qui font l'essentiel de leur business à domicile. Le premier film non américain (sans l'appui d'un studio US) ayant bénéficié d'une sortie sur plusieurs marchés est un film franco-britannique, Paddington, 25e, avec près de 260M$ (dont une grosse partie en 2014), loin devant le film franco-chinois de Jean-Jacques Annaud, Le dernier loup (123M$, 42e), énorme succès en Chine.

juliette binocheCar si les suites, remakes, spin-offs et reboots ont cartonné (12 sur 30), tout comme l'animation (7 sur 30 dont deux des plus grosses recettes du genre), les films indépendants et étrangers ont soufferts sur le sol nord américain. Paddington (film animé par ailleurs) est l'exception de l'année (37e), loin devant La femme au tableau et Indian Palace : Suite royale. Et le premier film en langue étrangère est là encore un film d'animation, en espagnol, Un Gallo con Muchos Huevos, seulement 124e (le premier film en français est Sils Maria, 182e!).

Année après année, les films en langue étrangères aux Etats-Unis séduisent de moins en moins. Si les films venus d'Inde et d'Amérique du sud résistent, c'est la bérézina pour le cinéma européen non anglophone. Depuis dix ans, seulement 8 de ces films ont rapporté plus de 9 millions de $ (dont Intouchables et La Môme côté français). A peine un par an en moyenne. En 2015, ils ne sont que 13 (dont Timbuktu) à avoir rapporté plus de un million de dollars au box office.

King Universal

Enfin, côté studios, Universal, qui a cumulé les leaders et sorti trois de ses dix plus gros hits cette année, avec 7 films au dessus de 100M$, a dominé le marché (21,3% du box office). Depuis 2000, c'est sa meilleure année mais aussi la première fois que le studio est leader annuel et la première fois qu'un studio passe le cap des 20% de parts de marché. Derrière Buena Vista/Disney, avec lui aussi trois de ses dix plus gros hits cette année et 6 films au dessus de 100M$, a vécu un superbe exercice (19,8%). Les 6 majors cumulent ainsi 80,6% de parts de marché (hors filiales indépendantes) contre 77,4% l'an dernier et 71% en 2013. Hormis Lionsgate, aucun distributeur indépendant n'a de films dans le Top 30 annuel.

La National Society of Film Critics récompense Spotlight, Carol et Timbuktu

Posté par vincy, le 3 janvier 2016

Pas de favoris du côté de la National Society of Film Critics. Mais un bon indicateur en pleine période "électorale" des Oscars. Spotlight et Carol se disputent toujours les meilleures places. Charlotte Rampling dans un film anglais et Kristen Stewart dans un film français prennent l'ascendant côté actrices. Même si Timbuktu a déjà été nommé aux Oscars en février dernier, il remporte un prix supplémentaire en bout de course, avec le prix du meilleur film en langue étrangère.

Spotlight a gagné le prix du meilleur film et celui du meilleur scénario tandis que Carol a décroché ceux du meilleur réalisateur (pour Todd Haynes) et de la meilleure photo. Mark Rylance (dans Le pont des espions) et Kristen Stewart (dans Sils Maria, d'Olivier Assayas) ont été distingués dans la catégorie meilleurs seconds-rôles masculin/féminin. Michael B. Jordan (dans Creed) et Charlotte Rampling (dans 45 Years) ont été récompensés dans la catégorie meilleur acteur/actrice.

Les critiques de New York succombent au charme de Carol

Posté par vincy, le 2 décembre 2015

Todd Haynes réussit à faire presque aussi bien qu'en 2002 avec Loin du Paradis quand il avait emporté 5 prix à l'issue des votes du cercle des critiques de New York (film, réalisateur, scénario, image - déjà Edward Lachman - et les deux seconds rôles). Cette année, avec Carol, il obtient l'image, le scénario, la réalisation et surtout le titre de meilleur film. Carré d'as. Autant dire qu'il rafle l'essentiel et que Carol est définitivement dans les starting blocks pour les Oscars (l'an dernier Boyhood avait raflé trois prix dont film et réalisateur avant de devenir l'un des films les plus primés de la saison).

Notons aussi une sorte de razzia franco-cannoise (Le fils de Saul, Timbuktu et Sils Maria, tous produits en France), qui, avec Vice-Versa, donne ainsi 8 prix, indirectement aux sélections de Thierry Frémaux.

Meilleur film: Carol
Meilleur réalisateur: Todd Haynes (Carol)
Meilleur acteur: Michael Keaton (Spotlight)
Meilleure actrice: Saoirse Ronan (Brooklyn)
Meilleur film d'animation: Vice-Versa
Meilleur documentaire: In Jackson Heights
Meilleur scénario: Phyllis Nagy (Carol)
Meilleure image: Edward Lachman (Carol)
Meilleur second-rôle masculin: Mark Rylance (Le Pont des espions)
Meilleur second-rôle féminin: Kristen Stewart (Sils Maria)
Meilleur film étranger: Timbuktu
Meilleur premier film: Le fils de Saul
Prix spécial: William J. Becker (1927-2015), patron du distributeur Janus Films
Prix spécial: Ennio Morricone (pour la musique de The Hateful Eight)

César 2015: Timbuktu triomphe avec 7 récompenses

Posté par vincy, le 20 février 2015

cesarMeilleur film (remis par Dany Boon): Timbuktu

César d'honneur (remis par Marion Cotillard): Sean Penn Producteur, réalisateur, acteur, scénariste

Meilleur réalisateur (remis par Nathalie Baye et Guillaume Canet): Abderrahmane Sissako (Timbuktu)

Meilleur premier film (remis par Zabou Breitman et Pierre Deladonchamps): Les combattants

Meilleur film d'animation (remis par Joann Sfar et Laura Smet): Minuscule

Meilleur film documentaire (remis par Charlotte Le Bon et Jalil Lespert): Le sel de la terre

Meilleur film étranger (remis par Emilie Dequenne et Lambert Wilson): Mommy (Canada)

Meilleure actrice (remis par Guillaume Gallienne): Adèle Haenel (Les combattants)

Meilleur acteur (remis par Juliette Binoche et Kristen Stewart): Pierre Niney (Yves Saint Laurent)

Meilleure actrice dans un second-rôle (remis par Céline Sallette et Joey Starr): Kristen Stewart (Sils Maria)

Meilleur acteur dans un second-rôle (remis par Géraldine Nakache et Leila Bekhti): Reda Kateb (Hippocrate)

Meilleur espoir féminin (remis par Cédric Klapisch et Cécile de France): Louane Emera (La famille Bélier)

Meilleur espoir masculin (remis par Julie Gayet et Denis Podalydès): Kévin Azaïs (Les combattants)

Meilleur scénario original (remis par Pascal Elbé): Abderrahmane Sissako, Kessen Tall (Timbuktu)

Meilleure adaptation (remis par Sylvie Testud et Abd Al Malik): Cyril Gely, Volker Schlöndorff (Diplomatie)

Meilleure musique de film (remis par Cécile Cassel et Etienne Daho): Amine Bouhafa (Timbuktu)

Meilleure photographie (remis par Alex Lutz et Stéphane De Groodt): Sofian El Fani (Timbuktu)

Meilleur montage (remis par Léa Drucker et Franck Gastambide): Nadia Ben Rachid (Timbuktu)

Meilleur son (remis par Alex Lutz et Stéphane De Groodt): Philippe Welsh, Roman Dymny, Thierry Delor (Timbuktu)

Meilleurs décors (remis par Léa Drucker et Franck Gastambide): Thierry Flamand (La Belle et la bête)

Meilleurs costumes (remis par Marilou Berry et Jean-Paul Gaulthier): Anaïs Romand (Saint Laurent)

Meilleur court-métrage (remis par Sabrina Ouazani et Félix Moati): La femme de Rio

Meilleur film d'animation - court métrage (remis par Joann Sfar et Laura Smet): Les petits cailloux

César 2015: Saint-Laurent en tête des nominations

Posté par vincy, le 28 janvier 2015

fanny ardant affiche cears 201510 nominations pour Saint Laurent. Et aucune pour Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? Mais quand même 9 pour Les combattants, 8 pour Timbuktu 7 pour Yves Saint Laurent et Hippocrate, 6 pour Sils Maria et La Famille Bélier (sérieux???). Les César ont choisi l'équilibre entre des oeuvres de réalisateurs novices et des films de cinéastes confirmés (mais jamais récompensés).
Quelques grosses surprises: Bande de filles oublié dans la catégorie meilleur film (au profit de La famille Bélier, un comble) mais Eastern Boys n'a pas manqué de marquer les votants (tant mieux). Trois coeurs complètement snobé (un scandale), Bird People quasiment oublié (une honte) mais une catégorie documentaire 5 étoiles.
Résultat des courses le 20 février, lors de la cérémonie présidée par Dany Boon. Sans véritable attente. On attendra quand même de voir comment Sean Penn recevra son César d'honneur (entre deux assoupissements). On espère que Catherine Deneuve (qui reçoit ici sa 13e nomination) sera sa remettante: l'acteur/réalisateur américain vénère la comédienne française et lui avait donné personnellement un prix exceptionnel à Cannes quand il était président du jury du Festival.  On verra aussi comment l'Académie rendra hommage à Alain Resnais.
Pour le côté people, les paparazzis attendront certainement Kristen Stewart, le couple Canet-Cotillard, la rivalité Ulliel/Niney-Gallienne/Rénier et la chanteuse de The Voice qui est nominée dans la catégorie espoir. De quoi dynamiser une audience télé en berne?

Meilleur film: Les Combattants, Eastern Boys, La famille Bélier, Hippocrate, Saint Laurent, Sils Maria, Timbuktu
Meilleur réalisateur: Olivier Assayas, Bertrand Bonello, Thomas Cailley, Thomas Lilti, Céline Sciamma, Abderrahmane Sissako
Meilleur acteur: Guillaume Canet, Vincent Lacoste, Niels Arestrup, François Damiens, Romain Duris, Pierre Niney, Gaspard Ulliel
Meilleure actrice: Juliette Binoche, Marion Cotillard,  Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Emilie Dequenne, Sandrine Kiberlain, Karin Viard
Meilleur second-rôle masculin: Eric Elmosnino, Guillaume Gallienne, Louis Garrel, Reda Kateb, Jérémie Rénier
Meilleur second-rôle féminin: Marianne Denicourt, Claude Gensac, Izia Higelin, Charlotte Le Bon, Kristen Stewart
Meilleur espoir masculin: Kevin Azaïs, Ahmed Dramé, Kirill Emelyanov, Jean-Baptiste Lafarge, Pierre Rochefort
Meilleur espoir féminin: Lou de Lâge, Joséphine Japy, Louane Emera, Karidja Touré, Ariane Lebed
Meilleur film étranger: 12 Years a Slave, Boyhood, Deux jours un nuit, Ida, Mommy, The Grand Budapest Hotel, Winter Sleep
Meilleur film d'animation: Le chant de la mer, Minuscule, Jack et la mécanique du coeur
Meilleur premier film: Les combattants, Qu'Allah bénisse la France, Elle l'adore, Fidelio, Party Girl
Meilleur documentaire: Caricaturistes - Fantassins de la démocratie, Les chèvres de ma mère, La cour de Babel, National Gallery, Le sel de la terre
Meilleur scénario original: Les combattants, La famille Bélier, Hippocrate, Sils Maria, Timbuktu
Meilleur scénario/adaptation: La chambre bleue, Diplomatie, Pas son genre, Lulu femme nue, La prochaine fois je viserai le coeur
Meilleure musique: Bande de filles, Bird People, Les combattants, Timbuktu, Yves Saint Laurent
Meilleure photographie: La belle et la bête, Saint Laurent, Sils Maria, Timbuktu, Yves Saint Laurent
Meilleur montage: Les combattants, Hippocrate, Party Girl, Saint Laurent, Timbuktu
Meilleurs décors: La belle et la bête, La French, Saint Laurent, Timbuktu, Yves Saint Laurent
Meilleurs costumes: La belle et la bête, La French, Saint Laurent, Une nouvelle amie, Yves Saint Laurent
Meilleur son: Bande de filles, Bird People, Les combattants, Timbuktu, Saint Laurent Meilleur court métrage: Aïssa, La femme de Rio, Inupiluk, Les jours d'avant, Où je mets ma pudeur La virée à Paname
Meilleur court métrage d'animation: Bang Bang!, La bûche de Noël, La petite casserole d'Anatole, Les petits cailloux

Le Prix Louis Delluc 2014 pour Sils Maria

Posté par vincy, le 15 décembre 2014

juliette binocheLe prix Louis Delluc revient cette année à Olivier Assayas pour son film Sils Maria, mise en abîme plutôt drôle du métier d'actrice et du temps qui passe. C'est la première fois qu'Assayas remporte ce prix, après 35 ans de carrière.

On s'attendait plutôt au sacre d'un cinéaste africain comme Abderrahmane Sissako (Timbuktu) ou la consécration du style de Bertrand Bonello (Saint Laurent). Mais c'est un vétéran qui l'emporte face à Ferran, Jacquot et Godard (qui l'ont déjà eu) ou Campillon et Drexel (voir la sélection complète).

Toujours est-il qu'Olivier Assayas, souvent nominé pour le Delluc est l'un des cinéastes français les moins récompensés. Quatre films en compétition à Cannes repartis bredouilles, seulement deux nomination aux Césars. Il a reçu le prix Jean Vigo en 1992 et deux prix à Venise en 2012. Sils Maria, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart, était en compétition à Cannes. Depuis 2009, c'ets le quatrième film cannois qui gagne le Delluc.

Olivier Assayas avait un projet américain avec Robert de Niro. Il semble que le tournage soit annulé. Voilà de quoi le consoler.

Le prix Louis Delluc du premier film a été décerné au film de Thomas Cailley, Les combattants, qui avait fait sensation à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes.

Les 8 films sélectionnés au Prix Louis-Delluc 2014

Posté par vincy, le 27 novembre 2014

Qui succèdera à La vie d'Adèle? Nous saurons le 15 décembre quel sera le film lauréat du Prix Louis-Delluc.

Le Festival de Cannes 5 des 8 films retenus. Parmi les sélectionnés, notons que Jean-Luc Godard, Benoît Jacquot et Pascale Ferran ont déjà reçu le prix Louis-Delluc.

Sils Maria d'Olivier Assayas
Saint Laurent de Bertrand Bonello
Eastern Boys de Robin Campillon
Au bord du monde de Claus Drexel
Bird People de Pascale Ferran
Adieu au langage de Jean-Luc Godard
Trois coeurs de Benoît Jacquot
Timbuktu d'Abderrahmane Sissako

L’instant Glam: Uma Thurman, Kristen Stewart, John Travolta, Quentin Tarantino, Juliette Binoche, Chloë Grace Moretz…

Posté par cynthia, le 23 mai 2014

quentin tarantino uma thruman red carpet cannes 2014Oyé oyé cinéphiles! Et tel le diabolique réveil qui nous sort d'un doux songe, nous voici au dernier jour de la compétition de ce 67e Festival de Cannes . Autant vous dire que l'émotion était à son comble!! Et quoi de mieux que la bonne humeur pour exprimer ses émotions. Danses, retrouvailles et complicités étaient au rendez-vous en ce neuvième jour du festival de Cannes.

The Queen Catherine Deneuve est revenue monter les marches, plus décontractée que pour le film de Téchiné, mercredi. Une robe chemise montrait bien que le Festival touchait à sa fin. Des allures de vacances donc sur les marches? Ce n'est pas l'équipe de Pulp Fiction, venue fêter le vingtième anniversaire du film palmé, qui nous fera penser le contraire. Quentin Tarantino a offert à ses fans une danse suave devant les photographes. Suivis de très près par les mouvements de vagues de John Travolta et les petits rebonds d'Uma Thurman. S'il n'y avait pas le soleil à Cannes, il aurait fallu regarder la robe jaune et resplendissante d'Uma Thurman. La Kill woman était un vrai soleil sur le tapis rouge. Elle aurait dû monter les marches lorsqu'il pleuvait la veille, ça aurait remonté le moral des troupes usées par l'alcool, le manque de sommeil et des heures passées dans les salles. On avait qu'une seule envie, celle de les rejoindre sur ce dancefloor improvisé le temps de la montée des marches. C'était jour de fête puisque Madame Doubtfire a aussi dansé sur le tapis en attendant l'arrivée de l'équipe de Sils Maria. Les festivaliers ont des drôles de façon de nous faire patienter.

L'équipe du film d'Olivier Assayas est enfin arrivée. Juliette Binoche, Chloë (Grace) Moretz et Kristen Stewart étaient au bras d'Olivier Assayas. Le trio de femmes était vêtue de blanc. De loin, on se serait cru dans le clip Partir un jour des 2be3. Chloë Moretz portait une robe à plumes qui faisait penser davantage à un bal de promo de fin de lycée qu'au Festival de Cannes. Etant donné qu'elle est encore jeune, on lui pardonne. A ses côtés une boule à facette triste... ah non c'est juste Kristen Stewart, qui a snobé avec une grâce qui ferait pâlir Surya Bonaly, les journalistes de TV festival (et le photocall du matin). L'idole des adolescents faisait comme à son habitude la tête. Lui décrocher un sourire serait comme décrocher la lune. Ah attendez... elle se mordait les lèvres comme Bella Swan lorsqu'elle regarde son vampire de chéri... Serait-elle possédée par son rôle dans la saga Twilight? La belle (parce que tout de même elle est belle) portait un costume blanc pailletée qui laissait entrevoir une envie de disco, de danse, de fête et donc de sourire. Kristen as-tu des problèmes? Veux-tu en discuter autour d'un thé? Bon, Kristen comme je l'ai fait pour ton (ex?) petit copain Robert Pattinson, je vais te conseiller pour ta prochaine montée des marches. Parce que tu vois, ça m'attriste de te voir dépressive. Cannes c'est magique, c'est prestigieux, c'est glamour, c'est un grand événement et il y a des filles qui vendraient leur cheveux pour être à ta place, alors, la prochaine fois, fais travailler tes zygomatiques. Souris au public, souris aux photographes, souris aux marches, souris même à ton portier une fois rentrée dans ton hôtel! Profite du moment présent, tu es à Cannes! Carpe Diem quoi. Prend exemple sur ta partenaire Juliette Binoche: elle n'arrêtait pas de sourire à tout le monde.

Plus tard, dans la soirée ,c'est l'équipe du film  Léviathan qui, tout sourire (regarde bien et apprend Kristen) a monté les marches du Festival de Cannes. Ils ont su fermer avec classe et dignité (pas de tétons, de trous ou de culottes qui dépassent) la compétition de cette 67e édition. Il ne reste plus, nous pauvres mortels, qu'à attendre la grande cérémonie qui sera, sans nul doute, remplit de glamour, de beauté et de faux pas.