La 8e édition de Madrid de Cine, l'équivalent des rendez-vous d'Unifrance pour le cinéma espagnol, avait lieu la semaine dernière, du 17 au 19 juin, dans la capitale des Ibères. L'occasion pour la presse internationale et plus de 400 professionnels de découvrir 40 films locaux prêts à être exportés.
Carmina o revienta de Paco Leon (3 fois nommé aux Goyas), Encierro 3D : Bull Running in Pamplona, documentaire de Olivier van der Zee, Alpha de Joan Cutrina, Esto no es una cita de Guillermo Fernández Groizard, The extraordinary tale of the times table de Jose F. Ortuño, Ali de Paco R. Baños, avec Veronica Forque, Somos Gente Honrada de Alejandro Marzoa et Una pistola en cada mano ont été parmi les films les plus vus durant ces journées d'après l'organisation.
Ainsi la comédie de Cesc Gay, Una pistola en cada mano, sortie fin 2012, portée par un casting alléchant - Ricardo Darín, Luis Tosar, Javier Cámara, Eduardo Noriega, Cayetana Guillén et Candela Pena, qui a remporté un Goya du meilleur second-rôle féminin pour ce film - a trouvé un distributeur en France. On a aussi appris que le duo de Cellule 211, Daniel Monzon et Luis Tosar, tourne un autre polar, El niño ; ou que L'orphelinat, le film phénomène de Juan Antoni Bayona, va faire l'objet d'un remake aux USA.
Pendant 3 jours, acheteurs de 29 pays, producteurs, journalistes (35 médias) se sont croisés dans un lieu unique pour rencontrer réalisateurs et comédiens des films participants.
Box office en chute libre
Ce succès croissant de Madrid de Cine a consolé une industrie cinématographique déprimée. Le box office est en chute libre depuis le début de l'année, après une année 2012 déjà désastreuse. Depuis 2009, le cinéma en Espagne est passé de 110 millions de spectateurs à 94 millions l'an dernier! En cause : la hausse de la TVA sur les billets de cinéma qui rend le ticket hors de prix (voir notre actualité du 4 octobre 2012). Le plus gros succès de l'année, The Croods, a rapporté 18 millions de $ quand l'an dernier déjà deux films avaient dépassé les 20 millions de $. Côté espagnol, le film le plus populaire cette année, à l'exception de Mama, reste le Pedro Almodovar, Les amants passagers, avec 6,5 millions de $ de recettes et une modeste 10e place dans le classement annuel.
Le nombre de tournage s'effondre avec seulement 43 productions lancées entre janvier et début juin, soit 25% de moins qu'en 2012 et 56% de moins qu'en 2011. Les mois à venir risquent de ne pas être plus réconfortants. Les budgets moyens par films sont eux aussi en forte baisse : 3 millions d'euros en 2010, à peine 1,8 million d'euros en ce début d'année.
Un cinéma tiré par ses recettes internationales
Cependant, la part de marché des films espagnols augmente (de 11,5% pour les six premiers mois de 2012 à 17,9% pour le premier semestre 2013). Cela confirme la tendance enregistrée l'année dernière, où le cinéma espagnol avait battu son record de 27 ans avec une part de marché de 19,3%. The Impossible a même été le plus gros succès de l'année avec 5,86 millions d'entrées.
Et l'exportation des films espagnols n'a jamais été aussi dynamique - ce qui renforce la nécessité d'un rendez-vous comme Madrid de Cine. En 2012, les recettes internationales ont rapporté 150 millions d'euros à l'industrie du cinéma espagnol, soit largement plus que les recettes du cinéma espagnol dans le pays (110 millions d'euros); au total, 141 films ont été vendus en 2012 pour des marchés étrangers (soit une trentaine de plus qu'en 2011) alors que le nombre de films produits diminue.