Les années Jajacobbi : Cannes 1978

Posté par vincy, le 14 mai 2014

La révolution

Arrivé en 1976, nommé délégué général pour l'édition 1978, Gilles Jacob va révolutionner le Festival de Cannes dès sa première année. Il réduit la durée de la manifestation, créé des séances de minuit, compacte la compétition à une vingtaine de films, créé la Caméra d'or, qui récompense le meilleur premier film toutes sélections confondues, et rationnalise les sections parallèles de la Sélection officielle : ainsi naît Un Certain Regard, qui regroupe Les Yeux Fertiles, L’Air du temps et Le Passé composé, afin de mieux lutter contre la Quinzaine des réalisateurs.

Il transforme aussi les jurys : désormais ce seront des personnes du cinéma qui jugeront la compétition.

Pour "son" premier Festival, Gilles Jacob a sélectionné de grands noms, mais pas seulement. Jules Dassin côtoie Rainer Werner Fassbonder, Peter Handke Paul Mazursky, Carlos Saura, Louis Malle... 1978 c'est l'année de Rêve de singe de Marco Ferrerri, L'empire de la Passion de Nagisa Oshima, La dernière valse, premier documentaire de Martin Scorsese, Ecce Bombo, deuxième long métrage d'un certain Nanni Moretti.

Les festivaliers ont partagé les souffrances de Jane Fonda dans Coming Home (Le retour) d'Hal Ashby, d'Isabelle Huppert dans Violette Nozière de Claude Chabrol, de Brad Davis dans Midnight Express d'Alan Parker. L'ambitieuse fresque d'Ariane Mnouchkine sur Molière deviendra trois ans plus tard un feuilleton épique de la télévision. Première grande tentative transmédia de l'histoire du cinéma français.

Mais la Palme d’or revient à un réalisateur discret, Ermanno Olmi, pour sa chronique de 5 familles dans une ferme lombarde au 19ème siècle. 15 ans après avoir présenté Les fiancés sur la Croisette, le cinéaste italien est sacré avec L'Arbre aux sabots, fiction aux allures de documentaire ethnologique.

La première Caméra d'or est décernée à Robert M. Young pour Alambrista.

Festival de Cannes : Pierre Lescure, Président +, Gilles Jacob, Président d’Honneur

Posté par vincy, le 14 janvier 2014

pierre lescure à cannesCannes +? Pierre Lescure, 68 ans, a été élu président du Festival de Cannes. C'était plus ou moins prévisible depuis les révélations de la fin de semaine dernière. L'ancien patron de Canal +, partenaire officiel du Festival grâce à lui, décroche donc l'un des fauteuils les plus convoités dans le monde du cinéma. Un ami des médias, du 7e art et des actrices : ce fan de pin-ups et de juke box va sans doute vouloir y mettre sa patte. On attendra 2015 pour le savoir.

Le communiqué indique que "dans sa séance du 14 janvier, le Conseil d’Administration du Festival de Cannes a procédé à l’élection de son futur président. Monsieur Gilles Jacob a confirmé qu’il quitterait la présidence à compter du 1er juillet 2014, à la suite du 67e Festival de Cannes. L’élection s’est déroulée, conformément aux statuts, par vote à bulletin secret et a porté à la présidence du Festival de Cannes Monsieur Pierre Lescure à l’unanimité des votants. Il prendra ses fonctions le 1er juillet prochain."

Le communiqué ajoute que "le Conseil d’Administration du Festival de Cannes a par ailleurs nommé Gilles Jacob Président d’Honneur du Festival." C'était bien le moins.

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a félicité Pierre Lescure pour son élection : "La Ministre se réjouit vivement de ce choix pour le plus prestigieux festival cinématographique au monde, qui participe du rayonnement de la France." Elle a adressé également "un message d'entière confiance à toute l'équipe du Festival de Cannes, sous l'impulsion de Gilles Jacob, acteur déterminant dans l'histoire et la grandeur du Festival, et du délégué général Thierry Fremaux, qui poursuit avec bonheur, année après année, l'écriture de cette manifestation cinématographique, si chère au cœur des Français et plus largement à tous les spectateurs et cinéphiles du monde."

Frédérique Bredin, Présidente du Centre National du Cinéma et de l'image animée, qui se réjouit de cette élection à l’unanimité, veut croire que "Pierre Lescure, saura mettre au service du Festival, sa force de vision, sa passion du cinéma, sa dimension internationale."

Pierre Lescure en dix dates

1945. Naissance le 2 juillet à Paris.
1965. Présentateur à RTL.
1972. Présentateur du journal de la nuit sur la 2e chaîne de l'ORTF.
1974. Rédacteur en chef-adjoint d'Europe 1.
1981. Créateur de Les Enfants du rock, directeur de la rédaction sur Antenne 2.
1983. Participe au lancement de Canal +. Directeur en 1984 à l'ouverture de la chaîne. Directeur général en 1986.
1995. P-DG du groupe Canal +. Codirecteur général de Vivendi Universal de 2000 à 2002.
2008. Producteur et directeur des opérations du théâtre Marigny à Paris.
2012. Participe au comité de soutien pour la candidature de François Hollande à l'élection présidentielle.
2013. Remise du rapport «Acte II de l'exception culturelle à l'ère du numérique» qu'il préside. Ce rapport a notamment enterré Hadopi.

Festival de Cannes : bisbilles autour de la succession de Gilles Jacob

Posté par redaction, le 9 janvier 2014

On connaît le proverbe : il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Jusqu'à preuve du contraire, Gilles Jacob est donc toujours président du Festival de Cannes. Certes, il a annoncé officiellement son départ (lire notre actualité du 7 mai dernier). Il avait été reconduit il y a deux ans (lire notre actualité du 20 décembre 2011), après plusieurs mois de rumeurs et manigances dans les coulisses des beaux palais (lire notre actualité du 31 mai 2011).

Mais depuis ce matin, médias, réseaux, professionnels s'enflamment. Son successeur aurait été désigné. C'est à moitié vrai.

Quand Cannes se moque de Paris Match...

Paris Match annonce ce matin une exclusivité : Pierre Lescure sera le prochain président du Festival de Cannes. Mazette. Le compte twitter du Festival réplique d'abord sérieusement : "@ParisMatch diffuse de fausses informations. Aucune élection n'a eu lieu et le Président de Cannes est Gilles Jacob jusqu'à l'été 2014." Puis plus ironiquement (ce tweet a notre préférence) : "Arnaud Lagardère va annoncer qu'il vend @ParisMatch ! Mais le trio Bergé-Niel-Pigasse serait aussi sur les rangs… (#nousaussionpeutlefaire)"

Le match des ex : Canal + vs. Arte

Fast check. le conseil d'administration de l'Association du Festival de Cannes ne se réunit que mardi prochain. Selon Le Film français, "la question de la succession à la présidence est inscrite à l'ordre du jour". Deux candidats sont déclarés depuis plusieurs mois : Pierre Lescure et Jérôme Clément.

Dès décembre, Lescure, ex big boss de Canal +, s'y voyait déjà. Et peu de gens dans la profession croyait aux chances de Clément, l'ancien patron d'Arte. Les deux ont activement soutenu l'élection de François Hollande, contribuant à des notes politiques ou à des mises en réseau de personnalités avec le candidat. Différentes actions de lobbying étaient entreprises. Selon Paris Match, Clément avait la faveur du Premier ministre et du ministre des affaires étrangères. Il semblerait que le Président de la république avait sa préférence pour Lescure. Celui-ci avait en plus l'avantage d'avoir rendu un rapport sur la "Contribution aux politiques culturelles à l'ère numérique" en mai dernier.

L'Etat choisit Pierre Lescure

Mécaniquement, Jérôme Clément serait de toute façon hors-course. "J'ai été informé avant Noël que ce serait M. Lescure. Car pour devenir président du festival, il faut être membre du conseil d'administration. Et j'ai été informé que l'Etat proposerait Pierre Lescure pour y entrer. Donc n'y étant pas je ne pourrai être élu", a indiqué M. Clément à l'AFP ce matin.

Hollande a donc imposé son poulain. Mais rien ne dit qu'il sera élu président par le conseil d'administration (1). On ne doit pas préjuger d'une élection. Ce qui explique le silence sage de Pierre Lescure et du Festival de Cannes. Lescure a tout juste commenté auprès de Libération : "Paris Match a anticipé dangereusement. Le conseil du festival ne statue que le mardi 14 janvier."

Tous les scénarios sont possibles, même si peu probables. Thierry Frémaux, actuel délégué général, ne sera pas candidat : "Je ne veux pas être Président. Je suis et reste Délégué général." a-t-il affirmé sur son compte twitter cet après midi.

Si Lescure est élu, il prendra ses fonctions après la prochaine édition du festival en mai. Mais d'ici là, la page de "@Jajacobbi" n'est pas encore tournée.

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(1) Le Conseil d'administration du festival de Cannes a pour fonction d’élire le Président (pour un mandat de 3 ans), de voter le budget, de débattre des principales décisions soumises à sa ratification, comme la nomination aux postes les plus importants (Délégué général, éventuellement Directeur général, etc.).?
Font partie de droit du CA le directeur du CNC (qui assure la principale subvention), deux représentants de l'Etat, un du ministère de la Culture et de la Communication et l'autre des Affaires étrangères, ainsi que des représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat, le contrôleur d’Etat, le représentant de la ville de Cannes, etc. Sont également représentés les principales associations professionnelles de l’industrie cinématographique :les producteurs, les exploitants, les distributeurs, les techniciens, les comédiens, et les critiques par l'intermédiaire du représentant du Syndicat Français de la Critique Cinématographique.

Cannes 2014 : Jane Campion présidente!

Posté par vincy, le 7 janvier 2014

Réalisatrice, productrice et scénariste, la néo-zélandaise Jane Campion, 60 ans, présidera le Jury du prochain Festival de Cannes (14-25 mai 2014). Choix singulier autant qu'étrange. Incontestable à coup sûr. Jane Campion avait présidé le Jury des courts métrages et de la Cinéfondation l'an dernier. Elle avait également reçu le Carrosse d'or 2013 sur la Croisette.

Campion c'est un doublé unique dans l'histoire du Festival : Palme d'or du court métrage en 1986 pour Peel et Palme d'or en 1993 pour La leçon de Piano. C'est également la seule réalisatrice à avoir reçu la Palme d'or et la seule cinéaste venue d'Océanie. Honorée et impatiente, Jane Campion a accepté non pas de juger les films mais de regarder le monde : "C’est la passion qui rend Cannes incontestable. C’est un lieu mythique et surprenant où des acteurs se révèlent, des films trouvent leurs producteurs et des carrières démarrent. Je le sais : ça m’est arrivé."

Jane Campion a réalisé Sweetie (1989), Un ange à ma table (1990), La Leçon de piano (1993), Portrait of a Lady (1996), Holy Smoke (1999), In the Cut (2003), Bright Star (2009) et récemment la série TV Top of the Lake.

Gilles Jacob, président du Festival, se rappelle cette "jeune réalisatrice inconnue venue des antipodes qui aurait été fière que le Festival de Cannes présentât un des trois courts-métrages qu’elle venait d’achever. Ils affirmaient déjà une telle vaillance, une telle humanité, un tel univers que se refusant de choisir, le Festival montra les trois d’un coup – car c’en était un. Jane Campion était née. Et un style avec elle. Ensuite ce furent Sweetie, La Leçon de piano ou récemment Bright Star, ce merveilleux film où la poésie circule comme jamais. Etonnez-vous après tant d’émotions que je l’appelle ma Lady Jane. "

"une célébration du cinéma du monde entier"

"Je suis venue à Cannes pour la première fois en 1986", déclare Campion dans le communiqué du Festival, "et depuis, mon admiration pour la reine des manifestations de cinéma n’a fait que grandir. Le glamour et le professionnel s’y marient de façon unique. C’est le pays des stars, des fêtes, des plages et du business mais on ne perd jamais de vue ce qu’est le festival : une célébration du cinéma comme Art et une célébration du cinéma du monde entier."

Pour le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, "C’est une grande fierté que Jane Campion ait accepté. Après Michèle Morgan, Jeanne Moreau, Françoise Sagan, Isabelle Adjani, Liv Ullmann et Isabelle Huppert en 2009, elle complète la liste prestigieuse des Présidentes de Jury. Originaire d’un pays et d’un continent où le cinéma est rare et puissant, elle fait partie de ces cinéastes qui incarnent à la perfection l’idée qu’on peut faire du cinéma en artiste et séduire un public planétaire. Et nous savons que son exigence personnelle sera aussi celle de son jury."

Depuis quelques années, certaines voix se font entendre pour se plaindre d'un manque de représentativité des femmes dans la compétition. Manière de rappeler que Cannes n'a ni frontières ni genre, le Festival donne la présidence du jury à une "féministe", une artiste complète, une citoyenne engagée, portée par de fortes convictions. C'est la dixième femme à recevoir cet honneur dans l'histoire de la manifestation (Jeanne Moreau l'a présidé deux fois, ce qui fait 11 éditions, sans compter la vice-présidence occupée par Deneuve), la première depuis Huppert en 2009.

Le prix Louis-Delluc 2013 pour La Vie d’Adèle

Posté par vincy, le 17 décembre 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

La Vie d'Adèle, Palme d'or au dernier festival de Cannes, a reçu le Prix Louis-Delluc 2013. Abdellatif Kechiche entre ainsi dans le club très fermé des réalisateurs ayant obtenu ce prix plus d'une fois, aux côtés de Claude Sautet, Louis Malle, Michel Deville et Alain Resnais. Kechiche avait été récompensé par le Delluc en 2007 pour La Graine et le mulet.

"C'est un metteur en scène qui a un talent rare pour recréer la vérité, c'est l'esprit français, c'est la tradition depuis Jean Renoir jusqu'à Kechiche en passant par Pialat", a déclaré le président du jury Gilles Jacob après avoir annoncé le nom du lauréat.

La vie d'Adèle avait face à lui 7 autres films (voir la sélection) et devient ainsi l'incontournable favori des prochains Césars. Le film est nominé aux prochains Golden Globes et aux Independent Spirit Awards. Il a également remporté le prix FIPRESCI à Cannes, le prix du meilleur film étranger aux British Independent Film Awards, le prix FIPRESCI du film de l'année.

Le prix Louis-Delluc du premier film a été décerné à Vandal, de Helier Cisterne, sorti en octobre dernier sur les écrans français, après son avant-première au festival de Namur.

Cannes 2013 : un Carrosse d’or 2013 pour Jane Campion

Posté par kristofy, le 17 mai 2013

jane campionLa réalisatrice doublement palmée d’or (en 1982 pour son court Peel et en 1993 pour La leçon de piano) et récemment en compétition pour Bright star, Jane Campion, est cette année la présidente du jury des courts-métrages et de la Cinéfondation au Festival de Cannes. La Quinzaine des Réalisateurs lui a également remis le prix du Carrosse d’or, qu'elle a dédié au producteur Pierre Rissient (le premier à avoir montré ses courts métrages à Cannes). Elle a par ailleurs remercié son "cher ami" Gilles Jacob.

Pour l’occasion, elle a présenté sur grand écran deux épisodes de la série Top of the lake, co-réalisée avec Garth Davis et co-écrite avec Gérard Lee. Une "conversation avec Jane Campion" était organisée, durant laquelle elle a évoquée tout autant son travail le plus récent que ses toutes premières réalisations, ou sa jeunesse en Nouvelle Zélande avant de voyager en Europe, et bien entendu diverses considérations sur le cinéma agrémentées de petites pointes d’humour.

La série Top of the lake

La distinction entre cinéma et télévision est peut-être de plus en plus artificielle. Après Bright star j’ai commencé à développer une histoire qui était de l’ordre du roman avec plusieurs chapitres. En Angleterre j’ai rencontré des gens de la BBC pour parler de ce sujet et en le racontant j’ai été encouragée à l’écrire spécifiquement pour la télévision. Aujourd’hui on peut y trouver de plus en plus de fraîcheur et d’audace. On a écrit Top of the lake à deux avec mon Gerard Lee qui est quelqu’un avec qui j’ai une grande connivence. C'est le scénariste de mon premier film Sweetie, et la réalisation a été partagée entre moi et Garth Davis. Je suis ravie de cette expérience un peu différente d’un tournage cinéma.

Une formation artistique avant de faire du cinéma

J’ai suivi un cursus de peinture, peut-être pour me démarquer de mes parents qui eux étaient dans l’univers du théâtre. Je ne savais pas vraiment quoi créer, avec la peinture j’ai appris à me remettre en question et à prendre des risques, à me mettre en péril. Cela m’a conduit à réaliser ensuite des courts-métrages. J’allais beaucoup au cinéma et mon ambition suprême était de faire un court qui soit montré en salle avant un long, ou un court qui aille dans des festivals. Mon tout premier court découlait de la peinture, c’était de l’animation image par image, il est perdu maintenant. Puis j’ai fait un autre court-métrage qui ensuite m’a ouvert les portes d’une école de cinéma. C’était une école un peu conservatrice qui n’aimait pas ce que je faisais, je n’ai pas été encouragée, mais j’ai persévéré à faire des films.

Harvey Keitel et la leçon de Piano

J’étais un peu terrorisée par le travail des acteurs, ma mère était une actrice terrifiante. Pour mes films je me tournais vers des amis que je pouvais diriger et même tyranniser. Puis j’ai travaillé bien évidement avec des acteurs professionnels très différents. Pour La leçon de piano j’ai eu de la chance d’avoir Holly Hunter et Harvey Keitel. Pour lui il y avait des rumeurs comme quoi il pouvait être agressif parfois. Je me suis ouvert à lui, "comment je peux vous diriger, vous avez plus d’expérience ?", ça a été une délicieuse conversation. J’ai appris avec Harvey Keitel comment utiliser au mieux les répétitions avant le tournage, c’était une merveilleuse expérience.

Pas assez de femmes réalisatrice de film ?

Je suis moi-même ennuyée par ce débat, peut-être il faudrait des quotas pour que la moitié des films de l’humanité soient réalisés par des femmes ? Je n’y crois pas, c’est avant tout une question de sensibilités. Kathryn Bigelow par exemple a montré qu’une femme peut très bien faire des films avec des sujets à priori d’hommes. En matière artistique il ne devrait pas être question de genre ou de sexe. Il faudrait qu’on arrête d’aborder cette question-là uniquement avec des femmes. J’ai déjà entendu "qu’est ce que ça vous fait de présenter un film à Cannes en tant que réalisatrice ?", c’est stupide, c’est pareil que pour un homme. Je ne veux pas faire de manifeste féministe. Il faut s’emparer d’un beau sujet et faire du beau travail, c’est l’essentiel.

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 2

Posté par MpM, le 16 mai 2013

attentatCher Jafar,

Pendant la cérémonie d'ouverture de cette 66e édition, il a été beaucoup question d'un sujet qui te tient particulièrement à cœur : la liberté d'expression. Gilles Jacob a rappelé une nouvelle fois que Cannes a vocation à être une "terre d'accueil". Pour les cinéastes, et par extension pour tous ceux qui se battent pour avoir le droit d'émettre librement des opinions.

En l'occurrence, ce sont des dessinateurs de presse qui sont à l'honneur cette année, avec une exposition de dessins humoristiques autour du cinéma. Comme le souligne Gilles Jacob : "en programmant un ensemble où vibre un appel à l'indocilité, le festival n'a pas craint de prendre le risque qu'on l'applique à lui-même ! " Joli clin d'oeil.

Mais un homme qu'une telle propension à l'autodérision doit faire rêver, c'est Zaid Doueri, le réalisateur libanais de L'attentat. Lui ne s'est moqué de personne, et subit malgré tout les foudres de son pays et de la Ligue arabe dans sa globalité.

Son crime ? Avoir tourné son film en partie en Israél avec des acteurs israéliens, ce que proscrit le bureau de boycottage d'Israël. L'attentat, d'après le best-seller de l'écrivain algérien Yasmina Khadra, sur un médecin arabe israélien découvrant que sa femme est l'auteur d'un attentat suicide à Tel-Aviv, a donc été interdit dans les 22 pays membres de l'organisation.

La ministre française à la Francophonie, Yamini Benguigui, est déjà montée au créneau pour défendre Zaid Doueri et le film est attendu en France le 29 mai. On garde donc espoir qu'il connaisse la carrière qu'il mérite.

Mais il faut t'avouer que sur la croisette, cette censure déguisée ne fait pas vraiment le buzz. Peut-être les journalistes ont-ils la tête trop farcie des frasques de la jeunesse américaine obsédée par les fringues et les starlettes vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola ? Le pire, c'est que le film trouve un étrange écho chaque soir au moment de la montée des marches, quand le monde entier se focalise... sur une poignée de stars et les robes de marque qu'elles portent.

Gilles Jacob quittera la présidence du Festival de Cannes en 2015

Posté par vincy, le 7 mai 2013

Dans un entretien à paraître samedi dans Nice Matin, révélé par l'AFP, Gilles Jacob, 83 ans le 22 juin, a annoncé qu'il quitterait la présidence du Festival de Cannes en 2015. Il avait été renouvelé à ce poste en 2011 pour trois ans. Son mandat devait s'achever initialement à l'été 2012 mais il s'était représenté pour un nouveau mandat courant jusqu'en 2014 (lire notre actualité du 20 décembre 2011). Dans le même temps les prérogatives de Thierry Frémaux ont été élargies à l'ensemble des fonctions exécutives (sélection des films, budget, ressources humaines, développement du festival...).

Gilles Jacob a exercé les fonctions de délégué général du Festival depuis le 30 septembre 1977, avant de prendre la présidence en 2001. La sélection officielle a été déléguée à Thierry Frémaux en 2004. Depuis Ballaciner en 2007, en collaboration avec le Prix Nobel de littérature Jean-Marie Le Clézio, il prend régulièrement la plume, son autre grande passion : La vie passera comme un rêve en 2009 et Les pas perdus, qui vient de paraître chez Flammarion (nous y reviendrons la semaine prochaine).

Gilles Jacob préside également le prix Louis-Delluc.

Nul ne doute qu'avec cette annonce les ambitions de certains ne vont pas manquer de se réveiller... (lire notre actualité du 31 mai 2011). On espère qu'il nous amusera avec ce bal des futurs prétendants sur son compte twitter.

Cannes rendra hommage à Alain Delon

Posté par vincy, le 7 mai 2013

alain delon à cannesIl n'a jamais été président du jury mais il fut l'un des hôtes d'honneur du 60e Festival de Cannes. Il n'a reçu aucun prix mais il a su faire le buzz (avec un badge "STAR" accroché sur la veste) à chacune de ses montées des marches. Il est l'un des comédiens français les plus connus dans le monde. Il était logique qu'après Deneuve et Belmondo, Alain Delon soit honoré à son tour sur la Croisette, malgré des hauts et des bas entre le Festival et l'acteur (qui se brouille pour un rien).

Le 25 mai, à l'occasion de la projection de Plein Soleil (de René Clément) en version restaurée dans le cadre de Cannes Classics, Delon fera le déplacement sur la Côte d'Azur. Nul ne doute que le lendemain il fera aussi parti des remettants invités lors de la soirée du palmarès.

Le président du Festival, Gilles Jacob, a confirmé l'information du quotidien Le Parisien à l'AFP. "Le Festival de Cannes rendra officiellement hommage à l'ensemble de la carrière cinématographique de l'acteur qui aura 78 ans en novembre, dans le cadre de Cannes Classics".

La restauration du film de Clément, financée par Studio Canal, a été réalisée au  laboratoire italien Immagine Ritrovata. Les spectateurs pourront la voir en salles en France le 10 juillet. Adapté du roman Mr. Ripley de Patricia Highsmith, le film met aussi en vedette Marie Laforêt, Maurice Ronet et Elvire Popesco. Gros succès public (2,5 millions de spectateurs), l'oeuvre avait fait décoller la carrière de Delon. Un remake a été réalisé par Anthony Minghella en 1999 (avec Matt Damon, Jude Law, Gwyneth Paltrow, Cate Blanchett et Philip Seymour Hoffman).

alain delon et romy schneider à cannes en 1962Delon est venu à Cannes avec 8 films en sélection officielle : Quelle joie de vivre (1961), L'éclipse, Le Guépard (Palme d'or), La motocyclette, William Wilson (hors compétition), Monsieur Klein, Nouvelle Vague et Le Retour de Casanova (en 1992). Il était venu en 2010 présenter Le Guépard en version restaurée, avec Claudia Cardinale.

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Bonus : retrouvez la galerie photos "Delon à Cannes" sur notre tumblr.

Cannes 2013 : les femmes sont ailleurs

Posté par MpM, le 19 avril 2013

valeria bruni tedeschiCe fut l'une des principales polémiques du 65e festival de Cannes : l'absence totale de films réalisés par des femmes dans la compétition.

Pour 2013, Thierry Frémaux et son équipe avaient donc deux options, pas franchement meilleures l'une que l'autre : recréer les mêmes configurations et s'attirer les foudres des mêmes féministes que l'an dernier ou sélectionner un nombre "acceptable" de femmes (combien, justement ?) et prendre le risque que chacune d'elle soit suspectée d'avoir été choisie plus pour son genre que pour son talent.

Sans grande surprise, c'est la première option qui a été retenue : avec seulement Valeria Bruni-Tedeschi (photo ci-dessus) en course pour la Palme d'or avec son film Un château en Italie, Cannes donne alors l'impression de jouer la provocation.

D'ailleurs, les réactions n'ont pas tardé : question acerbe lors de la conférence de presse et réaction à la fois ironique et déçue du collectif de féministes La Barbe qui a déclaré dans un communiqué : "dans sa grande sagesse le comité de sélection du Festival de Cannes a décidé de ne tenir aucun compte [des remarques de l'an dernier]. Que le Festival de Cannes cesse donc de se défendre par des propos souvent plus sexistes encore que sa sélection. Et que les responsables politiques prennent enfin la mesure de la domination masculine qui règne dans ce secteur et agissent en conséquence."

"Depuis 1946, les hommes ont représenté jane campion97% de la sélection officielle" souligne encore le collectif. Par ailleurs, une seule femme (la néo-zélandaise Jane Campion, photo de droite) a reçu la Palme d'or en 65 édition. C'était il y a vingt ans.

Le problème est ailleurs ?

"Le problème n'est pas au festival de Cannes, il est dans des choses sur lesquelles il va falloir de toute façon s'interroger, comme les écoles de cinéma", s'est défendu Thierry Frémaux. Une idée également défendue par la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.

"La question qui se pose aujourd'hui c'est : est-ce que nous avons suffisamment de femmes qui sont formées, qui sont accompagnées, soutenues dans leur volonté de devenir réalisatrices ?"a-t-elle souligné. "C'est vrai qu'il y a une avance qui a été prise par les hommes en la matière par rapport aux femmes. Je souhaite qu'on puisse les mettre davantage en avant, mais c'est toute la question, au delà du festival de Cannes, de notre politique culturelle."

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