Pourquoi le César d’honneur 2016 est une offense au cinéma et aux cinéphiles ?

Posté par kristofy, le 30 janvier 2016

Cette semaine, l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma vient de faire connaître la liste des nominations des César, dont les gagnants seront connus le 26 février prochain, et d'annoncer un César d’honneur pour Michael Douglas alors qu’il en a déjà reçu un en 1998

Depuis quelques années un César d’honneur est remis à une star (surtout américaine) de passage à Paris : Dustin Hoffman, Harrison Ford, Quentin Tarantino, Kate Winslet, Kevin Costner, Scarlett Johansson, Sean Penn… Mais on ne sait pas vraiment pourquoi Michael Douglas, qui a déjà eu le droit à cet honneur en 1998, est de nouveau distingué.

Le cas des doublés

Le cas d’un César d’honneur doublé s’était déjà produit pour Jean-Luc Godard et pour Jeanne Moreau. En fait, Jeanne Moreau avait préféré le transmettre à Céline Sciamma (alors remarquée pour son premier film Naissance des Pieuvres). On croyait alors que ce doublé incompréhensible n’allait plus se reproduire. Le choix du récipiendaire d’un César d’honneur ne correspond à aucun vote, il s’agit d’une décision de la présidence de L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma. Depuis 2003 c'est le producteur Alain Terzian. Seule explication, le créateur des César Georges Cravenne était un ami de Diana Douglas, la mère de Michael Douglas, décédée durant cet été 2015.

Pendant plusieurs années il y avait un César d’honneur pour une personnalité internationale ET une personnalité française : en 2005 Will Smith et Jacques Dutronc, en 2006 Hugh Grant et Pierre Richard, en 2007 Jude Law et Marlène Jobert… Dernièrement, début janvier, en réaction à la mort de Michel Galabru à 93 ans et acteur dans plus de 200 films, Bertrand Blier avait déploré que l’Académie des César ne lui ai pas remis un César d’honneur plutôt que d’en donner un à une jeune actrice de 19 ans (une allusion à Scarlett Johansson)...

Pierre Etaix et Hayao Miyazaki ont reçu un Oscar d'honneur

Il serait bon de revenir à plusieurs César d’honneur, surtout avant qu’il ne soit trop tard. Il y a du monde à récompenser. Pas seulement des comédiens d'une génération antérieure aux César (qui n'ont que 40 ans), mais aussi des talents français connus dans le monde entier, des cinéastes étrangers qui doivent une grande partie de leur carrière aux financement hexagonaux ou même des artistes étrangers qui ont une place à part dans le coeur des cinéphiles français. C'est aussi un acte de résistance face à l'hégémonie hollywoodienne, une manière de montrer que le cinéma en France n'est pas considéré comme un simple business glamour. Ainsi, Rohmer, Rivette, Chabrol n'ont jamais été honoré malgré leur place dans le panthéon mondial du 7e art. On est proche du scandale quand les Oscars n'hésitent pas à récompenser Peter O'Toole, Ennio Morricone, Robert Altman, Pierre Etaix (sic, on n'y a jamais pensé en France!), Hayao Miyazaki (logique imparable), Jean-Claude Carrière, Spike Lee, Gena Rowlands, Lauren Bacall ou Maureen O'Hara (pour ne citer que quelques un des Oscars d'honneur depuis 15 ans).

Un César pré ou post mortem?

Et rien n'empêche aux Césars d'en remettre à titre posthume. 9a a été le cas en 2008 pour Romy Schneider. On peut ainsi imaginer Lino Ventura ou Jean Renoir, Marcel Pagnol ou Yves Montand, Françoise Dorléac ou Arletty, Jacques Demy ou Louis Jouvet. Alors que le cinéma de patrimoine est en vogue, ça aurait du sens.

En 2006 en recevant le sien Pierre Richard avait déclaré « quand j’ai appris que j’allais avoir le César d’honneur, j’ai foncé voir mon docteur pour lui demander ‘c’est si grave que ça, je n’en ai plus pour longtemps ?’ Je vais très bien. Ce César je le prends avec joie. J’ai envie de le partager avec tout ceux qui ne l’auront jamais… »

10 propositions pour le César d'honneur

Alors voici dix noms qui depuis longtemps sont fixés autant sur les génériques de quantités de films que dans les mémoires des spectateurs, comme autant de suggestions pour un futur César d’honneur mérité. La liste pourrait être beaucoup plus longue. D'Etaix à Miyazaki, de Loach à Moretti, de Leigh à Von Trier, de Wenders à Panahi, de Ocelot à Depardon, de Delon à Belmondo, les noms à honorer ne manquent pas. Et on pourrait ajouter Gilles Jacob dans la liste.

Anna Karina : 75 ans, actrice dans plus de 80 films depuis 1960 (Le petit soldat et Une femme est une femme, tous deux de Jean-luc Godard). Muse de JLG (Vivre sa vie, Pierrot le fou, Bande à part, Made in USA, Alphaville, Le plus vieux métier du monde), elle a tourné avec les plus grands auteurs de son époque: Agnès Varda (Cléo de 5 à 7), Michel Deville (Ce soir ou jamais), Chris Marker (Le joli mai), Luchino Visconti (L'étranger), Roger Vadim (La ronde), mais aussi George Cukor (Justine), Volker Schlöndorff (Michael Kohlhaas), Rainer Werner Fassbinder (Roulette chinoise), Raoul Ruiz (L'île au trésor). Plus récemment elle était chez Jacques Rivette (Haut bas fragile). Prix d'interprétation féminine à Berlin pour Une femme est une femme, nommée au César du meilleur second-rôle féminin pour Cayenne Palace en 1988, réalisatrice, romancière, chanteuse (divine), comédienne de théâtre, elle est la plus française des danoises.

Claudia Cardinale : 77 ans, actrice dans environ 100 films depuis 1955 (La Fille à la valise de Valerio Zurlini, Rocco et ses frères de Luchino Visconti, Austerlitz d'Abel Gance, Cartouche de Philippe de Broca, Huit et demi de Federico Fellini, Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone, Les Pétroleuses de Christian-Jaque, Fitzcarraldo de Werner Herzog, Un balcon sur la mer de Nicole Garcia, Gebo et l'ombre de Manoel de Oliveira, L'Artiste et son modèle de Fernando Trueba…), plusieurs David di Donatello (le César italien) de meilleure actrice, 2 Golden Globe, Lion d’or d’honneur à Venise et Ours d’or d’honneur à Berlin pour l’ensemble de sa carrière, depuis 2008 en France dans l’Ordre national de la Légion d'honneur…

Jean-Claude Carrière : 84 ans, scénariste de plus de 60 films depuis 1963 (films réalisés par Pierre Étaix, Luis Buñuel, Louis Malle, Jacques Deray, Milos Forman, Alain Corneau, Volker Schlöndorff, Jean-Luc Godard, Nagisa Oshima, Jean-Paul Rappeneau, Jonathan Glazer, Fernando Trueba, Atiq Rahimi…), 4 nominations aux Césars (Cet obscur objet du désir, Danton, Cyrano de Bergerac) dont statuette obtenue en 1983 pour Le Retour de Martin Guerre, nomination à l'Oscar de la meilleure adaptation pour L'Insoutenable Légèreté de l'être, et même Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2014…

Jacques Doillon : 71 ans, 27 longs-métrages depuis 1973, 2 films à cannes, 3 films à Venise, 4 films à Berlin, La Drôlesse avec 2 nominations aux Césars (meilleur réalisateur, scénario), Le Petit Criminel avec 3 nominations aux Césars (meilleur film, réalisateur, scénario) et Prix Louis-Delluc… Il est l'un des derniers cinéastes de sa génération en activité, et a toujours été en marge du système.

Michael Lonsdale : 84 ans, acteur dans plus de 130 films depuis 1956 (Le Procès d’Orson Welles,  La Mariée était en noir de François Truffaut, Le Souffle au cœur de Louis Malle, India Song de Marguerite Duras, Section spéciale de Costa-Gavras, Monsieur Klein de Joseph Losey, James Bond 007:Moonraker de Lewis Gilbert, Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud, Les Vestiges du jour de James Ivory, Ronin de John Frankenheimer, Munich de Steven Spielberg, Maestro de Lea Fazer…), 3 nominations aux Césars en catégorie meilleur acteur dans un second rôle (Nelly et Monsieur Arnaud, La Question humaine) dont statuette obtenue en 2011 pour Des hommes et des dieux

Michel Piccoli : 90 ans, acteur dans plus de 220 films depuis 1945 (Le Journal d'une femme de chambre de Luis Buñuel, Le Mépris de Jean-Luc Godard, Paris brûle-t-il ? de René Clément, Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, L'Étau d'Alfred Hitchcock, Les Choses de la vie de Claude Sautet, La Grande Bouffe de Marco Ferreri, Partir, revenir de Claude Lelouch, Mauvais Sang de Leos Carax, Milou en mai de Louis Malle, Je rentre à la maison de Manoel de Oliveira…), réalisateur de 3 films, 4 nominations aux Césars (Une étrange affaire, La Diagonale du fou, Milou en mai, La Belle Noiseuse), palme du meilleur acteur au Festival de Cannes 1980 (Le Saut dans le vide), ours du meilleur acteur au Festival de Berlin 1982 (Une étrange affaire), meilleur acteur au Festival de Locarno 2007 (Les Toits de Paris), et même David di Donatello (le César italien) du meilleur acteur en 2012 (Habemus papam)…

Vanessa Redgrave : 78 ans, actrice dans plus de 80 films depuis 1958 (Blow-Up de Michelangelo Antonioni , Le Crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet, Prick Up Your Ears de Stephen Frears, Retour à Howards End de James Ivory, Little Odessa de James Gray, Mission impossible de Brian De Palma, The Pledge de Sean Penn, Reviens-moi de Joe Wright, Le Majordome de Lee Daniels, Foxcatcher de Bennett Miller…), 6 nominations aux Oscars (1 statuette remportée pour Julia), 2 fois Palme de la meilleure actrice à Cannes (pour Morgan, Isadora)…

Gena Rowlands : 85 ans, actrice dans plus de 40 films depuis 1958 (7 films avec son mari John Cassavetes, Light of Day de Paul Schrader, Une autre femme de Woody Allen, Ce cher intrus de Lasse Hallström, Night on Earth de Jim Jarmusch, N'oublie jamais de Nick Cassavetes…), 2 nominations aux Oscars, à Berlin Ours d'argent de la meilleure actrice…

Liv Ullmann : 77 ans, actrice dans plus de 40 films depuis 1957 (ceux avec son mari Ingmar Bergman, Léonor de Luis Buñuel, Un pont trop loin de Richard Attenborough…) mais aussi réalisatrice et scénariste (Infidèle, Mademoiselle Julie…), 2 nominations aux Oscars, en 2001 elle était présidente du jury du Festival de Cannes, en 2004 elle reçoit un European Award d'honneur pour sa contribution au cinéma mondial…

Max von Sydow : 86 ans, acteur dans plus de 80 films depuis 1949 (L'Exorciste de William Friedkin, Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack, La Mort en direct de Bertrand Tavernier, Conan le Barbare, James Bond 007:Jamais plus jamais, Hannah et ses sœurs de Woody Allen, Minority Report de Steven Spielberg, Shutter Island de Martin Scorsese, en ce moment au cinéma dans Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force et Les Premiers, les Derniers de Bouli Lanners), 2 fois nominé pour un Oscar (Pelle le conquérant, Extrêmement fort et incroyablement près), d’origine suédoise il est devenu citoyen français en 2002 et dix plus tard honoré du titre Chevalier de la Légion d'honneur…

Edito: Tonton, Charlie, Michel et les autres…

Posté par redaction, le 7 janvier 2016

Triste début d'année 2016. Pour ne pas dire macabre. On aurait envie de voir la vie en rose, elle serait immédiatement fanée. Déjà, tradition française, on est envahit par les commémorations. Mitterrand il y a 20 ans, Charlie Hebdo il y a un an. Le deuil s'éternise. Il faut savoir regarder le passé, le comprendre, mais de là à nous détourner du présent, à obscurcir l'avenir... On est loin du carpe diem avec ce gavage de nostalgie, ce réveil de traumatismes, cet enchaînement à des fantômes. Pas de quoi retrouver le moral.

Et quand bien même, on ferait abstraction de cette actualité célébrant des faits d'un autre temps - paradoxe -, nous voici endeuillés jour après jour. Michel Delpech, Vilmos Zsigmond, Silvana Pampanini, René Vautier, Pierre Boulez, Robert Stigwood, Jean-Pierre Fougea et Michel Galabru ont déjà tiré leur révérence, le premier de l'an à peine passé. Certains auront révolutionné leur art, d'autres auront marqué par leur singularité, et d'autres encore auront contribué à des émotions mémorables. Galabru, c'est encore un cas à part. Populaire, le talent parfois grandiose, souvent gâché, le truculent comédien, capable de jouer du Pagnol et du Feydeau, du Dubillard et du Molière, un Gendarme burlesque et un assassin fascinant, unique quand il faut sortir une tirade sur le Nord de la France et mécanique quand on lui demande de jouer les guignols face à une star, il avait donné 65 ans de sa vie à son métier. Artisan permanent, amuseur public, maître respecté, c'est une époque qui s'éteint un peu plus. Le dernier Gendarme, le dernier membre de la Cage aux folles. Il n'y aura peut-être plus de Galabru. Aujourd'hui il faut des comiques, jeunes, épilés, propres sur soi. Il faut du bankable, de l'aseptisé, du séducteur d'ados, des demi-dieux médiatiques (et suivis sur Twitter).

Un peu plus cette époque s'efface. Mais que construisons-nous comme légendes, monstres sacrés pour demain? Ce n'était pas mieux avant. Ce qui compte c'est que ce soit aussi bien, et même mieux, après. En ce début d'année noire, il est primordial de mettre de la couleur, de créer des codes nouveaux, de trouver, accompagner les oeuvres et les personnalités qui feront des années 2000-2010 une belle époque, et pas seulement une période de crise démoralisante. Demain, c'est maintenant. Tant que nous sommes vivants.

Michel Galabru, monstre des planches et géant des écrans, est mort (1924-2016)

Posté par vincy, le 4 janvier 2016

A 93 ans, Michel Galabru a eu la plus douce des morts: dans son sommeil. Il a tourné 250 films et téléfilms, de 1948 à aujourd'hui. Une oeuvre prolifique, qui n' a pas toujours été à la hauteur de son talent. Il tournait pour l'argent, par paresse, ne cherchait jamais à dessiner un plan de carrière. "Je suis resté sans travail pendant huit mois. On attend que le téléphone sonne comme les putes! C'est une mort lente. Je tourne en ce moment pour le cinéma mais ça fait six ans que je n'avais rien" expliquait-il en 2007. A cette époque, conscient de sa carrière erratique, il avait rendu "hommage" à "tous les mauvais textes" qui lui avaient permis "de vivre". "J'ai eu quand même quelques beaux textes au cinéma, parmi beaucoup de navets, pour manger et échapper au fisc". Il était difficile de ne pas l'aimer tant il était généreux et tendre, timide aussi. Même ses colères semblaient être feintes. Dernier gendarme de Saint-Tropez, dernier membre de la Cage aux folles, voilà une époque qui disparaît.

Comedia dell'arte

Pour beaucoup de spectateurs, Galabru c'est avant tout un comédien populaire. De ceux qui font rire dans des navets ou des films cultes, souvent en seconds-rôles. A commencer par la série des "Gendarme" avec Louis de Funès en irrésistible adjudant Gerber. Mais on le voit aussi dans La guerre des boutons d'Yves Robert, Tartarin de Tarascon de Francis Blanche, La cuisine au beurre de Gilles Grangier, Le petit baigneur de Roger Dhéry, Jo de Jean Girault, Elle cause plus... elle flingue de Michel Audiard ou encore chez Claude Zidi, Jean-Pierre Mocky, Georges Lautner (souvent en souffre-douleur de Belmondo), Philippe Clair, Pierre Tchernia... Le grand public, il l'a fait rire que ce soit dans La cage aux folles ou L'avare, Les sous-doués ou Le guignolo, Papy fait de la résistance ou Astérix et Obélix contre César, Bienvenue chez les Ch'tis ou Le Petit Nicolas. Il avait cette grosse voix, son accent du sud quand il le voulait, ce physique bonhomme et imposant, loin d'un corps de jeune premier. Et puis ce jeu, ample, imposant, charismatique. Il suffisait d'aller le voir au théâtre pour comprendre dès son entrée qu'il était le roi, celui qui focalise l'attention, d'un geste, d'une parole.

Après une enfance au Maroc puis dans les environs de Montpellier, rêvant de football, viré de sept écoles, avant d'être enrôlé par le STO dans un camp de travail pendant la guerre, il entre au Conservatoire national d'art dramatique où il obtient le premier prix. Il est engagé à la Comédie Française en 1950 et y restera sept ans. La scène restera sa grande passion. Il créa même une école, véritable pépinière de talents.

Le choix du drame

Cependant il ne faudrait pas réduire Galabru à ses rôles de farceurs, de maladroits, de bras cassé ou de con malgré lui. Car le cinéma n'a pas été avare avec lui en grands rôles. Il a même eu quelques belles aventures dramatiques, tournant avec Luigi Comencini, Denys Granier-Deferre, André Cayatte...  En 1974, Costa Gavras lui fait incarner un magistrat dans Section spéciale. Et deux ans plus tard, Bertrand Tavernier lui offre son plus grand rôle, celui d'un sergent qui assassine sa fiancée dans Le juge et l'assassin. Complètement habité, au bord de la folie. Il reçoit le César du meilleur acteur pour cette prestation qui le révèle sous un autre jour. Il ne s'arrêtera pas là, même s'il a du attendre pour qu'on lui propose d'autres personnages plus noirs. Commissaire dans Le choix des armes d'Alain Corneau, infirme dans L'été meurtrier de Jean Becker, de nouveau commissaire dans Subway de Luc Besson... il devient progressivement, avec l'âge, un de ces monstres sacrés, cultes, qu'on peut engager pour une comédie de sous zone, une grande production (La révolution française de Robert Enrico) ou un polar. Il faisait du Galabru, à l'instar d'un Simon ou d'un Jouvet. Capable d'aller chez Godard en amiral dans Soigne ta droite, et, la même année d'accepter le désastreux Poule et frites de Luis Rego. Génial aussi car il lui suffisait d'une scène bien dialoguée pour voler la vedette à tout un film (on se rappelle sa description des misères du nord de la France dans les Ch'tis).

A partir des années 1990, préférant les planches, il se fait rare sur les plateaux. Claude Berri en fait le roi du marché noir dans Uranus, film sur l'Occupation. Bertrand Blier l'engage comme client d'Anouk Grinberg, prostituée, dans Mon homme (et lui fera jouer son rôle dans Les acteurs), Fernando Trueba le choisit pour Belle époque tandis qu'Arthur Joffé en fait un Dieu dans Que la lumière soit. Flic, juge, Dieu ou pape, il était souvent notable, pas forcément sympathique, ne faisait qu'un petit tour dans un film, accolant son nom prestigieux à un générique. Récemment, on l'a surtout remarqué dans Un poison violent de Katell Quillévéré et il sera à l'affiche de L'Origine de la violence d'Elie Chouraqui, son dernier film.

Bourgeois gentilhomme ou boulanger provençal

Galabru tourna aussi des courts métrages, fit des doublages de voix (La prophétie des grenouilles, Le manège enchanté, Hôtel Transylvanie 2) et fut au casting de nombreux téléfilms et sitcoms (Scènes de ménage; Bref, Nos chers voisins). Côté scène, ce fut évidemment l'un des grands interprètes de Molière et de Pagnol. Mais pas seulement: Pirandello, Feydeau, Shakespeare, Labiche, Courteline, Goldoni, Simon, Giraudoux, Ionesco, Anouilh, Dubillard, .... ou même Daniel Colas grâce à qui il reçu un Molière du meilleure acteur pour "Les chaussettes opus 124" en 2008. on venait voir Galabru pour lui plus que pour le texte, si bien clamé, toujours. Car sa diction était parfaite. Au point d'enregistrer de nombreux livres audios. Il a écrit aussi plusieurs livres, notamment sur ses "maîtres", Marcel Pagnol et Sacha Guitry, mais aussi sur le rire. Cet amoureux du silence, il va pouvoir en profiter lui qui narguait la mort ainsi: "Tout le monde a peur de la mort, et pourtant tout le monde meurt. Ca ne doit pas être si difficile que ça de mourir parce que finalement tout le monde y arrive, et avec beaucoup plus de simplicité qu'on ne se l'imaginait." En ajoutant: "La mort ne tient pas toujours compte de l'âge, alors il faut être prêt!". Il aura quand même donné 65 ans de son existence à son art: jouer. Jusqu'au dernier souffle.

Depardieu s’engage sur deux nouveaux films

Posté par vincy, le 17 juillet 2009

Toujours aussi boulimique, le comédien français Gérard Depardieu a accepté deux nouveaux projets. Tout d'abord, il retrouvera Jean Becker, qui l'avait dirigé dans Elisa, en père alcoolique de Vanessa Paradis. La tête en friche, adaptation du roman de Marie-Sabine Roger paru il y a un an, lui fera jouer un homme géant, inculte, paresseux, bref le parfait idiot du quartier, ami d'une vieille dame, Margueritte, très érudite. Le tournage débutera le 28 septembre.  Becker sort d'un succès populaire avec Deux jours à tuer qui a réunit un peu plus d'un million de spectateurs en 2008.

Il s'est aussi engagé pour incarner le peintre Claude Monet dans le film de Chantal Picault (Accroche-coeur), dont le tournage est prévu au printemps prochain. Michel Galabru sera Clémenceau et Sandrine Bonnaire (le duo de Sous le soleil de Satan) interprètera l'élebe et assistante du maître, Blanche Hoschedé.

Bouquet Final : Bienvenue chez les croque morts

Posté par Morgane, le 3 novembre 2008

bouquetfinal.jpg«- Artiste raté, c’est pas un métier » 

Synopsis : Gabriel se rêve compositeur de musiques de films, mais la gloire se fait attendre et ses cours de musique ne suffisent plus à le faire vivre. Aussi, lorsqu’un ancien camarade d’école de commerce lui propose de le recruter comme directeur commercial Paris d’une entreprise américaine de pompes funèbres, il accepte. Mais avant de prendre ses fonctions à Ciel et Terre, il doit passer trois mois en stage à l’Agence Père-Lachaise afin d’apprendre le métier et de tâter les réalités du terrain. Aux côtés de Gervais Bron, 15 ans de métier, Gabriel découvre le monde des croque-morts, les macchabées, les enterrements, le business… et surmonte ses réticences tout en commettant toutes les bourdes imaginables.

Notre avis : Après avoir signé les scenarii de La vengeance d’une blonde, L’enquête corse ou encore L’auberge rouge - d'inoubliables chefs d'oeuvre -, Michel Delgado se lance ici dans l’aventure de son premier long métrage en tant que réalisateur. Sur une idée où la mort est un des personnages centraux, l’humour noir et le cynisme auraient tout à fait pu être des invités de marque. Mais plutôt que d’emprunter cette voie, Michel Delgado a préféré suivre la route toute tracée de la comédie gentillette sans réelle surprise, ni véritable intérêt il faut bien le dire.

Basant son récit sur de nombreux clichés (incompréhensions entre les générations, idées toutes faites sur les gitans…) ainsi que sur des histoires d’amour et d’amitié banales, il n’y a guère que certains des acteurs secondaires qui tirent leur épingle du jeu ainsi, peut-être, qu’un Didier Bourdon qui ne s’en sort pas si mal dans la peau d’un directeur de pompes funèbres en mal d’ascension vers les plus hautes sphères. On peut aussi saluer le couple Marthe Keller-Gérard Depardieu qui s’en donnent à cœur joie en parents bobos-écolos ainsi que Michel Galabru en grand-père passablement triste d’avoir perdu son ex-femme.

Néanmoins, les performances de ces derniers ne suffisent pas à nous faire oublier la rigidité du cadre dans lequel le récit se déroule et le jeu sans couleur de Marc-André Grondin (CRAZY) et Bérénice Béjo (OSS 117).