Quentin Tarantino, Prix Lumière 2013 : « le Cinéma est ma religion, la France mon Vatican! »

Posté par Morgane, le 19 octobre 2013
Quentin Tarantino entouré de Tavernier, Keitel, Thurman et Laurent

Quentin Tarantino entouré de Tavernier, Keitel, Thurman et Laurent

Festival Lumière, 18 octobre, 19h30, la salle de l'Amphithéâtre du Centre des Congrès de Lyon est comble. Les nombreuses personnalités du 7e Art arrivent peu à peu, de Jerry Schatzberg à Fatih Akin en passant par Michael Cimino, Alain Cavalier, Elia Suleiman, Françoise Fabian, Claude Brasseur, Tahar Rahim, Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac et bien d'autres encore. Sont aussi présents dans la salle Gérard Collomb (maire de Lyon), Jean-Jack Queyranne (président du Grand Lyon) et Aurélie Filippetti (ministre de la Culture). Juste après la cérémonie, le réalisateur sera fait commandeur des Arts et Lettres par la ministre.

Les lumières s'éteignent et l'on revient en images sur l'édition 2013, qui n'est pourtant pas encore finie… L'hommage à Quentin Tarantino peut désormais commencer et c'est à Tim Roth que revient le privilège de prendre la parole en premier. Il commence par un "Fucking Lyon!" qui vient du coeur. "Si je devais partager ma vie en deux parties, il y aurait une partie anglaise imprégnée par Alan Clarke et une partie américaine imprégnée par Quentin. Quand je suis allé en Amérique, je voulais trouver du boulot et j'ai eu un appart avec une table, une chaise, une télé et très peu de scripts. Parmi ceux-ci il y avait celui de Reservoir Dogs. Je l'ai lu et j'ai dit, je dois faire ce film!" Tim Roth et Quentin Tarantino se sont donc rencontrés, ont bu ensemble, ont parlé du film et voilà comment la grande aventure à commencer, comment il a rencontré sa femme et comment il a décidé de rester en Amérique. "Quentin, I love you".

C'est ensuite au tour de Mélanie Laurent, sa résistante française d'Inglorious Basterds, de venir saluer Tarantino dans cette capitale historique de la Résistance qu'est Lyon. À la place d'un discours elle a choisi la musique. Elle chante, accompagnée d'une guitare et d'un piano, le fameux Bang, Bang de Kill Bill sur un tempo lent et langoureux.

Lawrence Bender et Harvey Weinstein, producteurs légendaires de "QT", entrent en scène. Lawrence Bender déclare : "Comme pour Tim (Roth), Quentin Tarantino a changé ma vie! Sans lui je n'aurais jamais eu cette aventure dans le cinéma." Avec d'autres mots, Harvey Weinstein affirme que "travailler avec Quentin Tarantino, c'est partir à l'aventure, pour un long voyage. (…) Et ce qu'il y a de formidable dans le cinéma de Tarantino c'est qu'on a le sentiment que le meilleur est toujours à venir."

Avant qu'Harvey Keitel prenne le micro, est projeté un petit film We love movies d'un poème écrit et lu par Michael Madsen. Puis Mr. White monte sur scène et entame, les larmes aux yeux, par : "Deux personnes sont chères à mon coeur, Bertrand Tavernier et bien sûr Quentin Tarantino… J'étais allé voir L'horloger de Saint Paul et j'ai dit que c'était exactement le genre de réalisateur (en l'occurrence Bertrand Tavernier) avec qui j'avais envie de travailler. Puis un jour, je lis une interview de Bertrand Tavernier dans laquelle il disait qu'il voulait travailler avec un acteur américain, comme Harvey Keitel par exemple. Et du coup on a fait La mort en direct avec la transcendante Romy Schneider." Concours de larmes, Bertrand Tavernier, président de l'Institut Lumière au passage, s'y met aussi… Celui qui dit qu'une remise de prix telle que celle-ci ne peut être émouvante se trompe fortement. Harvey Keitel revient ensuite sur sa rencontre avec Quentin Tarantino, la lecture du script de Reservoir Dogs qui l'a complètement bouleversé. "Quand on lit un scénario de Quentin c'est comme lire un grand roman, regarder un tableau extraordinaire, c'est quelque chose qui nous change, nous transforme de l'intérieur. And I love you Quentin."

Avant d'appeler Uma Thurman à son tour, chaque spectateur reçoit un bout d'une pellicule du film Jackie Brown en hommage à l'amour que porte Tarantino au 35mm. Puis la muse de Tarantino descend et entame en français par un "Bonsoir mesdames et messieurs." Émue d'être là, elle remercie tout d'abord ses amis qui ont rendu les superbes hommages précédents et continue : "En arrivant ici j'ai parlé avec Thierry Frémaux. Je voulais savoir ce que représentait exactement le Prix Lumière. Il m'a dit que c'était le Prix Nobel du cinéma (sic). Tout d'un coup j'ai alors compris pourquoi j'avais fait 10 000 km pour rendre hommage à Quentin Tarantino qui est un ami très cher. Ton cinéma est une explosion, ton travail de la dynamite. J'aime l'extravagance de ton expression, de tes rêves, des tes cauchemars et nous avons les mêmes aspirations pour la liberté, pour le courage, contre l'oppression et plus encore pour l'amour et la passion. I love you."

Enfin Bertrand Tavernier est là, fidèle au poste pour l'éloge final d'un cinéaste cinéphile à un autre cinéaste cinéphile. Il parle de l'amour amoureux du cinéma qu'a Tarantino et le remercie d'avoir électrisé cette semaine festivalière (Tarantino était en effet présent à de nombreuses séances, dialoguant avec le public, toujours heureux de partager, d'échanger). Un grand merci à ce "cinéphile qui fait exploser les clans et les chapelles." Il le remercie également pour l'amour du cinéma qu'il retrouve dans ses films et s'attarde tout particulièrement sur Django Unchained, ce film "incroyablement courageux dans un pays où l'esclavage reste le péché mortel de l'Amérique." Petit retour sur la scène du Ku Klux Klan. Il y a eu de nombreux films dans lequel le KKK apparaît mais il aura fallu attendre Quentin Tarantino pour avoir "cette scène aussi jubilatoire et métaphorique où ces types à capuche ne voient plus rien!". "Pour tout cela, je voulais te dire merci Quentin" conclut-il.

Prix Lumière pour Quentin TarantinoLes lumières s'éteignent à nouveau pour un retour en images sur l'oeuvre de Quentin Tarantino, de Reservoir Dogs à Django en passant par Pulp Fiction, Jackie Brown, Kill Bill, Boulevard de la mort et Inglorious Basterds.

Une veritable standing ovation s'en suit. Quentin Tarantino, presque sans voix : "Je n'ai pas beaucoup de mots pour dire ce que je ressens et c'est sans doute la première fois que ça m'arrive." Voir le grand Tarantino pleurer cela produit son petit effet… Il remercie ceux qui sont sur scène qu'il considère comme sa propre famille. Remercie également la salle, Lyon, la France puis lance "le Cinéma est ma religion, la France mon Vatican" avant d'ajouter en riant que ça peut être pris comme une insulte mais que c'est le premier exemple qui lui est venu à l'esprit! Remercie le Festival Lumière, Bertrand Tavernier, "son frère d'une autre mère", la ville où le cinéma a été inventé. "Je ne sais pas ce que serait ma vie si le père et la mère des frères Lumière ne s'étaient pas rencontrés. Heureusement, ils se sont rencontrés, le cinéma a été inventé et ils m'ont donné quelque chose à faire!" Il accepte ce prix pour tous les cinéphiles pour qui le cinéma représente plus qu'eux-mêmes et le prend comme un encouragement à faire encore mieux… Puis l'ancien Président du jury du Festival de Cannes revient, "j'ai oublié un truc, VIVE LE CINÉMA !!!!" (en français dans te texte, ndla). Son cri de guerre désormais légendaire.

Ce fut donc une très belle soirée pour ce cinquième prix Lumière. Le festival continue encore ce week-end pour se finir en beauté à la Halle Tony Garnier avec la projection du cultisssime Pulp Fiction. Et ensuite? on n'aura plus qu'à attendre avec impatience la 6e édition et l'annonce de son nouveau Prix Lumière tout en découvrant et redécouvrant tout l'art du Cinéma... Le pari de Thierry Frémaux est réussi : Hollywood s'intéresse désormais à cette manifestation si particulière et Lyon s'est inscrit dans le calendrier des événements où il faut être.

Grace de Monaco : Olivier Dahan sous l’emprise « maléfique » d’Harvey Weinstein

Posté par vincy, le 18 octobre 2013

Nicole Kidman dans Grace de Monaco d'Olivier Dahan

Dans un entretien à Libération, le cinéaste Olivier Dahan (La Môme) explique pourquoi son film Grace de Monaco, avec Nicole Kidman, a vu sa sortie en salles décaler de quelques mois : "ils le sortent quand ils veulent". Mais, Dahan confie : "J’ai envie de travailler en équipe, pas de me battre avec la production ou le distributeur."

"Le film que je suis en train de terminer est compliqué à finaliser. Enfin pour moi il est fini. Il est compliqué dans le relationnel avec les uns et les autres surtout" amorce le cinéaste. Il pense même arrêter le cinéma, "vampire" qui avale sa vie.

Deux versions du film pour l'instant

"Ce qui est compliqué en ce moment, c’est de faire en sorte que vous, les critiques, vous puissiez critiquer ma version du film, et pas celle d’un autre. Mais ce n’est pas encore fini, je n’ai pas abandonné. (...) On a beau essayer de lutter, quand on affronte un distributeur américain, Weinstein pour ne pas le citer, il y a peu de solutions: soit on leur dit «démerdez-vous avec votre tas de merde», soit on s’arc-boute pour faire en sorte que le chantage opéré ne soit pas aussi violent."

Il réfléchit à quelques moyens de pression, comme ne pas signer son film. Dahan précise : "Il y a deux versions du film pour l’instant, la mienne et la sienne… que je trouve catastrophique".

De façon confuse, mais avec un propos très clair, Dahan accuse l'industrie du cinéma, l'argent, la stratégie marketing : "Ils veulent un film commercial, c’est-à-dire au ras des pâquerettes, en enlevant tout ce qui dépasse, tout ce qui est trop abrupt, en enlevant tout ce qui est cinéma, tout ce qui fait la vie.(...) Et les décisions ne sont prises que par rapport au marketing, à la sortie, etc. Tout ce qui est chiant en fait, et vient polluer un film, que par ailleurs d’autres gens ont vu, et aiment beaucoup. C’est un problème d’ego mal placé, une histoire de manipulation et de pouvoir. Pas de cinéma au sens strict. Le cinéma est très secondaire dans tout ça, d’où mon désintérêt qui commence à venir pour ce film."

Nicole Kidman et Olivier Dahan sur le tournage de Grace de MonacoLe film ne devrait pas ressembler à la bande annonce

Le cinéaste révèle aussi une tendance malsaine : "on fait une bande-annonce avant même que le montage du film soit fait. Là, en l’occurrence, ils ont fait une bande-annonce qui ne correspondait pas au film, puis ils essaient de faire en sorte que le film ressemble à la bande-annonce, c’est absurde. (...) Je comprends que le distributeur s’en charge et fasse la bande-annonce. Mais entre ça et un film, il y a un monde. Et faire ensuite en sorte que le film ressemble à la bande-annonce, c’est autre chose. Et puis Grace de Monaco est un film français, il ne faudrait pas que ça fasse jurisprudence."

Pas naïf, il rappelle que ce n'est pas un film hollywoodien où le producteur a généralement le final-cut : "là c’est un film français, donc logiquement il ne devrait pas y avoir ce genre de problème. Le distributeur américain, aussi puissant qu’il puisse être, n’a pas accès aux rushes normalement." Or, Dahan avoue que The Weinstein Company s'est "arrogé le droit de le faire", à son insu. Le même Weinstein a été accusé il y a quelques semaines d'avoir tranché violemment dans Le transperceneige pour la sortie américaine du film de Bong Joon-ho (lire notre article).

En guise de réconfort, Olivier Dahan pense qu'il va en finir avec les super-productions. Il souhaite revenir à quelque chose de plus radical, de plus abrupt, comme pour ses premières oeuvres.  "Je vais certainement écrire la suite de Déjà Mort. J’avais perdu l’envie d’écrire ces dernières années, c’est pour ça que j’ai fait des films… un peu disparates on va dire."

Un biopic inspiré d’un documentaire sur l’écrivain J.D. Salinger

Posté par vincy, le 20 septembre 2013

J.D. Salinger, l'auteur du roman culte L'Attrape-coeurs, est actuellement à l'affiche aux Etats-Unis avec un documentaire sur sa vie, Salinger, de Shane Salerno. Le docu, où interviennent Philip Seymour Hoffman, Edward Norton, John Cusack, Danny DeVito, John Guare, Martin Sheen, Robert Towne, Tom Wolfe, ou encore Gore Vidal, est accompagné d'un livre que le réalisateur a cosigné avec David Shields.

Harvey Weinstein a décidé d'exploiter le filon en produisant un film à partir de ce documentaire (qu'il distribue). Le scénario se concentrerait sur la période qui va du service militaire de l'écrivain à la publication de L'Attrape-coeurs. Salerno réalisera le biopic.

Il avait commencé à travailler sur le documentaire il y a plus de 9 ans. La mort de l'auteur en 2010 a permis de nouveaux témoignages et révélations qui ont retardé de trois ans sa sortie en salles (lire aussi notre actualité du 7 février 2010).

L’Ecume des jours et Le Transperceneige caviardés à l’étranger

Posté par vincy, le 25 août 2013

Snowpiercer Le transperceneigeLes films voyagent parfois assez mal. Non pas en termes de box office, mais en arrivant dans un pays avec des versions tronquées. Le phénomène n'est pas nouveau. Étrangement, cela a touché deux films ces derniers mois.

L'Ecume des jours, de Michel Gondry, a ainsi été amputée de 36 minutes dans sa version internationale. Le film fonctionne médiocrement dans les territoires où il est sorti (hormis la Russie). L'écume des jours (Mood Indigo en anglais) est déjà sorti en Belgique, aux Pays-bas, en Turquie, en Hongrie, au Brésil, en Israël, en Pologne, à Hong Kong et dans les pays Baltes. Pour l'instant il cumule à peine 200 000 spectateurs. Il lui reste cependant quelques pays majeurs à conquérir (Australie, Italie, Espagne en septembre, Allemagne, Japon en octobre). Dark Horizons explique que c'est le distributeur australien Vendetta qui s'en est aperçu. Or, il semble que ce soit cette version "coupée" qui sera montrée à l'étranger. L'écume des jours "light" a été monté par Tariq Anwar (Le discours d'un roi).

Harvey aux ciseaux d'argent

Pour l'instant, personne ne sait qui a ordonné ce saccage cinématographique. En revanche, pour Snowpiercer, le Transperceneige, le nouveau Bong Joo-ho qui fera la clôture du Festival de Deauville, on connait le responsable du remontage pour une des versions internationales du film. Harvey Weinstein, qui distribuera le films aux Etats-Unis, au Royaume Uni, en Australie/Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud, n'a pas hésité à demander qu'on coupe 20 minutes du films et qu'on y ajoute une voix-off explicative (tout ce qu'on aime) en prologue et en épilogue. Le film dure ainsi 1h46 au lieu de 2h06.
Explication selon Tony Rayns, programmateur dans des Festivals, rapportée par Inside Films : "The Weinstein Company veut être sûr que le film sera compréhensible par un public dans l'Iowa et l'Oklahoma." Il est plus bête qu'ailleurs? Apparemment, le réalisateur a coupé des scènes d'ordre psychologique pour en faire un pur thriller d'action. L'acteur principal, Chris Evans, n'a pas manqué lors d'un entretien à Collider, de juger la "folie" de Weisntein comme "délicate".

Car Weinstein n'en est pas à sa première fois, ayant coupé Shaolin Soccer, Hero et même Princesse Mononoke pour leur sortie US.

En France, le film sortira dans sa version intégrale le 30 octobre.

Harvey Weinstein convoite son ancienne société Miramax

Posté par vincy, le 6 août 2013

Harvey WeinsteinCe serait une douce revanche pour Harvey Weinstein. L'histoire d'un plat qui se mange froid, à une table de Saint-Tropez, raconte le magazine Variety. Le puissant producteur hollywoodien a en effet déjeuné avec Tom Barrack, patron du fonds d’investissement Colony Capital, qui a acheté Miramax en 2010 (avec l'aide du Qatar), société créée par les frères Weinstein en 1979. Il n’y a pour l’instant que des discussions, rien n’est officiel.

De quoi ont-ils parlé ? De fusion entre The Weinstein Company et Miramax, ou, au pire, un partenariat stratégique entre les deux sociétés. Cela permettrait à Harvey Weinstein de remettre la main sur le richissime catalogue qu’il a contribué à remplir : Shakespeare in Love, Le Patient Anglais, Chicago, Scary Movie, Pulp Fiction, Kill Bill, Good Will Hunting, Aviator, Les autres

Le rapprochement serait ironique. Après l’avoir acheté à Walt Disney pour 663 M$, Colony Capital a géré le catalogue de 700 titres à travers différentes licences fructueuses (Netflix, Hulu, Facebook…). Mais de nombreux experts considèrent que ça n’a pas suffit à la rentabiliser. Surtout, Miramax n’a rien produit depuis trois ans (Une famille très moderne, avec Jennifer Aniston), ce qui ne facilite pas la valorisation du catalogue, dont la valeur fondrait au fil des mois. Évaluée à 800 M $, dont une dette de 40%, Miramax arrive à un croisement des chemins. Le numérique ne suffit pas à enrichir son propriétaire et, pire, l’exploitation des titres les plus importants a atteint ses limites. Sans management issu du cinéma, la compagnie a du mal à concrétiser ses projets cinématographiques.

Année record pour The Weinstein Company

Le retour des Weinstein permettrait sans doute de mieux développer cette stratégie avec des séries, par exemple, mais surtout avec de nouveaux films. Car Harvey Weinstein a retrouvé sa martingale depuis quelques années, entre films oscarisés et hits au box office : Django Unchained, The Artist, Le discours d’un roi, Happiness Therapy, Inglourious Basterds, The Reader, La Dame de fer, et cet été Fruitvale Station.

La solution Weinstein semble, sur le papier idéale. D’autant que la paix a été signée entre le magnat et Disney, qui avait acheté Miramax en 1993. Fâché avec le géant hollywoodien pour divergences artistiques et stratégiques, Weinstein avait abandonné à contre cœur son « bébé » en 2005. Disney a relégué Miramax dans ses nombreuses filiales, jusqu’à la fermer en 2010 puis la vendre à Colony Capital. Pendant ce temps, en octobre 2005, les frères Weinstein ont créé The Weinstein Company (TWC), qui connaît une année record en 2013 avec déjà 340 M$ au box office (5% de parts de marché !). La société a encore 12 films à sortir cette année.

Cette semaine, à la surprise générale, Weinstein et Disney ont annoncé un projet commun : l’adaptation des livres Artemis Fowl. Le producteur en avait acquis les droits pour Miramax en 2001. Disney distribuera ce qui s’annonce être le nouvel Harry Potter.

18 mois après la fusion entre Lionsgate et Summit Entertainment, ce serait une nouvelle étape dans la consolidation des studios indépendants américains. L’objectif est bien entendu de pouvoir être capable de créer des nouveaux contenus, notamment pour les chaînes web comme Netflix et Youtube, futurs nirvanas annoncés des films art & essai.

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Lire aussi : Miramax - ascension d'une star hollywoodienne

Oscars 2013 : la version longue du scénario de Django Unchained bien meilleure?

Posté par kristofy, le 26 février 2013

django unchained script screenplay quanetin tarantinoDjango unchained a gagné deux trophées aux Oscars dimanche soir. Christoph Waltz a reçu une nouvelle fois celui du meilleur second rôle (après celui pour Inglourious Basterds) : ce choix de catégorie est en fait une volonté du producteur Harvey Weinstein puisqu'il avait peu de chances de gagner dans la catégorie du  meilleur acteur face aux favoris Daniel Day-Lewis et Joaquin Phoenix (il avait d’ailleurs fait la même chose pour The Artist avec Bérénice Béjo ou pour Le patient anglais avec Juliette Binoche). Et l'autre Oscar a été décerné à Quentin Tarantino, oublié dans la catégorie réalisateur, en tant que scénariste.

Cet Oscar du meilleur scénario récompense en réalité un script très amputé ! Le scénario original de Django unchained décrit de manière très précise une oeuvre qui devait durer environ 3h30 ; mais hors de question pour la production de découper le film en deux parties comme pour son Kill Bill… Quentin Tarantino a dû enlever plusieurs parties de son script pour raccourcir la durée du (déjà) long métrage... et l’histoire de Django unchained s’en est trouvée réduite.

A quoi devait ressembler le film Django unchained d’après son scénario ?

Le personnage de Broomhilda (Kerry Washington) peu présente dans le film (elle apparaît pour le dîner vers la fin), celle que Django aime, avait un rôle beaucoup plus important dans le scénario.

Dès le générique de début et avant même l’arrivée du Docteur Schultz, Django enchaîné dans la forêt aux autres esclaves avait un flashback qui montrait comment avait été vendue sa femme. Cette séparation sera ensuite le moteur de l’histoire. Il devait y avoir une séquence qui décrit ce marché aux esclaves où des hommes blancs acheteurs et des hommes blancs vendeurs fixent les prix pour les noirs comme pour des bêtes... Un autre marché d’esclaves était montré à Greenville-Missippi, un autre flashback montrait que Django avait été amené là par un train avec environ 150 autres noirs dont Broomhilda...

Un ‘chapitre’ entier raconte toute l’histoire de Broomhilda qui n’est pas dans le film, des personnages ont été supprimés comme celui de Scotty Harmony que devait jouer Jonah Hill (qui à la place aura un tout petit caméo situé ailleurs dans le film).

Dans ce chapitre, le film décrit la vente de la jeune femme : le vendeur expose ses seins, les marques de fouet dans son dos, et le ‘r’ de sa joue à une douzaine d’acheteurs (une humiliation qui devait être répétée durant le dîner). Elle est alors achetée par un certain Mike Harmony comme cadeau d’anniversaire pour son fils de 24 ans, Scotty Harmony, timide, qui va tomber amoureux de cette esclave noire… Il va ensuite l’emmener en week-end romantique là où des blancs se pavanent avec leur ‘nègre de compagnie’, au Cleopatra Club.

Dans le film on découvre ce lieu tenu par Calvin Candie (Leonardo Di Caprio) quand Schultz et Django arrivent chez lui. Dans le script, le Cleopatra Club et son propriétaire sont révélés bien avant. Calvin Candie se montre déjà un redoutable manipulateur. Il arrange une partie de cartes avec ce jeune Scotty, où, après l’avoir plumé, se jouera l’acte de propriété de l’esclave : Candie gagne, Harmony l’accuse d’avoir triché. Le vainqueur tue le perdant. C’est ainsi que Broomhilda va appartenir à Calvin Candie : il ira la chercher dans sa chambre à coups de ceinture. Elle tente alors de s’enfuir toute nue et, une fois dehors, tombe dans la boue : désormais elle est lui appartient.

Ces évènements se déroulent quatre mois avant que Django et Schultz apprennent le nom du propriétaire de Broomhilda.

django unchained screenplay scénario kerry wahsingtonUn scénario beaucoup plus violent et romantique

Toute cette partie du scénario absente du film avait en fait une grande importance : plusieurs scènes devaient montrer davantage les horreurs de l’esclavage et du racisme. L’utilisation du mot ‘nigger’ a fait polémique aux USA, mais Quentin Tarantino allait plus loin dans sa version originale du scénario avec notamment plusieurs lignes de dialogues encore plus cruelles ou l’image d’un enfant blanc d’environ 14 ans, avec un chien, qui conduit comme un berger un troupeau d’enfants noirs esclaves… De plus, Leonardo Di Caprio avait l’occasion de jouer un vrai grand rôle de méchant encore plus détestable que ce qu’il est dans le film. En perdant de vue ce personnage féminin majeur, Django Unchained donne beaucoup moins d’importance au caractère sacré de la promesse amoureuse d’aller la sauver (‘kill is love’ disait déjà Tarantino dans Kill Bill).

Ce n'était pas seulement la vengeance de l’esclave Django accompagné du chasseur de prime Schultz. Le scénario c’était aussi l’histoire de cette femme Broomhilda qui symbolise toutes les injustices et violences commises durant ces années d’esclavage.

Dans ce script, Broomhilda était plus un enjeu qui motivait la quête des deux hommes Django et Schultz, alors que dans le film elle est, peut-être, plus simplement la récompense de leur quête...

Oscar du meilleur scénario, le film Django unchained est devenu le plus grand succès de Quentin Tarantino. Le film a rapporté 380 millions de $ dans le monde. En France, il battu tous les films du réalisateur en nombre de spectateurs (3,7 millions d'entrées)

La Guilde des Producteurs publie ses nominations 2013

Posté par vincy, le 3 janvier 2013

La Guilde des Producteurs américaine  a annoncé ses nominations pour les 24e Producers Guild Awards. Les prix seront remis le 26 janvier prochain. Ils donnent une bonne indication des futurs éligibles à l'Oscar du meilleur film. Outre les nominés qui suivent des prix honorifiques seront décernés : Bob et Harvey Weinstein (Milestone Award), les dirigeants de Working Title Tim Bevan et Eric Fellner (David O. Selznick Achievement Award - Cinéma), J.J. Abrams (Norman Lear Achievement Award - Télévision), Russell Simmons (Visionary Award) et le film Bully (Stanley Kramer Award).

Nominations pour le Darryl F. Zanuck Award :

- Argo (Ben Affleck, George Clooney, Grant Heslov)

- Les Bêtes du sud sauvage / Beasts of the Southern Wild (Michael Gottwald, Dan Janvey, Josh Penn)

- Django Unchained (Reginald Hudlin, Pilar Savone, Stacey Sher)

- Les Misérables (Tim Bevan & Eric Fellner, Debra Hayward, Cameron Mackintosh)

- L'Odyssée de Pi / Life of Pi (Ang Lee, Gil Netter, David Womark)

- Lincoln (Kathleen Kennedy, Steven Spielberg)

- Moonrise Kingdom (Wes Anderson & Scott Rudin, Jeremy Dawson, Steven Rales)

- Happiness Therapy / Silver Linings Playbook (Bruce Cohen, Donna Gigliotti, Jonathan Gordon)

- Skyfall (Barbara Broccoli, Michael G. Wilson)

- Zero Dark Thirty (Kathryn Bigelow, Mark Boal, Megan Ellison)

Prix pour la meilleure production dans la catégorie animation :

- Rebelle / Brave (Katherine Sarafian)

- Frankenweenie (Allison Abbate, Tim Burton)

- ParaNorman (Travis Knight, Arianne Sutner)

- Les Cinq Légendes / Rise of the Guardians (Nancy Bernstein, Christina Steinberg)

- Les Mondes de Ralph / Wreck-It Ralph (Clark Spencer)

Beau succès pour le premier Festival de cinéma des Champs-Elysées

Posté par MpM, le 13 juin 2012

Du 6 au 12 juin s'est tenu le premier festival de cinéma des Champs-Elysées qui proposait une cinquantaine de films, dont deux compétitions de courts métrages et de nombreuses avant-premières prestigieuses de films français et américains. Il s'agissait pour sa créatrice, la productrice Sophie Dulac, de "rendre hommage au cinéma américain indépendant et à la diversité de la production française en mobilisant les cinq grandes salles de la célèbre avenue". Pari réussi puisque le festival a attiré 15 000 spectateurs en une semaine et une pléiade de stars sur ses tapis rouges quotidiens.

Parmi les temps forts de cette première édition, on retiendra l’hommage rendu au producteur américain Harvey Weinstein lors de la cérémonie d'ouverture, la masterclass de l'acteur Michael Madsen (président d'honneur en compagnie de Lambert Wilson), la rencontre avec Donald Sutherland et la présence de nombreuses personnalités (Bruno Podalydès, Leila Bekhti, Michel Delpech, Raymond Depardon...) venues présenter leurs films en avant-première.

Côté compétition, trois films ont été distingués : Marina Abramovic: the artist is present de Matthew Akers a reçu le prix du public distinguant l'un des dix films américains indépendants en sélection officielle ; le court métrage américain Motherland de Shariq Siddiqui et le court métrage français It's a Miracl'House de Stéphane Freiss. A Teacher d'Hannah Fidell a par ailleurs été choisi par un jury de professionnels parmi quatre films indépendants encore en chantier pour recevoir des prestations de post-productions. Le film devrait ainsi pouvoir aboutir... et faire son avant-première à Paris, sur la plus belle avenue du monde, lors de la deuxième édition du festival que l'on attend d'ores et déjà avec impatience et curiosité ?

Le Champs-Élysées Film Festival dévoile ses films

Posté par cynthia, le 1 mai 2012

C'est en face de l'arc de Triomphe et au milieu des bulles de Champagne et des amuses bouches que Sophie Dulac, la présidente du festival du cinéma des Champs-Élysées, a présenté les grandes lignes de cette nouvelle manifestation qui se tiendra du 6 au 12 juin prochain sur la plus célèbre avenue parisienne (voir aussi notre article du 23 octobre 2011).

Ne se voulant pas juste un énième festival parisien, le Champs-Élysées Film Festival entend mettre le cinéma à l'honneur et en faire profiter cinéphiles et amateurs du septième art avec des films français et américains indépendants qui brilleront le temps d'une semaine au travers d'avant-premières, de compétitions et de rencontres avec des professionnels du métier. Avec en outre, pourquoi pas, l'objectif de démontrer le temps d'une séance que le cinéma, c'est bien plus que du divertissement !

Sous la présidence de l'acteur Lambert Wilson, cette première édition propose ainsi une cinquantaine de films et une centaine de séances. Au programme, une compétition de dix longs métrages issus du cinéma américain indépendant (Bernie de Richard Linklater, Keep the lights on de Ira Sachs...), une sélection de courts  qui concourent pour le Prix du Public (Hurlement d'un poisson, Little Spoon...),  des avants-premières françaises (Wrong de Quentin Dupieux, Quand je serai petit de Jean-Paul Rouve...) et américaines (My Soul to take de Wes Craven, After Life d’Agnieszka Wojtow...), la venue d'Harvey Weinstein, célèbre producteur américain, en invité d'honneur, une soirée spéciale en présence de l'acteur Donald Sutherland et enfin un panorama de films internationaux concourant pour l'Oscar du meilleur film étranger (Bullhead, Dans ses yeux...).

Les 10 films de la sélection officielle, en lice pour le Prix du Public, sont :

Blank City de Céline Danhier
Documentaire

Bernie de Richard Linklater
Avec Jack Black , Shirley Maclaine, Matthew McConaughey

Jesus Henry Christ de Denis Lee
Avec Toni Colette, Jason Spevack, Michael Sheen

Keep the lights on de Ira Sachs
Avec Thure Lindhardt, Zachary Booth, Marilyn Neimark

Luv de Sheldon Candis
Avec Common, Michael Rainey Jr, Dennis Haysbert

Marina Abramovic : the artist is present de Matthew Akers
Documentaire
Avec Marina Abramovic, Ulay et Kalus Biesenbach

Not waving but drowning de Devyn Waitt
Avec Vanessa Ray, Megan Guinan, Lynn Cohen

Peace, love et misunderstanding de Bruce Berresford
Avec Jane Fonda, Catherine Keener, Elizabeth Olsen

Tabloïd d’Errol Morris
Documentaire

The perfect family de Anne Renton
Avec Kathleen Turner, Emily Deschanel, Jason Ritter

Tous seront présentés en VOST. Et pour la coquette somme de 35 euros, les spectateurs pourront obtenir le pass du festival et pourquoi pas le temps d'une semaine vivre un Cannes aux Champs-Elysées.

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Plus d'informations sur le site du Festival

Intouchables cartonne à l’étranger et Harvey Weinstein le prend en main aux USA

Posté par vincy, le 5 mars 2012

7,3 millions d'entrées dans le monde : Intouchables a déjà dépassé les 55 millions d'euros de recettes hors territoire français. Son total mondial en fait le 2e film de l'année, juste derrière Voyage au centre de la terre 2. Un score exceptionnel pour un film produit en dehors d'un studio hollywoodien.

Phénomène européen

En Italie, où il vient de démarrer sa carrière en tête du classement, Quasi Amici, titre italien du film, a attiré 226 000 spectateurs le premier week-end. Ils se sont ajoutés au million d'entrées en Suisse (record depuis plus de 20 ans) et aux 900 000 en Belgique. Et surtout aux 5,5 millions d'Allemands (dont 440 000 Autrichiens) qui ont déjà été le voir en salles, devenant ainsi le film en langue Française le plus populaire depuis plus de trente ans (Le Gendarme et les Extra-terrestres). Cela fait sept semaines de suite qu'Intouchables (Ziemlich beste Freunde en allemand) domine les autres films Outre-Rhin. A lui tout seul, il a attiré autant de spectateurs germanophones que tous les films français l'an dernier.

Il va désormais affronter le marché espagnol (Intocable, 9 mars) et surtout américain (25 mai). Aux USA, le film est entre les mains d'Harvey Weinstein, qui vient de remporter un joli succès personnel avec The Artist, en passe de devenir l'un des cinq plus important succès de sa nouvelle compagnie de distribution, The Weinstein Company. "Un film français, c'est ce qu'il y a de plus cool en ce moment" a-t-il confié.

Polémique sur le racisme présumé du film

Le dernier nabab du cinéma américain a déjà commencé à déminer le terrain. Intouchables est en effet au coeur d'un mauvais buzz depuis sa sortie en France. Accusé de racisme par la critique américaine, Weinstein anticipe. Il a notamment dénoncé les propos de Jean-Marie Le Pen qui s'en prend à un film où un "délinquant immigrant" aide un handicapé : "Il y a cet homme politique en France, (...) il a dit que le personnage de François représente la France handicapée et que le personnage d'Omar représente les immigrés, et que la France ne sera pas sauvée par ces immigrés." Il a ajouté : "Jean-Marie, j'ai deux mots pour vous, et ce n'est pas "happy birthday" !" Le producteur et distributeur américain se dit effrayé par le soutien populaire à la candidate éventuelle Marine Le Pen et répugné par l'opinion - "bigote" selon Weinstein - du père sur Intouchables. "Ce serait un désastre pour la France si ces idées se répandaient".

Jeudi dernier, Intouchables vient de débuter sa série d'avant premières en ouvrant les Rendez-vous du cinéma français à New York. L'accueil a été chaleureux. Mais tout le monde a en tête la critique de Variety cet automne (voir notre actualité du 24 décembre), où la comédie était qualifiée de film raciste et Omar Sy de "singe savant". Le New York Times n'a pas été plus tendre en février :  "une grossière fiction qui exploite tous les vieux stéréotypes de l'homme noir en libérateur de culture".

A cause de leur histoire, les Américains voient du racisme partout. Viola Davis, citée à l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de bonne dans La couleur des sentiments, en a fait l'expérience l'an dernier. Un film est considéré comme raciste si le Noir est dans le rôle du "soumis". Il ne l'est pas si les personnages peuvent être interchangeables et le scénario indifférent à la couleur de peau. Apparemment, cela vaut quelque soit le message ou le contexte historique.

Le Monde a interviewé Manthia Diawara, Américain d'origine malienne, professeur à l'université de New York et auteur d'African Film : "c'est un film inoffensif et plutôt drôle" mais "le Blanc s'éloigne par sa rationalité ou par une manière de négliger l'intuition, l'émotion, et, de temps en temps, il a besoin du Noir pour lui rappeler qu'il est humain. C'est son contemporain primitif". Omar Sy ne serait donc qu'un Noir malin et amusant.

Harvey Weinstein honoré à Paris en juin

Peu importe qu'Intouchables séduise ou pas les Américains. Weinstein peut toujours en faire un remake puisqu'il en a acquis les droits en juillet dernier. Selon Olivier Nakache, "c'est dans les tuyaux". Pour l'instant, il prépare la bande annonce, les affiches et a programmé le film dans différentes avant premières. On parle aussi d'un événement à Cannes pour célébrer le succès phénoménal du film.

Harvey Weinstein sera ensuite en France début juin pour l'hommage qui lui sera rendu au premier Champs Elysées Film festival (6-12 juin, voir notre actualité du 23 octobre 2011). C'est bien le minimum pour celui qui a permis à un film français d'obtenir l'Oscar suprême avec The Artist. Il avait déjà distribué l'autre film phénomène des années 2000, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, et produit Le Patient anglais, qui avait valu un Oscar à Juliette Binoche. Le Festival lui décernera un trophée pour l'ensemble de sa carrière et projettera une sélection des plus grands films qu'il a produit (y compris durant la période Miramax).