Le gouvernement espagnol assassine son industrie cinématographique

Posté par vincy, le 4 octobre 2012

Le Festival de San Sebastian vient de s'achever. Les prix décernés à des films espagnols sont malheureusement l'arbre qui cache une forêt dévastée. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy continue de couper sauvagement dans un secteur culturel qu'il considère comme hostile à son parti.

Le secteur cinématographique n'est pas épargné alors que la fréquentation des salles de cinéma est en forte baisse. A la même époque, on comptait 4 films au dessus des 20 millions de $ au box office, 5 en 2010, 3 en 2011. Ils ne sont que 2 en 2012 : Intouchables (voir actualité du 10 septembre) et The Avengers. Pire, le plus gros succès espagnol est Tengo ganas de ti avec seulement 15,4 millions de $ (1,5 millions de spectateurs), deux fois moins que Torrente 4 (2,6 millions d'entrées) l'an dernier ou Agora en 2009 (3,5 millions d'entrées).

L’ICAA (Instituto de la Cinematografia y las Artes Audiovisuales) va perdre 30 % de sa dotation en 2013. Elle s’élevait en 2012 à 68,86 millions d'€. Le Fonds National de la Cinématographie, de son côté, passera de 49 M€ à 30 l’an prochain. L'Etat se désengage aussi des musées et des centres culturels espagnols à l'étranger.

Le secteur culturel contribue pourtant à 4% du PIB espagnol et fait vivre 600 000 personnes.

Ce carnage budgétaire annonce de mauvais jours pour l'une des productions cinématographiques européennes les plus vivantes. Et ce n'est pas la hausse de la TVA le 1er septembre dernier qui va l'aider. Malgré les groupes de pression et la mobilisation des artistes (La crise espagnole va faire mal au cinéma, qui se rebelle), la culture a perdu la bataille.

La TVA sur les produits culturels est passée de 7 à 21%, soit la taxe la plus élevée d'Europe pour le secteur. Autant dire que les salles se vident (-32% depuis 2004!) et le piratage explose. On s'attend à une chute de la fréquentation de plus de 28% d'ici la fin de l'année : une apocalypse. Une salle sur cinq pourrait fermer. 2 000 emplois sont en péril selon une étude du cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers (PwC). Ainsi le propriétaire de la chaîne de cinémas Renoir, Enrique Gonzalez Macho, également président de l'Académie du cinéma espagnol, vient de baisser le rideau dans plusieurs villes comme Bilbao, Saragosse ou Barcelone. Il possédait 250 salles. Il ne lui en reste plus que 60.

Le gouvernement ne veut rien savoir et fait la sourde oreille. Pour lui, le cinéma n'est pas un produit culturel mais un divertissement. Ainsi les spectacles (théâtre, cinéma, concerts, opéra) voient leur TVA bondir tandis que les musées, bibliothèques et galeries d'art ont réussit à contenir la hausse de la TVA (de 8 à 10%). Le secrétaire d'Etat à la culture paraît fataliste et semble impuissant. Le gouvernement a bien prévu de favoriser le mécénat et les exonérations fiscales en guise de compensation mais aucune de ces aides n'a été votée.

Revanche politique sur la défaite en 2004 du parti actuellement au pouvoir comme l'estime la profession? Il y a 8 ans, les professionnels avaient en effet mis tout leur poids médiatique dans la balance pour s'opposer à l'engagement du pays dans la guerre en Irak. La gauche était passée.

Les conséquences de cette politique de la terre brûlée sont simples : moins de films espagnols produits (environ 200 par an), moins de salles de cinémas, moins de spectateurs. La part de marché des films étrangers va exploser. Les cinéastes espagnols les plus connus iront tourner à l'étranger. L'Espagne tire un trait sur l'exportation de sa culture, instrument diplomatique et économique essentiel pour le monde hispanophone dans un contexte où le Japon, la Corée du sud, la Chine ont décidé d'en faire leur vitrine.

En pleine incertitude sur ses futurs moyens, l'industrie cinématographique a déjà anticipé l'onde de choc. La production de films a baissé de 40% au premier semestre 2012! C'est la pire crise depuis l'arrivée de la démocratie dans le pays dans les années 70.

A cela il faut ajouter la faillite des studios de la Ciudad de la Luz à Valence. Créés il y a 5 ans (avec le tournage d'Astérix aux Jeux Olympiques), ils n'ont pas pu rivaliser avec les innombrables studios qui sortent de terre chaque année et les coûts de productions en Europe centrale ou au Maroc. Valence n'a même plus de festival de cinéma (voir également La crise touche les festivals de cinéma en Espagne, excepté San Sebastian).

Un gâchis global et gigantesque pour l'un des cinémas les plus passionnants et les plus diversifiés dans le monde. En 2011, déjà, pour la première fois depuis 1995, le cap des 100 millions d'entrées n'avait pas été franchis. L'âge d'or serait-il à son crépuscule?

James Bond 23 : d’une pré-production laborieuse à une suspension attendue

Posté par vincy, le 21 avril 2010

Comme à son habitude Eon productions, en charge des James Bond, avait distillé rumeurs et faits. Ce qui était avéré : le réalisateur (Sam Mendès), l'acteur (Daniel Craig)... et c'est tout. Ce qui semblait presque certain: le château de Versailles comme décor d'une des séquences du 23e épisode officielle de la série. Ce qui devenait hypothétique : la James Bond Girl. Jennifer Aniston était sur les rangs avec acharnement, Freida Pinto était sur le point de signer le contrat. Et on en passe (chanson du générique, scénario...).

La mise en production des 007 est toujours laborieuse et, comme par magie, tout se met en place le jour J.

Mais là point de jour J. Et le 23e James Bond ne devrait pas sortir comme prévu en novembre 2011. Les producteurs ont suspendu la production pour une durée indéterminée. Derrière cette décision, il y a le problème plus global de la vente du studio MGM. Pour l'instant, la vente est toujours en cours, et traîne, ce qui hypothèque l'avenir d'un studio financièrement mal en point et incapable de "suivre" une production de cette ampleur. Après les échecs du remake de Fame, de la Panthère Rose 2, ou encore de Lions et Agneaux, et relative faible rentabilité de Walkyrie, la MGM est à sec. Et elle a d'autres projets dispendieux en chantier comme Bilbo le Hobbit qui doit commencer en juillet.

Dans l'attente d'un nouveau co-producteur plus solide, Eon productions prend un gros risque. Réalisateur, star et scénariste pourraient en profiter pour revoir leur planning et se lancer dans d'autres projets, reculant ainsi un peu plus le tournage du film, même si le financement est bouclé.

La MGM n'en est pas à sa première crise, et n'est pas la seule à subir la crise (Disney est en passe de revendre Miramax a ses créateurs , les Frères Weinstein, New Line Cinema a été absorbé par la Warner...). La MGM doit cependant trouver 3,7 milliards de dollars pour satisfaire ses créanciers. Trois groupes ont formulé des offres de rachat
La Metro Goldwyn Mayer va-t-elle échapper aux prédateurs qui la convoitent ? Ses créanciers pourraient éviter un tel affront au célèbre studio de cinéma qui a produit les plus mythiques films de l’histoire du cinéma. Pourtant, la MGM doit trouver près de 3,7 milliards de dollars.Trois groupes ont formulé des offres (jugées insuffisantes) : Access Industries, Lions Gate Entertainment et Time Warner. La MGM ne veut pas se vendre à moins de 2 milliards de $, valeur de son catalogue de 4 000 titres.Les prétendants répliquent qu'elle ne produit que 7 à 8 films par an, et qu'hormis les James Bond, aucun n'apporte une véritable valeur ajoutée.

Il ne reste à la MGM que deux solutions : se "brader" ou obtenir un report de l'échéance du paiement de ces dettes. En attendant, l'espion de sa majesté est au chômage technique.

Un studio pour des films low-costs ?

Posté par vincy, le 12 juillet 2009

Les gros studios licencient et n'hésitent plus à rayer un projet de leur agenda. Dernier en date, la Columbia a éjecté Steven Soderbergh de son nouveau film avec Brad Pitt, jugeant le scénario du cinéaste peu convaincant.

Des structures indépendantes comme The Weinstein Company sont menacées par des trésoreries mal en point. D'autres ont déjà été absorbées ou fermées. Antonio Banderas s'alarmait il y a deux jours au festival de Karlovy-Vary du manque de financement possible pour des films d'auteurs : "La crise nous a pris par surprise et nous poignarde dans le dos, il est très difficile d'obtenir le moindre penny d'une banque, nous sommes dans une situation très difficile maintenant."

Mais il y aussi ceux qui osent se lancer dans l'aventure. DF Indie Studio veut se distinguer par ses prix et projette de financer et de distribuer une dizaine de films par an pour un coût de production égal ou inférieur à 10 millions de dollars. Typiquement le genre de films très difficiles à monter sans une star ou un auteur reconnu internationalement. Les studios préférent se concentrer sur un modèle économique plus rassurant, mais aussi plus cher (films à gros budgets, frais de marketing gigantesques, star système...), en s'associant entre eux pour produire des blockbusters qui ne sont rentabilisés qu'en inondant les multiplexes du monde entier.

La nouvelle société, basée à New York, combinera "le meilleur des grands studios avec l'efficacité de coûts des productions indépendantes", et proposera "un modèle financier très attractif pour des investisseurs", ont affirmé dans un communiqué ses deux fondatrices, Mary Dickinson et Charlene Fisher, consultantes dans le marketing et la finance.

DF Indie Studio (DFIS) veut restreindre ses prix et superviser la totalité du processus, de la création à la distribution. Bien que "low cost", les films de DFIS n'en seront pas moins "commercialement viables" et produits par "une équipe de producteurs ayant une solide expérience en termes de succès au box-office", soulignent les fondatrices. Plusieurs producteurs cotés se sont associés à l'entreprise, dont la société That Is That, les frères Ridley et Tony Scott ou encore Jennifer Fox. L'actrice Tilda Swinton est membre du conseil de surveillance.

Erreur de la banque en votre faveur : une erreur gentillette

Posté par Morgane, le 6 avril 2009

darroussin lanvin erreur de la banque« - Il paraît qu’à New York il y a des mecs qui se jettent par la fenêtre.

- Et alors, qu’est-ce que t’en as à foutre toi, tu habites au rez-de-chaussée .»

L’Histoire : Lorsque Julien Foucault, maître d’hôtel de la très vénérable banque d’affaires Berthin-Schwartz, apprend son licenciement, il y voit l’occasion de réaliser son rêve de toujours : ouvrir un restaurant avec son meilleur ami Etienne.Pourtant, après 17 ans de bons et loyaux services, la banque lui refuse tout appui financier. Julien décide alors de tirer profit des informations confidentielles dont usent ses employeurs, mais ces derniers le prennent en flagrant délit d’initié et décident de lui jouer un tour machiavélique…

Notre avis : Sortant en salles en pleine crise économique mondiale, Erreur de la banque en votre faveur, pourtant produit bien avant celle-ci, se révèle un très bon remède anti-crise. En effet, les petites gens (ici Gérard Lanvin et Jean-Pierre Darroussin), que les grandes banques ne veulent en aucun cas aider, deviennent des Robin des bois des temps modernes, volant aux plus riches en écoutant aux portes et redistribuant aux gens de leur quartier.

Gérard Bitton et Michel Munz, scénaristes des deux volets de La vérité si je mens ! et réalisateurs de Ah ! si j’étais riche (dans lequel Jean-Pierre Darroussin jouait déjà) repassent derrière la caméra avec un nouveau film touchant, une fois encore, à l’argent.

Comédie dans laquelle les acteurs sonnent juste, Erreur de la banque en votre faveur joue néanmoins un peu trop avec les stéréotypes et la subtilité ne répond pas toujours présente. Les gros méchants sont bien ceux auxquels on pense (les riches) tandis que les pauvres, enfin les classes moyennes, sont les gentils de l’histoire. La générosité et l’entraide sont mis en avant ainsi que l’amitié qui unit les deux compères, Julien et Etienne. Cependant, il faut avouer que dans le contexte actuel, Erreur de la banque est un film ancré dans son époque, qui fait sourire et qui redonne quelques couleurs à la comédie française d’aujourd’hui. Le grand film est loin d’être au rendez-vous mais le bon moment, lui, oui.

Jamie Bell sera Tintin

Posté par vincy, le 27 janvier 2009

jamie bellRévélé en 2000 avec Billy Elliot, le comédien Jamie Bell a été choisi par les réalisateurs Steven Spielberg et Peter Jackson pour incarner le reporter créé par Hergé il y a 80 ans. Le jeune anglais a, depuis, été repéré dans King Kong (de Peter Jackson), Mémoires de nos pères et Jumper.

La production vient de commencer, après quelques mois d'incertitudes : après le lâchage de Universal, Sony avouait ne pas pouvoir supporter seul le projet trop coûteux (100 millions de $ de budget). Grâce à la reprise par Paramount de la trilogie, la pré-production a été lancée cet automne. En pleine crise économique, Hollywood se méfie du projet de Spielberg et Jackson, sans doute rentable à l'international, mais pas forcément sur le marché américain, où Tintin est relativement peu connu.
Adapté de l'album "Le secret de la licorne" (11e album, édité en 1943), le film est réalisé dans une 3D ayant recours à la technologie de capture de mouvements. Tintin a été scénarisé par un spécialiste en comédie, Steven Moffat (les séries "Coupling" et "Docteur Who"), et les compères plutôt adeptes de séries B, Edgar Wright et Joe Cornish (Ant Man).

Au casting, on retrouvera Andy Serkis, le célèbre Gollum du Seigneur des Anneaux, en Capitaine Haddock, Simon Pegg et Nick Frost (Dupont et Dupond), Toby Jones et ... Gad Elmaleh (dans le rôle d'un ventripotent trafiquant d'opium, Omar Ben Salaad). Pour Rakham le rouge, c'est James Bond qui s'y colle, puisque Daniel Craig a été choisi. celui-ci avait déjà travaillé avec Spielberg dans Munich. A noter que Bell et Craig sont à l'affiche actuellement du film Les insurgés.
Avec un an de retard, la sortie est désormais prévue pour 2011 ; en Europe, c'est Sony qui sera en charge de la distribution. D'ici là, Jackson devrait tourner le deuxième épisode de la franchise et Spielberg espère pouvoir financer son biopic sur Abraham Lincoln.

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