Fabrice Luchini en François Mitterrand ?!

Posté par vincy, le 18 septembre 2010

L'essai de Raphaëlle Bacqué, "Le Dernier mort de Mitterrand", consacré au suicide à l'Elysée de l'ancien conseiller de François Mitterrand, François de Grossouvre, a été optionné pour devenir un film.

Produit par F comme Film, ce best-seller paru en mai est actuellement adapté par un autre écrivain, Marc Dugain, qui a déjà lui-même porté à l'écran son propre roman, Une exécution ordinaire (sorti en février dernier). L'écriture du scénario pourrait être bouclée d'ici la fin de l'année.

L'acteur André Dussolier, qui jouait le rôle de Staline dans ce film, a été pressenti pour jouer celui de François de Grossouvre, retrouvé mort dans son bureau de l'Elysée en 1994 d'une balle dans la tête. Fabrice Luchini pourrait incarner l'ancien chef de l'Etat. Grossouvre était, entre autre, missionné pour protéger le secret de la seconde famille que François Mitterrand formait avec Anne et Mazarine Pingeot.

Jean-Louis Trintignant (Le Bon Plaisir) et Michel Bouquet (Le Dernier Mitterrand) ont déjà incarné l'ancien Président.

Le film devrait être réalisé par Yves Angelo (Le colonel Chabert, Les âmes grises, César de la meilleure photographie pour Nocturne indien et Tous les matins du monde).

Le tournage est prévu pour 2011.

Sacha Baron Cohen sera Freddie Mercury

Posté par vincy, le 18 septembre 2010

La star de Borat, on ne peut plus hétérosexuel et religieux, incarnera le chanteur du groupe Queen, Freddie Mecrury, on ne peut plus homosexuel, et décédé du SIDA.
Robert de Niro produira le film, avec GK Films et Queen Films. Le scénario est signé Peter Morgan (Frost/Nixon, le prochain Eastwood, Hereafter). Il devrait se concentrer sur les années précédent le concert Live Aid en 1985. Le tournage est prévu pour 2011.
Freddie Mercury a formé Queen en 1970 et a dirigé le groupe jusqu'à son décès, en 1991, à l'âge de 45 ans, après avoir vendu près de 170 millions d'albums. Sa voix presque opératique a rendu des titres comme "We Will Rock You," "We Are the Champions", "Bohemian Rhapsody" et "The Show must go on" plus que cultes.

Premier box office des films de Cannes 2010

Posté par vincy, le 17 septembre 2010

tamara drewe

Oublions la qualité, concentrons nous sur les goûts du public. Alors que le déferlement de films cannois va arriver, une quinzaine de films, toutes sélections confondues, est déjà sortie dans les salles françaises. Le Beauvois s'avère être le plus populaire, dès sa première semaine, certain de surclasser ainsi Frears et Amalric, qui ont pourtant connu un bel été. Les autres films, sans subir des scores déshonorants, restent confidentiels. L'impact des prix est limité. Sauf pour Oncle Boonmee, Palme d'or, qui va permettre à son réalisateur de faire son plus gros succès en France. Et surtout il devrait éviter le bonnet d'âne des Palmes d'or détenu par Les meilleures intentions (à peine 100 000 entrées en 1992).

Tamara Drewe 571 000 entrées (hors compétition)

Tournée 500 000 entrées (prix de la mise en scène)

Des Hommes et des Dieux 470 000 entrées (grand prix du jury) - 1ere semaine

Copacabana 285 000 entrées (semaine de la critique)

L'arbre 280 000 entrées (hors compétition)

Copie conforme 250 000 entrées (prix d'interprétation féminine)

Poetry 112 000 entrées (prix du scénario)

Un poison violent 86 000 entrées (quinzaine des réalisateurs)

Oncle Boonmee 73 000 entrées (Palme d'or)

Cleveland contre Wall Street 58 000 entrées (quinzaine des réalisateurs)

Benda Bilili 42 000 entrées (quinzaine des réalisateurs) - 1ere semaine

15 films en compétition à Saint Sébastien

Posté par vincy, le 16 septembre 2010

Ils sont 15 à convoiter le Coquillage d'or (Concha de Oro). Le 58e Festival de Saint Sébastien (San Sebastian), en plein Pays-Basque espagnol, l'un des plus prestigieux d'Europe, s'ouvre le 17 septembre (et remettra ses prix le 25).

Le cinéaste vétéran serbe Goran Paskaljevic (prix spécial du jury dans ce festival avec Songe d'une nuit d'hiver en 2004) présidera le jury de ce festival. Outre le prix d'honneur dédié à Julia Roberts (voir actualité du 19 août), une rétrospective des films de Don Siegel, le maître de Clint Eastwood, fera l'événement.

Mange, prie, aime sera évidemment hors-compétition, avec en invité local et très attendu, Javier Bardem, primé au festival en 1994. On découvrira aussi Bicicleta, cullera, poma, documentaire espagnol de Carles Bosch (Espagne), autrefois nommé à l'Oscar. Et toujours hors-compétition, Elle s'appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenne, qui vient d'être présenté à Toronto, et retrace, en partie la rafle du Veld'hiv'.

La compétition, sans aucun film français, mélange grands noms et nouveaux talents, cinémas du monde entier et films espagnols, histoires grand public et formalisme plus expérimental. De John Sayles à Naomi Kawase, de Bent Hamer à Peter Mullan, sans oublier Raoul Ruiz, Saint Sébastien aligne une programmation art et essai assumée.

- Chicogrande, de Felipe Cazals (Mexique)

- Addicted to love, de Liu Hao (Chine)

- Aita, de José Maria de Orbe (Espagne)

- I saw the devil, de Kim Jee-Woon (Corée)

- Amigo, de John Sayles (USA/Philippines)

- Cerro Bayo, de Victoria Galardi (Argentine)

- Elisa K, de Judith Colell et Jordi Cadena (Espagne)

- Genpin, de Naomi Kawase (Japon)

- El gran Vazquez, de Oscar Aibar (Espagne)

- Home for Christmas, de Bent Hamer (Norvège/Suède/Allemagne)

- A Jamaâ/La mosquée, de Daoud Aoulad-Syad (Maroc/France)

- Mistérios de Lisboa, de Raoul Ruiz (Portugal)

- Neds, de Peter Mullan (Royaume-Uni/France/Italie)

- Pa negre, de Agusti Villaronga (Espagne)

- Satte Farben vor Schwarz/Colours in the dark, de Sophie Heldman (Allemagne-Suisse)

Retour sur la « Balada triste » d’Alex de la Iglesia, doublement primé à Venise

Posté par kristofy, le 15 septembre 2010

Alex de la Iglesia est de retour en Espagne après son escapade anglaise de Crimes à Oxford, et cette fois, il commence son nouveau film Balada triste de trompeta par une déclaration de guerre à Franco ! L’introduction, très drôle, nous fait découvrir deux clowns qui font rire les enfants avant que le spectacle ne soit interrompu par des hommes armés à la recherche de recrues, puis il nous montre une scène de guerre très impressionnante. On est surpris de cette ampleur visuelle inédite chez le réalisateur, mais très vite, reviennent son style et son comique bien reconnaissables.

Un exemple : les fascistes victorieux organisent un peloton d’exécution sommaire où les malheureux combattants ont encore le temps de lancer un ultime cri avant d’être abattus.
-"Vive la république !", s'exclame le premier avant de s'effondrer sous les balles.
-"Vive le cirque !", lance le second avant de tomber à son tour.

Et Quentin Tarantino, président du jury,  éclate de rire au milieu de la salle, comme tant d’autres spectateurs. Quelques jours plus tard le jury délivrera un palmarès controversé, où Alex de la Iglésia apparaît en grand gagnant de la Mostra de Venise 2010 avec une double récompense : Lion d’argent (mise en scène) et prix du scénario.

Ce nouveau film de Alex de la Iglesia marque donc à la fois un retour aux sources avec un humour ravageur dans la représentation de la violence ; mais c'est aussi un film-somme de sa carrière avec tout ce qui marque son parcours (Mes chers voisins, Le crime farpait…) : une exubérance de chaque instant où les personnages finissent par perdre conscience de la portée de leurs actes. Les plus attentifs pourront entendre une réplique qui fait un clin d’œil au jour de la bête, ses fans remarqueront que les grandes lignes du scénario sont plutôt semblables à Mort de rire.

Si Balada triste commence avec la période historique de l’arrivée au pouvoir de Franco, la véritable histoire démarre ensuite réellement 25 ans plus tard et semble se détacher de tout contexte politique (sauf pour quelques séquences). Il s’agit en effet de la rivalité exacerbée entre deux hommes pour gagner l’amour d’une belle acrobate. Jusque là rien de très original, si ce n'est que le premier est un clown au nez rouge,  celui qui fait rire les enfants, et que le second est son faire-valoir, le clown triste et (anti)héros du film.  La belle joue un peu avec ses deux prétendants mais les choses vont dégénérer en une lutte mortelle entre eux. L’humour noir jouissif devient vitriol quand des visages sont mutilés à coups de trompette ou de fer à repasser, et Alex de la Iglesia nous emmène ensuite vers une démence stupéfiante.

L'impuissance comme moteur

Que ne ferait-on pas pour les beaux yeux d’une femme ? Il s’agit d’abord d’espérer se faire aimer, et progressivement les deux clowns rivaux vont faire n’importe quoi pour se l’accaparer comme un trophée. Si on connaissait Alex de la Iglesia pour son goût des situations poussées à leur paroxysme, on découvre cette fois un peu plus son penchant pour le nihilisme tiré à l’extrême. La séduisante acrobate libre comme l’air est en fait soumise à la convoitise et à la brutalité des hommes. Une blonde un peu idiote par qui le malheur arrive et qui finira par le payer. Rien de très féministe, donc...

Dans le film, c’est d'ailleurs une femme qui apprécie de l’amour surtout le sexe et peu les sentiments, une héroïne à l’opposé du romantisme, ce qui rend encore plus vain le duel entre ses deux prétendants.   La résistance au régime de Franco semble tout aussi vaine avec une scène de chasse humiliante, de plus communistes, républicains et fascistes vont se retrouver à égalité dans une fosse commune…

Le film résonne d’une impuissance à se faire aimer et d’une impuissance à agir politiquement, et le réalisateur exploite le mythe du clown qui fait rire les enfants pour le transformer en monstre qui fait peur avec des mitraillettes.

Balada triste est complètement foutraque et invraisemblable, flirtant avec le mauvais goût, mais on peut aussi y voir une allégorie truffée de références au franquisme et à la guerre civile. C’est un film sombre, et aussi trop gargantuesque :  on est à la limite de l’indigestion vers la fin. Alex de la Iglesia, lui, rayonne : il fait avancer son récit à toute vitesse et dans tout les sens, la violence exacerbée est éprouvante, l’esbroufe devient de l’irrévérence. En un mot, il s'amuse, et rétrospectivement Balada triste apparaît comme une des surprises les plus jubilatoires de Venise. De là à lui accorder un double prix...

Steve McQueen retrouve Michael Fassbender pour Shame

Posté par vincy, le 14 septembre 2010

Le cinéaste de Hunger, Steve McQueen, revient avec un deuxième film, Shame. Comme pour Hunger (Caméra d'or en 2008), le film mettra en vedette l'acteur Michael Fassbender.  L'acteur interprétera Brandon, un trentenaire new yorkais incapable de gérer sa vie sexuelle. Le scénario est co-écrit avec Abi Morgan (Rendez-vous à Brick Lane).

Le tournage doit débuter en janvier prochain. les ventes ont commencé cette semaine au festival de Toronto.

The Cat, the Reverend and the Slave : une virtualité un peu confuse

Posté par Morgane, le 14 septembre 2010

«?- J’ai entendu dire que l’espace non-profit avait été attaqué par des tortues ninja volantes.?»

L’Histoire?: Markus est un furry : l’animal qui sommeille en lui est un chat. Benjamin est un pasteur moderne?: il prêche les évangiles dans une église virtuelle. Kris est un maître goréen : il contrôle la vie sexuelle de ses esclaves depuis sa chambre... Un documentaire sur trois communautés emblématiques de Second Life.

Notre avis?: Un mois avant la sortie de The Social Network de David Fincher, Alain Della Negra et Kaori Kinoshita se penchent sur Second Life dans le documentaire The Cat, the Reverend and the Slave.

Ils montrent, à travers plusieurs portraits de Second Life addicts, ce dérapage rapide et hallucinant qui peut transformer la virtualité de certains en leur propre réalité. Ils ont tous des rôles différents au sein de Second Life, y sont entrés pour diverses raisons mais ont tous un point commun?: l’envie de se rapprocher des autres. Le paradoxe étant que plus ils se rapprochent de membres de Second Life et plus ils semblent seuls dans la «vraie» vie (sauf peut-être en ce qui concerne les Furries).

Que ce soit donc pour répandre la bonne parole, assouvir certains fantasmes (sexuels ou autres), régler leurs problèmes de couple (ou s’en créer), trouver un partenaire... tous plongent à corps perdu dans cette réalité virtuelle qui devient alors leur véritable réalité quotidienne. Ils nous paraissent être dans un autre monde, que l’on ne comprend pas très bien d’ailleurs.

L'intérêt du film est de mettre en avant cette frontière quasi invisible qui existe pour certains entre réalité et virtualité. En revanche, on regrette que les réalisateurs n’aient pas pris la peine d’expliquer un peu plus leur démarche ni la vie et le fonctionnement de Second Life car le spectateur est très rapidement perdu au milieu de nombreux termes très spécifiques tels que les esclaves, les goréens, les furries etc. Pas facile de s’y retrouver à moins d’être soi-même un membre de Second Life.

The cat, the reverend and the slave pointe du doigt un sujet intéressant, soulève de nombreuses questions et... c’est tout. Il n’explore aucune piste d’explication ni de réflexion. Il montre mais ne va jamais plus en profondeur que ce que l’on voit. Dommage car il y avait certainement beaucoup de choses à dire sur le sujet.

Grand prix à Deauville, Mother and Child consacre Annette Bening

Posté par vincy, le 13 septembre 2010

Annette Bening dans Mother & Child

Elle était l'invitée d'honneur du Festival du cinéma américain de Deauville. Elle y présentait deux films : The Kids are all right, comédie de moeurs douce amère primée par un Teddy Award à Berlin et Mother and Child. Annette Bening est, sans aucun doute, la star du cinéma indépendant cette année, et en bonne place pour une future nomination aux Oscars (elle a déjà été nommée trois fois).

Car le film de Rodrigo Garcia (Les passagers), qui met aussi en vedette Naomi Watts, Samuel L. Jackson, Kerry Washington et Cherry Jones, vient de recevoir le Grand prix à Deauville. Contrairement à The Kids are allright, très joli succès de l'été aux USA, Mother & Child n'a pas rencontré son public (un million de $ au box office). Il lui faudra un palmarès étoffé pour séduire les professionnels hollywoodiens : un an après son avant-première mondiale à Toronto, il a voyagé à San Sebastian, Sundance et Dubai. Le film sort le 17 novembre en France.

Deauville a aussi récompensé The Myth of the American Sleepover (présenté à la Semaine de la critique à Cannes) et Winter's Bone (prix du jury ex-aequo).

Holly Rollers a reçu le prix révélation Cartier tandis que le prix de la critique internationale a échu à Buried, de Rodrigo Cortes.

Les Runaways : Kristen Stewart dans un biopic rockn’n’roll !

Posté par MpM, le 13 septembre 2010

"Une fille, ça ne joue pas de guitare électrique !"

L’histoire : La rencontre et l’ascension de Joan Jett et Cherie Currie, deux adolescentes rebelles du milieu des années 70 qui vont former l’un des plus célèbres groupes de glam rock féminin : les Runaways.

Notre avis : Cela commence comme une chronique adolescente, où l’on suit le parcours parallèle de deux adolescentes au caractère bien trempé. Joan Jett (Kristen Stewart, bouillonnante) porte un perfecto en cuir et joue de la guitare électrique. Cherie Currie (Dakota Fanning, faussement fragile) fume comme un pompier et se prend pour David Bowie. A travers elles, c’est d’abord le portrait de toute une génération que dresse Floria Sigismondi : looks déments, coiffure seventies, vent de liberté, musique omniprésente (la bande originale est un pur régal, de Bowie à Iggy Pop en passant bien sûr par The Runaways) mais aussi drogue et mal-être.

Puis petit à petit, la grande histoire rejoint la petite. Avec leur énergie et leur volonté, les deux héroïnes montent un groupe de rock’n roll féminin, les Runaways, qui devient rapidement la coqueluche de la jeunesse américaine puis mondiale. Commencent alors les tournées, et avec elles, le cercle infernal de la célébrité et de la drogue.

Construit de manière linéaire, le film évite intelligemment les allers et retours entre présent et passé qui parasitent trop souvent les biopics. Ici, pas de traumatisme originel expliquant les déboires des deux jeunes femmes ni de flash-back explicatif donnant au spectateur l’impression que toute l’histoire était écrite d’avance. On est dans le moment présent, à égalité avec les personnages, et découvrant par leurs yeux les réalités d’un monde qui se fissure.

Cela tient sans doute au fait que c’est avant tout l’aventure collective qui intéresse la réalisatrice. D’ailleurs, elle s’avère moins efficace dans le drame intimiste, et les relations complexes entre Joan et Cherie, Cherie et sa sœur ou encore Cherie et ses parents semblent plus convenues.

Toutefois, ce qui porte le film, c’est bien évidemment le charisme de ses interprètes principales. Kristen Stewart a toute la fougue de la jeune Joan Jett, aussi à l’aise dans les prestations scéniques que dans les séquences plus intimistes. Son duo avec Dakota Fanning apporte beaucoup de charme au film, permettant de jouer sur la complémentarité des deux actrices.

Tandis que Kristen se montre sous un nouveau jour en garçon manqué qui n’a pas froid aux yeux (un rôle relativement éloigné du personnage de Bella dans la saga Twillight), Dakota casse l’image de pré-adolescente qui lui colle à la peau depuis ses débuts, et parvient à être à la fois candide et sexy, vulnérable et déterminée. A elles deux, elles empêchent le film de n’être qu’un biopic de plus en lui apportant une touche supplémentaire de glamour et de rock’n’roll.

Claude Chabrol nous fait passer un dernier dimanche au vinaigre (1930-2010)

Posté par vincy, le 12 septembre 2010

Après Rohmer (disparu le 11 janvier dernier), Chabrol. Les deux avaient écrit ensemble un ouvrage sur Hitchcock. Ils vont se marrer là-haut tous les trois.

La nouvelle vague commence à perdre de sa vitalité. Claude Chabrol n'était pas seulement l'un des piliers fondateurs du cinéma français de la deuxième moitié du XXe siècle, il était aussi un homme populaire, l'un des rares cinéastes à être invité sur les plateaux télévisés en soirée dans des émissions de mass-media. Plus étonnant, il fut surtout un cinéaste qui alterna les succès en salles et des échecs sans trop de retentissements, sans que cela impacte sur sa filmographie. Il y avait les bons et les mauvais crus, mais il y avait toujours un producteur pour le soutenir. Il n'hésitait jamais à faire de l'alimentaire s'il le fallait. Jamais césarisé (il ne fut nommé que deux fois pour Une affaire de femmes et La Cérémonie), snobbé souvent par la critique, adoré des comédiens, fumiste et bon vivant, Chabrol, jovial en tournage, était de ces artistes qui étaient vénérés à l'étranger : rétrospectives, prix, conférences... Et c'est bien ce qui va nous manquer.

Sa connaissance du cinéma, sa maîtrise du genre qui le rendit célèbre (le film noir ou à suspens l'avait conduit à devenir un "Hitchcock français"), sa truculence vont créer un vide : celui d'un Français aimant croquer avec ironie et férocité les petits travers de ses compatriotes, petits ou grands bourgeois, en se délectant de décrire un coin du pays. Cet aspect satirique n'est pas inutile dans une industrie souvent très sage dès qu'il s'agit de se moquer de soi-même. Le scandale et les hypocrisies lui servaient de ressors pour faire rire (jaune) le spectateur malgré la noirceur des propos. Il s'attaque à Pétain avec L'oeil de Vichy, aux affaires de corruption dans L'ivresse du pouvoir,  comme il crée une famille recomposée improbable à partir d'un motif cynique dans Dr Popaul ou à la télévision et son univers cruel dans Masques. Mais c'est bien le genre policier qu'il aimait le plus. "Mon goût pour le polar remonte à l'enfance, expliquait-il, quand je lisais Agatha Christie. Un mauvais polar vaut toujours mieux qu'un autre mauvais film. Normal, parce qu'il touche à des questions graves, la vie, la mort, le bien, le mal, mais sans aucune prétention". "J'utilise le cadavre comme d'autres utilisent le gag".

Décédé ce dimanche 12 septembre à l'âge de 80 ans (et ce n'est pas un gag mais bien un cadavre), Chabrol, licencié ès lettres, aura lancé les Cahiers du Cinéma. En 1957, il séduit tout le monde avec son premier film, Le beau Serge (prix Jean Vigo, grand prix à Locarno). L'année suivante avec Les Cousins il obtient l'Ours d'or à Berlin. Après sa longue complicité cinématographique et amoureuse avec Stéphane Audran, il découvre une jeune Isabelle Huppert, qu'il transforme en muse. Violette Nozière, Une affaire de femmes, La cérémonie (son film le plus primé, de Toronto à Venise), Merci pour le chocolat (prix Louis-Delluc) : autant de films qu'ils ont tournés ensemble et qui ont marqué les esprits. Sans oublier Madame Bovary. Car Chabrol le lettré aimait les classiques de la littérature. Il le prouva aussi en adaptant Maupassant pour le petit écran. Mais aussi Dard, De Beauvoir, son maître Simenon (qui, comme lui, refusait les honneurs et aimait la monstruosité humaine) ou encore Ruth Rendell et Patricia Highsmith.

Le grand public retiendra évidemment les rôles de Jean Poiret en Inspecteur Lavardin et sa recette merveilleuse de l'oeuf au plat parfait. Summum d'humour noir. Poulet au Vinaigre eut même le droit à une sélection cannoise (la seule avec Violette Nozière pour Chabrol). Dans le même genre, Rien ne va plus, plus drôle et léger, reçu le prix du meilleur film au Festival de San Sebastian. Ses comédiens reçoivent souvent des prix, de Jean Yanne (Que la bête meurt, Le boucher) à Isabelle Huppert (primée à Cannes et Venise grâce à lui).

Ces dernières années, il récoltait les prix pour l'ensemble de sa carrière (Prix René Clair de l'Académie française en 2005 et Grand prix 2010 des auteurs et compositeurs dramatiques), à défaut de nous emballer avec ses films, un peu plus mous, même si la mise en scène était toujours bien ficelée, très soignée. Il laisse une oeuvre prolifique, moins uniforme que ce qui est généralement perçue. Mais surtout, il nous laisse, comme les peintres de la Renaissance, de multiples portraits d'un pays qui se consume par les petits calculs mesquins et qui ne se fédère qu'autour de la bouffe.