BIFFF 2017 : rendez-vous avec Park Chan-wook, Alejandro Amenabar et Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 22 mars 2017

Qu'est-ce que le BIFFF ? Peut-être le plus grand festival du monde où le spectacle n’est pas sur un tapis rouge mais tout simplement dans ses salles de projection…

Autrement dit le Bruxelles International Fantastic Film Festival, qui fête cette année son 35e anniversaire : « On se rend très vite compte que le BIFFF comblait un manque. On se souvient de notre ami Dario Argento, de Wes Craven en train de gribouiller le scénario de 'People under the stairs' dans un resto bruxellois, de  Luc Besson qui déjà ambitieux fulmine en ratant le Corbeau d’Or avec Le dernier combat, de Peter Jackson qui nous parle d’un projet fou: l’adaptation du Seigneur des anneaux…»

Pour cette édition spéciale, le BIFFF va rendre hommage en leur présence aux réalisateurs Park Chan-wook et Alejandro Amenabar. Il y aura aussi une masterclass de Fabrice Du Welz et la première de son film Message from the King. Entre The girl with all the gifts de Colm McCarthy et The Bar de Alex de la Iglésia, en clôture et en ouverture, c’est quasiment 150 films qui seront proposés pendant une douzaine de jours. L’occasion de croiser des invités aussi différents que Yoshihiro Nishimura pour Meatball Machine Kodoku, Jason Flemyng pour son Eat Local, le jeune Nathan Ambrosioni pour son film Therapy (réalisé à 16 ans), et dans les différents jurys Macarena Gomez, Jean-Jacques Rausin et Xavier Seron, Axelle Carolyn, l’icône suedoise Christina Lindberg…

L’Asie sera comme d’habitude  très présente avec un large panorama de films dont on déplore déjà qu’ils ne soient pas (mieux) distribués en France, y compris les derniers opus des plus grands cinéastes de genre : Call of heroes de Benny Chan, Headshot des Mo' Brothers (avec Iko Uwais), Little nightmares de Takashi Shimizu, Psycho Rama de Anurag Kashyap, Operation Mekong de Dante Lam, Antiporno de Sono Sion, la version de Death Note: Light Up The New World de Shinsuke Sato, Kung-fu Yoga de Stanley Tong (avec Jackie Chan), et le célèbre Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai).

Bruxelles sera par ailleurs le lieu idéal pour découvrir en avant-première Free Fire de Ben Wheatley, The Oath de Baltasar Kormakur, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina, Small Town Killers de Ole Bornedal…

Voici un court aperçu à dominante fantasy, thriller et science-fiction de cette édition d'ores et déjà incontournable.

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35e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 04 au 16 avril 2017, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation

Bilan 2016 : le cinéma de genre en mutation

Posté par kristofy, le 28 décembre 2016

C’était quoi le cinéma de genre en 2016 ?

Depuis quelques années, en fait depuis Paranormal Activity en 2007, les films qui ont pour unique promesse de faire sursauter le spectateur avec des apparitions fantômes dans le noir ou des possessions démoniaques se suivent et se ressemblent presque tous. Cette année il y a eu par exemple Conjuring 2: le cas Enfield (29 juin), Dans le noir (24 août), Ouija : les origines (2 novembre), Don’t Breathe, la maison des ténèbres (5 octobre), et même un remake du légendaire Blair Witch (21 septembre). A noter d’ailleurs que deux films français qui, à leur manière, ont marqué le cinéma de genre tricolore ont eu leur remake en langue anglaise, Martyrs et A l’intérieur (mais aucun des deux n'est sorti en salles).

Et en France ? Il y a eu cinq films notables en 2016 qui, bien que très différents les uns des autres, ont été intéressants pour le ‘genre’. Julien Séri est enfin de retour avec Night Fare (13 janvier) et son mystérieux chauffeur de taxi, suivi de Julien Leclercq avec ses Braqueurs (4 mai). Jean-François Richet s’est retrouvé de nouveau aux commandes d’un film américain (10 ans après le remake de Assaut sur le central 13) avec Blood father (31 août) et signe par la même occasion le retour en grâce de Mel Gibson lors d’une séance de minuit au Festival de Cannes.

Cependant le genre français aura été beaucoup mieux conjugué au féminin, avec deux réalisatrices. Contrairement à leurs homologues masculins très influencés par des références américaines qu’ils reproduisent (comme ceux précédemment cités), celles-ci ont mis en images un univers bien à elles. Il y eu Evolution (16 mars) de Lucile Hadzihalilovic (qu’on attendait depuis 10 ans après Innocence) avec un petit succès d’estime et des récompenses aux festivals de San Sebastian et de Gérardmer. Mais le véritable évènement du genre a été découvert à Cannes puis récompensé dans divers festivals (Sitges, Toronto, Strasbourg, PIFFF…) et dont la sortie a été reculée au 15 mars 2017 (en parallèle avec une sortie aux Etats-Unis) : il s'agit de Grave de Julia Ducournau.

Aussi surprenant que cela paraisse le Festival de Cannes a mis en avant cette année ce genre peu habitué au glamour : Grave (à La Semaine de la Critique), Dog Eat Dog de Paul Schrader (Quinzaine des Réalisateurs), The Transfiguration de Michael O'Shea (Un Certain Regard), The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (en compétition), The Strangers de Na Hong-jin (hors-compétition) et Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho (séance de minuit).

Dans les salles de cinéma, pourtant, c'est plutôt la désaffection, à quelques exceptions près. Le spectre était pourtant varié : Midnight Special de Jeff Nichols (16 mars), 10 Cloverfield Lane (16 mars), Hardcore Henry (13 avril), Green Room de Jeremy Saulnier (27 avril), American Hero (8 juin), The Witch (15 juin), American Nightmare 3: Élections (20 juillet), The Wave (27 juillet), Dernier train pour Busan (17 août), Premier Contact de Denis Villeneuve (7 décembre), soit des extra-terrestres, des montres, des tueurs immortels, des dons surnaturels, une catastrophe naturelle, de la sorcellerie, des zombies et la fin de l'humanité.

Finalement, ce que l'on retient c'est bien le renouvellement du genre. Reprendre les vieilles recettes et les refaire non pas seulement au goût du jour, avec les moyens actuels, mais bien avec un point de vue singulier, une envie de surprendre, une volonté de donner au "genre" une profondeur avec plusieurs niveaux de lecture ou d'en faire une expérience physique et cérébrale, repoussant les limites du supportables ou explorant les limbes de nos cauchemars.

Cependant certains des meilleurs films seront restés eux invisibles, à l'exception de quelques projections dans certains festivals. Comme nous le disions récemment : « Les films fantastiques, avec des zombies, des vampires, d'horreur etc... ne manquent pas dans la production mondiale. Régulièrement les productions hollywoodiennes arrivent dans les salles. Ceux là parviennent à dépasser les 300000 entrées (voir atteindre les 700000 spectateurs comme American Nightmare 3 ou 1,5 million de spectateurs comme Conjuring 2. Pour les autres, c'est plus compliqué. Malgré leur excellente réputation et leur carton dans leur pays, les films coréens, espagnols ou japonais ont du mal à s'exporter. Et ne parlons pas du cinéma français qui prend des pincettes à produire des films de ce genre et qui quittent rapidement l'affiche une fois sorti. Quand ils ont été distribués. Qu'on aime ou pas ce genre de films, il s'agit quand même d'une diversité qu'il faudrait mieux défendre, mieux préserver. Il a peut être mauvais genre mais c'est du cinéma. Il n'y a pas de raison qu'il soit un passager clandestin dans les salles ou un apatride squattant les ordinateurs, souvent en téléchargement illégal, ou la vidéo à la demande. »

Edito: La théorie du genre

Posté par redaction, le 8 décembre 2016

Alors que le Paris International Fantastic Film Festival occupe le Max Linder Panorama, l'une des plus belles salles de Paris, depuis mardi, le cinéma de genre continue de traverser une longue crise en France. Les films fantastiques, avec des zombies, des vampires, d'horreur etc... ne manquent pas dans la production mondiale. Régulièrement les productions hollywoodiennes arrivent dans les salles. Ceux là parviennent à dépasser les 300000 entrées (voir atteindre les 700000 spectateurs comme American Nightmare 3 ou 1,5 million de spectateurs comme Conjuring 2).

Pour les autres, c'est plus compliqué. Malgré leur excellente réputation et leur carton dans leur pays, les films coréens, espagnols ou japonais ont du mal à s'exporter et, au mieux, séduisent entre 100000 et 300000 curieux. Et ne parlons pas du cinéma français qui prend des pincettes à produire des films de ce genre et qui quittent rapidement l'affiche une fois sorti. Pas étonnant que la plupart des cinéastes friands de ce style s'exilent en Californie, lassés de devoir trouver des financements, de ne pas trouver leur public. Quand ils ont été distribués.

Car il y a de nombreux films vus dans les Festivals qui ne sortent pas en salles. Comme le souligne la réalisatrice Alice Lowe (Prevenge, un Rosemary's Baby coulant sous l'hémoglobine) dans un entretien à Ecran Noir: "Ça serait dommage que le film soit découvert sur Netflix et en vidéo à la demande, je sais que c’est une possibilité mais je veux qu’il soit vu dans une salle de cinéma. En tant que cinéaste la salle de cinéma c’est le but, on se souvient toujours de certaines expériences ou émotions ou rires lors dune projection dans une salle avec du public."

Un genre qui a mauvais genre

Malheureusement, nombreux sont les films vus aux festivals de Bruxelles, Montréal, Gérardmer ou même dans les séances spéciales de grands festivals internationaux qui ne trouvent pas le chemin des salles. Une fois de plus, les festivals deviennent alors un refuge pour films réclamant l'asile d'un multiplexe. Il va être intéressant de voir comment le film de Julia Ducournau, Grave, sera reçu le 15 mars. Auréolé d'un vrai gros buzz depuis la Semaine de la critique à Cannes, ce film d'épouvante est évidemment éprouvant (à Toronto, certains spectateurs sont sortis de la salle) sera un nouveau test pour le cinéma français, devenu plutôt avare en cinéma fantastique ou d'horreur.

Au PIFFF, sept des 16 longs métrages (compétition et hors compétition) n'ont pas de distributeurs français. Qu'on aime ou pas ce genre de films, il s'agit quand même d'une diversité qu'il faudrait mieux défendre, mieux préserver. Il a peut être mauvais genre mais, comme souvent, dans le fond, ce cinéma utilise des codes cinématographiques particuliers pour parler de la société ou de l'Homme de manière allégorique ou subversive. Ce n'est que du cinéma. Justement, c'est du cinéma. Il n'y a pas de raison qu'il soit un passager clandestin dans les salles ou un apatride squattant les ordinateurs, souvent en téléchargement illégal, ou la vidéo à la demande.

Dinard / PIFFF 2016 : Rencontre avec la réalisatrice de « Prevenge » Alice Lowe

Posté par kristofy, le 6 décembre 2016

Le film Prevenge a été présenté en compétition durant le 27e édition du Festival de Dinard en octobre. Ce premier long métrage avec un humour noir particulièrement féroce montre une femme enceinte qui suit les conseils de son fœtus pour aller tuer différentes personnes sont elle veut se venger...
On croise les doigts pour une sortie du film prochainement en France, mais déjà pour les parisiens une bonne nouvelle : Prevenge est en compétition au PIFFF, le Paris International Fantastic Film Festival qui commence aujourd'hui (pour s'achever le 11 décembre) septembre au Max Linder Panorama : rendez-vous à la projection samedi 10 décembre à 19h30.

En attendant, nous avions rencontré sa réalisatrice et actrice Alice Lowe à Dinard avec son bébé dans les bras :

Ecran Noir : Après le film Touristes ou vous étiez à la fois scénariste et actrice, pour Prevenge vous êtes à la fois scénariste actrice et aussi la réalisatrice, qu’est ce qui vous a inciter à passer derrière la caméra cette fois ?
Alice Lowe : Après la belle expérience qu'a été Touristes j'ai eu envie de réaliser moi-même un film, mettre en scène c’est en fait un désir que j’avais au fond de moi depuis longtemps. Après Touristes j’avais un projet de film que je voulais faire mais ça prenait beaucoup trop de temps à se mettre en place niveau production, c’était un gros projet et donc ce n'était pas facile de trouver le budget vu que je n’avais pas vraiment d’expérience significative comme réalisatrice, à part un court-métrage. Alors il y a eu un autre projet plus simple et moins risqué au niveau du financement où j’ai pu disposer d’un petit budget avec lequel je pouvais faire ce que je voulais : et c’est devenu Prevenge. J’ai voulu proposer le scénario à un autre réalisateur qui m’a répondu que c’était trop sombre pour lui qui faisait plutôt des comédies romantiques. Il a adoré le script mais il m’a dit qu’il ne saurait pas le mettre en image et qu’il fallait que ça soit moi qui le réalise, que j’étais la meilleure personne pour en faire un bon film. A ce moment-là ce n’était pas mon projet de le réaliser parce que j’étais enceinte, j’avais beaucoup de choses à gérer et je pensais que c’était idiot de me rajouter ça en plus. C’était pourtant évident que le réaliser était la bonne décision. J’étais tellement prête depuis longtemps à réaliser un film que je pouvais faire n’importe quel film, et surtout celui-là vu le contenu de l’histoire. Comme c’était un petit budget on pouvait éventuellement se permettre de stopper le tournage une journée si j’étais malade, ou on pouvait reporter si mon bébé arrivait plus tôt que prévu. Finalement le tournage a été prévu au moment vers mon septième mois de grossesse, j’ai tourné le film en 11 jours et tout c’est très bien passé.

"Il va y avoir du sang!"

EN : Il y a plusieurs scènes de violence graphique dans le film : comment trouver l’équilibre entre montrer un peu de sang, beaucoup de sang, vraiment beaucoup de sang, est-ce que vous vous êtes fixé des limites pour les images violentes ?
Alice Lowe : Comme c’était un petit budget j’avais une complète liberté, et donc aucune limite au niveau de la violence. J’aurais voulu encore plus de scènes sanglantes d’une certaines manière mais on n’avait pas le temps. Préparer le sang et les blessures ça prend environ 2 heures, tout a été fait pour de vrai devant la caméra avec quelques pompes de faux sang et du maquillage, bref les effets spéciaux sanglants on les a fait en direct. Pour certains plans j’ai trouvé que ça ne faisait pas assez et pour que ça fasse plus il y a eu après un petit peu de post-production avec des effets numériques, mais très peu. Je ne me suis fixée aucune limite, d’ailleurs être enceinte c’est aussi à propos de ça : il va y avoir du sang! Souvent au cinéma un accouchement c’est quelqu’un qui attend dans une autre pièce et on entend des cris mais on ne voit rien, je voulais qu’on voit du sang pour ce moment. Le film se devait presque de montrer du sang pour les différentes victimes, il s’agit d’exprimer qu’une grossesse est quelque chose de dangereux. Une grossesse ce n’est pas quelque chose de doux et mignon avec des fleurs, c’est quelque chose qui transforme le corps. La grossesse c’est la destruction d’une identité et en même temps la création d’une nouvelle identité, et c'est ça que je voulais montrer de manière drôle et à la fois effrayante.

EN : Prevenge a été sélectionné à Dinard parmi les films en compétition, alors que ce type de film est souvent catalogué en séance spéciale ou en séance de minuit ?
Alice Lowe : C’est un formidable honneur d’être en compétition à Dinard, c’est valorisant d’être pris au sérieux. J'adore les films de genre comme l'horreur ou le fantastique et ça ne me dérange pas d’être programmée en séance nocturne, mais c'est bien aussi d'être en compétition avec des films qui n'ont rien à voir. Déjà Prevenge avait été choisi par la Semaine de la Critique à Venise. Nous étions ravis. Je crois que le festival de Dinard est très ouvert à promouvoir autant des comédies que des nouveau auteurs. Dinard semble très en avant-garde d’une certaine manière. Je suis très surprise des réactions des festivaliers : ici le public est très curieux et avide de nouvelles expériences cinématographiques. Quand j'ai appris que j'étais dans la compétition, ça a été: 'ouah vraiment ? oh, c'est fabuleux'. Vous savez c’est un premier film fait en onze jours avec un petit budget, alors on n’imagine pas être en compétition avec d’autres projets qui ont eu des budgets bien plus gros et des acteurs plus connus. C’est très flatteur pour ma première réalisation, une belle surprise.

"Ça serait dommage que le film soit découvert sur Netflix et en vidéo à la demande, je sais que c’est une possibilité mais je veux qu’il soit vu dans une salle de cinéma."

EN : Si quelqu’un vous dit que Prevenge est un des films favoris pour une récompense ?
Alice Lowe : C’est très gentil ça. On a une expression en Angleterre qui dit 'don't count your chickens before they're hatch' (ndr équivalent chez nous de 'ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué'). Tout ce qui se passe depuis que ce film est terminé est une surprise, chaque fois que l’on reçoit une bonne nouvelle de ce genre on est étonné. C’est un film qui m’est très personnel à propos de ma grossesse. Comment l’esprit d’une femme vit cette expérience, et je ne m’attend pas à ce que quelqu’un comprenne ça. Que beaucoup de gens apprécie et aime mon film c’est vraiment une agréable surprise. Tout ce qui arrive au film c’est comme avoir du sucre glace en plus sur le gâteau, si on gagnait un prix ça serait une cerise sur le gâteau mais on est déjà très content avec le gâteau.

EN : Quelque chose est prévu pour une distribution en France ?
Alice Lowe : Pas encore, on est toujours en discussion avancées avec des distributeurs anglais et des distributeurs américains qui sont très intéressés, on va voir pour la France et d’autres pays aussi. Quand le festival de Venise a annoncé avoir sélectionné notre film pour septembre, il était tout juste terminé. En fait il n’y a pas encore grand-monde qui a vu le film pour le moment, les gens du business en Angleterre ne l’ont pas encore vu ni même d'ailleurs certaines personnes de l’équipe (le film sortira le 10 février 2017 au Royaume Uni, ndlr). On est plutôt optimiste pour qu’il y ait une sortie en France. Ce que je veux dire c’est qu’on a vraiment fait ce film pour qu’il soit vu dans une salle de cinéma, en post-production avec le montage on a apporté un grand soin au sound-design pour un public de cinéma. Ça serait dommage que le film soit découvert sur Netflix et en vidéo à la demande, je sais que c’est une possibilité mais je veux qu’il soit vu dans une salle de cinéma. En tant que cinéaste la salle de cinéma c’est le but, on se souvient toujours de certaines expériences ou émotions ou rires lors dune projection dans une salle avec du public.

EN : Au Festival Britannique de Dinard on peut vous voir participer à deux autres films comme comme actrice : Chubby funny et Adult life skills qui sont aussi des premiers longs-métrages ?
Alice Lowe : Après avoir joué dans Touristes il y a beaucoup de gens dans l’industrie du cinéma qui ont vu et adoré ce film, et qui ont su que j’étais ouverte à participer à d’autres projets équivalents. J'étais amie avec Rachel Tunnard, je savais qu’elle était talentueuse, et quand elle a réalisé donc Adult life skills j’y ai fait un petit rôle dedans avec plaisir. Pour Chubby funny je connaissais un peu le producteur avant, le cinéma indépendant anglais est un petit monde. C’est un peu une coïncidence que je sois dans ses deux films et qu’ils soient là à Dinard en même temps que mon film Prevenge. Je me sens chanceuse que le public de Dinard puisse les voir en même temps, mais pour ce qui me concerne c’est des petits rôles où on ne me reconnait pas forcément.

BIFFF 2016 : Corbeau d’or pour le japonais I am a hero de Shinsuke Sato

Posté par kristofy, le 11 avril 2016

Le 34e BIFFF, le Bruxelles International Fantastic Film Festival, s’est déroulé comme les autres années dans une joyeuse ambiance : plus d’une centaines de films au programme, et environ 53 000 spectateurs ont été de nouveau fidèles au rendez-vous (dont l'Entarteur Noël Godin et la réalisatrice Axelle Carolyn). Les attentats du 22 mars en Belgique la semaine précédant le début du festival n’auront eu aucune incidence sur le cinéma, à l'exception de l’absence de Kevin Smith, et c’est tant mieux ! Même la zombie-parade s’est traînée dans les rues.

Une centaine de films donc, certains en avant-première mondiale ou européenne, avec de la fantasy, du thriller, de la science-fiction, des fantômes, des psychopathes divers et des zombies affamés… Les trois nouvelles répliques cultes de cette année (peut-être reprises par les Bifffeurs l’année prochaine ?) auront été “Nimus” (une petite fille qui cherche son lapin, que ses parents sont en train de manger dans What we become de Bo Mikkelsen), “la la la” (trois notes à chanter pour reconnaître la personne qui va nous aimer dans The virgin psychotics de Sono Sion) et “wunderbar” (la satisfaction des petites créatures dans Yoga hosers de Kevin Smith).

Grand prix pour I am a hero


La plupart des films ont été vus par différents jurés dans le cadre de la Compétition internationale, la Compétition européenne, la Compétition 7e Orbit, la Compétition Thriller… Cette année, l'Asie est particulièrement à l'honneur avec le Corbeau d'or pour le film japonais I am a hero de Shinsuke Sato,adaptation d'un manga.Dans un pays qui sacralise la bande-dessinée (un musée, des sculptures et des illustrations de BD sont partout dans la ville), voilà une récompense assez symbolique de la grande proximité entre 9e art et 7e art.

Ont aussi été distingués deux films coréens tandis qu'une mention était attribuée à un chinois. En revanche, Yoga hosers de Kevin Smith est une petite déception et seuls deux gros favoris ont véritablement émergé et logiquement été récompensés : I am a hero, grand prix donc, et Anacleto, agent secret, prix du public.

Les autres titres forts du BIFFF comme par exemple 31Hardcore Henry, Green room, The survivalist, Summer camp, Veteran, Memories of the sword, Scherzo Diabolico, Le cadavre de Anna Fritz... ne figuraient pas dans la compétition internationale, mais ils ont bien fait sensation. Même le très très romantique The beauty inside en provenance de Corée a laissé les Bifffeurs muets d'émotion, eux qui d'habitude n'hésitent pas à partager leur joie (quand c'est bien sanglant) ou leur désapprobation (quand c'est ennuyeux).

Tout le palmarès

Le palmarès de la Compétition Internationale, avec autour du président du jury Jaume Balaguero, les actrices Bai Ling et Jasna Kohoutova, et Marc Caro et Luigi Cozzi :

- Corbeau d’Or, Grand Prix : I am a hero, réalisé par Shinsuke Sato (le dernier film présenté en compétition aura été le meilleur, un film de zombies spectaculaire, jouissif), sortie le 23 avril au Japon.
Corbeau d’Argent ex aequoThe Phone réalisé par Kim Bong-joo (polar où un homme essaye d'empêcher sa femme de mourir un an après son assassinat)
Corbeau d’Argent ex aequoSeoul station réalisé par Yeon Sang-ho (une classique histoire de zombies sans relief mais en film d'animation, par l'auteur de The king of pigs passé par Cannes)
- Mention spéciale : The arti : the adventure begins de Huang Wen Chang (film d'animation avec des marionnettes)

Le palmarès des autres sections :

Méliès d’Argent : Demon, réalisé par Marcin Wrona (en effet une belle surprise, revoir ici)
Prix ThrillerThe Photographer, réalisé par Waldemar Krzystek
Prix du 7e Parallèle : Traders, réalisé par Rachael Moriarty et Peter Murphy (l'irrévérence british ou plutôt irlandaise frappante, des désespérés organisent des duels à mort avec à la prime les économies du vaincu)
- Prix du Public : Anacleto, agent secret (Spy time), réalisé par Javier Ruiz Caldera (son deuxième prix du public après son film précédent Ghost Graduation en 2013, il était d'ailleurs favori, à revoir ici)

BIFFF 2016 : les films dont vous êtes le héros

Posté par kristofy, le 9 avril 2016

Cette année, la programmation du BIFFF comporte trois films qui exploitent le principe dit de la caméra subjective : ce que vous voyez à l’écran est la vision du personnage via ses yeux. Le spectateur se retrouve à la place du héros, ou presque. Le procédé est surtout utilisé dans les jeux-vidéo puisque le joueur avec sa manette doit conduire une voiture ou tirer sur des ennemis en étant actif sur l’action. Le processus d’immersion fonctionne alors à plein.

Devant un film, c’est plus difficile de se croire dedans : il faut déjà s’identifier au personnage principal (La femme défendue de Philippe Harel avec sa voix d’homme qui tombe amoureux de Isabelle Carré fonctionne mieux pour les spectateurs masculins), il faut s'imaginer agir comme lui (dans le remake de Maniac par Franck Khalfoun le spectateur est donc le tueur), il faut ne pas être trop attaché à ce qui est crédible dans la réalité (dans Enter the void de Gaspar Noé vous êtes un esprit entre la mort et la vie)... Le fantastique en général offre un fabuleux terrain de jeu d'expérimentations, en voici trois en particulier au BIFFF :

Jeruzalem, réalisé par Doron et Yoav Paz : tout ce qui se passe est vu à travers des smartglasses, une paire de lunettes connectée au web qui peut à la fois enregistrer des images photo ou vidéo, faire apparaître dans un coin le profil facebook de la personne devant soi, voire communiquer avec quelqu’un d’autre via skype. Le point de vue est celui d’une jeune femme qui fait du tourisme en Israël. Avec une amie, elle découvre Jérusalem : visite de la ville, arrivée à hôtel, repas entre amis…

Environ un tiers du film montre des choses anodines, longtemps après le début on attend encore qu’il se passe quelque chose avec les créatures infernales que l’on pressent. Enfin, une alerte dans la ville, des gens courent dans la panique, il faut s’enfuir ou se cacher. Comme tout le film est raconté via des lunettes électroniques, il va donc y avoir du mouvement : images saccadées, un endroit sans lumière, une chute, on pourrait presque s’y croire face ces immenses bestioles qui nous attaquent... C'est du found-footage (connecté au web), l'immersion fonctionne donc plutôt bien, mais au fond seule l'utilisation de ce procédé rend le film original.

Pandemic, réalisé par John Suits : tout ce qui se passe est vu à travers une petite caméra située dans le casque d’une combinaison de protection contre un virus. Une petite équipe qui porte ce type de combinaison a pour mission de retrouver des personnes qui ne seraient pas infectées par le virus Fila qui transforme tout le pays en zombies… Ici, il y a surtout le point de vue subjectif de quatre personnages qui sont presque toujours ensemble, le principe de caméra subjective ne fonctionne pas vraiment puisque en fait il y a des champs contre-champs comme dans n’importe quel autre film, même des transitions via des images de surveillance vidéo et même quelques plans où des personnages sont filmés de face alors qu’il n’y a personne devant eux.

Au début, cela ressemble à beaucoup d’autres histoires du même genre, cependant au fil des rebondissements, le scénario est assez malin pour se distinguer des autres films du même acabit. Mieux, ce procédé de point de vue subjectif qui donc ne fonctionne pas se révèle pour plusieurs séquences un moyen original de filmer l’action (par exemple lors d'un combat façon fps dans une école, ou lorsqu'on est à la place d’un personnage qui se fait dévorer les boyaux…). L'immersion fonctionne moyennement, il aurait mieux valu ne garder ce procédé que pour certaines séquences, mais le film est plutôt vraiment bien.

Hardore Henry, réalisé par Ilya Naishuller : tout ce qui se passe est vu à travers les yeux de Henry (pas de caméra), dès le début du film Henry se réveille sans presque aucun souvenir et sans pouvoir parler, Henry (et donc le spectateur lui-aussi) découvre où il est et ce qui lui est arrivé : vous avez été sérieusement blessé et on vous greffe des prothèses. Soudain un commando arrive et il vous faut fuir : vous êtes alors lancé dans une folle course-poursuite pendant environ 90 minutes en Russie. Vous allez chuter de haut, courir au dessus d'un fleuve, être dans un bus en flammes; et surtout taper et tuer beaucoup d'ennemis dans la rue, dans un club libertin, dans une forêt...

L'immersion fonctionne très bien, le film est une succession de séquences complètement dingues rien que vos yeux. Pour qui n'est pas allergique aux films de genre cyberpunk et surtout pour qui aime être époustouflé par de l'action quasi non-stop dans tout les sens : rendez-vous pour découvrir cette folie en salles de cinéma le 13 avril !

BIFFF 2016 : le cinéma coréen éclatant de vitalité

Posté par kristofy, le 8 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des films de zombies divers et avariés (dans une station de ski en Autriche, en film d'animation à Séoul...), mais, cette année encore, les meilleurs thrillers sont marqués par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud.

Les débutants livrent d'ailleurs des films très aboutis et maitrisés. The Deal, premier film de Son Yong-ho qui dans un premier tiers de bobine semble s'inspirer de The Chaser (un tueur en série qui doit révéler l'emplacement des corps de ses victimes aux policiers...) mais dont le sujet se déroule trois ans plus tard : un proche d'une victime entreprend une vengeance contre le tueur qui est en prison (un moyen de le faire sortir et de le kidnapper pour le tuer...), avec une conclusion qui fait débat sur l'application de la peine de mort.

The phone de Kim Bong-joo, également un premier film, joue avec les codes du polar avec une variante de science-fiction : une bizarrerie temporelle où un veuf reçoit un appel téléphonique de sa femme un an après jour pour jour qu'elle soit retrouvée assassinée, il va alors enquêter pour faire en sorte qu'en parlant avec elle au téléphone elle évite d'être tuée un an auparavant...

Voici trois autres films coréens très différents les uns des autres mais avec une même exigence autant visuelle que narrative. Encore une fois on pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France et qu'il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Veteran, réalisé par Ryoo Seung-wan : C'est lui le spécialiste du film d'action sud-coréen depuis longtemps avec par exemple No blood no tears, Arahan, Crying first, The Unjust (tous directement en dvd, sauf The city of violence qui a eu une sortie en salles). Un flic aussi habile pour se battre qu'intègre en toutes circonstances va enquêter contre un puissant dirigeant d'entreprise chez qui un syndicaliste aurait été retrouvé 'suicidé'...

Le film est généreux avec deux longues séquences d'ouverture pour en même temps présenter les membres de l'équipe de police et le début de l'intrigue, surtout l'occasion de deux séquences d'action (bagarre contre plusieurs dans un garage, arrestation à plusieurs d'une bande dans un port) à la fois drôles et spectaculaires avant de rentrer dans le vif de l'histoire. Tout à fait le genre de film qui rend jaloux et envieux ceux qui ont œuvré à Taken 3 ou Die Hard 4...

The exclusive : beat the devil's tatoo, réalisé par Roh Deok : Derrière ce titre en anglais improbable il y a une réalisatrice (son deuxième film, à 36 ans), car oui en Corée du Sud il y a des femmes qui dirigent des polars ! Elle confronte deux univers qui font des enquêtes : la police et la télévision. Un reporter se fait virer de sa chaine mais va tout de même voir un témoin qui avait téléphoné pour une info à propos d'un serial-killer. Il revient avec une lettre manuscrite du tueur inconnu qui y confesse ses crimes : le voila de nouveau réembauché avec ce scoop diffusé à l'antenne.

Les policiers qui enquêtaient dans une autre direction veulent en savoir plus sur sa source mais, petit problème, il s'agît d'une méprise qui n'a rien à voir avec l'individu recherché. Trop tard, la machine médiatique et policière est lancée et son erreur devient impossible à révéler tandis que le véritable tueur va continuer ses crimes... Le film est plus centré sur le fonctionnement des médias mais il contient aussi sa part de scène d'action (dont un duel brutal impliquant une troisième personne pendue...). Pour qui a trouvé le temps bien long devant Zodiac ou Spotlight...

Memories of the sword, réalisé par Park Heung-sik : La Corée du Sud, c'est aussi tout un pan de films de sabres en costumes, celui-ci est un peu la réponse coréenne aux voltiges de Tigre et dragon, aux combats du Secret des poignards volants, aux chorégraphies de Yuen Woo-ping dans Kill Bill 1&2, à l'esthétisme de The assassin... Une jeune fille qui n'a pas encore 20 ans mais est déjà experte en arts-martiaux dédie sa vie à venger l'assassinat de ses parents, mais elle ignore des secrets sur ses origines. En même temps se trame un complot politique pour prendre le pouvoir sur le trône...

On y retrouve la star Lee Byung-hun (révélé avec A bittersweet life, Le bon la brute et le cinglé, J'ai rencontré le Diable, puis GI Joe, Terminator genisys...), Jeon Do-yeon (à Cannes dans Secret sunshine, The housemaid...) et la jeune Kim Go-eun (à Cannes l'année dernière avec Coin locker girl) dans des combats virtuoses en suspension ou avec des ralentis. Les décors et costumes sont majestueux, le film est à la fois spectaculaire pour l'action et émouvant dans sa résolution. Tant de somptuosité donne la larme à l’œil...

BIFFF 2016 : le cinéma espagnol n’en finit plus de surprendre

Posté par kristofy, le 7 avril 2016

Le BIFFF a su comme à son habitude trouver des pépites de films fantastiques au Brésil ou au Danemark par exemple, mais, cette année encore, le genre est dominé par le savoir-faire et l'excellence de la Corée du Sud et de l'Espagne. En plus de Summer Camp de Alberto Marini (et coproduit par Jaume Balaguero) qui rivalise (en mieux) avec des productions américaines, voici trois autres films espagnols très différents qui rivalisent d'originalité et d'inventivité. On pourrait d'ailleurs se dire que puisqu'il n'y a pas d'équivalent en France, il serait bon de distribuer ces films en salles de cinéma...

Anacleto, agent secret , réalisé par Javier Luiz Caldera : Son film précédent Ghost Graduation était le grand gagnant du BIFFF 2013 avec le doublé idéal Corbeau d’or et Prix du Public, et là encore il est favori pour au moins le Prix du Public avec son mélange action et comédie irrésistible.

Si on devait comparer Javier Luiz Caldera (toujours inconnu en France), il serait un peu comme un mélange des britanniques Matthew Vaughn & Guy Ritchie +Edgar Wright & Simon Pegg...

En guise d’ouverture, on découvre un agent secret âgé mais au smoking irréprochable qui ne peut empêcher l’évasion d’un criminel qu’il avait mis en prison et qui jure de se venger sur ce qui lui est plus cher : son fils. Le fils est un trentenaire malchanceux qui vient d’apprendre que sa fiancée le quitte et qui a toujours cru que son père était fabriquant de saucisses, et qui se retrouve pourchassé désormais par des tueurs : il va découvrir l’activité d’agent secret tout en essayant de re-séduire son ex-fiancée…

On retrouve au générique Imanol Arias, Quim Gutiérrez et surtout Carlos Areces et Alexandra Jiménez qui étaient déjà dans son film précédent. De retour au BIFFF, Javier Luiz Caldera a expliqué : « L’inspiration est venue de la bande-dessinée du même titre qui date d’il y a environ 30 ans, j’en suis fan, c’était une parodie de James Bond avec un humour un peu naïf. On y a mis notre humour à nous d’aujourd’hui, et surtout on a actualisé le personnage en lui donnant un fils qui ne connaît pas les activités de son père »

Le cadavre de Anna Fritz, réalisé par Hector Hernandez Vicens : Une célèbre actrice est retrouvée morte et son corps vient d'arriver à la morgue d'un hôpital... Evidemment, deux potes demandent à leur ami qui y travaille de les laisser voir ce corps qui les faisait fantasmer. Evidemment, ce trio devant ce beau corps nu ne va pas faire que regarder. Evidemment, cette partie de sexe nécrophile improvisée a pour effet de faire se réveiller la star qui n'était pas vraiment morte... Que faire ? Assumer ce type de viol étant impensable, puisque tout le monde la croyait morte, alors autant qu'elle le reste, elle et tous les témoins potentiels...

Le point de départ est une idée macabre, plutôt traitée comme une comédie au début, mais qui tourne vite au thriller claustrophobe et au suspens (forcément à couper au couteau). Le film a fait le tour des festivals (South by Southwest, Neuchâtel, Sitges...) avec à chaque fois le même engouement.

Tout comme au BIFFF qui est tombé sous le charme de l'actrice Alba Ribas : « Jouer une morte qui revient à la vie c’est plutôt particulier comme rôle, durant la préparation j’ai passé un peu de temps avec un médecin spécialiste des sorties de coma. Avec toute l’équipe on a eu 3 semaines de répétition, on a travaillé sur la confiance entre nous puisque il y a quelques scènes de nudité et d’autres de bagarres. La dernière semaine on a fait une répétition du film dans l’ordre chronologique, ce qui aussi aider le réalisateur à clarifier ce qu’il voulait et ce qu’il ne voulait pas. Le film montre surtout une capacité à faire des choses insensées pour sauvegarder l’honneur de sa vie sociale»

Mi gran noche, réalisé par Alex de la Iglésia : On y retrouve plusieurs de ses acteurs fétiches comme Santiago Segura, Hugo Silva, Carlos Areces (extraordinaire déguisé en Russe), Terele Pávez, Mario casas, sa muse et compagne Carolina Bang, et égalementPepón Nieto, vedette du film avec la belle Blanca Suárez. Presque tout le bottin du cinéma espagnol réuni !

On est en octobre 2015 sur le tournage de l’émission spéciale de télévision du nouvel an 2016, et le tournage est long et chaotique. Un vieux chanteur de charme ne supporte pas de passer après un nouveau chanteur à la mode, une danseuse récupère le sperme d’une vedette pour du chantage, un nouveau figurant pour le public est coincé entre son devoir d’aller chercher sa mère et une jolie inconnue pas farouche, les deux animateurs se disputent, les techniciens redoutent d’être sur la liste de qui sera viré, un homme s’est incrusté avec un pistolet pour tuer une star, et à l’extérieur une manifestation dégénère… Bienvenue dans les coulisses d’un plateau de télé version Alex de la Iglésia !

Le point commun de la plupart est le désir de ne plus être figurant de sa propre vie et de faire en sorte que ça change… On est loin de l’extravagance de 800 balles, Balada triste, Les sorcières de Zugarramurdi, c’est plutôt une folle comédie du genre Le crime farpait ou Un jour de chance. A noter que Mi gran noche est en fait co-écrit par Alex de la Iglésia et son complice habituel Jorge Guerricaechevarría (plus de 10 films ensemble, il est aussi scénariste du succès El nino par Daniel Monzon, toujours inédit en France…), et que faute de réactivité côté distributeur français il y a un risque de sortie directe en vod puisque leur dernier film El Bar dont le tournage s'est achevé en février est déjà prêt pour Cannes ou Venise…

BIFFF 2016 : les fantômes font-ils encore peur ?

Posté par kristofy, le 6 avril 2016

Strange houseS'il y a un endroit où il n’est pas rare de se retrouver face à un fantôme, c’est bien le festival fantastique de Bruxelles, et de manière générale se faire tuer ou revenir d’entre les morts est d’ailleurs un peu la vie du BIFFF…
On attendait donc beaucoup des maîtres asiatiques avec leurs nouveaux films du genre spooky, tout en étant curieux des autres apparitions d'esprits, et finalement la véritable bonne surprise est venue de Pologne.

On a apprécié la belle ambiance étrange avec Sensoria, où une fillette recherche une mère en Suède, la vengeance sanglante d'orgueil adolescent dans Some kind of hate aux Etats-Unis, ou encore l'invocation d'un mauvais esprit qui ne veut plus partir en Russie avec le passable Queen of spades, mais trois films en particulier nous ont marqués :

The strange house, réalisé par Danny Pang : les frères Pang resteront toujours les réalisateurs qui ont secoué Hong-Kong avec leurs premiers films Bangkok Dangerous et The Eye (d’ailleurs ils ont ensuite eu des remakes américains). Danny et Oxyde Pang travaillent ensemble sur leurs films mais depuis quelques années, ils travaillent parfois en solo surr certains projets. La France les a quelque peu oubliés depuis Re-cycle pourtant présenté à Cannes en 2006 alors que depuis il y a eu tout de même le succès chinois Out of inferno 3D (d’ailleurs passé par le BIFFF en 2014, sorti directement en dvd en 2015).

Hélas ce n’est pas avec The strange house que ça va changer : une jeune fille accepte la proposition de se faire passer pour une autre morte qui lui ressemble face à une grand-mère presque mourante, elle va voir des fantômes dans cette autre famille qui semble vouloir la tuer pour un héritage à moins que… Le scénario bancal peine à se redresser avec un twist final, les personnages sont outrageusement mal joués, la musique et les effets sonores essaient de sauver une mise-en-scène guignolesque. On espère que Danny Pang a été plus inspiré pour son film suivant Blind Spot

Ghost theater, réalisé par Hideo Nakata : Même malheureux constat d'oubli pour l’auteur de Ring et Dark water, mais en moins pire. Depuis Chatroom son thriller américain en 2010 ses autres films d’épouvante tournés au Japon (The suicide forest, The complex…) ne sortent plus en France, pas même son remake très réussi de Monsterz que Hideo Nakata était pourtant venu présenté à Deauville en 2014 (et toujours pas disponible non plus en dvd).

Avec Ghost theater il reprend ghost theatre la classique figure de la poupée maléfique, ici elle est sur la scène d’un théâtre comme accessoire d’une grande pièce dont c’est les répétitions et différentes actrices dans le rôles principal vont être troublées par cette poupée qui va faire perdre la vie à différentes personnes de la troupe… Histoire classique sans surprise, le déroulé en images est plutôt lent et ne fait d’ailleurs jamais peur, le film ne laisse aucun souvenir particulier sauf si on en était encore au début des années 2000. Un faux-pas de Hideo Nakata sans conséquences.

Demon, réalisé par Marcin Wrona : Il s’agit du troisième long-métrage de ce Polonais habitués des festivals (ses deux premiers films ont eu de multiples récompenses), son dernier film aussi puisqu’il s’est suicidé à l’automne dernier à 42 ans… Le début de Demon est un peu laborieux avec un jeune-homme qui s’apprête à se marier avec une femme dont il ne connaît pas vraiment la famille, le couple prévoit des travaux dans une ancienne maison et en creusant un trou lui va découvrir un squelette. La cérémonie du mariage commence et elle va durer toute la nuit, et ce sont ces heures de fête pour les uns et de malheurs pour les autres qui occupent alors toute la durée du film : depuis sa macabre découverte le marié ne semble plus être le même, son esprit serait possédé par l’âme d’une fille décédée depuis plusieurs générations…

Marcin Wrona réussit le tour de force de faire plutôt une comédie à partir d’un cas de possession, il utilise la figure d’un dibbouk (l’âme d’une personne morte qui s’attache à un vivant dans la religion juive) peu traitée au cinéma, il fait le portrait de la Pologne d’aujourd’hui tout en évoquant celle d’antan, et surtout son récit est celui d’un mariage où les proches de la mariée (le père qui réprouve cette union, le prétendant éconduit, le prêtre qui veut surtout rentrer chez lui, un médecin qui se cache son alcoolisme…) tentent de sauver les apparences afin que tout se passe bien pour les nombreux invités alors que le marié n’est plus du tout lui-même… Demon est original parce qu’il s’éloigne d’un fantôme qui fait peur aux vivants (et au spectateur) et s'intéresse plutôt aux conséquences dramatiques de son apparition avec en prime un certain humour : une belle surprise.

BIFFF 2016 : 31, le nouveau Rob Zombie

Posté par kristofy, le 2 avril 2016

Ses images ne laissent personne indifférent, à tel point que pas grand-monde ne se souvient de lui comme un musicien (son groupe White Zombie) qui a choisi un jour de faire du cinéma, mais bien comme un réalisateur de film : Rob Zombie. En matière de film d’horreur, il s’est vite imposé comme étant très efficace : avec plusieurs degrés de violence, autant psychologiques que physiques. La maison des 1000 morts (2003), The Devil’s rejects (2005), Halloween (son remake, 2005), Halloween 2 (sa suite, 2008), The Lords of Salem (2013) sont autant de films d’horreur très ou peu recommandables, selon si vous avez le cœur bien accroché ou pas…

Son dernier film 31 n'a été montré qu’une seule fois lors du festival de Sundance avec comme écho qu’il s’agirait de son film le plus violent… Il vient d’être découvert au BIFFF : en quelques mots, c’est en effet très violent, mais pas du tout le meilleur film de Rob Zombie.

La séquence d’introduction est très simple et diablement efficace : juste un champs/contre-champs avec une victime attachée et son bourreau lancé dans une tirade avant de la tuer à coups de hache : « on m’appelle le Punisseur ».

Après le générique, changement de décor : une joyeuse troupe de saltimbanques voyage sur une route désertique dans un vieux van. On fait connaissance avec chacun des personnages lors d’un arrêt à une station service, puis ce soir du 31 octobre 1976 les voilà sur une route bloqués par des épouvantails. Certains seront tués sur place et les 5 autres sont faits prisonniers dans un vaste entrepôt industriel. Ils sont obligés de participer au 31, un curieux jeux pervers où le but est de rester survivant assez longtemps tout en étant pourchassés par différents tueurs psychopathes…

Tout est grandiloquent et guignolesque depuis les décors jusqu'aux différents ‘méchants’ sadiques. Dès lors, le film n’est plus qu’une suite de tableaux où différents maniaques (dont un nain nazi, deux frères avec des tronçonneuses…) s’acharneront à vouloir tuer une par une ces 5 personnes piégées. On assiste alors à un véritable jeu de massacre.

Rob Zombie s’était servi un très bon jeu qu’il n’a pas su bien jouer : un casting qui joue la carte de la mixité avec au départ plusieurs figures black (mais comme un mauvais cliché ce sont eux qui vont mourir d’abord) et quasiment tout le monde approche la cinquantaine (donc aucune écervelée qui va hurler) avec bien entendu comme dans ses autres films son actrice-muse et épouse Sheri Moon Zombie (sans suspens on devine que bien d’autres vont mourir avant elle), on retiendra en particulier les visages de Meg Foster (courageuse victime) et de Richard Brake (effrayant bourreau).

Il y a déjà eu bien d’autres films où un groupe de personnes se retrouvaient victimes pour le plaisir sadique de quelques bourreaux (ne serait-ce que American Nightmare 2 ou Hostel 3) mais avec tout de même une idée de scénario en guise de prétexte, il apparaît qu'avec 31 les séquences d’horreur ont été plutôt prétexte à un scénario (d’ailleurs pas très solide), dommage. 31 est très réussi dans un genre brutal, tellement qu’une sortie en salles de cinéma s’annonce compliquée mais on espère pas désespérée...