Prix Magritte 2019 : deux films cannois récoltent 9 prix!

Posté par kristofy, le 2 février 2019

En France la cérémonie des César aura lieu le 22 février, chez nos voisins belges (côté francophones) la cérémonie des Magritte est déjà bouclée : le grand gagnant est Nos Batailles de Guillaume Senez qui remporte 5 prix dans les catégories principales : meilleur film, meilleure réalisation, meilleure actrice dans un second rôle, meilleur espoir féminin et meilleur montage. Le film, présenté à la Semaine de la critique l'an dernier à Cannes,  est aussi nommé aux César, notamment dans la catégorie film étranger et acteur (Romain Duris).

L'autre grand gagnant avec 4 prix c'est Girl de Lukas Dhont : meilleur film flamand, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleur acteur dans un second rôle. Girl, lui aussi nommé au César du meilleur film étranger, avait remporté la Caméra d'or (meilleur premier film du festival), un prix d'interprétation à Cannes dans la sélection Un certain regard (Victor Polster) et la Queer Palm.

En meilleure actrice, repartie sans récompense, il y avait aussi Cécile de France pour Mademoiselle de Joncquière qui sera dans la même catégorie aux César, Ni juge ni soumise qui a reçu le Magritte du meilleur documentaire est aussi en lice pour le César équivalent.

Outre Nos Batailles et Girl, les autres favoris - avec plusieurs nominations - étaient TueursLaissez bronzer les cadavres, Mon ket, et Une part d'ombre. Si Laissez bronzer les cadavres est distingué par trois prix techniques, Tueurs n'a reçu qu'un prix, pour Lubna Azabal en meilleure actrice, et Mon Ket et Une part d'ombre repartent complètement bredouilles.

Palmarès :
Meilleur film : Nos Batailles de Guillaume Senez
Meilleur premier film : Bitter Flowers d'Olivier Meys
Meilleure réalisation : Guillaume Senez pour Nos Batailles
Meilleur film flamand : Girl de Lukas Dhont
Meilleur film étranger en coproduction : L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam
Meilleur scénario original ou adaptation : Lukas Dhont et Angelo Tijssens pour Girl
Meilleure actrice : Lubna Azabal dans Tueurs
Meilleur acteur : Victor Polster dans Girl
Meilleure actrice dans un second rôle : Lucie Debay dans Nos Batailles
Meilleur acteur dans un second rôle : Arieh Worthalter dans Girl
Meilleur espoir féminin : Lena Girard Voss dans Nos batailles
Meilleur espoir masculin : Thomas Mustin dans L'échange des princesses
Meilleure image : Manu Dacosse pour Laissez bronzer les cadavres
Meilleur son : Yves Bemelmans, Benoît Biral, Dan Bruylandt et Olivier Thys pour Laissez bronzer les cadavres
Meilleurs décors : Alina Santos pour Laissez bronzer les cadavres
Meilleurs costumes : Nathalie Leborgne pour Bye Bye Germany
Meilleure musique originale : Simon Fransquet pour Au temps où les Arabes dansaient
Meilleur montage : Julie Brenta pour Nos Batailles
Meilleur court métrage d'animation : La bague au doigt de Gerlando Infuso
Meilleur court métrage de fiction : Icare de Nicolas Boucart
Meilleur documentaire : Ni juge ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant

Cannes 2018: Nos retrouvailles avec Terry Gilliam

Posté par vincy, le 18 mai 2018

Un chemin de croix. Près de 20 ans qu'il en rêve. Terry Gilliam touche au but en présentant en clôture du Festival de Cannes son Don Quichotte. Une première tentative, avec Johnny Depp, Vanessa Paradis et feu Jean Rochefort, avait collectionné les avanies. Le tournage s'interrompit. Ce désastre fut l'objet d'un formidable documentaire de Keith Fulton et Louis Pepe, Lost in La Mancha, sorti en 2001.

Aujourd'hui on parle davantage du feuilleton judiciaire qui entoure L'homme qui tua Don Quichotte, objet d'un conflit financier entre le producteur Paulo Branco, qui permit de réveiller le projet, et les actuels producteurs, qui ont financé le film. A la sixième tentative c'était la bonne.

Mais peu importe, on est heureux de retrouver Terry Gilliam à Cannes avec son arlésienne, ce film qu'il a porté si longtemps, ce rêve d'enfant. A bientôt 78 ans, le britannique est l'un des rares cinéastes à avoir un fan-club authentique. Son style a même un nom, "Gilliamesque", qui fut d'ailleurs le titre de son autobiographie très illustrée (éditée chez Sonatine en France).

L'homme qui tua Don Quichotte sera son quatrième film en sélection officielle à Cannes. Il est d'abord venu en compétition avec Monty Python, Le sens de la vie, film culte et désopilant de 1983 et Grand prix spécial du jury, puis avec le déjanté Las Vegas Parano, avec Johnny Depp et Benicio del Toro, en 1998. On ne l'avait plus croisé sur les marches depuis 2009, avec L'imaginarium du Docteur Parnassus, hors-compétition.

Il faut dire que Terry Gilliam n'a rien réalisé depuis 2013 (Zero Theorem, peu convaincant), tout concentré qu'il était à l'idée de filmer l'adaptation très personnelle du classique de Cervantès. Ses films les plus récompensés - Brazil, sans doute son meilleur car son plus fondateur, Les aventures du Baron Münchausen, incontestablement son plus emblématique, Le roi Pêcheur (The Fisher King), magnifique et poétique - tous réalisés après la période Monty Python, ont affirmé sa singularité visuelle et narrative: des personnages fantasques, des univers oniriques, des délires flirtant avec Kafka, Bosch, ou Bukowski. Pas surprenant qu'il ait filmé Les frères Grimm, conteurs éternels, où, déjà, à l'instar de Don Quichotte, il remaniait leurs récits à sa manière.

Inégal, il a quand même su séduire un large public avec trois films. Outre Le roi Pêcheur, ses deux plus gros succès sont Bandits, bandits (1981), avec Sean Connery, film fantastique burlesque, et L'armée des 12 singes (1995), avec Bruce Willis et Brad Pitt, thriller entre anticipation et aliénation.

On voit bien que Terry Gilliam n'a jamais hésité à se frotter aux subconscients et aux genres. En créant un univers aussi personnel, il a composé une œuvre singulière et fascinante, un grand bazar d'images où la création est reine.

« L’homme qui tua Don Quichotte » peut sortir en France le 19 mai

Posté par vincy, le 10 mai 2018

Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a accordé un visa pour la diffusion en salles de L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam, malgré la décision juridique toujours en attente concernant le conflit qui oppose le réalisateur et les producteurs du film au producteur Paulo Branco.

"Après avis de la Commission de classification, un visa tout public a été attribué ce jour au film de Terry Gilliam L’homme qui tua Don Quichotte. Le visa d’exploitation est le document officiel qui permet la diffusion d’un film dans les salles de cinéma", a indiqué l'organisme.

"La décision du juge des référés d’hier a confirmé qu’il serait disproportionné d’empêcher la diffusion de l’œuvre" à cause de ce conflit juridique entre les parties, qui "sera tranché définitivement" le 15 juin par le Tribunal, a précisé le CNC, qui ajoute: "Le contentieux qui oppose par ailleurs M. Branco (Alfama Films) à M. Gilliam, porte sur les conditions dans lesquelles il a été mis fin à leur collaboration, et sur les droits dont M. Branco serait encore titulaire en application de la convention conclue entre eux".

Le Tribunal de grande instance de Paris avait donné hier son accord à la projection du film en clôture de la 71e édition du Festival de Cannes prévue le 19 mai. Océan films sortira le film dans toute la France le même jour.

Cannes 2018: la justice autorise la projection du film de Terry Gilliam

Posté par vincy, le 9 mai 2018

Le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux vient d'annoncer lors de l'ouverture d'Un certain regard, avec Donbass de Sergei Loznitsa, que la justice autorisait la projection en clôture de L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam. Il a aussi affirmé que le réalisateur serait présent, malgré un accident de santé ce week-end à Londres, qui l'a obligé à être brièvement hospitalisé. "Pas encore mort. Je viens à Cannes" a envoyé comme message Terry Gilliam au Festival de Cannes.

Gros clash pour beaucoup de cash autour du film de Terry Gilliam

La nouvelle est heureuse pour le cinéaste et ses producteurs, surtout après la mauvaise nouvelle de ce matin: le distributeur américain Amazon Studios venait d'annoncer qu'il se retirait de ses droits de diffusion, après avoir pourtant financé une bonne partie de la production.

Une projection autorisée avec un avertissement préalable

Pourtant le jugement ne fait pas de gagnants ou de perdants. Après tout, c'est un référé qui ne juge pas l'affaire sur le fond. Le jugement indique clairement que le juge des référés ne "dispose pas des pouvoirs pour statuer sur la demande d'autorisation générale de distribution sur le territoire national le 19 mai." La cour déboute cependant Paulo Branco et sa société Alfama Films "de leur demande d'interdiction de projection du film (...) en séance de clôture" du Festival de Cannes.

Le juge contraint le Festival de diffuser à ses frais préalablement à la projection un message d'avertissement indiquant que la projection du film lors de cette séance "ne préjuge en rien des droits revendiqués par la société Alfama Films productions et Monsieur Paulo Branco sur ce film à l'encontre de Monsieur Terry Gilliam et des producteurs mentionnés au générique, qui font l'objet de procédures judiciaires en cours". Le jugement pour ces procédures est attendu pour le 15 juin. Enfin pour les dépens (dommages), Paulo Branco recevra 1500 euros des producteurs et du réalisateur.

La distribution du film ni interdite ni validée

Du côté d'Alfama on crie victoire. Pourtant la demande initiale qui a valu ce référé a été rejetée: le film sera bien montré à Cannes. Et ne préjuge en rien le jugement sur le fond du procès encore opposant Gilliam et ses producteurs à Alfama.

Paulo Branco estime "que cette décision lui donnait malgré tout raison sur le fond" puisque "le film peut être projeté mais le festival doit informer tout le monde que cela n'infirme en rien les décisions judiciaires précédentes d'octroyer les droits à Alfama". Criant victoire, il considère qu'il s'agit  "d'une autorisation exceptionnelle".

Pour son avocate, "Cette projection constitue un trouble manifestement illicite" même si le tribunal ne reconnaît pas ce trouble. "Ce trouble sera suffisamment réparé pour l'instant" par le carton d'avertissement projeté avant le film.

De son côté Océan films, le distributeur continue de penser qu'il est en droit de distribuer le film dans toute la France le 19 mai, après la décision rendue par la justice française aujourd'hui."Le distributeur est victime de ce conflit. Nous sommes satisfaits car nous ne sommes pas aujourd'hui sous le coup d'une interdiction de distribution", a estimé l'avocat de Star Invest Films France, Me Christophe Ayela, dans une déclaration à l'AFP.

Cependant, on attend que le CNC délivre un visa d'exploitation pour qu'il puisse sortir en salles.

Prochain round dans les jours qui suivent.

Gros clash pour beaucoup de cash autour du film de Terry Gilliam

Posté par vincy, le 3 mai 2018

Après le soutient virulent apporté par le Festival de Cannes à Terry Gilliam, dont le dernier film L'homme qui tua Don Quichotte doit faire la clôture de la manifestation, Paulo Branco a réagi rapidement, rappelant que "Trois décisions judiciaires ont confirmé les droits exclusifs de Paulo Branco et d’Alfama Films Production sur le film de Terry Gilliam, The man who killed Don Quixote. Ces décisions ont l’autorité de la chose jugée et empêchent toute projection ou exploitation du film sans l’accord de son producteur."

Le producteur, qui avait déjà reproché le passage en force du Festival, explique que "L’exploitation du film est impossible en l’absence de visa d’exploitation que le CNC, pour sa part respectueux du droit, ne peut délivrer. Le Festival de Cannes a décidé de passer outre ces décisions de justice qui avaient été portées à sa connaissance et c’est la raison pour laquelle c’est lui qui a été assigné en justice", ajoutant qu'il est "indécent" de comparer la situation de Terry Gilliam, "qui se refuse à respecter les décisions judiciaires dans un Etat de droit, à celle de réalisateurs victimes de la répression et de la censure dans leurs pays." Il ajoute: "Le Festival de Cannes n’est pas au-dessus de la loi et la virulence et l’agressivité de son ton n’y changeront rien", et dément avoir utilisé "des méthodes d’intimidation en saisissant la justice pour faire respecter ses droits."

Branco, qui risque de finir persona non grata à Cannes, se donne ainsi le beau rôle dans cette histoire: "pendant seize ans de 2000 à 2016, Terry Gilliam n’a trouvé aucun producteur acceptant de reprendre son projet." "Si ce film existe aujourd’hui, c’est grâce au travail et aux investissements réalisés par Alfama Films Production et Paulo Branco, quand personne ne croyait plus à ce film".

Aparté: On attendra sereinement le référé du 7 mai, demandé par le producteur, qui veut interdire la projection cannoise ET la sortie française du film. Et surtout la décision du tribunal attendue le 15 juin: Durant la préproduction du film, de nombreux désaccords, liés au budget, au casting, au calendrier de tournage ont opposés Paulo Branco à Terry Gilliam, qui a finalement renoncé au tournage avant de se tourner vers la société espagnole de production Tornasol, qui faisait partie de la structure de coproduction constituée par Alfama Films. Il a relancé la production une fois qu'Amazon, après s'être désisté de la coproduction d'origine, s'est investie aux côtés de Tornasol. Entre-temps, le réalisateur a ouvert une procédure auprès de la justice française pour faire résilier le contrat de cession de ses droits au profit de Paulo Branco. Mais il y a un an la justice française s'est prononcée en première instance en faveur de Paulo Branco, tout en rejetant la demande du producteur portugais de stopper le tournage alors en cours pour contrefaçon. Saisie par le réalisateur, la cour d'appel de Paris a examiné à son tour l'affaire début avril et rendra sa décision le 15 juin. Deux autres procédures sont en cours. En Angleterre, la Haute Cour de Londres a donné raison à Alfama Films aux dépens de RPC, pour les droits sur le scénario. En Espagne, la procédure qui oppose Alfama Films à Tornasol pour les droits du film est en cours.

Les producteurs du film et Océan films, distributeur français, ont à leur tour décidé de se défendre médiatiquement par communiqué.

"Afin d’éclairer le public qui suivrait cette affaire et tous les amoureux du cinéma de Terry Gilliam, nous voudrions porter une information aussi objective que possible sur le dernier volet rocambolesque de cette incroyable histoire de cinéma et expliquer pourquoi M. Branco n’est pas et ne sera jamais ce qu’il prétend être, à savoir le producteur de ce film. Parce qu’il ne détient pas les droits d’auteur sur le scénario du film : s’il a bénéficié d’une option pour acquérir ces droits auprès de leur titulaire, la société anglaise RPC, il ne l’a jamais levée car il était dans l’incapacité d’en payer le prix de 250000€.
Parce qu’il n’a jamais payé le prix des droits d’auteur-réalisateur du film, il n’a pas même versé 1€ à Terry Gilliam à ce titre.
Et parce qu’il n’a pas produit le film sélectionné par le Festival de Cannes
". Dont acte?

Le communiqué révèle quelques pièces (croustillantes) du dossier. Paulo Branco se serait livré à un véritable chantage, menaçant Terry Gilliam, à qui il écrit: "Soit tu fais ce film à ma façon, soit tu compromets irrémédiablement la faisabilité du projet et ton film est condamné, il ne verra jamais le jour". Sous le choc, Terry Gilliam refuse de céder. M. Branco lui répond: "Notre collaboration est impossible. Bonne chance avec un autre producteur".

"Terry Gilliam décide donc de résilier son contrat. (...) A cet instant précis, la préparation du film n’a pas commencé et M. Branco n’a pas versé un centime à Terry Gilliam. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. En danger d’être à jamais enseveli, le film est alors sauvé par quatre producteurs : la britannique Amy Gilliam, l’espagnole Mariela Besuievsky, avec le soutien du belge "Entre Chien et Loup" et du français Kinology. Elles et ils sont les producteurs du film : ils ont réuni 16M€ de financement et convaincu les distributeurs. Ils sont les propriétaires du film dont la chaîne des droits est enregistrée dans quatre pays. Il leur faut neuf mois pour préparer et démarrer le tournage, le temps de rebâtir sur les décombres laissés par M.Branco qui, en moins de cinq mois de "collaboration", aura été incapable de redonner vie au projet tel qu’il était conçu par son auteur, et aura démontré sa volonté destructrice et autoritaire, dont la séquence que nous vivons en ce moment est une nouvelle illustration" détaillent-ils.

En fait les producteurs décident de ne pas reconnaitre Alfama comme détenteur de droits exclusifs et donc "l'autorité de trois procès gagnés" par Paulo Branco. Ils nuancent: "Le refrain "3 procès gagnés" repose sur l’interprétation spécieuse par M. Branco d’une décision rendue par un juge français et de deux décisions anglaises. " Pour eux c'est un problème d'interprétation: "Le juge du fond a écarté la prétention d’ALFAMA de détenir des droits d’auteur-réalisateur. La "victoire" que M. Branco s’attribue, c’est que le juge a également estimé que M. Gilliam n’aurait pas dû résilier ainsi son contrat. Pour autant, le juge a considéré que cela était sans incidence sur le processus de production du film en cours par les véritables producteurs." Côté anglais, selon eux, "les juges prorogent l’option sur le scénario dont bénéficiait M. Branco. Or, cette option ne peut plus être levée, puisque les droits ont été cédés légalement aux nouveaux producteurs. Et bien cédés, ajoutent les juges anglais qui considèrent que cette cession est valide et opposable à M.Branco, qui ne pourra donc jamais être cessionnaire des droits du scénario."

"Les déclarations de son fils sur les réseaux sociaux y ajoutent une dose de grotesque, qui pourrait faire sourire si cela ne cherchait à mettre à nouveau en péril un film qui s’apprête à voir le jour". De fait, ça se déchaine sur les réseaux entre les déclarations du fils et avocat Juan Branco et les autres. On apprend d'ailleurs au fil des commentaires le nombre d'ardoises incalculables du producteur dans la profession, ses méthodes de paiement un peu folkloriques et la raison pour laquelle de nombreux professionnels ne veulent plus travailler avec lui, attachés de presse inclus.

"Quel en est l’enjeu ? De savoir si oui ou non, en résiliant son contrat, Terry Gilliam a eu raison de chercher à sauver son film, ou s’il aurait dû l’abandonner aux mains d’un producteur dont il savait qu’il était prêt à le sacrifier. Paulo Branco, rappelons-le, n’a pas payé, rien investi, ni n’a respecté ses engagement envers le réalisateur. Il n’a pas acquis et ne pourra jamais acquérir les droits du scénario n’ayant jamais levé l’option, ce qui l’empêchera à jamais revendiquer la qualité de producteur d’un film dont il s’est écarté de lui-même (voir courrier plus haut), neuf mois avant le début de tournage.
M. Branco soutient que la projection du film à Cannes porterait atteinte à ses droits. Mais à quels droits ? En quoi consisterait son préjudice si le film était projeté à Cannes ? Selon lui, il ne serait alors pas consacré comme celui qui a permis au projet d’être remis sur les rails. Voilà ce qui justifie sa demande d’enterrer The Man Who Killed Don Quixote et qui justifie selon lui une mesure de censure, qui ne lui apporterait rien à lui, mais détruirait la distribution de l’œuvre de Terry Gilliam et la réputation de son auteur avec elle. Pourquoi en est-on arrivé là ? Parce que, le 15 Mars 2018, les producteurs ont refusé l’ultimatum non négociable de M.Branco transmis en présence de tiers : cet ultimatum, c’est 3,5M€ pour lui, qui se répartiraient en 2M€ cash immédiatement et 1,5M€ sur les recettes à venir.
"

Voilà. Une banale histoire de cash qui se transforme en big clash. Peu importe finalement ces débats juridico-financiers. Si M. Branco était un passionné de cinéma, il n'interdirait pas la projection cannoise du film de Terry Gilliam. Rien n'empêche non plus la distribution du film: s'il gagnait, il recevrait sa part des recettes et ses dommages & intérêts. Non vraiment, Paulo Branco en fait une histoire d'orgueil. On ne préjugera rien. Mais pour le coup, les sentiments n'ont plus de raison.

Cannes 2018: le Festival soutient Terry Gilliam face aux menaces de Paulo Branco

Posté par vincy, le 30 avril 2018

Dans un premier temps, la semaine dernière, Paulo Branco, via sa société Alfama Films Production, avait "obtenu l'autorisation d'assigner en référé le Festival de Cannes", après la sélection de L'homme qui tua Don Quichotte de Terry Gilliam. Le producteur veut demander au président du tribunal de grande instance de Paris de prononcer l’interdiction de la projection du film "en violation de ses droits, droits réaffirmés par trois décisions judiciaires". L’audience se tiendra le 7 mai, la veille de l'ouverture du Festival.

Le film de Terry Gilliam, distribué par Océan Films, doit sortir en France le 19 mai, soit le même jour que sa projection cannoise.

Rappelons quand même que le producteur Paulo Branco (Alfama Films) a déjà engagé plusieurs procédures en Europe contre les producteurs du film de Terry Gilliam (Tornasol, Kinology, Entre Chien et Loup et Ukbarfilmes) ainsi que distributeur français (Océan Films Distribution Int.), estimant qu’il détient toujours les droits du film. Un des jugements doit être rendu le 15 juin par la cour d’appel de Paris.

Branco braque Cannes

Bon. Avec un peu d'humour noir, on se dit que ce n'est qu'un obstacle de plus pour cette production démarrée il y a vingt ans....

Et puis, le Festival de Cannes, à travers un communiqué signé de son Président Pierre Lescure et de son Délégué général Thierry Frémaux, ont décidé de réagir: "M. Branco ayant jusque-là beaucoup occupé le terrain médiatique et juridique, il nous semble important de faire valoir les raisons qui nous ont conduits à sélectionner le film et à encourir l’attaque d’un producteur dont l’avocat, M. Juan Branco, aime rappeler que son image et sa crédibilité se sont essentiellement bâties sur ses innombrables présences à Cannes, et par sa proximité avec de grands auteurs consacrés par le Festival. "Ce qui est vrai, et ajoute à notre perplexité."

Car oui, Paulo Branco a profité largement du Festival : La Forêt de Quinconces de Grégoire Leprince-Ringuet, La Chambre bleue de Mathieu Amalric, Cosmopolis de David Cronenberg, Les Chansons d'amour de Christophe Honoré, pour ne citer que quelques uns des films récents qu'il a produit ont été en sélection officielle.

Soutien officiel aux artistes

Le Festival de Cannes "respectera la décision de justice à intervenir, quelle qu’elle soit, mais nous tenons à redire qu’il se tient du côté des cinéastes et en l’espèce du côté de Terry Gilliam dont on sait l’importance qu’a pour lui un projet qui a connu tant de vicissitudes. Provoquées une dernière fois par les agissements d’un producteur dont l’épisode fait définitivement tomber le masque et qui nous promet désormais, par la voix de son avocat, une « déshonorante défaite »".

Avec justesse, le Festival rappelle alors que "La défaite serait de céder à la menace". "Au moment où deux cinéastes invités en Sélection officielle sont assignés à résidence dans leurs propres pays (Jafar Panahi et Kirill Serebrennikov, ndlr), au moment où le film de Wanuri Kahiu, Rafiki, qui figure en Sélection officielle, vient de subir les foudres de la censure du Kenya, son pays de production, il est plus que jamais important de rappeler que les artistes ont besoin qu’on les soutienne, pas qu’on les attaque. Cela a toujours été la tradition du Festival de Cannes, et cela le restera" affirme le communiqué.

Risques connus

Cannes avait conscience du litige entre Gilliam et Branco. Le film a été présenté au comité de sélection par le réalisateur, le vendeur du film et le distributeur, durant l'hiver. "Les contentieux tels que celui qui oppose M. Branco à Terry Gilliam ne sont pas rares, le Festival en est régulièrement informé, mais il ne lui appartient pas de prendre position sur un sujet de cet ordre. Ainsi, après vision, et alors qu’une sortie simultanée du film semblait possible, nous avons décidé de faire figurer cette œuvre en Sélection officielle" précisent Lescure et Frémaux.

Les deux patrons du Festival indiquent que "Le Festival de Cannes a pour mission de choisir les œuvres sur des critères purement artistiques et une sélection doit se faire avant tout en accord avec le réalisateur d’un film. C’est le cas. Nous étions prévenus des recours possibles et des risques encourus, dans une situation déjà rencontrée dans le passé mais en l’occurrence, lorsque notre décision a été prise, rien ne s’opposait à la projection du film au Festival."

Si le Festival de Cannes attendra la décision du Tribunal avec "sérénité", la manifestation confirme que la projection en clôture reste soumise à la décision du juge des référés le 7 mai. Mais, le Festival se défend d'avoir "agi à la légère" ou "opéré le moindre « passage en force », comme M. Juan Branco le dit à la presse".

Diffamation(s)

Car à la fin du communiqué, Cannes touche le talon d'Achille du producteur. "Le « passage en force », chacun sait dans notre métier que cela a toujours été la méthode favorite de M. Branco dont il faut rappeler qu’il organisa il y a quelques années une conférence de presse pour dénoncer le Festival de Cannes qui n’aurait pas tenu une « promesse de sélection » sur un de ses films. Accusation qui fit long feu, le Festival ne faisant pas des promesses de sélection : il sélectionne ou non. Aujourd’hui, M. Branco laisse son avocat procéder à des intimidations ainsi qu’à des affirmations diffamatoires aussi dérisoires que grotesques, dont l’une vise l’ancien Président d’une manifestation dont il s’est servi toute sa carrière pour établir sa propre réputation."

Dans son livre Voir Cannes et survivre, Les dessous du festival (2017), Carlos Gomez écrivait dans son livre: "Matthieu Amalric qui riait en me racontant que son producteur Paulo Branco était allé au casino pour tenter de regagner l'argent qu'il avait réuni pour un film de Wim Wenders, perdu la veille sur la même table de jeu." Si Paulo Branco risque de ne pas être le bienvenu à Cannes, il pourra toujours se consoler au casino.

Le Don Quichotte de Terry Gilliam devrait sortir en France en 2018

Posté par vincy, le 7 juin 2017

C'est une saga ce film. Le tournage de Don Quichotte est enfin terminé. "Après 17 ans, nous avons terminé le tournage de L'homme qui a tué Don Quichotte. Merci beaucoup à toute l'équipe et aux fidèles. Don Quichotte est vivant!" a annoncé son réalisateur Terry Gilliam sur sa page Facebook. Manière d'exorciser une malédiction?

Le film sortira en salles en 2018. Océan films le distribuera en France et Amazon Studios aux Etats-Unis. On peut même imaginer une projection cannoise pour l'honneur?

Car c'est une sacré aventure que celle de ce film. Cela va bientôt faire 20 ans que  Terry Gilliam est obsédé par ce projet. Son adaptation de Don Quichotte, le roman mythique de Miguel Cervantes.

20 ans après le lancement du projet

Ce n'était jamais que la troisième tentative. Le premier tournage, en 1998-2001, avait enchaîné les bévues et les mauvais choix. Terry Gilliam s'obstina pendant trois ans. L'accident de cheval de son acteur principal, Jean Rochefort, scella définitivement son destin. Johnny Depp et Vanessa Paradis pouvaient rentrer chez eux. Avec le (formidable) documentaire Lost in La Mancha, le cinéaste avait voulu de garder une trace de cette première tentative. Il a réessayé en 2009 (lire notre actualité du 15 mai 2009), avec Robert Duvall et Ewan McGregor en têtes d'affiche, sans plus de réussite.

Ce film est selon ses propres termes une "obsession désespérée, pathétique, idiote. Comme un tumeur qui est en moi et que je dois absolument évacuer si je veux survivre" disait-il. Comme pour se décrire lui-même ou jouer de la métaphore sur ce projet, Gilliam a récemment expliqué que "Don Quixote est est un rêveur, un idéaliste et un romantique, déterminé à ne pas accepter les limites de la réalité, sans se soucier des revers."

En 2014, le troisième essai tombe aussi à l'eau. On croyait que c'était la bonne: il avait annoncé le projet au Festival de Cannes et enfin bouclé le financement du film, espérant pour voir lancer la production au début 2015. A l'époque, Jack O'Connell et feu John Hurt avaient été choisis pour les deux rôles principaux. Cependant, le producteur espagnol Adrián Guerra échoue à trouver les fonds nécessaires et John Hurt est diagnostiqué d'un cancer. Le tournage est reporté.

Un producteur mécontent

En 2016, le projet revient à la surface, avec un autre producteur et une grosse annonce dans les journaux professionnels cannois. Las, le producteur Paulo Branco a jeté l'éponge quelques mois plus tard. "Ça a été légèrement repoussé. J’avais ce producteur, un type portugais, qui prétendait qu’il aurait rassemblé l’argent à temps. Et puis il y a quelques semaines, il s’est avéré qu’il n’avait pas l’argent. Donc nous sommes encore en train de chercher des fonds” rappelait alors le réalisateur, ajoutant “Le projet n’est pas mort. Je mourrai avant que le film existe!" Terry Gilliam, finalement, parvient à monter une coproduction franco-espagnolo-britannique, avec Amazon Studios pour les droits internationaux. Exit Branco. Le cinéaste accélère le calendrier.

Tourné en vitesse ce printemps, en Espagne, L'homme qui a tué Don Quichotte réunit Adam Driver et Jonathan Pryce, son héros dans Brazil, aux côtés d'Olga Kurylenko, Stellan Skarsgard, Jordi Molla, Sergi Lopez et Rossy de Palma.

Il reste cependant un obstacle. Le producteur Paulo Branco revient dans le jeu. Sa société Alfama a déclaré le film "illégal", affirmant que Gilliam avait tourné son film "clandestinement" dans son dos. Il considère qu'il a la propriété de ce film. Les actuels producteurs (dont Tornasol films, Recorded Picture Company et Entre chien et loup) ont qualifié la plainte d'absurde. Cela les contraint quand même à porter l'affaire au tribunal dans plusieurs pays pour sécuriser leur investissement et permettre au film de sortir, selon The Hollywood Reporter. Selon eux, Paolo Branco n'a absolument aucun droits sur ce film. Ce n'est jamais que la énième péripétie de ce projet dément.

Jack O’Connell dans le Don Quichotte de Terry Gilliam

Posté par cynthia, le 5 novembre 2014

jack o'connellJack O'Connell sera le héros du prochain Terry Gilliam, l'adaptation tant attendue de Don Quichotte, selon les informations du magazine Variety.

Jack O'Connell (Les poings contres les murs,'71, Unbroken) est de plus en plus sollicité. Alors que '71 sort en salles aujourd'hui, l'acteur vient d'être engagé par Terry Gilliam pour un film qui a connu de nombreuses péripéties (lire notre actualité du 8 août dernier). Gilliam avait même réalisé un documentaire sur l'arrêt du premier tournage dans Lost in La Mancha.

Ce film est une adaptation libre du roman de Miguel de Cervantes. Il a déjà été transposé au cinéma six fois. Ce septième Don Quichotte se passera de nos jours. "Sept est mon chiffre porte bonheur alors allons-y!" confie le célèbre réalisateur au magazine Variety. Jack O'Connell y incarnera Toby face à l'acteur oscarisé John Hurt qui sera Don Quichotte.

Le tournage doit débuter au printemps 2015. The Man Who Killed Don Quixote est désormais prévu pour 2016.

Terry Gilliam rêve de nouveau à Don Quichotte

Posté par vincy, le 8 août 2014

gilliam rochefort lost in la mancha don quichotteCela va bientôt faire 20 ans qu'il est obsédé par ce projet. Terry Gilliam sait qu'il est maudit. Mais il s'entête. Son adaptation de Don Quichotte, le roman mythique de Miguel Cervantes, revient dans l'actualité. Dans une interview au magazine The Wrap, affirme qu'il a enfin bouclé le financement du film. "Je le croirais quand je le verrais" explique-t-il, espérant pour voir lancer la production au début 2015.

Dans le documentaire Lost in La Mancha, Gilliam avait voulu de garder une trace de sa première tentative. Le tournage de The Man Who Killed Don Quixote en 1998-2001 avait enchaîné les bévues et mauvais choix. Gilliam s'obstina pendant trois ans, en vain. L'accident de cheval de son acteur principal, Jean Rochefort, scella définitivement son destin. Johnny Depp et Vanessa Paradis pouvaient rentrer chez eux. Depuis, Gilliam tente désespérément de pouvoir faire le film, différemment, en y intégrant des éléments autobiographiques. Il a réessayé en 2009 (lire notre actualité du 15 mai 2009), avec Robert Duvall et Ewan McGregor en têtes d'affiche, sans plus de réussite.

Il va devoir désormais s'attaquer au casting. Ce film est selon ses propres termes une "obsession désespérée, pathétique, idiote. Comme un tumeur qui est en moi et que je dois absolument évacuer si je veux survivre".

A 73 ans, Gilliam vient de remonter sur scène pour une dizaine de dates. Il a reformé la bande des Monty Python, aux côtés de John Cleese, Eric Idle, Terry Jones et Michael Palin. 20 000 tickets se sont vendus en moins d'une minute!

Son dernier film The Zero Theorem a été un flop, mais son précédent, L'Imaginarium du Docteur Paranassus, hors compétition à Cannes, avait récolté 62 millions de $ dans le monde. Comme acteur, on l'a croisé dans Neuf mois ferme d'Albert Dupontel et il sera au générique de Jupiter Ascending de Lana et Andy Wachoswski, décalé à février 2015.